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Quels animaux peuvent transmettre la rage?

«Tous les mammifères sont des hôtes pour le virus de la rage. Il se répand chez les mammifères sauvages comme le renard, le blaireau, les félins ou les chiens errants dans des pays où le contrôle de la population canine est moins important. Il y a d’autres types de virus de la rage qui sont moins répandus, qui concernent les chauves-souris, mais comme ces virus sont sécrétés dans les excréments et qu’ils ont un spectre d’hôtes moins vaste, la transmission de la maladie est moins significative. L’impact, pour la santé publique, c’est la proximité de ces sources de rage. 99% des cas de rage humaine sont liés à une transmission par un chien.»

Quelle est la situation en Suisse?

«Notre pays est officiellement considéré comme exempt de rage depuis 1998. Cependant, la faune sauvage répandue, par exemple les blaireaux, les lynx, les renards ou les chats sauvages, peut être un réservoir significatif. En effet, les individus infectés peuvent perdre leur méfiance envers l’être humain lorsqu’ils sont malades, en raison des atteintes neurologiques liées au virus de la rage. Il faut faire attention lorsque des animaux sauvages traînent dans des jardins en journée, semblent moins farouches, il ne faut absolument pas les toucher, car ils peuvent être malades.»

Rage: piqûre de rappel Officiellement, cette maladie ne sévit plus en Suisse depuis 1998. Mais la surveillance reste de mise et le vaccin est obligatoire dans certains cantons. Le vétérinaire Joakim Testuz brosse un tableau de la situation sanitaire. Texte: Catherine Hurschler

Le vaccin est-il obligatoire pour les animaux? «C’est une question cantonale.

Par exemple, dans le canton de Vaud, ce n’est pas obligatoire, le vaccin est recommandé pour les animaux qui sont potentiellement plus exposés: ceux qui sont à la campagne, qui sortent beaucoup, chassent. Par contre, dans le canton de Genève, tous les chiens doivent être vaccinés contre la rage. Chaque année, les propriétaires de chiens doivent s’adresser aux autorités pour récupérer un badge qui dit que tout est en ordre pour l’animal, y compris son statut vaccinal contre la rage.» Que fait-on pour prévenir le retour de la rage? «Le risque le plus important de réintroduction de la rage concerne les importations. Et là, il y a des réglementations qui sont suffisantes pour contrôler, mais cela n’empêche pas les importations illégales, comme le trafic de chiens. Ce sont souvent les vétérinaires qui font le contrôle du statut vaccinal. S’il n’est pas correct, nous annonçons l’animal auprès du vétérinaire cantonal et, selon l’examen clinique et le risque potentiel, l’animal est mis en quarantaine à domicile, le propriétaire doit venir faire un contrôle chaque semaine au cabinet et nous «Les vétérinaires n’ont pas le droit de soigner un animal envoyons un rapport à chaque contrôle aux autorités. La quarantaine dure 90 jours, si l’animal n’a pas de symptômes de rage d’ici la fin de cette période, il peut être vacciné. Il y a aussi une suratteint de la rage» veillance au niveau de la faune suisse, le risque est moindre, car tous les pays autour de nous contrôlent très bien la Dr Joakim Testuz, rage. Les animaux sauvages dont la spécialiste FVH pour les petits animaux, mort est suspecte sont envoyés pour responsable du cabinet un contrôle à l’Institut de virologie Vet. Avenir à Nyon (VD) vétérinaire à Berne. Chaque année, parmi la soixantaine de chiens euthanasiés pour la rage, plus de la moitié sont des importations illégales de pays où la rage est urbaine (rage présente dans la population de chiens errants).»

Plus de la moitié des chiens victimes de la rage sont des animaux importés illégalement.

Quel est le traitement chez les humains?

«Il y a différentes catégories. Moi, en tant que vétérinaire, je suis vacciné et c’est déjà une première protection. En cas de doute, il faut voir un médecin, et la première chose à faire, c’est de laver abondamment au savon la zone qui a été mordue ou griffée pour réduire la charge virale au niveau de la plaie elle-même. Il faut aussi essayer de retrouver le passé ou le statut vaccinal de l’animal qui a mordu ou griffé. Ensuite, en cas de doute, la personne va recevoir des doses d’anticorps contre la rage qui sont injectés à différents intervalles, selon un protocole strict. Et si l’on n’est pas vacciné, c’est la même chose, il faut laver la plaie au savon et, souvent, il y a une vaccination qui se fait après la morsure, et là, le traitement avec les anticorps est plus intensif. Il est nécessaire de le faire avant l’apparition des symptômes.

Quels sont les effets sur les humains?

«C’est une maladie mortelle si l’on ne se fait pas soigner. En cas de morsure par un animal, et si l’on ne fait rien, les premiers symptômes sont ceux de n’importe quelle infection: de la fièvre, des courbatures, des maux de tête, puis, comme le virus va attaquer des structures neurologiques, on va avoir des fourmillements, des paralysies partielles, des troubles de la déglutition. On identifie par exemple le symptôme de l’hydrophobie chez les humains contaminés: ils n’arrivent plus à boire, ils ont une sorte de spasme du larynx lorsqu’on leur présente des verres d’eau. Et cela se termine par une encéphalite importante, donc une inflammation du cerveau avec des spasmes musculaires, puis des paralysies et le coma.»

99% des cas de rage humaine sont liés à une transmission par un chien.

Si l’on voyage à l’étranger avec son chien ou son chat, quelles sont les formalités à remplir?

«L’animal doit être vacciné contre la rage au minimum trois semaines avant le passage de la frontière. Il doit aussi avoir une puce électronique et un passeport. Pour le retour, la Suisse pose des conditions spécifiques pour réimporter l’animal et ce sont des choses à régler avant le départ. Les gens peuvent se renseigner auprès de leur vétérinaire ou auprès des douanes. Les choses peuvent rapidement se compliquer lorsque la destination est un pays insulaire, l’Europe de l’Est, ou intercontinentale. Parfois il faut prévoir son voyage six mois à l’avance.»

Derniers cas en Suisse

En 2017, une personne avait recueilli une chauve-souris désorientée, qui l’avait ensuite mordue. Elle était porteuse du virus de la rage et la personne a été traitée. En 2012, un Américain est mort de la rage dans un hôpital de Zurich: les recherches avaient conclu qu’il s’était fait mordre en Californie par une chauve-souris trois mois avant le début des symptômes.

«La première chose à faire, c’est de laver abondamment au savon la zone qui a été mordue ou griffée pour réduire la charge virale»

Dr Joakim Testuz, spécialiste FVH pour les petits animaux, responsable du cabinet Vet. Avenir à Nyon (VD)

Un animal malade de la rage est-il soigné ou abattu?

«Les vétérinaires n’ont pas le droit de soigner un animal atteint de la rage. Il s’agit d’un diagnostic clinique et d’exclusion, c’est-à-dire que les symptômes et des tests négatifs pour des maladies partageant ces symptômes permettent de renforcer la suspicion. Face à une suspicion de rage, un animal domestique est mis en quarantaine. On observe le développement de la maladie et, si elle se confirme, l’animal est euthanasié. Le diagnostic est ensuite confirmé par prélèvement sur le cadavre.» MM

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