16 | Migros Magazine 17, 26 avril 2010
U
n homme tout en pudeur, vêtu d’un costume bien repassé, le sourire engageant. Et engagé. A 72 ans, Willy Randin reste convaincu que le monde ne peut que s’améliorer. Si pour le Vaudois l’âge de la retraite a sonné et qu’il a donné les clés de son ONG à son fils Philippe, la lutte continue malgré tout. Au quotidien. Son slogan: «Il ne faut jamais cesser de semer, d’espérer et d’aimer.» Son moteur, la confiance dans la vie. «En me réveillant le matin, je sais que la journée va me permettre de réaliser des choses utiles, que je vais pouvoir prôner de nouvelles causes, plus écologiques, plus humaines. Il s’agit d’une éthique de respect de la vie.» Entre 80 et 100 conférences par année, l’écriture de livres témoignages et d’articles, entre autres pour le journal de l’Association suisse Albert Schweitzer, Nouvelles de Lambaréné, des émissions de radio, de multiples voyages, mais quand trouve-t-il le temps de respirer? «Comme le disait l’écrivain Raoul Follereau, qui a créé une fondation d’aide aux lépreux, on n’a pas le droit de se reposer.» Dans son dernier livre, En lutte pour une planète plus humaine*, Willy Randin retrace son parcours, coloré, parsemé de rencontres et de surprises.
Un combat pour une planète plus humaine
Voilà quarante ans que le Vaudois Willy Randin sillonne la planète afin d’aider les pays en voie de développement. Pour le fondateur de l’ONG internationale «Nouvelle Planète», engagement rime avec respect de l’environnement. Rencontre.
Son fil rouge: dépasser les frontières
Né à L’Abergement, petit village vaudois, dans une famille de paysans, il n’imaginait pas se consacrer aux autres continents. Même si, enfant déjà, la notion de frontières le tracassait. «Quand j’ai pris conscience qu’elles existaient, cela m’a conduit à vouloir les dépasser.» Pourtant, le départ se fait attendre. Son diplôme de commerce réussi, il travaille durant sept ans en tant que fonctionnaire fédéral, l’ennui à la clé. «Mes collègues se réjouissaient de la sécurité de l’emploi, bien tranquille, avec la retraite au bout. Cela n’était pas pour moi. J’ai saisi la première occasion d’échapper à cette routine.» Lui qui n’avait jamais quitté l’Europe s’envole à 27 ans pour le Yémen, pays en pleine guerre ci-
De nombreux objets ramenés de mission décorent l’intérieur de Willy Randin.
vile. Engagé comme administrateur dans des hôpitaux de campagne par la Croix-Rouge, le jeune homme ressent comme un «coup de poing dans le ventre» lorsqu’il voit arriver les blessés à dos de chameau. «Ils avaient parcouru le désert, avec du fumier sur leurs plaies. On se dit alors que l’on est à seulement quelques heures
d’avion de la Suisse et qu’ici il y a un seul médecin pour 40 000 habitants.»
Il rencontre sa future épouse lors d’une mission
Dans une ambiance de fin du monde, où il est nécessaire de «faire abstraction de soi», le Vaudois rencontre une jolie anesthé-
siste, Henriette, qui deviendra sa femme deux ans plus tard au Vietnam, en guerre également. Elle aussi se souvient de ses premiers voyages. «Pour avancer, il faut une sorte d’inconscience. Je croisais des soldats sans m’en inquiéter, ne suivais pas les horaires des couvrefeux. Rien ne peut m’arriver me disais-je.» Cadavres au bord des