22 | MM16, 18.4.2017 | UNIVERS MIGROS
Les abeilles demandent beaucoup d’attention et de soins spécifiques. Devenir apiculteur ne s’improvise pas.
Formation
Pour le bien des abeilles Désormais, il est possible d’obtenir un brevet fédéral d’apiculture. Ce nouveau cursus de trois ans, soutenu par Engagement Migros, vise à approfondir les connaissances des passionnés éclairés. Texte: Pierre Wuthrich
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Photos: Dom Smaz
ls sont horticulteurs, forestiers et paysa- Eddy Praz, de Sion, s’est inscrit aux cours afin de pouvoir approfondir ses connaisgistes, mais aussi électriciens, médecins et pâtissiers. Tous partagent une passion sances. «Je possède déjà soixante-cinq ruches en Valais et au Tessin et aimerais commune: celle de prendre soin des pouvoir devenir apiculteur professionnel. abeilles afin qu’elles puissent produire un Pour cela, j’ai encore mille choses à produit naturel d’exception, le miel. apprendre.» Evoluant dans le monde de la En ce matin de la fin du mois de mars, ce groupe de vingt-quatre personnes, venant banque, Eddy Praz a eu le déclic lorsqu’il travaillait au Luxembourg. «Ma des quatre coins de la Suisse voisine avait des abeilles, et cela romande et du Tessin, s’est réuni m’a tout de suite fasciné.» Puis de pour la première journée de cours poursuivre: «J’ai aujourd’hui 46 ans, à l’Agrilogie de Marcelin, l’Ecole et ma motivation première dans d’agriculture et de viticulture du la vie n’est plus l’argent. J’ai envie de canton de Vaud située sur les hauts faire quelque chose d’utile pour la de Morges. Assis dans une classe en société et la nature.» gradin, ils font partie de la deuxième Anne Découpée en cinq modules sur volée de la formation d’apiculteur Uebersax, trois ans, la formation aborde diffédonnant droit à un brevet fédéral, mère au foyer rentes thématiques: l’environneune nouveauté en Suisse romande. et inspectrice ment, la conduite d’un rucher, Lancé en octobre 2016, ce cursus de ruchers. les produits apicoles, la santé, le poursuit un but clair. «Beaucoup de développement des colonies et l’élevage gens veulent se lancer dans l’apiculture en de reines. Le premier matin du cursus est pensant que les abeilles savent ce qu’elles doivent faire et qu’il faut intervenir le moins consacré à l’habitat des abeilles. C’est Charlène Heiniger, écologue au Laboratoire possible, voire jamais, explique Marianne d’agro-écologie et systèmes horticoles de la Tschuy, l’une des organisatrices du cours. Haute Ecole du paysage de Genève, qui Or, elles ont besoin de soins, notamment donne le cours. Elle aborde en classe les afin de combattre le varroa, un acarien qui principaux paramètres permettant de défipeut avoir de graves conséquences sur une nir si un habitat est propice à l’emplacement colonie.»
d’un rucher ou non et évoque – devant une assemblée tout ouïe – les causes du déclin de la biodiversité. Puis la théorie laisse place à la pratique, et le petit groupe se rend à proximité du rucher-école de la Société d’apiculture de Morges. «Je vais vous demander d’analyser le territoire environnant, explique Charlène Heiniger. Mettez-vous dans la peau d’une abeille et pensez l’espace en trois dimensions.» But de l’exercice: recenser les obstacles qui pourraient empêcher les abeilles de trouver leur butin, à savoir le pollen et le nectar des végétaux. Le miel, ce cadeau
«Je suis directrice des ressources humaines d’Hôpital du Valais, glisse en aparté Nathalie Schwery alors que, par petits groupes, les élèves évoluent vaillamment dans les environs. Travailler comme apicultrice représente certes beaucoup de travail, mais c’est surtout un vrai plaisir; je me déconnecte du quotidien. Par ailleurs, j’aime le fait de créer de bonnes conditions pour que les abeilles puissent produire quelque chose. Leur miel est un cadeau.» Anne Uebersax, de Vauderens (FR), confirme: «Mes ruches sont dans un pavillon, et j’adore venir sentir le parfum de miel