Migros-Magazin-08-2021-f-NE

Edition Neuchâtel-Fribourg, JAA 1953 Sion Responce Zentral

migros.ch/magazine | MM8, 22.2.2021

Cuisine

Le tofu, un délice végétarien pour tous les goûts Page 28

Pharmacien, un métier au cœur de l’actualité

Page 12

Célébrer l’échec pour mieux réussir

Illustration: Getty Images

Page 18

Les festivals de l’été au conditionnel Page 8

Escapade dans le biotope du Bois Neuf p. 32 Changements d’adresse: à la poste ou au registre des coopérateurs, tél. 058 574 83 37 les après-midi de 13h30 à 15h30, ou par mail : registre.mnf@gmnefr.migros.ch

2 | 22.2.2021 | EN BREF NT LE M E S IMP VIVRE B IE N

Simplement bien vivre Toujours près de chez vous Migros dispose d’un réseau de 745 magasins. Il s’en trouve donc forcément un à proximité de votre domicile, ce qui ­facilite vos achats au quotidien. Liste des magasins: ­filialen.migros.ch/fr Chaque semaine, dans le cadre de notre rubrique «Simplement bien vivre»,­r­ etrouvez des exemples montrant comment Migros facilite le quotidien de ses clients.

Place nette

Ces prochains mois, Migros va faire de l’ordre dans son assortiment. Certains produits, qui existent déjà sous une forme presque identique, seront retirés.

But de l’opération: offrir une meilleure vue d’ensemble de l’offre et faire de la place en magasin afin de pouvoir accueillir des rayons de vente en vrac et des pharmacies Zur Rose au sein même de la surface de vente, comme cela existe déjà à Crissier (VD).

280 000

Durant la promotion «Migros All Stars», il était non seulement possible de collectionner des billes, mais aussi de les offrir en les laissant en magasin. Plus de 280 000 petites sphères ont ainsi été collectées. Elles ont été distribuées la semaine dernière à l’Armée du salut et aux organisations «Action paquets de Noël» et «Helfen mit Herz und Hand».

EN BREF | 22.2.2021 | 3

La Romandie brille aux Best Swiss Video Clips

Près de deux cents artistes ont pris part au concours du meilleur clip vidéo de Suisse organisé par le Pour-cent culturel Migros via son festival m4music, les Journées de Soleure et la Fondation Suisa. Le prix du jury a été ­décerné à la rappeuse kényane Muthoni ­Drummer Queen pour son hymne féministe «Power», dont le clip engagé a été réalisé par la Lausannoise Mei Fa Tan. Le prix du public revient lui à My Name is Fuzzy, alias Bastien Bron, r­ égisseur autodidacte neuchâtelois et batteur des Rambling Wheels, et Laetitia Gauchat, productrice neuchâteloise, pour leur clip décalé «Une autre chanson».

Concours Clin d’œil

Anne Masi, de Genève, n’est pas peu fière: «Quel joli cadeau avec ce bel emballage fait avec ‹Migros Magazine› du 8 février, c’est vraiment chouette!»

Photos: Jorma Mueller, m4music/DR, Getty Images, DR

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L’auteur(e) du ­cliché choisi sera r­ écompensé(e) par une carte cadeau de Fr. 50.–.

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Fitness à domicile Quand les salles de sport sont fermées et qu’il gèle à pierre fendre dehors, les H ­ elvètes improvisent des fitness à domicile. C’est du moins ce que montrent les ventes du grand magasin en ligne galaxus.ch. En janvier 2021, cette filiale de Migros a vendu onze fois plus d’haltères et cinq fois plus de balles de ­gymnastique que durant le même mois de 2020.

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EN IMAGE | 22.2.2021 | 5

13:56

Dans une ferme non loin de la ville de Séville, en Andalousie, poussent des oranges blondes, qui seront ensuite, entre autres, vendues à Migros. Il s’agit là d’un projet-pilote du WWF: il consiste par exemple à utiliser un minimum d’eau pour la culture de ces fruits.

Photo: Imagen Submarina

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EN RÉSUMÉ | 22.2.2021 | 7

SOMMAIRE

28 Impressum

8 Événements Annulation, réduction des entrées ou en version digitale? L’avenir des festivals s’écrit au conditionnel.

Tendance et polyvalent, le tofu s’apprête à toutes les sauces pour un repas ­végétarien et gourmand.

12 Profession La crise sanitaire a mis en lumière un métier aussi indispensable que peu connu: pharmacien.

18 Éducation Il y a beaucoup à apprendre de nos échecs, affirme l’économiste et professeur François Courvoisier.

Migros Magazine Construire

32 Escapade La balade entre Étagnières et ­Assens (VD) offre un bol d’air frais accompagné des gazouillis de toutes sortes d’oiseaux.

Hebdomadaire du capital à but social, www.migrosmagazine.ch Tirage contrôlé: 507 312 exemplaires (REMP 2020) Lecteurs: 656 000 (REMP, MACH Basic 2020-2) Adresse: Limmatstrasse 152, Case postale 1766, 8031 Zurich Téléphone: 0800 840 848 Contact: www.migmag.ch/lecteurs

37 Votre région

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Rédaction en chef: Franz Ermel (responsable), Steve Gaspoz, Rüdi Steiner Abonnements: www.migmag.ch/abonnement Téléphone: 058 577 13 13

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24

42 Sport Le conseiller d’État valaisan Frédéric Favre espère une réouverture des infrastructures sportives.

52 Jeux Pister le tigre de Sibérie au milieu de la taïga, voilà la nouvelle mission du ­photographe neuchâtelois Neil Villard.

54 Peinture À 97 ans, Bernard Viglino est un ­artiste atypique et fantasque qui ne se prend pas au sérieux.

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8 | 22.2.2021 | MUSIQUE

Festival d’incertitudes

S’adapter ou rien… Telle est la devise des grands rendez-vous musicaux romands de l’été 2021. Afin d’être compatibles avec les restrictions sanitaires, certains mettent en place de nouvelles formules digitales pendant que d’autres envisagent de revoir la taille de l’événement. D’autres encore se voient contraints de repousser leur manifestation ou de simplement l’annuler.

Texte: Nadia Barth

Le Paléo Festival devrait avoir lieu cette année sous une forme ou une autre. Les organisateurs planchent sur plusieurs options.

MUSIQUE | 22.2.2021 | 9

P

ourrons-nous ressortir nos bottes de pluie cet été pour aller au Paléo Festival ou écouter nos artistes préférés sur les scènes du Cully Jazz Festival ou du Montreux Jazz Festival? Peutêtre, mais avec la situation sanitaire et son lot d’incertitudes, la forme de ces grands rendez-­ vous musicaux reste encore vague. Alors que certains tels que le Paléo Festival changent leur formule ou passent vers un ­modèle qui mêle événements live et projets digitaux, comme le Montreux Jazz Festival, d’autres ont déjà décalé la tenue de leur m ­ anifestation.

«La 39e édition du Cully Jazz Festival n’aura pas lieu au printemps, mais, on l’espère, en été – du 20 au 29 août 2021 – explique JeanYves Cavin, directeur artistique du festival.

Nous avons aussi décidé d’en réduire fortement l’envergure.» Alors que le rendez-vous musical accueillait jusqu’à 70 000 amateurs de jazz sur neuf jours les années fastes, on pourrait s’attendre à une réduction de 1000 personnes par jour en 2021. Et côté ­programmation, c’est encore le flou: «Pour le moment, nous n’avons pris quasiment ­aucun engagement, c’est encore trop tôt.»

Photo: Keystone - sda - ats

Regarder vers l’avenir

À Festi’neuch en revanche, pas de plan B ou d’événement repoussé: «Nous avons décidé lundi 15 février d’annuler l’édition 2021, commente Aude Ratzé, responsable communication du festival. C’est difficile, car on sait que l’on fait beaucoup de déçus, mais c’est en même temps un soulagement, car cette décision nous libère de l’incertitude.» Il faut dire que, contrairement à d’autres événements culturels, Festi’neuch est autofinancé à 96% et tire donc l’essentiel de son bénéfice de la vente de billets. Un aspect qui a lourdement pesé dans la balance à l’heure où il a fallu choisir entre l’annulation des festivités et la tenue de l’événement sous une forme réduite.

«On n’a pas trouvé de solution qui soit compatible avec le modèle économique du festival, c’est pourquoi on a fait le choix de ne pas mettre en péril l’avenir de l’événement.»

Lire l’entretien avec Daniel Rossellat en page 11.

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MUSIQUE | 22.2.2021 | 11

Daniel Rossellat , directeur du Paléo Festival

«On ne peut pas télécharger l’expérience Paléo ni la faire par Zoom» Daniel Rossellat, à quoi ressemblera le festival cette année?

Il sera inédit. Nous travaillons aujourd’hui sur le 45e Parallèle, un événement unique, qui proposera musique, expériences et découvertes. Si les conditions ­sanitaires le permettent, l’idée est d’avoir un village de 5000 visiteurs par jour au lieu de 50 000, du 8 juillet au 8 août. On aurait alors deux scènes couvertes avec des places assises et numérotées, mais aussi une place du village avec des restaurants, des bars, des terrasses où l’on pourrait respecter les règles de distanciation tout en étant dans la convivialité et en gardant l’esprit Paléo. Enfin, pour être corona-compatibles, on s’est basés sur les règles qu’on a connues en septembre avec une ­détente des mesures.

Pourquoi le 45e Parallèle?

La 45e édition du Paléo Festival devait être fêtée en 2020. Comme cette dernière a été reportée à l’été 2021, c’est donc d’une autre manière qu’on espère faire vivre cette édition jubilaire à notre public, soit le 45e Parallèle. Pour l’anecdote, il semble que le 45e parallèle serait la latitude idéale des grands vins du monde et qu’il ­serait possible de faire pousser de la vigne sur la ­quasi-intégralité de cette dernière.

Photo: Nicolas Righetti / Lundi13

Et si les mesures restent strictes, que ferez-vous?

On aurait alors le plan L, soit un plan encore plus léger.

Pour le moment, ce n’est pas le scénario privilégié, mais on le prépare également, afin de pouvoir s’adapter selon l’évolution de la situation. Et on a un dernier scénario, qu’on a appelé K, comme «Katastrophe» en allemand.

C’est un plan où tout le monde serait au chômage, c’est donc le pire scénario. Il y aurait alors le risque que certaines personnes s’en aillent – les jeunes notamment – puisqu’elles sont depuis près de deux ans sans activité.

Ce ne sont pas des perspectives réjouissantes.

Pour l’instant, il subsiste encore des incertitudes…

Oui, l’incertitude à différents niveaux d’ailleurs: sur le nombre d’artistes qui seraient d’accord de jouer le jeu dans des circonstances différentes, des incertitudes sur la réponse des spectateurs aussi… Selon les mesures ­sanitaires, le public sera variablement enthousiaste. Si des passeports vaccinaux ou des tests à l’entrée devaient nous être imposés, cela pourrait en décourager beau-

coup. D’autant plus que notre public n’est pas dans la ­catégorie considérée comme prioritaire pour le vaccin.

Quelle est la moyenne d’âge de vos festivaliers?

Nous accueillons un public intergénérationnel, avec un cœur de cible entre 16 et 35 ans. Par conséquent, si l’on ne peut pas proposer de concerts debout, il y a toute une partie du jeune public, celle qui aime bien le hip-hop ou la musique électronique, qui aura plus de peine à s’y retrouver. On doit donc réfléchir à la fois à ce que l’on peut proposer à ce jeune public et à diversifier notre offre pour en toucher un nouveau: c’est l’occasion de proposer des spectacles un peu différents pour les enfants par exemple, avec un public plus familial, de l’humour ou même des musiques plus folkloriques ou classiques.

Financièrement, comment se porte le festival?

Pour l’année 2020, on a la chance d’avoir pu compter sur les soutiens de la Confédération et du canton, mais aussi sur la solidarité de nos partenaires et ­sponsors. Pour l’instant, on n’a pas une très grande ­visibilité sur les aides possibles en 2021, mais on espère pouvoir compter sur le soutien des autorités.

Vous nous disiez l’an passé que Paléo n’était pas ­annulé mais reporté. La programmation 2020 tient-elle toujours aujourd’hui?

Oui, un bon nombre d’artistes programmés sont prêts à venir. Malheureusement, avec ce nouveau plan, la venue de Céline Dion n’est plus envisageable. Mais nous sommes en discussion avec elle pour un report de son concert, et les billets resteraient bien entendu valables pour la nouvelle date.

Peut-on dire qu’il y aura un avant et un après Covid?

Personne ne peut prédire l’avenir. Mais ce qui est certain, c’est que l’humain est un animal social et que la convivialité réelle est nécessaire. On ne peut pas télécharger l’expérience Paléo ni la faire par Zoom. Si les concerts ou diffusions en streaming peuvent être pertinents pour certains événements, cela ne correspond pas à l’ADN du festival. L’émotion d’un concert est beaucoup plus intense avec une foule. Pour moi, voir un concert sur un écran est prodigieusement ennuyeux. Je pense donc qu’il y aura un besoin de revenir au réel et que la culture va retrouver sa place. MM

Ghost Festival ou le soutien aux artistes locaux Slimka, Billie Bird, Annie Taylor… Pas moins de 300 artistes apparaissent sur l’affiche du Ghost Festival, une manifestation fictive dont le principal partenaire est Migros.

Le but? Soutenir les musiciens suisses grâce à une vraie billetterie en ligne. Depuis le 11 janvier, le public peut ainsi acheter des pass de soutien, allant de 20 à 100 francs.

L’argent récolté sera ­ensuite intégralement reversé à tous les artistes participants. https://ghost-festival.ch

m4music, festival de pixels Pour sa 24e édition, m4music, organisé par le Pour-cent culturel ­Migros, sera entièrement virtuel. Les fans pourront donc bénéficier d’un programme gratuit et librement accessible du 24 au 26 mars. Musique, ­ateliers, remise de prix…

Le rendez-vous le plus important de la scène musicale indépendante de Suisse s’annonce riche en émotions. www.m4music.ch/fr

12 | 22.2.2021 | MÉTIER

Jean-Marc Besse ne compte pas ses heures dans son officine. Mais c’est un choix qu’il assume pleinement.

Le pharmacien dans la lumière de la pandémie La crise sanitaire a remis sur le devant de la scène un métier jusque-là resté dans l’ombre. Une activité certes médicale, mais pas que. Paroles d’apothicaires.

Texte: Laurent Nicolet Photos: Mathieu Rod

C

ent millions de conseils dispensés, plus de 300 000 patients journaliers.

Tel est le bilan chiffré, pour 2020 en Suisse, de ces échoppes pas tout à fait comme les autres que sont les pharmacies. L’épidémie de Covid-19 et les semi-­ confinements successifs sont venus rappeler que le pharmacien était un rouage important du système sanitaire. Ne seraitce que parce qu’il est souvent le premier visage que rencontrera le patient. On a vu ainsi

les pharmacies engagées dans le dépistage et bientôt la vaccination, tout en étant confrontées, comme le rappelle dans un communiqué la faîtière pharmaSuisse, à une clientèle «pas toujours patiente».

Pour prendre le pouls du quotidien de cette profession, nous nous sommes rendus dans une pharmacie indépendante en Valais ainsi que dans une succursale Zur Rose, chaîne dont les pharmacies ont la particularité d’être installées dans des supermarchés Migros.

MÉTIER | 22.2.2021 | 13

Pouvoir s’occuper individuellement des gens

«Nous avons un côté assistant social gratuit» Jean-Marc Besse , pharmacien indépendant à Saint-Maurice (VS)

«Nous avons eu beaucoup de travail, fait pas mal d’heures supplémentaires, notamment en effectuant des livraisons, non facturées, à domicile, parce qu’il y avait de la crainte chez les gens. On leur a fait tellement peur, il faut dire.» C’est ainsi que JeanMarc Besse, pharmacien indépendant installé à Saint-­ Maurice (VS) ­depuis trente ans, résume la crise du Covid19, vue de son officine. S’agissant aujourd’hui de la vaccination contre le fameux virus, Jean-Marc Besse n’est pas sûr que les pharmaciens seront finalement très nombreux à s’y lancer: «Il faut déjà avoir les locaux et les compétences pour.»

Il admet que si la pharmacie reste une petite entreprise qui ne connaît pas la crise, c’est surtout vrai «pour le volume de travail». Il évoque en revanche une «pérennité économique» de plus en plus difficile à établir, en raison notamment «du prix du médicament qui baisse, alors qu’il constitue la moitié de la marge d’un pharmacien». À quoi s’ajoute une diminution du nombre d’ordonnances: «Les médecins font de plus en plus attention.

Le paradoxe veut que ce qu’il y a de plus intéressant économiquement aujourd’hui pour un pharmacien, c’est tout ce qui n’est pas pharmaceutique.» Résultat des courses: «On travaille toujours plus pour toujours moins. Je passe beaucoup plus d’heures dans ma pharmacie que lorsque j’ai commencé.»

C’est ainsi, estime JeanMarc Besse, que la pharmacie n’est plus comme elle a pu l’être une profession à rentes. «J’ai connu des pharmaciens qui faisaient trois mois de voile en été.»

Le surcroît de travail, il l’assume aujourd’hui: «C’est un choix. L’autre façon de faire serait de s’en ficher de ses clients, d’élaguer, de faire partir vite ceux qui posent des questions, qui vous prennent du temps. Alors que c’est l’un de nos points forts, être capables de s’occuper individuellement des gens.»

Une affaire de famille

La pharmacie, poursuit-­il, est une activité plutôt corporatiste – «un pharmacien sur quatre est issu d’une famille de pharmaciens» – et qui s’est notoirement féminisée: «C’est d’ailleurs une profession où l’on trouve beaucoup de couples.» Non seulement le père de Jean-Marc Besse était déjà pharmacien, mais la pharmacie qu’il a reprise lui-même après ses études appartenait à une cousine. Être pharmacien, c’est aussi avoir des relations qui peuvent parfois s’avérer compliquées avec les médecins.

«Le pharmacien peut se sentir complexé parce qu’il en sait forcément moins et que c’est quand même le médecin qui fait l’ordonnance. Et puis, un médecin, ça gagne mieux sa vie, surtout que tout ce qu’il fait, il le facture, tandis que nous, nous avons un côté assistant social gratuit.» Il s’agira ainsi d’être constamment à l’écoute. «On nous confie beaucoup de choses, un peu comme avec les coiffeurs.»

Cette disponibilité est parfois récompensée par des remerciements ou par une boîte de chocolat. «Mais cela vient surtout de personnes seules ou âgées qui ont l’impression de ne plus disposer de l’environnement humain dont elles ont besoin et qui viennent le chercher chez nous.»

14 | 22.2.2021 | MÉTIER

Dans la pharmacie Zur Rose de Crissier, Jibril Ahmed conseille, soigne et bientôt vaccinera.

Rassurer et informer les patients L’entreprise Zur Rose s’est alliée avec Medbase, le pool santé de Migros, pour créer, sous l’égide d’une nouvelle société intitulée MBZR Apotheken SA, un concept de «shop in shop», à savoir des pharmacies installées dans les supermarchés.

La pharmacie Zur Rose de Crissier (VD) est la première du genre en Suisse romande.

«L’idée était d’offrir aux personnes présentes dans l’espace du supermarché l’accès à l’ensemble des prestations d’une pharmacie. Ici à Crissier, nous avons ainsi trois pharmaciens et trois assistantes», explique Christophe Bornand, directeur général de MBZR. «Ce qui permet, complète le pharmacien responsable du site, Jibril Ahmed, quand un pharmacien est occupé avec un client dans l’espace conseil, qu’un autre puisse s’occuper des clients dans le magasin.»

la pénurie. «Notre rôle est surtout d’échanger avec les patients autour de leur anxiété, de leurs appréhensions de cette maladie qu’on connaissait peu. Surtout que les gens sont beaucoup allés sur internet qui fourmille de propos alarmistes. Une de nos fonctions est de recentrer le sujet, en leur communiquant précisément ce que l’on sait.» Jibril Ahmed évoque également «un devoir de diligence» du pharmacien: «Si nous avons la possibilité de proposer un médicament générique, moins cher, mais de même efficacité, on le fera, tout en restant toutefois prudents avec certaines pathologies, ce qui touche par exemple au système nerveux central, donc avec des médicaments contre le cholestérol ou les médicaments cardiovasculaires.»

Christophe Bornand insiste, lui, sur le fait que le pharmacien doit également s’assurer Un devoir de diligence de «l’adhérence thérapeutique», à savoir que L’espace conseil est un lieu privatif, insonori- les patients prennent leurs médicaments sé, qui permet d’avoir des entretiens conficorrectement. «Près de 5% des hospitalisadentiels ou traiter des plaies et des coupures. tions en Suisse sont dues à une mauvaise Et bientôt d’effectuer les vaccinations contre prise de médicaments. Avec une bonne le Covid-19. «Nous avons tous fait la formaadhérence thérapeutique, vous augmentez tion pour cela et nous avons l’autorisation le confort des patients et vous diminuez du canton de Vaud, dont le but est de garantir les coûts.» la vaccination à un maximum de personnes Sur les conseils médicaux dispensés aux dans des délais raisonnables, explique Jibril patients, Jibril Ahmed rappelle que les pharAhmed. Que ce soit maciens sont formés chez un généraliste pour identifier quel ou chez un pharmatype de pathologie cien.» doit être pris en À propos de la vie charge à la pharmadu pharmacien au cie, mais aussi pour temps du Covid-19, repérer ce que l’on Jibril Ahmed assure appelle «les drapeaux que l’approvisionnerouges», c’est-à-dire ment en médicaquand un patient néments devrait être cessite une consultagaranti, avec même tion médicale, avec une ordonnance de une hiérarchisation l’Office fédéral de précise: une consulla santé publique tation dans les trois (OFSP) qui limite jours, dans la jourla quantité que l’on née, dans l’heure ou peut délivrer aux Pour Christophe Bornand (à g.) et Jibril Ahmed, le rôle le départ immédiat patients pour éviter du pharmacien va plus loin que la vente de remèdes. aux urgences.

MÉTIER | 22.2.2021 | 15

«Le pharmacien n’est pas là pour remplacer le médecin mais pour le soulager»

Y a-t-il de la réticence ou de la méfiance dans le public à se faire tester ou vacciner en pharmacie plutôt que chez un médecin?

Non. Chaque année nous réalisons une étude de marché sur les pharmacies suisses. Il apparaît que si la confiance dans les médecins se monte en Suisse à 94%, pour les pharmaciens, elle est de 90%, ce qui est très positif.

«Le but est de garantir la vaccination à un maximum de personnes» Jibril Ahmed, pharmacien responsable chez Zur Rose à Crissier (VD)

Où s’arrête le rôle de conseiller médical du pharmacien?

Le pharmacien n’est pas là pour remplacer le médecin, mais grâce au triage pharmaceutique, il permet de soulager les médecins de famille et les services d’urgences. On a pu démontrer que 85% des infections urinaires, des pharyngites, des conjonctivites par exemple peuvent être prises en charge entièrement par le pharmacien. Avec la révision de la loi sur les produits thérapeutiques, les pharmaciens peuvent remettre plus facilement certains médicaments soumis à ordonnance. Ceux-ci doivent être remis personnellement par le pharmacien et l’acte doit être dûment documenté. Les gens ont ainsi moins besoin d’aller aux urgences ou chez le médecin pour les troubles fréquents.

Ce serait un moyen pour faire baisser les coûts de la santé à disposition du pharmacien. Y en a-t-il d’autres?

Oui, par exemple le suivi de maladies chroniques avec la préparation de ­semainiers qui favorisent l’adhésion thérapeutique et permettent de lutter contre le gaspillage de médicaments.

Et puis, il existe des cercles de qualité où médecins et pharmaciens se réunissent pour échanger, dialoguer sur le choix du médicament pour un traitement donné, ainsi que son coût.

Et les génériques?

Le pharmacien peut toujours, en discussion avec le patient, promouvoir un générique qui est moins cher. Rien n’est fait cependant pour l’inciter à cette démarche. C’est pourquoi nous avons proposé, avec l’association d’assureurs Curafutura, une révision du tarif officinal, avec modification de la marge de distribution, de façon que le pharmacien ne soit plus pénalisé lorsqu’il remet un générique. Nous attendons la décision de l’OFSP et du Conseil fédéral.

Y a-t-il assez de pharmacies en Suisse?

Oui et non. Il est difficile de généraliser au niveau national. Il y a par exemple moins de pharmacies en Suisse alémanique où les médecins délivrent euxmêmes les médicaments. Cela dit, la Suisse compte 21 pharmacies pour 100 000 habitants, alors que la moyenne européenne est de 32.

On ne peut donc pas dire qu’il y ait trop de pharmacies. En revanche, il est important d’avoir une couverture sur tout le territoire et donc de maintenir des pharmacies de proximité dans les zones rurales. MM

Photo (Nicole Demierre Rossier): DR

Nicole Demierre Rossier, cette crise sanitaire a-t-elle changé la vie des pharmaciens?

On a beaucoup parlé des soignants, mais le personnel officinal a été et est toujours très sollicité, car les pharmacies sont restées ouvertes tout le temps.

Cette crise a contribué à visibiliser le rôle de premier interlocuteur santé du pharmacien. Au début de la pandémie, de nombreuses personnes sont venues poser des questions. Avec notamment beaucoup de frustrations lors de la ­polémique sur le manque de masques.

Quand tout était fermé, y compris certains cabinets médicaux, les pharmaciens ont renouvelé les traitements pour les patients chroniques. Bref, ils ont vraiment été au front. Depuis novembre, ils font des tests antigéniques et vaccineront bientôt.

Nicole Demierre Rossier, porte-parole pour la Suisse romande de pharmaSuisse

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18 | 22.2.2021 | ÉDUCATION

«L’essai et l’erreur font partie de notre apprentissage» Nous citons volontiers en exemple les managers qui réussissent et les produits qui cartonnent. Pourtant, comme l’explique François Courvoisier, professeur honoraire à la Haute École de gestion Arc, à Neuchâtel, nous aurions aussi beaucoup à apprendre de nos échecs.

Texte: Alain Portner

De quoi parle-t-on?

Illustration: iStock

Dans le monde de l’entreprise, l’échec est mal vu. Pourtant, le chemin vers la réussite est souvent pavé de fiascos.

D’où l’importance, selon l’économiste neuchâtelois François Courvoisier, de valoriser les flops comme les réussites.

ÉDUCATION | 22.2.2021 | 19

F

rançois Courvoisier, pourquoi a-t-on si peur de l’échec?

Car l’échec induit souvent une perte de confiance en soi avec le risque à la clé d’être paralysé, de ne plus être capable de persévérer. Et aussi à cause du regard des autres, de leur jugement. Les gens peuvent parfois être très durs, très sévères envers les personnes qui subissent des échecs personnels ou professionnels. Ça rend ces passages-là particulièrement difficiles à vivre.

D’où vient cette crainte?

De nos gènes, de notre éducation, de l’école?

Il y a sans doute une origine génétique, car l’on voit qu’il existe des personnes qui, dès l’enfance, sont plus introverties, plus timides, moins sûres d’elles que d’autres. Mais probablement que l’éducation, déjà dans la famille et ensuite à l’école, en apprentissage et en entreprise, joue aussi un rôle important. Oui, les deux facteurs – la génétique et l’éducation – sont déterminants.

À l’école, l’échec est toujours sanctionné. Notre système scolaire ne met-il pas trop en avant et donc en valeur la réussite?

C’est vrai. Le système de notation, quel qu’il soit, crée des clivages entre les meilleurs et les moins bons.

Nos écoles restent assez élitistes même s’il existe maintenant des passerelles qui offrent la possibilité d’accéder à des études supérieures ultérieurement.

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ÉDUCATION | 22.2.2021 | 21

Pourtant, nous savons tous qu’il est impossible de progresser sans faire de boulettes ou de faux pas, à l’image du bambin qui va tomber à maintes reprises avant de savoir marcher…

L’essai et l’erreur font partie de notre apprentissage. Et le rôle des parents, dans cet apprentissage de la marche par exemple, est fondamental. Pour qu’il puisse faire ses ­premiers pas, l’enfant a besoin à la fois de confiance en lui, d’un regard bienveillant et d’encouragement pour l’aider à persévérer.

Pareil pour un adulte qui se lance dans un nouveau défi.

Et idem dans le monde de l’entreprise où il n’y a guère d’innovations sans ratés, de succès sans échecs, non?

Effectivement. Pour les innovations, j’aime bien l’image de l’entonnoir… On verse beaucoup d’idées dans sa partie supérieure. Ensuite, celles-ci sont filtrées, triées, testées. Et au final, il n’y en a qu’une ou deux qui sortent du bas de l’entonnoir, ce qui ne garantit pas encore leur succès!

James Dyson est un bon exemple de l’entrepreneur qui transforme ses ratages en réussite, lui qui s’est vanté d’avoir échoué 5126 fois avant d’inventer son fameux aspirateur sans sac!

Oui, il doit d’ailleurs détenir le record du monde de la persévérance. Son exemple montre qu’il faut s’avérer pugnace pour réussir, mais aussi être capable de se remettre en question. Comme les grands distributeurs ne croyaient pas à son produit, Dyson a dû imaginer un nouveau modèle d’affaires. Tout comme Earl Tupper, l’inventeur des Tupperwares, qui a développé un type de vente original: les fameuses réunions Tupperware à domicile.

Les entrepreneurs suisses, contrairement à James Dyson, ont plus de peine à admettre l’échec, comme si c’était un aveu de faiblesse, une maladie honteuse…

En Europe de manière générale, à l’exception peut-être des pays anglo-saxons, l’échec entrepreneurial est mal vu, car la plupart des gens pensent que la personne s’y est mal prise, qu’elle n’était pas compétente, qu’elle s’est plantée parce qu’elle manquait soit de punch, soit d’argent, ou pire encore parce qu’elle magouillait.

À l’inverse, aux États-Unis, les flops, les faillites même sont valorisés...

Prenez ce milliardaire américain qui n’a pas déclaré beaucoup d’argent aux impôts, qui traîne de nombreuses casseroles derrière lui et qui a quand même été président des ÉtatsUnis pendant quatre ans! Cet exemple est assez typique de la mentalité anglo-saxonne.

Pour revenir au monde de l’entreprise, de

Bio express 1954 Naissance le 5 août à Neuchâtel.

1977 Licence en sciences économiques à l’Université de Neuchâtel.

1984 Doctorat en sciences économiques à l’Université de Neuchâtel.

1986 Brand Manager chez Kraft Jacobs Suchard (Mondelez).

1996 Marketing Manager à la CroixRouge suisse.

2000 Professeur à la HES-SO/Haute École de gestion Arc. 2007 Première édition du manuel Pratique du marketing.

2019 Professeur honoraire de la Haute École de gestion Arc. 2020 Publication de Célébrer l’échec!* avec l’entrepreneur Sedat Adiyaman.

«En Suisse, on prend moins de risques qu’ailleurs pour lancer des innovations. Tout cela par peur de l’échec»

nombreux investisseurs en Californie vont même jusqu’à refuser de financer une startup si le porteur de projet n’a pas connu d’échecs auparavant! Oui, échouer commercialement laisse clairement plus de traces en Europe et en Suisse qu’aux USA.

Les mentalités évoluent-elles chez nous?

Un peu. Michel Jordi, l’une des figures de l’horlogerie helvétique, est connu autant pour ses réussites éclatantes que pour ses ratages retentissants. Eh bien maintenant, il enseigne les vertus de l’échec dans des hautes écoles, il fait profiter les étudiants de ses erreurs pour éviter qu’ils ne les reproduisent.

Dans notre pays, on reste tout de même encore très timoré, on préfère jouer la sécurité plutôt que prendre des risques…

Même si la Suisse est souvent citée comme pays très innovant, on prend dans notre pays moins de risques – surtout financiers – qu’ailleurs pour lancer des innovations.

Tout cela par peur de l’échec, par peur du regard critique ou négatif de la communauté économique.

Cette frilosité helvétique explique-t-elle la lente et timide émergence des start-up sur notre territoire?

Sans doute. Des start-up, il y en a en Suisse, mais proportionnellement moins que dans les pays anglo-saxons. Quand nous demandons aux étudiants qui sortent de trois ans de bachelor en gestion d’entreprise quels sont leurs projets, comment ils voient leur avenir professionnel, seuls 5 à 10% d’entre eux au maximum répondent vouloir créer leur propre entreprise. Quant aux autres, dans leur grande majorité, ils souhaitent être engagés dans une firme existante, si possible prestigieuse. Cela montre bien qu’ils misent plutôt sur la sécurité que sur la prise de risques.

Il faut dire que se relever d’un échec n’est pas une partie de plaisir. Dans votre livre, vous comparez même cette épreuve au processus de deuil...

Comme dans un deuil, il faut accepter la perte, reconnaître la défaite, ne pas trop ruminer. Pour cela, il est bien de ne pas porter seul son fardeau, mais d’en parler, de partager cette douloureuse expérience avec ses proches, ses collaborateurs. Ensuite, il s’agit de tirer les leçons de son erreur et d’analyser la situation pour voir comment avancer, pour voir si on peut remettre l’ouvrage sur le métier en usant d’une autre approche.

Et surtout éviter de s’obstiner, de commettre une deuxième fois la même faute...

Si on fait un constat d’échec et que l’on se retrouve devant un mur infranchissable, il

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ÉDUCATION | 22.2.2021 | 23

vaut mieux reculer, prendre une autre voie plutôt que s’obstiner en répétant la même erreur.

L’entrepreneur doit-il faire preuve de résilience?

Pour rebondir, pour parvenir à cette résilience dont parlent les psychologues, il est nécessaire de digérer son deuil et de donner un sens à cet événement. Cela passe par tout un travail d’introspection, de partage qui devrait au final amener l’entrepreneur à considérer l’échec comme un apprentissage, comme une opportunité.

La crise sanitaire actuelle, que l’on considère surtout comme un facteur d’échec, peut-elle aussi être vue comme une opportunité? Évidemment pas pour les entreprises qui ont pris la pandémie en pleine figure comme les hôteliers, les restaurateurs et autres petits commerçants. Mais oui, il est aussi possible

«Le succès, c’est la capacité d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme»

* À lire: «Célébrer l’échec! Transformez vos futurs fiascos en réussites», de François H. Courvoisier et Sedat Adiyaman.

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de voir cette crise comme une opportunité pour se réinventer, pour développer d’autres services, d’autres produits et d’autres modèles d’affaires comme l’ont d’ailleurs déjà fait de nombreux entrepreneurs.

En résumé, comme l’écrit Jean-Claude Biver dans l’introduction de votre ouvrage, «la plus grande erreur qu’on puisse faire c’est d’avoir peur de l’échec»!

Il ne faut pas avoir peur du risque, peur de l’échec. Parce que l’entreprise qui n’innove pas par crainte d’échouer va vite être dépassée par des concurrents plus performants qu’elle. Comme le disait Winston Churchill: «Le succès, c’est la capacité d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme.» MM

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24 | 22.2.2021 | PHOTOGRAPHIE

Chasseur de fantômes

Le photographe animalier Neil Villard immortalise des ombres…

Après le discret lynx que ce Neuchâtelois a traqué durant plus de dix ans dans le massif jurassien, c’est désormais le légendaire tigre de Sibérie qu’il piste dans l’immensité de la taïga russe.

Texte: Alain Portner Photos: Neil Villard

N

eil Villard n’a jamais su ­résister à l’appel de la forêt.

Déjà tout môme, il courait les bois, débusquait les ­grenouilles, observait les oiseaux.

Avec le vieux Minolta SRT 101 de son papa, il fixait aussi sur pellicule les animaux croisés en chemin. Ce ­Neuchâtelois à la fibre naturaliste pensait devenir zoologiste. Allergique à l’école, il fera bûcheron, puis ­laborant en biologie. Et continuera à faire de la photographie.

Dans un coin de sa tête, ce chasseur d’images autodidacte avait un rêve: shooter le lynx, ce si discret mammifère. «Il a l’art de se fondre dans le paysage, c’est une ombre, un

fantôme», sourit notre interlocuteur.

Ce dernier jouera trois ans au chat et à la souris avec ce félin avant de le voir, et restera en tout presque dix ans à l’affût avant de le coucher sur le ­papier glacé des deux beaux livres qu’il lui a consacrés.

Essayer où beaucoup ont échoué

Marié et désormais père de deux ­petits garçons, ce trentenaire ne s’est pas pour autant assagi. Sa passion ­dévorante l’a même poussé à se lancer sur les traces d’un autre prédateur au format XXL cette fois-ci: le ­légendaire tigre de Sibérie que peu de ­personnes jusqu’à présent ont réussi à immortaliser! Un projet fou

démarré il y a un peu plus de deux ans et qui devrait s’étaler sur quelques ­années encore si l’argent ne vient pas à ­manquer…

«Si j’ai la prétention d’essayer là où tout le monde a échoué, notamment des grandes boîtes, c’est parce que je pense que mon expérience avec le lynx et le fait de travailler en solo pourraient favoriser ma rencontre avec le tigre.» Et s’il ne parvient pas à ses fins malgré son flair et son instinct, Neil Villard affirme qu’il n’en fera pas une maladie. «Je voulais vivre une aventure et là franchement je suis déjà comblé, je n’avais encore jamais connu quelque chose d’aussi intense!»

PHOTOGRAPHIE | 22.2.2021 | 25

Le tigre de Sibérie, le plus gros félin sauvage du monde, est un animal très rarement ­photographié.

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Du lynx…

… au tigre

«J’ai aimé accompagner le lynx au fil des saisons, du crépuscule au cœur de la nuit. La photographie me ­permet d’ouvrir une fenêtre sur un monde que les gens ne voient pas, de montrer la fragilité de la nature qui nous entoure et, j’espère, ­d’éveiller les consciences…»

«Avec mon projet, j’aimerais vraiment pouvoir contribuer à la sauvegarde du tigre de Sibérie. Ce puissant prédateur me fascine autant qu’il m’effraie. Comme il est protégé, le seul moyen de défense autorisé, c’est une fusée de détresse pour l’effaroucher.

Je ne m’en sépare jamais.»

Neil Villard a joué au chat et à la souris durant trois ans avant de pouvoir immortaliser le lynx.

Même s’il n’est pas près d’oublier les tracasseries douanières et policières de l’administration Poutine, il retient surtout de ses trois premières expéditions en Extrême-Orient russe l’immensité et la sauvagerie de la ­taïga, la chaude camaraderie des gardes-faune du Far East et l’infinie solitude des journées âpres passées à guetter le passage hypothétique du grand fauve.

«Je reste là sans bouger pendant huit heures d’affilée. Il fait -20 °C, j’ai toujours froid»

La patience comme compagne

«Mon affût fait un mètre sur un.

Je reste là sans bouger pendant huit heures d’affilée. Il fait -20 °C, j’ai ­toujours froid. Je suis à l’écoute de la forêt, focalisé sur mon objectif, j’oublie le temps. J’ai une photo de ma famille et une du tigre pour me rappeler pourquoi je suis là, pourquoi j’accepte d’endurer tout ça.» Dans sa petite maison du Pâquier (NE), poêle et chat ronronnent de concert pour le ramener à la douce réalité de l’instant présent.

Pour l’heure, ce solide barbu n’a même pas aperçu la queue de sa

chimère, juste des traces dans la neige et quelques images d’un beau mâle qu’il a capturées avec ses pièges ­photographiques. «Je ne vois pas de bêtes là-bas, tout est vide, tout semble mort, on a l’impression que la vie s’est arrêtée. Et pourtant le tigre est là, il est passé trois fois déjà tout près de la cabane en rondins où l’on dort. C’est incroyable!» Il y retournera début mars. L’appel de la forêt, encore et toujours. MM

Neil Villard en tenue de camouflage prêt à guetter.

28 | 22.2.2021 | SAVEURS

Curry aux légumes et au tofu Plat pour 4 personnes 600 g de tofu 140 g de pâte aromatique végane p. ex. de Tom Yum Paste 80 g de riz à grain long 300 g de courge, pesée parée, p. ex. butternut ou potimarron 300 g de brocoli 2 poivrons rouges 400 g de chou rouge 4 oignons nouveaux 4 cs d’huile de colza HOLL 1,2 l d’eau ½ bouquet d’herbes asiatiques, p. ex. basilic thaï et coriandre 1. Couper le tofu en tranches

et les badigeonner d’un peu de pâte de curry. Cuire le riz selon les instructions figurant sur le paquet et le réserver.

Tailler la courge en fines ­lamelles. Partager le brocoli en bouquets. Couper les poivrons en deux, les épépiner puis les débiter en lanières.

Râper fin le chou rouge. Détailler les bulbes d’oignons en rouelles, réserver les fanes.

2. Saisir le tofu de tous les

c­ ôtés dans la moitié de l’huile.

Faire revenir les légumes et les oignons dans le reste de l’huile. Ajouter la pâte de curry et poursuivre brièvement la cuisson, mouiller avec l’eau. Couvrir et laisser cuire env. 5 min en veillant à ce que les légumes restent fermes. Couper fin les fanes.

Dresser le curry dans des bols, parsemer les fanes et les herbes par-dessus. Servir avec le riz.

Tous fous de tofu

Cette sorte de «fromage de soja», fabriqué à base de graines de soja, existait déjà en Chine avant le début de notre ère. Aujourd’hui, on en trouve avec différentes consistances pour tout type de préparation.

Texte: Claudia Schmidt Recettes: Andrea Pistorius, Annina Ciocco et Daniel Tinembart

SAVEURS | 22.2.2021 | 29

LE SAVIEZ-VOUS? En Chine, on fabrique du tofu depuis plus de 2000 ans. Mais on ne sait toujours pas exactement si le tofu a été découvert par hasard en mélangeant de l’eau salée avec de la purée de soja chaude ou si sa fabrication s’est inspirée de la technique déjà connue de préparation du fromage et des yogourts.

Tofu en croûte de pignons doré au four Plat principal pour 4 personnes 500 g de tofu 1 citron 2 cs d’huile d’olive sel poivre 50 g de chapelure 30 g de pignons ½ bouquet de coriandre 1 gousse d’ail

Sandwich vietnamien au tofu Sandwich végétarien et aromatique, typique de la cuisine vietnamienne.

Parfait comme en-cas et comme amuse-bouche dans des fêtes.

Recette sur migusto.ch

1. Détailler le tofu en fines

tranches. Râper fin la moitié du zeste de citron par-dessus puis incorporer la moitié de l’huile, le sel et le poivre. Laisser mariner brièvement.

Photos: Migusto/Veronika Studer

2. Préchauffer le four à 220 °C. Râper fin l’autre moi-

tié de zeste. Le hacher finement dans un robot ménager avec la chapelure, les pignons, la coriandre, l’ail et le restant d’huile. Relever le mélange de sel et de poivre. Déposer le tofu sur une plaque chemisée de papier sulfurisé. Répartir le mélange sur les tranches et appuyer un peu. Glisser au milieu du four et cuire env.

7 min jusqu’à légère coloration de la croûte. Idéal avec une salade.

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1

AC CO R D PA R FA I T

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1 Tofu soyeux Migros-Bio, 250 g Fr. 4. 50 2 Tofu Nature Demeter, 200 g Fr. 4. 20 3 Hot Chili Sauce Huy Fong Sriracha, 435 ml Fr. 4.95 4 Coriandre, 20 g Prix du jour 5 Shirataki Noodles Chop Stick, 270 g Fr. 2. 50

30 | 22.2.2021 | SAVEURS

Nouilles au sriracha avec tofu croustillant Plat principal pour 4 personnes 230 g de tofu 8 cs de sauce soja 1 œuf 3 cs de farine 6 cs de panko (chapelure japonaise) 4 cs d’huile d’arachide 600 g de shirataki noodles (nouilles à la farine de konjak) 1 cs de pâte miso 2 cs de sriracha 4 brins de basilic thaï ou de coriandre

TOFU SOYEUX Comme le tofu classique, le tofu soyeux est composé uniquement de graines de soja, d’eau et d’un agent coagulant. Contrairement au tofu ferme, le tofu soyeux contient plus d’eau et sa consistance est particulièrement crémeuse. Il convient très bien à la préparation de desserts.

1. Couper le tofu horizontale-

ment en deux et le faire mariner dans la moitié de la sauce soja. Battre l’œuf dans une ­assiette creuse puis verser la farine et le panko dans deux autres assiettes. Tourner le tofu d’abord dans la farine puis le passer dans l’œuf et, pour finir, le tourner dans le panko, bien appuyer sur la chapelure pour la faire adhérer. Chauffer l’huile dans une poêle antiadhésive et saisir le tofu env. 5 min des deux côtés à feu moyen, jusqu’à ce qu’il croustille.

2. Entre-temps, rincer les

nouilles à l’eau froide, les mettre mouillées dans une casserole avec la pâte miso et faire chauffer. Dresser les pâtes avec le tofu, arroser de sriracha et du reste de la sauce soja. Effeuiller le ­basilic par-dessus et servir.

Panna cotta de tofu soyeux à la mangue Le tofu soyeux se prête à merveille à la réalisation d’une panna cotta légère en mode végane. Mangues, dattes et oranges lui apportent une douceur fruitée.

TRADITION CORÉENNE Dans la tradition coréenne, les détenus mangent du tofu à leur sortie de prison.

Le tofu blanc symbolise un nouveau départ. Le fait que le tofu ne puisse pas revenir à l’état de graines de soja signifie qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Souvent, les proches donnaient aussi du tofu pour des raisons purement pratiques: cet aliment était censé redonner des forces aux prisonniers libérés, qui avaient souvent eu une alimentation pauvre en détention.

Photos Migusto/Veronika Studer

Recette sur migusto.ch

SAVEURS | 22.2.2021 | 31

Bon à savoir

Astuce culinaire

Qu’entend-on par cuisson à l’aveugle (ou à blanc)?

I​l s’agit du terme technique ­désignant la cuisson d’un fond de tarte sans garniture, afin qu’il devienne croustillant et ne ramollisse pas par la suite à cause de la garniture. Pour ­éviter que la pâte ne gonfle, la piquer plusieurs fois avec une fourchette et la recouvrir ­ensuite de papier sulfurisé. ­Disposer des haricots secs, des pois, des noyaux de cerise ou d’abricot sur le dessus pour que la pâte reste plate. Les retirer, ainsi que le papier sulfurisé, peu avant la fin du temps de cuisson pour faire dorer le fond. Une fois refroidis, les noyaux ou les légumineuses peuvent être réutilisés plusieurs fois.

Chou frisé Il possède autant de noms qu’il est polyvalent dans la cuisine: le chou frisé ou chou de Milan, également appelé chou de Savoie dans certaines régions, est doté de feuilles frisées et est une variante du chou.

Il est disponible pratiquement toute l’année et se déguste cuit à l’étuvée avec du poisson, sauté ou croquant sur de la polenta, coupé en lamelles avec des lentilles dans une tortilla ou cuit au four.

500

est le pourcentage d’augmentation du nombre de recherches sur Google pour le terme «levain» en 2020 en Suisse. Il ­semblerait que le coronavirus nous ait tous transformés en boulangers amateurs.

TENDANCE ALIMENTAIRE

Illustration:Felice Bruno; Photo: Getty Images

Place aux snacks Finis les petits-déjeuners, dîners et soupers. Place à cinq snacks par jour. Dans son «Food Report 2021», la nutritionniste Hanni Rützler décrit la tendance de la snackification comme le «passage d’une culture alimentaire traditionnelle à une culture alimentaire moderne, dans laquelle les trois principaux repas ne structurent plus la vie quotidienne».

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32 | 22.2.2021 | ESCAPADE

Un bol d’air à l’étang du Bois Neuf Entre Étagnières et Assens (VD), un point d’eau semi-artificiel permet de prendre la pause: un foisonnement d’oiseaux, du martin-pêcheur au milan royal en passant par le colvert, profitent de ce nouveau biotope.

Texte: Patricia Brambilla Illustrations: Lisa Voisard

ESCAPADE | 22.2.2021 | 33

I

l est rare que les citadins s’aventurent dans le Gros-de-Vaud.

Comme une gêne à marcher dans l’arrière-pays, avec ses pesants ­labours et son grenier à grain. Mais pour Lisa Voisard, 28 ans, graphisteillustratrice installée à Lausanne, ­l’escapade à l’étang du Bois Neuf, entre Étagnières et Assens, s’est imposée comme une évidence. Il faut dire qu’elle a grandi à Échallens, joli bourg entouré de champs céréaliers, et que, avec les années, la nature est devenue sa passion. «J’aime faire des balades pour regarder les oiseaux.

C’est aussi un peu thérapeutique, ça décroche les soucis», dit celle qui s’évade aussi souvent que possible.

Hauts de Montreux, bord du Léman aux petites heures, parcs urbains, tout est bon pour o ­ bserver les volatiles, dont elle a tiré un magnifique ouvrage: Ornithorama, déjà en réimpression.

Reconnaître les oiseaux à leur cri

L’illustratrice Lisa Voisard aime se balader dans la ­nature et traduire ce qu’elle voit dans des illustrations un peu naïves faites de beaux aplats de couleurs vives.

Sitôt quitté le train, à la gare ­d’Étagnières, on traverse le village au pas de charge. Avec l’envie de bousculer les maisons pour arriver plus vite aux grands espaces. L’œil à l’affût et surtout l’oreille. «Les ­oiseaux, on les voit parfois, mais la plupart du temps, on les entend. Il faut savoir les reconnaître à leurs cris», dit Lisa Voisard qui s’entraîne aussi avec BirdNET, une application qui sert à identifier les chants ­d’oiseaux. L’appel d’un petit rougegorge n’échappe pas à son oreille musicienne – la jeune femme est aussi chanteuse et guitariste dans le groupe de métal Anachronism – tandis que le corvidé dessiné sur l’écusson de la maison de commune attire tout de suite son attention.

Une fois contourné la dernière bâtisse, le paysage s’ouvre d’un seul coup. Vastitude de collines et de champs laissant place au regard, qui prend soudain son envol. Une vieille grange qui bâille dans l’immensité, tout droit sortie d’un tableau de Hopper, un liseré de forêt dans le lointain, des tiges séchées de maïs comme une écriture interrom-

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ESCAPADE | 22.2.2021 | 35

pue affalée sur le sol. «Je me sens tout de suite plus apaisée dans cet espace ouvert. Ici, on devrait voir des rapaces, comme le ­milan royal.»

Le chemin se hâte vers la forêt du Bois Neuf, avec ses hauts ­conifères et ses feuillus dégarnis.

Sitôt sous les arbres, les sonorités changent. Comme si l’on entrait dans une cage de v­ erdure, remplie de ­piaillements de mésanges, pinsons, râlement de geai et même le cri plaintif d’une buse. «À moins que ce ne soit un étourneau... Il est très doué pour imiter ses congénères ainsi que les bruits de klaxon ou les sonneries de téléphone!», explique Lisa Voisard, qui aime tout particulièrement ­dessiner ce «petit clown».

Des dessins de tête

Pour ses croquis justement, beaux aplats de couleurs vives, l’illustratrice travaille peu sur le vif. Elle «prend des photos avec ses yeux», note parfois quelques détails. La réalisation du ­dessin se fera plus tard, dans le silence de la maison. «Je travaille mieux chez moi, moitié à la main, moitié à l’ordinateur. Je me documente et je fais toute la colorisation à l’écran.»

Une petite passerelle de bois invite les visiteurs au bord de l’étang strié de bouquets de saules aux branches jaune vif. On ne peut pas en faire le tour, mais le longer sur un seul côté,

Une femelle pic épeiche vient apporter le goûter à son rejeton.

bordé de panneaux didactiques et d’une place de pique-nique. Aménagé en 2015, le point d’eau a été garni de différents poissons, brochet, carpe, gardon, et il est depuis lors ouvert à la pêche. On guette le possible martinpêcheur sur les berges, mais c’est un pic au vol ondulant qui effleure la crête des arbres de son cri caractéristique, «ça ressemble à un bruit de jouet pour chien», sourit Lisa Voisard.

On poursuit le chemin à travers les bois. Humidité des ronces, haute futaie rousse des conifères où l’on imagine toute une faune. Et soudain, la forêt s’interrompt, régurgitant ses visiteurs dans un paysage de brume.

Un chemin d’ocre, droit comme un ruban, coupe en deux l’étendue des ­labours. Herbe jaune d’un côté et champ de colraves de l’autre avec, au loin, le massif enneigé du Jura.

Une grande immobilité horizontale, qui laisse encore une fois toute la

place au regard. Lisa Voisard, elle, tend ­toujours l’oreille et ­repère ici le chant d’un merle, là-bas celui plus strident d’une sittelle.

S’émerveiller de la beauté des choses

À l’intersection, on tourne à angle droit, direction Assens, dont les toits émergent déjà. On enjambe un ­ruisselet, tandis qu’un bosquet de bouleaux joue sa partition claire sur la terre sombre et attire le regard de l’illustratrice. «Je m’intéresse aussi aux arbres. En fait, j’aime illustrer la nature par un dessin simplifié et ­ludique. Apprendre le décor dans ­lequel on vit.» Peut-être qu’elle en fera un prochain livre…

On contourne le champ Purju, avant de longer les terrains de foot déserts à cette heure. En remontant la petite route du Jura, une pie ouvre son éventail noir et blanc dans un vieux fruitier. «Ne pas s’arrêter de s’émerveiller de la beauté des choses, cette nature est un cadeau. Je ne veux pas moraliser les gens avec mes dessins, mais j’essaie de créer un intérêt pour ce qui est autour de nous depuis toujours.»

La gare est à deux pas. Au moment de monter dans le train, un coq pousse son cri. À croire que les oiseaux se sont donné le mot aujourd’hui pour présenter leur belle diversité. MM

Carnet de route Départ : gare d’Étagnières (VD) Arrivée: gare d’Assens en ­passant par l’étang du Bois Neuf Comment s’y rendre: chemin de fer du LausanneÉchallens-Bercher (LEB), départ tous les quarts d’heure Distance: 3,5 km Durée: 1 h 15 avec pauses d’observation de la faune Difficulté: aucune Variante: prolonger la ­balade jusqu’à Échallens (env.

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22.2.2021 | 37

s ro tel ig M châ urg eu o N Frib

Le Signal de Bougy fête ses 50 ans Le 3 juillet 1971 marquait le premier jour d’ouverture au public du petit coin de paradis sur les hauteurs de la côte lémanique. Un lieu qui réjouit toutes les générations.

Texte: Sylvie Hofstetter

E

n 1969, des promoteurs ­voulaient acquérir l’hôtel du Signal de Bougy et ses terres pour y créer une clinique.

Cette démarche allait compromettre l’accessibilité du site au public. Les communes proches du lieu prennent alors contact avec la Fédération des coopératives Migros (FCM) afin de répondre aux besoins d’entretien du parc de 110 hectares et à son développement.

La Fondation Pré Vert du Signal de Bougy, soutenue par le Pour-cent culturel Migros, est alors créée le 9 juillet 1970. Le défi est réalisé, le Signal est sauvé, les familles et les promeneurs pourront continuer à profiter du lieu. Une année plus tard, les espaces de repos, les jeux pour les enfants, la ferme avec les animaux et le restaurant populaire sont inau­ gurés en présence de Madame Adèle Duttweiler, co-fondatrice de Migros et présidente d’honneur de la ­Fondation du Parc Pré Vert du ­ Signal de Bougy.

La mission de la Fondation est d’accueillir les enfants et leurs ­familles pour jouer dans des espaces de jeux et de se divertir avec des ­activités ludiques. L’entretien du parc et son développement dans la durée doivent permettre aux visiteurs de se rencontrer pour vivre des journées de détente et d’échanges.

Photo: DR

Au fil du temps En 1976, la statue des trois ânes,

créée par Edouard-Marcel Sandoz, est inaugurée. Se dressant au cœur du site, elle devient l’emblème et la mascotte de cette oasis de verdure ­familiale. Au printemps 2018, l’arbre à lolettes est planté, un concept unique en Suisse romande pour aider les petits à grandir en douceur. Ils se séparent de leur fidèle compagnon en l’accrochant sur l’arbre. L’année dernière, l’agrandissement de l’espace

Au centre, Adèle Duttweiler, qui a ­fondé Migros avec son mari Gottlieb, coupe le ruban lors de l’inauguration du parc Pré Vert du ­Signal de Bougy, en 1971.

de jeux «Kid’z land», avec l’apparition du petit train du Signal, d’une place de jeux de sable et d’un deuxième circuit de voiturettes a enchanté les familles.

En cinquante ans, les activités du parc se sont multipliées, mais ­l’attitude des visiteurs n’a pas changé, ils sont toujours aussi respectueux du bien commun. Chacun est gagné par l’esprit des lieux. Les journées passées au parc marquent: c’est un

lieu hors du temps, au sens large du terme. Un endroit presque mythique, où toutes les générations se rencontrent pour partager des émotions communes et un sentiment de ­liberté. MM Informations: en raison de la pandémie de ­Covid-19, seuls le parc et les places de jeux sont accessibles pour les promeneurs. Un take-away à la ferme est ouvert du mercredi au dimanche, de 11 h à 16 h.

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40 | 22.2.2021

Une fraîcheur garantie Chaque jour, fruits et légumes sont examinés minutieusement lorsqu’ils arrivent à la centrale d’exploitation à MarinEpagnier (NE). Un contrôle indispensable pour assurer des produits de grande qualité en rayons.

Texte: Maude Righi Photos: Fabrice Chapuis

C

haque matin, les camions se succèdent à la centrale d’exploitation de Marin-Epagnier. Toutes les ­marchandises de la coopérative y sont acheminées, déchargées, examinées et préparées pour les différents magasins. Parmi elles, environ 15 000 caisses de fruits et ­légumes. «Tout se passe en moins de vingtquatre heures. À 10 heures, les commandes sont envoyées aux fournisseurs. Les produits de la région arrivent avant midi, ceux venant de l’étranger dans la soirée. Le lendemain matin, ils sont distribués dans les magasins», racontent Rateb Adbul Rahim et Dardan ­Ajdaraj, tous deux responsables de la section arrivage à la centrale d’exploitation.

Feuilles des ananas, couleur des bananes, ni trop vertes ni trop jaunes, taux d’humidité des salades, aspects des fraises ou framboises, un échantillon de toutes les marchandises est soigneusement examiné avant de retrouver les étals. «Nos contrôleurs sont formés, ­expérimentés et savent exactement ce qu’il faut vérifier.» Tout ce qui ne répond pas aux critères de qualité est retourné au ­fournisseur. Car la coopérative souhaite être reconnue dans la fraîcheur des fruits et légumes.

La présentation doit être harmonieuse

Poids et calibres sont également contrôlés.

«Il faut que tout soit homogène, car la présentation visuelle dans les rayons est aussi importante», souffle Dardan Ajdaraj. Quant aux pommes, oranges ou clémentines, elles passent par un contrôle infrarouge qui permet de vérifier leur taux de sucre sans les endommager.

Chaque étape est essentielle

Garantir fraîcheur et qualité passe aussi par un contact régulier avec les fournisseurs.

Ces moments sont également l’occasion de rappeler les attentes de Migros, de vérifier si choux de Bruxelles ou poireaux poussent bien malgré un hiver rigoureux et d’adapter éventuellement les critères de calibres et de poids. Enfin, les vendeuses et vendeurs jouent un rôle important dans la qualité des fruits et légumes vendus. En effet, ils les manipulent avec soin, inspectent les rayons du matin au soir afin de retirer les produits non conformes. «De la récolte à la disponi­ bilité en magasin, chaque étape est essentielle pour que notre clientèle puisse profiter de produits d’une fraîcheur irréprochable», conclut Rateb Adbul Rahim. MM

La taille et l’aspect des pommes sont contrôlés, tandis que la couleur des ­bananes est évaluée. Elle ne doit être ni trop jaune ni trop verte.

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s ro tel ig M châ urg eu o N Frib

TÉMOIGNAGE

ENGAGEMENT

La qualité oui, mais sans gaspillage!

Chaque jour, il arrive que des fruits et légumes soient retirés des étals, n’étant plus conformes aux exigences de fraîcheur et de qualité. Mais ils ne sont pas jetés pour autant. Ces denrées finissent en soupes et desserts dans les restaurants Migros, sont donnés à Table Suisse qui les redistribue à des institutions sociales, compostés ou transformés en biogaz. ­ Car pour Migros, la question du gaspillage alimentaire est aussi ­importante que celle de la qualité.

Des conditions de travail excellentes Lorsqu’on leur demande ce qu’ils aiment dans leur métier, Rateb Adbul Rahim et Dardan Ajdaraj sont unanimes: «Il y a une ambiance fantastique à la centrale d’exploitation et nous avons du plaisir à venir travailler.» Tous deux s’assurent de l’arrivage des marchandises, l’un durant la journée, l’autre le soir, surveillent la préparation des denrées, veillent à ce qu’elles soient à l’heure dans les magasins, planifient les horaires des quelque trente collaborateurs sous leur responsabilité, coordonnent les tâches: chargement et déchargement des camions, contrôles, gestion des déchets.

Un travail diversifié qui se fait toujours en équipe. Sans oublier les machines ergonomiques, les vêtements adaptés et le thé offert à la pause. «Les conditions de travail sont vraiment excellentes», concluent les deux collègues enthousiastes.

De gauche à droite, Dardan Ajdaraj et Rateb Adbul Rahim, responsables de la section ­arrivage à la centrale d’exploitation de Marin-Epagnier.

42 | 22.2.2021 | SPORT

Frédéric Favre est ­marié et père de quatre enfants. Il a été cinq fois champion suisse de karaté.

Bio express 1979 Naissance à Genève.

1997 CFC d’employé de com-

merce aux Caves Orsat

à Martigny.

2010 Diplôme fédéral en

Ressources humaines à

la Haute École spécialisée

Arc à Neuchâtel.

2010 Adjoint, puis chef des

Ressources humaines et

membre de la direction

de Migros Valais (jusqu’en 2017).

2015 Doctorat en administration

des affaires au Business

Science Institute / IAE Lyon.

2017 Élu au Conseil d’État

valaisan sous la bannière du PLR. Il reprend le dicas-

tère de la sécurité, des insti-

tutions et du sport.

SPORT | 22.2.2021 | 43

«Il faut redonner des libertés aux gens»

Conseiller d’État valaisan en charge notamment du sport et ancien champion suisse de karaté, Frédéric Favre prône une ouverture rapide des infrastructures et des clubs sportifs.

Pour autant que des mesures sanitaires strictes soient garanties.

Texte: Pierre Wuthrich Photo: Sedrik Nemeth

Frédéric Favre, les salles et les stades sont fermés depuis des mois maintenant. Avec le recul, pouvez-vous affirmer que les décisions prises l’automne dernier en Valais, puis au début de l’hiver au niveau fédéral, étaient les bonnes?

Le Valais a été le premier canton à agir, car nous étions alors le «hotspot» européen et nous nous devions de prendre des décisions rapidement. Vous savez, le sport est un grand facteur de déplacement. Or, il était – et il est toujours – important d’éviter tous déplacements non essentiels. Je pense donc qu’il n’y avait pas d’autre solution que de ­fermer les salles de sport malheureusement.

Mais n’en a-t-on pas trop fait? Le sport en plein air, même en petit groupe, par exemple, ne semble pas si dangereux...

Dès que cela a été possible, nous avons autorisé à nouveau la pratique du sport pour les enfants. C’est très important, car le manque d’activités a un fort impact sur leur développement ainsi que sur leur santé physique et mentale. Et puis, n’oublions pas que le sport est un formidable vecteur d’intégration et d’inclusion.

La situation semble se détendre. Êtes-vous en faveur d’une réouverture des salles de sport au plus vite?

Il est important de redonner des libertés aux gens. Une telle mise à l’arrêt n’est pas possible sur le long terme. Les membres des clubs ont envie de se revoir, de pratiquer du sport ensemble. Et puis, il faut relancer l’économie.

Il faudrait donc ouvrir déjà en mars plutôt qu’attendre Pâques par exemple?

Je pense que cela est possible, oui. Évidemment, il faut mettre en place toute une série de mesures sanitaires, car si le nombre de cas de Covid-19 baisse, il ne chute pas non plus.

Le virus est donc toujours là. Cela étant, nous savons que les gens acceptent les mesures qui visent à les protéger. Nous l’avons vu au printemps. Je pense donc que nous pouvons revenir à un mode de fonctionnement où la pratique du sport en salle est autorisée pour autant que tout le monde ne s’entraîne pas au même moment et au même endroit. Par la suite, nous pourrons envisager un assouplissement des mesures graduellement.

Nombre de sportifs souffrent des restrictions actuelles. Leur plan de carrière a été stoppé net…

Quand on fait de la compétition, les résultats et les médailles, ce ne sont pas les choses les plus importantes au final. Ce qui compte, c’est tout ce qu’il y a autour, les entraînements, le fait d’être ensemble, de se dépasser, d’être fier de soi. Tout cela manque aujourd’hui cruellement. Il est donc important de trouver une issue rapide à cette crise.

Si nous ne faisons rien, d’autres problèmes vont surgir, liés au surpoids ou des problèmes psychiques. N’oublions pas que la santé publique passe aussi par le sport.

Le sport est un exutoire, il est vrai. Or, il est aujourd’hui difficile d’évacuer le stress du semi-confinement sans le sport…

Chacun doit trouver la formule qui lui convient. Ce peut être par exemple la pratique du sport chez soi, une solution qui existait avant la pandémie avec de nombreuses offres sur internet. Bien sûr, il est plus difficile de se motiver. Je le remarque moi-même.

J’essaie toutefois de faire des exercices à la maison, d’aller courir dehors et de m’évader le week-end en faisant du ski-alpinisme.

La Suisse a été beaucoup critiquée quand elle a annoncé vouloir garder ses domaines skiables ouverts. Au final, la saison se déroule dans de bonnes conditions. N’a-t-on toutefois pas joué avec le feu?

Toute décision est une prise de risque. Cela dit, il faut tout d’abord savoir que nous travaillons avec des partenaires fiables, qui ont tout intérêt à faire respecter les mesures de protection. Et puis n’oubliez pas que les hôtels sont ouverts. Je préfère donc voir des touristes se disperser sur les pistes de ski plutôt que de rester agglutinés en station. Enfin, il était important que l’économie continue de tourner et que les employés touchent un salaire.

Avec les vacances scolaires de février dans plusieurs cantons romands, craignez-vous une hausse des contaminations?

Non. Je pense même qu’il y a moins de risques de tomber malade sur les pistes de ski qu’en ville où les transports publics sont bondés. Dans les télécabines, où l’on ne reste que quelques minutes, la jauge a été réduite. Souvent, une seule et même famille s’y trouve à la fois. Ce n’est pas Sion-Genève en train! MM

PUBLIREPORTAGE

NOUVEAUTÉ À BASE DE POIS CHICHES Avec cette alternative végétale au yogourt inédite à base de pois chiches, Migros présente une première mondiale au rayon frais sous sa nouvelle marque V-Love. Fabriqué par ELSA, sa filiale spécialisée dans les produits laitiers, ce substitut innovant est une source de protéines naturelles et une gourmandise pauvre en matières grasses, qui sera tout d’abord disponible dans les saveurs vanille, fraise et abricot.

Comme le yogourt classique, il est fermenté à

l’aide de bactéries, ici certifiées véganes. Cette nouveauté, qui fera merveille dans les bowls composés de fruits, de muesli ou de porridge, vient élargir l’assortiment V-Love conçu par Migros. V-Love, la marque d’articles végétariens et élaborés à base de plantes proposée depuis peu par le détaillant, est particulièrement recommandée pour tous ceux qui souhaitent inclure davantage d’aliments d’origine végétale dans leur alimentation.

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Une onctuosité naturelle Elio Ricci, combien de temps a-t-il fallu pour mettre au point cette nouveauté mondiale végétale?

Deux ans. Dans une exploitation ­laitière traditionnelle comme ELSA, ­il a fallu convaincre un grand nombre de personnes de proposer un produit laitier typique sans lait. C’était un ­véritable défi (rires).

Pourquoi les pois chiches sont-ils particulièrement adaptés dans un substitut de yogourt?

Nous utilisons une protéine de pois chiche qui donne naturellement une

consistance très crémeuse. Elle confère également un goût particulier et se distingue ainsi des autres alternatives au yogourt, comme le soja ou la noix de coco.

Nous préparons une masse, qui est ­ensuite fermentée, tout comme le lait, avec des bactéries de yogourt. Il s’agit de bactéries classiques, mais certifiées véganes.

Le produit serait-il comparable à une sorte de houmous sucré?

Non. Le goût et la texture sont similaires à ceux d’un yogourt classique – une information primordiale pour tous ceux qui recherchent un substitut de yogourt.

Comment s’assurer qu’aucun ­résidu de lait ne s’y retrouve?

Grâce à de nombreux contrôles et à notre savoir-faire. Nous proposons du tofu et des boissons végétales depuis 30 ans. Nous ne nous contentons pas de contrôler le produit fini, mais nous assurons également des conditions ­optimales avant même la production.

Comment se passe la production de cette nouveauté?

Elio Ricci, développeur de ­ roduits chez ELSA p

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Cookies à la Khloé Khloé Kardashian, star de la téléréalité aux États-Unis, voulait simplement poster un bouquet de fleurs sur ­Instagram. Mais ses fans se sont concentrés sur un détail en arrière-plan: dans la cuisine de Khloé, on voyait un énorme bocal dans lequel des cookies étaient empilés de manière très régulière. Les followers ont été enthousiasmés. Khloé a ensuite publié une vidéo dans laquelle elle montre comment elle empile ces friandises. Nous avons aussi voulu tester cette tendance. Notre verdict: l’effet est superbe. À offrir ou pour chez soi.

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50 | 22.2.2021 | FINANCE

«Chacun doit épargner pour sa retraite»

Les caisses de prévoyance rencontrent des difficultés financières. Les réformes ne progressent pas et la crise du coronavirus aggrave la situation. Jeannette Schaller, experte en planification financière à la Banque Migros, explique comment améliorer sa prévoyance vieillesse.

Texte: Benita Vogel Illustration: Stephan Schmitz

Jeannette Schaller, dans quelle mesure les caisses de prévoyance ontelles été touchées par la pandémie?

Il y a encore beaucoup de points d’interrogation. Ce qui est certain, c’est que la crise sanitaire exacerbe les problèmes de financement. En particulier au niveau de l’AVS. Celle-ci est principalement financée par les ­cotisations salariales. La baisse actuelle des salaires en raison du chômage partiel et de la hausse du chômage entraîne une diminution des cotisations. Et comme les gens dépensent moins d’argent du fait de la crise, les recettes de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) diminuent également. Or, une partie de ces recettes sont versées à l’AVS. La situation est-elle aussi alarmante concernant le 2e pilier?

Les caisses de pension se portent un peu mieux. Elles sont tenues de constituer des réserves de fluctuation de valeurs pour les situations de crise afin de compenser les pertes sur les marchés boursiers. L’année 2020 a été bonne en termes de placement. Le chômage partiel a des répercussions moins graves pour les caisses de pension puisque les cotisations continuent d’être versées à taux plein. Mais il faut se rendre à l’évidence: le 2e pilier est lui aussi confronté à d’importants problèmes de financement. L’argent que les personnes retraitées ont épargné pendant leur vie active ne suffit pas à couvrir leurs retraites. Chaque année, le 2e pilier redistribue déjà 7 milliards de francs des actifs aux rentiers.

L’augmentation de l’âge de la retraite à 65 ans pour les femmes dans l’AVS et une nouvelle baisse du taux de conversion dans le 2e pilier sont actuellement en discussion.

Ces réformes sont-elles suffisantes?

Non, elles sont insuffisantes. Ces réformes permettront un financement à court terme. Elles auraient dû être mises en place il y a longtemps. Aujourd’hui, c’est le système qui doit changer fondamentalement. Mais le consensus politique et le courage font défaut lorsqu’il s’agit de changer les choses. Il est intéressant de noter que les personnes qui sont à la barre vont bientôt prendre leur retraite.

Les deux mesures prévues entraîneraient aussitôt une baisse des pensions. Et vous dites que ces ajustements sont loin d’être suffisants?

En effet. Ces mesures sont insuffisantes, car le fonds de l’AVS ne permettra de financer les retraites que pendant quelques années encore. Et le départ prochain de la génération des baby-boomers coûtera beaucoup d’argent. De nombreuses caisses de pension qui assurent des prestations

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surobligatoires (dépassant les limites légales du régime obligatoire de prévoyance professionnelle) ont d’ailleurs déjà abaissé le taux de conversion pour les retraites.

Les réformes concernent donc les personnes à faible revenu qui ne sont assurées que par le régime obligatoire et les femmes, déjà défavorisées par le système...

Oui, c’est malheureux. Toutefois, des paiements compensatoires ou des mesures d’atténuation sont prévus pour ces deux cas. En ce qui concerne l’équité envers les femmes, je pense que nous pouvons agir à un autre niveau, en assurant l’égalité des salaires et des opportunités professionnelles.

Les jeunes seraient favorables à des réformes plus fondamentales.

Comme pouvoir cotiser au 2e pilier avant 25 ans ou bénéficier d’une meilleure protection pour les temps partiels.

La situation évolue dans la bonne direction. L’ensemble de la société a changé. Le modèle du soutien principal, sur lequel repose notre système de protection sociale, est dépassé depuis longtemps.

Quelles sont les réformes structurelles encore nécessaires?

Il serait intéressant, par exemple, que le taux de conversion, qui détermine le montant de la retraite dans le 2e pilier, ne soit pas fixé de manière rigide par la loi, mais puisse être adapté de manière flexible à l’espérance de vie. Ainsi, les rentiers contribueraient aussi au système, contrairement à aujourd’hui.

Par ailleurs, l’introduction d’un 4e pilier est actuellement en discussion. De quoi s’agit-il exactement?

Il s’agit de crédits de temps accumulés au cours de vos jeunes années et à un âge plus avancé ­grâce au bénévolat (en cuisinant pour votre voisine âgée ou en l’aidant dans ses tâches administratives par exemple). Une fois à la retraite, vous pouvez utiliser ces crédits en bénéficiant vous-même de services. C’est une approche très intéressante.

«Beaucoup commencent à penser à leur retraite au milieu de la cinquantaine.

C’est souvent trop tard» Cela change-t-il quelque chose à la crise financière du système de sécurité sociale?

Pas de manière significative. Mais cela soulagerait les soignants et les proches aidants, et renforcerait la ­solidarité entre générations. Prenons l’exemple d’une femme âgée qui est encore en bonne santé mentale, mais qui dépend d’une aide extérieure pour certaines activités. Grâce au soutien d’une voisine qui s’occupe des tâches quotidiennes, cette femme peut retarder une entrée anticipée en maison de retraite, très coûteuse. Cela permet de soulager le système de santé et de réduire la dépendance à l’égard des prestations complémentaires.

Que peuvent faire les futur(e)s retraité(e)s pour améliorer leur situation?

Ils ne doivent rien laisser au hasard.

La promesse selon laquelle les premier et deuxième piliers couvriront 60% du dernier salaire ne peut plus être tenue. La prévoyance individuelle est indispensable. Épargnez! Avec un pilier 3a ou individuellement – même s’il ne s’agit que de petits montants.

Quels conseils donnez-vous lors d’un entretien sur la prévoyance?

Beaucoup de personnes commencent à penser à leur retraite au milieu de la cinquantaine. Il est souvent trop tard pour combler les lacunes de la prévoyance vieillesse. Il est important de commencer à planifier sa retraite vers 45 ans. Il faut répondre aux questions essentielles: quel niveau de vie est-ce que je souhaite avoir? Suis-je prêt(e) à vivre avec moins?

Il faut donc épargner pour sa prévoyance?

Oui, absolument. Beaucoup de gens sont peu ou pas avertis sur la prévoyance. Ce sujet devrait être abordé à l’école.

Un tel système, dans lequel chacun doit épargner pour sa propre retraite, est-il toujours social?

Malgré toutes les difficultés, nous ne devons pas oublier que notre système est efficace et précieux. La solidarité fonctionne encore. Les personnes disposant de revenus élevés versent des cotisations à l’AVS pour les travailleurs qui gagnent moins, ce qui permet de compenser. En outre, les risques tels que l’invalidité et le décès sont couverts. L’AVS verse également des prestations complémentaires et des allocations pour impotents. Les bonifications pour tâches éducatives constituent aussi un élément de solidarité.

La compensation se fait à plusieurs niveaux. Nous devons donc prendre soin d’un tel système de prévoyance. MM

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Jeannette Schaller, responsable de la Planification financière à la Banque Migros.

52 | 22.2.2021 | JEUX

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De quelle couleur rit-on pour dissimuler son mécontentement?

R Rose

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M Jaune

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O Bienne

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E Morat

Quel est le mois qui a un nombre de jours variable selon les années?

R Février

T Décembre

N Juin

Une … est la dispersion d’une communauté ethnique à travers le monde.

I

A diaspora

pandora

S Set

L Une île

3

4

5

6

7

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Bimaru solution n° 7

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2

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… était une «arme» utilisée par les Byzantins.

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Solution: Solution Solution: 1 1

Qui ou quoi est «Jan Mayen»?

A Un footballeur

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Au tennis, comment s’appelle une balle de service à remettre?

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de 1 à 5 correspond à une lettre de la solution.

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T E S T E U solution n° 7 R S URGENCE

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54 | 22.2.2021 | PEINTURE

Un homme hors norme

Peintre, verrier, mosaïste, Bernard Viglino continue de créer à 97 ans dans son incroyable maison de Chavornay (VD).

Son secret pour durer? Ne pas trop se prendre au sérieux.

Texte: Pierre Wuthrich Photos: Matthieu Spohn

PEINTURE | 22.2.2021 | 55

B

ernard Viglino aurait pu prendre sa retraite il y a plus de trente ans.

Il n’en a rien été, et ­l’artiste peintre a ­toujours continué de créer, l’œil vif et le regard décalé. «Je ne peins plus depuis quelque temps, car je n’ai plus assez de force», précise le ­bientôt centenaire qui vit seul à Chavornay après le décès de son épouse il y a trois ans.

«Je continue par contre mes ­collages. Je découpe des images et des textes que je trouve dans les journaux et en fais des ­compositions. Comme les idées me viennent par milliers, je travaille tous les soirs jusqu’à 2 ou 3 heures du matin.»

Né pour ainsi dire dans la peinture en 1924 – son père ­possédait une entreprise de ­gypserie-peinture –, Bernard Viglino suit un apprentissage de plâtrier-peintre dans l’idée de reprendre un jour la société familiale. En parallèle, il fréquente l’École des arts et métiers de ­Vevey afin de devenir décorateur de théâtre. Deux rencontres vont alors changer à jamais sa vie. La première avec Gaston ­Faravel, qui lui donne pour la première fois la possibilité ­d’exprimer son talent créatif au Théâtre du Jorat, et la seconde avec Paul Monnier, qui l’initie à l’art du vitrail et de la mosaïque.

Un coloriste hors pair

Le succès est rapidement au ­rendez-vous, et notre homme est amené à réaliser des dizaines et des dizaines d’œuvres – parfois monumentales – pour des églises, des hôpitaux et même un pénitencier aux quatre coins de la Suisse romande. «J’ai eu la chance d’exercer mon métier à une époque où il y avait beaucoup de commandes et n’ai jamais dû demander l’aumône», se souvient modestement Bernard Viglino, en omettant de mentionner que si autant de paroisses et d’institutions ont fait appel à lui, c’est bel et bien parce qu’il était un coloriste hors pair et savait s’adapter à chaque architecture.

Lorsqu’il ne travaillait pas à la réalisation de vitraux et de mosaïques, notre homme a aussi énormément peint. «La ­démarche était assez égoïste, car

«Je suis mon premier client et collectionne mes propres œuvres»

je peignais pour moi et non dans le but de vendre mes tableaux.

Je suis mon premier client et collectionne mes propres œuvres», explique le Vaudois.

Une mosaïque humaine

Tout au long de sa vie, l’artiste s’est encore amusé à magnifier des robes en leur rajoutant ­diverses pièces de tissu, à ima­ giner des maquettes de voitures futuristes et s’est essayé à la sculpture. «Quelqu’un a dit de moi que j’étais une mosaïque ­humaine. Cette définition me plaît assez», rigole notre homme qui porte ce jour une veste patchwork, tout à son image.

«Vous savez, il ne faut pas trop se prendre au sérieux. C’est mon secret de longévité, avec l’absence de sport, que je n’ai ­jamais aimé.»

Ayant créé de très nombreux motifs religieux au cours de son existence, Bernard Viglino dit ne pas croire en Dieu mais en une force supérieure. «Si je devais toutefois choisir, je préférerais aller en enfer plutôt qu’au paradis. J’aurais le vertige de làhaut», annonce-t-il sous forme de boutade avant de se lever et de traverser la maison avec son déambulateur. «Venez, je vais vous faire entendre ma Poya ­musicale.» Dans le coin d’une pièce, il enclenche alors le vieux tourne-disque caché par mille objets et fait résonner le célèbre chant fribourgeois tout en ­secouant un drôle d’instrument imaginé par ses soins et constitué de cloches. Il est comme ça Bernard Viglino, attachant et plein de vie. MM

Une œuvre d’art totale «J’ai acheté cette maison en 1958. Elle date du XVIe siècle et est classée aux monuments historiques. Ma femme et moi nous sommes pris de passion pour l’aménager avec des objets trouvés dans les brocantes au fil des décennies. J’y entrepose des peintures et la décore avec des centaines de collages et d’objets hétéroclites. Il en ressort un univers particulier qui me ressemble. À ma mort, la maison sera léguée à une fondation que j’ai créée. L’idée n’est pas d’en faire un musée, mais de la conserver telle quelle et de l’ouvrir de temps à autre à des intéressés.»

Un tableau pas comme les autres «Durant ma vie d’artiste, je suis passé par différentes périodes allant de l’abstrait au figuratif et j’ai utilisé différentes techniques, comme l’huile, l’acrylique ou le verre. Au total, j’ai peint des centaines de tableaux. Si je ne devais en garder qu’un, ce serait celui-ci. Il représente ma maison et mon quartier. On y voit notamment des femmes allant à la fontaine et mes grands-pères. L’un était chaudronnier ambulant et l’autre fournier. Je me suis représenté au milieu avec notre saint-bernard.

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