Migros Magazin 05 2010 f VD

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février 2010

Les Suisses sortent de leurs pantoufles, tranquillement Au terme d’une décennie qui a bien mal commencé en matière de pratique sportive, l’exercice physique retrouve des adeptes. Chez les enfants et les ados, en revanche, ce n’est pas encore ça. Explications et témoignages.

L

es Suisses sont-ils toujours pantouflards? Au début du siècle, les enquêtes débouchaient sur des chiffres inquiétants: le manque d’activité physique régulière s’accroissait dangereusement, provoquant des milliers de décès annuels. Accidents cardiovasculaires (quatre fois plus de risques pour les hommes sédentaires dès 40 ans. Jusqu’à quinze fois plus pour les femmes), cancers du côlon, diabète et autres conséquences de l’inactivité coûtent plus d’un milliard et demi de frais de traitements aux assurances maladie. Au point que récemment, certains se sont demandé s’il ne fallait pas prévoir des primes moins élevées pour les sportifs réguliers. Près d’une décennie plus tard, le travail musculaire semble gagner du terrain. A part peut-être chez les jeunes, décidément plus attirés par les exploits virtuels (lire encadré), la population se remet à bouger. C’est en tout cas ce qu’affirme la dernière enquête nationale en date, baptisée «Sport Suisse 2008»: «De plus en plus de Suisses pratiquent de nos jours une activité physique régulière: deux personnes interrogées sur trois font du sport au moins une fois par semaine.» Et l’Office fédéral du sport (OFSPO) de préciser que ce sont ainsi «200 000 personnes en plus qui se bougent par rapport à 2000», date du dernier sondage.

Plutôt bien, même si un quart de la population ne transpire jamais, surtout par manque de temps. Parmi les activités sportives remettant le pied à l’étrier, le «walking» – la marche – grimpe sur la première marche du podium, qu’il soit «nordic» ou randonnée. Un véritable engouement: 11% de pratiquants supplémentaires ces huit dernières années, devant le cyclisme/VTT, la natation et le ski. Parmi les nouveaux adeptes du planter de bâton, beaucoup de femmes et de seniors. Claudine Gornes est l’une d’entre elles. Et elle le vit comme une renaissance. Pour cette habitante d’Epalinges (VD) de 60 ans, la re-

prise d’une activité physique s’apparente à un lâcher-prise. «Il y a quelques années, j’ai eu un cancer du côlon. Une très grave opération, un traitement lourd, de nombreux contrôles.» C’était il y a six ans. Mais il faut du temps pour oublier. «Moi qui suis d’un naturel plutôt gai et sociable, qui me considère comme une battante, j’ai ressenti de vrais moments d’abattement, de découragement.»

Le grand air plutôt que le fitness

L’été dernier, Claudine s’est autorisé à tourner la page. Et pour bien le montrer, elle décide de se

Les ados, ces antisportifs En Suisse romande, selon une enquête de 2009 réalisée par l’Observatoire Sport et activité physique Suisse, seuls 54 % des Romands entre 10 et 14 ans bougent selon les recommandations internationales, soit l’équivalent de trois heures hebdomadaires. Outre-Sarine, quatre adolescents sur cinq y parviennent. Et les filles s’avèrent encore moins actives que les garçons, particulièrement lorsqu’elles sont issues de l’immigration. La pratique sportive baisse en même temps que le salaire familial, et c’est encore plus vrai chez les filles. Autres causes, le succès de l’ordinateur, consoles de jeu et autres loisirs numériques, mais aussi des horaires (scolaires, entre autres) déjà surchargés. Les enfants et adolescents helvétiques passent en moyenne trois heures journalières devant un écran. Plusieurs actions, par exemple dans le cadre scolaire comme «l’école bouge», tentent d’encourager au sport.

Claudine Gornes, 60 ans, s’est mise au nordic walking l’automne dernier. Et elle ne le regrette pas.


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