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Télévision

La télévision n’est pas encore démodée, elle se consomme aujourd’hui simplement différemment. D isney+, à travers le monde, cela représente 118 millions d’utilisateurs dans 45 pays, dont la Suisse, et c’est surtout un changement radical dans les habitudes des jeunes parents pour visionner des dessins animés en famille. Plus besoin forcément d’organiser une sortie au cinéma, le colossal catalogue Disney, qui rassemble notamment la franchise Star Wars et tous les Marvel, est au bout de la télécommande. «C’est surtout pratique quand on a besoin de temps pour faire quelque chose à la maison, on sait exactement ce que regardent les enfants et on peut les laisser devant la télévision avec un peu moins de stress», confie Julie, jeune Vaudoise maman de deux enfants.

Direct et replay complémentaires La télévision se transforme à vitesse grand V et, avec l’essor des plateformes comme Netflix, Amazon Prime ou Play RTS pour la Suisse, le public a appris à consommer différemment. Il n’est plus question d’attendre religieusement certains programmes, par exemple les journaux télévisés. Avec le replay, c’est même toute la composition du journal que l’on peut sélectionner pour ne garder que les sujets qui nous intéressent. Le direct se taille la part du lion dans tout ce qui touche à l’actualité et au sport. «Ce sont des contenus périssables. C’est rare que l’on aille chercher en replay un match de foot joué il y a six mois, à moins d’être un grand fan. Le direct est encore lié à la diffusion de certains magazines qui sont ancrés dans les habitudes hebdomadaires des Romands, comme Temps présent, Mise au point», relève Luc Guillet, chef de la programmation TV à RTS. On se souvient également de l’esprit communautaire qui avait soufflé sur le pays lors de l’Euro 2020: le match de football entre la Suisse et la France avait

rassemblé 497 000 spectateurs, et celui entre la Suisse et l’Espagne 480 0000, selon les chiffres communiqués par la RTS.

À La Télé, la chaîne valdofribourgeoise née en 2009, la manière de calculer les audiences fait qu’il est très difficile d’avoir des profils très fins. Le directeur Thierry Bovay sait néanmoins qu’il y a une fracture entre les personnes âgées de 55 ans et plus et celles qui sont dans la tranche d’âge 35-55 ans: «Le premier segment reste attaché à la vision en direct des 20 minutes d’actualité que nous produisons chaque jour. Le deuxième regarde le même contenu, segmenté sur Facebook, au moment qu’il le souhaite. On constate donc que ce n’est pas le contenu qui définit l’âge de l’audience, c’est en fait le support.» En revanche, et le directeur le sait, le jeune public manque à l’appel: «Nos contenus ne s’adressent pas à eux , en revanche, par la diffusion d’événements locaux comme le carnaval, ils apprennent très vite à nous identifier comme support informatif.»

La crédibilité de la télévision Quant à la manière de regarder les programmes sur le site de La Télé, là aussi, le directeur ne cache pas qu’il y a une nouvelle réflexion à mener: «Notre site est un site d’archivage, pas d’actualité, et il va falloir qu’on le fasse évoluer vers un flux d’actu plus continu.» Pas question de se lancer avec précipitation, car pour Thierry Bovay, «la population suisse demeure encore très traditionnelle et il y a encore ce tapis de fond de personnes qui regardent le rectangle noir contre le mur dans le salon». Il y a également un enjeu économique pour La Télé: «Sur la diffusion broadcast, on gère le flux de diffusion de A à Z, dès que l’on en sort, notre emprise devient moins forte», relève le directeur, qui vient de plancher sur la stratégie d’avenir de la chaîne. Avec tous ces changements, à quoi s’attache encore le téléspectateur, maintenant qu’il a presque tout à disposition? «Ce qui reste très ancré, c’est la crédibilité de la télévision. Sur les réseaux sociaux, on trouve des formats courts, des capsules, mais si on fait le même travail pour la télévision, cela devient une émission, avec un contenu pris au sérieux», souligne Thierry Bovay.

Tous âges confondus À Genève, à la RTS, un autre enjeu est de rester dans la course, face à la déferlante de l’offre, tant sur les chaînes françaises que sur les plateformes. Et là, l’outil Play RTS, mis en service en 2020, se révèle utile à deux niveaux: personnalisation de l’offre et recommandations, qui sont déjà des points largement exploités dans le domaine du streaming. «En tant que service public, nous restons prudents pour éviter d’enfermer le public toujours dans la même bulle», relève Luc Guillet. Il note cependant que cet outil a déjà trouvé sa place dans le quotidien des Romands: «Chaque jour, le site enregistre 300 000 démarrages pour regarder telle ou telle vidéo. À l’échelle de la Suisse romande, ce sont de bons chiffres.» Luc Guillet admet volontiers qu’il est possible de faire des erreurs dans la programmation, mais globalement, les résultats des audiences qu’il parcourt tous les matins montrent que le public est globalement satisfait. «Durant le semiconfinement du printemps 2020, les audiences ont été exceptionnelles. Le public de tous les âges s’est retrouvé devant la télé, notamment pour l’actualité mais aussi pour la détente. La stratégie de l’offre de la RTS s’est accompagnée d’une réflexion sur la redéfinition de nos publics, plus tellement en fonction de l’âge, mais bien en fonction des modes de consommation», ajoute-t-il.  MM

L’offre de plus en plus grande du streaming

Netflix

Née en 2007, la plateforme compte désormais 200 millions d’abonnés à travers le monde. Elle possède aussi ses propres studios de tournage. Le catalogue de films et de séries varie d’un pays à l’autre, ainsi que le prix de l’abonnement.

Disney+

Disney+ désigne le service de streaming en ligne de la Walt Disney Company. Son catalogue s’étend bien au-delà des productions originales Disney. Le groupe a en effet

Jadis, la télévision rassemblait toute la famille en raison des horaires de programmation fixes.

racheté de nombreux studios de cinéma et d’animation, dont Pixar, Marvel Cinematic Universe, Lucasfilm ou encore 21st Century Fox. Abonnement payant.

Photos: Keystone-sda-ats, RTS/Anne Kearney Amazon Prime Video

Les clients résidant en Suisse ont accès à environ 3600 films et 700 séries. Abonnement payant.

Apple TV+

primées, films, documentaires, émissions pour les enfants, humour. Abonnement payant.

Ciné Séries

Ce canal est disponible via l’application myCANAL (iOS et Android). Avec ce service, on accède aussi aux séries de la chaîne HBO (via OCS). Abonnement payant.

Play Suisse

qui regroupe le meilleur des productions et des coproductions de la RTS, de la RSI, de RTR et de SRF.

Play RTS

Lancé en 2020, ce site de la RTS permet de compléter le dispositif de distribution des programmes TV linéaire: on peut regarder ces contenus avant leur diffusion en TV, au moment de leur diffusion sur RTS1 ou RTS2 et après qu’ils ont été diffusés. Ce service est adapté à tous les écrans.

Luc Guillet, chef de la programmation TV à RTS

Le partage entre direct et offre digitale

«Toutes chaînes confondues en Suisse romande, la télévision, c’est 70% de direct, 30% de non-direct. Chez les moins de 50 ans, le ratio est à 60% de direct, 40% de non-direct. Le direct est très important dans les heures de grande écoute, entre 19 h et 22 h, dans toutes les classes d’âge, souvent bien au-dessus de 70%. Pour la fiction, le ratio s’inverse, avec 50% de la consommation en rattrapage. Cela concerne surtout les séries, et là, la différence liée à l’âge est de moins en moins vraie.»

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