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24 | Migros Magazine 2, 10 janvier 2011

Des noyers pour la biodiversité

Dans la région des Trois-Lacs, Urs Schaller a déjà planté trois cents arbres. Un plus pour la nature et son exploitation agricole. Retour sur un des projets lancés durant l’année de la biodiversité de l’ONU.

E

n 2010, l’Organisation des Nations unies (ONU) a placé la biodiversité sous les feux de la rampe. De nombreuses mesures ont alors été prises pour préserver la faune et la flore. Les paysans IP-Suisse, qui œuvrent en faveur de la production intégrée, ont par exemple lancé une foule de projets visant à soutenir la biodiversité, et ce, en aménageant des prairies fleuries, laissant des zones en friche, faisant pousser des haies ou plantant des arbres haute tige. Urs Schaller, un jeune agriculteur de Dotzigen, dans le Seeland bernois, s’est particulièrement distingué à cet égard. Sur son exploitation familiale de 27,5 hectares, il ne cultive pas seulement du maïs et des betteraves sucrières mais aussi du blé et de l’épeautre à l’ancienne, selon les directives IP-Suisse. Grâce à ces céréales, on peut entre autres préparer les pains et les farines portant le label TerraSuisse. Notre homme sait aussi à merveille exploiter des niches. Dans sa ferme, il propose, en été, un large éventail de baies et, en automne, un assortiment de courges et de coloquintes. Urs Schaller s’est montré particulièrement créatif dans l’agen-

cement de ses 7 hectares de surfaces de compensation écologique. Il n’a pas seulement aménagé des prairies exploitées de manière extensive, il y a aussi planté trois cents arbres haute tige dans lesquels beaucoup d’animaux logeront un jour. «Je cherchais un créneau qui soit susceptible de combler une lacune, explique l’agriculteur. De plus, je voulais me lancer dans une activité qui respecte la biodiversité mais qui débouche aussi sur du concret. Finalement, je me suis mis au noyer.»

Autrefois un farfelu, aujourd’hui un pionnier

Au départ, plusieurs de ses collègues l’ont pris pour un farfelu. Aujourd’hui cependant, il fait plutôt figure de pionnier, et son idée a fait des émules. La création d’une communauté d’intérêt de la noix bernoise est même envisagée. Après la Seconde Guerre mondiale, la Suisse comptait près d’un demi-million de noyers. Il en reste aujourd’hui 100 000. Les besoins du marché helvétique sont couverts par des importations de France, de Californie et du Chili. Comme Urs Schaller ne trouvait ni les quantités ni les variétés

nécessaires dans les pépinières suisses, il a importé les plants âgés de trois ans de la région de Grenoble. Ils donneront leurs premiers fruits après cinq ou six ans. Urs Schaller n’a pas disposé ses noyers haute tige de manière serrée mais il les a plantés en larges rangées, avec suffisamment de distance entre eux, afin qu’ils profitent d’un maximum d’air et de lumière, qu’ils prospèrent favorablement et que la flore et la faune s’y développent au mieux. Entre les arbres poussent des buissons sauvages et s’élèvent des piles de bois. Cet environnement procure un refuge à beaucoup d’animaux, parmi lesquels des hérissons et des lièvres. Quelques nichoirs sont suspendus aux tuteurs qui soutiennent les jeunes pousses. «Ils offrent un abri aux oiseaux en attendant qu’ils puissent s’installer dans la couronne des arbres.» Urs Schaller a également installé des ruches pour les abeilles sauvages. Urs Schaller n’entend pas se tenir à ses trois cents noyers. Au printemps prochain il en plantera deux cents autres. La biodiversité lui dit merci! Daniel Sägesser Photo Mischa Imbach

Le WWF distingue les meilleurs projets promouvant la biodiversité Dans le cadre de la campagne visant à promouvoir la biodiversité lancée par le WWF en collaboration avec ses partenaires (lire encadré ci-contre), plus de 1300 projets ont été déposés. Les meilleurs d’entre eux viennent d’être récompensés. Le premier prix du WWF, de 10 000

francs, revient à la classe IV B de l’école secondaire de Barengo au Tessin (enseignant: Marco Martucci). Sur une surface de 5000 m2, les élèves ont planté des arbres indigènes et créé des étangs. Depuis lors, cette zone est devenue un biotope pour des espèces

d’amphibiens rares. Le second prix (7000 francs) a été décerné à l’exploitation agricole Waldenstein, à Beinwil (SO), et le troisième (5000 francs) à l’Association suisse de l’industrie des graviers et du béton, à Berne. Infos complètes: www.wwf.ch

Un paysan innovant: Urs Schaller se


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