LYONPEOPLE JUIN 2011 / Spécial Ecully

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EN COUVERTURE

Photos © Fabrice Schiff et DR

2, avenue Raymond de Veyssière

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LES BOYS CHINOIS DE

Chantepie O

n trouve la trace de cette propriété sur le plan scénographique de 1580. Au XVIIIème siècle, se dresse une maison des champs avec tourelle et rectangulaire et chapelle. Lors de la révolution, elle est habitée par Gaspard Margaron, deuxième maire d’Ecully. La commune n’étant pas alors dotée de mairie, les réunions du conseil municipal se tiennent à plusieurs reprises chez lui. En 1793, il fut accusé d’avoir encouragé ses administrés à soutenir les troupes lyonnaises contre-révolutionnaires et d’avoir fait sonner les cloches pour appeler les Ecullois à participer à la résistance contre la terreur révolutionnaire. Condamné à mort, il est guillotiné le 24 décembre 1793, à l’âge de 74 ans ! Entre 1861 et 1863, l’agent de change Gilbert Devienne agrandit la maison en lui donnant les allures d’un château agrémenté de deux tours rectangulaires. Un sousterrain de 500 mètres de long reliait le château à l’actuelle Maison de la rencontre. Le nom de « Chantepie » est donné au domaine par le soyeux Adolphe Ribet, fils d’un instituteur ardéchois, son dernier propriétaire. Monsieur Servonnet, fournisseur du château rapporte qu’il employait une domesticité asiatique assurant le service en veste et gants blancs. C’est véridique. Pendant la grande guerre, Adolphe Ribet est envoyé à Shanghai dans le service des renseignements généraux. A la fin du conflit, il reste sur place et développe les affaires de la société de soierie Madier et Frères dont il est le représentant commercial. Son épouse Jeanne Godon le rejoint et leur fille Yvonne voit le jour au pays du dernier empereur. A leur retour en 1927, fortune faite, ils louent puis achètent Chantepie où grandissent leurs enfants Yvonne, Jean, Odette et Jacqueline. Dans la foulée, il rachète la boite de ses patrons. Le fils d’instit qui a ramené des boys dans ses bagages est désormais un notable. En 1954, Adolphe rejoint dans l’Eternité son épouse qui l’avait précédé quelques années plus tôt. Son petit-fils Jean Bégule qui vit toujours à Ecully a alors tout juste l’âge de raison : « Je me souviens très précisément de l’immense parc où je multipliais les bêtises avec mon amie Blandine. Mais je n’ai pas connu le fabuleux train de vie de mon grand-père qui a fondu après-guerre. » De fait, ses trois héritiers ne peuvent assumer les droits de succession et la charge de la propriété qu’ils cèdent à contrecœur à un promoteur. La maison, d’une classe folle, et ses dépendances, sont démolies en 1962 au profit de l’opération de promotion immobilière «Résidence du parc» dont les immeubles qui ressemblent à des HLM sont d’une affligeante banalité. O MP

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1 - Le capitaine Adolphe Ribet (arrière grand-père de Stéphanie Navalon) en 1914. 2 - La famille Ribet avec leur boy chinois à Chantepie dans les années 30. 3 - Yvonne, Odette et Jean Ribet en kimonos sur le perron. 4 - «La Ramière», seconde maison de la famille Bégule a été démolie pour construire la résidence du Parc des cèdres. 5 - Jean Bégule et Blandine Deveraux à la Ramière en 1956. 6 - Retour sur les lieux du crime, 50 ans plus tard pour Jean Bégule et son épouse Martine. 7 - Ultimes vestiges de Chantepie, dans la montée du pont d’Ecully.

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