LYON PEOPLE Mars 2020

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TOP 50 FEMMES D’INFLUENCE

EMMANUELLE DUBÉE Une femme d’Intérieur

C’est la première fois qu’une femme est nommée à la tête de la préfecture du Rhône pour la défense et à la sécurité. Texte : Catherine Lagrange - Photo © Fabrice Schiff

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ans le couloir de la préfecture qui mène au bureau du préfet délégué à la défense et à la sécurité, une galerie de portraits aligne les photos de tous ceux qui se sont succédé à ce poste. Emmanuelle Dubée occupe la dernière place. Et c’est la seule femme. « Je suis effectivement la première femme à ce poste dans le département » confirme celle qui a débarqué entre Saône et Rhône le 15 avril dernier. Elle incarne la volonté du gouvernement de féminiser les sommets de son administration. « Il y a eu au début un effet de surprise lors des premiers contacts parce que dans la plupart des esprits, le préfet de police, c’est forcément un homme » sourit celle qui ne s’est toujours pas habituée à pousser chaque soir la porte de son appartement sur laquelle est inscrit : « Monsieur le préfet délégué à la sécurité ». Mais madame la préfète a décidé d’en faire un atout : « Le fait d’être une femme fait qu’on me repère plus vite et l’accueil est toujours bon. Et aujourd’hui, parmi mes interlocuteurs, il y a beaucoup de femmes maires et de femmes commissaires de police ». Mais Emmanuelle Dubée n’a pas eu le temps de s’attarder sur ces considérations tant l’actualité s’est empressée de la mettre à l’épreuve. L’attentat au colis piégé de la rue Victor Hugo, l’attaque mortelle au couteau de la gare routière Laurent Bonnevay, les manifestations de gilets jaunes, celles des opposants à la réforme des retraites, les pics de pollution, le 8 décembre… « On m’avait prévenu en arrivant à Lyon, la Fête des Lumières, c’est le vrai baptême du feu ! » confiet-elle « d’autant que l’édition 2019 était la plus importante en affluence et en étendue depuis la période post-attentat ». Sa première Fête des Lumières, Emmanuelle Dubée l’a vécue par lyon people • mars 2020 • 46 •

vidéo, depuis le PC sécurité : « Mais quelle joie à la fin de réaliser qu’on a contribué au bonheur des gens en toute sécurité ».

UN GOÛT POUR LE SERVICE PUBLIC CHEVILLÉ AU CORPS Emmanuelle Dubée avoue avoir toujours été attirée par le corps préfectoral. Vocation peu commune pour une jeune fille. Deuxième d’une fratrie de cinq sœurs, un père inspecteur d’académie, une mère élue locale, la jeune Emmanuelle a enchainé à Paris, Hypokhâgne, Sciences Po et l’ENA. L’ENA où l’étudiante comptait parmi ses camarades de promotion un certain... Emmanuel Macron. « C’était un étudiant brillant et quelqu’un de particulièrement sympathique, de très souriant, rayonnant, qui avait toujours un mot pour chacun » se souvient celle qui a eu l’occasion de l’accueillir deux fois officiellement depuis qu’elle a endossé le costume de préfet. « Et il est venu à ma rencontre pour me faire la bise ». Quand l’un rêvait d’Elysée, Emmanuelle Dubée avait en ligne de mire le ministère de l’Intérieur. « C’est là qu’on est en prise avec la réalité de la vie des gens, qu’on se sent le plus utile, le plus proche des valeurs de la République » confie la haut-fonctionnaire qui a démarré sa carrière à la direction générale des collectivités locales, avant de passer par les cabinets ministériels de Michèle Alliot-Marie, Eric Woerth, puis celui de Nicolas Sarkozy à l’Elysée.

L’ANNÉE 2015 RESTERA À JAMAIS GRAVÉE DANS SA MÉMOIRE Avec un retour au ministère de l’Intérieur au moment de l’attentat de Charlie Hebdo puis de celui du Bataclan et des rues de Paris. « Ces événements ont définitivement changé mon regard et renforcé ma conviction de servir ce ministère pour désormais éviter ça » conclutelle. C’est justement à la direction des services d’information du ministère de l’Intérieur que la jeune énarque, en charge du chantier de création d’une direction du numérique (Dnum) reliant police et gendarmerie, a croisé le chemin de Gérard Collomb, alors patron de Beauvau. « C’est un dossier qui lui tenait à cœur et d’ailleurs, la première fois que je l’ai vu à Lyon l’année dernière, il m’a d’ailleurs tout de suite demandé des nouvelles de la Dnum » s’amuse Emmanuelle Dubée. « J’ai pu lui annoncer qu’elle serait effective le 1er juin 2020 ! ». Depuis, ses préoccupations sont plus atmosphériques qu’informatiques puisqu’il s’agit de gérer les épisodes de pollution qui plombent régulièrement le ciel lyonnais. Et là encore une satisfaction. « Les marches pour le climat ont rassemblé 10 000 personnes à Lyon avec des familles qui exprimaient leur souhait de voir évoluer les politiques de protection de l’environnement, et là, je constate que les contraintes de circulation différenciées désormais comprises et acceptées par la population, il y a une adhésion de fond » observe celle qui n’hésite pas à se rendre elle-même sur les opérations de contrôle des véhicules.


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