LES REMPARTS DE LOYES Dès le Xe siècle, les seigneurs de Loyes puis de Villars règnent sur cette terre de l’Ain qui marque la frontière Est de la Dombes. Rencontre avec Guy Baboin-Jaubert, représentant la 5ème génération de propriétaires. Texte : Marc de Jouvencel - Photos : Jean-luc Mège
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assé successivement dans les familles de Savoie, Perrachon de Varax puis Dervieu de Villieu, le château - construit vers 1740 sur d’anciennes fortifications et profondément remanié au fil des siècles - est acquis par le soyeux Aimé Baboin en 1850. Evoquer la famille Baboin, établie dès le XVIIe dans le commerce des étoffes et la banque c’est prendre le train de la route de la soie et remonter à l’époque de la monarchie. Leurs descendants passent entre les fourches mortifères de la Révolution, profitant pleinement de l’essor de l’industrie textile dès la Restauration puis le second empire. Installés à Lyon, les filatures familiales sont transférées en 1855 à Saint Vallier (26) et à la Voulte (07) pour échapper aux grèves à répétition organisées par les ouvriers tullistes. « Autour de 1870, la Maison Baboin intègre la totalité des opérations de fabrication du tulle – à l’exception de la teinture – et construit une partie de ses métiers. Spécialisée dans les voiles de première communion et de mariée, grande rivale de la Maison Dognin, la Maison Baboin réalise à elle seule la moitié de la production lyonnaise de tulle et fait travailler environ 1300 ouvriers » expliquent Bernadette Angleraud et Catherine Pellissier dans leur ouvrage « Dynasties lyonnaises ». Aimé Baboin participe en 1857 à la création et au financement de Ecole centrale lyonnaise, aux côtés des grands noms de l’industrie lyonnaise Mangini, Aynard, Guérin, Dugas… mais aussi à la Société de Géographie avec Cyrille Cottin, Emile Schulz… Cette réussite commerciale exceptionnelle va bénéficier au château de Loyes qui va être transformé à la mode Viollet Le Duc durant la seconde partie du XIXe siècle. Aimé Baboin reconstruit les communs, et vers 1880 son fils Henry confie à l’architecte Charles Roux-Meulien le soin d’ériger de très importants remparts néogothiques crénelés avec tours, chemin de ronde, voûte gothique… qui donnent aujourd’hui au château son aspect moyenâgeux dont raffolent les visiteurs. Car Guy Baboin-Jaubert, 98 ans, représentant la 5ème génération a décidé d’ouvrir partiellement les jardins – attribués à Le Nôtre – et trois pièces du rez-de-chaussée durant les Journées du Patrimoine. Si la Maison Baboin a définitivement fermé ses portes en 1988, un siècle et demi après sa création, le château ne risque pas de quitter le giron familial. Ses cinq enfants sont très attachés à la maison, tout comme la génération suivante. Son petit-fils Charles, 25 ans, élève commissaire-priseur à Paris, prend son rôle de guide très à cœur. L’avenir de Loyes est assuré. Lyonpeople / Juin 2015
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