LYON PEOPLE JUILLET AOUT 2014

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La Gabetière LE HOME SWEET HOME DE NICOLE & MICHEL NEYRET En balade dans le pays viennois, l’équipe de Lyon People a été accueillie pour une pause détente à « La Gabetière », la maison-hôtel de Nicole Marcellin-Neyret, sise à Estrablin (38). Un havre de paix et de verdure où son époux Michel Neyret a pris ses quartiers depuis l’allègement de son contrôle judiciaire. Par Benjamin Solly

N

icole en parle comme d’une « histoire d’amour. » Avec son jardin à l’anglaise et sa tour élancée, La Gabetière bombe son torse paysager et toise le visiteur du haut de ses pierres multiséculaires. Invisible depuis la route, le joyau mure son hectare de verdure derrière une enceinte et un modeste portail à interphone. On est bien loin de la porte des enfers décrite dans certains médias, dépeignant l’hôtel comme l’antre orgiaque des Borgia. A l’épreuve de la réalité, les choux gras de l’affaire Neyret perdent en sensationnalisme dégoulinant. Pour tout Cerbère, Happy qui joue les agents d’accueil. Au loin, un homme hèle le chien avec autorité. La silhouette familière de Michel Neyret se détache. L’animal obéit. Happy est le premier cadeau de Nicole à son mari depuis « ses grandes vacances. » Réputée forte en gueule, son épouse garde le verbe pudique quand elle évoque les huit mois de détention effectués par l’ancien commissaire de la PJ de Lyon, mis en examen depuis le 29 septembre 2011. Dans l’attente de son procès (voir encadré), on pourrait croire que La Gabetière n’est qu’un lieu de transit pour Michel Neyret. La demeure représente pourtant beaucoup plus. Elle a été le théâtre de la première rencontre entre Michel et Nicole, hébergeant leurs amours naissantes. « Nous sommes alors en 1981. J’étais élève-commissaire à St-Cyr au Mont d’Or et jeune commissairestagiaire à Grenoble. C’est un ami inspecteur qui m’a présenté ma future épouse », explique-t-il. Un terreau décidément fertile qui a vu pousser leur fille unique Charlotte, née en 1988. « Cet hôtel de 12 chambres et une suite, c’est avant tout notre maison, dans laquelle nous vivons, où nous avons construit notre foyer », appuie Nicole.

4 générations sous le toit de la Gabetière Lorsque sa grand-mère, Rosa Lentillon, rachète le domaine au comte de La Roche dans les années 50, le manoir du XVIe siècle a perdu de sa superbe. Ses murs qui abritèrent jadis la famille du chevalier

de la Valette de Malte tombent en décrépitude, la bâtisse ne composant alors qu’une triste ruine. « Nous l’avons reconstruite de nos mains pour installer notre famille », glisse Nicole. La Gabetière devient alors le port d’attache de la matriarchie Marcellin, son nom de jeune fille. On y vit entre générations.

« Jusqu’à quatre sous le même toit », précise-t-elle. Une sorte d’auberge espagnole mise en musique par son père Guy et sa maman Renée (voir encadré), propriétaires de la discothèque La Prairie à Pont-Evêque (38). Les artistes du festival de jazz viennois disposent de leur rond de serviette. Les acteurs de passage mais fidèles, comme Jean Marais, également. La Gabetière n’est pas encore un hôtel que le bouche à oreille en fait déjà un haut-lieu festif et amical qu’on s’arrache, du souper au coucher. « Pour nous, le fric n’était pas important, il en fallait juste pour recevoir les amis, pas pour être bling-bling. » Pourtant, lorsque les parents de Nicole divorcent, la question du devenir du lieu se pose. Simone Signoret, cooptée à La Gabetière par Charlotte Rampling lors du tournage de « La Chair de l’Orchidée » (1975), leur souffle l’idée de transformer la maison en hôtel. « Un prolongement naturel », même si Nicole reconnaît qu’il s’agit d’une « sacrée contrainte. » Rien d’impossible toutefois pour cette fonceuse nourrie à l’école de la vie et aux relations humaines. « J’ai passé six années chez les sœurs du Bon Accueil à Estressin. » Les 33 heures de colle reçues lors de son 1er trimestre à l’ombre bienveillante des cornettes ne l’empêchent pas d’y poursuivre sa scolarité jusqu’à ses 18 ans. Bifurquant ensuite vers une école d’esthétique à Lyon, Nicole rejoint finalement sa mère pour mener à bien le projet d’hôtel après quelques années passées dans le maquillage artistique. Nous sommes à l’orée des années 80.

De SIMONE SIGNORET à DEE DEE BRIDGEWATER Lyonpeople / Juillet 2014

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