CAUCHEMAR EN CUISINE Quand les footballeurs passent à table… Sonny Anderson, Sylvain Wiltord, Florian Maurice, Eric Abidal, Anthony Réveillère, Dominique Casagrande… Nombre de footballeurs se sont découverts sur le tard une âme de restaurateurs. La plupart de ces incursions dans l’univers de la gastronomie se sont achevées en eau de boudin. Texte : Pascal Auclair – Photos : Stéphane Guiochon, Saby Maviel , Fabrice Schiff & Thierry Chassepoux
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La recette ? Savoir bien s’entourer
un endroit qui me faisait fantasmer enfant et i bien des grands capitaines d’industrie sont tentés de parachever leur œuvre où je n’avais pas les moyens d’aller. J’ai dit à capitalistique en s’offrant un média David que si tout fonctionnait bien, j’achèterais (ah, le quatrième pouvoir !), la carrière les Négociants, moi le petit gars de Saint-Genisd’un footballeur est souvent ponctuée D’où la nécessiter de s’entourer et de fidéliser les Laval». Promesse tenue. Depuis, Eric Abidal – voire jonchée – de prises de participation dans pros du secteur, à l’instar de Philippe Pélisson revient régulièrement dans un restaurant qui n’est le milieu de la restauration. Ici, point de délires (ex-Cintra et Jean-Moulin), l’homme de confiance plus à son apogée. « Il a fait une bonne opération mégalomaniaques. Juste le désir d’entamer une et associé d’Eric Abidal au Grand Café des car Philippe Pélisson est là pour gérer l’affaire », démarche de diversification… de bon goût. Négociants. A l’automne 2006, les deux hommes résume Béatrice Denis, qui connaît parfaitement Malheureusement, n’est pas Paul Bocuse qui veut. et l’agent du joueur, David Venditelli, bouclent les « Négo » pour y avoir œuvré juste avant Loin d’atteindre leur but, la plupart des as du ballon un tour de table pour racheter à Pascal Donat l’arrivée du trio d’investisseurs. Sylvain Wiltord rond se sont pris les pieds dans les filets. Des revers l’établissement emblématique de la Presqu’île. a lui aussi su bien s’entourer pour faire fructifier de fortune dont les principales victimes préfèrent La future idole du Barça évolue encore sous le sa mise. Une affaire de cœur dont les premières souvent mettre leurs souvenirs sous cloche, traînant maillot lyonnais. « C’est aux Négociants que j’ai pages se tournent au Ness, pizzeria chic ouverte ces expériences comme des casseroles. Anthony Réveillère, l’ancien arrière latéral de rencontré David Venditelli, explique le joueur en 2001, au cœur du sixième arrondissement. dans une interview au Parisien, en 2010. C’est « C’était devenu la cantine de Sylvain. Il était l’OL, décline ainsi gentiment l’invitation de comme chez lui. Nous avions des rapports « passer à table » lorsqu’il s’agit d’évoquer le familiaux. C’était sa deuxième maison, son Purple, restaurant café chic de la Confluence, refuge. Sur son insistance, nous lui avons ouvert fin 2010 avec son épouse, Caroline, cédé une participation symbolique au capital. son beau-frère et son beau-père, Patrick Mais il en voulait plus. Il voulait partager une Chapuis. Une aventure à laquelle Béatrice aventure commune », confie Christine Di Denis a été associée depuis l’inauguration en qualité de directrice d’exploitation. « J’étais Litta, propriétaire du Ness avec son mari, là pour faire partager mon expérience et mes Thierry. De cette volonté germe l’idée de réseaux dans un quartier encore en chantier. s’associer sur le projet du Leï, une immense Au milieu de nulle part, on a réussi à attirer pizzeria au design contemporain inaugurée en le tout-Lyon. Les joueurs de l’OL ont aussi joué 2009 derrière la mairie de Villeurbanne, dans le jeu en venant régulièrement. J’avais dit que le quartier des Gratte-Ciel, en lieu et place d’un je ne ferai qu’un an sur place. Finalement, atelier de mécanique. « La conclusion d’une sur l’insistance d’Anthony, je suis restée deux grande amitié », résume Christine Di Litta. ans… ». Après le départ de Béatrice Denis, Anthony Reveillère et Béatrice Denis lors de l’inauguration du Purple en 2011 « Chaque fois qu’il vient à Lyon, que ce soit l’image du Purple pâlit aussi vite que la salle au Ness ou au Leï, il adore s’installer derrière se vide. Le dernier exercice plein, en 2013, le bar, faire un café ou servir une pression, se solde par un déficit net de 264 300 euros venir avec les équipes en salle ou en cuisine. pour un chiffre d’affaires de 510 800 euros. Il est chez lui… ». L’an dernier, le Leï a réalisé Clap de fin. Depuis, l’adresse branchée de un chiffre d’affaires de plus 750 000 euros la Confluence, rebaptisée L’endroit, a été avec un résultat très légèrement négatif. Rien reprise par le groupe d’Olivier Massey. de rédhibitoire pour l’ancien attaquant de « C’est une page douloureuse dans la carrière l’OL, désormais installé dans la capitale, qui d’Anthony, d’autant qu’il a beaucoup investi possède 50% du capital et envisage de doper dans l’affaire, confie Béatrice Denis. Les prochainement la fréquentation nocturne du footballeurs croient qu’un restaurant, ça tourne Ness en jouant les DJ de luxe, associé aux tout seul. Mais restaurateur, c’est un métier platines à une figure de la vie parisienne. comme un autre ! Peut-être même plus dur que d’autres ! ». A suivre… Lyonpeople / Décembre 2015
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