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Jeudi 3 novembre 2022 9 'Hechvan 5783 Nº 991 | Mensuel SHMOOLIK REVIENT AVEC SON DERNIER SINGLE : YE'HI CANNABIS : ISRAËL À L'AVANT-GARDE DOSSIER SPÉCIAL : JUIFS D'ALGÉRIE EN ISRAËL

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édito

Message accéléré

Connaissez-vous cette fonctionnalité qui, sur WhatsApp, permet d’écouter un message en accéléré ? Il est ainsi possible de choisir la vitesse (1, 1,5 ou 2) à laquelle vous pensez que votre cerveau pourra capter ce qu’a souhaité vous dire votre interlocuteur – la vitesse numéro 2 étant en général réservée aux proches qui, estimez-vous, parlent trop lentement, ou à ceux qui vous envoient des messages de plus de 50 secondes. Les addicts de WhatsApp, dont j’avoue publiquement ici faire partie, n’écoutent quasiment plus aucun message en vitesse normale, croyant gagner du temps – ce qui est évidemment une grossière erreur puisqu’on finit par réécouter les messages importants deux fois, par crainte de ne pas avoir tout bien saisi ! Sans compter que le message à vitesse accélérée gomme les émotions et les nuances de la voix, ce qui revient à écouter une voix presque robotique… Dans cette grande absurdité, je me surprends à parler très vite lorsque j’envoie des messages, sur le mode inspiré par cette fonctionnalité, ayant inconsciemment intégré que la personne à qui j’envoie mon « vocal » n’aura pas le temps de m’écouter...

Qui sont donc les développeurs qui ont imaginé une telle possibilité ? Des gens généreux, conscients que nous manquons de temps et désireux de nous en faire gagner, même si ce n’est que quelques secondes ? Ou bien des intelligences artificielles qui désirent nous faire courir encore plus vite en réduisant la communication humaine à une peau de chagrin ?

L’aspect pratique des choses de notre quotidien – le gain de temps – nous fait avaler bien des couleuvres, en nous entraînant dans une spirale délétère et sournoise. Sans tomber dans l’inutile « c’était mieux avant » – car nous l’avons compris, le monde d’avant n’existera plus –, il est intéressant de faire des arrêts sur image pour garder encore la conscience de ce que nous devenons.

Seule la créativité, qui nécessite une liberté de pensée, peut nous aider à préserver notre humanité face au monde des machines. Dans l’interview qu’il nous a accordée, Shmoolik explique cette mécanique de la créativité qui permet de sortir des cadres étriqués et imposés.

Savoir d’où l’on vient et quelle est son histoire est aussi un moyen d’arrêter le train qui s’emballe. Le dossier de ce mois, consacré aux Juifs d’Algérie en Israël, nous renseigne sur les liens nombreux et profonds de cette belle communauté avec Eretz haKodech J’espère que vous prendrez du plaisir à lire ce numéro et je vous promets de ne pas écouter vos réactions en accéléré !

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Piscine, plage à 100 m, sur la promenade d’Eilat excursion en mer comprise, gymnastique et danse, spectacles le soir PRIX PAR COUPLE EN ½ PENSION INFOS ET RÉSERVATIONS : 050-9013394 01 77 38 19 90 À EILAT À EILAT SÉJOUR DU 25/12 AU 29/12 3900 sh / 5 jours À L’HÔTEL ASTRAL MARIS (4*) O r g a n i s é e t a n i m é p a r A v r a h a m A z o u l a y
4 LPH ACTUJ 991 sommaire N°991 LE PAYS DU LAIT, DU MIEL... ET DU CANNABIS ! l JEAN-CLAUDE BENSOUSSAN, PILIER DE LA VIE FRANCOPHONE À ASHDOD l ENTRETIEN AVEC SHMUEL TRIGANO l AU SON DE L'ANDALOU l LES PIONNIERS l ENTRETIEN AVEC TOMER CHLOUCHE l LES JUIFS D'ALGÉRIE SUR LE BANC DES ACCUSÉS l L'INTÉGRATION DES JUIFS D'ALGÉRIE : UN MODÈLE ? l TROIS QUESTIONS À JULIEN ZENOUDA 28 À L’AFFICHE Interview exclusive de Shmouel Halimi – Shmoolik –, le Loubavitch rappeur, à l'occasion de deux nouveaux singles CARTES SUR TABLE Rester pragmatique L'ÈRE 2.0 Nouvelles opportunités entre la France et Israël
À SAVOIR
la Knesset à la formation d'un gouvernement
Bet Guvrin-Maresha, voyage archéologique au pays des grottes BOUILLON DE CULTURE Entretien avec Jack Paltrow, réalisateur
8 42 12 30 36 40 Juifs d'Algérie en Israël 48 34 dental.harmonia2020@gmail.com Dental Harmonia TLV Haim Vital 20, Tel Aviv Parking gratuit 03-760-9000 054-338-4720 https://dental-harmonia-tel-aviv.com/ Ouvert du dimanche au jeudi de 8h à 20h (sauf vendredi de 9h à 14h) in SOINS MICROSCOPE FACETTES ET BLANCHIMENT PARODONTOLOGIE TOUTES PROTHÈSES TOUTES CHIRURGIES IMPLANTOLOGIE RÉFLEXOLOGIE SOINS ENFANTS GAZ HILARANT ORTHODONTIE OSTÉOPATHIE TRAITEMENT RACINES tede votre sourireetb ESTHÉTIQUE ET INJECTION DIAGNOSTIC
les années 1960, Israël est à l'avant-garde de la recherche sur
cannabis médical.
lucratif. 14-27
BON
De
RÉGION
de June Zero CONSCIENCE Les 7 habitudes des gens efficaces 'HODECH TOV Entre pluralité et infini
Depuis
le
Un marché très

Israël. Le tout –scolarité, internat, repas, activités extrascolaires et même argent de poche ! –entièrement financé par une bourse d’études du gouvernement israélien. Au total, ce sont plus de 18 000 élèves issus de 65 pays qui ont déjà bénéficié de ce programme. Selon Naalé, 80 % des participants feraient leur Alya à l’issue du programme. Bonne rentrée aux nouveaux élèves !

de Naalé Quoi de plus émouvant que de voir débarquer des centaines de jeunes Juifs venus du monde entier pour démarrer une nouvelle vie en Israël ? Ces jeunes, pris en photo lors de leur arrivée à l’aéroport Ben Gourion, font partie du programme Naalé qui, depuis trente ans, permet de décrocher un bac internationalement reconnu, d’apprendre l’hébreu, de se faire des amis pour la vie, d’acquérir des outils pour l’avenir, et de renforcer son identité et ses liens avec

ARRÊT SUR IMAGE
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!
Bienvenue aux nouveaux élèves Naalé
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Shmouel Halimi,

Rencontrer Shmouel Halimi, Shmoolik, est une expérience ! Doué de mille et un talents, conscient de son potentiel, le Loubavitch rappeur signe ses mails « Shmouel Halimi, Head of Imagination » – un imaginaire qui se concrétise par des réalisations toutes plus inspirantes les unes que les autres. Shmoolik est 'hassid 'habad, designer, artiste, musicien, auteur, team leader, père de famille… Il revient en musique avec deux nouveaux singles : « L’âme et la manière » et « Ye'hi », en hommage aux grands maîtres du hassidisme. Une opportunité pour LPH de rencontrer ce francophone installé en Israël depuis plus de vingt ans.

« Mon identité artistique est issue du rap des années 1990 », raconte-t-il. « Je suis né avec l’émergence du hip-hop, qui regroupe plusieurs disciplines comme la musique, la poésie et le graffiti. À 16 ans, je crée le design de ma première pochette de disque pour un artiste signé en major, grâce à Daniel Margules, l'agent de MC Solaar – tout un symbole pour un môme de ma génération. Je réalise des flyers pour des soirées et des logos pour des marques de fringues. Tout s'enchaîne. Je commence alors à écrire des textes et j’enregistre mes premiers morceaux. J’ai des choses à dire, notamment sur ma découverte du judaïsme, et je veux lier cela au hiphop. La profondeur et l’aspect révolutionnaire de développée par le Rabbi de Loubavitch me passionnent et m'impactent énormément, d’autant plus que le Rabbi encourage chaque Juif à diffuser cette Torah avec les moyens qui lui sont propres. »

L’ADN artistique de Shmouel Halimi résonne avec ce discours ouvert et visionnaire. Il s’envole pour Brooklyn, fréquente le 770 (le QG du Rabbi) et débute comme designer graphique dans un studio de création à Manhattan. Une expérience formatrice mais « très dure, car New York est une ville difficile à conquérir. »

endu célèbre, entre autres, par « Les Enfants d'Israël » et son impérissable message, Shmouel Halimi est né en France, il a grandi à Sarcelles, s’est découvert à Brooklyn et s'est épanoui en Israël.Retour en France pour une brève période, avant le grand départ pour Israël. Fraîchement marié, son épouse le pousse à renouer avec son talent musical. Au début des années 2000, le monde de l’Internet n'en est qu'à ses balbutiements. Les influences américano-européennes, street/hip-hop de Shmoolik séduisent dans un Israël encore peu impacté par les influences extérieures. À ce moment-là, le courant « Jewish hip-hop » fait émerger des artistes comme Matisyahu. « Cela m'inspire et m’encourage : en 2006, lors de la Seconde Guerre du Liban, je sors “Les Enfants d’Israël”. »

Le lâcher-prise et même parfois l’erreur permettent de toucher la création pure.

Le clip fait un carton. Avec l’essor d’Internet, la notoriété de Shmoolik décolle. « Je rencontre le compositeur new-yorkais Henri Scars Struck (lauréat des Grammy Awards), qui deviendra un de mes mentors. Touché par le message spirituel qui m’habite, il décide de m'aider en concevant pour moi des productions musicales avant-gardistes. Je prends un autre envol et développe de nouvelles compétences. »

Ovni dans un monde musical et artistique bien particulier, Shmoolik n’a jamais voilé ses messages. Sioniste et 'habad affiché, son art sert sa foi inébranlable. Ainsi, dans « Retour à Sion », par exemple, il exprime un message fort et passionné. « J’aurais aimé que cette chanson accueille les olim 'hadachim sur le tarmac à leur arrivée en Israël, dit-il, mais cette opportunité ne s’est pas présentée. » Il décide alors d'explorer pleinement son autre passion : la peinture. « Dans ce domaine, j’ai trouvé en moi des ressources insoupçonnées. C’est ainsi qu’est né Munbaz » : un projet, un concept, une marque, lll

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PAR ANNE-CAROLL AZOULAY À
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L'AFFICHE

lll une empreinte qui invite au lâcher-prise, à ouvrir des portes qu’on n’aurait pas eu l’idée de pousser, à aller vers des chemins inconnus qui permettent de révéler une créativité en sommeil. Depuis, Shmouel Halimi a exposé ses œuvres avec succès à Tel Aviv, Herzliya, Los Angeles, Melbourne, et tout récemment dans les rues de Jérusalem. Il vend également ses toiles sur son site internet.

« Le lâcher-prise et même parfois l’erreur permettent de toucher la création pure. C’est une sorte de gymnastique artistique. Je gère actuellement une équipe de designers à qui j’insuffle cet état d’esprit novateur qui s’affranchit des cadres étriqués pour aller vers le meilleur de la création. Mon rôle est d’inspirer les gens avec qui je travaille. »

Aujourd’hui, à 46 ans, sa méthode de création définie, son profil d’artiste reconnu, Shmoolik renoue avec la production musicale.

« Je ne me suis jamais arrêté de faire de la musique. J’ai eu l'opportunité de m’investir dans le lancement de ma peinture et je reviens maintenant avec l’envie de sortir de nouvelles chansons. »

« L’âme et la manière » et « Ye'hi » sont les deux nouveaux petits bijoux de l’artiste qui se sent plus mûr, plus libre : « On a changé d’époque. Je suis moins revendicatif. Même les plus sionistes d’entre nous en sont un peu revenus. On a compris comment ça fonctionne, qui nous dirige et surtout que tout est dans les mains de Dieu.

J’ai davantage envie de m’exprimer sur la capacité à dépasser ses limites, sur la nécessité de découvrir les richesses qui nous habitent sans que l’on en soit toujours vraiment conscients. “L’âme et la manière” est un morceau acoustique avec des violons et du piano, ce qui peut déstabiliser ceux qui

s'attendent à du rap pur et dur. Mais peu importe, car je veux parler de libération. J'ai d'ailleurs créé un label : “Deliverance Music”, sous lequel sortiront mes prochaines productions. » Des titres réalisés avec son ami et complice Snir, ou encore son fils, Menahem Mendel, et qui seront également disponibles en NFT – une première dans le monde de la musique juive !

Selon l’artiste, la grande délivrance, aujourd’hui, c’est « assumer d’être soi-même, être heureux d'être qui l'on est et pouvoir transmettre aux autres le meilleur de soi. Aspirer à inspirer. Le Rabbi nous a toujours dit que la délivrance globale passerait par la délivrance individuelle… » n

Découvrez ses peintures sur : www.munbaz.com

Visionnez son nouveau clip, « Ye'hi », sur : www.shmoolik.com

Nouveau single : « Ye'hi »

Shmoolik, accompagné de son ami Snir et, pour la pre mière fois, de son fils Menahem Mendel, sort un morceau inédit en hommage au Rabbi de Loubavitch, pour les 120 ans de sa naissance : « Ye'hi », le premier mot de cette célèbre phrase (« Ye'hi Adoneinou… ») scandée depuis des décennies, incitant chacun à la joie et à l’espoir de la venue imminente du Machia'h. « Le Rabbi a été le chef spirituel du peuple juif le plus charismatique de notre génération. L’influence de son enseignement, prônant l’équilibre et la paix – à commencer par la paix intérieure –, s’est étendue au monde entier et à l'humanité tout entière. Il fut le maître par excellence, qui nous a guidés en nous insufflant la vitalité, " Ye'hi ", et le désir de révéler la meilleure version de nous-mêmes. »

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© Avec l'aimable autorisation de Shmouel Halimi © Avec l'aimable autorisation de Shmouel Halimi Droit immobilier - Droit de la famille Fiscalité - Successions internationales Azoulay & Bloch Avocat français en Israël 01 86 98 29 32 – depuis la France +972 (0)52 391 83 48 Maître Bloch +972 (0)54 531 04 85 Maître Journo ד”סב 33, rue Yaffo, Beit Yoel - JérusAleM IsrAël 077 318 2663 contact@avocat-lawyers.com / avocatlaurentazoulay@gmail.com https://www.avocat-lawyers.com CABINET D’AVOCATS AZOULAY & BLOCH AccompAgnement entre lA FrAnce et IsrAël

Rester pragmatique

Lorsqu'il s'agit de l'Ukraine, deux mondes s'opposent. Le premier pense que c'est le devoir de tout Juif de faire tout ce qu'il peut pour aider n'importe quel être humain en détresse, et donc notamment lorsqu'éclate une guerre. Le second estime que les Ukrainiens, dans leur sombre passé, ne nous ayant pas aidés ou, pire, ayant collaboré avec les nazis durant la Shoah, il est donc hors de question que nous les aidions aujourd'hui. La réalité actuelle du lien de l'État d'Israël avec l'Ukraine ces derniers temps n'a rien à voir ni avec la première ni avec la seconde. Israël agit en fonction des intérêts du peuple juif qui, au XXIe siècle, réside, souverain, sur sa terre. La situation est claire : Israël ne transmettra pas d'armes aux Ukrainiens. Pourquoi ? Parce qu'il y a un risque que certaines des technologies très avancées développées par Israël soient subtilisées par des forces qui les transmettraient aux mains iraniennes. Recevoir sur cette question des leçons du monde occidental serait une farce. La France, par exemple, qui paraît être une des principales nations à soutenir l'Ukraine, est également, en coulisse, la première à exercer des pressions sur Zelensky – et non sur Poutine – pour arrêter au plus vite la guerre. L'hiver approche et, malgré le réchauffement climatique, il risque d'être rude. La crise de l'énergie est déjà à son paroxysme. Entre les factures d'électricité qui ont été multipliées par dix et les sociétés de carburants qui

Le chef d’État-major, Aviv Kochavi, en juin 2022. La décision du gouvernement, soutenue par l'appareil militaire, est claire : Israël fournira une aide humanitaire mais Israël ne transmettra pas d'armes aux Ukrainiens. Pourquoi ? Parce qu'il y a un risque que certaines des technologies très avancées développées par Israël soient subtilisées par des forces qui les transmettraient aux mains iraniennes.

sont en grève, la France et les Français râlent ; l'hiver et la nécessité grandissante d'énergie pour chauffer et éclairer devraient encore aggraver cette situation. Macron le comprend et doit tout faire pour tenter de calmer le jeu au plus vite. Mais c'est peut-être mal connaître le peuple ukrainien, qui est bien plus nationaliste et bien plus sérieux dans ses intentions de repousser l'ennemi que le politique – ancien comique – qui se tient à la tête de cet État. En fin de compte, la France défend ses intérêts, comme le peuple ukrainien – et comme le peuple d'Israël. En attendant, espérons que la vie israélienne, quant à elle, retrouve une certaine stabilité après les élections. Sinon, nous retournerons voter – jusqu’à ce que nous comprenions une fois pour toutes que les vrais leaders de ce peuple, ce sont chacune et chacun d'entre nous. n

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12 LPH ACTUJ 991 CARTES SUR TABLE

Leur discrétion légendaire est à la mesure de leur empreinte en Israël. Pionniers, visionnaires, bâtisseurs, humanistes, les Juifs d’Algérie ont contribué dans de nombreux domaines à la construction de ce pays dont ils étaient éperdument amoureux. Nous nous sommes attachés à vous le faire découvrir dans ce dossier spécial : Juifs d’Algérie en Israël.

Photo : des Juifs d'Algérie sur un chantier de construction à Ashdod, au début des années 1960 (©DR)

Juifs d'Algérie en israël

De Tiaret à Ashdod

Jean-Claude Bensoussan est un pilier de la vie francophone en Israël, après l’avoir été en France. Né inopinément à Tiaret, sa mère étant originaire de Frenda, il a grandi à Oran, en Algérie. Il est à l'origine d'un colloque dédié aux Juifs d’Algérie, qui se tiendra le 17 novembre à Ashdod. Cet événement sera précédé d’une exposition de photos et suivi d’un grand concert de musiques judéo-arabo-andalouses d’Algérie. Homme de communication, homme sage réputé pour son sens du relationnel mais aussi ses bonnes manières, Jean-Claude Bensoussan est la personnalité de ce dossier spécial « Juifs d’Algérie en Israël ».

Pourquoi avez-vous décidé d’organiser ce colloque ? Soixante ans se sont écoulés depuis le départ des Juifs d’Algérie, un départ qui s’est fait si rapidement et dans des conditions si difficiles qu’aucun de nous n’a pu l’oublier. Chaque déracinement est un drame – ceux qui ont été déracinés du Gouch Katif, par exemple, n’oublieront jamais cette catastrophe. Je me suis dit que nous sommes probablement la dernière génération à avoir vécu en Algérie, et en mesure de témoigner et de transmettre. J’en suis parti à 17 ans et mes souvenirs sont encore très vifs. Dans l’ADN des Juifs, outre la Torah, se trouvent la mémoire et l’histoire, qui façonnent notre identité.

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Ce colloque aurait pu être organisé en France ou ailleurs, mais il a lieu en Israël, à Ashdod – ce n’est pas anodin. Cela fait-il écho à votre propre histoire, qui vous a mené d’Oran à Ashdod en passant par la France ?

Les Juifs d’Algérie avaient un très fort attachement à Israël, bien avant les années 1950 ou 1960. Leur connexion à Israël remontait très loin. Tout récemment, j’ai même découvert qu’au VIe siècle déjà, des grammairiens juifs de Tiaret entretenaient une correspondance avec des Juifs de Babylone !

Comme tous les petits Juifs d’Oran, je fréquentais l’Alliance « d’en haut », le Réveil Sportif Oranais, La Concorde ou les EI, rue du capitaine Enkaoua, où Manitou était commissaire général. Quand la guerre d’Algérie s’est intensifiée, plusieurs émissaires sont venus d’Israël pour accompagner notre Alya . J’ai alors été embringué au Dror, sans vraiment connaître ses ten dances politiques ; pour moi, c’était un mouvement sioniste comme un autre. Je devais faire mon Alya avec le Dror au kibboutz Michmar HaNéguev, mais mon père a voulu que je passe d’abord mon bac en France. C’est ainsi que, contrairement à certains amis qui ont fait leur Alya directement depuis l’Algérie, je suis parti pour la France. J’ai très vite endossé des responsabilités au sein du mouvement de jeunesse DEJJ et dirigé plusieurs camps de vacances, à Levens, Boëge, La Tour de Mare… J’ai fait partie des éducateurs de l’équipe d’Edgard Guedj (Lynclair). Face à l’afflux des Juifs d’Algérie, les jeunes avaient besoin d’être canalisés ; j’ai donc été missionné pour sillonner la région Rhône-Alpes-Auvergne-Bourgogne afin de les rassembler, de les inciter à poursuivre leurs études, à s’intégrer et surtout à conserver leur identité juive.

Du coup, Israël s’est éloigné de l’horizon immédiat…

Oui. J’ai compensé cela par un très important engagement communautaire, à Lyon en particulier, où j’ai construit le premier centre communautaire après l’exode d’Algérie : nous lui avons donné le nom du 'Hida (Rabbi 'Haïm Yossef David Azoulay). En parallèle, j’ai également assumé des responsabilités au FSJU, au B'nai B'rith où j’ai créé la Loge Enfants d’Izieu, à l’Appel Unifié, je me suis engagé dans le procès Barbie, etc.

Retenu pour mille raisons pendant des décennies, dès que nous en avons eu la possibilité, j’ai immédiatement démissionné du poste que j’occupais et, en 2006, nous nous sommes enfin installés à Ashdod !

En Israël, j’avais beaucoup d’amis du DEJJ, des EI. Après quelques mois de farniente, nous nous sommes demandé comment nous pourrions nous rendre utiles à Ashdod. Nous avons alors sollicité l’aide de l’Union Intercommunautaire de Paris afin de créer ce qui est devenu l’Espace Francophone d’Ashdod. Très vite, de nombreuses personnes ont adhéré à notre projet, dont l’objectif est de proposer des activités culturelles et des loisirs facilitant l’intégration et favorisant la création de liens sociaux, tout en permettant de se réapproprier son judaïsme et, comme le disait Manitou, de redevenir un Hébreu.

Cette nouvelle expérience a été très enrichissante sur le plan humain et m'a beaucoup apporté pour ma propre intégration.

Comment le Juif d’Oran arrivé en Israël presque cinquante ans plus tard que ce qu’il avait prévu s’est-il approprié sa nouvelle identité israélienne ?

J’avais la même énergie et le même désir de connaître Israël que lorsque j’étais plus jeune. En m’installant en Israël, j’ai découvert ce pays de l’intérieur. Que ce soit sur le plan politique, culturel, touristique, social, j’ai tout appris au fur et à mesure. C’est ainsi que l’on devient peu à peu israélien.

Vous évoquiez la notion de témoignage. Qu’aimeriez-vous transmettre de vos origines à la génération future ?

Des histoires, des valeurs, un vécu, des traditions, un rituel… Mais ce que nos maîtres nous ont aussi et surtout enseigné, c’est de nous adapter à la situation à laquelle nous sommes confrontés, et d’être non seulement dans l’étude et la réflexion, mais avant tout dans l’action. C’est l’exemple que j’ai reçu de mes grands-parents et de mes parents, et c’est ce qui explique mon engagement dans la communauté juive en France et ici en Israël. En un mot : « Si tu veux que les choses changent, tu dois te trouver au cœur de l’action. »

Autres enseignements primordiaux : l’ouverture, la modernité, l’union. En Algérie, dans la communauté, il y avait des libres-penseurs, des francs-maçons, des religieux, des laïques – mais tous étaient juifs. Ils faisaient partie du même peuple, de la même famille, et nous étions unis. En cela, le judaïsme algérien peut servir de modèle à la société dans laquelle nous vivons. La construction d’une société juive homogène en Israël ne semble pas encore être au cœur des priorités, et je le déplore.

Les Juifs d’Algérie ont dans leur ensemble conservé une sorte de nostalgie, parfois teintée d’amertume, vis-à-vis de leur pays de naissance. Ils en ont souvent témoigné en France. Le fait d’avoir « posé ses valises » en Israël a-t-il atténué, voire mis fin à ces sentiments ? Oui. D’une certaine manière, le voyage est terminé. Je me souviens d’un enseignement de mon père qui me disait : « N’oublie pas, mon fils, que nous ne sommes jamais restés plus de trois générations dans le même pays – d’ailleurs cela m’étonnerait que ton petit-fils vive encore en France. » Il avait raison : l’Espagne, le Maroc, l’Algérie, la France et maintenant Israël, qui achève ce long voyage, ce long périple. Et c’est un grand apaisement pour nous, qui nous apporte beaucoup de sérénité. Je voudrais revenir sur la nostalgie que vous avez mentionnée dans votre question. Pour nous, quitter l’Algérie s’apparentait surtout à un déchirement, un déracinement trop rapide. Être coupé de son pays et, de plus, sans espoir de retour entraîne forcément une nostalgie des origines.

Vous avez véritablement créé un précédent avec ce colloque, soutenu par la Municipalité, puisque désormais, un événement dédié aux Juifs d’Algérie sera organisé chaque année.

C’est exact. Pourquoi ne pas célébrer le patrimoine de cette communauté, au même titre que celles du

Maroc, d’Éthiopie ou de Russie ? Cela manquait et nous sommes heureux que dorénavant cela puisse exister, grâce à la volonté du maire d’Ashdod, le docteur Yehiel Lasry. Chaque année, un thème particulier sera évoqué lors d’un colloque consacré aux Juifs originaires d’Algérie – et ils sont nombreux. Il est intéressant de noter qu’un colloque sur les Juifs d’Algérie sera également organisé en hébreu à l’Université Bar-Ilan au mois de décembre, par le professeur Yossi Charvit – ce qui veut dire que cette histoire si singulière intéresse aussi la société israélienne.

Les accords d’Abraham représentent une avancée significative pour Israël. Dans un rêve un peu fou, aimeriez-vous voir Israël entamer des relations avec l’Algérie ?

L’Algérie est aujourd’hui aux antipodes des accords d’Abraham. Au lendemain de l’indépendance, le gouvernement algérien a voulu rompre totalement avec l’enseignement français et a fait venir des centaines d’enseignants syriens, égyptiens, saoudiens, qui ont inculqué aux jeunes générations un antisémitisme qui les a fortement marquées. Mais il faut être optimiste : probablement que dans la décennie à venir, les choses vont évoluer.

Si une ligne aérienne Tel Aviv-Alger était créée, prendriez-vous l’avion pour vous rendre en Algérie ? Oui, j’y irais avec mes enfants et mes petits-enfants, pour leur faire découvrir les endroits où j’ai grandi, où j’ai joué et où j’ai étudié. Et aussi pour me recueillir sur les tombes de mon grand-père maternel et de mon oncle, assassiné dans un attentat en juillet 1957. Ce serait un important pèlerinage mémoriel. n

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Interview réalisée par
Anne-Caroll Azoulay
Si tu veux que les choses changent, tu dois te trouver au cœur de l’action.
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Les pionniers

Les premiers bâtisseurs d'Eretz Israël étaient-ils des Juifs d'Algérie ? C'est ce qu'affirme Yossi Charvit, professeur d'histoire à l'Université Bar-Ilan et spécialiste de l'Algérie. « Il faut remettre en question la terminologie de l'historiographie, dit-il, une historiographie orientée qui tend à dire que le sionisme n'appartient qu'aux pionniers arrivés d'Europe de l'Est, majoritairement non religieux. » Retour sur ces Juifs d’Algérie qui ont laissé leur empreinte en Israël.

En effet, des rabbins d'Algérie montés en Eretz Israël au cours de la première moitié du XIXe siècle vont significativement contribuer au peuplement juif plusieurs décennies avant la Première Alya. Animés par le désir de reconstruire Eretz Israël sur la base de l'idée messianique, ils rachètent des terres dans la vallée de la 'Houla, en Galilée et sur le littoral. « Lorsque l'on évoque l'achat de terres en Eretz Israël, on pense aussitôt à Yehoshoua Henkine, l'un des grands protagonistes du rachat de terres en Palestine à l'époque de la première vague d'Alya, pour le compte du Keren Kayemet LeIsraël (KKL), de Hakhcharat HaYichouv et du YIKA [initiales, en yiddish, de la Jewish Colonisation Association – JCA] », explique le professeur Charvit. Et de déplorer : « Il a indéniablement accompli un noble et important travail, mais on oublie le rôle de ces rabbins venus d'Algérie qui ont en fait préparé le terrain des grandes vagues d'immigration qui, à partir de 1882, ont déferlé depuis l'Europe. »

C'est en 1817 que le rav Shmuel Abbo arrive en Eretz Israël avec sa famille depuis Alger. Il s'installe à Safed dont il devient le rabbin. Constatant que les Juifs de la ville vivent dans la misère et sous la menace de leurs voisins arabes, il se rend à Alger et, fort de l'appui des dirigeants de la communauté juive, reçoit le titre de consul général

de Galilée. Sa première mesure est de placer les communautés juives de Safed et de Tibériade sous la protection du gouvernement français, en les inscrivant comme sujets. Ainsi, des privilèges supplémentaires leur sont accordés et la maison Abbo – dans laquelle les autorités ottomanes n'oseront jamais pénétrer en raison de l'immunité diplomatique du propriétaire – devient un refuge pour tous les persécutés, quelles que soient leur religion et leur nationalité.

Au titre de consul de France, Shmuel Abbo sillonne souvent la Galilée et tisse des contacts avec des Bédouins locaux à qui, en fin diplomate qu'il est, il rachète, de ses propres deniers, cinq lopins de terre sur lesquels plusieurs yichouvim (localités) seront fondés en 1881/1882 par les pionniers de la Première Alya, entre autres Rosh Pina. Cette initiative privée est née de sa conscience religieuse-nationaliste que le peuple juif ne peut être racheté que si sa Terre l'est également. C'est lui aussi qui, quelques années après son arrivée en Eretz Israël, acquiert le site de la tombe du rabbin Shimon bar Yo'haï, sur le mont Meron, et y construit la synagogue qui s'y trouve encore aujourd'hui. Il achète même quelque 1800 acres de terres agricoles dans le village de Meron et encourage des dizaines de familles juives kurdes à s'y installer. Celles-ci partagent alors leur temps entre l'agriculture – notamment des olives – durant la journée, et l'étude de la Torah et de la Kabbale le soir. Le bateau, parti d'Oran, qui transporte le rabbin Aharon Chlouche, sa famille et plusieurs dizaines d'autres, accoste quant à lui à Haïfa dans les années 1840. Tous ses passagers sont motivés par leur amour d’Eretz Israël et du judaïsme, indissociables. Les

Chlouche s'installent à Naplouse, puis à Jérusalem et finalement à Jaffa. Mais la surpopulation de cette ville fatigue Aharon Chlouche qui, devenu riche grâce à son sens des affaires, achète un lopin de terre plus au nord, sur lequel il fait construire sa maison, créant ainsi le quartier de Neve Tzedek, l'ancêtre de Tel Aviv et la toute première colonie juive en dehors de Jaffa. « Les gens le prenaient pour un fou, il n'y avait que du sable », s'amuse Tomer Chlouche, son arrière-arrièrearrière-petit-fils, aujourd'hui guide touristique dans le quartier fondé par son aïeul (voir interview p. 22).

En 1904, Aharon Chlouche achète un vignoble local et le revend à des Juifs yéménites : cela deviendra le célèbre Kerem HaTeimanim, un autre quartier de Tel Aviv, avant la fondation officielle de la ville. Il y construit une synagogue – toujours en activité à l’heure actuelle. Le Neve Tzedek d'aujourd'hui est bien loin d’être l'endroit paisible où vécut Aharon Chlouche, mais la trace de ce bâtisseur reste présente. Sa maison, encore en place, est en cours

© DR

Rav Yaacov 'Haï Abbo a suivi les traces de son père, Rav Shmuel Abbo, en tant que rabbin de Safed et consul de France. Mais il poursuivra surtout l'achat de terres, participant ainsi à la création de Rosh Pina.

de réhabilitation et rappelle cette contribution, trop souvent délaissée sur le bord de l'histoire, des rabbins d'Algérie à la Terre d'Israël. n

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Professeur Yossi Charvit © DR

Les Juifs d’Algérie sur le banc des accusés

En 1963, la communauté juive d’Algérie est désignée du doigt pour ne pas avoir immigré massivement en Terre sainte.

Nous sommes le 23 janvier 1963, au Beit HaOmanim, à Jérusalem. Sur l'initiative de Moshe Sharett, alors directeur de l'Agence juive, un « procès » est intenté, non pas contre un individu, mais contre toute une communauté : la communauté juive d'Algérie. Le « tribunal » est présidé par le professeur Shalev Ginossar, de la Faculté de droit de l'Université hébraïque de Jérusalem, et le procès se déroule en présence d'avocats pour l’accusation et pour la défense. Faits reprochés : ne pas avoir immigré en nombre en Israël après la déclaration de l'indépendance de l'Algérie en 1962, contrairement aux Juifs originaires des autres pays musulmans : seuls 11 % d'une communauté estimée à 140 000 personnes ont fait leur Alya à ce moment-là. « C’est le signe, dit le président, qu’ils reniaient leur judaïsme, ignoraient résolument Israël et n'avaient pas retenu les leçons de l'histoire, préférant un nouvel exil plutôt que de rentrer au Foyer. » Les Juifs originaires d’Algérie sont de surcroît accusés d'être des immigrants difficiles qui refusent de s’installer dans des zones de développement, leur préférant les villes, qui leur correspondent davantage.

Ce procès public était-il justifié ? Si l'on se réfère aux chiffres, le nombre de Juifs venus d'Algérie en Israël au moment de l'indépendance – environ 15 000 – est effectivement faible, mais le choix de la majorité de s'installer en France semble relever de l’évidence, sachant que les Juifs d’Algérie étaient détenteurs de la nationalité française, qu'ils s'identifiaient à la France et savaient que leur intégration y serait naturellement plus facile qu'en Israël. Preuve en est l'intégration très complexe des Juifs d'Algérie venus en 1962 en Israël, où ils n’ont pas été appréciés à leur juste valeur : on les y a considérés comme venant d'un pays sous-développé alors qu'ils constituaient une immigration de qualité, dotée notamment d'une très bonne éducation.

Pendant les débats, pour prouver la fidélité et l'engagement des Juifs d'Algérie envers la Terre d'Israël, les avocats rappellent que ce sont des Juifs d’Algérie qui ont été parmi les premiers fondateurs de Tel Aviv : référence au rav Chlouche qui, à la fin du XIXe siècle, avait fondé le quartier Neve Tzedek, l'ancêtre de la capitale économique d'Israël ; référence également au rav Abbo qui avait, quant à lui, acheté en Galilée et dans la vallée de la 'Houla des

terres sur lesquelles, un demisiècle plus tard, les pionniers venus d'Europe ont ensuite fondé les premiers yichouvim

Finalement, après plusieurs heures de débats houleux, les accusés et leurs avocats ont réussi à prouver que l’Alya des Juifs d'Algérie avait été bien plus significative que ce que l'on croyait. Le président du « tribunal » adoucit alors ses propos et finit par dire que d'avoir choisi d’aller en France n'était pas synonyme de déloyauté envers Israël, compte tenu des conditions éprouvantes qui ont accompagné le départ de la communauté juive d’Algérie. Finalement, les jurés refusent de trancher, estimant qu’« il est encore trop tôt pour prononcer une condamnation ».

Accuser la communauté juive d'Algérie de ne pas être sioniste se révèlera être une ineptie. En effet, comme le précise le professeur Yossi Charvit dans son ouvrage Le judaïsme algérien. Réflexions , « 30 000 Juifs d’Algérie ont immigré en Israël, soit plus de 25 % de la communauté, une proportion jamais atteinte par aucune communauté juive occidentale. Ils n'ont pas fait preuve de sionisme opportuniste, Israël n'ayant pas été un refuge mais un objectif. » n

L'intégration des Juifs d'Algérie en Israël : un modèle ?

Àl'indépendance de l'Algérie en 1962, la grande majorité des Juifs ne choisissent pas Israël comme destination, mis à part environ 15 000 d'entre eux qui décident d'y immigrer par motivation religieuse et sioniste. Les Juifs d'Algérie étaient devenus français par le décret Crémieux, ils vivaient selon les normes françaises, s'identifiaient à la France et considéraient que s'y installer ne constituait pas un exil, mais plutôt un passage d'un territoire français à un autre. « D'ailleurs, confie Maître Jean-Charles Benichou, avocat né en Algérie et monté depuis la France en Israël en 1985, quand, anxieux, nous demandions à nos professeurs comment nous allions réussir à nous intégrer dans les lycées en France, ils nous rassuraient en nous affirmant que nous avions le même niveau, ce qui s'est révélé exact. » De surcroît, les Juifs d'Algérie savaient qu'ils retrouveraient facilement du travail en France où ils maîtrisaient parfaitement la langue, ce qui n'était pas le cas pour l'hébreu. L'intégration de ceux qui choisissent Israël n'est pas une franche réussite. « Israël, explique Maître Benichou, considère alors les Juifs d'Algérie comme les Juifs venant de pays arabes, en tout cas de pays pauvres, et l’État hébreu n'investit pas beaucoup dans cette communauté. Les Juifs d’Algérie sont envoyés dans des endroits qui ne sont pas adaptés à leur mode de vie, comme à Dimona où les femmes arrivaient avec des talons aiguilles dans le sable du désert… » Pour Jean-Charles Benichou, la véritable Alya des Juifs d'Algérie commence en 1967. La guerre des Six

Jours réveille les consciences et soulève un enthousiasme sans précédent parmi les Juifs d’Algérie vivant en France. Plus de 15 000 montent alors en Israël, notamment dans le sillage de grands intellectuels juifs, comme André Neher et Léon Ashkénazi, dit Manitou. Cette Alya est complétement différente des précédentes et en particulier de celle de 1962, car ces Juifs originaires d'Algérie partent vers Israël en connaissance de cause, très motivés et animés d'un très grand idéal. « Cependant, cela n'a pas été toujours facile », précise Maître Benichou ; « même l' Alya de Manitou a été difficile d'un point de vue économique, et il n'a pas toujours été très aidé. » Cette Alya est cependant mieux traitée par Israël qui bien sûr, entretemps, a progressé économiquement. On estime à 30 000 le nombre de Juifs originaires d'Algérie qui ont émigré de France en Israël depuis 1967 et participé à la création de nouveaux villages, comme les mochavim Ramot Meir, Yafit, dans la vallée du Jourdain, Talmei Eliyahu et Ohad dans l’ouest du Néguev. Et aujourd'hui, parmi les 500 000 francophones que compte l'État hébreu, un dixième est originaire d'Algérie. Une communauté certes modeste quantitativement, mais de qualité : médecins, ingénieurs, avocats, hommes d'affaires qui ont voulu mettre un terme à la galout – l'exil – et qui, par sionisme, ont décidé de « monter » en Israël où ils contribuent significativement à la société civile – il sont nombreux à occuper des postes à haute responsabilité jusque dans l'armée –, mais aussi à la société religieuse. lll

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Pionniers juifs d'Algérie sur leur lieu de travail en Israël © DR

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« Des rabbins originaires d'Algérie occupent une place de choix dans le paysage religieux israélien. Ils sont respectés, influents et porteurs d'un message qui pourrait repacifier Israël et gommer les nombreux clivages sociétaux », estime Jean-Charles Benichou. À partir du décret Crémieux, expliquet-il, les rabbins, en Algérie, ont soudainement perdu leur statut, leur autorité. Si des membres de la communauté voulaient se marier, ils devaient désormais, avant tout, aller à la mairie, et au tribunal s'ils voulaient divorcer. C’est donc dépossédés de tout ce qui faisait leur fonction que du jour au lendemain, les rabbins sont entrés dans un monde moderne. Ils auraient pu combattre cette

modernité, se replier sur eux-mêmes et fonder des communautés 'harédiot de stricte observance comme celles que l'on voit en Israël – mais ils ne l'ont pas fait car, dans le souci de ne pas diviser la communauté, ils entendaient rester les rabbins de tous les Juifs, ceux qui étaient dans le sérail de la synagogue comme ceux qui s'en étaient éloignés. Ils ont démontré avec intelligence et délicatesse que l'on peut respecter la tradition de nos pères tout en étant des hommes modernes, et ce, dans une parfaite harmonie. C'est sans doute leur plus noble enseignement. n

Isaac Jacob Adolphe Crémieux (1796-1880), avocat et homme politique français, promoteur de l’Alliance Israélite Universelle, est surtout connu comme auteur du décret Crémieux d’octobre 1870 qui attribuait la citoyenneté française aux « indigènes israélites d’Algérie ».

Trois questions à Julien

Zenouda

Secrétaire général de Moriel, une association qui, fondée en 1997, œuvre depuis Israël pour perpétuer et pérenniser la mémoire et les traditions du judaïsme algérien, à travers une newsletter, des publications et des rencontres

Juif né en Algérie, vous avez émigré en France au moment de l'indépendance de l'Algérie, puis vous êtes « monté » en Israël. Comment vous définiriezvous ? Comme disait Manitou : Juif français originaire d'Algérie. Il ne faut surtout pas dire « Juif algérien », cela n'existe pas, car « algérien » est une nationalité et nous n'avons jamais vécu sous les auspices d'une nation algérienne – puisqu'en 1962 tous les Juifs sont partis d'Algérie. La Constitution algérienne ne nous aurait d'ailleurs jamais accordé la citoyenneté algérienne, car pour l’avoir il fallait être musulman.

Pourquoi est-ce si important pour vous de transmettre et de mettre en valeur le patrimoine du judaïsme algérien ? Et en quoi consiste ce patrimoine que vous perpétuez ?

Ce patrimoine est extrêmement précieux car le judaïsme algérien est l'un des plus anciens de Diaspora avec celui des Juifs du Yémen. Les premiers Juifs d’Algérie sont arrivés au temps du roi Salomon et l’on a même retrouvé des restes de pierres tombales qui attestent que des habitants de la Palestine de l'époque y séjournaient déjà. De surcroît, les Juifs d’Algérie, en tant que communauté, ont laissé des traces que, à l’aide de l'histoire, nous avons essayé de reconstituer, depuis les Romains jusqu'aux invasions arabes du XIIe au XIVe siècle. La pratique était indispensable aux Juifs pour vivre au sein d'autres tribus, isolés qu’ils étaient des communautés extérieures ; le judaïsme d'Algérie était donc un judaïsme très pratiquant.

L'objectif de Moriel, depuis 1995, est de perpétuer ce judaïsme au moyen de dizaines de congrès, de présentations de livres et de recherches sur le judaïsme d'Algérie, aussi bien sur le plan religieux que sur le plan culturel – et bien sûr également d'évoquer les combats politiques que

les Juifs d’Algérie ont menés dans les villes où ils se trouvaient.

Quel est le jour du calendrier du judaïsme algérien que vous ne manquez jamais de marquer ? Sans aucun doute le 8 novembre 1942, jour de l'opération américaine Torch.

Nous sommes dans les années 1940, Pétain est au pouvoir à Vichy, les lois antijuives sont établies en France et en Algérie. Elles sont d'ailleurs encore plus dures en Algérie où les administrateurs sont plus sévères : les Juifs y sont exclus des écoles et on leur retire même le décret Crémieux, ils redeviennent donc des indigènes, comme avant l'arrivée des Français. Un délégué de Pétain se rend à Alger pour commencer à organiser la rafle des Juifs. Près de 400 Juifs de 20 à 30 ans s'organisent alors en résistance et créent des groupes d'autodéfense juive. Pour pouvoir se rencontrer, ils louent une salle de sport à Alger, où ils se réunissent sous prétexte de s'entraîner. Et lorsque les Américains entendent contourner l'Europe en débarquant, entre autres, au Maroc, mais aussi à Oran et à Alger, ils approchent ces jeunes d'Alger pour leur demander leur concours. Le 6 novembre, ils préviennent le chef des résistants que dans quarante-huit heures ils devront prendre le contrôle de tous les postes à caractère névralgique de toute l'administration française. La prise d'Alger se fait en un jour, alors qu'à Oran et au Maroc les généraux du régime de Vichy accueillent les Alliés par des tirs. Cet événement marquera le tournant de la Seconde Guerre mondiale sur le front occidental, conjointement avec les victoires britannique d'El-Alamein et soviétique de Stalingrad. C'était le premier mouvement de résistance français à s'opposer aux Allemands. n

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non contractuelle.

Le pays du lait, du miel... et du cannabis !

En Israël, depuis avril 2020, le cannabis médical est vendu en pharmacie. La réglementation de son usage, la première du genre au monde, a engendré un vaste marché d'entreprises dédiées à la culture, à la transformation et à la distribution du cannabis et de ses dérivés. Au total, le marché du cannabis médical génère plus de 800 millions de shekels par an.

Depuis les années 1960, Israël est à l'avantgarde de la recherche sur le cannabis médical. C’est Raphael Mechoulam, chimiste de l'Université hébraïque de Jérusalem, qui a isolé pour la première fois le THC (tétrahydrocannabinol), principal composé psychoactif de la marijuana, dont les vertus médicinales peuvent venir en aide à des personnes atteintes de la maladie de Crohn, du Sida, de la sclérose en plaques, de la maladie de Parkinson, d'épilepsie, du syndrome Gilles de la Tourette… Le cannabis est également prescrit comme palliatif de la douleur et contre les troubles du stress posttraumatique (TSPT).

Les consommateurs peuvent désormais se procurer du cannabis médical dans une cinquantaine de points de vente répartis dans tout le pays ; et selon les données du ministère de la Santé israélien, il en est consommé quarante tonnes par an.

En 2008, huit entreprises opéraient en Israël, sans aucune activité boursière. Cette situation a changé lorsque, en 2017, un comité interministériel des ministères des Finances et de la Santé a autorisé l'exportation du cannabis médical vers d'autres pays. Aujourd’hui, une vingtaine de sociétés sont cotées à la Bourse de Tel Aviv, avec une valeur combinée de plus de 2 milliards de shekels – parmi les entreprises les mieux cotées : Panaxia Israel, Seach Medical Group, Tikun Olam Cannbit, Together, Pharmocann, Intelicanna, Cannassure, Univo et InterCure, présidée par Ehud Barak. Plus de 110 entreprises liées au cannabis en Israël ont levé 348 millions de dollars d'investissements depuis 2015.

Côté consommation, la cellule cannabis médical du ministère de la Santé a mis en place en 2019 une réforme qui vise à encadrer l'usage du cannabis de manière similaire à celui des autres médicaments. Selon cette réforme, les cultivateurs

de cannabis doivent transférer leurs produits à transformer dans des usines de production et de contrôle via des distributeurs agréés par les chaînes pharmaceutiques.

Sharren Haskel, qui a défendu la dépénalisation du cannabis, dirige un comité parlementaire qui œuvre à rationaliser les règlements. Les réformes devraient éliminer les obstacles bureaucratiques pour les scientifiques qui étudient les cannabinoïdes. Elles devraient aussi assouplir les restrictions sur les exportations et autoriser la commercialisation du CBD – un composé dérivé du cannabis, qui est légal dans une grande partie des États-Unis. Selon Sharren Haskel, « la paperasserie a étouffé l'ensemble du marché et a poussé les entreprises vers l'étranger ».

Mais Saul Kaye, un entrepreneur israélien de cannabis qui dirige une chaîne de dispensaires, reste plein d'espoir quant aux futurs développements de l’herbe magique – d’autant que le marché mondial est évalué entre un et quatre milliards de shekels, et que les experts tablent sur un chiffre d'affaires mondial de 50 milliards de dollars (170 milliards de shekels) en 2025.

Ces dernières années, de nombreux pays européens et américains ont légalisé le cannabis thérapeutique ; en France, l’expérimentation relative au cannabis médical a été lancée en mars 2021, avec la première

CANNABIS CACHER !

Pour la première fois, une entreprise qui cultive et commercialise des produits à base de cannabis médical, Seach Medical Group, a reçu un certificat de cacherout garantissant leur conformité avec les lois de la chmita (selon lesquelles, tous les sept ans, les agriculteurs juifs doivent observer une année de jachère). Ce certificat révolutionnaire a été délivré par le rav Gaon Yossef Efrati. Ainsi, le cannabis médical sera accessible aux patients religieux et ultraorthodoxes, ce qui devrait impacter positivement les résultats financiers de l’entreprise dans les années à venir.

prescription. Vingt-et-un pays de l'Union européenne l’autorisent, à différents niveaux : l'Allemagne depuis 2017, le Royaume-Uni, le Portugal, le Luxembourg et la Lituanie depuis 2018, Chypre depuis 2019. Aux ÉtatsUnis, trente-trois États autorisent désormais le cannabis thérapeutique. Précurseurs depuis 2002, les producteurs canadiens figurent parmi les leaders du secteur.

Alors que de plus en plus de pays libéralisent leur politique en matière de cannabis, l'avantage d'Israël persiste et ne cesse de croître. n

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Une intervention – réelle, cette fois – de l’artiste est également prévue pendant la durée de l’exposition. « Tous ces projets ont pour objectif d’intensifier la coopération bilatérale entre la France et Israël dans les domaines du jeu vidéo, de la réalité virtuelle et de la création numérique », explique Emma Schicker, chargée de mission audiovisuelle et numérique à l’Institut Français d'Israël, « car les complémentarités sont là et le secteur est ultradynamique dans les deux pays ». Une réalité, non virtuelle, celle-ci, qui laisse présager l'avènement de très belles créations francoisraéliennes. n

Pour en savoir plus sur Novembre Numérique 2022 : institutfrancais-israel.com

Faune – à partir de 6 ans

Acqua Alta – à partir de 8 ans

Les

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Sources Business France Israël Échos, mars 2022 Alta, une série de livres pour enfants dont le contenu s’anime au travers d’une application numérique © Romain Etienne Faune prend la forme d’immenses panneaux en noir et blanc sur lesquels évolue un petit personnage obscur © Adrien M et Claire B

De la Knesset à la formation d'un gouvernement

Les électeurs israéliens viennent de déposer leur bulletin dans l’urne.

Les choses sérieuses peuvent commencer. Les députés élus prêteront serment et l’un d’entre eux se verra chargé de former le futur gouvernement.

Composition de la Knesset

Au lendemain des élections législatives, Israël découvre

la composition de la nouvelle Knesset. Les partis qui ont réussi à passer le seuil d’éligibilité – ceux qui ont obtenu au moins 3,25 % des voix –, se répartissent les 120 mandats de la Knesset à la proportionnelle, c’est-à-dire en fonction du nombre de votes qu’ils ont reçus.

Les députés qui prêteront serment sont ceux qui étaient sur la liste de leur formation

avant les élections, selon la place à laquelle ils apparaissaient. Si un parti a obtenu dix sièges, les dix premiers candidats sur sa liste deviendront députés ; si l’un des élus abandonne pour une raison ou une autre, c’est la onzième personne sur la liste qui prendra sa place, et ainsi de suite.

Les députés prêtent serment au cours d’une cérémonie inaugurale

à la Knesset. Ils élisent le même jour le président et les viceprésidents du Parlement.

Les voix excédentaires

Les votes excédentaires d'un parti, qui sont insuffisants pour obtenir un siège supplémentaire, peuvent être transférés à un autre parti, conformément aux accords conclus entre eux avant l'élection. Si aucun accord n’existe, les votes excédentaires sont distribués selon les tailles proportionnelles des partis dans les résultats des élections.

Formation du gouvernement

En Israël, la formation du gouvernement n’incombe pas de facto au chef du parti qui a remporté le plus de sièges (même si dans les faits, c’est quasiment toujours le cas). Le président de l’État, dont la fonction est presque symbolique, joue là un rôle politique clé puisque c’est à lui que revient de nommer le député qui tentera de former une coalition. Dans les sept jours après la publication des résultats du scrutin, Yitzhak Herzog recevra pour consultation des représentants de tous les partis de la nouvelle Knesset. Chacun d’entre eux recommandera le député qui, selon lui, est le plus susceptible de réussir à former une coalition. Ils peuvent aussi faire le choix de ne recommander personne, ce qui est souvent le cas des partis arabes israéliens.

Le président de l’État n’est pas tenu de choisir le député qui aura le plus de recommandations ; il peut prendre en considération d’autres facteurs, le principal étant de trouver la personne qui a le plus de chances de remplir sa mission et donc de former un gouvernement. Après avoir pris un temps de réflexion, Yitzhak Herzog annoncera son choix.

Le député à qui cette tâche est finalement confiée dispose de 28 jours pour former sa coalition et devenir Premier ministre. Mais l’histoire récente d’Israël nous prouve que ce délai est rarement suffisant pour réussir à trouver une majorité de 61 députés.

Si le candidat échoue, le Président peut rallonger de 14 jours supplémentaires la durée de la mission. Par contre, si cette

L’objectif du futur Premier ministre, quel qu’il soit, est de trouver une majorité suffisamment large pour tenir le plus longtemps possible et éviter un sixième tour d’élections.

Tractations en vue de former un gouvernement Pendant la formation du gouvernement, les tractations en coulisse vont bon train. Si les partis dont une alliance a été scellée avant les élections rassemblent déjà 61 sièges, ces négociations ont surtout pour objectif d’élargir la coalition pour obtenir une majorité plus stable.

Si le député qui doit former le gouvernement n’a pas les 61 mandats – ce qui a été le cas ces derniers tours d’élections –, il devra tenter de rallier à lui une autre formation politique ou au moins le nombre d’élus manquants pour arriver à la majorité.

période – soit au total maximum 42 jours – est dépassée et que le député désigné n’a pas réussi à rassembler au moins 61 membres de la Knesset pour former son gouvernement, le mandat revient aux mains du Président qui confie la mission à un autre député. Ce dernier bénéficie du même délai que le premier, à savoir : 28 jours, auxquels 14 jours supplémentaires peuvent être ajoutés. Si, au terme de ces 42 jours, un gouvernement n’est toujours pas constitué, une majorité absolue de membres de la Knesset peut alors écrire au Président pour lui demander de confier cette mission à un membre de la Knesset en particulier. Un tel cas ne s’est encore jamais produit.

En général, ces ralliements s’obtiennent grâce à la promesse de portefeuilles ministériels importants, comme ceux de l’Intérieur, de la Défense ou des Affaires étrangères. Il est également possible pour le député en charge de la formation du gouvernement de garantir que certaines lois seront retirées ou ajoutées à l’ordre du jour de la future coalition. Lors des dernières élections, les différents « formateurs » ont mis en place un système de rotation pour le poste de Premier ministre pour arriver à leurs fins et avoir les 61 députés nécessaires.

Le gouvernement, tout comme la Knesset, a un mandat de quatre ans. Mais il devient de plus en plus difficile, voire impossible, pour les élus israéliens de rester au pouvoir – ce qui explique les cinq derniers scrutins en moins de quatre ans. L’objectif du futur Premier ministre, quel qu’il soit, est de trouver une majorité suffisamment large pour tenir le plus longtemps possible et éviter un sixième tour d’élections. n

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De gauche à droite : le nouveau président de l'État d'Israël, Yitzhak Herzog, le président de la Knesset, Mickey Levy, et le président sortant, Reuven Rivlin, lors de la cérémonie d'intronisation à la Knesset en juillet 2021. C'est à Yitzhak Herzog qu'incombera la charge de désigner celle ou celui des députés élus qui devra former le gouvernement et diriger le pays pendant les quatre prochaines années. © Haim Zach –GPO
BON À SAVOIR

Construire en toute légalité

Les cas de constructions illégales les plus répandus sont les suivants :

• la construction d’un édifice sans permis de construire

• la construction d’un espace supplémentaire qui n’est pas inclus dans le permis de construire

• l’ajout d’une pièce supplémentaire ou la transformation d’une terrasse en une pièce fermée

• l’utilisation d’un bien à d'autres fins que celles prévues aux termes du permis de construire Il convient de souligner que toute infraction à la loi israélienne relative à la construction et l’aménagement du territoire peut entraîner des poursuites pénales engagées par les autorités compétentes à l’encontre de leur auteur ou/et du propriétaire du bien immobilier. De plus, dans certains cas, le tribunal pourra exiger la destruction partielle ou totale des constructions illégales.

Par conséquent, tout acquéreur potentiel doit minutieusement vérifier si le bien immobilier dont il projette l’acquisition ne comporte pas de constructions de ce type. Pour ce faire, il est recommandé de diligenter un expert, qui pourra s’assurer de la parfaite conformité du bien immobilier avec les plans et le permis de construire. Par ailleurs, l’amendement 101 de la loi relative à la construction et l’aménagement du territoire définit certaines constructions « légères », comme l’ajout d’une pergola, d’un toit léger ou d’une barrière de stationnement, pour lesquelles l’obtention d’un permis de construire n’est pas requise, sous réserve que les conditions prévues par la loi soient remplies.

précautions. Ces dernières seront déterminées au cas par cas, selon le type de constructions illégales dont il s’agit. De plus, il est conseillé de négocier judicieusement et fermement les termes du contrat d’acquisition, qui devra, à titre d’exemple, comporter les clauses suivantes :

• Un engagement explicite de la partie venderesse quant à la remise en état du bien immobilier à sa charge et à ses frais, au cours d’un délai défini – en cas de dépassement, des sanctions devront être prévues.

Les constructions illégales englobent toutes les modification effectuées au sein d’un bâtiment en l’absence d’autorisations préalables conformes à la loi.

Hormis les travaux d’intérieur, toute construction modifiant l’aspect extérieur, la structure ou

l’utilisation d’un bien immobilier nécessite l’obtention d’un permis de construire délivré par la Municipalité. La plupart des constructions illégales sont constatées dans les maisons avec jardin, ou dans les appartements situés en rez-de-jardin ou au dernier étage.

Que faire lorsque des constructions illégales sont constatées ? Lorsque l’acquéreur potentiel d’un bien immobilier remarque que ce dernier comporte des constructions illégales majeures, il est généralement recommandé de renoncer à cette transaction. Cependant, dans le cas où, en dépit de ce constat, l’acquéreur potentiel souhaite malgré tout procéder à l’achat du bien immobilier, il convient de prendre de nombreuses

• La possibilité pour l’acquéreur, dans le cas où la partie venderesse ne respecte pas ses engagements, d’annuler le contrat, de retarder les paiements jusqu’à ce que ses obligations soient remplies (des pénalités pourront être envisagées le cas échéant) ou de procéder indépendamment aux démarches nécessaires. n

Précision : les informations contenues dans cet article n’engagent que le rédacteur et ne sauraient se substituer à un conseil juridique spécifique. Elles ne sont valables qu’à la date de leur rédaction.

Maître Yonathan TSADIKA + 972 (0) 50-4863476 – yonathan@tsadika.co.il

Extrait du site du cabinet de financement KNE https://credit-immobilier-en-israel.com/

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BINATIONAL
BINATIONAL Les constructions illégales sont monnaie courante en Israël. De ce fait, il est indispensable, préalablement à l’acquisition d’un bien immobilier, de s’assurer de la parfaite conformité physique de ce dernier avec les plans et le permis de construire approuvés par la Municipalité. Quelles sont les précautions à prendre ? Peut-on acheter un bien immobilier comportant des constructions illégales ?

Jake Paltrow :

J’ai vraiment apprécié le professionnalisme des équipes israéliennes.

Le film israélien June Zero, actuellement sur les écrans, produit par des Américains, tourné en Israël et en Ukraine, revient sur l’histoire de trois personnages peu de temps avant l’exécution d’Adolf Eichmann, l’un des principaux architectes de la Solution finale. Son réalisateur, Jake Paltrow, a accordé une interview exclusive à notre mensuel lors du dernier Festival du cinéma américain de Deauville.

Jake Paltrow, c’est dans le cadre du Festival du cinéma américain de Deauville que June Zero a été présenté pour la première fois en France. Quelles ont été vos impressions ?

Nous avons été, je vous l’avoue, très agréablement surpris et honorés que Bruno Barde, le directeur général et artistique du festival, ainsi que Jérôme Lasserre, directeur de la programmation, aient retenu mon film. Je suis américain, mais le film est totalement israélien !

Pourquoi ce titre, June Zero [« Efes June », en hébreu – ndlr] ?

C’est ainsi qu’a été désignée par un tabloïde, en 1962, la date de l’exécution d’Eichmann, afin que celle-ci ne puisse pas, plus tard, donner lieu à la commémoration d’un anniversaire spécifique.

Comment l’histoire du film s’est-elle présentée à vous ?

Un jour, je suis tombé par hasard sur une note de bas de page qui évoquait l’exécution d’Adolf Eichmann et la problématique qu’elle avait soulevée. Je me suis fait

cette réflexion : dans une culture et une religion qui interdisent l’incinération des morts, comment celle d’Eichmann a-t-elle pu avoir lieu en Israël ? Comme il n’y avait pas de crématorium, il a fallu mettre en

place un dispositif particulier. Nous tenions là le sujet d’un film. Nous avons alors retrouvé l’homme qui aurait participé à sa fabrication, alors qu’il était enfant et travaillait à l’usine.

Est-ce que toute l’histoire du film correspond à la réalité ?

Une grande partie des éléments de ce film est véridique. Ainsi, il est exact que dans la nuit du 31 mai au 1er juin 1962, Eichmann a été exécuté par pendaison dans la prison de Ramla. Après incinération de son corps, ses cendres ont été dispersées en mer, hors des eaux territoriales israéliennes.

Malgré le sujet grave et sérieux, le film est traversé par un humour qu'on pourrait qualifier de très israélien. Êtes-vous d’accord ?

J’ai écrit le scénario en hébreu avec Tom Shoval, un auteur israélien dont je partage la vision du cinéma. Mais nous n’avons pas cherché à rendre le film particulièrement drôle. Les acteurs, talentueux et professionnels, ont parfaitement su retraduire notre vision de l’histoire. Noam Ovadia (photo ci-contre), l’enfant qui a tourné là son premier film, est d’une telle authenticité !

On distingue trois histoires parallèles dans votre film : pourquoi avez-vous choisi ces trois axes différents ?

Tom Shoval et moi n’avons pas voulu écrire un film en trois actes sur David (incarné par Noam Ovadia).

Cela aurait risqué d’être banal. Nous avons également choisi des personnages très périphériques à la condamnation d’Eichmann.

Nous nous sommes beaucoup inspirés des films de Claude Lanzmann, à qui nous l’avons dédié. Pour le film Shoah, il avait décidé de ne pas utiliser d’archives, ni de faire des scènes de reconstitution. C’est à partir de témoignages qu’il a donné à son film une approche tout à fait contemporaine.

Le témoignage d’un rescapé d’Auschwitz nous est livré à travers le personnage d’un enquêteur de police au procès Eichmann : Micha (interprété par Tom Hagi). Sa mission est remise en cause par une jeune femme, qui considère qu’il ne faut pas raviver le passé. Quel message voulez-vous faire passer ainsi ?

Il s’agit ici d’un échange entre l’ancienne génération et la société contemporaine. La question qui se pose est la suivante : que proposer à la nouvelle génération pour qu’elle n’oublie pas ? Mais aussi : à quel point les

survivants des atrocités nazies doivent-ils à l’histoire de ressasser encore et encore leur traumatisme ? Aujourd’hui les derniers rescapés de la Shoah disparaissent peu à peu. Leurs enfants récitent encore le Kaddich. Mais un jour, qui le fera ?

Est-il vraisemblable, comme on le voit dans le film, que la prison d’Eichmann ait été si petite, et ses rapports avec ses gardiens si étroits ?

Tout à fait. Il avait une section de la prison pour lui tout seul. Et aucun gardien ashkénaze n’avait le droit de l’approcher, pour ne pas risquer qu’une personne touchée directement par la Shoah réagisse émotionnellement et tue le prisonnier de ses propres mains. Le gardien d’Eichmann, Haïm, est interprété par Yoav Levi.

C’est votre première expérience en tant que réalisateur d’un film israélien. Souhaitez-vous poursuivre ?

Bien sûr, j’aimerais beaucoup, car j’ai vraiment apprécié le professionnalisme des équipes israéliennes. June Zero est sorti fin septembre aux États-Unis et nous préparons déjà un prochain sujet. Nous espérons bien trouver un distributeur en France. n

Jake Paltrow est le fils du producteur de télévision et réalisateur juif Bruce Paltrow, et de l'actrice Blythe Danner. Il est le frère cadet de l'actrice et chanteuse Gwyneth Paltrow. Ses réalisations les plus connues en tant que metteur en scène pour la télévision sont celles des épisodes de NYPD Blue, comme Big Bang Theory (1999), Brothers Under Arms (2000) et Andy Appleseed (2003). En 2006, il a fait ses débuts en tant que scénariste avec le film The Good Night.

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avec l'aimable autorisation de Films Boutique
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PROPOS RECUEILLIS PAR BÉATRICE NAKACHE

Les 7 habitudes des gens efficaces

Les fêtes sont passées, et nous avons repris le chemin du travail et de nos occupations quotidiennes. Avez-vous eu l’occasion de dresser le bilan de l’année dernière et de faire des projets pour la nouvelle année qui vient de commencer ?

Pour vous y aider, je vous invite à prendre connaissance des « 7 habitudes des gens efficaces » présentées par Stephen Covey dans son célèbre ouvrage (The Seven Habits of Highly Effective People).

Ayant rencontré de nombreux individus qui, extérieurement, paraissaient avoir bien réussi leur vie, Stephen Covey s’est rendu compte que la plupart d'entre eux luttaient intérieurement « avec une sorte de soif intérieure, un profond besoin de justice, d’efficacité et de relations enrichissantes ». Il donne des exemples de ces cas, tirés de son expérience de consultant – comme celui-ci : « Je me suis fixé des objectifs professionnels et je les ai atteints. Ma carrière est un formidable succès. Mais pour cela, j’ai dû sacrifier ma vie privée. Je ne vois plus ma femme ni mes enfants. Je ne suis même pas sûr de savoir qui je suis et ce qui compte vraiment pour moi. J’en suis arrivé à me demander si tout cela en valait bien la peine. »

Covey a décidé de synthétiser plusieurs siècles de sagesse en entreprenant une véritable exploration au cœur de la nature

humaine et de ses valeurs. Selon lui, le seul moyen d’atteindre un véritable équilibre personnel et de réussir sa vie réside dans la connaissance de ces valeurs et leur mise en pratique.

En effet, « les 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent » permettent de relever les défis que pose la vie privée, familiale et professionnelle, et de créer un bonheur durable.

Les conseils de Stephen Covey visent à un développement personnel intérieur et profond, contrairement aux conseils couramment donnés en vue d’une modification superficielle et artificielle de nos comportements.

Pour effectuer cette transition, vous devrez passer par ce que Covey appelle un changement de paradigme dans votre vision du monde, c’est-à-dire être capable de renouveler votre système de pensée pour voir réellement les choses changer : « La façon dont nous voyons le problème est le problème », écrit-il.

Si votre objectif est de bâtir quelque chose de grand et de solide, alors il vous faudra absolument travailler vos fondations, cette partie cachée qui ne se voit plus une fois l’édifice érigé. C'est pourquoi ce livre décrit les habitudes dans un ordre spécifique, qui répond à une progression à effectuer : « La victoire privée précède la victoire publique. »

Les trois premières habitudes sont des habitudes de maîtrise de soi, des victoires privées :

1. Soyez proactif.

2. Commencez avec la fin en tête.

3. Accordez la priorité aux choses les plus importantes.

Après avoir adopté ces trois premières habitudes, vous pouvez alors passer aux trois habitudes des victoires

publiques, habitudes fondées sur l'interdépendance :

4. Pensez gagnant-gagnant.

5. Cherchez d'abord à comprendre, puis à être compris.

6. Profitez de la synergie.

La dernière habitude repose sur une amélioration continue, et elle est essentielle au bon fonctionnement et au

renouvellement des six premières :

7. Aiguisez vos facultés.

Parce qu’aujourd’hui, la peur, l’insécurité, le besoin d’immédiateté, le rejet des responsabilités, la perte d’espoir, la victimisation, le déséquilibre entre la vie professionnelle et la vie privée sont des comportements qui se généralisent et qui ont tendance à nous desservir, il est

grand temps de revenir à nos valeurs profondes afin de ne pas perdre le nord !

Dans les prochains numéros, j’aborderai les 7 habitudes une par une et j’entrerai dans les détails de chaque principe pour réussir à vivre sa vie, et non à la subir. n

Hagit Bialistoky

Coache de vie et de carrière Tél. : 050-7524670

Hagit.bialistoky@gmail.com

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CONSCIENCE

Yann Queffélec, D’où vient l’amour Calmann-Lévy, 2022

Le décor : Le Vigan, une commune des Cévennes. L’époque : les années d’Occupation. Maud, 17 ans, attend un enfant de Samuel Poujol, 22 ans, fils pourri gâté du redouté patron des Ateliers Poujol où elle est ouvrière repasseuse. Jusque-là, rien de très original. Sauf que ce livre est marqué par la patte du maître. La construction, le style, le souffle, font toute la différence. L’écrivain a le don de se mettre dans la peau de ses personnages. Avec ce roman, Yann Queffélec s’impose comme l’un des meilleurs écrivains de sa génération. Vous allez l’adorer !

Emmanuelle Favier, La part des cendres Albin Michel, 2022

Voici un roman historique, qui prend pour objet le destin, entre 1812 et aujourd’hui, d’un coffret contenant un texte perdu : le journal de Sophie Rostopchine. Le point de départ du roman est la question des œuvres d’art spoliées et de leur restitution, et, plus largement, le sujet de la transmission. En 1812, Fiodor Rostopchine, gouverneur de Moscou, a mis le feu à la ville lors de l’arrivée des troupes napoléoniennes. Sa fille Sophie, future comtesse de Ségur, observe l’incendie puis quitte le pays. Ce roman, qui mêle personnages historiques et fiction, est écrit dans une langue magnifique. Amateurs d’histoire et de belle littérature, ne pas s’abstenir !

Cécile Pivot, Mon acrobate Calmann-Lévy, 2022

Izia et Étienne forment un couple uni. Ils sont les heureux parents d’une petite fille joyeuse et pétillante. Zoé a 8 ans quand elle est renversée sur le trottoir par un chauffard ivre. Izia sombre dans la

dépression et demande à Étienne de partir, pour la laisser seule avec sa souffrance. Après avoir touché le fond, elle se relève tant bien que mal et devient déménageuse de familles endeuillées. Pour l’aider, elle embauche Samuel, un jeune qui ne fait pas dans le sentimentalisme. Mon acrobate un sublime roman sur le deuil, et la plume de Cécile Pivot est unique, sensible et poétique. Une histoire d’amour bouleversante, un livre d’une justesse impressionnante. Gros coup de cœur !

Sandrine Collette, On était des loups J.-C. Lattès, 2022 – Sélection prix Renaudot et Fémina Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, Liam découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant. Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude : ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié. Un roman d’une rare intensité sur la naissance d’un père en milieu hostile. À vous couper le souffle ! n

Librairie Vice Versa Jérusalem 02-624 44 12 lib@viceversalib.com – www.viceversalib.com

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A+ la chaîne israélienne francophone CHAINE 13 SUR ET SUR FACEBOOK ET INSTAGRAM : @APLUSLACHAINE L’ÉMISSION DE DIVERTISSEMENT ET D’INFOS PRATIQUES PRÉSENTÉE PAR STÉPHANE CALVO ET TOUTE SA BELLE ÉQUIPE DE CHRONIQUEURS RETROUVEZ "BIENVENUE CHEZ VOUS" TOUS LES DIMANCHES À 18 H CRÉDIT PHOTOS © OVLAC

La splendeur de la routine

Àla célèbre question « quel est le verset le plus fondamental de la Torah ? », le Midrach (Torat Cohanim, chapitre 19) enseigne : « “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” (Lévitique 19, 18) : Rabbi Akiva dit qu’il s’agit d’un grand principe de la Torah. Ben Azaï dit : “Voici le livre des engendrements d’Adam” (Genèse 5, 1) est un plus grand principe. »

L’opinion de Rabbi Akiva est bien connue : le fondement de la Torah est l’amour du prochain. Ben Azaï, lui, rapporte un verset de parachat Berechit qui, d’après lui, renvoie à un principe plus fondamental encore : la Torah est le livre des engendrements de l’homme.

Si notre vie juive a beaucoup à gagner aux célébrations des fêtes qui nous élèvent spirituellement, notre quotidien est encore plus fondamental : c’est une sorte de routine du service divin qui, de jour en jour, est le véritable garant de notre ascension.

Ce passage du Midrach soulève à son tour deux questions : de quoi discutent ces maîtres et en quoi les versets qu’ils rapportent expriment-ils leurs thèses ?

Selon le Maharal de Prague, Rabbi Akiva et Ben Azaï sont en train de se pencher sur ce qui fait la grandeur de l’homme. Ces sages cherchent donc un verset qui englobe une large partie de la Torah, voire toute la Torah, un élément qui serait à l’origine des autres. De façon surprenante, le Maharal propose d'ajouter une autre version de ce midrach, qui apparaît dans l'introduction du recueil de récits du Talmud Ein Yaakov, composé par Rabbi Yaakov ben Haviv. Dans cette version, après les deux précédents avis du

midrach initial que nous avons cités, figure une suite du débat particulièrement saisissante.

Ben Zoma intervient pour dire qu’un autre verset est encore plus fondamental : « Écoute Israël, l'Éternel est notre Dieu, l'Éternel est Un. » (Deutéronome 6, 4) Sur ces entrefaites, Ben Pazi intervient à son tour en surenchérissant et en disant qu’il y en a un autre, bien plus fondamental encore, qui a trait aux sacrifices quotidiens : « L'un des agneaux tu l’offriras le matin, et tu offriras le second vers le soir. » (Exode 29, 39) Le Midrach fait alors apparaître un maître anonyme qui tranche en proclamant : « C'est l'avis de Ben Pazi qui est juste. »

On pourrait presque croire qu'il s'agit là d’une sorte de boutade, expression du sens de l'humour de nos maîtres ! En effet, comment expliquer que ce verset apparemment anodin, qui décrit le culte des sacrifices quotidiens, l’emporte et surpasse le fameux « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » et même le « Chema Israël » ?!

Le Maharal vient livrer la clé de cette énigme : à l'instar du culte permanent au Temple, notre service permanent et même routinier n’a pas son équivalent. J'espère que vous avez tous passé d'excellentes fêtes de Tichri. Ce mois est un festival d'expériences et d'émotions particulièrement puissantes qui nous infusent de nouvelles énergies, pleines d'espoir et d'optimisme. Mais si notre vie juive a sans aucun doute beaucoup à gagner aux célébrations des fêtes qui nous élèvent spirituellement, Ben Pazi veut nous apprendre que notre quotidien est encore plus fondamental : c’est une sorte de routine du service divin qui, de jour en jour, est le véritable garant de notre ascension.

Alors, mettons donc en pratique cette injonction talmudique et, plutôt que de nous résigner à la morosité du retour à la grisaille du quotidien, prenons ce retour comme un véritable défi et une exigence de mettre en pratique tous les bienfaits que nous avons acquis pendant ces fêtes… n

LPH ACTUJ 991 47 46 LPH ACTUJ 991 AU NOM DE LA LOI
Rav Avraham DRAY Communauté Gomel 'Hessed Ashdod Directeur du Bureau France au MIZRACHI mondial Fondateur de CHADARIM avdery7@gmail.com
Recevez chaque matin, par mail, L’INFO EN DIRECT D’ISRAËL 24h/24 et 6j/7 Pour s’inscrire à notre newsletter quotidienne, envoyez-nous un mail à : contactisrael@actualitejuive.com ou par tel : 058-461 62 62

L'arche de Noé

Mettre de l’ordre dans nos pulsions animales

Àce stade de l’enfance du monde, l’humanité était plongée dans le Tohou : les hommes, dans une quête sans fin de plaisirs et incapables de gérer leurs pulsions, subissaient l’emprise de leurs désirs. Ils menaient une existence de luxure, n’hésitant pas à recourir à la violence pour obtenir ce qui leur résistait. C’est à ce chaos que Dieu veut mettre fin. Il confie alors à Noé la tâche de construire une structure très spéciale : hermétique, étagée et cloisonnée, bien étanche pour résister à la puissance des éléments naturels déchaînés à l’extérieur et au travail de décantation intérieur. Doivent y être accueillis et rangés, en bon ordre et par paires, tous les animaux de la Création : tout en haut, les hommes ; en dessous, les bêtes ; au-dessous d’elles, les déchets. Dieu ordonne – pour les couples humains autant qu’animaux – de respecter une abstinence complète durant tout le séjour dans l’arche. Dehors, les éléments font rage. Des eaux brûlantes et sulfureuses détruisent tout et recouvrent le monde, tuant toute vie. La terre est purifiée et renouvelée. Dans l’arche, les choses sont organisées et pacifiées, au cours d’un processus qui dure une année entière.

On l’a compris : les bêtes représentent les pulsions dont on dit qu’elles sont « animales » : le désir, l’élan vital, l’ego de notre Tohou intérieur. L’arche peut donc être vue comme une métaphore :

celle d’une pensée correctement structurée (chacun des différents étages de l’arche est affecté à une fonction particulière) où les « animaux » (les désirs dans leur vitalité brute) trouvent harmonieusement leur place et tiennent leur rôle de moteur de l’action, mais sans déborder l’homme. De même, tout au long des cinq Livres, la Torah enseignera comment « sacrifier » notre part animale en offrant sur l’autel du service divin des animaux qui nous représentent, selon des rituels précis visant à encadrer scrupuleusement cette violence, à nous civiliser.

Ce que Noé apporte à l’humanité est essentiel : l’apaisement des sens. À travers lui, Dieu montre à chacun – seul comme Noé – comment se construire une « arche » : de solides structures mentales pour pouvoir recevoir le message divin. Noé a construit les kelim (les instruments) d’une humanité renouvelée : une nouvelle façon de penser, un langage, une attitude dans l’existence. Il nous enseigne la manière de trouver l’équilibre, de maîtriser la psyché, de canaliser les désirs, de calmer la recherche effrénée des plaisirs. C’est la fonction de l’arche, son œuvre civilisationnelle : construire des réceptacles du message divin pour les hommes, afin que l’humanité sorte de son enfance brouillonne et entre dans sa maturité.

L’arche est l’image d’une structure visant à instaurer l’harmonie.

Pardès, le Verger, ce sont les quatre niveaux d’étude de la Torah. Ariela Chetboun met par écrit l’enseignement oral reçu de ses maîtres en Kabbala et en 'Hassidout. Que cet éclairage vienne compléter ce que nous avons appris jusqu’à aujourd’hui

Crise de foi ?

Chacun de nous peut construire son arche : structurer ses connaissances, ordonner ses expériences, élaborer sa vie psychique afin de canaliser son animalité et pouvoir, à partir de là, recevoir l’influx divin pour participer, grâce à son individualité ordonnée, au Projet divin pour l’humanité. C’est cela, être homme, pour la pensée juive. n

Noa'h, nous dit le texte, est un « tsadik » (Berechit 6, 9) qui « plaît à Dieu » (Berechit 6, 8), qui « marche avec Lui » (Berechit 6, 9) dans un monde corrompu (Berechit 6, 12) où règne le banditisme (Berechit 6, 11, Rachi).

Tout celui qui a déjà eu à nager à contrecourant sait combien l’exercice est difficile. Il faut subir sans fléchir la raillerie de la majorité, celle du prêt-à-penser et du prêt-à-agir, et poursuivre inébranlablement son chemin, avec au cœur la seule certitude d’avoir raison, envers et contre tous. Il n’y a personne avec qui partager vos sentiments, personne pour vous encourager, vous signifier que vous n’êtes pas seul. Le monde entier est contre vous ! Noa'h est cet homme seul, porté uniquement par la force de sa foi et de ses convictions. Non, il ne participe pas à cette gabegie à l’échelle planétaire. Non, il ne cède pas à la tentation d’être « comme tout le monde ». Oui, il construira son arche en prévision d’un déluge dont la seule évocation fait rire le premier venu ! Il le fera au grand jour, sous le regard haineux, moqueur ou indifférent de ses semblables. Effroyablement seul, entouré uniquement de sa femme et de ses enfants, le voici qui monte sur son bateau, après avoir pris soin d’y faire une place pour les représentants du règne animal. Admirable ! Et pourtant, nos sages font la fine bouche : « Il est écrit qu’il fut “un Juste dans sa génération”. Cela signifie que s’il avait vécu au temps d’Avraham, on ne lui aurait accordé aucune valeur ! » Aucune valeur, cet homme courageux, unique résistant dans un monde dévoyé ?!

« Noa'h, ses fils, sa femme et les femmes de ses fils gagnèrent l’arche face aux eaux du déluge. » Voici ce que Rachi déduit des derniers mots de ce verset : « Finalement, Noa'h n’avait qu’une foi légère. Il croyait sans vraiment y croire à l’imminence du déluge. Il a fallu que la pluie commence à tomber pour qu’il se décide finalement à gagner le bateau. »

Au moment de l’épreuve, il doute un peu. Juste un peu. Le manque de foi de Noa'h est infime. Ce n’est qu’au moment crucial, lorsque l’épreuve devient concrète, lorsqu’il s’agit d’abandonner ses repères familiers, de partir vers l’inconnu, de mettre en pratique ses convictions, d’aller vivre réellement dans une embarcation sombre et étouffante, entouré d’animaux et emporté par les flots, qu’apparaît la différence entre Noa'h et Avraham. Entre celui qui hésite légèrement, quelques minutes à peine, et celui qui « se lèvera de bon matin », sans perdre de temps, pour accomplir la volonté divine.

Pour Rav Moshé, c’est cette hésitation de dernière minute qui, rétroactivement, explique l’échec de Noa'h durant les mois et les années qui la précédèrent. Il ne pouvait convaincre personne parce que la Emouna ne peut être communicative que si elle est authentique, limpide, transparente, entière.

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Le rav Moshé Botschko, qui nous a quittés il y a maintenant douze ans, rappelait que ce jugement réservé provenait avant tout d’un constat : alors qu’Avraham a aidé des centaines de gens à « refaire leur âme » (voir Berechit 12, 5) – pour reprendre la belle expression d’André Neher –, Noa'h, lui, n’a réussi à refaire l’âme de personne. Nul ne fut ému par son discours, nul ne fut touché par la force de sa conviction.

Mais pourquoi donc Noa'h a-t-il échoué là où Avraham réussira ? Pour le rav Botschko, la réponse se trouve au verset 7 du chapitre 7 de Berechit :

J’en profite pour souhaiter la bienvenue à Hemdat Hadarom à toutes celles qui, elles aussi, ont eu le courage de mettre en pratique leurs convictions. Car c’est par amour de la Torah et de la Terre d’Israël qu’elles ont choisi de laisser derrière elles, certaines pour une année, la plupart pour bien plus longtemps, famille et amis.

Kol HaKavod, donc, à Talia, Shyrel Ai, Shirel Am, Ava, Liora, Ella, Noa B, Lea C, Yael, Elsa Ch, Leny, Mayane, Noa C, Romy, Elsa Co, Myriam, Avigail, Lola, Mihal, Chochana, Salomé, Aura, Sterna, Abigail, Sarah I, Linoy, Levana, Rachel, Sarah M, Shirel O, Avia, Shani, Naomi, Shyrel R, Alyson, Yona, Lea S, Lana, Aliza et Anaelle !

Excellente année pour cette vingt-huitième promo ! n

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LE KLING DU MOIS
UNE ANNÉE AVEC LA CABALE
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Nougat maison

ÉTAPE 1

• Dans une poêle, faites griller les fruits secs sans ajouter de matière grasse.

• Dans une casserole, mettez le miel, le sucre et l’eau. Faites chauffer doucement en mélangeant le tout jusqu'à ce que le sirop atteigne 140°C (si vous ne possédez pas de thermomètre, faites chauffer environ 5 minutes).

ÉTAPE 2

• Montez le blanc en neige ferme et ajoutez le sirop chaud en filet tout en continuant à battre.

• Ajoutez les fruits secs et mélangez à l’aide d’une cuillère en bois.

• Versez le nougat sur une feuille de papier sulfurisé, recouvrez-le d’une seconde feuille et étalez-le sur une épaisseur d’environ 1,5 à 2 cm.

• Laissez refroidir à température ambiante et découpez le nougat en petits cubes.

g de sucre en poudre

g de miel

g d’amandes entières

g

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RECETTE
180
100
100
de pistaches non salées décortiquées 1 blanc d’œuf 1 cuillère à soupe d’eau INGRÉDIENTS PRÉPARATION Photo illustrative –non contracuelle © DR TOURNER EN DÉRISION COURGE EN CAMARGUE GRAND DISCOURS CONFRONTATION THÉOLOGIEN MUSULMAN ARMOIRIES SOUMISSION EXTRÊME MÉLANGÉ FRUITS DES BOIS SUR L’ÉCHIQUIER LE MIDI INTERDIT MESURE CHINOISE IL PARESSE AU SOLEIL LETTRE GRECQUE RENIFLÉ EAU SALÉE FLÉCHÉS 15x15 • N°1429 • © FORTISSIMOTS 2015 http://www.fortissimots.com PRONOM RÉFLÉCHI CODIFIÉ BESTIALE RONGEUR ÉPOQUE PUR-SANG PÉRIODE DE VACANCES IDENTIQUE MEMBRE SUPÉRIEUR OBTENU ASPIRA PRESSE PARTICULE APERÇU PÉRIODE COULEUR CLAIRE PRIS EN FILATURE COUVERTURE ARRIVÉE LA PREMIÈRE SORTI DE PRISON SOUHAIT RETIRÉ DU MONDE DÉTOURS BOUDDHISTE REMIS SUR PIED IL EST VIRIL IDIOT FORME D’AVOIR VIELLE GRAND-MÈRE SEMBLABLE APAISERA AVANT MIDI JEUX © FortissimotsMF 1429 V EP IS N N E T SH A B O T ACADEMIE ATHLETE CAMPING CATOGAN CHAUVE FLAIR FROMAGE FUGACE GOTHIQUE HAGARD PHARAON PLATANE PLEIADE PONTIFE PRECOCE www.fortissimots.com E FE LF U V E R TE L A H U B RN IR A L F I MU E T R O P OD AR T P E I ER N A R D L GU OL C N H R ET C R O U E OL CI U L O A AE B R K A I TE LE H T A P CR D I A V A HV NE A T A L AP S E S F D IU GC G C A M HA O I S E E QA MO A N C H TO A N V N C UH DC R M F R MO A G E N R EC OE D G N I MP A C M E O MN ER L U V O BM I L I C C EI EP R O N N GA O T A C E AC UG F C R O OC D I L E V EP IS N N E T SH A B O T ACADEMIE ATHLETE CAMPING CATOGAN CHAUVE CLONE CROCODILE ECORCE ECROU EFFLUVE EPERON FARCEUR FENNEC FLAIR FROMAGE FUGACE GOTHIQUE HAGARD HALTERE HAMAC HEURTER LUCIOLE MANCHOT METRO OMBILIC OVULE PENDULE PHARAON PLATANE PLEIADE PONTIFE PRECOCE RENARD SABOT SEDATIF SIBERIEN TENNIS VAUDOU VERROU VISCERE www.fortissimots.com E FE LF U V E R TE L A H U B RN IR A L F I MU E T R O P OD AR T P E I ER N A R D L GU OL C N H R ET C R O U E OL CI U L O A AE B R K A I TE LE H T A P CR D I A V A HV NE A T A L AP S E S F D IU GC G C A M HA O I S E E QA MO A N C H TO A N V N C UH DC R M F R MO A G E N R EC OE D G N I MP A C M E O MN ER L U V O BM I L I C C EI EP R O N N GA O T A C E AC UG F C R O OC D I L E Découvrez le mot mystère... © FortissimotsMM 402 Détendez-vous ! Solutions des jeux page 58
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Secrétaire (H/F)

N° d'annonce : 1137

Lieu : Jérusalem

Description du poste : Société spécialisée dans l'accompagnement aux personnes âgées et indépendantes recherche un.e secrétaire qui maîtrise les outils informatiques et familier/ère avec la comptabilité.

Missions principales :

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Profil :

• Français: niveau langue maternelle

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• Maîtrise totale des applications informatiques

Type de poste : Plein Temps

Du dimanche au jeudi de 8h à 16h

*Deux vendredis par mois jusqu'à 12h30.

OFFRES D'EMPLOI

Chef de projet expérimenté (H/F)

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Lieu : Raanana

Description du poste : Société spécialisée dans les voyages située à Raanana recherche un/e chef de projet expérimenté (H/F) afin de fournir les meilleurs sites Web pour augmenter la popularité, l'expérience client et la satisfaction.

Missions principales :

• Prendre la tête de l'équipe SCRUM en tant que chef de projet

• Fournir une vision et une direction à l'équipe de développement Agile et aux parties prenantes

• S'assurer que l'équipe dispose toujours d'un nombre suffisant de tâches préalablement préparées sur lesquelles travailler

• Planifier et hiérarchiser le backlog et le développement des fonctionnalités du produit pour le produit

• Assurer la gestion du backlog, la planification des itérations et l'élaboration des user stories

• Créer et maintenir un carnet de produit en fonction de la valeur commerciale ou du

retour sur investissement

• Diriger la planification des plans de lancement des produits et définir les attentes pour la livraison des nouvelles fonctionnalités

• Se tenir au courant des meilleures pratiques Agile/Scrum et des nouvelles tendances Profil

• Min. 3 ans d'expérience professionnelle antérieure en tant que chef de projet

• Master en informatique, ingénierie ou domaine pertinent similaire

• Connaissance approfondie du processus et des principes Agile

• Compétences en communication, en présentation et en leadership

• Excellentes compétences organisationnelles et de gestion du temps

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הניר

Un homme possédant la double nationalité française et marocaine décède et arrive au ciel. Le préposé à l’accueil lui annonce que son bilan de vie étant déplorable, il ira en enfer.

Le préposé : Je vous laisse le choix entre l'enfer marocain et l'enfer français.

L’homme : Mais je ne connais ni l'un ni l'autre ! Comment choisir ?

Le préposé : Eh bien, dans l’un ou l’autre, on vous met dans une grande marmite pleine d’eau, des petits gnomes mettent des bûches sous la marmite, un dragon vient allumer les bûches et vous cuisez toute la journée – et le lendemain, c’est pareil ! Mais je vous conseille plutôt le français.

L’homme : Pourquoi, puisque c'est la même chose ?

Le préposé : Pas vraiment… Dans l'enfer français, un jour les gnomes sont en grève, un jour on n'a pas livré les bûches, un jour le dragon est en RTT, un jour on ne trouve plus la marmite…

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