Jeudi 7 mars 2024
27 Adar 1 5784
Nº 1007 | Mensuel
DOSSIER NE PAS PERDRE
LE NORD !
GRAND ANGLE CES ASSOCIATIONS PORTE-VOIX
SANTÉ
COMMENT COMPRENDRE LES COMBATTANTS
QUI REVIENNENT DU FRONT
ATOUT CŒUR CÉLIBAT : CHOIX OU FATALITÉ ?
BOUJENAH
BYE BYE LES
MAGNIFIQUES !
ל''כנמ
Directeur de la publication
Ariel Kandel
תישאר תכרוע Rédactrice en chef
Anne-Caroll Azoulay caroll@actualitejuive.com
Journalistes :
Esther Amar
Guitel Ben-Ishay
Béatrice Nakache
Nathalie Sosna-Ofir
Pascale Zonszain
Eden Levi-Campana
Charles Szlakmann
Contributeurs :
Yoel Benharrouche
Avraham Dray
Yoel Haddad
Ariela Chetboun
Elie Kling
Carole Rotneimer
Daniel Rouach
Correctrice
Carine Brenner
Direction artistique
Studio Actualité Juive
Service iconographique
Istock – Flash 90
Service commercial et publicitaire contactisrael@actualitejuive.com 058-461-6262
Service abonnements
contactisrael@actualitejuive.com
Secrétariat AJ MAG/AJ 058-461-6262
Adresse
10-12 rehov HaRav Agan, Jérusalem
Contact petites annonces contactisrael@actualitejuive.com
AJ MAG Supplément mensuel de l’hebdomadaire Actualité Juive הצפה Distribution
Points francophones partenaires
Liste des points de vente : www.lphinfo.com/points-de-vente
Lire AJ MAG sur le net : https://lphinfo.com/lire-lph-magazine/ La direction décline toute responsabilité quant au contenu des textes et des publicités, qui n'engagent que leurs auteurs.
EN COUVERTURE :
©DR
We will laugh again
S’il n’y avait pas de vies en jeu, on pourrait presque rire de ce bal du grotesque caricatural. Israël est « blacklisté ».
On ne veut pas de nous au concours de l’Eurovision ni aux Jeux olympiques. Aucun bobo mondain des Césars parisiens n’a jugé utile de dénoncer les pogroms et les tortures organisés et perpétrés par le Hamas le 7 octobre. La Berlinale (festival de cinéma créé en 1951 et se tenant chaque année début février à Berlin) a été un podium pour des personnalités vêtues de keffiehs qui ont déclaré « être pour la vie et contre le génocide à Gaza ». L’UNRAW a été proposé pour recevoir le prix Nobel de la paix. Faut-il continuer ? Le pire navet n’aurait osé proposer des scénarios aussi improbables !
édito
Alors oui, c’est bientôt Pourim, et oui, nous avons le sens du tragicomique, mais jusqu’à quand pourra-t-on supporter que ces gargouilles nauséabondes sans aucune autre légitimité que leur propre orgueil crachent ainsi sur notre peuple et notre nation, cinq mois après ce qui restera une des pires dates de l’histoire d’Israël ?
Selon toute probabilité, une seconde étape va devoir s’enclencher pour permettre aux citoyens du nord d’Israël d’enfin rentrer chez eux. Nous ne savons pas encore quelle en sera l’envergure. En attendant, nous vous proposons d’en apprendre un peu plus dans le dossier que nous consacrons aux enjeux liés à cette si belle région.
Israël est un petit pays où les différentes composantes du peuple juif sont réunies dans une communauté de destin, et nous nous devons de connaître notre patrie jusque dans ses moindres recoins. Nord, Sud, Judée-Samarie, les fronts sont multiples mais nos cœurs ne font qu’un, peu importe l’endroit d’Israël où la main de Dieu nous a guidés pour nous installer.
Certaines régions d'Israël devraient d'ailleurs faire l'objet d'un regain d'intérêt de notre jeunesse héroïque. Le Premier ministre a en effet annoncé le 29 février qu’une loi était en cours de préparation pour accorder de considérables avantages financiers aux soldats ayant servi dans les rangs de Tsahal afin qu’ils puissent acquérir un terrain en Galilée ou dans le Néguev : selon cette loi, les soldats n’étant pas déjà propriétaires d’une habitation bénéficieront d’une réduction de 90 % à 95 % sur le prix de terrains. « Nos héroïques combattants l’ont mérité. Ils défendent la maison ; ils recevront un terrain pour construire leur maison », a déclaré B. Netanyahou. Reste à espérer que cette loi voie le jour.
En ce mois d’Adar où il est bon de « multiplier la joie » envers et contre tout et tous, Michel Boujenah nous a fait l’amitié de nous accorder une interview, dans laquelle il lance : « Attention, ce n'est pas parce qu'on rit qu'on n’est pas sérieux. Il faut arrêter de mettre en conflit le rire et le sérieux. Le rire, c'est très sérieux, et c'est très sérieux de faire rire. Il n'y a pas plus important que le rire. Une société qui ne rit pas, elle meurt ! »
« We will dance again ! » (« Nous danserons de nouveau ! ») : après le massacre perpétré par le Hamas sur les lieux du festival Nova, cette phrase, expression de l’instinct de vie des Israéliens, est devenue célèbre. De même, nous l’affirmons haut et fort : we will laugh again – nous rirons de nouveau ! n Pourim saméa'h !
AJ MAG N° 1007 3
sommaire N° 1007
5 CARTES SUR TABLE
Invalide
6 À L'AFFICHE
Michel Boujenah : « Une société qui ne rit pas, elle meurt ! »
24 DÉCOUVERTE D'ISRAËL
Hérodion
26 BON À SAVOIR
Yedidim consacrée « héros du front intérieur »
LEADERSHIP
Les « soft skills »
29 ATOUT CŒUR
Le célibat : choix ou fatalité ?
30 GRAND ANGLE
• Ces associations porte-voix
• Marche des mères
• Le Forum des familles d’otages et de disparus
38 SANTÉ
Celui qui revient de Gaza n'est plus le même, bien qu'il en ait l'air
10-22 DOSSIER
NE PAS PERDRE LE NORD !
l ISRAËL-LIBAN : LES FONDAMENTAUX
- Les relations avec le Liban depuis la création de l'État d’Israël
- La montée du Hezbollah
- La France et le Liban
l LES KIBBOUTZIM DE HAUTE GALILÉE PRIS POUR CIBLE
l LES ÉVACUÉS DU NORD
l LA SITUATION PARTICULIÈRE DES ISRAÉLIENS DE « TSADAL »
40 NEWS À LA LOUPE
La censure militaire
ET AUSSI...
Au nom de la loi et horaires de chabbat (42), le Kling du mois (44), Une année avec la Cabale (45), Judaïsme (46), Recette (48), Jeux (49), Immobilier (52)
4 AJ MAG N° 1007
CARTES SUR TABLE Invalide
PAR ARIEL KANDEL
L'allocution du président français Emmanuel Macron aux Invalides le 7 février dernier, diffusée en direct place des otages à Tel Aviv © Flash90
La stupéfaction règne face au comportement de Macron qui, depuis le début de la guerre et selon son habitude, continue à faire de l'« en-même-tempstisme ». Car parallèlement à la cérémonie à la mémoire des victimes françaises du Hamas, il n'a pas pu s'empêcher de dire qu'il y aurait aussi un « temps mémoriel » pour les victimes française de Gaza. Mais j'irai plus loin : la France doit cesser de commémorer les victimes juives. Nous ne voulons plus de commémorations, nous voulons des soldats qui combattent à nos côtés. Cette solitude n'est plus acceptable. Il est temps pour la France de condamner définitivement les célèbres paroles de De Gaulle au sujet du peuple juif. Les héritiers de ce dernier, qui nous définissait comme « un peuple sûr de lui-même et dominateur », doivent comprendre une bonne fois pour toutes que le destin du peuple juif n'est pas d'être lié à la Diaspora mais d'être souverain sur sa terre.
« Levez-vous ! », disait au peuple juif Napoléon qui est enterré sous le dôme doré proche de l'esplanade
des Invalides. « Montrez que toute la puissance de vos oppresseurs n'a pu anéantir le courage des descendants de ces héros […]. Montrez que deux mille ans d'esclavage n'ont pas réussi à étouffer ce courage ! »
Dans la cour des Invalides, les photos des Juifs tombés au combat auraient dû les présenter en uniforme de Tsahal, car telle a été leur dernière volonté : servir leur peuple et mourir pour le défendre. À tous, y compris la France, de respecter cette volonté. L'habit ne fait pas toujours le moine – en hébreu, il se dit d’ailleurs « béguède », qui signifie aussi trahison, car l'habit trahit, il ne reflète pas la réelle personnalité de l'individu qui se cache dessous. Mais dans notre cas, l'habit est essentiel. Bien plus que transformer celui qui le porte en beau gosse, l'uniforme kaki de l'armée des Juifs est la mission d'une vie. Celui qui le porte est formé pour protéger son peuple. Désolé, mais cette cérémonie à Paris était invalide. Il ne faut pas commémorer les morts mais leurs actions de bravoure. Ce sont elles qui nous donnent la force de poursuivre leur combat. n
AJ MAG N° 1007 5
Michel Boujenah : «
Une société qui ne rit pas, elle meurt ! »
Dans le prolongement d’une extraordinaire carrière, riche d’intelligence et de générosité, Michel Boujenah est parti en tournée avec son nouveau spectacle
– « les magnifiques » étant Maxo, Julot, Guigui, trois vendeurs de pantalons, trois personnages qui ont fait son succès.
En marge de sa tournée, Michel Boujenah a été invité à présider le jury de la quatrième édition du festival Dia(s)porama, qui porte un regard critique sur le cinéma juif international et qui s’est tenu du 22 janvier au 5 février dernier. C’est dans l’espace commun de la salle Rachi que nous nous sommes installés sur un coin de table avec Michel Boujenah pour qu’il nous parle de son nouveau spectacle.
6 AJ MAG N° 1007
À
© DR
L'AFFICHE
À L'AFFICHE
Juifs dans la mesure où ils vivaient dans un ghetto. Juifs dans la mesure où ils étaient une minorité au milieu d'une grande majorité, et considérés comme différents – et eux-mêmes se voyaient aussi comme , ils se sont tellement identifiés qu'ils ont fait un spectacle sur la folie, et c'était extraordinaire. Ils ont eu énormément de succès, à l'époque : on venait de partout pour voir leur spectacle à la fin de l'année, c'était incroyable, Le Monde. C'était il y a très longtemps, j’avais 22 ans – j’en ai aujourd’hui 71. Ce n'était pas moi qui faisais le spectacle. Je n'écrivais pas. Moi, j'étais seulement celui qui permettait. Je me persuadais que c'était possible en leur disant que c'était possible. Alors au bout d'un moment, j'ai été jaloux, et j'ai voulu faire comme eux. Et puis, il y a eu la découverte de l'antipsychiatrie… Je venais d'un théâtre militant. Je venais de l'extrême gauche. Je suivais les cours de Michel Foucault au Collège de France. Je venais d'un endroit où l’on ne parlait pas de soi. Les retrouvailles avec des copains de Tunis avec qui l’on va manger des
À 22 ans ? J'allais manger le couscous chez ma mère, mais c'était juste culinaire. Il n'y avait pas de symbolique derrière cela pour moi – en tout cas, je ne m'en rendais pas compte. Et puis, j'ai décidé de faire un spectacle qui soit une métaphore autour de mon histoire – parce que je ne ressemble pas du tout à mes personnages. Je suis un intellectuel, fils d'un médecin juif tunisien, communiste, intello, très cultivé. Mais c'est mon peuple. Et avec ce spectacle, tout d'un coup, tout est devenu clair, il n'y avait plus de brouillard. lll
AJ MAG N° 1007 7
lll
C’est ainsi que la réussite est arrivée ? Ce fut laborieux… À 25 ans, toujours rien. J’étais désespéré. Un jour, mon père m’a demandé ce que je voulais faire de ma vie et je me suis effondré en larmes. Les enfants, eux, avaient du succès – grâce à eux, pas grâce à moi. Moi, j'étais au bout du rouleau. J'avais commencé ce métier à 17 ans, cela faisait des années que je me battais. J'ai créé plein de spectacles avec ma troupe. On n'avait jamais que trois spectateurs. Je ne souffrais pas quand je travaillais ; j'étais plein d'énergie, plein de force, plein d'envies, plein de rêves. Mais je faisais fausse route. Je me suis rendu compte que le théâtre, si l’on n'a pas de public, cela ne sert à rien. Ce n'est pas comme un film, un livre ou de la musique. Un livre peut être lu par trois personnes et puis, cinquante ans plus tard, quelqu’un va le découvrir et dire : « c'est génial ». Mais ce n’est pas le cas pour le théâtre, pour le spectacle vivant. J'ai dit à mon père que cela ne servait à rien de faire des spectacles si la salle était vide. Finalement, la réussite est arrivée le jour où j'ai fait
un spectacle sur un petit Juif qui arrive à Sarcelles – là, c’est parti ! Non seulement j'ai éprouvé un bonheur fou à le faire, mais le public aussi ; il y avait la rencontre. C’est pour cela que cette histoire de Less Than Kosher et le personnage de cette fille résonnent très fort en moi.
Less Than Kosher a obtenu le Prix du Jury à l’unanimité ?
Oui. Il y a eu de grosses discussions sur les films. Pascal [ndlr : Pascal Elbé], notamment, aime bien discuter, parfois il est lourd (rires). À la fin, nous étions pratiquement tous d’accord sur le choix des films. Pascal, c'est un bonheur, c'est comme un petit frère, mais il m'a quand même dit : « Quand on discute film, on discute film ! » Attention, ce n'est pas parce qu'on rit qu'on n’est pas sérieux. Il faut arrêter de mettre en conflit le rire et le sérieux. Le rire, c'est très sérieux, et c'est très sérieux de faire rire. Il n'y a pas plus important que le rire. Une société qui ne rit pas, elle meurt ! Qu'est-ce que l'humour, sinon la tragédie ? C'est une vraie question. Regardez le travail d'Avner Ziv, professeur de psychologie à l'Université de Tel Aviv. Lisez ses bouquins là-dessus, c'est génial (*). Chez moi, c'est plus instinctif, ce n'est pas réfléchi. Moi, j'aime rire, c'est ma vie. Une journée où je ne ris pas, je suis foutu. Je trouve toujours un moyen pour rire, c'est obsessionnel. C'est parce que j'ai besoin de cela.
Michel Boujenah regarde en direction de Pascal Elbé et poursuit dans un sourire :
– Ce n’est pas pour son intelligence que j'aime Pascal Elbé. J'aime Pascal Elbé parce qu'il me fait rire. En plus, il est intelligent aussi – enfin, cela reste à prouver (sourire), mais de toute façon il n'entend pas d'ici !
Il se lève et va rejoindre Pascal Elbé. Ce dernier discute avec Patrick Braoudé et l’équipe de Dia(s)porama. Il se colle derrière lui, s’approche de son oreille et répète plus fort :
– Ce n’est pas pour son intelligence que j'aime Pascal Elbé. J'aime Pascal parce qu'il est drôle. Et c'est le seul type drôle qui est con. Tu vois ? T'as compris ?
Pascal Elbé se retourne, sourire aux lèvres, prend Michel Boujenah dans ses bras et lui dit :
– Le seul président qui confonde l’hébreu et l’anglais, franchement, qu’est-ce que je peux répondre à çà ?
Tous deux se mettent à rire, suivis par le groupe. L’entretien se finit donc dans un immense éclat de rire général. n
(*) Avner Ziv : L'humour en éducation : approche psychologique
8 AJ MAG N° 1007 INTERVIEW
Ne pas per
À la date du 4 février, on avait recensé plus de 500 maisons touchées par les tirs du Hezbollah depuis le 7 octobre, des dizaines de blessés et 16 morts. Près de 100 000 personnes ont été déplacées de chez elles. Éloigné géographiquement, le front nord nous paraît plus abstrait, nous maîtrisons moins son histoire et ses enjeux. L’occasion pour AJ MAG de faire le point.
dre le Nord !
RÉALISÉ PAR ANNE DA COSTA
DOSSIER
ISRAËL-LIBAN : LES FONDAMENTAUX
Pour bien comprendre la situation géopolitique de la région nord d'Israël, il faut maîtriser quelques fondamentaux.
Les relations avec le Liban depuis la création de l'État d’Israël
Le Liban est considéré comme un pays ennemi. Il fait partie des cinq pays – Irak, Jordanie, Syrie, Égypte et Liban – qui, en mai 1948, au terme du mandat britannique sur la Palestine, sont partis en guerre contre Israël.
Après la guerre d’indépendance, le Liban, comme d’autres pays arabes, est devenu une terre de refuge pour les Palestiniens. En 1970, après « Septembre noir », lorsque Yasser Arafat et les Palestiniens ont voulu renverser le roi Hussein de Jordanie et que celui-ci a riposté par une répression qui a fait plus de 10 000 morts palestiniens, la direction de l’OLP s’est déplacée de la Jordanie au Liban. Le Liban, ayant signé l’année précédente les accords du Caire, s’est vu contraint de les accueillir. Les Palestiniens ont commencé à organiser des commandos à la frontière israélo-libanaise, ce qui fera de la ville de Kiryat Shmona, au nord d’Israël, la cible fréquente de missiles – « katiouchas » – en provenance du Liban.
En 1975, une guerre civile éclate entre les différentes communautés du Liban ; elle durera jusqu’en
12 AJ MAG N° 1007 DOSSIER
©
Al
Le leader palestinien Yasser Arafat au Sud-Liban en 1978
Autorité Palestinienne via Abed Al Rahim
Khatib/Flash90
1990, faisant des centaines de milliers de morts. Pas de trêve, cependant, pour Israël qui continue à voir ses villes du Nord prises pour cibles.
En mars 1978 a lieu le massacre du Kvich ha'Hof : 11 terroristes de l’OLP en provenance du Liban prennent le contrôle d’un autobus israélien. Le bilan est lourd : 35 civils sont tués, dont 13 enfants, et 71 personnes sont blessées. En réponse à cet attentat, trois jours plus tard, l’opération Litani, sous le commandement du chef d’Étatmajor Mordekhaï (Motta) Gour, vise à repousser l’OLP au-delà du fleuve éponyme.
Le 3 juin 1982, la tentative d’assassinat de Shlomo Argov, ambassadeur israélien à Londres, par l’organisation palestinienne terroriste d’Abou Nidal est l’étincelle qui déclenche la première guerre du Liban. Ariel Sharon, alors ministre de la Défense, entraîne Menahem Begin, Premier ministre, dans ce qu’il croyait à l’époque être une opération limitée dans le temps. Cette opération, nommée « Chlom HaGalil » – « Paix en Galilée » –, sera par la suite rebaptisée « première guerre du Liban ». Son objectif, comme son nom l’indique, est de démanteler l’OLP afin de faire régner la paix en Galilée (région au nord d’Israël).
À l’arrivée des troupes de Tsahal au Liban, les populations chrétiennes et chiites les accueillent avec du riz, comme les libérateurs qui vont les délivrer des Palestiniens, ces sunnites qu’ils haïssent.
Un accord de paix est signé mais Tsahal reste au Liban jusqu’en 1985 pour sécuriser la région et assurer le calme.
La montée du Hezbollah
De 1982 à 1985, les chiites, enfin débarrassés des Palestiniens, ne voient pas d’un bon œil la présence de l'armée israélienne sur leur territoire et commencent à se retourner contre ceux qui avaient d’abord été leurs « sauveteurs ». Avec l’aide financière et militaire de l’Iran, ils fondent le Hezbollah, parti politique et groupe paramilitaire islamiste chiite terroriste, qui adopte l’idéologie religieuse de l’ayatollah Khomeini. Son but principal : le djihad contre Israël.
Les attentats se multiplient, aussi bien entre les différentes communautés ethniques du Liban que contre « l'impérialisme occidental » : Français, Américains, Israéliens et toute autre puissance étrangère au Liban. Le principal rival du Hezbollah reste cependant les milices Amal, « mouvement des dépossédés » créé en 1974 dans le but de « réformer et
améliorer le système politique en Iran ». Ces dernières tiennent le Hezbollah pour seul responsable des ripostes israéliennes. Ils s'affrontent brutalement puis finiront par conclure un accord en 1990.
Après l'élimination d'Abbas Moussaoui le 16 février 1992 par Israël, Hassan Nasrallah, alors âgé de 32 ans, est invité par l'ayatollah Ali Khamenei et par le Conseil des sages du Hezbollah à prendre la tête du parti ; l'Iran est en effet, avec la Syrie, le principal bailleur de fonds de ce parti.
Sous la conduite de Nasrallah, le Hezbollah devient un adversaire sérieux de l'armée israélienne au Sud-Liban.
En juin 1985, lorsque Tsahal se retire du Liban, elle laisse en place une milice chrétienne : l'Armée du Sud-Liban – baptisée en hébreu « Tsadal ». Tsahal maintient également des camps avancés au sud du Liban, et ce, jusqu’en mai 2000, date du retrait intégral de l’armée israélienne du Liban. lll
AJ MAG N° 1007 13
DOSSIER
Avril 1985 : les blindés israéliens quittent le Sud-Liban pour regagner leur base dans le nord d'Israël. © GPO
DOSSIER
lll
En 2000, une partie de l'Armée du Sud-Liban, alors considérée comme traître au Liban, émigre en Israël de peur de représailles. D’autres se rendent : ils seront jugés et emprisonnés dans le meilleur des cas, ou torturés et massacrés par les foules vengeresses pour les moins chanceux… Ehud Barak, alors Premier ministre, sera critiqué pour avoir abandonné à leur sort ses alliés, et par la suite l’État d’Israël versera des indemnités à leurs familles. Le retrait des troupes israéliennes est considéré comme une victoire par les Libanais et entraîne la popularité du Hezbollah au Liban. Le Hezbollah prend alors le contrôle de la zone désertée au sud du Liban. En jouant un rôle clé dans la fin de l’occupation israélienne, Nasrallah est devenu un « héros national ». Le New York Times rapportait qu'un homme politique arabe l'avait qualifié d'« homme le plus puissant du Moyen-Orient » et du « seul dirigeant arabe qui fait réellement ce qu'il dit qu'il va faire ». Hassan Nasrallah est souvent appelé « al-Sayyid Hassan », titre honorifique désignant une descendance du prophète Mahomet par l'intermédiaire de son petitfils Al-Hussein ibn Ali.
six ans ses agressions contre Israël : menaces, tirs de missiles, enlèvements… Des dizaines d’Israéliens sont tués et blessés. En 2006, une attaque à la frontière, lors de laquelle deux soldats sont
Le 7 octobre 2000, le Hezbollah attaque Israël et enlève trois soldats à la frontière. Ils seront tués et leurs corps seront rendus en 2004 contre des prisonniers terroristes. Ehud Barak ne réagit pas, ou trop peu. Le Hezbollah, qui interprète cela comme de la faiblesse, poursuit pendant
enlevés et huit tués, entraînent le Premier ministre Ehud Olmert à lancer des représailles de grande ampleur qui dureront 34 jours : c’est la deuxième guerre du Liban. À la suite de cette guerre, le calme règne pendant dix-sept ans à la frontière nord. Mais le Hezbollah a profité de cette période pour mettre en place des effectifs à la frontière ;
et depuis le 7 octobre 2023, sans annonce officielle, les villes du nord d'Israël sont à nouveau les cibles de nombreuses attaques, à tel point que l'armée, trop occupée avec le Hamas au Sud et en état d’alerte en Judée-Samarie, se voit contrainte, pour la première fois depuis sa création, d'évacuer les habitants du nord d’Israël. Officiellement, le Liban n’a jamais reconnu Israël. Cependant, l’accord historique signé mi-octobre 2022 et visant à délimiter une frontière maritime afin de permettre au Liban en crise économique (1000 milliards de dettes en 2021) l’exploitation de gaz maritime en Méditerranée, semblait pourtant annoncer une nouvelle ère plus optimiste. Hélas, à l'heure où nous écrivons ces lignes, les attaques sur Israël, qui se sont intensifiées depuis le 7 octobre, rendent de plus en plus probable la possibilité d’une troisième guerre du Liban et incertain l’avenir du Liban…
La France et le Liban
Vers la fin de la Première Guerre mondiale, après la chute de l’Empire ottoman, la France et le Royaume-Uni se partagent la terre du Moyen-Orient ; en mai 1916, les deux pays signent les accords secrets SykesPicot qui le morcellent en cinq zones et, ainsi, définissent les premières frontières du partage du territoire entre la mer Noire, la mer Méditerranée, la mer Rouge, l’océan Indien et la mer Caspienne.
14 AJ MAG N° 1007
Une femme voilée embrasse un poster géant du leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah. © Flash90
À l’encontre des promesses faites aux différentes populations, et en particulier aux Arabes à qui l’on avait promis un « grand royaume arabe », les frontières de cet accord se déplaceront selon les aléas des accords entre la France et le Royaume-Uni. La Palestine, originellement destinée à être une zone internationale, sera cédée au Royaume-Uni, et les révoltes des populations en Irak, en Palestine et en Syrie seront violemment réprimées.
Les frontières définitives sont fixées à la conférence de San Remo en avril 1920. La France obtient un mandat sur le Liban et la Syrie – le Liban, contrairement à la Syrie, se montrera favorable au mandat français –, tandis que la Mésopotamie, la Palestine et la Transjordanie reviennent au Royaume-Uni.
Ce n’est qu’en 1943 que la France rend son mandat au Liban et que cette dernière devient une entité indépendante. Dans les années 1960, ses plages, ses clubs et ses casinos font du Liban, que certains iront jusqu’à nommer « la Suisse du Moyen-Orient », une des destinations de vacances favorites des Français. 1967, avec le début de la guerre des Six Jours, marque la fin de l’ère paradisiaque au Liban. Pour ses intérêts pétroliers, la France maintient cependant d’étroites relations avec le Liban. À la suite de la guerre des Six Jours, De Gaulle se range du côté libanais en déclarant un embargo sur Israël qu’il traite de « peuple sûr de lui, fier et dominateur ». Il faudra attendre François Mitterrand – premier président français à se rendre en visite officielle en Israël –, dans les années 1980, pour voir les relations entre la France et Israël se resserrer. Mais avec l’élection de Jacques Chirac en 1995, ces
relations se détérioreront à cause du support de la France à Yasser Arafat au début de la deuxième intifada.
En 2006, la France déploie 2000 soldats au Liban afin de faire respecter la fin de la deuxième guerre du Liban. En 2019, le Premier ministre libanais rencontre Emmanuel Macron, et la France promet de débloquer 250 millions d’euros afin d’aider le Liban en situation économique catastrophique à la suite des guerres civiles qui y ont fait rage depuis 1975. Mais en 2020, il y a une rupture. Macron se serait entretenu avec Mohamad Raad, chef parlementaire du Hezbollah, pour essayer de se mêler de la stabilité politique de la région. Cependant ces tentatives échouent et Macron ira même jusqu’à parler
de « trahison » de la part des dirigeants libanais.
La France reste tout de même investie au Liban, avec l’accord d’exploration et d’exploitation du gaz signé en 2018. C’est sans doute la raison pour laquelle l’Élysée, début janvier, a demandé à Israël d’éviter toute escalade du conflit. À l’heure où nous écrivons ces lignes, alors que les tirs en provenance du Liban sont quotidiens et qu’une nouvelle guerre avec le Liban semble imminente, la France affiche son soutien à Israël depuis le début de la guerre contre le Hamas. Il sera intéressant de voir si elle change de ton une fois la guerre déclarée. À suivre…n
Remerciements à David Shapira, historien et guide
AJ MAG N° 1007 15
DOSSIER
© DR
Les frontières fixées à la conférence de San Remo en avril 1920
Les kibboutzim de Haute Galilée pris pour cible
Depuis le début de la guerre, Israël est attaqué au nord du pays par le Hezbollah. Les habitants du Nord sont évacués et ceux qui sont le plus touchés sont les kibboutzim de Haute Galilée, à la frontière.
Entretien avec Giora Zaltz, président du conseil de Haute Galilée depuis 2012.
AJ MAG : Combien y a-t-il de localités et d'habitants en région de haute Galilée ?
Giora Zaltz : La Haute Galilée comporte 29 localités, qui sont toutes des kibboutzim, et près de 23 000 habitants.
Combien, parmi cette population, ont été évacués, et où ?
Dans tout le Nord, environ 100 000 habitants ont été évacués, parmi lesquels, au début, 17 000 ou 18 000 habitants de Haute Galilée, soit plus de 70 % des habitants. Mais c’était pour une courte période seulement ; aujourd’hui, nous comptons 11 000 évacués. Au début, la population a été évacuée dans des hôtels qu’on a essayé de concentrer dans la zone géographique autour de Tibériade, mais aujourd’hui il n’y a que 3000 habitants environ dans les hôtels et le reste est éparpillé. La plupart de la population a choisi de rester dans la même zone mais de louer des appartements.
Au début, c’était un peu la panique : comment avezvous décidé qui serait évacué ?
Il y a eu deux évacuations. C’est nous qui avons pris l’initiative de la première : dès le premier jour où nous avons été attaqués, nous avons évacué la majeure partie de la population. Une semaine après, le gouvernement a évacué les localités à côté de la frontière, et deux semaines plus tard, toutes les localités se trouvant à moins de 3,5 km de la frontière. Celles qui sont
à plus de 3,5 km de la frontière et qui sont quand même dans la ligne d’affrontement ont également été évacuées, mais sans l’aide du gouvernement.
Parlons des aides : de quoi bénéficient les populations déplacées ?
Le gouvernement donne le choix entre deux possibilités : soit être évacué dans un hôtel en pension complète, soit une aide de 200 shekels par jour par adulte et 100 shekels par enfant. À part cela, les évacués bénéficient aussi d’une exemption d’Arnona [taxe d’habitation].
Au niveau du conseil régional, nous avons débloqué des aides de 100 000 shekels par kibboutz par mois.
Et qu’en est-il pour ceux qui se trouvent dans la ligne d’affrontement mais pas à moins de 3,5 km de la frontière ?
Malheureusement, ils n’ont droit à aucune aide. Au début, nous les avons aidés de façon symbolique, mais aujourd’hui ils ne sont pas aidés du tout.
Quels sont les principaux secteurs d’activités touchés par la guerre en Haute Galilée ?
Le secteur du tourisme, qui représente 20 à 25 % de l’activité économique de la région, et celui de l’agriculture, qui en représente 15 à 20 %, sont presque entièrement arrêtés. Les petites entreprises sont toutes fermées. Les grandes entreprises sont
16 AJ MAG N° 1007 DOSSIER
Ci-dessus : fabrication de chaussons dans l'usine du géant israélien de la chaussure, Teva-Naot, dans le kibboutz Dafna Ci-contre : excursion en famille en Haute-Galilée, près de Gonen © Flash90
parties travailler dans d’autres endroits ; il ne reste que celles qui utilisent des machines lourdes, non transportables.
Les répercussions économiques sont énormes !
Et ce que nous perdons aujourd’hui n’est pas tout. Ma crainte est que certaines des grandes entreprises qui sont parties ne reviennent pas et que les petites entreprises ne soient pas en mesure de reprendre leur activité après la guerre.
besoin de l’intervention du gouvernement. Or il ne se penche pas encore sur ce sujet. Sans l’aide de l’État, la reprise sera très difficile. n
Essayez-vous déjà de réfléchir à des solutions ?
Oui, mais pour la plupart des solutions nous avons
Liste des 14 kibboutzim évacués à la date de la rédaction de cet article : Baram, Dan, Dafna, HaGoshrim, Yiftah, Yiron, Kfar Guiladi, Malkia, Manara, Maayan Baruch, Misgav Am, Sasa, Tzivon, Snir.
AJ MAG N° 1007 17
Les évacués du Nord
Ils sont 100 000. En hébreu, on les appelle les « mefounim » : les évacués. Ils vivent pour la plupart dans des hôtels et n’ont pas le droit de rentrer chez eux car leur zone de résidence est dangereuse. Afin de comprendre la situation sur place, nous sommes allés à la rencontre de deux familles : Stéphane Juffa, Israélien du Nord depuis plusieurs générations, et Camil et Zeina (voir leur interview page suivante), dont ce n’est pas la première évacuation puisqu’ils font partie des familles de l’armée du SudLiban réfugiées en Israël. Stéphane Juffa habite à Kiryat Shmona. Journaliste franco-israélien, il se présente comme spécialiste en stratégie et relations internationales. Sa maison et les bureaux de son agence, Metula News Agency, « Ména » en abrégé, ont été bombardés par le Hezbollah. Il nous reçoit dans un hall d’hôtel à Tibériade. Il aurait préféré nous donner rendez-vous à Kiryat Shmona, mais l’endroit est encore une zone militaire fermée.
AJ MAG : Depuis combien de temps habitez-vous en Israël ?
Stéphane Juffa : Je suis né en Israël, ma famille vient de la région de Emek Ha'Hula, non loin d’ici. Je fais partie des trois familles qui sont originaires du Doigt de la Galilée : les Yafé, les Sofer et les Harari – à peu près 5800 personnes qui n’ont jamais quitté Israël depuis des générations. Au moment de la Deuxième Guerre mondiale, deux de mes oncles qui se sont engagés dans la brigade de Palestine du Royaume-Uni ont été contraints de changer leur nom et depuis, chaque année, la famille se réunit pour décider si oui ou non nous reprenons notre nom d’origine.
Pouvez-vous retracer pour nous votre parcours ? Je suis journaliste depuis dix-huit ans, j’ai eu ma première carte de presse quand je travaillais à L’information d’Israël, le seul journal francophone d’Israël. Mais je suis aussi pilote de ligne pour une compagnie d’aviation suisse. J’ai collaboré au Wall Street Journal et à plusieurs autres journaux avant de fonder l’agence en mai 2000 avec cinq amis
18 AJ MAG N° 1007 DOSSIER
© DR
DOSSIER
– un Libanais, un Français, un Palestinien et deux Israéliens – parce que, las de voir les journalistes internationaux qui venaient commenter sur le terrain sans connaître le contexte géopolitique, nous avons décidé de prendre les choses en main.
Depuis quand avez-vous dû partir de chez vous ?
Depuis la mi-décembre.
Avez-vous déjà été évacué du Nord par le passé ?
Non. C’est une catastrophe. C’est la première fois qu’on demande aux gens de partir, ce qui est complètement aberrant de la part d’un gouvernement de droite. Je pense à mon grand-père qui a défendu Metula avec six fusils alors qu’en face ils étaient 200. Nous vivons une situation complètement incohérente qui, sans entrer dans la politique, est due à un Premier ministre incompétent. Il n’a pas encore commencé à penser à ce qu’il se passe au Nord.
communiquer ; on doit parler à nos ennemis selon la vieille méthode du bâton et de la carotte. On ne peut pas menacer tous les Libanais sans distinction en disant : « Si jamais il y a une guerre, je vais renvoyer le Liban à l'âge de pierre ! »
Le rôle de l‘armée est de se battre, le rôle du gouvernement est de donner la liberté politique de se battre. Il faut convoquer le gouvernement libanais dans un pays tiers pour discuter de paix : s’ils n’acceptent pas l’invitation, on aura la légitimité d'entrer en guerre.
Avons-nous les effectifs suffisants pour nous battre sur deux fronts ?
Qu’aurait-on pu faire différemment ?
Nous nous sommes fait agresser le 8 octobre par le Hezbollah. Nous sommes une puissance régionale, il faut faire en sorte qu’autour de nous, dans notre proximité immédiate, il n’y ait pas de danger potentiel. Le Hezbollah ne peut pas être à nos frontières au nord d’Israël. Une des fonctions du gouvernement pendant une guerre est de
40 ans de tunnels...
Le quotidien français Libération, publie une enquête selon laquelle le Hezbollah creuserait des tunnels depuis les années 1980 avec l’aide de la Corée du Nord.
D’après Libération, le Hezbollah a creusé des centaines de kilomètres de tunnels à une profondeur allant de 40 à 80 mètres. Toujours selon cette enquête, les tunnels sont plus sophistiqués et plus dangereux que ceux de Gaza, et l’explosion de certains tunnels pourrait provoquer un tremblement de terre ou des glissements de terrain.
Pendant la guerre de Kippour, nous étions à peu près 300 000 soldats israéliens, et nous avons combattu contre 1 500 000 Égyptiens et 700 000 Syriens. Nous sommes la cinquième plus grande armée du monde. Depuis le 7 octobre, 450 000 soldats ont été mobilisés : c’est plus que ce que nous avions pendant la guerre de Kippour. Le Hezbollah, ce sont seulement environ 30 000 terroristes. Nous avons la capacité de les vaincre, mais nous ne faisons rien. Ils nous tirent dessus depuis le village de Kila, « Kfar Kila », mais en deux heures, avec seulement 10 chars d’assaut et 200 soldats, ce village n’existerait plus… Nous avons tout ce qu’il faut pour protéger nos maisons, alors il faut les protéger ! Ce n’est pas uniquement de la pierre, c’est notre vie ! n
Après le 7 octobre, Israël aurait lancé des bombes au phosphore au Sud-Liban pour détruire la végétation et découvrir les entrées de ces tunnels.
Une source militaire israélienne a déclaré au quotidien français que Tsahal utilise des détecteurs de mouvement, des fibres optiques liées au réseau 4G, des robots, des drones, ainsi que des sources d’informations, pour cartographier le réseau de tunnels.
Les tunnels sont creusés manuellement par les hommes du Hezbollah, à l’aide de marteaux pneumatiques ou d’équipements hydrauliques, plus silencieux.
On estime que chaque ouvrier peut creuser environ 15 mètres par mois. La longueur de l’un des plus grands tunnels est de 45 km. Certains, très étroits, sont destinés à l’infiltration de terroristes en Israël, tandis que d’autres sont plus larges et servent à stocker des batteries de missiles balistiques iraniens du type « Fateh 110 ». Un rapport publié cette année par le Centre Alma fait état d'infrastuctures situées sous des points stratégiques. L'explosion de ces derniers pourrait provoquer des tremblements de terre et des chutes de pierres, une tactique connue depuis la Première Guerre mondiale.
AJ MAG N° 1007 19
Metula, à la frontière avec le Liban © Flash 90
La situation particulière des Israéliens de « Tsadal »
Après le retrait d’Israël du Liban, le 23 mai 2000, 7000 Libanais entrent en Israël avec le statut de réfugiés : des soldats de « Tsadal », l’Armée du Sud-Liban alliée de Tsahal, et leurs familles. Camil et Zeina (faux noms), soldats de Tsadal, habitent ainsi en Israël depuis plus de vingt ans et sont israéliens, citoyens à part entière. Pourtant, avant d’accepter l’interview, ils me demandent de changer leurs noms car ils craignent des représailles pour les membres de leurs familles restés au Liban…
AJ MAG : Comment est-ce qu'une alliance de villageois devient une armée alliée de Tsahal ?
Camil : Lorsqu’il y a eu la guerre civile au Liban, beaucoup de milices armées, les villageois du SudLiban de la génération de nos parents se sont liés pour créer un groupe militaire afin de défendre leurs villages du Sud. Par la suite, ils se sont alliés à Israël car c’était la seule option ; Israël les a aidés en leur donnant des armes. Gabi Ashkenazi a dit un jour au sujet de la relation entre Tsadal et Tsahal : « Un étranger ne peut pas comprendre. » On portait le même uniforme et on ne tirait pas une balle sans l’accord de Tsahal. Les soldats de Tsadal sont enterrés avec l’uniforme de Tsahal et le drapeau du Liban. C’était gagnant-gagnant car on avait les mêmes ennemis : les Palestiniens qui étaient un danger pour nos populations respectives.
À la fin de la guerre, lorsqu’Israël est sorti du Liban, pourquoi avez-vous décidé de venir en Israël ?
Camil : Ce n’était pas une décision : on n’avait pas d’autre choix ! Israël nous a repris les armes, donc si nous étions restés au Liban, nous n’aurions pas pu nous défendre ; et nous courions le risque d’être jugés comme traîtres, emprisonnés, torturés ou tués. Alors beaucoup ont choisi de partir ; mais à part Israël, aucun pays n’ouvrait ses portes, sauf l’Allemagne qui a accepté 250 familles, mais à condition qu'elles
soient chrétiennes, et le Canada et l’Australie qui ont accepté seulement une minorité de membres des familles de leurs citoyens.
Zeina : À l’époque, nous étions fiancés, je voulais venir mais je ne voulais pas laisser ma famille, j’avais peur pour eux. Mon père, lui, ne voulait pas quitter le Liban ; il a fallu que d’autres membres de la famille interviennent pour lui expliquer ce qu’il risquait en restant, qu’il mettait en danger ses filles, avant qu’il n’accepte de partir…
Israël a aidé les réfugiés libanais ?
Camil : Au début, non, il ne voulait même pas les laisser entrer ! C’est grâce à un commandant qui s’appelle Shmil Levy qu'Ehud Barak a laissé entrer les Libanais qui venaient à la frontière pour se réfugier en Israël. Ils ont d’abord voulu nous mettre dans des tentes sur le bord du lac à Tibériade mais nous n’avons pas accepté de descendre du bus ; alors l’armée a évacué la base militaire de Michve Alon et nous a installés là-bas pour trois jours, le temps de chercher des hôtels et des chambres d’hôtes dans des kibboutzim pour nous accueillir, exactement comme pour les réfugiés aujourd’hui.
Israël n’a donc pas indemnisé Tsadal ?
Camil : Par la suite, Israël a versé des indemnités, mais seulement aux familles qui ont décidé de
20 AJ MAG N° 1007
DOSSIER
Lors d'une visite au Sud-Liban, le Premier ministre israélien Itzhak Shamir (à droite) a rencontré Saad Haddad, le fondateur de l’Armée du Sud-Liban ou Tsadal. Shamir a décrit Haddad comme « un grand patriote libanais, un ami loyal et un allié d'Israël ». Le ministre israélien de la Défense, Moshé Arens, a dit pour sa part que c'était un commandant militaire libanais exceptionnel. Le général Antoine Lahd lui a succédé après sa mort en 1984. © GPO
retourner au Liban – lesquelles indemnités ont été utilisées comme des bakchichs pour soudoyer le Hezbollah… Il y avait un accord secret entre Kofi Annan (le secrétaire général de l’ONU de l’époque), Israël et le Hezbollah : Israël payait des indemnités aux familles qui souhaitaient rentrer au Liban, mais en réalité la majeure partie de ces indemnités était reversée par les réfugiés libanais au Hezbollah, comme paiement du « droit de retour ». Le Hezbollah organisait des procès fictifs pour sauver la face ou il emprisonnait ces Libanais pour quelques mois seulement, mais il ne les tuait pas ni ne les torturait. Cependant, il y avait aussi des conditions restrictives : dix ans sans passeport, l’interdiction de revenir habiter au Sud-Liban pendant dix ans, et surtout, à chaque problème avec Israël, on attrapait ces gens et on les questionnait…
Quel était le montant de ces indemnités de retour ?
Camil : Au début, c’était le salaire des soldats multiplié par 3 et 17 000 $, mais par la suite la somme s’est élevée à 34 000 $. Beaucoup ont choisi de retourner au Liban, en particulier ceux qui sont arrivés à la frontière en tant que soldats, avec leurs tanks, et dont la famille est restée au Liban. Malgré les accords secrets, les conditions de détention étaient très dures et beaucoup sont morts en prison. Nous, nous avons décidé de rester et nous nous sommes mariés en Israël. La famille de ma femme est restée ici mais la mienne est retournée au Liban.
Vous arrivez à garder le contact avec eux ? À les voir ?
Camil : Non.
Zeina : On essaie de ne pas les voir, parce que c’est dangereux pour eux.
AJ MAG N° 1007 21 DOSSIER
lll
les pan-
on peut lire : « Je n'ai pas d'autre terre », « Les combattants avec Tsadal », « Justice pour eux » et « Nous avons commencé avec une alliance par le sang, et on continuera avec une alliance de vie. » © Flash90
lll
Camil : On les a revus une fois mais je préfère ne pas en parler, parce qu’à chaque fois que j’ai parlé avec des journalistes, ils sont allés chez ma mère et ont fouillé dans son téléphone pour vérifier si elle était en contact avec nous. Cela fait plus de sept ans que je n’ai pas parlé avec eux.
Vous regrettez la décision d’être venus en Israël ?
Camil : Non, je ne regrette pas. Le Liban d’aujourd’hui, ce n’est plus le Liban que nous connaissions.
Cela fait vingt-quatre ans que vous êtes en Israël. Si je vous demande quelle est votre identité, que me répondez-vous ?
Zeina : Je ne me sens pas libanaise. Le Liban me manque, sa beauté, mes amis, ma maison… Mais le Liban comme on y vit aujourd’hui, non. Avec la situation actuelle au Liban, je me sens israélienne.
Nos enfants sont nés ici, ils se sentent plus israéliens. ils ont fait leur service civil.
Camil : En Israël, on a tendance à vouloir tout cataloguer. Moi, je suis libanais parce je suis né au Liban, après je suis chrétien parce que j’ai été baptisé, et ensuite je suis israélien parce que cela fait vingtquatre ans que je vis ici… n
22 AJ MAG N° 1007 DOSSIER
ANNONCES IMMOBILIÈRES, BONNES ADRESSES... Appelez le 058-461 6262 contactisrael@actualitejuive.com
Manifestation devant le ministère de la Défense à Tel Aviv en 2021 afin d'obtenir un plus grand soutien financier aux membres de Tsadal. Sur
cartes,
DÉCOUVERTE D'ISRAËL
PAR EDITH LEVY-NEUMAND
Hérodion se dresse aujourd’hui comme un témoignage silencieux des époques révolues, invitant les curieux, les passionnés d'histoire et de paysages grandioses à explorer ses mystères.
Hérode le Grand, connu pour ses réalisations architecturales monumentales, a laissé derrière lui un héritage considérable en Israël. On lui doit notamment l’agrandissement de l’esplanade du Temple à Jérusalem, l’expansion de la forteresse de Massada, la construction d’un port artificiel à Césarée et de grands palais. Il a voulu éterniser son nom en construisant un palais à l’orée du désert de Judée : Hérodion. Il se situe à 12 kilomètres au sud de Jérusalem, après le quartier de Har 'Homa.
Construit vers la fin du Ier siècle avant notre ère, Hérodion, à l'origine, a été conçu comme un palais d'été et un lieu de sépulture pour Hérode le Grand lui-même. Cette imposante structure a été érigée sur une colline artificielle de 30 mètres de haut, créée à partir de débris de constructions, pour donner à l'édifice une stature encore plus impressionnante.
L'architecture d’Hérodion est un remarquable exemple du génie de l'époque. La forteresse comprenait un luxueux palais avec des bains, des cours intérieures, des jardins et de somptueuses salles de réception. La structure abritait également un ingénieux système de collecte d'eau, défiant l'aridité implacable de la région.
Mais au-delà de sa splendeur, Hérodion porte en lui les cicatrices des révoltes et des guerres qui se sont déroulées sur la scène de ce théâtre d'affrontements entre Juifs et Romains, échos des tumultes de l'histoire. Après la destruction du second Temple en 70 de notre ère, les combats se sont poursuivis à Hérodion même en 71, puis en 73 à Massada. Pendant la période de la révolte de Bar Kokhba, entre 132 et 135, Hérodion a servi de fortification aux rebelles juifs contre les Romains. Ses entrailles renferment des grottes et des passages secrets,
témoins silencieux des stratégies de survie d'un peuple en lutte pour sa liberté. Plus tard, le site a été abandonné et il est tombé dans l'oubli. Il a été redécouvert au début du XXe siècle lors de fouilles importantes qui ont mis au jour de nombreux vestiges de l'ancienne forteresse. La découverte du tombeau d'Hérode le Grand est une histoire fascinante mêlant archéologie, histoire ancienne et un peu de mystère.
24 AJ MAG N° 1007
Hérodion
DÉCOUVERTE D'ISRAËL
Le tombeau a été découvert en 2007 par l'archéologue israélien Ehud Netzer, après des décennies de recherches. Netzer était convaincu que le tombeau se trouvait à Hérodion même – ses recherches étaient fondées sur des indices historiques, en particulier sur les écrits de Flavius Josèphe – et l’excavation du tombeau a été un moment de grande émotion. Une chambre funéraire monumentale a été découverte sous le palais, contenant des fragments de sarcophage en marbre et d'autres éléments caractéristiques d'un tombeau royal.
Cette découverte a apporté de précieuses informations sur la vie et les réalisations de ce roi controversé.
Autour d’Hérodion, plusieurs yichouvim (villages) ont été développés : Tekoa en 1975, Nokdim-El David et Kfar Eldad en 1982, et Maalé Ré'havam dans les années 1990. Ces villages sont des yichouvim « meouravim », c'est-à-dire qu’ils regroupent des habitants religieux et moins religieux. À Tekoa, pour le plaisir de tous, on trouve une piscine, une cave à vin, ainsi que la ferme de champignons la plus réputée d'Israël. Les paysages grandioses et le calme du désert y sont recherchés par de nombreux artistes.
Aujourd'hui, Hérodion est un site archéologique et touristique majeur en Israël, attirant des visiteurs du monde entier. Sa riche histoire, son impressionnante architecture et son emplacement pittoresque en font un lieu incontournable et l’un des plus fascinants d’Israël, offrant aux visiteurs un aperçu exceptionnel de l'histoire ancienne de la région ainsi qu’un paysage unique à l’orée du désert.n
Rejoignez-nous le mardi 19 mars pour une visite inoubliable d’Hérodion. En tant que guide, je vous promets une expérience riche en émotions, à la découverte des secrets d'Hérode le Grand et des révoltes juives. Ne manquez pas cette occasion d'explorer l'un des plus célèbres sites d'Israël.
Pour plus d'informations et pour planifier de futures excursions ensemble, n'hésitez pas à me contacter.
Edith Levy-Neumand - Guide diplômée du ministère du Tourisme israélien Tél. : 972-54-2307474 - edith@voirisrael.com - www.voirisrael.com
Légendes photos : À gauche en haut : la maquette du palais de Hérode le Grand À gauche en bas : les ruines de la forteresse À droite : tunnel sous la forteresse
AJ MAG N° 1007 25
BON À SAVOIR
Yedidim consacrée « héros du front intérieur »
PAR SARAH ALLOUCHE
Yedidim est un réseau d'entraide fort de 65 000 bénévoles. Son fondateur,
Meïr Viner, décédé début janvier, n'a pas eu le privilège de voir son action récompensée par le nouveau prix spécial créé pendant la guerre et intitulé
« Les héros du front intérieur », qui a été décerné à la célèbre association.
Ce prix, créé dans le contexte de la guerre, sous l’égide du Conseil Sioniste présidé par Miriam Peretz, a souhaité mettre à l’honneur 16 personnes et organisations pour leurs activités dignes d’éloges. Leur dénominateur commun : l'esprit de volontariat, d'engagement, d'unité et d'action au sein de la société civile israélienne depuis le début de la guerre. Le comité du prix a alors estimé que « l'organisation Yedidim a fait preuve d’un engagement extraordinaire en faveur de la fermeté du front intérieur et de la résilience des civils ».
En effet, Yedidim (littéralement : « les amis ») incarne parfaitement
l’esprit de solidarité entre citoyens. Fondée par un homme religieux – Meïr Viner –, l’association s’inspire du verset : « L'homme aidera son prochain et parlera à son frère avec force. » (Isaïe 11, 6) Elle constitue aujourd’hui la plus grande communauté de bénévoles à travers le pays.
La mission première de l’association est de dépanner les personnes sur les routes : pneu crevé, batterie à plat, manque de câbles, etc. Mais depuis sa création, l’association a étendu ses activités en portant assistance aux personnes bloquées dans des ascenseurs (plus de 20 000 en 2023), en sauvant des enfants coincés dans des voitures (5000 en
2023), en recherchant des jeunes portés disparus (5000 l’année dernière), en récupérant des clés au fond de poubelles… L’année dernière, les bénévoles de Yedidim ont été sollicités plus d’un demimillion de fois !
Depuis le début de la guerre, Yedidim fonctionne à plein régime. L’association a d’ailleurs encore élargi son champ d’action en mettant en place une cellule opérationnelle et un centre d’appel d’urgence. Les bénévoles de Yedidim aident ainsi à la mise en conformité des chambres fortes, à l’acheminement de matériel et de nourriture aux soldats ainsi qu’aux habitants du Sud, au transport de réservistes vers leurs bases et
26 AJ MAG N° 1007
©
Soirée de formation pour les volontaires de Yedidim à l'agence de Petah Tikva
DR Photo issue du site Internet de Yedidim
BON À SAVOIR
La mission première de l’association est de dépanner les personnes sur les routes : pneu crevé, batterie à plat, manque de câbles, etc.
à d’autres actions en tous genres contribuant à l’effort de guerre.
Le Front intérieur, dans ses messages officiels, incite d’ailleurs les Israéliens à faire appel à Yedidim : « Si vous avez un mamad (chambre forte) chez vous mais que vous ne parvenez pas à fermer correctement la fenêtre, l'association caritative Yedidim peut la réparer gratuitement. Appelez le 1230 ou le 0776001240 pour faire venir un spécialiste. » Yedidim fonctionne surtout grâce à son application. Lorsque l’on s’y connecte, on peut demander l’aide d’un volontaire et en quelques minutes à peine le bénévole disponible qui se trouve le plus proche de vous géographiquement vient à votre secours. Israël Almesi, directeur général de l’association, dit avec fierté : « Je vois des milliers de gens qui sont prêts à laisser tomber toutes leurs activités dans un seul but : aider l’autre, et ce,
sans distinction de religion ni de de classe sociale. »
Le réflexe Yedidim s’inscrit de plus en plus dans le quotidien des Israéliens. David Goldsztejn, bénévole depuis 2021, témoigne : « Sur l’application, il y a des demandes sans fin. Par exemple, je viens de rentrer dans l’application (à 22 heures un dimanche soir) et il y a à l’instant présent plus de 40 demandes ouvertes, c’est à dire 40 personnes (dans tout Israël) qui attendent que quelqu’un prenne le service ; et il y a actuellement environ 35 personnes qui sont déjà en train d’aider ! »
La volonté d’aider de Yedidim est contagieuse : en un an, l’association a gagné plus de 10 000 nouveaux bénévoles. Les bénévoles de l’association le sont souvent devenus après avoir été eux-mêmes dépannés par Yedidim. Ainsi, Simon Amouyal, bénévole depuis deux ans, nous
confie : « Un jour, j'étais bloqué sur la route, ils sont venus m'aider, et alors j'ai décidé de rejoindre Yedidim. C’est la volonté de solidarité et d’entraide qui m’y ont poussé. » David Goldsztejn, lui, nous raconte : « J’ai rejoint Yedidim pour aider les gens, pour faire du bien dans le monde. Et cela ne me demande pas tellement d’efforts, alors que les gens sont souvent coincés… Aider me donne de la satisfaction. Et cela fait plaisir de voir les gens heureux qu’on les ait aidés. »
Comme c’est le cas de beaucoup d’associations en Israël, Yedidim fait partie des acteurs clés de la société israélienne et incarne l’esprit de solidarité si caractéristique du peuple juif. n
Numéro court : 1230
Application sur le Play Store/App Store
Site internet : www.yedidim-il.org
Numéro d’urgence depuis le début de la guerre : 077-6001249
AJ MAG N° 1007 27
© DR Photo issue du site Internet de Yedidim
Les « soft skills »
PAR ANDRÉ DAN
Les « soft skills » regroupent les compétences relationnelles et en communication, les capacités d'écoute, de gestion du temps, de résolution de problèmes et d'empathie… Elles sont indispensables au leadership.
«
Skills » signifie compétences. On a d’abord parlé de « hard skills » pour désigner les compétences techniques ; par opposition, les « soft skills » expriment les compétences non techniques – le contraire de « hard » (dur) étant « soft » (mou). Pour bien comprendre la différence, prenons un exemple : un projet technique requiert des professionnels ayant des « hard skills » et qui, grâce à leurs « soft skills », pourront bien travailler ensemble à la réussite du projet.
Notre monde change de plus en plus vite. Les experts du marché du travail considèrent que la moitié des métiers qui existeront dans vingt ans n’existent pas aujourd’hui. De plus, avec l’intelligence artificielle (IA), tous les métiers vont se transformer, directement ou indirectement.
Dans ce contexte, les « soft skills » de motivation, de capacité de convaincre, de compréhension d’une situation, d’aptitude à chercher, trouver et partager des solutions aux problèmes, prennent de plus en plus d’importance car elles ne cessent d’être d’actualité et pertinentes, alors que les compétences techniques (« hard
skills ») sont de plus en plus rapidement obsolètes. Depuis quelques décennies, le World Economic Forum interroge des dizaines de milliers d’organisations à travers le monde pour faire le point sur les « soft skills » demandées sur le marché du travail. Vous pouvez lire son rapport mis à jour sur https://www. weforum.org/agenda/2023/05/ future-of-jobs-2023-skills/. Il en ressort que les compétences cognitives, c’est-à-dire la capacité
évolutions. Le passage du papier à l’ordinateur ainsi que celui du téléphone à la visioconférence (comme Zoom, par exemple) transforment les relations entre les personnes. Dès lors, les « soft skills » sont capitales si l’on veut parvenir à conjuguer qualité de travail – y compris à distance (de chez soi ou d’un bureau partagé, comme WeWork) –, esprit d’équipe et esprit d’entreprise.
Les deux « soft skills » qui, selon moi, ont le plus d’importance sont :
l’adaptabilité, car la capacité à s'adapter à de nouvelles situations et à apprendre rapidement est cruciale ;
de réfléchir de façon analytique, arrivent en tête, ainsi que le talent créatif. Viennent ensuite les compétences pour une efficacité personnelle : la connaissance de soi, la curiosité et la résilience. Et enfin, dans le top 10, arrive la capacité à travailler avec les autres : empathie, écoute active, leadership et influence sociale. L’avenir du travail (« future of work ») est un sujet de plus en plus étudié car il permet aux entreprises d’anticiper les
la communication écrite et orale, conforme à nos objectifs et adaptée à nos interlocuteurs.
Les deux bénéfices essentiels qu’on retire des « soft skills » sont des relations plus fortes et une meilleure performance. Alors, à vous de jouer pour développer et exprimer vos « soft skills » ! n
André Dan Coach en leadership a@andredan.com
28 AJ MAG N° 1007
LEADERSHIP
ATOUT CŒUR
Le célibat : choix ou fatalité ?
Le célibat tardif est un phénomène de société. Il doit plutôt être considéré comme une tendance sociale que comme un « problème » individuel.
Selon les données du Bureau central des statistiques israélien, ce phénomène a tendance à s’aggraver au fil des ans, et il y a aujourd’hui en Israël des centaines de milliers de femmes et d’hommes de plus de 30 ans qui ne sont pas encore mariés et qui, pour certains, ne sont même pas en couple (des chiffres qui ne prennent pas en compte les divorcés) : 62 % des hommes et 47 % des femmes entre 25 et 29 ans ne sont pas mariés, et dans la tranche des 45-49 ans, 10 à 12 % sont encore célibataires. Le milieu religieux n’est pas épargné : on parle de plus de 60 000 célibataires religieux en Israël. Les causes du célibat sont multiples et relèvent souvent d'une assez large combinaison de facteurs de différents ordres (philosophique, social, psychologique, économique…). Dans cet article, je ne mentionnerai que les raisons principales.
Trop de choix tue le choix
« Nous craignons que parmi les options abandonnées, certaines aient pu mieux nous convenir. » Andrew G. Marshall
Si notre société consumériste étend sans cesse le panel de jeans, de produits de beauté et de chocolats, les relations amoureuses n’échappent pas à la règle. Les sites de rencontres nous poussent à croire qu’à force de prospecter, on trouvera le conjoint parfait – inutile de préciser qu’il n’existe pourtant pas. Pire : des milliers d’internautes s’y inscrivant tous les jours, le choix est infini. Ainsi, chaque coup de cœur sera vécu comme le renoncement à mille autres. Finalement, à force de se laisser la possibilité d’en trouver un plus beau/plus gentil/plus généreux, on ne s’investit vraiment dans aucune relation et l’on finit seul/e.
Individualisme et matérialisme
Les jeunes désirent profiter de la liberté qui s’offre à eux et préfèrent « kiffer ». C’est pourquoi ils ne sont pas pressés de s’engager dans la relation contraignante que représente le mariage. Toutes les
relations nécessitent des efforts et des compromis pour fonctionner ; et souvent, le manque de courage et la peur de la difficulté sont à la base du report de la vie conjugale. De plus, nombreuses sont les femmes qui reportent mariage et parentalité à plus tard dans leur vie afin de pouvoir poursuivre des études supérieures et exercer une profession plus lucrative.
Une mauvaise conception de l’amour
Ceux qui se rencontrent en vue d’un mariage s’attendent à éprouver de fortes émotions comme dans les films ; et s’ils ne ressentent pas de papillons dans le ventre, ils décident de passer à la proposition suivante.
Problème de communication, en particulier avec le sexe opposé
Les gens ne savent plus communiquer oralement ; la communication écrite et virtuelle (WhatsApp, sites, Facebook…) a remplacé les échanges réels. C’est souvent la raison pour laquelle on appréhende de faire une rencontre, car on ne sait pas comment s’y prendre, de quoi parler, comment s’exprimer et se faire comprendre. De plus, le langage des femmes n’est pas assez bien compris par les hommes, et vice versa.
Connaître les raisons du célibat permet de pouvoir en sortir plus rapidement. Il est possible et recommandé de faire un travail introspectif et de trouver ce qui barre la route vers la 'houppa. n
Hagit Bialistoky
Coach de mariage
Programme spécial célibataire : « En robe de mariée cette année »
Tél. : 050-7524670
AJ MAG N° 1007 29
Ces associations porte-voix
Les circonstances particulières dans lesquelles l’opération Glaives de Fer a été déclenchée ont entraîné la naissance d'associations tout à fait inédites dans le paysage israélien, des associations qui présentent la particularité de faire entendre des voix jusqu'alors peu mises en valeur par les médias. Tour d'horizon de ces nouvelles composantes de la société israélienne.
Le Forum Tikva : libérer tous les otages, mais pas à n'importe quel prix
Le 7 octobre, 254 Israéliens, civils et militaires, ont été pris en otage par les terroristes du Hamas et emmenés dans la bande de Gaza. Un QG des familles des otages s'est alors constitué, avec à sa tête le conseiller en communication Ronen Tzur qui, à la mi-février, a cédé la place à un groupe de familles d'otages élues car son opposition ouverte au gouvernement et à son Premier ministre a suscité la méfiance d'une partie de la société israélienne quant aux actions menées par ce QG des familles d'otages. À l'intérieur même de cette organisation, certains parents et proches d'otages ne trouvaient pas leur place, ils n'étaient pas en phase avec les messages que le QG véhiculait, à savoir : accepter toutes les conditions posées par le Hamas pour récupérer tous les otages, et une absence de confiance dans les dirigeants israéliens, accusés de ne pas en faire suffisamment pour les libérer.
Le Forum Tikva est né de ces dissensions. Il compte parmi ses membres Eliahou Libman, le président du
PAR GUITEL BEN-ISHAY
conseil régional de Kiryat Arba, dont le fils Elyakim est otage, Zvika Mor, le père d'Eitan, Iris Haïm, la mère de Yotam (za''l), ou encore Ditsa Or, la mère d'Avinathan.
Les membres de ce forum portent le message suivant : le seul moyen de libérer tous les otages est d'exercer une forte pression sur le Hamas et donc de poursuivre les combats. Pour eux, montrer une disposition à discuter avec le Hamas et à accepter certaines de ses conditions fait monter les enchères et éloigne la libération de tous les otages.
Selon le Forum Tikva, le premier accord de libération partielle d'otages, qui a permis de ramener les enfants (sauf les petits Bibas) et une partie des femmes, a été rendu possible par la pression militaire de Tsahal sur le Hamas.
Les membres du forum estiment que la libération de tous les otages ne passe pas par un accord avec
30 AJ MAG N° 1007 GRAND ANGLE
Ci-dessous : la tente des soldats réservistes devant les bureaux du Premier ministre à Jérusalem À droite : manifestants de Tzav 9 aux abords du point de passage de Kerem Shalom © Flash90
le Hamas, qui équivaut pour eux à une capitulation, mais par le biais de la guerre, l'arrêt de l'aide humanitaire à Gaza, la poursuite des chefs du Hamas à l'étranger et la mise en œuvre de pressions internationales sur le Qatar.
Tzav 9 : l'humanitaire en échange de l'humanitaire
Si au lendemain du 7 octobre, l'arrêt de toute livraison humanitaire dans la bande de Gaza, mais aussi de la fourniture d'électricité et d'eau de la part d'Israël, étaient au cœur du consensus à la fois dans la société et dans la classe politique, trois mois plus tard ce principe a volé en éclats. Le cabinet de guerre, notamment sous la pression américaine, a commencé par autoriser l'entrée d'essence et d’autres cargaisons humanitaires par l'Égypte, et depuis quelques semaines ces cargaisons destinées aux Gazaouis arrivent du port d'Ashdod jusqu'au point de passage Kerem Shalom entre Israël et Gaza. Un mouvement, baptisé « Tzav 9 », s'est créé pour empêcher ces camions d'entrer à Gaza. Son mot
d'ordre : aucune aide humanitaire ne doit parvenir aux Gazaouis tant que nos otages, qui ne reçoivent qu'une demi-pita par jour et aucun traitement médical, ne sont pas libérés. De plus, Tzav 9 proteste contre le fait que les soldats israéliens qui, d’un côté, se battent contre les terroristes de Gaza, sont, de l’autre, contraints de leur garantir une aide humanitaire. En effet, d'après le chef du Shabak – Ronen Bar – lui-même, 70 % des camions d'aide humanitaire arrivent directement dans les mains du Hamas, et non à la population civile de Gaza. Ainsi, ils sont des centaines à venir tous les jours à Kerem Shalom pour bloquer l'entrée des camions ; et pendant les cinq premiers jours de leur protestation, ils ont rencontré un franc succès puisque les camions ont été contraints de faire demi-tour vers l'Égypte. Estimant que cette aide humanitaire est critique pour la poursuite de la guerre, le cabinet israélien a ordonné à l'armée de décréter la zone autour de Kerem Shalom « zone militaire fermée », interdisant à tout civil de s'en approcher. Mais les membres de Tzav 9 ne se laissent pas décourager et sont malgré tout présents chaque jour, espérant rallier à leur cause de plus en plus de monde pour constituer un réel levier de pression sur le gouvernement.
La tente des soldats réservistes et le forum Gvoura : continuer la guerre jusqu'au bout
Ce mouvement a été fondé par des réservistes de tous horizons politiques qui sont mobilisés sur le front nord ou sur le front sud et qui demandent aux dirigeants politiques d'aller jusqu'au bout, jusqu'à la victoire. lll
AJ MAG N° 1007 31
lll
Pour ces soldats réservistes, ce qu'ils voient sur le terrain et le traumatisme qu'a été le 7 octobre imposent deux décisions sur le plan militaire : ne pas arrêter avant d'avoir éradiqué le Hamas et occupé militairement toute la bande de Gaza, et promouvoir la mise en œuvre d'une politique qui encouragerait l'émigration volontaire des Gazaouis vers des pays tiers. Pour faire entendre leur message, ils ont monté une tente face aux bureaux du Premier ministre à Jérusalem, où le public, mais aussi des responsables politiques, viennent leur rendre visite.
Dans le même esprit, des parents de soldats tombés au combat se sont également constitués en un collectif : le Forum Gvoura. « Le peuple est fort, son esprit est solide, au front et à l’arrière-front. Vous avez un mandat pour vous battre, vous n’avez pas de mandat pour vous arrêter au milieu ! C’est le testament des soldats tombés et notre devoir envers les vivants », ont écrit ces parents dans une lettre adressée au gouvernement.
L'association des mères de combattants : la vie de nos soldats prime sur celle de nos ennemis
Des mères de combattants se sont réunies dans une association qui vise à éveiller les consciences quant aux stratégies, décrétées en plus haut lieu, qui parfois mettent en péril la vie des soldats sur le terrain. Elles demandent aux décideurs de privilégier dans tous les cas la vie des soldats israéliens par rapport à celle des ennemis qu'ils combattent.
Ce mouvement est né sur la base de celui qui avait été créé après la mort du soldat Barel Hadaria Shmueli, tué à bout portant par un terroriste à la frontière avec Gaza en 2021. Dirigée par Sima Hasson dont deux des fils sont sur le front en ce moment, l'association demande un changement dans la conception et les consignes de l'ouverture de feu, ainsi qu'un arrêt de l'aide humanitaire à Gaza. Manifestations, interventions dans les commissions de la Knesset : le mouvement des mères de combattants constitue désormais un véritable lobby.
Le Front citoyen : la guerre ne doit être menée qu'en fonction des intérêts d'Israël
Les massacres du 7 octobre ont été la conséquence directe d'une série de défaillances des services de sécurité israéliens. Suite à ce drame, la confiance des Israéliens dans ceux qui doivent les protéger a considérablement chuté.
Pour remédier à ce manque de confiance, des civils, de droite comme de gauche, ont fondé « Le Front citoyen ». Le but de ce mouvement est de restaurer la confiance en s'assurant que l'État et Tsahal agissent les mains libres, en ne prenant en considération que les intérêts d'Israël, et non des calculs étrangers. Se définissant comme apolitique, Le Front citoyen agit en inondant la Toile de vidéos aux messages concis et déterminés sur les objectifs que les citoyens israéliens veulent que cette guerre atteigne. n
32 AJ MAG N° 1007 GRAND ANGLE
Les représentants du Forum Tikva à la Knesset le 22 janvier 2024
© Yonatan Sindel/Flash90
Marche des mères
Elles s’appellent Sima, Hanna, Rina, Elles portent un foulard ou avancent cheveux au vent parmi la foule. Elles sont de droite ou de gauche, viennent de toutes les classes économiques et régions d’Israël confondues, mais elles protestent toutes pour la même cause : empêcher l’aide humanitaire de parvenir à Gaza.
Pourquoi ?
Parce que leur mari, leur(s) fils et leur(s) frère(s) se battent à Gaza.
Depuis le début de la guerre, leur quotidien est fait de nuits blanches et de la gestion, seules, de leurs foyers – mais cela, se séparer, en temps de guerre, des êtres qui leur sont les plus chers, elles sont d’accord pour le supporter, ce sont des femmes fortes et elles y sont déjà habituées.
En revanche, qu’on envoie de l’aide humanitaire à Gaza, elles ne peuvent pas l’accepter.
Au début, elles n’étaient que quelques-unes, et rapidement elles sont devenues des centaines à protester, d’abord au point de passage de Kerem Shalom, le point de transit de l’aide humanitaire entre Israël et Gaza, puis, l’armée ayant annoncé que cette zone était devenue une zone militaire interdite d’accès au public, elles se sont repliées au port d’Ashdod, où nous les avons rencontrées. Pour Sima Hasson, la présidente de l’organisation Marche des Mères, « l’aide humanitaire à l’ennemi en temps de guerre constitue un crime contre nos soldats qui mettent en danger leur vie, et aussi contre les otages dont on ignore absolument l’état. L’aide arrive directement aux pillards du Hamas, et cela inclut des ressources comme l’essence dont ils se servent contre nous. Cela prolonge la guerre ! » À la question de savoir si son mouvement est contre l’aide humanitaire en général ou seulement contre la façon dont elle est distribuée, elle répond : « Nous sommes contre l’aide en général, qui réduit de façon significative notre chance de ramener les otages. » Elle va encore plus loin en affirmant qu’« il n’existe pas de population "non impliquée" à Gaza. Nous sommes en guerre ! Ils mettent en danger nos soldats ! Que les pays qui veulent vraiment aider leur ouvrent leurs portes ! Quand l’ennemi sera étranglé, il sortira de ses tunnels les mains en l’air. On ne peut pas accepter ces transactions qui, avec à la clé la libération de nombreux terroristes, mettent en danger les citoyens… »
L’aide humanitaire à l’ennemi en temps de guerre constitue un crime contre nos soldats.
Interrogée sur le devoir moral d’Israël de ne pas laisser une population sans ressources vitales, Sima Hasson réplique : « Les monstres qui sont sortis de Gaza le 7 octobre nous ont fait vivre une deuxième Shoah ! Je le dis clairement : je n’ai aucune pitié pour eux ! Les Gazaouis ont aussi pris part aux massacres du 7 octobre. Trouvez-en un seul qui ait rendu un otage à l’armée ! Comme le dit l’adage : ceux qui ont pitié des cruels finissent par être cruels avec les miséricordieux. » n
Propos recueillis par Anne Amoyal Da Costa
AJ MAG N° 1007 33 GRAND ANGLE
Le Forum des familles d’otages et de disparus
PAR NATHALIE HAMOU
Émanation de la société civile israélienne, ce groupement de spécialistes, tous bénévoles, opère comme une véritable entreprise.
AJ MAG a souhaité en savoir plus sur son fonctionnement.
Depuis le 7 octobre, l’esplanade du Musée de Tel Aviv est devenue la « kikar ha'Hatoufim », la « place des otages ». Elle est située à quelques encablures du quartier général de l’armée israélienne, et surtout du siège des familles du Forum des familles d’otages et de disparus – quelque 130 personnes à la mi-février, dont moins de cent estimées vivantes. Installée dans un immeuble précédemment occupé par la société israélienne Checkpoint, cette organisation, qui emploie des centaines de volontaires, s’appuie sur une infrastructure bien rodée en Israël comme à l’étranger. Mise en place au lendemain des attaques du Hamas par le conseiller en communication et ex-député travailliste Ronen Tzur, l’avocat Dudi Zalmanovich, oncle de l’otage Omer ShemTov enlevé au Festival Nova, et Haïm Rubinstein, lui aussi consultant en communication, l’organisation, qui se déploie sur trois étages de ce bâtiment mis à sa disposition dans la rue Leonardo Da Vinci, est composée de nombreux départements : le service des relations avec les médias israéliens et
Ronen Tzur fonde et dirige en 2023, dans le cadre de la protestation contre le projet de réforme judiciaire, le mouvement Déguel Israël. À ce titre, il a donné une série de conférences intitulée « Éliminer la terreur bibiste » et a appelé à la fermeture de la chaîne de télévision 14. © FLASH90
internationaux – qui a employé jusqu’à 40 volontaires pour escorter des journalistes sur les sites des massacres, dans les kibboutzim du Sud comme sur le lieu du festival de musique Nova –, le département
publicitaire – qui peut compter sur le soutien de Publicis Israël –, le département résilience et médecine – placé sous la houlette du médecin épidémiologiste et chercheur Hagaï Levine –, le département logistique et
34 AJ MAG N° 1007 GRAND ANGLE
opérationnel – qui organise notamment les rassemblements hebdomadaires de soutien aux familles –, l’antenne juridique – en charge des procédures engagées devant les tribunaux internationaux –, le bureau de soutien aux familles – qui fonctionne sept jours sur sept –, le département diplomatique – qui compte d’anciens ambassadeurs, comme par exemple l’ancien émissaire d’Israël en France, Daniel Shek… et bien sûr, le département qui s’occupe de lever des fonds, puisque l’organisation est financée exclusivement par des dons privés, principalement en provenance des ÉtatsUnis, et des associations juives. À la mi-décembre 2023, le siège avait reçu plus de 50 millions de shekels de dons financiers, 2 millions de shekels de dons pour l’achat de nourriture et de matériel logistique, ainsi qu’un don d’aide financière directe aux familles des otages d’une valeur de 3 millions de shekels – sans oublier les services gracieux, comme l’installation de panneaux d’affichage, d’une valeur d’environ 1 milliard de shekels.
GRAND ANGLE
souligne Liat Bell Sommer, la journaliste en charge des relations avec les médias étrangers, qui tient à préciser que le Forum des familles n’a pas de lien avec le mouvement de protestation contre la réforme judiciaire : « Nous n’avons rien de politique, nous
Dans l’immédiat, le Forum des familles d’otages et de disparus, qui dit représenter 90 % des familles d’otages et compte environ 80 antennes à l’étranger – les enlèvements ayant touché des binationaux de plus de vingtcinq nationalités –, s’implique pour rassurer les proches des personnes enlevées, qui craignent avant tout le retour à la routine.
« Ils ont peur que l’on oublie les captifs et redoutent de ne jamais plus pouvoir se sentir en sécurité », témoignent les porte-parole du Forum, qui ajoutent :
« Nous n’avons pas reçu un shekel du gouvernement ou de l’État »,
avons parmi nous des personnes de tous bords et la plupart d’entre elles soutiennent un accord d’échange d’otages. » Pour Asaf Pozniak, un autre conseiller en communication bénévole, « un changement de Premier ministre n’aiderait pas la cause des otages. Nous faisons confiance à l’armée israélienne. Nous ne pensons pas que l’opération militaire se fait au détriment des otages, mais nous souhaiterions connaître quel est le plan d’Israël pour parvenir à ses fins. »
« Nous avons organisé plus d’une centaine de délégations dans le monde pour les aider dans leurs démarches. » Des déplacements qui visent à sensibiliser l’opinion publique et à faire avancer des négociations plus spécifiques, liées notamment à l’acheminement de médicaments à Gaza. Du Vatican au Qatar, en passant par Washington, Paris ou encore, à la mi-février, La Haye – devant la Cour pénale internationale –, ces familles d’otages – vivants ou morts – et leurs soutiens issus de la société civile n’ont pas relâché la pression pour concrétiser leur message : Bring them home now ! lll
AJ MAG N° 1007 35
La place des otages, sur l'esplanade du Musée de Tel Aviv, où des artistes exposent des créations appelant à la libération des otages des geôles du Hamas © FLASH90
Des posters de la famille Bibas ont été placardés lundi 19 février sur les murs extérieurs de la Knesset. Ce même jour, le porte-parole de l'armée a transmis à la famille une vidéo qui montrait Shiri
lll
Reste que le Forum n’était pas exempt de critiques. Certaines familles d’otages, considérant que la présence du conseiller en communication Ronen Tzur, connu, déjà avant le 7 octobre, pour ses positions très tranchées contre le gouvernement et son Premier ministre, leur nuisait plus qu’elle ne promouvait la cause de leurs proches, lui ont donc demandé, mi-février, de se mettre en retrait. Quarante-cinq familles ont signé l’appel suivant : « Afin d’obtenir un accord, le besoin de consensus est plus important que jamais. Pour créer ce consensus public, il est crucial que le Forum soit géré par un directeur qui ne soit pas identifié politiquement, surtout à ce stade. Pour l’heure,
en ce moment critique, nous ne pouvons pas nous permettre d’être dirigés par une personne qui, à tort ou à raison, est considérée comme un épouvantail par une grande partie du public israélien. En signant ce document, j’appelle à mettre en œuvre la démarche stratégique qui est la bonne à l’heure qu’il est : poursuivre sans Ronen Tzur et mener notre lutte sans lui. »
Justifiant sa mise en retrait, le principal intéressé a répondu que suite à une réunion avec les familles d’otages, « certaines ont exprimé des craintes face à des réactions d’acteurs politiques de la coalition quant à son implication dans le Forum ». D’autres « ont témoigné des menaces qu’elles ont reçues lors de leurs passages
à la Knesset et lors de rencontres avec des membres de la coalition qui ont conditionné leur soutien au Forum des familles au changement de l’équipe qui le dirige ».
« En ces instants difficiles et douloureux pour les familles, a conclu Ronen Tzur, je n’ai pas l’intention de permettre à un quelconque acteur politique de menacer directement ou indirectement les familles des otages et de les transformer en otages d’intérêts politiques sans morale. Il a été décidé d’un commun accord qu’à partir de maintenant, une équipe composée de familles qui auront été élues par les familles dirigera les activités du Forum et que des bénévoles les conseilleront. » n
36 AJ MAG N° 1007
Bibas et ses enfants, en vie, après leur kidnapping.
© Chaim Goldberg/Flash90
Des milliers de familles du Sud ont perdu leur travail, ne peuvent plus payer leurs factures et subvenir aux besoins essentiels de leur quotidien. Les familles déplacées sont particulièrement démunies.
PARRAINEZ UNE FAMILLE DU SUD D’ISRAËL
Bons alimentaires – Aide au loyer – Soutien psychologique
Pour faire un don : www.allodons.fr/israel-tsedaka-by-qualita
Possibilitéd’allersurleterrainàlarencontredesfamillespourdistribuerlescolis Plusd’informations :+972548909314/time@qualita.org.il
Je parraine une famille du Sud pendant* :
1 an : 7 200 shekels / 1 800 euros
3 mois : 1 800 shekels / 450 euros
Montant libre :
6 mois : 3 600 shekels / 900 euros
1 mois : 600 shekels / 150 euros
* Possibilité d’effectuer un don en plusieurs règlements mensuels.
AJ MAG N° 1007 37
ASHDOD / ASHKELON / NETIVOT / SDEROT
Celui qui revient de Gaza n'est plus le même, bien qu'il en ait l'air
PAR LE DOCTEUR AMIR ASSOULINE
Il n'y a pas vraiment de moyen d'expliquer les sensations et les visions qui font trembler les combattants vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. La vérité est que vous ne savez pas.
Vous pensez peut-être savoir parce que vous avez vu des vidéos de Gaza et des photos – sur lesquelles, parfois, tout le monde souriait –, mais vous ne comprenez pas vraiment ce que près de 150 jours de combats font au corps et à l'âme.
Vous ne comprenez pas ce que c'est que de dormir pendant plus de trois semaines avec des chaussures, de ne pas allumer la lumière dans les longues nuits d'hiver, si ce n'est une lampe de poche à lumière rouge à certains endroits définis.
Vous n'avez pas idée du froid qu'il fait pendant douze heures dehors ou à quel point la pluie est pénible quand vous n'avez pas d'affaires de rechange ni la possibilité de prendre une douche.
Vous ne comprenez pas ce que c'est que d'entendre des
bombardements qui font trembler vos organes internes vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, ni ce que c'est que d'être menacé à 720 degrés (demandez à vos proches qui reviennent de Gaza la signification de cette énigme géométrique).
Vous ne savez certainement pas non plus ce que l'on ressent quand on part à l'assaut alors que la veille un compagnon de troupe a reçu une balle en plein visage lors d'une opération identique, et combien de stress le corps accumule après deux RPG qui, par miracle, ont touché la pelle du D9, et une bombe qui, par chance, a explosé sur le tank et non sur vous. Et nous n'avons pas encore parlé des choses vraiment dures ; nous n'en parlons pas, parce que nous savons que vous ne pourrez pas les concevoir.
Nous, en revanche, nous savons et nous comprenons que c'est dur pour vous, à l'arrière-front. Nous savons, nous comprenons et nous apprécions. Mais il ne s'agit pas de comparer ni de faire une compétition pour déterminer pour qui c'est le plus dur. Il y a des expériences que la psychologie
38 AJ MAG N° 1007 SANTÉ
© Flash 90
décrit comme étant « au-delà du spectre normal de l'expérience humaine ». Et c’est ce que vivent les combattants : une expérience issue d’un autre monde, inconnue pour la majorité des êtres humains qui vivent une vie normale.
Alors si vous avez un fils, un père, un ami ou un mari qui reviennent
du champ de bataille après une longue période, sachez qu'il n'est plus le même, bien qu'il en ait l'air. Essayez d'être là pour lui, de l'écouter avec votre cœur, de ne pas le juger et de ne pas lui raconter ce que vous pensez qu'il a vécu (« alors, tu as sûrement pensé que… ») ou qui l'a motivé pour se battre (de grandes idéologies ou la fraternité des combattants). Seul lui le sait et c'est certainement loin de ce que vous imaginez. Soyez suffisamment honnêtes et courageux, mais pas inquisiteurs, pour écouter, et peut-être racontera-t-il. Mais s'il se renferme et qu'il parle peu, comprenez qu'un des symptômes de ceux qui ont vécu ce genre d'expériences est l'alexithymie, c’est-à-dire une grande difficulté à mettre des mots sur ses sensations et ses sentiments. Et peut-être qu'il a essayé et que vous n'avez pas été suffisamment à l'écoute. Parfois, il parlera surtout des choses « drôles » – mais si vous êtes malins, écoutez ce qu'il dit entre les lignes. Parfois, en présence d’enfants ou d’amis, il dira peut-être quelque chose qui vous paraîtra inapproprié, qui vous mettra mal à l'aise ou en colère. Peut-être jettera-t-il une insulte ou s’exprimera-t-il sur un ton vulgaire, mais ce n'est que si vous êtes assez tolérant qu'il en dira un peu plus et que vous comprendrez un peu ce que recouvre ce comportement. La plupart du temps, il ne vous racontera pas quelles étaient ses prières là-bas, comment, malgré tout, il n'a pas renoncé à mettre les téphillin – ni que maintenant, au contraire, il a plus de mal à prier. Et même s'il essaie de vous le communiquer, vous ne comprendrez pas à quel point cela nettoie l'âme d’être sans téléphone pendant quelques semaines et à quel point écouter un transistor
peut soudain être un plaisir. Il est très dur d'expliquer combien le retour est déconnecté et difficile – en particulier quand il ne sait pas s'il va réellement revenir. Il ne vous parlera pas des choses vraiment dures. Essayez de comprendre seul à quoi ressemble un ami qui a perdu un membre (il y en a plus de 2000 dans ce cas), à quoi ressemblent des amis qui pleurent et ce que cela produit sur l'âme de voir des soldats – ou des civils – morts. Cela n’ôte rien à l'admiration et à l'amour réels que le combattant qui revient du front ressent pour ceux qui étaient à l'arrière, ceux qui l'attendaient et se faisaient du souci pour lui, ceux pour lesquels il s'est battu, ceux qui lui ont donné de la force pour tenir le coup, ceux qui rayonnaient de joie quand il est rentré – et ceux qu'il a si mal de décevoir. La guerre est une chose difficile, une réalité particulière qu'il est compliqué d'expliquer à ceux qui ne l'ont pas vécue. Et d'une certaine manière, cette guerre est encore plus dure que les précédentes : l'ennemi peut surgir de partout, aucune zone n'est sûre, pas même une maison que l'on vient de « nettoyer ». Selon l'évaluation des spécialistes, l’ampleur du trauma est d’autant plus grande que cette guerre est dure et longue. Alors s'il revient un peu changé, avec une moustache ou une boucle d'oreille, un peu « nerveux » ou au contraire indifférent, diteslui : « L'essentiel, c'est que tu sois revenu ! » Ainsi, il saura qu'il y a un endroit où non seulement on l’attendait mais où, aussi, il est accepté comme il est. Alors il pourra réellement revenir. n
Le docteur Amir Assouline, spécialiste du trouble de stress post-traumatique, a été mobilisé le 7 octobre en tant que combattant dans l'unité des parachutistes.
AJ MAG N° 1007 39 SANTÉ
La censure militaire
PAR NATHALIE SOSNA-OFIR
Si jusqu’en 2004 vous avez téléphoné depuis Israël à votre cousine en France ou ailleurs pour lui donner votre recette secrète de la dafina ou du tcholent, il y a de grandes chances pour qu'elle ait été interceptée par la censure militaire.
En effet, jusqu’à cette année-là, la censure effectuait des écoutes des appels téléphoniques internationaux émis depuis Israël pour surveiller les journalistes étrangers et les interrompre si les informations transmises étaient interdites à la publication, non soumises à la censure préalablement requise ou jugées menaçantes pour la sécurité du pays. Compte tenu de l’augmentation du nombre de lignes internationales, un nouveau centre d'écoute très sophistiqué a même été créé au sous-sol d’un bâtiment au 7, rue Carlebach à Tel Aviv, avant de fermer en 2004 après que l’establishment de la Défense et du Renseignement a jugé qu'il n’était plus justifié. Et il fut un temps où la censure militaire examinait même les lettres – celles des soldats et celles des civils – envoyées à l’étranger, mais elle ne le fait plus.
équipement utilisé pour le produire –, d’émissions de télévision, de radio et sur Internet, et peut en effacer des passages. De 2016 à juin 2021, la censure a ainsi rejeté intégralement 300 articles en moyenne par an, et 2300 partiellement. Au cours de cette période, seuls six appels ont été déposés, aucun d'entre eux n'a été accepté ni n'a conduit à l'annulation de la décision de censure. Et toute transgression d’une interdiction expose à de sévères sanctions ! Pour faciliter les rapports entre les médias et la censure, il existe une liste des « interdits » – que souvent, les journalistes tentent de contourner. Par exemple, lors de l'opération Mur Protecteur et de la deuxième guerre du Liban, les informations circulaient sous forme de rumeurs au lieu d'être publiées de manière traditionnelle.
Protéger les secrets militaires d'Israël
Fondée en 1948, la censure militaire, dont le siège est à Bnei Brak, plonge ses racines dans l'histoire turbulente du pays, marquée par les conflits armés et les menaces sécuritaires constantes. C’est une unité qui relève de la branche du Renseignement de Tsahal, qui fonctionne en vertu des règlements inhérents à l’état d'urgence édictés par le mandat britannique en 1945 et adoptés ensuite par la législation d'Israël. Son rôle est de protéger les secrets militaires et d'empêcher la divulgation d'informations sensibles qui pourraient compromettre la sécurité nationale. La censure a donc le pouvoir administratif d'ordonner la suspension de la publication d'un journal – et d’interdire l'exploitation des presses ou de tout autre
La censure a également pour mission d’interdire la divulgation d'informations concernant les réunions du cabinet de sécurité, en vertu d’un décret qui stipule que toute information s’y référant est confidentielle. Par conséquent, si un journaliste en laissait « fuiter », il pourrait être accusé d’infraction criminelle.
Dernièrement, plusieurs incidents ont suscité des interrogations sur l'objectivité et la transparence de la censure. Des journalistes ont dénoncé des cas où des informations ont été censurées puis publiées par d'autres médias peu de temps après, et appelé à une clarification de la politique de censure pour éviter le favoritisme et préserver la confiance du public. Depuis le début de l’incursion de Tsahal dans l’enclave palestinienne, la censure militaire s’est cependant assouplie, autorisant l’entrée, bien sûr très encadrée, de journalistes occidentaux à Gaza,
40 AJ MAG N° 1007 NEWS À LA LOUPE
dans le cadre de la guerre des images qui fait rage sur la Toile, un environnement où les informations circulent rapidement, et où les frontières entre la sécurité et la liberté d’expression sont de plus en plus floues – sans compter que des sujets sensibles sont publiés sur des sites hébergés dans d'autres pays et que la censure ne peut pas contrôler car ils ne relèvent pas de sa juridiction.
Cependant, dès les premières semaines qui ont suivi le début de la contre-offensive de Tsahal à Gaza, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a accusé la censure militaire d'autoriser la publication
d’informations irresponsables pouvant nuire à la sécurité nationale, comme la révélation de son opposition à une attaque contre le Hezbollah au Liban au début de la guerre ou celle de son installation, depuis le début des opérations, dans la maison du milliardaire Simon Falic à Jérusalem, par mesure de sécurité. Il entend promouvoir une loi qui limiterait le pouvoir discrétionnaire de la censure, bien que certains crient déjà à une mesure politique. Périlleux exercice démocratique que l’équilibre entre droit du public à savoir et protection des intérêts nationaux. n
AJ MAG N° 1007 41 NEWS
À LA LOUPE
Le censeur en chef, Kobi Mandelblit À gauche : sous le logo de la censure militaire, on peut lire : « la liberté de s'exprimer avec responsabilité ».
© Porte-parole de Tsahal
Maasser : Je donne donc je suis
À l’occasion de la campagne Tsedaka by Qualita, le rav Dray nous rappelle quelques fondamentaux sur le maasser.
Je souhaiterais avoir certaines précisions sur le maasser : qui est contraint de le donner ? À partir de quels revenus doit-on donner le maasser ? Que doit-il représenter de l'ensemble de nos revenus ? Si des personnes sont en difficulté financière, ont-elles le droit de ne pas donner le maasser ou d'en diminuer la montant ? Existe-til des destinataires « cacher » pour recevoir le maasser et d'autres qui ne le sont pas ? Par exemple, est-ce que donner de l'argent à une association qui s’occupe du bien-être des soldats israéliens ou à Yad Sarah, ou faire un don à la synagogue, peut être fait « sur le compte » du maasser ? A-t-on le droit de donner à différents organismes ? Si l’on soutient financièrement un ami en difficulté en lui donnant de l'argent, peut-on le déduire de son maasser ? Devons-nous répartir nos dons entre différents types de tsedaka ? Quand doit-on remettre le maasser : tous les mois ? Une fois par an ? Le maasser en France est-il différent du maasser en Israël ? Si je vis en France et que je fais un don pour Israël, puis-je déduire cette somme du maasser ? Ma cotisation annuelle à la synagogue fait-elle partie du maasser ? Si je reçois des allocations, dois-je en prélever
une partie pour la donner en guise de maasser ?
Avant de répondre à vos questions, rappelons que la tsedaka est un commandement positif de la Torah, que le Choul'han Aroukh formule ainsi : c'est un commandement positif de donner la tsedaka selon ses possibilités, et celui qui ne donne pas la tsedaka contrevient à un interdit de la Torah. Celui qui s'abstient de donner est appelé méchant et il est considéré comme un idolâtre.
Qui doit donner la tsedaka ?
Chacun, même un pauvre, doit donner de la tsedaka des biens qu'il reçoit (Yoré Déa 248, 1), au moins un tiers de « shekel » par an (249, 2).
42 AJ MAG N° 1007
AU NOM DE LA LOI
AU NOM DE LA LOI
À partir de quels revenus ?
On n'est tenu de donner le maasser que si l'on a de quoi subvenir à ses propres besoins de base (251, 3).
Quel pourcentage ?
Un dixième (250, 1), une première fois sur le capital, ensuite, s'il y a lieu, sur ce que ce capital rapporte.
Si l’on est soi-même en difficulté, peut-on diminuer le maasser ?
Oui. Il va de soi qu'il faut d'abord faire face à ses obligations, comme le remboursement de ses dettes (si la date d'échéance est arrivée), le paiement de services rendus ou de biens achetés, le paiement de l'école de ses enfants…
Destinataires « cacher »
Il ne faut pas donner la tsedaka aux « méchants » (251, 1). Les soldats qui défendent Israël ou l'organisation Yad Sarah qui aide des malades sont assurément des destinations cacher.
Cotisation et dons à la synagogue
Le principe est qu'on ne peut utiliser le maasser pour faire face à ses obligations (Taz 249, sous par. 1). Aussi, on ne peut déduire du maasser la cotisation qui permet de bénéficier des services de sa synagogue ; mais si l’on donne davantage, alors on peut le prélever sur le maasser.
Aider un ami
C'est une très grande mitzva et peut tout à fait être prélevé du maasser
Équilibrage entre différents types de tsedaka
La priorité va aux plus proches : les membres de sa propre famille, ou des pauvres et des institutions de Torah de sa propre ville. La tsedaka en Israël est également une priorité (251, 3).
Faut-il prélever le maasser des allocations que l’on reçoit ?
Oui, on doit prélever le maasser des allocations que l'on reçoit, au même titre que le pauvre, s’il en a les moyens, doit donner de la tsedaka qu'il a reçue.
Horaires de chabbat
Chabbat VaYaqhel (Chekalim)
8 mars 2024-28 Adar 1 5784
Jérusalem 17h02 18h20
Tel Aviv 17h21 18h21
Netanya 17h21 18h21
Roch 'hodech Adar 2 Dimanche 10 mars
Chabbat Pékoudei
15 mars 2024-5 Adar 2 5784
Jérusalem 17h07 18h25
Tel Aviv 17h26 18h26
Netanya 17h26 18h26
Jeûne d’Esther
21 mars 2024-11 Adar 2 5784
De 4h39 à 18h22
Chabbat VaYiqra (Zakhor)
22 mars 2024-12 Adar 2 5784
Jérusalem 17h12 18h29
Tel Aviv 17h31 18h31
Netanya 17h31 18h31
Pourim
24 mars 2024-14 Adar 2 5784
Chabbat Tzav (Para)
29 mars 2024-19 Adar 2 5784
Jérusalem 17h16 18h34
Tel Aviv 17h36 18h36
Netanya 17h36 18h36
« Lorsqu'une personne fait une bonne action, en agissant avec l'attribut de bonté ('hessed), elle ravive l'attribut de bonté dans le monde entier et incite tout le monde à vouloir faire preuve de bonté. » (Rabbi Lévi Itzhak de Berditchev, Kédouchat Lévi)
Pour terminer, concluons par ces paroles des sages d'Israël : « La tsedaka sauve de la mort. » Celui qui donne ressemble au Créateur (qui, Lui, n'a pas de besoins mais donne sans contrepartie). L’association Qualita, outre ses activités liées à l’intégration des francophones en Israël, a, depuis le début de la pandémie de Covid-19, décidé d’aider financièrement les familles d’ olim en grande précarité, et jusqu’à aujourd’hui elle n’a jamais cessé. La guerre menée par Israël sur trois fronts simultanés rend l’action de la première association francophone du pays encore plus nécessaire. n
Scannez le QR code pour faire un don à « Israël Tsedaka by Qualita »
Rav Avraham Dray
Rabbin de communauté à Ashdod - Fondateur de Chadarim
Directeur du Desk France du Mizra'hi mondial
Pour contacter le rav Dray : avdery7@gmail.com
AJ MAG N° 1007 43
Unité, solidarité : depuis le début de cette guerre, la plus longue qu'ait connue Israël depuis la guerre d'Indépendance, on n'entend que cela. Chaque discours aux obsèques d'un soldat tombé à Gaza, chaque déclaration d'un réserviste revenu du front, chaque message à la nation d'un politicien ou d'un artiste insiste sur la principale leçon qu'il faut tirer de ce qui nous arrive depuis Sim'hat Torah : en finir avec les divisions, les haines et les slogans des mois et des années passées, et préserver ce sens de la solidarité qui, depuis le massacre, traverse la société israélienne en particulier et le monde juif en général. Le pire, disentils en chœur, serait qu'après la victoire nous retrouvions les dissensions et les dérapages que nous avons connus jusqu'au 6 octobre.
Malheureusement, certains signes inquiétants laissent craindre un possible retour à nos anciens démons, comme on le voit avec la légitime recherche des responsables du « me'hdal » du 7 octobre, qui est en train d’être récupérée politiquement et de se transformer en règlement de comptes.
De louables initiatives voient le jour pour tenter de contrer ce danger. Ainsi, des réservistes publient ces jours-ci dans les journaux et sur les réseaux sociaux une pétition visant à préserver notre unité tout en créant des structures qui permettront de pointer les responsabilités et les responsables de la catastrophe de Sim'hat Torah Cette organisation appelle entre autres à la constitution d'un gouvernement regroupant tous les partis sionistes représentés à la Knesset : jetez un œil sur « tikoun 2024 » et signez la pétition. Cela dit, et avec tout le respect et le soutien dus à « tikoun 2024 », nos divergences de vue sur les dossiers sensibles ne disparaîtront pas de sitôt.
LE KLING DU MOIS
La charte
PAR ELIE KLING
L'un de ces dossiers, peut-être même le plus sensible d'entre eux, est de toute évidence celui qui oppose depuis toujours laïques et pratiquants. Or la guerre nous fournit l'opportunité de donner enfin un contenu concret et le plus consensuel possible au concept d'État juif et démocratique. Le moment est donc venu de remettre à l'ordre du jour la Charte Gabison-Medan, publiée il y a presque un quart de siècle. Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas, permettez-moi de faire les présentations. En l'an 2000, la professeure Ruth Gabison, spécialiste des droits de l'homme à la Faculté de droit de l'Université Hébraïque de Jérusalem et fondatrice de l'Association des droits du citoyen, et le rabbin Yaakov Medan, professeur de Talmud, de Bible et de pensée juive, et aujourd'hui roch yechiva de la yechiva d'Alon Shvut dans le Gouch Etzion, se rencontrent à Jérusalem. Comme beaucoup, ils sont convaincus que le sacro-saint statu quo mis en place à l'époque de Ben Gourion et du 'Hazon Ich a fait son temps. L'évolution sociologique et démographique du pays exige que l'on parvienne à un nouvel accord permettant aux deux parties de vivre selon leurs convictions tout en respectant celles des autres. Apres deux ans de travail, des consultations avec des autorités de chacun des deux camps, ils publient un livre de plus de 300 pages abordant tous les sujets en discussion, du chabbat à la cacherout, des conversions à l'état civil, de la Loi du retour à l'organisation des prières de femmes au Kotel. Il est bien entendu impossible de résumer ici toutes les conclusions de cette charte. Mais à titre d'illustration, voyons un extrait de ce qui y est dit à propos du chabbat : « Loi fondamentale : le chabbat est le jour de repos officiel en Israël.
Les ministères, les institutions scolaires, les usines, les banques, les services commerciaux seront fermés chabbat. Il est interdit de refuser d'employer quelqu'un au motif qu'il respecte chabbat.
On n'interdira pas l'ouverture de restaurants ou de lieux de loisir le chabbat, sous réserve toutefois de leur localisation et du bruit.
Un nombre limité de petites supérettes, de stations d'essence et de pharmacies pourront fonctionner.
Les restaurants, musées et lieux de loisirs autorisés à ouvrir chabbat devront fermer un autre jour de la semaine. Les représentants officiels de l'État d'Israël à l'étranger ne commettront aucune action diplomatique le chabbat. On s'efforcera de déplacer les événements sportifs traditionnellement joués chabbat à un autre jour. »
Ce passage sur le chabbat comprend encore de nombreux détails, régissant par exemple les transports en commun, mais vous avez compris le principe : montrer qu'avec de la bonne volonté, on peut trouver un terrain d'entente même sur le sujet sensible du chabbat, afin qu’il ne soit pas transgressé dans l’espace public, tout en respectant le droit des particuliers à vivre leur chabbat sans contrainte.
Les événements que nous vivons nous ont appris que le respect mutuel et la recherche d'un compromis acceptable par tous est une condition vitale de notre sécurité. Alors c'est le moment de réunir les bonnes volontés pour trouver des solutions sur les sujets qui nous divisent, des relations entre l'État et la religion jusqu’à la réforme judiciaire. Nous avons payé bien trop cher le prix de notre division.
Arrêtez-moi si je dis des bêtises… n
44 AJ MAG N° 1007
klingelie@gmail.com
UNE ANNÉE AVEC LA CABALE
Secrets du Temps
Les trois dimensions de l'existence
PAR ARIELA CHETBOUN
Espace, temps, identité : rien ne peut exister dans notre monde si l’un de ces trois éléments n’est pas présent. Chaque être ici-bas se trouve nécessairement à l’intersection de ces trois dimensions. Cette notion est contenue dans une formule que nos Maîtres tirent du verset (Exode 19, 18) : « Or le mont Sinaï était tout entier fumée [ןׁשַָׁעָ – achan]. » Pourquoi ? Parce que la Torah, l’Enseignement divin, pour être donnée aux hommes et s’inscrire dans notre réalité, dans notre espace-temps humain, devait « apparaître » dans un ן-ש-ע – a-cha-n :
ע : םלוע – olam, le monde, c’est-àdire l’espace
ש : הנש – chana – l’année, autrement dit le temps
נ : שפנ – nefech, le principe vital
Notre monde ici-bas est la projection matérielle du monde spirituel, de la même manière que le Temple de la Jérusalem terrestre a son exacte correspondance dans les mondes divins. En prolongement, la maison d’un Juif est un rappel du Temple, son modèle réduit, une réplique miniature pour toutes les actions concrètes que le Juif exécute dans son service divin quotidien : entretenir l’amour dans son couple, faire des enfants, les éduquer, se laver et s’habiller, faire à manger et se nourrir, étudier et prier, donner la charité, héberger
Pardès – le Verger – ce sont les quatre niveaux d’étude de la Torah. Ariela Chetboun met par écrit l’enseignement oral reçu de ses Maîtres en Kabbala et 'Hassidout. Que cet éclairage vienne דייסב compléter ce que nous savions jusqu'ici.
des voyageurs, recevoir chabbat et les fêtes. Notre maison est un temple et le Temple était notre maison. Et la Terre d’Israël est le makom par excellence, l’espace dans son essence même, le lieu où les choses doivent se retrouver pour exister dans leur pleine définition.
Le nefech , c’est l’élan de vie, le premier niveau de l’âme qui en contient au moins trois, dont le roua’h l’intellect, et la nechama l’âme spirituelle. Ce composite unique, différent pour chaque personne, définit son identité singulière. Elle revient s’inscrire de loin en loin dans un espacetemps chaque fois différent pour progressivement se réaliser à travers les épreuves de ce monde.
Le temps [ן-מ-ז – z-ma-n] est un mouvement dans l’espace. Le mot même nous l’indique :
ז zaïn a pour valeur numérique 7, comme les 7 mesures du temps que sont les jours de la semaine. מ mèm renvoie au makom : le lieu, l’espace.
נ noun, la troisième lettre, est la première du mot niflaot [תואלפנ] : merveilles.
Des merveilles : voilà le secret du temps, révèlent nos Maîtres ! En avoir l’intuition, c’est échapper au déterminisme des lois de la nature. Choisir de « voir » derrière chaque événement la signature
du Créateur du temps, de l’espace et des âmes. Le temps juif, c’est l’accompagnement de l’humanité sur son chemin vers l’Éden, vers le chabbat messianique de la fin des temps. Le temps est la structure profonde du peuple juif : les sept sefirot inférieures de l’Arbre de vie, Zeir Anpin, de 'Hessed à Malkhout, un mouvement des émotions. Vivre le temps juif, c’est vibrer avec le monde de sentiments divins dans leur excès. n
Une année avec la Cabale.
Secrets de l'Âme et du Temps
En vente en librairie francophone en Israël et sur Amazon
www.belles-ames.com
AJ MAG N° 1007 45
JUDAÏSME
Le miroir et la boussole
ll y a quelques années, j’étais, avec deux amis, chez le rav de ma mékhina à Yom Kippour Après la tefila, l’un de mes amis a dit au rav qu’il avait quelque chose à lui avouer :
– Tu m’as gâché la vie ! Mon autre ami et moi, nous nous sommes regardés, un peu choqués. Le rav ne comprenait pas non plus et il lui a demandé de s’expliquer : qu’avait-il fait pour lui avoir gâché la vie ?! Mon ami lui a répondu :
– Avant que j’arrive à la mékhina, je faisais ce que je voulais, je ne m’occupais de personne, je ne me prenais pas la tête. Si j’allais faire un barbecue avec des amis au bord du Kinneret, nous laissions tous les déchets sur place et nous rentrions chez nous sans nous soucier de rien. Depuis la mékhina, chaque chose me fait réfléchir. Si je me comporte mal ou si je ne parle pas bien, cela m’affecte. Par exemple, si aujourd’hui je devais refaire un barbecue au Kinneret avec mes amis, je ne me verrais pas partir comme ça. Je resterais pour nettoyer, car je ne peux plus salir la Terre d’Israël. Lorsque je vois un papier dans la rue, je le ramasse et le jette à la poubelle. Il y a beaucoup de choses que je me permettais de faire avant qui ne me viendraient même plus à l’idée à présent. Je ne suis plus indifférent.
Mon ami a poursuivi en disant au rav :
– Tu m’as donné deux choses dans la vie : une boussole et
un miroir. La boussole pour me montrer le droit chemin : aujourd’hui, je connais le chemin, je sais où je dois aller et où je veux aller. Certaines fois, je m’égare un peu à droite ou à gauche, mais je sais toujours revenir sur le bon chemin ; et même si je ne m’y trouve pas, je sais où il se trouve. Le miroir pour que je puisse toujours me regarder et me remettre en question, pour que je me demande si je me suis bien comporté, si c’est ainsi qu’il faut se comporter et si c’est comme cela que j’ai envie d’être. Ces deux choses-là, cette boussole et ce miroir, je ne les avais pas avant d’arriver à la mékhina . Je les ai introduites dans ma vie et aujourd’hui ce sont elles qui me guident et qui donnent un sens à ma vie. Elles me permettent d’avancer et de prendre des décisions, en me demandant si j’ai donné le maximum et le meilleur de moi-même.
Que s’est-il vraiment passé dans l’histoire que l’on vient de lire ? Les valeurs qui étaient importantes pour cet ami ont changé avec le temps.
Chacun de nous a reçu une éducation à la maison et à l'école selon un certain ensemble de valeurs. Lorsque l’on grandit, chacun découvre et décide quelles valeurs il veut mettre dans son sac à dos afin de parcourir le chemin de la vie avec elles. C'est en fonction de ces valeurs qu’il
cherchera un/une partenaire pour fonder une famille, qu’il décidera quel métier il veut exercer. Une personne pour qui l’écologie et l’environnement sont importants se portera volontaire dans ce domaine. Celui ou celle pour qui le don de soi et la bienveillance sont prioritaires cherchera à incarner ces valeurs dans ses actes. Dans une situation extrême, une personne sera même prête à risquer sa vie pour une valeur : sa famille, l’amour de la patrie, etc. Les valeurs sont ce qui nous guide et donne un sens à notre vie.
À la mékhina (programme de préparation militaire) Gour Arié, nous nous penchons sur les valeurs. À 18 ans, lorsqu’on est sur le point d'aller à l'armée, ou à l'université pour les étudiants étrangers, c'est la première fois que l'on quitte le cadre de l'école et de la famille
46 AJ MAG N° 1007
JUDAÏSME
pour un lieu où l’on va rencontrer une variété d'opinions et de valeurs différentes de celles qui nous ont accompagnés jusqu’alors. Et cette nouvelle vie va aussi nous confronter à des situations qui, parfois, vont générer des conflits entre certaines valeurs (un étudiant qui étudie dans une université à l'étranger et qui doit passer un examen pendant shabbat, un soldat qui effectue son service militaire et doit évacuer un village…). Il est donc primordial de clarifier les valeurs qui nous guident dans la vie. Le rav Steinsaltz le formulait ainsi :
« Une personne qui n’est pas "soi-même" est un mélange de réactions et d’influences extérieures. À l’inverse, une personne qui est "soi-même" peut vivre comme il le souhaite.
Il peut traverser des jours de chute comme des jours de redressement, mais il ne permet pas à ces situations de l'abattre ou de dévier son chemin. Il existe un chemin, il sait où il doit aller et il sait ce qu'il doit faire. » (Extrait du livre Learim Eth HaChamayim, sélection d’extraits des écrits du rav Adin Even Israël Steinsaltz) Dans le cadre de mon travail éducatif au sein de la mékhina Gour Arié, je rencontre de nombreux jeunes pleins de vie et de motivation. En écrivant ces lignes, le souvenir de l’un d’eux me vient immédiatement à l’esprit : celui du héros Natan 'Haï Liar, za''l, tombé le 7 octobre dernier au combat à Kerem Shalom. Le chemin et les valeurs qui guidaient Nathan étaient clairs pour lui. Il n'est pas facile, aujourd'hui, d'avoir confiance
en soi. On se pose tous toujours des questions, on est un peu ici et un peu là, on profite de tous les mondes… Ce n'était pas comme cela avec Natan. Dès le moment où il a découvert les valeurs qui comptaient pour lui, il les a suivies en toute confiance, avec respect et humilité envers son entourage. Il avait une foi innocente en HaChem, il croyait avec confiance que tout est pour le mieux et c’est en fonction de cela qu’il a toujours vécu. Que nous puissions tous être un peu comme Natan. n
Cet article est dédié à la mémoire du Tzadik Natan 'Haï Liar, za''l.
Yehouda Salama
Directeur du programme Gour Arié de préparation à l’armée israélienne pour les jeunes Juifs français Yehuda@betar.org.il
AJ MAG N° 1007 47
Image issue du site internet www.gourarie.com
©
Oznei Aman : les « oreilles d’Aman »
PRÉPARATION
l Dans un saladier, battre l'œuf avec le sucre et le sucre vanillé.
l Ajouter la farine et la levure, et incorporer à la spatule.
l Ajouter les morceaux de beurre et sabler avec les doigts, comme lorsqu’on égraine de la semoule.
l Malaxer la pâte avec les mains pour obtenir une boule.
l Laisser reposer 1 heure au frigo.
l Abaisser finement la pâte sur un plan de travail fariné.
l Découper à l'emporte-pièce des ronds de 8 à 10 cm de diamètre.
l Mettre une cuillère à café de farce au centre. Replier les 3 côtés pour former un triangle. Décorer avec des amandes effilées au centre.
l Faire cuire 15-20 minutes dans le four préchauffé à 180 °C.
l Laisser refroidir et saupoudrer de sucre glace.
Pourim Saméa'h !
INGRÉDIENTS
Pour 10 personnes
Pâte sablée
• 250 g de farine
• 100 g de sucre en poudre
• 125 g de beurre en petits morceaux
• 1 œuf
• 1 sachet de sucre vanillé
• 1/2 sachet de levure chimique
• Sucre glace
Farce
• 200 g de confiture de figues ou de dattes
• 150 g de noisettes concassées
48 AJ MAG N° 1007 RECETTE
PAYSAGE DE HAIES
COUVRENT 30% DES TERRES
ABSORBÉ PAR LES
ARBRES RÉSERVE NATURELLE
ENNEMI DE LA VIGNE
NATURE MORTE ARIDE
VERT AU GOLF, MAIS PAS ÉCOLO MONDE ANIMAL
COMPLÈTEMENT RONDS PEU RÉPANDUS
PROTECTION THERMIQUE BONNE MENTION
POISSONS DE RIVIÈRE
ZONES DE PRÉSERVATION
DÉSACCORD BARATIN
REMORQUA MIS EN DANGER APERÇU
EST UTILE
PRÉNOM FÉMININ
ANIMAL DE LA FERME EAU DU MATIN
ANIMAL UTILE À LA QUALITÉ DES SOLS DE MÊME RANG
ÉLOIGNÉ DE L’HOMME MARQUE DE DÉDAIN
PLANTE MÉDICINALE
ANCIENNE MESURE DE LONGUEUR BESOIN D’EAU INONDATION
ALLEMAGNE DISPARUE MET LES VOILES
CHOUCHOUTER ÉCOLE DU POUVOIR
POUFFÉ 1100 À ROME
ROBOTISER
COUVRENT 70% DE LA SURFACE DU GLOBE
ARGON AU ABO
DIPLOMATIE GROS LÉZARDS
MONDE VÉGÉTAL
EST PRÈS DE LA FIN
MINABLE
ÉRODER
AJ MAG N° 1007 51
© FortissimotsMF 2257 Solutions des jeux page 54 JEUX Mots fléchés Trouve les 10 différences
IMMOBILIER - BONNES ADRESSES
Vente – Jérusalem
RASSCO / SAN SIMON - Au cœur de San Simon, dans un environnement verdoyant et agréable, appartements neufs dans un petit immeuble "boutique" de TAMA 38, extrêmement bien pensés et agencés, spacieux, avec terrasse ou jardin, parking privé et caves. Appartements
3, 4 et 5 pièces, rez de jardin et penthouses. L'opportunité d'entrer en prévente à des conditions très intéressantes.
En exclusivité ! Ilana 053-5502600
HOLYLAND - Dans le complexe Holyland, 4 pièces bien agencées, suite parentale, donnant sur une vue imprenable, balcon, 2 places de parking privées, à proximité du quartier Bait Vagan, Malha (jardin technologique, Canyon Malha et centres sportifs), Shaare Tsédek et hôpital Hadassah Ein Kerem, axe Begin vers toutes les directions, Exclusif ! Michal 053-9383403
BAKA - Appartement avec jardin rénové et rare au cœur de Baka (rue Mordechai Hayeoudi), dans une maison à caractère historique, 5,5 pièces, spacieux, rénové haut standing, balcon couvert, grand jardin (environ 100 mètres carrés), bien situé : proche restaurants et magasins sur Dereh Bethlehem, transports publics, écoles et synagogues
En exclusivité ! Nava 053-5304556
Kiryat Shmouel (Shemoni) - Opportunité de rêve ! 4.5 pièces, spacieux, 2ème étage (ascenseur de Shabbat), plein de potentiel et de lumière, grandes pièces, verdoyant, balcon avec vue dégagée, balcon de service, double parking privé, pièce de rangement (mahsan), à proximité du jardin botanique, centre commercial, crèches et écoles, accès rapide à la route 16 En exclusivité ! Moché 053-6332685
Spécialiste de la gestion locative : court et long terme à Jérusalem
locations – Jérusalem
GAMME D'APPTS À LOUER court, moyen et long terme : Centre-ville, Nachlaot, Rechavia, Talbieh, Mamilla, Arnona, Baka, German colony, Katamon. Emmanuel 054-6290632
Vente – Jérusalem
ARNONA/TALPIOT - Projets neufs du 2 au 5 p. Excellents emplacements, belles prestations : la plupart ont un balcon, asc., parking, cave.
TZION APARTMENNTS
Emmanuel Lellouch 054-6290632 www.tzion-apartments.com el@tzion-apartments.com
ANGLO SAXON JEREUSALEM
3 rue Moché Hess - Jérusalem 077-8037351
JUDAÏCA
OBJETS DE KODESH YOUDAÏKA - JÉRUSALEM
Mézouzot, Tefillins, Sépher Thorah, Meguilot, Parashat Haketoret, rédigés sur parchemins de première qualité, par des scribes scrupuleusement sélectionnés, puis contrôlés et approuvés par le Gaon Hatsadik Hamekoubal Rav Ran Sillam Chlita. Toutes nos réalisations peuvent être ornées par des motifs artistiques sur mesure.
Contactez-nous : 054-8415213
E-mail : DORONYOSSEF26@GMAIL.COM
TRAVAUX
TIKOUN OLAM JÉRUSALEM
Entretien, maintenance et réparation : électricité, plomberie, volets, menuiserie, étanchéité. Professionnalisme et amabilité assurés. MEIR KATZ (LAUFGRABEN) : 053-431 04 14
SERVICES
ASSISTANCE RANGEMENT
Réorganise votre intérieur (rangement de cuisine, d'armoires et de placards) lors de votre Alya ou déménagement. Odile et son équipe prépare déballe les cartons et range votre maison. Travail rapide et soigné !
ODILE 054-625 44 41
JURIDIQUE
CABINET BETSALEL ABITBOL
Représentation en droit familial & succession, travail, immobilier, Bituah Leumi, immigration & travailleurs étrangers, médiation. AB@AB-LAWOFFICE.CO.IL - 050-404 2264
BIEN-ÊTRE
MASSAGE BY HAÏM - HAÏM BERREBI
Masseur professionnel, sur Jérusalem et alentours en clinique ou à domicile. Massage suédois aux huiles essentielles, aux pierres chaudes, à la soie, à la bougie, massage spécifique pour la fibromyalgie, drainage lymphatique, Vacuothérapie : massage aux ventouses. 058-62 72 520
52 AJ MAG N° 1007
ANNONCES IMMOBILIÈRES, BONNES ADRESSES PUBLICITÉ... Appelez le 058-461 6262 contactisrael@actualitejuive.com
Yael, jeune mariée, se rend chez son rabbin, totalement désespérée.
– Monsieur le Rabbin, je n’en peux plus ! Malgré tous mes efforts, mon mari ne me regarde pas. Il ne fait que parler de sa mère, et moi j’ai l’impression de ne pas exister.
– Je comprends, ma fille. Est-ce que vous avez essayé de lui cuisiner de bons petits plats ou des gâteaux ?
– Croyez-moi, j’ai tout essayé. Mais là, je suis vraiment découragée.
– Écoutez, il y a un domaine où votre bellemère ne peut pas rivaliser avec vous : c’est la chambre à coucher. Alors, ce soir, vous sortez le grand jeu : dessous affriolants, maquillage soigné, lumière tamisée, bougies parfumées… Je suis sûr que cela fera son effet.
Yael s’empresse alors d’aller acheter des bas noirs avec un joli porte-jarretelles noir, et une nuisette noire très coquine. Elle souligne ses yeux de khôl noir, met des voiles noirs sur les abat-jour et attend le retour de son mari. Celui-ci, de retour du travail, entre dans la maison et, en voyant sa femme, s’exclame : – Oh là là ! C’est quoi tout ce noir ?! Il est arrivé quelque chose à ma mère ?
Pour les Catholiques, le fœtus est considéré comme un être humain à part entière dès la
conception. Pour les Juifs, le fœtus reste un fœtus jusqu’à l’obtention de son diplôme de médecine !
BLAGUES À PART
Yossele a une usine près de Lodz dont le rendement baisse subitement. Alors il charge son fils de faire de la publicité pour attirer la clientèle. Huit jours après, en arrivant à l’usine, il voit une énorme affiche représentant le Christ sur la croix, avec l’inscription : « Avec les clous Levy, tout fonctionne à merveille ! » Yossele manque de s’étrangler et court voir son fils : – T’es pas fou de faire une publicité comme ça ?! Ça va provoquer de l’antisémitisme. Retire-moi ça immédiatement ! Le lendemain, il revient à l’usine et trouve
une autre publicité, sur laquelle le Christ est toujours sur la croix, mais cette fois-ci avec les bras ballants ; et le slogan annonce : « Voilà ce qui arrive quand on n’utilise pas les clous Levy ! »
Le docteur Dayan s’est occupé de la vieille madame Boutboul toute sa vie. Mais l’heure de la retraite arrive pour le docteur et il confie sa vénérable patiente âgée de 80 ans aux bons soins de son successeur, le docteur Marzouk. Lors de la première consultation, ce dernier lui demande d’apporter tous les médicaments prescrits par le docteur Dayan. Il les examine un à un et tombe, éberlué, sur une ordonnance de pilules contraceptives.
– Mme Boutboul, savez-vous que ces cachets sont des pilules contraceptives ?
– Oui docteur. Cela m’aide à dormir la nuit. – Mme Boutboul, je vous garantis qu’il n’y a aucune chance pour que ces pilules aient un quelconque effet sur votre sommeil.
– Je sais bien, Docteur. Mais chaque jour, en me levant, à l’aube, j’en écrase une dans un verre de jus d’orange que ma petite-fille boit au réveil… Et croyez-moi, cela m’aide à dormir la nuit !
Les blagues sont issues du livre de Josy Eisenberg, Ma plus belle histoire d'humour. Avec l'aimable autorisation de la famille.
54 AJ MAG N° 1007
© Fortissimots
VOUS SOUHAITEZ ÉCRIRE UNE TRIBUNE OU DEVENIR CONTRIBUTEUR DU MAGAZINE ? Contactez-nous au 058-461 62 62 ou contactisrael@actualitejuive.com
AJ MAG N° 1007 55