Rapport de stage

LESCURE LOUISE 20 janvier 2017

L’EXPERIENCE D’UNE ARCHITECTURE EN MOUVEMENT CONSTANT UMSCHICHTEN STUDIO Lukasz Lendzinski & Peter Weigand

Enseignant référent - Karine Louillot

Image de couverture : © Louise Lescure

L’EXPERIENCE D’UNE ARCHITECTURE EN MOUVEMENT CONSTANT

SOMMAIRE INTRODUCTION .................................................................................................................................. 07

I - PRESENTATION DE LA STRUCTURE D’ACCUEIL ............................................................. 10 Le Wagenhallen, un centre culturel dynamique au cœur des politiques publiques de renouvellement urbain ............................................................................................................................. 10 Le studio Umschichten, l’expérimentation d’une architecture en mouvement constant .. 16

II - DESCRIPTION DU TRAVAIL EFFECTUÉ ....................................................................... 20 La communication intelligible d’une situation complexe par le dessin ............................ 20 La mise en œuvre d’une méthode architecturale fondée sur l’interaction continue entre conception et réalisation ........................................................................................................... 26 L’architecture temporaire comme support d’une plannification urbaine participative ...... 32

III - RÉFLEXIONS PERSONNELLES CRITIQUES .................................................................. 36 L’architecture éphémère comme outil de critique d’un urbanisme austère ................... 36 La construction comme catalyseur social .................................................................................... 40

IV - ÉVALUATION PERSONNELLE DU STAGE ..................................................................... 42 Une limite entre le travail et la vie quotidienne qui tend à s’effacer ................................. 42 Le désir d’aller plus loin ......................................................................................................................... 44

CONCLUSION ....................................................................................................................................... 47

INTRODUCTION

Dans le cadre de ce stage, mon objectif premier était la découverte d’une pratique architecturale qui se différenciait de celles que j’avais déjà pu rencontrer lors de mes expériences professionnelles précédentes. Ayant travaillé auparavant pour un maître d’oeuvre (ABEO) et une agence d’architecture « traditionnelle » (Nadau Lavergne Architectes) à Bordeaux, je recherchais une approche plus expérimentale du métier. Cette volonté de m’ouvrir à de nouvelles expériences afin

la situation peu commune dans laquelle se trouvait alors le studio, cherchant des solutions à un déménagement forcé qui permettrait de mettre en pratique sa démarche théorique, m’a particulièrement intéressée.

L’attitude naturellement avenante, humaine et positive des associés a su me mettre en confiance et a fini par me convaincre. Le studio se situe dans le sud de l’Allemagne, à Stuttgart. Sa pratique se situe entre les domaines de l’architecture, de l’art et de

d’enrichir et d’élargir mes connaissances m’a amenée à envisager un départ à l’étranger. J’ai eu la chance à ce moment là de revoir une amie que j’avais rencontrée à l’école d’architecture de Montpellier et d’échanger avec elle. Elle étudiait, dans le cadre de son mémoire, le rôle de l’architecte dans le ­cadre d’un processus Bottom-Up appliqué au projet architectural. Elle m’a donné par la même occasion quelques contacts d’ateliers d’architecture qu’elle avait utilisés comme études de cas. Je suis partie de ces différentes adresses pour commencer mes recherches par le biais d’Internet.

l’urbanisme. L’architecture temporaire lui sert d’outil pour une action immédiate dans le laboratoire que représente la ville.

Les installations éphémères et ludiques qu’il propose jouent le rôle de médium qui encourage la participation des habitants afin de mieux dévoiler les besoins locaux.

Les différentes relations que ces studios entretiennent m’ont très vite permis de me constituer un large réseau d’ateliers que je qualifierai d’alternatifs par rapport à une pratique classique en agence d’architecture. Suite à une sélection, j’ai envoyé mes demandes par mail, et elles ont parfois donné suite à des entrevues par Skype. Finalement, mon choix s’est porté sur le studio Umschichten. En effet,

des matériaux qu’ils accumulent ou dont ils se séparent au cours des différents projets auxquels ils participent, et des différentes situations auxquelles ils se trouvent confrontés. Cette architecture en mouvement perpétuel change la vision du bâti qui passe d’un objet statique, achevé, à un processus fluide et dynamique où l’idée même d’achèvement disparaît. Cette idée d’hyper-mobilité de l’architecture combine

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En ce qui concerne mon stage d’une durée de 2 mois (du 17 octobre au 20 décembre 2016), le sujet général se rapporte à l’histoire d’une transformation sans fin d’un bâtiment, en l’occurence, celle de l’agence d’Umschichten. Depuis 2008, elle ne cesse d’évoluer en fonction

INTRODUCTION

théorie et pragmatisme, qui ont défini mes deux missions principales durant ce stage. Du côté théorique, ils prévoient la publication d’un ouvrage, financé par le ministère des arts, des sciences et de la culture de la région Baden-Würtemberg, qui retracerait l’histoire de leur agence.

Ils m’ont demandé de réfléchir à un concept général pour une communication intelligible de cette histoire. Du côté de la pratique, j’ai participé au processus continu de déconstruction et de reconstruction de l’agence, processus qui requestionne le rapport entre planification et réalisation en le considérant comme une interaction.

Je présenterai d’abord la structure d’accueil avant de décrire plus en détail le travail que j’ai réalisé au sein de l’agence.

Enfin, je ferai part des réflexions plus personnelles qu’ont occasionnés ces deux mois de stage.

Les artistes du Kunstverein Wagenhalle

WAGENHALLEN

GARE

Le projet de rĂŠamĂŠnagement du noeud ferroviaire de Stuttgart 21 (en rouge) 10

I

I - PRESENTATION DE LA STRUCTURE D’ACCUEIL LE WAGENHALLEN : UN CENTRE CULTUREL DYNAMIQUE AU CŒUR DES POLITIQUES DE RENOUVELLEMENT URBAIN

nouvelles synergies qui donnent naissance à l’association nommée « Kunstverein Wagenhalle », regroupant tous les artistes résidents du Wagenhallen. Elle constitue un terrain fertile d’où émergent de nombreux projets interdisciplinaires. Chaque année, une journée portes ouvertes est organisée afin de donner de la visibilité aux projets des artistes, des collaborations naissent des relations entre les différents acteurs, des évènements sont organisés sur le site, des concerts sont programmés, …

Cette dynamique en fait finalement un riche lieu culturel de Stuttgart.

Le studio Umschichten est implanté à Stuttgart, capitale de la région du Land de Bade-Wüttemberg, dans le sud de l’Allemagne. Il est installé plus précisément à proximité du centre ville, au Nord de la gare centrale, sur le site du Wagenhallen. Le Wagenhallen est un vieux hangar, construit à la fin du 19ème siècle (1895) afin de servir d’abri pour les locomotives. Elles étaient entretenues et réparées dans cet espace. Mais depuis 2003, le hangar est connu pour son usage culturel. En effet, le dernier propriétaire qui y avait installé son usine de recyclage a décidé de louer son espace à un prix très abordable. De nombreux artistes ont donc investi les lieux, y installant leurs studios, ateliers et entrepôts (plasticiens, architectes, acteurs, réalisateurs, musiciens, photographes, graphistes, artisans, …). Un peu plus tard, le hangar se voit être divisé en deux parties avec la création d’une zone indépendante des ateliers, des espaces de travail et des espaces d’exposition instaurés par les artistes. Elle est destinée à un centre culturel y organisant des évènements.

Cette concentration culturelle crée de

Cette partie de la ville jusque là délaissée par les politiques publiques, est aujourd’hui au cœur des projets de réaménagement urbain. En effet, le terrain se situant non loin de la gare, le Wagenhallen est directement concerné par l’important projet Stuttgart 21. Ce dernier est un projet ferroviaire et urbain visant à réagencer et moderniser le nœud ferroviaire de Stuttgart. La ville prévoit la construction de voies souterraines depuis Feuerbach et Bad Cannstatt, pour les trains régionaux et nationaux et l’édification d’une nouvelle gare de S-bahn Mittnachtstrasse. Ce nouveau projet permet de libérer de nombreux espaces à proximité des anciens rails de train. Le site suscite alors un grand intérêt, présentant un espace non-construit à proximité du

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Les rĂŠunions dans le container commun Ă tous les artistes 12

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centre ville et du nouveau quartier Europa Viertel. La ville décide donc de racheter le terrain. Elle y implante une centrale de chantier fabriquant le béton destiné aux travaux et prévoit également la rénovation du hangar avec le projet de faire de ce quartier un centre culturel attractif, par la volonté de maintenir dans le futur son usage actuel. Ce projet mène à la situation actuelle où tous les artistes doivent quitter le hangar. La ville adopte une politique tolérante vis à vis de la situation et les autorisent à s’installer sur le terrain vague en face du hangar le temps des travaux.

Les financements qu’ils reçoivent leur permettent d’expérimenter la construction d’une ville éphémère. Ils construisent alors ensemble un cantonnement auxiliaire de containers, et autres matériaux recyclés.

Ils mènent des réunions régulières afin de planifier le déroulement des travaux et de distribuer les rôles de chacun. Certains seront responsables de l’organisation générale, d’autres dessineront le masterplan ou seront chargés des travaux d’infrastructures (saignées pour l’eau et l’électricité, tuyauterie, installation des lampadaires, …), d’autres se chargeront de la communication et de l’organisation d’évènements, de workshops, concernant la situation. Ce projet commun renforce un certain esprit communautaire et d’entre aide parmi les artistes résidents. De plus, l’association d’artiste du Kunstverein Wagenhalle est active en ce qui concerne Stuttgart 21. Elle organise régulièrement des réunions, des workshops, avec les acteurs de la ville (politiques, architectes, urbanistes), avec les étudiants, … afin

de discuter ensemble du futur projet concernant le quartier du Wagenhallen.

Finalement, cette entreprise collective mobilise les résidents par le travail et favorise une certaine cohésion sociale.

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Le chantier de la ville éphémère du Wagenhallen 14

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Le chantier de la ville éphémère du Wagenhallen 15

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Quelques détails d’assemblage de la construction de la future agence

Peter et Lukasz lors de la réception de la publication « Von Katzen und Mikro-wellen » à l’agence 16

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LE STUDIO UMSCHICHTEN, L’EXPÉRIMENTATION D’UNE ARCHITECTURE EN MOUVEMENT CONSTANT

interventions cherchent à impliquer les habitants dans le processus d’évolution de leur ville, les encourageant à participer à la structuration de leur environnement.

Considérant la construction comme un catalyseur social, ils privilégient une échelle humaine ne nécessitant pas, en général, l’emploi de machines, de façon à rendre la participation accessible à tous. Ils n’ont pas la prétention de régler les problèmes qu’ils soulèvent par leurs installations, mais ont pour objectif de les rendre visibles pour tous, dans un premier temps.

Lorsqu’ils terminent leurs études d’architecture à l’Académie des Arts de Stuttgart, Peter Weigand et Lukasz Lendzinski décident de créer ensemble le studio Umschichten. Ils s’installent au Wagenhallen en 2008.

Leur travail se situe à l’intersection de l’architecture, de l’art et de l’urbanisme.

Ils considèrent l’architecture comme un processus fluide en évolution perpétuelle et non comme un objet figé dans le temps.

Ils profitent du pouvoir d’une architecture évolutive afin de privilégier l’expérience.

La ville devient un laboratoire où une approche éphémère de l’architecture semble indispensable, prenant en compte le risque d’échec permanent. Le design de leurs installations temporaires fait appel à des techniques de constructions flexibles et réversibles. La stratégie des matériaux utilisés fait donc partie intégrante de leurs réflexions. Les concepts de recyclage et pré-cyclage sont au centre des préoccupations du studio afin de traiter les questions de durabilité et de gestion des ressources.

Ils ne limitent pas la construction à des problèmes physiques mais considèrent également ses capacités à traduire une certaine idéologie ainsi qu’à établir des connections politiques et sociales. Leurs

Ils théorisent leur pratique à travers différentes publications, dont certaines sont en collaboration avec des agences françaises. La plus récente date de la fin de l’année 2016 et s’intitule « Von Katzen und Mikro-wellen ». Cet ouvrage qui appelle les habitants à passer du statut de consommateurs passifs à celui de producteurs actifs de la ville, est né d’une collaboration avec Bellastock, un atelier d’architecture parisien travaillant sur des thèmes similaires. Le ministère des arts, des sciences et de la culture de la région Baden-Würtemberg est l’institution qui finance la plupart de leur projet. Lors de collaborations, d’autres institutions culturelles peuvent participer au financement. Un de leur partenaire institutionnel principal est le Kunstverein Wagenhallen. Leur volonté d’intellectualiser leur pratique ne s’arrête pas aux publications. L’académie des Arts et l’Université de Stuttgart les aide quant au développement futur de leurs concepts

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L’intérieur de l’agence d’Umschichten à mon arrivée en octobre 18

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dans un cadre éducatif. Ils particpent également à de nombreuses expositions, donnent des conférences, organisent des lectures, ...

Durant ces 2 mois de stage, j’ai eu l’occasion de travailler avec Natalie Stricker, employée depuis 2 ans dans l’agence qui participe à la conception et à la gestion de certains projets. J’ai également rencontré leur graphiste Levin Stadler, chargé de la communication, avec qui j’ai été mise en contact pour la partie théorique de mon stage concernant la publication. Cependant, les personnes avec qui j’ai passé la plus grande partie de mon temps après Lukasz et Peter sont deux autres stagiaires, Reinhold Buhr and Philine Meckbach. On participait ensemble à la construction de certains projets. C’est là où l’idée de l’interaction immédiate entre conception et réalisation a pris tout son sens. Ayant de nombreux projets prévus pour 2017 et donc besoin de main d’oeuvre, j’ai pu rencontrer juste avant mon départ leur futur employé, Simon. De nombreuses autres personnes participent par intermittence pour certaines missions comme les différentes agences avec qui ils collaborent (par exemple Urban Catalyst de Berlin, avec qui j’ai eu l’occasion de travailler), ou encore les différents artistes du Wagenhallen, leurs anciens stagiaires, leurs anciens élèves, … J’ai eu la chance de pouvoir prendre part à la fois à l’aspect théorique et à l’aspect pratique de leur travail. Je décrirai les différentes tâches que j’ai pu effectuer dans la partie suivante.

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fig.1

fig.2

Structure d’origine

Agence 1.0

fig.3

Division

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Agence 2.0

fig.5

Démontage

fig.6

Reconfiguration

Les illustrations des différentes étapes de transformation de l’agence 20

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II - DESCRIPTION DU TRAVAIL EFFECTUÉ LA COMMUNICATION INTELLIGIBLE D’UNE SITUATION COMPLEXE PAR LE DESSIN

de Sketchup. Ce passage d’éléments hétérogènes existants à la définition 3D a demandé beaucoup de réflexion. La partie qui a pris le plus de temps mais à laquelle j’ai porté un plus grand intérêt a été la modélisation de la future agence, alors qu’on entamait au même moment sa réalisation. C’était un travail prospectif qui m’a permis de participer activement à

Une de mes missions principales était de participer à la publication d’un ouvrage retraçant le processus sans fin de transformation de l’agence. En effet, cette dernière est en perpétuelle reconfiguration. Elle évolue selon les différents matériaux collectés depuis la création du studio, au cours des différents projets auxquels Umschichten participe.

Mon but était de réfléchir à un concept qui puisse exprimer intelligiblement la fluidité de cette architecture en mouvement constant. Comment relater l’histoire d’une construction qui se décompose et se recompose avec le temps sous des formes différentes ?

sa conception et d’adapter cette dernière suivant l’avancement de la construction.

Pour chacune des étapes choisies, j’ai exporté des images 2D, que j’ai ensuite retravaillées grâce à Photoshop ou encore Illustrator. J’ai réalisé plusieurs tests afin de sélectionner le graphisme le plus adapté (cf. annexe). Nous avons pu tester la pertinence de ces dessins devant des étudiants de première année d’architecture, lors d’une de leur visite de l’agence. Je me suis occupée de préparer une présentation racontant l’histoire de l’agence depuis 2008 jusqu’à maintenant, par l’intermédiaire d’un PowerPoint évolutif.

J’ai commencé par réunir tous les documents existants qui me permettraient de retracer l’évolution de l’agence depuis 2008. Après avoir analysé les différentes archives que j’ai pu rassembler (dessins, photographies, croquis, plans, textes, …), j’ai atteint une compréhension globale suffisante pour commencer à réfléchir à une idée générale de représentation.

J’ai d’abord séquencé cette mutation en plusieurs étapes principales que j’ai ensuite modélisées en 3D à l’aide

Après s’être réunis avec Lukasz, Peter et Levin pour partager nos réflexions et nos idées, nous avons décidé d’organiser le livre selon ces différentes étapes. Les illustrations serviraient à créer une iconographie permettant d’identifier et de repérer facilement les principales transformations.

Chaque 21

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Un des tests d’assemblage des diffÊrentes illustrations

Le premier essai de mise en page pour la publication 22

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dessin correspondrait alors à une partie de l’ouvrage, et chaque partie contiendrait les diverses archives correspondantes, que j’avais réunies et classées auparavant.

les illustrations durant ces 2 mois de stage, cette phase reste donc au stade de tests et de croquis d’idées. Cependant, cela a permis de lancer le processus de réflexion et de faire naître des idées plus concrètes. Levin a pu ainsi lancer la recherche graphique concernant la publication.

Dans un deuxième temps, il était question de retracer l’histoire intégrale dans un seul document qui permettrait ainsi au lecteur de saisir la situation rapidement. Comment assembler ces différentes étapes dans un seul et même dessin qui résumerait l’ensemble de la transformation de l’agence de façon intelligible ? A l’occasion d’une nouvelle réunion tous les quatre, j’ai présenté l’avancement de mon travail et notamment un test d’assemblage, afin d’avoir du matériel sur lequel appuyer nos discussions. On s’est mis d’accord sur le fait que la représentation était trop linéaire, et qu’il fallait l’enrichir afin qu’elle transmette davantage d’informations, tout en clarifiant sa lecture. Nous avons pensé à y intégrer la provenance des matériaux. En effet, respectant l’idée du recyclage, chaque matériau utilisé pour la construction de l’agence est issu d’un projet qu’Umschichten a réalisé auparavant. J’ai donc commencé à collecter toutes les informations permettant de renseigner la provenance de chaque matériau utilisé. Suite à ces échanges, j’ai pu seulement faire quelques rapides croquis d’intention relatifs à mes différentes idées d’assemblage, que je n’ai malheureusement pas encore eu l’occasion de tester.

N’ayant pas eu le temps d’aboutir

Cet aspect du stage m’a appris à synthétiser et à communiquer une situation complexe par le biais du dessin. Pour ce faire, j’ai du passer par une phase d’adaptation, d’analyse et de compréhension d’un contexte particulier dans un pays étranger (discussions, entrevues, réunions, lectures, …).

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II

Le dessin de la premiere étape majeure de l’agence d’Umschichten

Le dessin de la déconstruction de la seconde étape de l’agence d’Umschichten 24

II

Le dessin de la seconde étape majeure de l’agence d’Umschichten

Le dessin de la construction de la troisième étape majeure de l’ agence d’Umschichten 25

II

La dĂŠconstruction

Les prototypes 26

II

La reconstruction

LA MISE EN OEUVRE D’UNE MÉTHODE ARCHITECTURALE FONDÉE SUR L’INTÉRACTION CONTINUE ENTRE CONCEPTION ET REALISATION

forme sous une apparence différente.

Cette façon de concevoir l’architecture implique une réflexion sur les techniques de construction utilisées. Le choix d’une structure sèche assure une certaine réversibilité et flexibilité de la construction.

Umschichten développe des détails d’assemblage qui laisse la possibilité d’être facilement déconnectés de façon à ce que la construction puisse disparaître sans laisser de trace.

Les travaux de rénovation du hangar prévus pour début janvier 2017 dans le cadre du projet de renouvellement urbain Stuttgart 21, mettent l’ensemble des résidents du Wagenhallen dans un contexte particulier. Tous doivent quitter le hangar dans un très court délais. La politique de laisser-faire qu’adopte la ville vis à vis de la situation leur permet d’exploiter l’espace libre en face du hangar pour réinstaller leurs ateliers. L’équipe d’Umschichten se retrouve finalement dans une situation exceptionnelle où elle doit reconstruire l’agence à l’extérieur en l’espace d’un mois. C’est une performance architecturale qui questionne la relation entre conception et réalisation et qui servira d’étude de cas. Jusqu’où la planification est-elle nécessaire et comment réagir in situ ?

En participant à cet aspect technique et pratique du stage, j’ai développé de nombreuses techniques propres au bricolage comme le vissage, le sciage, l’utilisation de ceintures, … Avant de passer à l’édification, nous passions par des phases de tests structurels.

Nous fabriquions plusieurs prototypes à l’échelle 1:1 afin de comparer différentes structures et de sélectionner la plus satisfaisante. Nous considérions à la fois la stabilité mais aussi la quantité de matériel et de travail nécessaire. Le fait de procéder par des tests à l’échelle réelle et de visualiser concrètement la structure nous confrontait plus directement à la phase de recherche. Ces allers-retours entre conception et réalisation m’ont permis de mieux comprendre l’évolution du processus de construction et de m’y impliquer plus facilement. Les problèmes ne sont pas résolus sur le papier, la recherche passe par l’action. Le processus de création qui en résulte est en évolution constante. Comme rien n’est figé, la proposition d’alternatives ou de nouvelles idées me paraissait plus naturelle.

Pour des raisons économiques et idéologiques, le studio favorisait la réutilisation des matériaux issus de l’ancien bureau afin de construire le futur bureau. La construction de la nouvelle agence impliquait donc la déconstruction de la précédente. Cela entrainait une gestion intéressante d’un travail simultané de désassemblage et de reconstruction.

Au fur et à mesure que l’ancienne agence disparaissait, la nouvelle prenait

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II

La recherche autour de la construction

La faรงade Nord de la future agence

La coupe de la future agence 28

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Avec le temps, j’ai pu acquérir plus d’autonomie. Peter et Lukasz m’ont notamment laissé gérer l’agence seule alors qu’ils étaient absents. J’ai alors du organiser la réception d’une commande de matériaux et gérer une équipe de 5 personnes présentes afin d’aider à démonter l’agence. Ils m’ont également confié la conception de toute la structure détaillée du plancher et des façades avec comme contrainte, l’utilisation des matériaux dont on disposait, tout en essayant autant que possible de les garder intacts. Cela reflète le principe de précyclage qu’ils ont développé. Il est résumé par l’expression anglaise qu’ils utilisent à ce propos, « use it before they’ll do ».

Au contraire du recyclage, les matériaux sont mis à disposition avant d’être utilisés pour ce à quoi il étaient destinés au départ. Cela demande un traitement particulier du matériau. Il ne doit pas être endommagé afin de pouvoir être réutilisé par la suite pour servir sa fonction propre.

Son utilisation est mise en réseau et la construction réalisée est alors considérée en liaison avec des évènements futurs.

Umschichten privilégie l’adaptabilité et l’évolutivité de l’architecture, alors que l’immédiateté est un temps synchronique qui inhibe l’organisation de réflexions articulées par la dimension progressive de la durée.

Finalement, la façon de considérer l’architecture m’a permis de participer activement à la conception et à la réalisation d’un bâtiment.

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La déconstruction de l’agence à l’intérieur du hangar 30

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La construction de la future agence 31

II

Immeuble de Chorweiler

Photographies de l’évènement «Platzstation» 32

II

L’ARCHITECTURE TEMPORAIRE COMME SUPPORT D’UNE PLANIFICATION URBAINE PARTICIPATIVE

avec notamment l’amélioration des infrastructures et l’ouverture du Bureau de la participation des citoyens en 1987.

Elle encourage également la création d’organisations éducatives et récréatives.

Le réaménagement de certains espaces publics a donc été planifié. Dans ce cadre là est prévue la rénovation du passage de Lyon et des places Parizer et Liverpool à laquelle Umschichten et Urban Catalyst sont associés, ayant comme objectif de faire participer les habitants au développement de ce projet de renouvellement urbain. Dans ce but, ils avaient organisés auparavant (du 28 août au 4 septembre 2016) l’évènement « Platzstation » qui permettait au travers d’activités attractives, ludiques et didactiques, de recueillir les opinions, les idées et les désirs des habitants pour le futur projet. L’architecture éphémère et la construction étaient le support principal de cette initiative. Cet événement a permis d’amorcer un dialogue entre l’administration de la ville, les politiques, les concepteurs architectes et urbanistes et les citoyens. Les résultats de cette planification coopérative serviront à formuler les lignes directrices du projet urbain. Cette expérience se poursuit aujourd’hui par des réunions entre les divers acteurs du projet afin de maintenir cette procédure de participation publique.

J’ai contribué à l’une de ces réunions, celle du 3 novembre, durant laquelle les concepteurs ont présenté leurs premières esquisses afin d’en discuter avec les citoyens et les politiques. Philine et moi

Durant mon stage j’ai également eu l’occasion de participer à un projet externe au projet principal de transformation de l’agence. Il concernait un événement organisé à Chorweiler à Cologne.

Umschichten était en collaboration sur ce projet avec l’agence Urban Catalyst de Berlin. Ces derniers explorent des stratégies temporaires dans des espaces urbains délaissés.

Chorweiler est un quartier de Cologne construit dans les années 1970 à proximité des zones industrielles du Nord de la ville, afin de remédier à la pénurie de logements de la période d’après-guerre. Le concept annoncé de ville-nouvelle alliant vie et travail n’a pas été réalisé, de nombreux immeubles de bureaux n’ont pas été mis en œuvre.

Finalement, seule la présence de loyers très bas représentait une attractivité pour Chorweiler. Ce quartier a évolué en zone sociale sensible caractérisée par une densité de population extrêmement élevée et vulnérable, dont beaucoup d’immigrés (50%) et de chômeurs. Cette zone résidentielle est stigmatisée par la pauvreté, les faiblesses d’intégration, la délinquance et la criminalité. Le conseil municipal de la ville a décidé, en 1985, de lancer un programme afin d’y améliorer les conditions de vie. La ville prévoit alors la rénovation urbaine du quartier

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II

La maquette du site en polystyrène

L’intéraction des habitants avec les ins 34

II

nous sommes vus confier la réalisation d’une maquette du site en polystyrène afin d’appuyer les discussions. Nous sommes arrivées toutes les deux la veille de l’évènement afin de commencer la réalisation sur place en suivant les plans et les instructions qui nous avaient été donnés. D’autres installations avaient été prévues afin de faciliter les échanges et la participation mais aussi la compréhension du projet.

Ce projet a pour but de promouvoir le discours public sur les questions urbaines contemporaines et de développer des stratégies pour les urbanistes et les architectes. L’architecture devient un médium pour discuter de thèmes en relation avec elle.

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II

Les diffĂŠrentes situations au Wagenhallen 36

III

III - RÉFLEXIONS PERSONNELLES CRITIQUES L’ARCHITECTURE ÉPHÉMÈRE COMME OUTIL DE CRITIQUE D’UN URBANISME AUSTÈRE

d’association et de collaboration, basées sur des échanges et des réciprocités.

Cela traduit alors une certaine liberté de création de situations par les individus qui entraine une hyper-mobilité de l’espace.

Cette pratique d’une architecture éphémère critique les objectifs d’une architecture « spectacle », comme décrite dans le livre « Architecture

Cette expérience d’une architecture en mouvement constant m’a évoqué le mouvement situationniste représenté par

Inefficiente » de Luigi Snozzi & Fabio Merlini. L’architecture contemporaine dans ses expressions dominantes y est décrite comme un « exercice fondamental formel et orienté de façon auto-référentielle vers une vertigineuse production d’originalité ». Elle vit d’une absoluité qui la déconditionne de tout lien.

C’est une architecture désocialisée visant seulement à impressionner le spectateur.

Elle représente une enveloppe esthétique reconnue pour ses effets immédiats, indépendamment de ce que peut signifier le projet en termes de réorganisation sociale du contexte, de transformation significative de l’espace, d’impact anthropologique. De cette mise en scène découle une relation ponctuelle avec l’espace qui ne reflète aucune interaction entre l’Homme et le bâtiment. A l’inverse, les projets nomades et réversibles d’Umschichten initient des pratiques favorisant la participation des habitants.

Ils prônent une architecture de relations qui s’inscrit dans de nouvelles formes

Guy Debord, qui se traduit par l’invention de villes mouvantes à travers un « espace social condamné au renouvellement créatif ». La création, l’art, fait partie de la vie quotidienne, ce qui amène à l’abolition du rapport entre le spectateur et l’artiste.

Ce contexte vécu durant mon stage peut être rapproché de la description de New Babylon de Constant Nieuwenhuys où l’imagination des habitants dessine la ville en une multitude d’espaces aux ambiances propres. Tous sont libres de contribuer et d’apporter leur pierre à une oeuvre éphémère. Cette participation créative et permanente de tous les citadins devenus des individus actifs engagés, amène à un espace en perpétuelle mutation. Le déplacement constitue l’activité majeure de la vie babylonienne permettant de tisser des liens sociaux, et où «la promenade et l’exploration ont pris le pas sur la ligne directe fleuron de l’espace utilitariste». C’est le principe de la dérive qui consiste à explorer la ville comme un champs d’expériences de vie au regard

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III

Les diffĂŠrentes situations au Wagenhallen

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III

de son potentiel à établir des situations.

Finalement, la ville devient un labyrinthe dynamique où la dérive urbaine entraine l’avènement d’une spatialité sociale. Ce système propose une nouvelle qualité de vie à l’Homme de demain où l’évènement crée la polarité et non le bâti. C’est une nouvelle figuration de la ville porteuse d’une dimension non définitive.

liberté créatrice dans un contexte urbain aujourd’hui trop réglé.

«La ville exprime la vie, c’est un organisme vivant, changeant, formé par l’homme et ses activités, et destiné à abriter sa société et destiné à favoriser ses activités. Tout événement dans la ville a un rapport plus ou moins direct avec tout événement.» Candilis, 1963

Ce système cherche à prendre position dans une société contemporaine en réaction au rationalisme et au fonctionnalisme de l’architecture moderne.

Il reflète l’idée d’une ville moins rigide et plus sensible où les flux et le vécu de chacun auraient une part significative dans sa constitution. Le mouvement situationniste critique l’inflexibilité du fonctionnalisme, limitant l’émancipation créatrice de tous par l’avènement d’une certaine monotonie d’un mode de vie normalisé sans interaction. Cette aliénation se traduit par une perte de contrôle des individus sur leur vie. Finalement, l’architecture éphémère telle qu’elle est pratiquée à Umschichten promeut une ville inspirée des utopies situationnistes où l’espace en mouvement constant est le fruit de la participation de tous au renouvellement urbain. Elle tend à redonner à chacun sa

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Cette vision d’un urbanisme participatif et d’un certain rejet d’un mode de vie normalisé a tout de même ses limites. Le refus de réglementation afin de privilégier une approche plus instantanée de l’architecture pose évidemment certains problèmes. On le voit dans l’exemple caricatural de la citadelle de Kowloon à Hong Kong qui s’est développée de façon presque organique avec seulement deux règles de construction (le raccordement à l’électricité et la hauteur du bâti). Il résulte de cette politique de laisser-faire, une agglomération de bâtis issue de nombreuses extensions et modifications.

Cette architecture anarchique engendre la création d’un espace à l’hygiène déplorable. A une moindre échelle, le libre cantonnement de containers au Wagenhallen présente certains problèmes notamment vis à vis d’une consommation énergétique excessive. La planification par des professionnels s’avère donc essentielle dans un souci de fonctionnalité et d’économie, surtout dans le contexte actuel, où une contrainte majeure s’ajoute, celle de développement durable. La programmation est indispensable mais elle ne doit pas anéantir toute tentative d’expression afin de laisser aux citoyens leur liberté créatrice. La production de la ville correspondrait à la recherche d’un équilibre afin de développer une ville rationnelle faisant place aux essais, aux expériences, aux désirs, aux surprises, … afin d’en casser la monotonie.

III

Echange autour de la déconstruction de l’agence

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III

LA CONSTRUCTION COMME CATALYSEUR SOCIAL

En travaillant à Umschichten, j’ai pris conscience du pouvoir fédérateur de la performance architecturale. Concevoir par l’action ouvre le processus de création par la déconnexion à l’exclusivité des représentations en plan qui ne sont pas familières pour tous. Les réalisations en 3D facilitent la compréhension pour tous et de ce fait favorisent la participation.

Cette pratique se déroule dans le cadre d’une architecture éphémère dont l’échelle humaine rend la construction accessible à tous et en fait le support de connexions sociales. Cette façon de procéder offre la possibilité aux participants d’interagir avec le processus de création et facilite donc l’implication de plusieurs collaborateurs afin qu’ils contribuent ensemble à une expérience directe de l’architecture. A travers leurs projets, Peter et Lukasz tentent de déplacer les questions de planification architecturale des bureaux jusqu’au chantier, afin de les traiter dans toute leur complexité, à travers des essais et des confrontations entre l’homme, le site et le matériau.

L’acte de construire devient primordial dans ces interventions à court terme qui s’inspirent de la spontanéité des mouvements activistes. Il prend de la valeur par rapport à l’objet fini en soi car il rassemble les gens et facilite le dialogue. Il participe ainsi à la généralisation du processus de création.

Les citoyens passent du statut passif de consommateurs à celui d’acteurs de la

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ville. Dans ce cadre là, les barrières entre constructeurs et usagers sont abolies, Les usagers futurs d’une construction prennent part à tous les aspects de la production spatiale, du design, en passant par la construction jusqu’à l’occupation.

De cette façon, l’intrinsèque agressivité de l’architecture et la passivité forcée de l’usager se dissolvent dans une condition créative où chaque événement lié à l’architecture est considéré comme de l’architecture. Chaque personne peut alors prendre possession de son espace par des actions afin de transformer son environnement en un véritable chez-soi.

La construction devient un outil politique visant à démocratiser la création en renversant la procédure habituelle de conception. Les méthodes de conception fonctionnalistes conventionnelles vantées pour leur économie de production sont remises en question car elles ignorent les valeurs non-matérielles de l’espace. Par exemple, la rationalisation ne considère pas la capacité de la construction à rassembler les gens. La construction collective est une performance en ellemême assurant une perspective différente sur la conception de l’architecture et son utilisation.

Finalement, cette pratique d’une architecture participative enrichit et complète le processus de construction en le considérant comme un catalyseur social, où le rôle de l’architecte serait de révéler la créativité collective par l’instauration d’un dialogue entre les différents acteurs.

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Quelques moments passés à l’agence 42

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ÉVALUATION

UNE LIMITE ENTRE LE TRAVAIL ET LA VIE QUOTIDIENNE QUI TEND À S’EFFACER

PERSONNELLE

coexistence qui en résulte développe un échange mutuel qui atténue les rapports hiérarchiques. La communication se fait d’égal à égal, où chacun peut apprendre de l’autre. Apprendre n’est pas issu d’une séparation stricte comme on peut la retrouver dans la relation entre des élèves et des enseignants, mais plutôt par une certaine réciprocité qui reconnaît les spécificités et les différences individuelles afin d’engager un dialogue instructif. Ces considérations nous plongent dans un climat de confiance qui encourage les idées spontanées, et donc l’émergence d’une créativité improvisée. Elles offrent un large degré de responsabilités, qui est à la base d’un terrain fertile d’où peuvent émerger des initiatives. Chacun gagne en autonomie et s’implique davantage dans la vie de l’agence. La diversité des tâches auxquelles j’ai été rattachée renforce cet investissement, me donnant les outils pour comprendre le processus global de production.

Durant ce stage, j’étais immergée dans le fonctionnement du studio, des projets qu’il gérait, à la transformation de l’agence, aux repas partagés jusqu’aux nombreuses soirées passées ensemble (expositions, théâtre, repas, concerts, cinema, ...). J’ai également passé une semaine à vivre dans un de leur container au Wagenhallen. Le rapport entre la vie quotidienne et le travail pendant ces 2 mois fait écho au mouvement situationniste auquel j’ai pu comparer leur pratique.

La séparation nette que ce rapport représente dans certaines situations tente ici de s’effacer. Les discussions de projets glissent vers des confessions personnelles et vice versa, sans que l’horloge ne joue aucun rôle. L’engagement est tel que l’activité de production n’est pas séparée de la réalisation individuelle. Elle fusionne avec les autres activités quotidiennes.

Quand on discute des futurs projets, qu’on développe des concepts, qu’on teste des modules architecturaux, on vit aussi ensemble. On n’expérimente pas seulement une collaboration, mais également les situations de la vie de tous les jours. Ces moments nous amènent à mieux nous connaître et la

Finalement, l’échange et le partage sont occasionnés par la vie à travers cette architecture performative. Ces relations et situations sont facilitées par une certaine liberté dans le travail, issue d’une pratique artistique de l’architecture où l’éphémérité permet de contourner certaines responsabilités et de ne pas se soumettre à certaines contraintes.

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New Babylon, Constant Nieuwenhuys 44

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LE DÉSIR D’ALLER PLUS LOIN

Cette situation au Wagenhallen m’a passionnée, faisant écho à des théories, des lectures auxquelles j’avais attaché beaucoup d’importance jusque là. Ayant discuté avec de nombreuses personnes à propos de l’histoire et des perspectives du site, j’ai trouvé son contexte très riche et je l’ai très vite projeté comme point de départ pour mon projet de fin d’études.

Je me suis beaucoup impliquée lors de mon stage et ces deux mois m’ont semblé vraiment trop courts. Dans un premier temps, j’ai ressenti l’envie de finir ce que j’avais entrepris. En effet, je n’ai pas eu le temps d’achever le travail que j’avais commencé pour la publication. Au départ, il était prévu de tout finir avant la fin de l’année, aussi bien la reconstruction de la nouvelle agence que les dessins pour la publication, mais les délais se sont finalement révélés trop courts. La situation au Wagenhallen concernant la rénovation a fait de la reconstruction une tâche primordiale. Le manque de temps nous a alors amenés à nous consacrer davantage à cet aspect pratique, laissant un peu de côté la partie théorique, ne respectant pas la répartition 50/50 annoncée au début du stage. Dans un deuxième temps, mon investissement concernant la pratique de l’agence est devenu tel que j’ai eu envie d’aller plus loin. Les questions que soulevaient la conception de l’architecture d’Umschichten, m’ont ouvert l’esprit sur le métier d’architecte et m’ont permis de m’épanouir au travers de sujets auxquels je porte beaucoup d’intérêt et que j’ai pu évoquer durant ce rapport de stage. En vivant sur place, j’ai pu réaliser à quel point l’expérience d’un lieu en évolution permanente pouvait être intéressant. Le parcours pour se rendre d’un endroit à l’autre n’est jamais le même suivant l’avancement du chantier. Cela instaure un rapport particulier avec le site, plus ludique.

Pour toutes ces raisons, j’ai pris la décision de prolonger mon stage là-bas pour 4 à 5 mois de plus afin de pouvoir m’investir davantage dans les thématiques abordées. L’enthousiasme de Peter et Lukasz m’ont confortée dans ce choix.

C’est aussi l’occasion d’expérimenter davantage le Wagenhallen de façon à approfondir l’analyse du site pour mon PFE. J’accorde beaucoup de valeur à ce stage car il m’a progressivement amenée à poursuivre une réflexion et une critique personnelles sur la pratique de l’architecture et la conception de l’espace, influencée par le mouvement situationniste.

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CONCLUSION Le nom de l’agence Umschichten, qui pourrait se traduire par «reconfiguration» évoque une architecture en mouvement constant.

Cette architecture temporaire participe à la critique d’une planification de la ville trop rigide, qui ne laisse pas beaucoup de place à la participation de ses usagers.

Elle remet en question une société où seul le spectacle reste en partage, le jeu auquel personne ne joue et que chacun contemple. Cela rapelle les idéologies situationnistes considérées comme utopiques. Le travail d’Umschichten a su mettre en pratique ces théories. Les théories passant à l’épreuve de l’action, l’idéologie n’entre pas dans un processus d’abstraction vicieux. Il permet un certain enracinement dans un terrain d’objectivité.

Sans cette immersion, l’idéologie ne rencontre pas de limites, les limites qu’elle se veut dépasser.

« Il y a dans toute idéologie une dimension visionnaire, qui d’un côté t’aide à ne pas élever le réel au rang de norme absolue de tes actions, mais qui, d’un autre, si elle n’est pas tempérée par un réalisme raisonnable échappe à tout contrôle et se transforme en délire plus ou moins partagé, qui exalte des logiques totalement détachées de toute analyse objective. » Fabio Merlini

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CONCLUSION

Image de quatrième de couverture : Croquis du processus de transformation de l’agence © Louise Lescure

LESCURE LOUISE