Camps d'entraînement militaires, patrimoine secondaire ? Le camp de la Fontaine du Berger

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Le camp de la Fontaine du Berger Camps d’entraînement militaires, patrimoine secondaire ?

Louis Théron


Louis Théron

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Le camp de la Fontaine du Berger

Louis THERON

Camps d’entraînement militaires, patrimoine secondaire ? La frugalité militaire au service du patrimoine Le camp de la Fontaine du Berger

Mémoire de fin d’études Sous la direction de FLORET Brigitte et GAYET-KERGUIDUFF Gwenn

ENSACF

Master METAPHAUR

2021/2022

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« Quand le monument perd sa fonction de message, c’est au document sinon de la restaurer, du moins de la questionner » Louise Merzeau


NOTE AUX LECTEURS Le camp de la Fontaine du Berger est composé de deux parties, une dite « ancienne » construite à partir de 1874, à l’ouest de la route départementale et une dite « nouvelle » construite dès 1917 à l’est. Cette nomination étant commune à la plupart des documents d’archives, nous emploierons également ces termes pour désigner les deux parties du camp. L’expression « polygone d’artillerie », employée avec parcimonie dans ce travail, désigne l’ensemble du camp dans certains documents d’archives. Ce mémoire aborde l’histoire du camp dans sa globalité mais se concentre par la suite sur l’étude et l’analyse de la partie dite « ancienne » du camp. Les raisons de ce choix sont explicitées dans l’introduction. En ce qui concerne la charte graphique, l’ensemble des figures est traité en noir et blanc. Ce choix, outre le fait de conférer une cohérence générale au document, procure au site un caractère à son image : intemporel. Il accentue le contraste entre le bâti et son environnement, et participe donc indirectement à la production du patrimoine. Ce travail personnel s’inscrivant dans le cadre universitaire, toute utilisation, reproduction et/ou publication totale ou partielle à des fins autres que personnelles est interdite sauf demande d’autorisation préalable.


REMERCIEMENTS Bien qu’étant un travail personnel, la richesse de ce mémoire réside avant tout dans la qualité et la diversité de ses intervenants. Je tiens donc à remercier toutes les personnes qui ont pris part de près ou de loin au processus de création de ce travail. Tout d’abord, merci à l’ensemble des enseignants du domaine d’étude METAPHAUR, particulièrement à mon trinôme encadrant Amélie Duntze-Ouvry, Brigitte Floret et Gwenn Gayet-Kerguiduff pour leurs conseils avisés. Merci à M. Jallon pour sa bienveillance et sa disponibilité. Pour finir, merci à mes proches, parents et amis, pour leur soutien.



SOMMAIRE

AVANT-PROPOS

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INTRODUCTION

12 PREMIERE PARTIE : Entre négligence et inexistence Quelle valeur patrimoniale pour le camp ?

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I. Une architecture pérenne 1. Un camp en constante évolution 2. Un ensemble dégradé

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II. Un ensemble bâti incohérent 1. L’harmonie de l’ensemble 2. Eléments nuisant à la lisibilité de l’ensemble

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III. Un camp représentatif 1.Typologie des camps militaires 2. Singularités et typicités du camp 3. Esthétisme et doctrines militaires

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DEUXIEME PARTIE : L’éloquence du paysage Un environnement naturel qui révèle l’architecture

57

I. La valeur paysagère 1. Le camp, un témoin de l’évolution de la Chaîne des Puys 2. Fonctionnalisme militaire et production du paysage

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II. Un site convoité 1. L’économie du paysage 2. Projet Actif Massif

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CONCLUSION

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GLOSSAIRE

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ANNEXES

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ICONOGRAPHIE

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BIBLIOGRAPHIE

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SITOGRAPHIE

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SOURCES

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AVANT-PROPOS

Ecrire les premières lignes de ce mémoire est l’occasion pour moi de prendre du recul

sur mes études d’architecture. Mon cursus au sein de l’ENSACF a été jusqu’à présent l’occasion de développer mes connaissances autour de la discipline architecturale, de me construire un regard critique, cela ayant pour finalité de me permettre d’exercer de manière « consciente » une fois le diplôme obtenu. Ma formation au sein du master METAPHAUR, domaine d’étude questionnant la relation qu’entretient l’architecture avec des notions telles que l’héritage, l’identité et le patrimoine, m’a permis de développer un attachement particulier à la relation forte entre architecture et patrimoine. Ce mémoire sera l’occasion d’approfondir le rapport entre architecture et patrimoine en s’appuyant sur un cas d’étude à même d’intégrer les deux thématiques transversales chères à l’école d’architecture de Clermont-Ferrand, à savoir les ruralités et les marges. L’attachement territorial propre à l’établissement a aussi fait partie intégrante de la prise de décision. Mon choix s’est porté sur le camp de la Fontaine du Berger, un ancien camp d’entraînement militaire à l’abandon, situé sur la commune d’Orcines. Outre les justifications objectives énoncées précédemment, il faut reconnaître que ce choix est surtout subjectif dans le sens où le principe même visant à choisir un sujet d’étude fait appel à un attachement et une sensibilité personnelle. Le camp de la Fontaine du Berger est un lieu que je suis régulièrement amené à traverser de par ma pratique sportive du trail-running. Il a rapidement éveillé ma curiosité, mon regard d’étudiant en architecture n’y étant sans doute pas étranger. J’ai été frappé par sa taille et sa situation privilégiée, au pied du puy de Pariou. L’identification d’un potentiel bâti évident a suscité mon intérêt pour ce site. Mes recherches sur le sujet ont confirmé ce potentiel. J’ai pu apprendre que le camp se situe à l’intersection entre la zone centrale et la zone tampon du bien Unesco Chaîne des Puys - faille de Limagne. Par ailleurs, il a été racheté par la mairie d’Orcines dans le but d’y implanter un projet respectant les prescriptions d’usage du SCoT, à savoir « renforcer le potentiel touristique ou récréatif » du hameau1.

1.  Le Grand Clermont, Document d’Orientations Générales du Schéma de Cohérence Territorial, [en ligne], 2019, p. 47, [consulté le 10 mai 2020], disponible sur : http://www.legrandclermont.com/sites/ default/files/files/PDF%20urbanisme/modification%20scot%206/SCOT%20-%203%20DOG%20modif6. pdf

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Mes recherches, liées à un premier état de l’art, ont renforcé mon choix dans le sens où le camp n’a fait l’objet d’aucun écrit théorique. Les rares données que j’ai pu collecter à son propos sont le fruit d’un long travail d’investigations et concernent principalement l’histoire du site. Je me suis également rendu compte que la plupart des ouvrages traitant de l’architecture militaire abordaient l’architecture des édifices destinés à la défense et au casernement (forts, citadelles, casernes, châteaux...) mais très rarement à ceux liés aux activités annexes (confection d’armes, formation...), activités pourtant fondamentales dans le schéma militaire français. Pour reprendre les termes de Nicolas Meynen, « la spécificité de ce patrimoine [militaire] tient à son immense diversité2 ». Nous sommes donc en droit de nous questionner sur la place des camps d’entraînement dans le champ du patrimoine militaire. En font-ils partie, et si oui, sont-ils des patrimoines primaires ou secondaires3 ?

Observation, évaluation, décision. Doit-on détruire le camp ou le conserver ? Si cette question est aujourd’hui l’objet de débats, pour y répondre il est primordial de s’interroger tout d’abord sur ce qu’elle sous-entend. Envisager le futur d’un site invite à se pencher sur la notion d’héritage et donc de patrimoine. Que veut-on transmettre aux générations futures et sous quelle forme ? Cet ensemble, situé dans une zone naturelle déjà patrimonialisée, peut-il être à son tour qualifié de patrimoine ? Tenter d’apporter des réponses à ce questionnement, sans tomber dans l’émotion patrimoniale ou le « tout-patrimoine » pour reprendre les termes de François Hartog4, tel sera l’enjeu de mon travail. Ce mémoire propose un regard nouveau sur le camp au prisme du patrimoine. Il sera d’une part l’occasion de faire perdurer la mémoire du site et d’autre part de mettre en avant une partie de l’architecture militaire et des activités connexes, tombées en quelque sorte dans l’oubli. En ce qui me concerne, en plus des enseignements dialectiques et méthodologiques, il me permettra d’approfondir la notion de patrimoine et de développer mes connaissances sur l’architecture militaire.

2.  MEYNEN Nicolas, Valoriser les patrimoines militaires - théories et actions, Art et Société, Presse Universitaire de Rennes, 2010, 246 pp. 3.  Définition, voir glossaire p.89 4.  HARTOG François, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Seuil, 2003, 197 pp.

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10 [Fig. 02] Bâtiment des troupes


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INTRODUCTION

Le camp de la Fontaine du Berger est pour bon nombre de randonneurs, un point de dé-

part privilégié pour partir à l’assaut de la Chaîne des Puys. Nombreux sont les Clermontois qui le traversent, mais très peu connaissent véritablement son histoire. Jadis marqué par le son des clairons et tirs de militaires, le site vit aujourd’hui au rythme des claquements de portières et éclats de voix des promeneurs de passage.

Une politique militaire revancharde Septembre 1870 marque le début de la IIIe République à la suite de la défaite française de Napoléon III à la bataille de Sedan. Quelques mois plus tard, c’est la fin de la guerre franco-prussienne qui se traduit par l’annexion de l’Alsace-Lorraine. Manque d’effectifs, mauvais commandement, faible recours aux techniques modernes comme le chemin de fer ou le télégraphe sont autant de lacunes qui ont contribué à cette débâcle et dévoilent au grand jour les limites de l’armée napoléonienne. Des suites de ce conflit, un esprit revanchard s’installe. Adolphe Thiers1, premier président de la IIIe République, va lancer de grandes réformes administratives et militaires. L’armée va progressivement prendre une place plus importante dans la société. La part de citoyens concernés par le service militaire est augmentée pour arriver à la moitié des jeunes. Les méthodes de sélection restent quant à elles inchangées, fondées sur la base du volontariat et du tirage au sort. L’armée évolue, prend de l’importance et se restructure2. On passe progressivement d’une institution semi-professionnelle à une institution professionnelle. En 1874, les frontières de l’est sont renforcées. En 1876, l’école militaire supérieure est créée et en 1889, le service militaire est rendu obligatoire à tous les jeunes. Cela contribue à renforcer la place de l’armée dans la société : elle devient un pilier important du développement social et civique3. La Première Guerre mondiale (1914-1918), et la victoire française qui en découle, vient confirmer les efforts entrepris par les différents gouvernements. Synonyme de revanche pour la France, elle donne un statut nouveau à l’armée française, celui d’armée la plus puissante du monde. La Seconde Guerre mondiale, quant à elle, marque une terrible désillusion, qui n’est pas sans rappeler celle connue sous le règne de Napoléon III. La percée de Sedan et l’invasion allemande illustrent la suffisance dont a fait preuve la France au sortir du premier conflit mondial, de même que sous le règne de l’empereur à la fin du XIXe. 1.  THIERS Adolphe, président de la République française du 31 août 1871-24 mai 1873 2.  DALLEMAGNE François, Patrimoine militaire, Scala, Paris, 2002, p. 18 3.  DUCLERT Vincent, La République imaginée, Belin, 2014, 864 pp.

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Elle met en avant les faiblesses de l’institution et induit de nombreux remaniements, illustrés notamment par l’appel du 18 juin 1940 du général De Gaulle. Celui-ci promeut une nouvelle restructuration de l’armée pour « remettre la France dans la guerre ». Au sortir de cette période éprouvante, s’ensuivent sans répit les nombreuses guerres de décolonisation (Algérie, Indochine, Madagascar...).

Le camp de la Fontaine du Berger La décision d’implantation du camp à la Fontaine du Berger intervient en 1874. Le site est choisi pour son emplacement idéal, situé sur un vaste plateau et bordé par les puys environnants qui permettent le bon déroulement des exercices de tir. Sa proximité avec la ville de Clermont-Ferrand à une dizaine de kilomètres, la gare de Durtol et la route sont autant d’arguments jouant également en sa faveur. Le 26 juillet 1874, un syndicat regroupant des habitants de la commune d’Orcines est créé. Il exerce un rôle d’intermédiaire entre l’armée et les habitants lors des échanges portant sur l’emplacement du camp ou encore sur les dédommagements financiers liés à l’achat de parcelles. L’emprise militaire, d’une superficie totale de plus de sept hectares (voir annexe 03), est finalement créée par Jean Louis Léon Dumas de Champvallier (1825-1891), directeur de l’artillerie de Clermont-Ferrand en cette fin d’année 18744. Le bâti se limite alors à quelques baraquements en bois, destinés pour certains aux hommes du rang, pour d’autres aux supérieurs.

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Zone classée Unesco

[Fig. 03] Plan de situation du camp, production personnelle d’après carte IGN, [plan], 2021

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Outre les entraînements militaires, le camp est également utilisé à des fins d’expérimentation. En 1876, le général Dumas de Champvallier publie une note dans les comptes rendus de l’Académie des Sciences concernant l’installation d’une ligne télégraphique entre l’École d’artillerie et le camp5. Longue de quatorze kilomètres, elle emploie un téléphone ordinaire petit modèle et participe en tant qu’expérience au développement de la téléphonie. Vingt ans après, en 1896, une seconde expérience a lieu au sein du camp, concernant cette fois le canon de 75. Le général Percin6 s’y installe plusieurs semaines avec quelques officiers pour développer un règlement de tir « simple et précis7 ». Cette même année, le 05 décembre 1896, le ministère de la Guerre décide d’abandonner le camp, car « il ne réunit pas toutes les conditions désirables à l’instruction ». Par cette expression, l’exécutif sous-entend les problèmes liés à la dimension des terrains de manœuvres, trop réduits pour certains exercices. Les demandes d’augmentation de la redevance annuelle payée aux habitants pour les gênes occasionnées les incitent également à émettre cet avis. Cette décision suscite l’incompréhension et la mobilisation générale de la population et des élus locaux, qui mettent en avant les retombées économiques pour la région ainsi que les coûts engagés pour la construction du camp8.

1874 Création du camp par Jean Louis Léon Dumas de Champvallier 1909-1912 2nd abandon du camp

1917 Création de la seconde partie du camp

1896-1901 Abandon du camp

1870 Bataille de Sedan

1918 1914 Première Guerre mondiale

1870

1945 1939 Seconde Guerre mondiale 1940

IIIe république

1944 Régime de Vichy

[Fig. 04] Frise chronologique présentant les évènements marquant de l’histoire du camp et leur contexte historique, production personnelle, 2021

5.  6.  7.  8.  p.2

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FREDUREAU et Cie, Annales industrielles dixième année 1878, Ducher et Cie, 1878, p.227 Général Percin (1846-1928), chef de cabinet du ministre de la Guerre de 1900 à 1904 CHASSAIGNE L., « L’invention du 75 », Cyrano satirique, n°127, Paris, 21 novembre 1926, p.27 Anonyme, « Les camps du 13ème Corps d’Armée », Le Petit Parisien, n°8706, Paris, 29 août 1900,


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Ces arguments finissent par convaincre l’armée qui décide finalement de conserver le camp et repousse la création de celui de Bourg-Lastic, site plus propice à des exercices de grande ampleur. Le camp reste tout de même abandonné pendant près de quatre ans et voit le retour des militaires en 1901. Il sera de nouveau délaissé sous Fallières, entre 1909 et 19129. Le polygone d’artillerie de la Fontaine du Berger, comme il est couramment nommé, s’agrandit progressivement à l’approche de la Première Guerre mondiale. Les conditions de vie s’améliorent et certains des baraquements en bois très rudimentaires laissent place à des constructions maçonnées. Des écuries, une cantine, des espaces de stockage et un poste de police sont construits. En 1917, le camp est largement agrandi suite à sa saturation. Une seconde partie d’une superficie de huit hectares s’implante de l’autre côté de la route départementale, à l’est, et permet de palier la multiplication des tentes. Au début du conflit, il sert de camp de réfugiés et abrite jusqu’à mille prisonniers et suspects allemands avant que ces derniers ne soient conduits à La Courtine, Aurillac, Cahors ou encore Le Puy10. En 1921, le camp est le seul de la 13e Région à pouvoir abriter des militaires. Trois ans après, en 1924, il accueille sous l’impulsion de Gilbert Sardier la création d’un stade aérien de vol plané11

1957 Début de l’utilisation du camp par l’armée de l’air

1962 1954 Guerre d’Algérie 1946

1994 Fermeture du camp

2014 Rachat du camp par la mairie

2018 1996 Inscription Chaîne des Puys Professionnalisation des armées Suspension du service militaire au patrimoine mondial de l’Unesco

1958 IVe République

IIIème république

Ve République

9.  « Compte rendu in extenso 87e séance », Journal officiel de la République, Direction de l’information légale et administrative, Paris, 25 juin 1912, p. 1695 10.  HEBRARD Adrien, « Les prisonniers de guerre », Le Temps, n°19415, Paris, 02 septembre 1914, p.4 11.  SARDIER Gilbert, « Les associations aéronautiques et l’aviation à voile », L’Europe illustrée : l’aviation française, Paris, décembre 1930 p. 24

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La période de l’entre-deux-guerres marque l’apogée du camp. Cuisine (1932), bâtiment des troupes (1932) et logements des officiers (1938) sont progressivement édifiés pour compléter les infrastructures existantes de l’emprise militaire. En 1937, il possède alors une capacité maximale de près de 1500 soldats et 500 chevaux répartis comme suit : 62 officiers, 224 sous-offiiers, 1192 hommes du rang et 488 chevaux. Le logement des troupes s’effectue seulement en partie sur le site, la plupart des hommes étant hébergés chez les villageois dans la quinzaine de villages et hameaux alentours12. A cette époque, des régiments venant de toute la France effectuaient des formations au tir, au combat ou à l’orientation, sur des périodes allant de deux semaines à plusieurs mois. Ces unités étaient placées sous la responsabilité d’un commandant de camp et d’un commandant d’armes quand plusieurs régiments s’y trouvaient en même temps. Le site a donc joué un rôle important dans le développement économique local grâce notamment à l’hébergement de soldats (capacité totale des villages de 1400 hommes environ)13, la vente de vivres, les bars et restaurants ou encore les dédommagements liés aux exercices de tir et payés aux paysans par le ministère de la Guerre. Concernant les moyens d’instruction, le camp était entouré de deux champs de tir de 600 m, dédiés pour l’un au combat et l’autre aux engins d’accompagnement. Un troisième de 1200 m était utilisé pour le combat (voir annexe 05). Ces trois espaces d’entraînement se trouvaient à quelques minutes à pied du camp, l’axe de tir se situant au sud-est du puy de Pariou. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le camp est utilisé dans le cadre des Chantiers de la Jeunesse. La période d’après-guerre est rapidement marquée en 1954 par la guerre d’Algérie. En 1956, le gouvernement français décide de rappeler près de 70 000 soldats pour doubler les effectifs militaires sur le sol algérien. Le camp participe à cette mobilisation et voit la création d’un nouveau bataillon, le Ier du 22e régiment d’infanterie, composé de 820 militaires à son départ du camp en juin 1956. En mai de cette même année, de très nombreuses manifestations de rappelés éclatent partout en France. Le camp n’échappe pas à cette vague de contestation et le 28 mai 1956, une grande révolte a lieu pour contester l’autorité. Malgré son ampleur, l’affaire est rapidement étouffée14. L’année suivante marque le début des formations de l’armée de l’Air à la Fontaine du Berger, les premiers tirs y sont réalisés dans la Chaîne des Puys.

12.  Anonyme, Organisation générale du camp, Service Historique de la Défense, 18 octobre 1937 13.  Anonyme, Notice sur le camp de la Fontaine du Berger, Service Historique de la Défense, ca. 1933, p.18-19 14.  QUEMENEUR Tramor, Une guerre sans « non » ? Insoumissions, refus d’obéissance et désertions de soldats français pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), [Thèse], Université Paris VIII, 2007, 1396 pp.

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Eugène Bullard L’hirondelle noire de la mort Plusieurs personnalités tels que le maréchal Pétain, les généraux Percin et Ottenbacher ou encore Henri d’Orléans sont passées au camp de la Fontaine du Berger. Parmi elles, Eugène Bullard, véritable héros national. Celui que l’on surnomme l’hirondelle noire de la mort est l’un des premiers pilotes de chasse noir de l’histoire. Né en 1895, il fuit rapidement le continent américain pour échapper au racisme et arrive en France à l’âge de 18 ans. Il s’engage dans la légion étrangère pour participer à la Première Guerre mondiale et se retrouve blessé au front ce qui lui vaut d’être déclaré inapte pour exercer dans l’infanterie. Cette blessure l’amène à intégrer l’aviation et à réaliser une vingtaine de missions en 1917. Sa vie fut marquée par le racisme, cela constituera notamment la cause de son arrivée au camp de la Fontaine du Berger. Fin 1917, il est déclaré inapte au vol sous le prétexte d’une bagarre et est envoyé servir à Orcines. Il arrive au camp en août 1918 en tant que sergent du 170e régiment d’infanterie pour former les jeunes recrues locales avant qu’elles ne soient envoyées au front. Il quitte l’Auvergne au printemps 1919 suite à sa démobilisation1. Son courage et son engagement exemplaire le conduisent à servir de nouveau l’armée française pendant la Seconde Guerre mondiale en tant qu’espion puis soldat. Il consacre la suite de sa vie à divers emplois en France et aux Etats-Unis avant de mourir d’un cancer dans l’anonymat en 1961. Son engagement est récompensé par de multiples médailles dont la Croix de Guerre 1914-1918 et 1939-1945 ainsi que la Légion d’honneur. Sa vie quant à elle fait l’objet de plusieurs ouvrages et productions audiovisuelles. [Fig. 05] Portrait d’Eugène Bullard

1.  RIBBE Claude, Eugène Bullard, Cherche Midi, Paris, 2012, 252 pp.

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Les années passent, la fréquentation du camp diminue progressivement jusqu’en 1994, année de sa fermeture. Celle-ci intervient suite aux diverses réformes visant à restructurer profondément l’armée15. L’Etat décide de réductions budgétaires qui se traduisent notamment par l’abandon de nombreuses emprises foncières ou encore par la suppression du service militaire cette même année. Plusieurs raisons expliquent que l’Etat ait décidé d’abandonner le polygone de la Fontaine du Berger. Premièrement, l’essor du tourisme et des activités de loisir à la fin du XXe siècle qui augmentent la fréquentation de la Chaîne des Puys et donc les conflits entre militaires, riverains et touristes. Deuxièmement, sa proximité avec le camp de Bourg-Lastic qui possède des avantages indéniables en matière d’espace de manœuvre avec à disposition des centaines d’hectares de landes inoccupées. Le 92e régiment d’infanterie qui y a pendant longtemps entraîné ses troupes au tir, au combat et à l’orientation se voit amputer de son terrain d’entraînement. Malgré tout, des activités militaires continuent de s’y dérouler pendant de nombreuses années dont, entre autres, les cross régimentaires. Aujourd’hui, la partie « ancienne » du site est majoritairement désaffectée. Seule la famille de l’ancien gardien du camp y vit. Les hangars sont utilisés comme entrepôt par la mairie d’Orcines et l’espace à l’arrière des baraquements comme pâturage en saison. La seconde partie, située à l’est de la départementale, est utilisée périodiquement comme lieu d’accueil de colonies de vacances par l’Institut de Gestion Sociale des Armées (IGESA).

Camp Bâti environnant Limites zones PLU 0

75m

250m

Zones cadastrales

[Fig. 06] Plan de la Fontaine du Berger, production personnelle d’après plan cadastral, [plan], 2021 15.  DE LESPINOIS Jérôme, L’Armée de Terre française de la défense du sanctuaire à la projection, 2 : 1981-1996, L’harmattan, Paris, 2003, 567 pp.

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Un avenir incertain En 2014, la partie ancienne du camp est rachetée par la mairie au ministère des Armées via l’Établissement Public Foncier du Syndicat Mixte d’Action Foncière du Puy-de-Dôme (EPF SMAF). La municipalité s’offre définitivement le camp en 2016, en le rachetant à l’organisme gouvernemental pour la somme de 220.000 euros16. Cette acquisition s’inscrit dans une volonté de valorisation du site, la commune étant consciente de son important potentiel. Dans l’optique de suivre les recommandations du Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT), celle-ci envisage de lancer une consultation publique pour développer un projet à vocation touristique. Ces choix concernant l’avenir du camp font débat au sein de la population Orcinoise et plus particulièrement du conseil municipal. L’opposition s’inquiétant du manque de transparence sur le sujet et du manque d’implication des habitants dans le processus de réflexion du projet. Ces différentes prises de positions et désaccords illustrent l’importance du sujet et posent question. L’abandon par l’Etat de nombreux sites militaires à partir de la fin du XXe siècle a confronté bon nombre de communes de petite taille à des interrogations quant à l’avenir de ces friches. Et ce, malgré la création de la Mission pour la Réalisation des Actifs Immobiliers (MRAI), de Plans Locaux de Redynamisation (PLR) ou encore de Contrats de Redynamisation de Site de la Défense (CRSD)17. La ville d’Orcines n’échappe pas à cette tendance et se retrouve sans doute aujourd’hui avec le plus vaste projet foncier qu’elle ait eu à gérer de son histoire. L’implication, et l’intérêt pour le site, dont elle a fait preuve dès 2014 est un acte courageux dans le sens où il illustre une réelle volonté de s’impliquer dans le processus d’évolution du site. Reste à savoir ce qu’il va maintenant devenir18. La proximité du camp avec le parc à thème auvergnat Vulcania étant marquante, il est intéressant d’aborder les similitudes qu’entretient le camp de la Fontaine du Berger avec ce centre de culture volcanique. La première concerne le programme et l’emplacement privilégié du site. A l’époque, deux projets étaient en concurrence pour s’implanter sur la commune de Saint-Ours-les-Roches, un centre équestre et Vulcania. C’est finalement le projet porté par Valéry Giscard d’Estaing qui fut choisi malgré une offre d’achat du terrain moins généreuse et de nombreuses propositions de terrains faites par d’autres communes de la région19. C’est donc un projet à vocation touristique qui est implanté en pleine Chaîne des Puys. 16.  Anonyme, « Le camp de La Fontaine-du-Berger fait débat », lamontagne.fr, Clermont-Ferrand, 17 septembre 2016, [consulté le 10 février 2021], disponible sur : https://www.lamontagne.fr/orcines-63870/ actualites/le-camp-de-la-fontaine-du-berger-fait-debat_12075713/ 17.  Ministère de la Défense, Réussir la reconversion d’un site militaire le guide pratique, ESF Editeur, novembre 2006, 140 pp. 18.  Anonyme, « L’avenir du camp de La Fontaine-du-Berger », lamontagne.fr, Clermont-Ferrand, 10 juin 2016, [consulté le 20 mars 2020], disponible sur : https://www.lamontagne.fr/orcines-63870/actualites/lavenir-du-camp-de-la-fontaine-du-berger_11953359/ 19.  O’DY Sylvie et SPORTOUCH Benjamin, « Les volcans de Giscard », L’express, 14 août 1997, [consulté le 09 mars 2021], disponible sur : https://www.lexpress.fr/informations/les-volcans-de-giscard_623874.html

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La seconde similitude concerne les choix architecturaux quant à l’avenir du dépôt de munitions présent sur le site. Le concours international d’architecture a vu plusieurs grandes agences répondre. L’agence d’architecture du français Jean-Michel Wilmotte est retenue par le jury, mais c’est finalement le projet de l’Autrichien Hans Hollein qui verra le jour grâce à l’intervention du conseil général qui jugea la proposition plus adaptée au site20. Ce dernier est le seul à proposer un projet dont la plus grande partie est enterrée. De plus, il ne conserve aucune trace matérielle du dépôt de munitions. Cette approche minimaliste discutable peut être interprétée comme une certaine frilosité de la part des pouvoirs publics d’affirmer un projet de grande envergure dans un tel site naturel. Le parallèle avec le camp de la Fontaine du Berger est manifeste, nous sommes également en présence d’une ancienne emprise militaire ayant comme reconversion probable un projet à vocation touristique et situé dans la Chaîne des Puys. Cette comparaison amène plusieurs questionnements d’ordres différents. Premièrement, quelle approche doit-on adopter vis-à-vis du bâti présent aujourd’hui sur le site ? Et deuxièmement, comment imaginer le rapport entre un projet architectural et un site naturel mondialement classé ? Si l’avenir du site, et plus particulièrement des constructions qui le composent, est aujourd’hui plus qu’incertain, il est difficile, voire périlleux, de prendre parti sans s’appuyer sur les deux phases préliminaires à la prise de décisions : l’observation et l’évaluation. A l’image du camp de Rivesaltes, patrimonialisé principalement pour son histoire, le camp de la Fontaine du Berger peut-il lui aussi faire l’objet d’un intérêt patrimonial et si oui, pour quels motifs ? Après avoir traité de l’histoire du site dans cette introduction, dans une première partie, nous étudierons le camp comme ensemble bâti et représentant d’une famille typologique21 en abordant la question de la valeur patrimoniale de celui-ci. Ce sera l’occasion de faire le lien entre le passé et le futur du camp en évaluant son intérêt patrimonial. Cela nous permettra par la suite d’identifier les éléments matériels ou non, faisant sens et qui nécessitent d’être conservés dans le but de faire perdurer la mémoire du camp. Dans une volonté de rendre ce travail le plus objectif possible et donc de lui conférer une certaine légitimité, je vais m’appuyer sur des critères patrimoniaux et donc des valeurs reconnues. Reconnues par leur persistance dans le temps et reconnues par la renommée de leurs concepteurs.

20.  SCEMAMA Corinne, « Archi débordé » , L’express, 01 février 2001, [consulté le 09 mars 2021], disponible sur : https://www.lexpress.fr/culture/art/archi-deborde_498581.html 21.  COSTE et DE MASSARY, Principes, méthodes et conduite de l’inventaire général du patrimoine culturel, ministère de la culture et de la communication, 2007, 234 pp.

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Le camp de la Fontaine du Berger

Nous étudierons le camp en convoquant les valeurs patrimoniales telles que décrites par Nathalie Heinich dans son ouvrage La fabrique du patrimoine22. Son approche sociologique me paraît intéressante dans le sens où le facteur social est au centre de la définition même du patrimoine. Elle part des critères pris en compte dans le processus de patrimonialisation du XXIe siècle (Service de l’Inventaire et Service des Monuments Historiques) pour en dégager des valeurs inventoriales puis patrimoniales en s’appuyant tout de même sur les travaux d’historiens comme Françoise Choay ou Aloïs Riegl. Le fait que son travail de recherche soit l’un des plus récents à l’échelle de cette notion de patrimoine, étroitement liée au temps, conforte également mon choix. Elle propose quatre valeurs patrimoniales : la valeur d’ancienneté, la valeur d’authenticité, la valeur de significativité et la valeur de beauté. Dans une seconde partie, nous étudierons le site à une échelle différente, comme partie d’un ensemble inscrit dans un espace. Cela permettra de comprendre la relation entre le camp et son environnement naturel, la Chaîne des Puys. La patrimonialisation du territoire peut-elle être un argument permettant de prendre position vis-à-vis de l’avenir du camp ? En quoi le paysage peut-il jouer un rôle dans l’évaluation patrimoniale de l’ensemble ? Et réciproquement, quel est l’impact de l’ancien polygone d’artillerie sur le paysage ?

22.  HEINICH Nathalie, La fabrique du patrimoine : de la cathédrale à la petite cuillère, Maison des Sciences de l’Homme, 2009, 286 pp.

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PLAN GÉNÉRAL DU CAMP Ancienne fonction

Datation

Etat sanitaire

A1

Poste de garde

1886

Correct

A2

Poste de police

av. 1904

Vestige

1917

Bon

A3 B

Château d’eau

Entre 1918 et 1932

Correct

C

Lavoirs et lavabos

av. 1932

Ruine

D

Bâtiment des troupes

1932

Bon

E1

Logements des troupes

1893 ou 1885

Bon

Entre 1903 et 1914

Bon

1917

Bon

Cuisines

Entre 1932 et 1936

Bon

1917

Bon

1975

Bon

E2 E3 à E24 F1 F2 et F3 H

Latrines

I

Cuisine des officiers

1905

Correct

J

Cercle bibliothèque

Entre 1905 et 1932

Correct

K

Magasin

ap. 1903

Correct

L

Hangar et magasin

1932

Correct

M

Bâtiment des douches

1927 ou av.

Bon

N1

Mess des officiers

Entre 1940 et 1946

Bon

1917

Bon

av. 1905

Bon

P

Dépôt de munitions

ca. 1914

Correct

Q

Logements des officiers supérieurs

1938

Bon

R

Pavillon des officiers

1917

Bon

S

Infirmerie

1917

Bon

Pavillon des officiers

1917

Bon

Place d’armes

ca. 1940

/

1000

m

Logements des officiers subalternes

Maçonnerie brique terre cuite Maçonnerie béton Maçonnerie pierre Volvic

950m

Limites du camp

22

Champ de tir

[Fig. 07] Plan général du camp de la Fontaine du Berger, production personnelle d’après plan cadastral et annexe 07, [plan], ech. 1/5 000e, 2021

H

D

F1 G

I J

A1

K L

N1

P Q

O

B

U

M

Limoges

O

U

A2 E2

Vestiges

N2

T

E1

Route de

Réfectoire

D941 -

G

C


1000m

D773 -

la Route de

Croix

A3 E3 E7 E10

E11

E8

F2 E4

E5

N2 E6

E9

E12 T S R

E13

E14

E15

E16

E17

E18

E19

E20

E21

E22 F3

E23 E24

0m

95

900m

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Louis Théron

24


Le camp de la Fontaine du Berger

1 PREMIERE PARTIE

Entre négligence et inexistence Quelle valeur patrimoniale pour le camp ?

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Louis Théron


Le camp de la Fontaine du Berger

Abandonné en 1994, le camp de la Fontaine du Berger est pour beaucoup un simple ensemble bâti vétuste et sans intérêt. Cette première partie est l’occasion de questionner la valeur patrimoniale du site et plus particulièrement ses qualités architecturales dans le but de valider ou d’outrepasser les idées reçues sur le camp.

I. Une architecture pérenne Etroitement liée au temps, l’étude de la valeur d’ancienneté est primordiale pour définir la valeur patrimoniale d’un sujet d’étude. Elle peut être perçue de deux manières : positivement on parle alors « d’accumulation d’un capital d’ancienneté » en s’appuyant sur l’histoire, ou négativement lorsqu’on met en avant l’état de dégradations liés à l’Homme ou à la nature. Cette notion est définie par plusieurs critères tels que la datation du bâti, son évolution au fil du temps ou encore son histoire1. 1. Un camp en constante évolution Le début de la IIIe République sous Adolphe Thiers, de 1871 à 1973, marque un virage important pour l’armée française. Celle-ci fait l’objet de nombreuses réformes dont celle rendant le service militaire obligatoire pour tous, visant à augmenter les effectifs. En deux ans, l’armée passe donc progressivement de 120 000 hommes à près de 500 0002. Parallèlement à cette augmentation et pour répondre aux nouveaux besoins, le gouvernement lance la construction de nombreuses infrastructures militaires. Casernes, camps, dépôts et autres édifices sont rapidement implantés sur le territoire français. C’est dans ce contexte, en 1874, qu’intervient la construction du camp de la Fontaine du Berger sur la commune d’Orcines. A cette période, sa composition sommaire se résume à trois baraques pour l’hébergement des troupes et une à l’écart destinée au logement des officiers. L’ensemble construit en bois offre des conditions de vie particulièrement difficiles en hiver. Rafales de vent s’engouffrant entre les planches et froid mordant ponctuent le quotidien des soldats3. Progressivement, le camp s’agrandit, des lavoirs, des écuries, des dépôts ainsi qu’un poste de police et un poste de garde viennent densifier l’ensemble. Des baraques supplémentaires sont également construites pour répondre à l’affluence croissante. A l’approche de la Première Guerre mondiale, le camp est saturé. Pour pallier la multiplication des tentes, les autorités militaires font construire un second ensemble bâti de l’autre côté de la route principale. Ce projet se compose entre autres de baraques, d’une cuisine, d’un pavillon et d’un mess pour les officiers, auquel vient se rajouter un bâtiment destiné à l’infirmerie faisant défaut de longue date4. 1.  RIEGL Aloïs, Le culte moderne des monuments, L’Harmattan, 2003, 124 pp. 2. GUGLIOTTA Georges, L’armée de Monsieur Thiers 1871-1873, Giovanangeli, 2017, 254 pp. 3. Journal officiel de la République française. Débats parlementaires. Chambre des députés : compte rendu in-extenso, Gallica.bnf.fr/BnF, Paris, juin 1912, p.1695 4. GERAUD, Rapport du directeur du service de santé du 13e corps d’armée au sujet de l’occupation en 1912 du camp de la Fontaine du Berger, Service Historique de la Défense, 28 septembre 1912

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Louis Théron

[Fig. 08] Camp de la Fontaine du Berger en 1874, production personnelle

1874

Bâti ajouté Bâti existant

28

[Fig. 09] Orcines. Camp militaire de la Fontaine du Berger. Vue générale

1918


Le camp de la Fontaine du Berger

[Fig. 10] Camp inférieur - Bâtiment de la C.A et cuisines

1946

[Fig. 11] Vue du camp aujourd’hui, production personnelle

2021

[Fig. 12] Evolution du camp depuis sa création, production personnelle, ech. 1/10 000e, 2021

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Louis Théron

Les normes d’hygiène évoluant, quelques années avant le second conflit mondial, le camp se voit doter d’un bâtiment des troupes ainsi que de douches et d’un bâtiment destiné au logement des officiers. Cela conduira à la disparition des latrines ainsi que de certaines baraques. Cette époque marque en quelque sorte l’apogée du camp. Au sortir de la guerre, la tendance s’inverse, la dissolution des derniers régiments de cavalerie montés en France entraîne la disparition des écuries du camp. S’ensuit une réduction progressive de sa fréquentation due en partie aux conflits d’usages entre civils et militaires : les activités touristiques et agricoles en Chaîne des Puys se développent de même que les armements militaires et leur portée. Ce qui réduit les possibilités d’entraînement des troupes5. A la fin des années 1970, la partie la plus récente du camp (celle construite en 1917) est transformée en centre de colonies de vacances pour les enfants du personnel militaire6. En 1994, le service militaire obligatoire prend fin sous Jacques Chirac ce qui conduit l’armée à réduire drastiquement ses emprises militaires. Cela entraîne la fermeture du camp cette même année, celui de Bourg-Lastic étant jugé suffisant pour accueillir les troupes en formation et plus propice aux manœuvres militaires.

2. Un ensemble dégradé Le temps influence l’évolution numérique du bâti, mais il joue également un rôle prépondérant sur l’évolution de ces mêmes constructions. L’abandon du camp par les militaires à la fin du XXe siècle a contribué à faire du polygone d’artillerie un site en friche. Aujourd’hui en attente de reconversion, l’ensemble a depuis sa fermeture subi de nombreuses tentatives d’appropriation provenant de l’Homme ou de la nature. Appropriations parfois positives mais souvent néfastes. Parmi les dégradations marquantes, on retrouve l’arrachement de certaines toitures dû aux vents violents qui a contribué à l’effondrement d’édifices (baraque, poste de police - Fig.13) et à leur état de ruine actuel (lavoir- Fig. 14). Egalement notable, les actions humaines liées au vandalisme (tags, ouvertures détériorées...). Malgré ces nombreuses dégradations, d’autres interventions apportent une plus-value au camp. L’augmentation de la densité végétale en lien avec l’état de friche du site permet notamment d’améliorer l’intégration paysagère du bâti et contribue à l’isoler de la route départementale (Fig.15). Les édifices se dévoilent progressivement au visiteur lorsqu’il traverse le site, ce qui, nous le verrons dans le second chapitre, procure un certain intérêt au parcours piéton.

5.  13e corps d’armée, Article 1, Troisième partie - Moyens d’instruction, Notice sur le camp de la Fontaine du Berger, Service Historique de la Défense, ca. 1933 6.  FOLTRAN Nicolas, Requalification des sites militaires : le camp de la Fontaine du Berger, [TPFE], ENSACF, 2001, p.10

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Le camp de la Fontaine du Berger

[Fig. 13] Vestiges du poste de police, production personnelle, [photographie], 2021

[Fig. 14] Toiture du lavoir, production personnelle, [photographie], 2021

[Fig. 15] L’entrée du camp, production personnelle, [photographie], 2021

[Fig. 16] Gravure dépôt de munitions, production personnelle, [photographie], 2021

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Louis Théron

Sont également présentes de nombreuses gravures réalisées par les soldats lors de leurs séjours au camp. Autrefois mal vues, elles peuvent être aujourd’hui considérées comme des ornementations, traces matérielles témoignant d’un vécu et contribuant à faire perdurer une partie de la mémoire du camp (Fig.16). L’histoire du camp et son évolution au fil du temps permet d’identifier une valeur d’ancienneté qui peut être perçue positivement malgré l’état de dégradations du site, lié à l’Homme et à la nature. Il est donc légitime d’admettre qu’il y a « accumulation d’un capital d’ancienneté » pour reprendre les termes de Nathalie Heinich7.

II. Un ensemble bâti incohérent Si le capital d’ancienneté est un élément important de l’évaluation patrimoniale, la valeur d’authenticité est tout aussi importante. Celle-ci permet de qualifier le lien entre le cas d’étude et son origine. Un édifice ayant subi une évolution soudaine ou des transformations nuisant à la lisibilité de l’ensemble peut être qualifié d’inauthentique. La sincérité, la véracité ou encore les continuités (stylistiques, urbanistiques...) sont autant de critères permettant d’appréhender cette valeur définie par le rapport rupture-continuité. L’authenticité est une notion qui peut s’appréhender à plusieurs échelles, de l’urbain au détail. Avant de pouvoir traiter de la relation entre le camp de la Fontaine du Berger et son origine, il est nécessaire de définir l’origine que nous admettrons. Si l’on se réfère à l’une des plus anciennes définitions, datée de 1549 et énoncée par le poète Joachim Du Bellay, l’origine est le « commencement, la forme ancienne d’une réalité qui se modifie8 ». Dans le cas de l’ancienne emprise militaire orcinoise, cela correspond à l’état dans lequel se trouvait le camp lors de sa construction en 1874.

1. L’harmonie de l’ensemble « Un ensemble est le résultat du jeu des relations de complémentarité qui s’établissent entre plusieurs œuvres ou ouvrages rassemblés dans un même lieu ou reliés par un même tracé 9».

Tel que défini par Massary et Coste dans leur ouvrage sur l’inventaire général du patrimoine culturel, les camps sont des ensembles liés à une même fonction générale, celle de former les troupes. Ils sont caractérisés par de nombreuses relations de complémentarité, relations physiques ou immatérielles. L’étude d’un ensemble n’est pas donc pas liée seulement à la relation temporelle qu’entretient le sujet d’étude avec son origine. 7. HEINICH Nathalie, La fabrique du patrimoine : de la cathédrale à la petite cuillère, Maison des Sciences de l’Homme, 2009, 286 pp. 8.  DU BELLAY Joachim, La défense et illustration de la langue française, Jean-Charles Monferran, 2001, p.73 9.  MASSARY Xavier et COSTE Georges, Principes, méthode et conduite de l’inventaire général du patrimoine culturel, Documents et méthodes n°9, Ministère de la Culture et de la Communication, 2007, p.33

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Le camp de la Fontaine du Berger

En ce qui concerne les relations physiques, dans le cas du camp de la Fontaine du Berger, il faut considérer deux ensembles. L’un composant la partie dite « ancienne » du camp, à l’ouest de la route départementale et l’autre situé à l’est construit plus tardivement, en 1917. Malgré l’appartenance à un même camp, chacune de ces entités fonctionne indépendamment pour pallier les problèmes de circulation entre les deux parties du camp, liés à l’axe routier. L’extension de 1917 a donc été dotée dès sa construction des fonctions essentielles à la vie d’un corps d’armée tels que des baraquements, une cuisine, un mess des officiers et leurs logements. A cela s’est ajouté un poste de garde pour protéger l’enceinte de cette seconde partie ainsi qu’une infirmerie qui faisait défaut. Cette répartition fonctionnelle limite les échanges, mais ne les interrompt pas. La présence de certaines fonctions dans une seule partie du camp contraint les militaires à fréquenter les deux ensembles, que ce soit pour des motifs liés aux manœuvres, à l’infirmerie ou encore au poste de police. Au rang des relations immatérielles, certains éléments contribuent à l’unité du camp, parmi eux, la matérialité et plus particulièrement la pierre de Volvic, commune à bon nombre de constructions (voir plan p.22-23), le style architectural militaire et l’apparente sobriété qui l’accompagne jouant également en faveur de l’unité bâtie. Concernant les deux parties du camp, la partie ancienne est rendue lisible par la présence de la place d’armes et des édifices qui l’entoure. Quant à la partie construite en 1917, elle possède une compacité résultante d’un parcellaire contraint qui rend également l’ensemble lisible.

2. Eléments nuisant à la lisibilité de l’ensemble Malgré les relations évoquées précédemment, certains éléments nuisent à l’harmonie de l’ensemble. A l’échelle urbaine, l’évolution du camp induit l’ajout progressif d’édifices ce qui ne joue pas en sa faveur, ces derniers étant stylistiquement et volumétriquement différents. La diminution de la densité bâtie suite à sa fermeture en 1994 ainsi que l’emplacement de la seconde partie du camp de l’autre côté de la route départementale nuisent également à la cohérence de l’ensemble. Cette séparation physique du camp en deux entités, associée à l’absence de relation visuelle, le rend peu lisible dans son entièreté. La partie « ancienne » du polygone d’artillerie peut également être qualifiée d’illisible à cause de l’importante dispersion des édifices sur la parcelle et le déficit de relations visuelles qui est induit par la présence d’une forte densité végétale.

1

33 [Fig. 17] Baraque E1


Louis Théron

A l’échelle des édifices, on retrouve une multitude d’éléments néfastes aux bâtiments par leurs diverses ruptures avec l’origine, ajoutés au fil du temps dans un souci d’économie de moyens. Autour de la place d’armes, on notera l’enduit en ciment blanc, les fenêtres murées et celles en PVC du bâtiment des troupes ainsi que l’extension de la cuisine ou encore celle de la baraque E1 de piètre qualité (noblesse des matériaux contestable et style architectural divergent du style original - repère 01 Fig.17). Les logements des sous-officiers ont également fait l’objet d’un ravalement de façades en ciment dommageable. Au fil du temps, de nombreux éléments sont venus rompre les continuités stylistiques, matérielles et urbanistiques du camp. Cependant, celui-ci demeure authentique dans le sens où il reste aujourd’hui lisible tant d’un point de vue de sa fonction que de sa forme. En ce qui concerne la partie dite « ancienne » du camp, la présence de bâtiments peu dénaturés et caractéristiques des camps militaires tels que le mess, le baraquement ou encore le bâtiment des troupes est un atout non-négligeable, de même que la conservation de la place d’armes.

III. Un camp représentatif Après avoir étudié les valeurs d’ancienneté et d’authenticité propres au camp, nous allons nous intéresser à la valeur de significativité. Celle-ci questionne le sens et la signification qu’un chercheur donnera au sujet d’étude. Pour pouvoir s’interroger sur cette notion, il faut pouvoir mettre en parallèle le sujet d’étude et un ensemble auquel il est susceptible de pouvoir se rattacher. Dans notre cas, nous utiliserons la fonction pour rattacher le polygone d’artillerie aux camps d’entraînement militaires français. Dans ce chapitre, nous verrons si celui-ci est considéré comme typique, représentatif ou témoin d’une pratique ou d’un savoir et nous étudierons également ses singularités. La valeur de significativité, comme les autres, fait en partie appel à la subjectivité, car elle est liée à l’avis du chercheur. En France, les deux services patrimonialisants, le service de l’Inventaire et celui des Monuments Historiques questionnent différemment cette valeur. Pour le premier, c’est le nombre, la sérialité ou encore la typicité qui seront mis en avant, le second attache quant à lui plus d’importance à l’unicité.

1. Typologie des camps militaires L’état de l’art réalisé sur les camps militaires français est riche d’enseignements. Tout d’abord, force est de constater que cette partie du patrimoine militaire n’est pas ou peu étudiée par les chercheurs. Ce désintérêt résulte sans doute du caractère sobre et banal que possèdent ces ensembles, induit par leur situation géographique isolée et leur fonction peu remarquable. Au contraire des casernes militaires, l’emplacement de ces emprises, à l’écart des villes et donc des principaux enjeux urbains de développement du territoire peut également expliquer le manque d’attachement dont ils font l’objet. Il fut donc nécessaire de dresser une liste des principaux camps d’entraînement militaires français pour ensuite pouvoir comprendre leur typologie (voir annexe 13).

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Le camp de la Fontaine du Berger

Dresser cet inventaire a permis d’opérer un rapprochement frappant avec les casernes militaires françaises. François Dallemagne l’explique en introduction dans l’un de ses ouvrages sur le sujet10, les casernes sont d’une grande diversité sur certains aspects, mais possèdent également des similitudes. Il en est de même pour les camps militaires qui, à première vue, dégagent tous un unique point commun, leur diversité. Hormis une typologie fonctionnelle établie par le capitaine Chéry en 186811, il n’existe pas de camp type à proprement parler. En reprenant les critères typologiques de François Dallemagne, que sont la forme, les écritures architecturales, la symbolique, les implantations et le type architectural, il nous est cependant possible d’identifier clairement les diversités et similitudes que possèdent les camps militaires français. En ce qui concerne les similitudes propres aux camps, ceux-ci répondent pour la plupart à la frugalité architecturale militaire12 et plus particulièrement à l’ensemble des convenances générales établies par le service du Génie, à savoir la solidité, la salubrité, la commodité, l’économie, l’ordre et la simplicité13. On y retrouve pour beaucoup la même organisation à savoir un poste de garde à l’entrée, une place d’armes autour de laquelle gravitent un bâtiment principal ainsi que les baraques alignées. Les logements des officiers se situent à l’écart. Dans de nombreux camps, l’économie de moyens imposée par les services militaires induit des constructions au rabais en préfabriqué ou temporaires à l’image du camp de Canjuers (Var) ou encore de celui de Braconne (Charente).

[Fig. 18] La place d’armes, production personnelle d’après carte postale de 1942, [illustration], 2021

10. DALLEMAGNE François, Les casernes françaises, Picard, 1990, p.16-17 11.  CHERY, Cours de Construction. 3e Partie, Bâtiments militaires et architecture : Résumé des leçons, Ecole d’application de l’artillerie et du génie, Service Historique de la Défense, 1868, p.31-32 12.  Définition, voir glossaire p.89 13.  GOETSCHY Fernand, Ecole d’application de l’artillerie et du génie. Cours de constructions. 4e partie, 2e section, 3e fascicule, Gallica.bnf.fr/BnF, 1886, p.2-10

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Louis Théron

Baraquement

Caserne Route principale Place d’armes

Poste de garde

Hangars Mess des officiers Logements des officiers

[Fig. 19] Image satellite du camp de Chambaran, Google Maps, [vue aérienne], 2021

Baraquement

Caserne Poste de garde

Place d’armes

Route principale Mess des officiers Logements des officiers

Hangars

Baraquement

[Fig. 20] Image satellite du camp de la Fontaine du Berger, Google Maps, [vue aérienne], 2021

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Le camp de la Fontaine du Berger

Les camps sont implantés majoritairement en zones rurales, proches d’axes routiers importants. Ces situations isolées, combinées aux convenances générales du Génie, confèrent à ces ensembles leur typicité. Malgré ces similitudes, ce sont sans doute les emprises militaires les plus atypiques par le rapport unique qu’elles entretiennent avec l’environnement dans lequel elles s’inscrivent. La recherche d’une économie de moyens conduit à une mise à profit du territoire, qui elle-même se traduit par des plans hétéroclites (implantation selon le climat propre au site, la végétation ou le relief), l’utilisation de matériaux locaux ou encore de techniques de construction typiques de la région. Ce cadre typologique commun à bon nombre de camps militaires français s’exprime parfaitement au sein des camps de Caylus (Tarn-et-Garonne) ou encore de Chambaran (Fig.19). Ce dernier, situé en Isère et construit en 1882 illustre la diversité (programmation typique des camps : baraquements, mess, caserne...) et la répartition fonctionnelle (édifices dédiés aux officiers à l’écart des troupes, place d’armes devant la caserne...) ainsi que le style architectural propre aux camps (rigueur et simplicité). Son emplacement isolé, sur le plateau de Chambaran, un vaste espace naturel boisé situé à l’écart des principales aires urbaines, est également typique des situations géographiques des camps. L’étude du plan de ce site militaire encore en activité, met en évidence les faibles évolutions du camp depuis la Seconde Guerre mondiale ainsi que sa répartition fonctionnelle, qui n’est pas sans rappeler celle du camp de la Fontaine du Berger (Fig.20).

2. Singularités et typicités du camp de la Fontaine du Berger Le camp de la Fontaine du Berger s’insère parfaitement dans le cadre typologique défini précédemment. Son architecture traduit les convenances générales militaires. La solidité s’illustre par le fait que le camp ait, dans son ensemble, résisté à l’épreuve du temps. La simplicité et l’économie par la sobriété de l’ensemble et l’usage modéré des ornementations. La salubrité par l’emplacement du camp, la présence de réseaux enterrés, du bâtiment des douches, ou encore la suppression des latrines extérieures au profit des toilettes propres à chaque bâtiment. La commodité, quant à elle, s’exprime par la proximité de la route départementale et la diversité des programmes présents au sein du camp (bibliothèque, mess, infirmerie, cuisines, douches, logements, poste de police...). Au niveau de l’implantation, le polygone d’artillerie répond également à la typologie propre aux camps militaires. Le bâtiment des troupes, les baraques ainsi que la cuisine et le réfectoire s’articulent aujourd’hui autour de la place d’armes, ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé. A l’image de l’ensemble du camp, cet espace central évolue au gré des besoins. Autrefois fragmenté par un alignement de baraques, il devient un lieu de rassemblement à part entière tardivement, à partir des années 1940, avant qu’un terrain de sport ne vienne le diviser de nouveau en partie nord vers 1945. Au rang des éléments caractéristiques, on retrouve également la mise à profit de la situation géographique que nous traiterons plus en détail dans la seconde partie de ce mémoire avec notamment l’utilisation de la pierre de Volvic typique de la région, l’implantation sur le plateau des Dômes ou encore la présence de bardage en ardoise.

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Louis Théron

Après avoir abordé la cohérence et les qualités de l’ensemble dans le second chapitre, nous allons maintenant nous intéresser aux édifices composant la partie ancienne du camp et particulièrement à quatre d’entre eux pour leur état de conservation, leur fonction essentielle au sein d’un camp ainsi que pour leurs multiples typicités et singularités. Par typicité, nous entendons la capacité d’un édifice à s’inscrire dans les caractéristiques architecturales d’un ensemble de même fonction (ex : type des baraques militaires début XXe siècle).

2.1 La baraque (bâtiment E1 plan général p.22) Edifice destiné à héberger les soldats, la baraque a progressivement remplacé la toile de tente. Plus pérenne et plus salubre, son apparition répond notamment à l’évolution croissante des convenances liées aux conditions de vie des troupes. La baraque ne peut fonctionner seule. Elle fait partie d’un site militaire et plus particulièrement d’un ensemble que l’on nomme baraquement. Cette zone est composée de plusieurs baraques alignées à intervalles réguliers. D’un point de vue architectural, la baraque répond à une certaine typologie. Elle possède la plupart du temps une volumétrie générale parallélépipédique basée sur un plan rectangulaire tout en longueur. Construite de plainpied, elle est traversante et couverte d’une toiture deux pans. Elle peut être maçonnée ou édifiée avec des éléments démontables tels que des modules en bois ou en acier. Malgré des caractéristiques différant en fonction de la situation géographique, certains inventeurs ont imaginé des baraques types pouvant être construites facilement, à moindre frais et employables sur l’ensemble du territoire. Parmi celles-ci, on retrouve entre autres la baraque Adrian14 (Fig.21) ou encore la baraque Jean-Prouvé15 (Fig.22). Fabriquées respectivement à partir de 1912 et 1939, ces deux baraques étaient destinées à répondre aux besoins militaires liés aux deux principaux conflits mondiaux. Si ces deux systèmes ont été profitables au développement de l’architecture militaire de campagne, ils ont participé également à l’essor de la préfabrication au sein de l’armée et plus largement à l’évolution de ce type de construction au sein de la sphère civile.

14.  Ministère de la Guerre, Inspection générale de l’habillement, du campement et du couchage, Baraquement système Adrian, Gallica.bnf.fr/BnF, ca. 1916, p. 3 15.  Jean Prouvé baraque militaire 4x4 1939, Galerie Patrick Seguin, 2016, 80 pp.

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Le camp de la Fontaine du Berger

Les avantages de la préfabrication se sont progressivement retranscrits dans les camps d’entraînements militaires. Au camp de la Fontaine du Berger, l’abandon des tentes au profit des baraques répond à l’évolution des normes de salubrité mais également à l’évolution des techniques de construction militaires dont la préfabrication fait partie. Cette dernière technique permet une rapidité de mise en œuvre des baraques par l’utilisation de portiques et de panneaux en bois (Fig.24). L’emploi de la pierre pour construire les baraques au sein du polygone d’artillerie orcinois interviendra au tout début du XXe siècle, celle-ci possédant une meilleure inertie thermique et étant plus pérenne que le bois.

[Fig. 21] Ensemble du baraquement, Baraque démontable système Adrian, Gallica.bnf.fr/BnF, SHD, [axonométrie], s.d, p.20

[Fig. 22] Jean Prouvé baraque militaire 4x4, patrickseguin.com, [photographie], s.d

Le camp d’entraînement orcinois est aujourd’hui constitué de deux baraques, l’une intègre construite dans les années 1890 et l’autre raccourcie résultante de l’évolution du camp, construite au début du XXe siècle. D’un point de vue constructif, comme le préconise le Cahier des clauses et conditions générales imposées aux entrepreneurs de travaux16, bon nombre de matériaux étaient issus de la région et choisis parmi les plus qualitatifs. La pierre provenait de Volvic, les pins et mélèzes de la région de même que les sables et briques. Les autres matériaux étaient français à l’exception des sapins rouges du Nord qui eux étaient importés de Norvège, Suède ou Russie. L’édification des baraques, typique de l’époque, était pensée pour être la plus rapide possible sans toutefois rivaliser avec les temps de mise en œuvre des baraques Prouvé ou Adrian.

16.  Cahier des clauses et conditions générales imposées aux entrepreneurs de travaux et constructions militaires, Henri Charles-Lavauzelle, Paris, Archives départementales du Puy-de-Dôme, avril 1902

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[Fig. 23] Elevation baraque E1, production personnelle, [élévation], ech. 1/200e, 2021

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Les soldats participaient à la construction de leurs logements. Une fois le soubassement en moellons de type Volvic réalisé, il suffisait de venir y sceller des portiques en bois préfabriqués pour ensuite y plaquer des panneaux en bois également préfabriqués, composés de planches verticales. La couverture en tuiles plates mécaniques pouvait finalement être installée pour coiffer le tout et assurer la mise hors d’eau. Pour pallier la faible inertie thermique du système constructif ainsi que les problèmes liés à l’engouffrement du vent, les baraques en bois ont été progressivement remplacées par des constructions maçonnées en pierre de Volvic. La baraque la plus ancienne (repérage E1 plan p.22) s’inscrit dans un plan rectangulaire de 68 m de long par 7 m de large. La façade principale est orientée sud pour réduire l’exposition aux vents d’ouest. Contrairement à bon nombre d’édifices militaires, la symétrie n’y est pas de rigueur, on trouve quatre types d’ouvertures réparties à première vue aléatoirement en façade. La maçonnerie est constituée de moellons en pierre de Volvic, la couverture de tuiles mécaniques petit moule en terre cuite. Les chaînages harpés ainsi que les chambranles sont en pierre de taille type Volvic également (voir annexe 09). Malgré une construction en pierre pérenne et peu évolutive, certains aspects du bâtiment ont été pensés pour être modulables notamment le système de baies qui offre la possibilité de convertir rapidement les portes en fenêtres grâce à une allège en béton (repérage 01 Fig.23) ou encore les espaces intérieurs simplement cloisonnés tolérant une grande modularité, ce qui est rendu possible grâce à la faible largeur de la baraque permettant d’éviter les murs de refend. En ce qui concerne les espaces intérieurs, la baraque a été convertie fin XXe siècle en chambres froides ce qui ne rend pas lisible le plan de l’époque. On retrouvait des pièces traversantes et une circulation latérale permettant d’optimiser l’espace disponible au couchage et d’évacuer rapidement le bâtiment.

[Fig. 24] Construction des baraquements, delcampe.net, [carte postale], ca.1940

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2.2 Le bâtiment des troupes (bâtiment D plan général p.22) L’année 1932 est marquée par la construction du bâtiment des troupes17. Haut de plus de 13 m et large de 43 m, cet édifice sera le plus imposant construit au sein du polygone d’artillerie orcinois. Il marque un tournant dans l’évolution du camp, les hommes du rang quittant progressivement les baraques pour y être logés en partie. En plus des huit dortoirs, l’édifice abrite également une armurerie, des chambres pour les sous-officiers ainsi que des douches et toilettes. Son plan rectangulaire et son apparente sobriété correspondent aux convenances militaires de l’époque. La symétrie y est de mise, les ailes nord et sud sont similaires en plan et en façade. Une toiture quatre pans en ardoise, ajoutée en 1968, coiffe l’ensemble en remplacement d’une toiture terrasse. L’édifice dégage une certaine massivité, caractère donné en façade par le rythme des baies jumelées avec linteau béton retourné, la maçonnerie en pierre de Volvic en opus incertum (apparente en façade ouest et enduite d’un ciment blanc en façade est) ou encore grâce aux bandeaux en béton soulignant les dalles des différents niveaux. Un avant-corps central est également présent pour mettre en évidence le volume principal de l’édifice, destiné aux chambres des soldats. Le plan est typique des bâtiments de troupes de l’époque, comme le démontre un document issu du cours de construction du capitaine Légier18. On retrouve exactement le même au camp de Bourg-Lastic. Rez-de-chaussée et premier étage similaires, desservis par une circulation latérale et une circulation verticale centrale (Fig.26). L’aile nord abrite l’armurerie, la partie centrale est occupée par les chambres des soldats, rendues traversantes par des fenêtres de second-jour et l’aile sud est destinée aux douches et sanitaires (voir annexe 10). L’édifice a dans son ensemble très peu évolué depuis sa construction. Hormis l’ajout de la toiture quatre pans, la mise aux normes incendie et des modifications apportées dans les pièces d’eau, il n’a subi aucune intervention importante nuisant à sa lisibilité. Cela lui confère une valeur d’authenticité conséquente, qui, combinée à sa typicité, lui permet d’être identifié clairement comme significatif des bâtiments de troupes de l’époque. Ce cas d’étude, au travers du rapport authenticité-significativité, illustre parfaitement le rapport ambivalent qu’entretiennent les différentes valeurs patrimoniales. A l’image de la valeur d’authenticité qui confère une significativité au bâtiment des troupes, la définition de l’une peut venir appuyer l’autre.

17.  Etat major 13e région, Notice sur le camp de la Fontaine du Berger, Archives départementales du Puy-de-Dôme, p.17 18.  LEGIER, Ecole d’application de l’artillerie et du génie. Division technique du génie. Cours de construction. Composition d’un projet de bâtiment : 2 leçons, Gallica.bnf.fr/BnF, 1909, p.69

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[Fig. 25] Elévation ouest du bâtiment des troupes, production personnelle, [élévation], ech. 1/200e, 2021

Armurerie

Sanitaires Chambre des troupes

Chambre des troupes

Chambre des troupes

Chambre des troupes

Douches

[Fig. 26] Plan du bâtiment des troupes, production personnelle, [plan], ech. 1/200e, 2021

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GSEducationalVersion GSPublisherVersion 817.73.79.100


[Fig. 27] Circulation latérale bâtiment des troupes


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2.3 Les logements des officiers supérieurs (bâtiment Q plan général p.22) En 1938, quelques années après la construction du bâtiment des troupes, le camp se voit doter d’un nouveau bâtiment destiné au logement des officiers supérieurs. Situé à l’écart, il se distingue par son enduit granuleux noir, tranchant avec le blanc des encadrements, chaînages et bandeaux (voir annexe 12). L’allure sobre et élégante de l’édifice, de même que son plan, ne sont pas sans rappeler les bâtiments de casernement type Vauban et plus particulièrement le pavillon d’officiers de la caserne de Montdauphin (1694-1701)19. En façade, on retrouve des proportions ainsi qu’un rapport pleins-vides similaires (Fig.28). En plan, le même schéma est répété : une circulation centrale qui dessert les chambres (voir annexe 16) flanquées de part et d’autre par les pièces de service en pignon (toilettes et douche). Le pignon ouest est bardé de plaques de fibrociment, destinées à protéger l’édifice des vents violents. Normalement en ardoise, ce traitement de façade est typique de la région. Au sein du camp, on le retrouve également sur le magasin ainsi que sur l’extension dédiée à la restauration des troupes. La valeur de significativité de ce bâtiment est donc à considérer, au même titre que pour le bâtiment des troupes, sous l’angle de l’insertion dans un cadre typologique, en l’occurrence celui des bâtiments de casernement type Vauban. Son bardage en écaille - malgré la pauvreté du matériau - ainsi que sa maçonnerie pierre, renforcent également sa valeur de significativité, car elle est représentative d’une pratique de construction locale.

[Fig. 28] Elévation logements des officiers, production personnelle, [élévation], ech. 1/150e, 2021

19.  DALLEMAGNE François, Les casernes françaises, Picard, 1990, p.48

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Le camp de la Fontaine du Berger

Chambre

Chambre

Chambre

Chambre

Chambre

Chambre

Chambre

Chambre

Chambre

Chambre

Chambre

Chambre

[Fig. 29] Plan des logements des officiers, production personnelle, [plan], ech. 1/150e, 2021

[Fig. 30] Caserne de Montdauphin. Pavillon des officiers, document issu de l’ouvrage Les casernes françaises de François Dallemagne, [plan], ca. 1694, p.48

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2.4 Le mess des officiers (bâtiment N1 plan général p.22) Cet édifice fut construit entre 1940 et 1946 en lieu et place de l’ancien logement des officiers. C’est sans doute le bâtiment le plus singulier du camp par sa volumétrie et ses nombreuses ornementations. Les façades nord et sud sont pourvues de trois avant-corps mettant en exergue la répartition des espaces intérieurs. Cette volumétrie singulière coûteuse répond malgré sa complexité à une logique fonctionnaliste que l’on retrouve également de manière plus conventionnelle sur l’ensemble du camp (volumétries simples et avant-corps moins prononcés). La toiture complexe par ses différences d’altimétrie vient accentuer la séparation des volumes. L’entrée principale est soulignée par un auvent flanqué de deux colonnes. On en retrouve d’autres, jouant le rôle de pergolas, sur les terrasses à l’arrière du bâtiment (voir annexe 11). Le soubassement de l’édifice est constitué d’un appareillage à bossage rustique en moellons assisés type Volvic (repérage 2 Fig.32). Il n’existe pas de typologie propre aux mess des officiers. Cependant, ceux-ci sont généralement, au même titre que leurs logements, construits à l’aide de matériaux de qualité et plus richement décorés que les autres bâtiments des camps et casernes. Au contraire des trois édifices étudiés précédemment, la significativité du mess de la partie « ancienne » du camp de la Fontaine du Berger réside dans sa singularité. Sa volumétrie atypique ainsi que ses nombreuses ornementations (sols, auvent, pergolas...) font contresens aux convenances générales du service du Génie et contribuent donc à rendre ce bâtiment unique et atypique. Une chronique parue dans le bulletin du Club Alpin Français présentant un récit de voyage en Chaîne des Puys, révèle un intérêt touristique pour l’ancien mess et plus particulièrement pour ses peintures murales (voir annexe 30). C’est sans doute le seul document écrit jusqu’à aujourd’hui qui témoigne d’un intérêt particulier lié à la singularité propre à un bâtiment composant le camp.

[Fig. 31] Elévation mess des officiers, production personnelle, [élévation], ech. 1/250e, 2021

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[Fig. 32] Liste non exhaustive des principaux matériaux composant les différentes façades des édifices du camp

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1. Appareil polygonal pierre de Volvic 2. Appareil moellons Volvic 3.Appareil brique terre cuite et soubassement béton 4. Bardage fibro-ciment en écaille 5. Chaînage d’angle en pierre de taille type Volvic 6. Appareil mixte en brique terre cuite et terre crue 7. Appareil pierre de Volvic 8. Chaînage d’angle béton et crépis

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[Fig. 33] Plan des calepinages plancher RDC mess des officiers, production personnelle, [plan], ech. 1/150e, 2021

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2.5 Décors, ornementations et autres singularités Malgré l’apparente sobriété architecturale du camp, les services du Génie ont su apporter quelques touches de singularité à l’ensemble. Nous l’avons entre autres compris en étudiant précédemment le mess des officiers. Hormis la volumétrie atypique de cet édifice, d’autres éléments originaux sont présents tels que des dates de construction en haut-relief sur la baraque E1 (Fig.35), le poste de garde (Fig.36) ou encore les logements des officiers (Fig.37). Celles-ci sont singulières à l’échelle du camp dans le sens où elles sont présentes sur seulement trois édifices. Il est cependant courant à l’époque de marquer la date de construction des édifices, ces inscriptions ne représentent donc pas un argument suffisant d’un point de vue ornemental pour accroître l’intérêt imputable au bâti, mais possèdent un intérêt au prisme de la valeur d’ancienneté car elles attestent matériellement d’une période de la vie d’un édifice, à savoir sa construction. Elles rappellent également au visiteur le lien qu’entretient le bâti avec son origine. La datation de la baraque E1 possède un intérêt supplémentaire : sa réalisation en pierre de Volvic en haut-relief témoigne de la maîtrise de ce matériau local ainsi que du savoir-faire artisanal de l’époque. Sont également mentionnables, des gravures réalisées par les soldats pendant leur(s) séjour(s) au camp sur l’ancien dépôt de munitions datant à première vue pour deux d’entre elles de 1915 (Fig.16 p.31) et 1926. Ces traces isolées contribuent à faire perdurer la mémoire des hommes qui ont fréquenté le camp, mais ne constituent pas des éléments suffisamment relevants pour guider la prise de décision quant à l’avenir de ce bâti. Le chambranle mixte en pierre et brique qui encadre les ouvertures du dépôt, lui, peut intervenir dans l’évaluation patrimoniale, car il est un élément de décor typique de l’architecture militaire. Reste à savoir si sa mise en oeuvre et plus particulièrement l’utilisation de la brique résulte d’une pénurie momentanée en pierre ou d’une intention à visée ornementale malgré un usage - dépôt de munitions - a priori anodin mais essentiel dans l’organigramme fonctionnel du camp. En ce qui concerne les ornementations intérieures, deux édifices seulement en possèdent des notables, à savoir les bâtiments destinés aux officiers : le mess et leurs logements. Ces décors sont réduits aux carrelages et contrastent fortement avec les murs immaculés. Il y a une grande diversité de calepinages, le mess des officiers n’en compte pas moins de neuf différents (Fig.38 et 39), quant à leurs logements, ils en possèdent deux notables (Fig.40). A l’intérieur de ce dernier édifice, sont également présents des graphes induits par l’abandon du camp (Fig.34). Pour en terminer avec les singularités du camp, on notera la maçonnerie mixte en brique de terre cuite et crue de l’ancien magasin, reposant sur un soubassement pierre en opus incertum20, rompant par sa matérialité et sa teinte avec les autres constructions du camp ainsi que la verrière du bâtiment des douches, typique des bâtiments hygiénistes de l’époque (également présente sur un édifice ayant une fonction similaire à la 13e Base de Soutien du Matériel de Clermont-Ferrand). 20.  CHASSINAT, Cours de constructions : première partie : notions pratiques sur les éléments, la forme, les dimensions et la construction des maçonneries, Gallica.bnf.fr/BnF, 1874, 332 pp.

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[Fig. 34] Chambre des officiers, production personnelle, [photographie], 2021

[Fig. 35]

[Fig. 36]

[Fig. 37]

[Fig. 38]

[Fig. 39]

[Fig. 40]

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3. Esthétisme et doctrines militaires La valeur de beauté est le critère d’évaluation patrimoniale le plus subjectif. Qualifié de « proscrit » par Nathalie Heinich21, il est malgré tout pris en compte plus ou moins consciemment dans la plupart des diagnostics patrimoniaux. Si les décors et ornementations abordés précédemment participent à la beauté de l’ensemble, il semble tout de même important d’aborder l’esthétisme du camp de la Fontaine du Berger de manière plus globale dans le sens où c’est avant tout ce critère qui participe au désintérêt dont le site fait l’objet. Si l’ancienne emprise militaire possédait des qualités esthétiques remarquables, un projet y aurait sans doute hâtivement pris place. A tort ou à raison, la frugalité militaire est donc l’une des causes de son abandon actuel. Comme nous avons pu le voir précédemment, les doctrines du service du Génie participent à la production d’un style architectural militaire ainsi qu’à une typologie des camps militaires. Elles contribuent également au travers de ce style sobre et fonctionnel à la production d’un certain esthétisme. S’il n’est pas ostensible, l’esthétisme du site est bien présent. Résidant principalement en l’aspect extérieur des édifices, il repose non pas sur l’extraordinaire, mais plutôt sur la sobriété. A l’échelle de l’ensemble, nous le verrons de manière plus détaillée dans la

21.  HEINICH Nathalie, La fabrique du patrimoine : de la cathédrale à la petite cuillère, Maison des Sciences de l’Homme, 2009, p.219

52 [Fig. 41] Grâce, production personnelle, [photographie], 2021


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seconde partie, il s’illustre par l’harmonie savante entre bâti et environnement, qui participe activement à la production d’un paysage singulier. L’économie militaire y contribue également par l’emploi de divers appareillages en pierre de Volvic, mis en exergue par les bandeaux en béton qui viennent rompre par leur finesse l’homogénéité massive des façades. Certains édifices possèdent des qualités esthétiques qui leurs sont propres. Le logement des officiers possède une majesté manifeste grâce à son style typique Vauban (sobriété, chaînes et chambranles blancs contrastant avec l’enduit noir). La baraque E1, par sa volumétrie effilée, possède une certaine élégance, accentuée par les volumétries discordantes des autres édifices (Fig.41). Quant au mess des officiers, son style architectural, sa symétrie et sa volumétrie singulière lui confèrent un charme étonnant. En étudiant la partie « ancienne » du camp, le rapprochement entre la valeur d’authenticité et valeur de beauté est frappant. La plupart des éléments nuisant à la lisibilité de l’ensemble par leur style, leur implantation ou encore leur matérialité, sont également néfastes à l’esthétisme du camp. A l’image des hangars, de l’extension de la baraque E1 ou encore de l’enduit blanc du bâtiment des troupes qui altèrent la sobriété esthétique propre au camp.

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Conclusion première partie L’étude des valeurs d’ancienneté, d’authenticité et de significativité a mis en évidence plusieurs éléments importants permettant de prendre parti quant à la valeur patrimoniale du site. Tout d’abord en ce qui concerne la valeur d’ancienneté, le camp est fortement représentatif de l’évolution historique des camps militaires. Sa construction ainsi que son agrandissement et sa fermeture interviennent au moment des grandes réformes de l’époque. Concernant la valeur d’authenticité, le polygone d’artillerie a subi de nombreuses modifications plus ou moins néfastes dans le sens où elles nuisent à l’ensemble par la qualité des matériaux, le style architectural ou encore l’emplacement des nouvelles constructions. Tout cela altère la lisibilité de l’ensemble, ce qui contribue à diminuer le capital d’authenticité. Pour finir, la valeur de significativité est au même rang que l’ancienneté, un facteur renforçant la valeur patrimoniale du camp. Elle se traduit par plusieurs typicités et singularités. A l’échelle de l’ensemble, le site est représentatif des camps militaires français par sa situation géographique, ses nombreux programmes typiques ainsi que son style architectural militaire. A l’échelle du bâti, l’étude de quatre édifices a permis de démontrer leurs typicités et singularités ainsi que leur importance au sein du camp. Suite à l’analyse de ces trois valeurs, il est légitime de qualifier de notable la valeur patrimoniale propre au camp. Reste à savoir quelle importance attacher à chaque valeur pour définir l’intérêt patrimonial du site et prendre position quant à la manière (matérielle, trace écrite...) de faire perdurer la mémoire du lieu. Comme le souligne Nathalie Heinich en s’appuyant sur la comparaison entre les deux services patrimonialisants que sont l’Inventaire Général et les Monuments Historiques, les choix patrimoniaux et l’importance donnée à l’une ou l’autre des valeurs demeurent propre à chaque entité en charge de patrimonialiser un sujet d’étude22. Le camp de la Fontaine du Berger ne possédant pas une historicité et une singularité remarquable, il peut être considéré comme un patrimoine bâti au prisme de sa typicité et de sa significativité, critères prépondérants du raisonnement du service de l’Inventaire Général. La seconde partie de ce travail sera à présent l’occasion d’étudier le camp à une échelle différente, celle de son territoire. Cette mise en perspective va permettre de comprendre la relation qu’entretient l’ancien site militaire avec son environnement et notamment en quoi les deux entités sont réciproquement bénéfiques l’une pour l’autre.

22.  HEINICH Nathalie, La fabrique du patrimoine : de la cathédrale à la petite cuillère, Maison des Sciences de l’Homme, 2009, 286 pp.

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2 DEUXIEME PARTIE

L’éloquence du paysage Un environnement naturel qui révèle l’architecture

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Aujourd’hui, l’ancienne emprise militaire fait l’objet d’un intérêt particulier pour sa

situation privilégiée dans le paysage volcanique auvergnat. Cet ensemble délaissé est un lieu où se sont croisées plusieurs histoires, celle de jeunes soldats formés à la hâte avant de partir au front et celle de locaux en quête d’aventures de plein air. Les premiers ont façonné le paysage et ont mis à profit les formes géologiques qui le composent pour s’entraîner, les seconds le rythment aujourd’hui en traversant le site pour le percevoir depuis le sommet du Pariou. Si l’évaluation patrimoniale est, comme nous l’avons vu précédemment, un élément important de la valeur patrimoniale, la valeur paysagère, trop souvent oubliée, peut permettre d’appuyer ou même de révéler de nouveaux choix patrimoniaux vis-à-vis d’un sujet d’étude. Les camps militaires étant sans doute les emprises militaires les plus intimement liées à leur environnement naturel, il est essentiel de mettre en avant ce rapport privilégié si caractéristique. En s’appuyant sur le concept de valeur paysagère, cette seconde partie est l’occasion de comprendre la relation entre le camp de la Fontaine du Berger et son contexte, et particulièrement la manière dont ce dernier peut intervenir dans l’évaluation patrimoniale.

Zone centrale du bien 0

150m

500m

Zone tampon du bien

[Fig. 42] Plan de zonage du bien Unesco Chaîne des Puys - faille de Limagne, production personnelle d’après plan cadastral, [plan], 2021

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I. La valeur paysagère La valeur paysagère est une composante du patrimoine culturel au même titre que les valeurs architecturales et esthétiques. Elle occupe une place importante dans le processus de prise de décision quant au devenir d’un site. Elle définit le lien entre le sujet d’étude et son environnement, partant du principe qu’un édifice et plus encore un ensemble architectural est en partie caractérisé par l’espace dans lequel il s’inscrit et réciproquement. Plusieurs critères sont à prendre en compte dans le processus d’évaluation de cette valeur notamment la relation entre histoire et géographie, les caractéristiques du paysage et son évolution ou encore l’influence de la nature dans le développement du sujet d’étude ainsi que l’influence de ce dernier sur celle-ci.

1. Le camp, un témoin de l’évolution de la Chaîne des Puys La Chaîne des Puys est née relativement vite à l’échelle de l’histoire géologique, il y a entre 95 000 et 8 400 ans, des suites d’épisodes magmatiques intervenus sur le plateau des Dômes1. Le camp de la Fontaine du Berger se situe sur une des deux coulées de lave trachy-andésitique du puy de Pariou, volcan strombolien apparût il y a 8 000 ans. La relation de l’ancienne emprise militaire avec les formations volcaniques de la Chaîne des Puys n’est donc pas seulement visuelle mais également physique et plus particulièrement géologique. Contrairement à ce que bon nombre de personnes supposent, la Chaîne des Puys a été inscrite à l’Unesco en 2018 pour sa géologie et son caractère « éminemment représentatif des grands stades de l’histoire de la terre 2» et non pas pour ses qualités paysagères comme le revendiquait initialement la candidature. Dans une volonté de préserver les abords du bien Unesco, le camp de la Fontaine du Berger, malgré sa proximité avec les formations volcaniques, a fait l’objet d’une inscription en zone tampon (zone adjacente au bien Unesco qui participe à son interprétation) au même titre que l’ensemble du hameau de la Fontaine du Berger (Fig.42). En ce qui concerne la géologie, hormis de légers terrassements, la présence du camp ne perturbe pas l’aspect physique des formes géologiques de la Chaîne des Puys. Partant de ce constat, il est donc plus pertinent d’aborder la relation entre le camp et la Chaîne des Puys sous l’angle paysager dans l’optique de questionner la patrimonialisation de l’ancienne emprise militaire. C’est le paysage et la fréquentation du site qui en découle qui suscite aujourd’hui un intérêt pour le polygone d’artillerie. C’est le paysage qui produit des représentations, intègre le sujet d’étude dans un environnement et renforce donc le lien entre celui-ci et un groupe d’individus. C’est le paysage qui, comme le souligne le plan de gestion du bien Unesco, est l’un des principaux risques conduisant à l’altération 1.  L’alignement volcanique quaternaire de la Chaîne des Puys, dossier de candidature Unesco, Partie 2, département du Puy-de-Dôme, juin 2019, p.64 2.  II.D Critères pour l’évaluation de la valeur universelle exceptionnelle, Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, juillet 2019, p.27

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Le camp de la Fontaine du Berger

de la lecture des formes géologiques3. Pour l’ensemble de ces raisons, la seconde partie de ce mémoire traitera spécifiquement de la relation camp-paysage sans toutefois faire abstraction de la géologie. La Chaîne des Puys a connu depuis le début du quartenaire (2,58 millions d’années à aujourd’hui), période de sa formation, de nombreuses évolutions paysagères au gré des contraintes climatiques et économiques. Elle est un témoin formidable des modes de vie locaux. Une importante densité végétale s’est développée, principalement sous forme de boisements, jusqu’à l’époque romaine. A cette période, les activités agropastorales connaissent un essor important, ce qui contribue à transformer la Chaîne des Puys par la réduction des forêts au profit des champs et pâturages. Ce sont les prémices de l’exploitation intensive à but lucratif de la zone. Les habitants prennent conscience de l’intérêt économique du territoire, les parcelles sont dorénavant perçues comme des emprises foncières attractives et non seulement comme de simples espaces de pâture4. Au fil des siècles, l’exploitation agropastorale de la Chaîne des Puys ne cesse de progresser ce qui conduit à la production du paysage que l’on connaît à l’époque de la création du camp de la Fontaine du Berger, fin XIXe siècle : une zone aride où règnent landes et pâturages, rythmée par quelques massifs forestiers (Fig.43).

[Fig. 43] Le camp vu depuis le Petit Puy-de-Dôme, delcampe.net, [carte postale], ca. 1925

3.  Renforcer les qualités paysagères, Axe 1, Préserver l’intégrité et la lisibilité des édifices géologiques et des paysages et agir sur les activités qui les façonnent, Plan de gestion du bien Unesco, département du Puy-de-Dôme, 2016, p.9 4.  Les couleurs et textures : l’histoire agricole, économique et culturelle, Partie 2bis, Candidature Unesco, département du Puy-de-Dôme, 2019, p.197

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ca.1914

2021

[Fig. 44] Evolution du baraquement, production personnelle d’après photographie et carte postale, [reconduction], 2021

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ca. 1935

[Fig. 45] Evolution du bâtiment des troupes, production personnelle d’après photographie et carte postale, [reconduction], 2021

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Le camp de la Fontaine du Berger

Les décennies passent, peu à peu, l’exode rural s’amplifie et une déprise agricole conséquente s’installe. Les pâturages font progressivement l’objet d’une reforestation importante, ce qui modifie durablement les paysages de la Chaîne des Puys5. Les espaces délaissés sont reconquis par une végétation dense, les puys recouverts pour la plupart d’un épais couvert boisé. Ces évolutions paysagères contraignent les pouvoirs publics à mettre en place certaines réglementations visant à préserver l’hétérogénéité des paysages de la Chaîne des Puys, tels que des arrêtés municipaux, le plan de gestion Unesco ou encore le SCoT du Grand Clermont (voir annexe 08). L’essor du tourisme à la fin du XXe siècle participe à la déprise agricole et induit de nouveaux conflits d’usages menant à la fermeture du camp en 1994. Si la Chaîne des Puys a connu de grandes évolutions paysagères, l’ancienne emprise militaire aujourd’hui en friche, a su préserver son identité paysagère depuis sa création (Fig.44). Elle est comme figée depuis sa fermeture. Seules les voitures et un panneau présentant les départs de randonnées viennent inscrire le camp dans « la modernité ». Malgré l’ajout d’édifices et l’apparition d’importantes masses végétales, l’ensemble reste aujourd’hui lisible, à l’image de la place d’armes qui conserve ses caractéristiques spatiales (proportions et rapport au bâti la composant) ou encore du bâtiment des troupes qui préserve son caractère imposant (Fig.45).

Délaissé et tiers paysage Par son implantation en limite de zone Unesco et son état de friche, la partie dite « ancienne » du camp de la Fontaine du Berger peut être qualifiée de « tiers paysage » pour reprendre le néologisme de Gilles Clément6. Partant de ce principe, certains constats de l’écrivain-paysagiste font sens et s’illustrent parfaitement en Chaîne des Puys et plus précisément au sein du camp. Si la déprise agricole contribue à augmenter la densité végétale en Chaîne des Puys, elle produit parallèlement de nombreux délaissés, espaces résiduels qui font l’objet d’un désintérêt menant à une (ré)appropriation de la nature. Le camp en constitue un pour des raisons autres que l’on connaît (conflits d’usages et restructuration de l’armée). Or, à l’inverse de la plupart des délaissés environnant, son usage partiel ainsi que sa situation géographique lui ont permis de conserver le vide qui caractérise ce type d’emprises militaires. Outre le potentiel urbanistique souvent présenté, cette caractéristique en plus de révéler l’architecture du site, lui confère également un potentiel paysager important à l’échelle de la Chaîne des Puys. Le vide est dans le cas du camp un délaissé alors que c’est généralement le plein induit par la reconquête végétale qui caractérise ce type d’espace au sein du bien Unesco.

5.  Les couleurs et textures : l’histoire agricole, économique et culturelle, Partie 2bis, Candidature Unesco, département du Puy-de-Dôme, 2019, p.201 6.  CLEMENT Gilles, Manifeste du tiers paysage, « L’Autre Fable », Sujet/Objet, Montreuil, 2007, p.9

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Sommet volcanique Champ de tir Zone de sécurité Camp de la Fontaine du Berger Plein (espaces arborés) Vide (espaces déboisés)

[Fig. 46] Carte des espaces pleins et vides situés à l’est de la Chaîne des Puys, production personnelle d’après image satellite Google Maps, [plan], ech. 1/15 000e, 2021


Le camp de la Fontaine du Berger

Dans son ouvrage Manifeste du tiers paysage, Gilles Clément milite pour une fusion des délaissés, ce qui serait selon lui profitable à la création de corridors biologiques, euxmêmes bénéfiques à la biodiversité. Dans le cas du camp de la Fontaine du Berger, l’implantation des édifices de manière éparse produit aujourd’hui à l’échelle de la parcelle un tissu fragmenté conduisant à une multiplication des délaissés et donc des continuités biologiques entre le bâti. A l’échelle de la Chaîne des Puys, le délaissé produit par le camp, malgré une caractéristique spatiale qui lui est propre - le vide - et une limite parcellaire franche marquée par un tissu forestier dense, s’intègre harmonieusement dans l’alternance pleins-vides caractéristique de la zone jouxtant les formations volcaniques (Fig.46). Le camp est donc un témoin de l’évolution de la Chaîne des Puys et plus particulièrement de la déprise agricole intervenue au XXe siècle, par sa persistance et son implantation à une période clef de l’histoire de cet espace naturel singulier. S’il est au même titre que d’autres espaces, typique par ce rôle de témoin, il n’en possède pas moins une singularité paysagère exceptionnelle à l’échelle du bien Unesco : le vide qui le constitue propre à sa fonction passée et persistant malgré son délaissement.

2. Fonctionnalisme militaire et production du paysage « La Chaîne des Puys et la faille de Limagne offrent une morpho-géographie déjà très riche en qualités sémantiques, du fait de leur nature géologique elle-même que l’homme a su enrichir de son propre apport, non seulement sans en altérer la lisibilité, mais encore en augmentant les qualités sans rupture de continuités de sens. Les villages, les hameaux, les fermes isolées, le parcellaire, démontrent souvent une « intelligence » des lieux sur lesquels ils se sont installés. C’est dans cette intelligence des lieux révélée par certaines actions de l’Homme que réside une grande part de l’esthétique de ces territoires et par là, leur valeur de paysages7».

Cet extrait du dossier d’inscription à l’Unesco illustre la prise de conscience liée à la relation entre l’Homme et la nature dans la production du paysage. Le camp de la Fontaine du Berger en plus d’être un témoin de l’évolution de la Chaîne des Puys, s’y intègre et la rythme de manière subtile. Les doctrines architecturales militaires et l’économie de moyens qui les caractérisent n’y sont pas indifférentes. Philippe Prost, architecte sensible au patrimoine militaire, considère que l’architecture militaire est « un domaine où la géographie fonde l’histoire8 ». Cette affirmation est juste dans le sens où l’armée s’implante de manière stratégique sur le territoire. En bordure de limites géographiques ou sur des sommets escarpés pour répondre aux enjeux défensifs, mais également au pied de ces mêmes reliefs dans l’optique de profiter de la topographie pour sécuriser un champ de tir comme c’est le cas pour le polygone d’artillerie de la Fontaine du Berger (Fig.47).

7.  Dossier d’inscription Chaîne des Puys, faille de Limagne, version consolidée, partie 2, Conseil général du Puy-de-Dôme, juin 2019, p.116 8.  PROST Philippe, Part art et par nature - Architecture de guerre, Les Edifiantes, 2019, 63 pp.

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Puy de Pariou

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Puy des Goules


Le camp de la Fontaine du Berger

Puy du Grand Sarcoui

Camp de la Fontaine du Berger

Limite du bien Unesco

67 [Fig.47 ] Coupe paysagère ouest-est, production personnelle, [coupe], ech. 1/5 000e, 2021


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Comme nous avons pu le voir dans l’introduction de ce travail, le choix d’implantation du camp ne se réduit pas à la simple présence du puy de Pariou, il répond à de multiples besoins. Besoin de proximité avec un axe routier important et la ville de Clermont-Ferrand, et besoin de posséder un terrain isolé propice à l’entraînement au tir. La topographie du Pariou permettant de faire office de butte pour le champ de tir n’est qu’un atout supplémentaire non-négligeable pris en compte par les services militaires lors du choix du site. L’intelligence fonctionnelle qui induit le choix du site est également mise au service de l’architecture du camp. Le territoire est perçu comme une ressource propre à permettre son édification et son fonctionnement. Celui-ci tire parti de la nature par l’emploi de matériaux locaux tels que la pierre et le bois lui conférant un caractère typique de l’architecture auvergnate de montagne et contribuant par là même à son intégration paysagère. La présence d’une source au hameau de la Fontaine du Berger, et son exploitation au moyen de puits par le service du Génie, illustre également cette notion de territoire ressource. Au rang des « dispositifs mis en œuvre pour pallier l’absence de moyens offerts par la nature9 », l’étude de cartes postales met en évidence l’implantation d’un espace boisé à proximité du mess des officiers, ce qui laisse supposer qu’il était destiné à répondre aux besoins en matière première qu’induit la vie d’un camp. Malgré la planimétrie de la parcelle permettant d’implanter facilement les différents édifices composant le camp, on notera également la présence de murs de soutènement qui illustrent un travail de terrassement, intervention humaine visant à pallier localement certaines différences d’altimétrie. Ce travail topographique peut aussi être interprété aujourd’hui comme une recherche d’intégration paysagère dans le sens où il réduit visuellement certaines masses bâties. Depuis l’entrée du camp, le bâtiment des troupes s’intègre harmonieusement à la « skyline » de la Chaîne des Puys. Seul un regard depuis le sommet des puys ou la place d’armes permet de percevoir intégralement sa volumétrie. Les hangars et le mess des officiers quant à eux, se révèlent partiellement grâce à un mur de soutènement qui permet d’éviter une vue frontale, ce qui oriente subtilement le regard vers le puy de Pariou sans toutefois éclipser le bâti (Fig.48).

9.  PROST Philippe, Part art et par nature - Architecture de guerre, Les Edifiantes, 2019, 63 pp.

68 [Fig. 48] Vue du relief de la Chaîne des Puys depuis l’entrée du camp, production personnelle, [perspective], 2021


Le camp de la Fontaine du Berger

Une intégration paysagère implicite L’insertion du camp dans le paysage n’est donc pas la préoccupation première du service du Génie lorsque celui-ci l’implante et le fait évoluer. Malgré cela, l’intelligence fonctionnelle produit une certaine logique d’insertion qui confère au polygone d’artillerie une place immuable dans le paysage de la Chaîne des Puys. En ce qui concerne la question des limites du camp, le site étant destiné à l’entraînement, elles sont aujourd’hui rendues floues par l’absence de murs et de barbelés, contrairement à la plupart des autres types d’emprises militaires. Cela participe à intégrer le camp dans son contexte et à marquer un seuil progressif par son implantation, entre la route départementale et les reliefs de la Chaîne des Puys (Fig.49).

Zones arborées Limites floues Limites franches Seuil entrée camp

0m

100 m

[Fig. 49] Seuils et limites du camp, production personnelle, [plan], 2021

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L’implantation de masses végétales, qu’elle soit volontaire ou due à une reconquête du site par la nature, procure aujourd’hui au camp des avantages indéniables d’un point de vue paysager. Au rang des interventions volontaires, l’alignement transversal de résineux à l’est permet de masquer une grande partie du camp depuis la route ce qui lui confère une intériorité. Combiné au terrassement de cette partie du site ainsi qu’à la hauteur des baraques et du bâtiment des troupes, cela oriente le camp et donc le visiteur vers le Pariou (ligne droite en pointillés Fig.50). L’alignement longitudinal bordant l’actuelle aire de stationnement renforce cet effet. Il rythme le paysage en contrastant avec la planitude générale du bâti et oriente le regard vers le puy de Pariou. L’état de friche et la reconquête végétale qu’il induit est, comme nous l’avons vu précédemment, néfaste à la lisibilité de l’ensemble de la partie « ancienne » du camp (voir chapitre 2, première partie, p.33) mais d’un point de vue paysager, il permet une meilleure intégration du bâti dans son environnement. Certains édifices tels que le logement des officiers ou encore le dépôt de munitions sont masqués en grande partie par la végétation et se révèlent progressivement au gré des saisons ou des écarts hors sentiers des visiteurs. La végétation n’est pas le seul facteur contribuant à l’intégration paysagère du camp. L’ensemble bâti y participe également de plusieurs manières. La topographie, l’implantation des hangars et du mess viennent par exemple souligner le plateau supérieur servant aujourd’hui de stationnement. L’horizontalité de l’ensemble des édifices accentue l’apparente planitude de la parcelle, fait contrepoids avec le relief des puys environnants et souligne l’ancrage du puy de Pariou sur le plateau des Dômes. Seul le bâtiment des troupes par sa volumétrie imposante vient rompre cette harmonie et accentue par sa hauteur l’horizontalité des autres édifices. « Dans le langage classique, la fenêtre n’existe pas pour elle-même, elle appartient avant tout au mur qu’elle a la charge de rythmer. Le regard n’est pas censé s’échapper au-dehors [...]. La lumière entre par la fenêtre, mais le regard n’en sort pas10 ».

Selon les termes de Karim Basbous, certains langages architecturaux prennent peu ou pas en compte le rapport au paysage lors de la phase de conception. C’est frappant dans le cas du camp de la Fontaine du Berger. Comme nous l’avons vu précédemment, l’intelligence fonctionnelle militaire participe à la production du paysage sans que cela soit une volonté première. 10.  BASBOUS Karim, « Le regard hors les murs », Les Cahiers de l’Ecole de Blois, n°10, Editions de la Villette, Paris, 2012, p.27

[Fig. 50] Coupe longitudinale ouest-est, production personnelle, [coupe], ech. 1/1 000e, 2021

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Le camp de la Fontaine du Berger

Outre l’implantation et la volumétrie du bâti qui répondent à des contraintes économiques et fonctionnelles, ou encore la reforestation de certains espaces, d’autres éléments laissent penser cela notamment le rapport qu’entretient le camp avec le puy de Pariou, objet principal de l’intérêt pour le camp aujourd’hui. Le parallèle avec l’article de Karim Basbous et plus précisément avec le rapport fenêtrespaysage propre au langage classique est intéressant, car il renforce le caractère fonctionnel des édifices. Au sein de l’ancien camp d’entraînement militaire orcinois, le dessin et l’orientation de l’ensemble des édifices sont basés sur des critères techniques, les baraquements, le mess des officiers et leurs logements sont orientés nord-sud pour éviter les forts vents d’ouest, la cuisine et le bâtiment des troupes répondent à la logique d’implantation de la place d’armes, le poste de police se trouve à proximité de l’axe routier pour marquer l’entrée du camp. Malgré cela, les choix a priori techniques du service du Génie, confèrent aujourd’hui des atouts non-négligeables du point de vue de la perception paysagère et de l’intégration du camp dans ce même paysage. L’implantation du bâti donne à voir les reliefs environnants à l’image du bâtiment des douches qui souligne l’horizon composé des puys de Charade et de Gravenoire ou encore du bâtiment des troupes qui, depuis l’intérieur, crée une représentation frontale du puy de Pariou jusqu’alors réservée aux militaires (Fig.51). Si l’intégration paysagère du camp est effective depuis celui-ci et ses abords, il en est de même depuis les sommets environnants. L’ascension des puys voisins met en évidence la covisibilité entre certains puys le camp. Le bâtiment des troupes par sa taille et sa façade ouest de couleur blanche (Fig.52), constitue le principal repère permettant d’identifier le camp depuis de nombreux endroits tels que les champs proches de la Croix de Ternant à l’est, le Pariou à l’ouest (Fig.53) ou encore depuis le Puy-de-Dôme lui-même.

[Fig. 51] Les cuisines et le Pariou, production personnelle, [photographie], 2021

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Malgré les divers facteurs naturels et humains participant à l’intégration paysagère du camp, certains éléments viennent perturber la lecture du paysage. La végétation à certains endroits vient, par sa hauteur et sa densité, desservir la perception de la topographie de la Chaîne des Puys et en arrive même à masquer la relation visuelle avec le Puy-de-Dôme (Fig.54). En ce qui concerne le bâti, les choix fonctionnels et économiques du service du Génie, s’ils participent à la production d’un dialogue camp-paysage intéressant, ont également leurs limites d’un point de vue paysager. Ils engendrent certaines ruptures, à l’image des hangars qui perturbent la lecture du site par leur emplacement - masquant le mess des officiers, l’un des édifices les plus singuliers et représentatifs du camp - ainsi que par leur matérialité criarde et bon marché inappropriée (Fig.55). Le bâtiment des troupes peut également être perçu comme un élément rompant avec le paysage environnant par sa hauteur importante. La réponse architecturale du service du Génie priorise une nouvelle fois l’aspect fonctionnel de l’édifice au détriment de l’insertion paysagère. Malgré cela, comme nous avons pu le voir précédemment, cette volumétrie atypique joue un rôle clef dans la relation camp-paysage. Tel un phare indiquant la proximité d’un rivage, elle permet au bâti de jouer le rôle de témoin visuel du camp depuis le sommet des reliefs environnants. La grandeur est au service de l’identification et de la représentation paysagère du site.

[Fig. 52] Bâtiment des troupes, production personnelle, [photographie], 2021

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Le camp de la Fontaine du Berger

[Fig. 53] Relation visuelle entre le Pariou et le camp, P. Soissons, [photographie], s.d

[Fig. 54] Densité végétale masquant le puy de Pariou, production personnelle, [photographie], 2021

[Fig. 55] Le puy de Pariou et les hangars, production personnelle, [photographie], 2021

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II. Un site convoité 1. L’économie du paysage Il semble important d’évoquer même succinctement le facteur économique, car il intervient plus ou moins dans l’évaluation patrimoniale. De plus c’est l’un des principaux motifs d’intérêt pour l’ancien camp d’entraînement militaire orcinois. La patrimonialisation de la Chaîne des Puys a fortement contribué à augmenter sa fréquentation. A titre d’exemple, le puy de Pariou est parcouru par plus de 80.000 visiteurs par an11. Le camp de la Fontaine du Berger est au même titre que l’aire de stationnement du puy des Goules, l’une des zones de départ privilégiée des visiteurs pour partir à l’ascension des formes volcaniques et plus particulièrement du Pariou. Ce facteur touristique est le premier vecteur d’intérêt pour le camp de la Fontaine du Berger et tend à faire oublier les valeurs patrimoniales et paysagères du site. La convention de Grenade confirme que le tourisme peut nuire au patrimoine. L’industrie patrimoniale et le tourisme de masse contribuent à bon nombre d’abus. Dans le cas du camp, en ce qui concerne l’ensemble architectural, le tourisme lié aux activités de pleinair ne lui est pas nuisible pour le moment, mais peut être la cause de décisions hâtives et discutables vis-à-vis du patrimoine architectural, induites par des pressions financières. Pour ce qui est du paysage, l’essor du tourisme ces dernières décennies participe activement à la dégradation du bien Unesco. Les divers plans de gestion mis en place ainsi que les actions concrètes sur le terrain sont autant de réponses participant à la préservation de la Chaîne des Puys. Les pouvoirs publics ont la volonté d’implanter un projet à vocation touristique au sein du camp. Par le passé, le site jouait un rôle économique majeur dans la chaîne des Puys (vente de nourriture, de fourrage, hébergement de soldats, auberges et bars...), la question est de savoir comment il peut aujourd’hui évoluer et proposer un renouveau socio-économique en s’appuyant sur une activité touristique qui a contribué progressivement à son abandon. Ou plus concrètement comment il est susceptible de redynamiser un territoire rural en s’appuyant sur un passé qui illustrait parfaitement cette dynamique ? Le désintérêt patrimonial pour le bâti dont le camp fait l’objet a l’avantage de permettre une certaine liberté interventionnelle et une possible réduction des coûts d’un futur projet. Il ne faut pas que cela se fasse au détriment du patrimoine bâti ni du paysage. Le rachat du site par la mairie est également un élément important dans le sens où cela illustre une volonté de contrôler l’implantation d’un projet. De plus, cela permet à première vue de faciliter la mise en place d’un projet, contrairement au camp d’Ors (Nord) où les difficultés d’acquisition du site à l’armée ont induit l’abandon d’un projet12.

11.  BERTHOMIEU Lydia, « Le puy de Pariou attire chaque année plus de 80.000 visiteurs », lamontagne.fr, août 2015, [consulté le 26 novembre 2021], disponible sur : https://www.lamontagne.fr 12.  CANTREL Justine, Ors : pourquoi le projet de loisirs au Bois l’Evêque ne verra pas le jour ?, lavoixdunord.fr, octobre 2019, [consulté le 26 novembre 2021], disponible sur : https://www.lavoixdunord.fr

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Le camp de la Fontaine du Berger

L’économie du paysage liée au tourisme induit dans l’optique d’un futur projet, de nombreux choix impliquant le patrimoine paysager et architectural. La réalisation d’un projet durable passera non seulement par la prise en compte du pilier économique, mais également des piliers sociaux et environnementaux. En ce sens, si le site fait physiquement partie intégrante du paysage, il en fait également partie spirituellement. Dans l’inconscient collectif, il est indissociable de la représentation mentale que les habitants de la région se font de la Chaîne des Puys, en atteste le questionnaire public mis en place (voir annexe 31). Pour la grande majorité des personnes ayant répondu, il est nécessaire de conserver à minima une partie du bâti pour sa valeur d’ancienneté significative. Des critères variés telles que la hauteur des constructions, leur situation, la qualité des matériaux sont employés pour justifier les choix de préservation matérielle. En ce qui concerne le rapport entre le camp et son environnement, selon l’avis général, il est ambivalent. L’ancienne emprise militaire ne nuierait au paysage de la Chaîne des Puys et réciproquement, la nature contribuerait à l’intégration paysagère du camp. En plus d’un intérêt économique (réduction du coût du projet) et environnemental (économie de moyen et de matière), la conservation du bâti peut donc participer à l’appropriation sociale d’un futur projet et surtout éviter un appauvrissement des représentations de ce territoire patrimonialisé par l’Unesco. Composer avec le paysage pour conserver sa diversité et son hétérogénéité caractéristique de la Chaîne des Puys est un des principaux enjeux à prendre en compte.

[Fig. 56] Le camp sous la neige, production personnelle, [photographie], 2021

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Viewpoint Snøhetta

[Fig. 57] Parcours depuis le parking jusqu’au Viewpoint Snøhetta, production personnelle depuis alltrails.com, [plan], ech. 1/20 000e, 2021

Sommet Pariou

[Fig. 58] Parcours depuis le camp jusqu’au sommet du Pariou, production personnelle depuis alltrails.com, [plan], ech. 1/20 000e, 2021

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Le camp de la Fontaine du Berger

L’ascension du Pariou Si l’économie liée au paysage est susceptible de lui être néfaste, elle peut également lui être bénéfique. En envisageant le camp de la Fontaine du Berger comme la première étape d’un parcours pédestre entre le site et le sommet du puy de Pariou, le rapprochement avec le Viewpoint Snøhetta, un lieu touristique norvégien, est saisissant. Dans les deux cas, un parcours pédestre relie un stationnement à un point de vue sur un paysage remarquable, la montagne Snøhetta dans le cas du projet éponyme, la vue sur la plaine de Limagne et la Chaîne des Puys pour le camp de la Fontaine du Berger. La production de textes et images participe activement à la production du paysage, c’est pourquoi le parallèle effectué emploie la narration pour impliquer le lecteur et varier les supports de perception du camp et de son paysage. Ce point de vue permet également de donner une autre dimension à l’expérience humaine qu’implique un parcours. Il fait suite à l’arpentage de ces deux sites par l’auteur de ce mémoire.

Viewpoint Snøhetta (Fig.57) « Il est 15 h lorsque j’atteins le parking du Viewpoint Snøhetta. Le décor est digne d’un film de science-fiction. Le paysage sauvage et aride se révèle à perte de vue. D’imposants nuages accentuent l’effet apocalyptique de la scène et m’incitent à ne pas traîner. J’attache mon vélo à des poteaux de bois, qui j’apprendrais par la suite sont inspirés des clôtures anciennes utilisées pour capturer les rennes sauvages, puis commence l’ascension vers le point de vue emblématique. Le cheminement jusqu’au sommet se veut didactique et ludique, une succession de panneaux en acier Corten rythment les 1500 m du parcours et me proposent de comprendre l’histoire du massif montagneux. Mon regard sur le paysage évolue au fil des pas et des connaissances tirées des panneaux. Progressivement, une masse brune se dévoile, masquant une grande partie du paysage. Cette tâche se révèle être une construction faite d’acier et de bois. Tel le cliché d’une baie dans un désert, ma curiosité m’incite à y pénétrer pour percevoir la célèbre montagne qu’elle occulte. A l’intérieur, un paysage dur et majestueux se dévoile, mis en exergue par le cadre produit par la volumétrie du pavillon et le caractère brut des matériaux employés. La montagne Snøhetta se laisse embrasser du regard, seul un ancien champ de tir à l’horizon vient rappeler la présence humaine dans ce décor primitif ».

Puy de Pariou (Fig.58)

« Dimanche 14 h 00. « La Fontaine du Berger ». Ce panneau blanc au liseré rouge annonce le début de la traditionnelle balade dominicale. Le portique de l’ancien camp militaire franchi, nous voilà au pied de notre ascension du jour, le puy de Pariou ! A la vue des nombreux véhicules, j’esquisse un sourire. Dire qu’il y a quelques décennies, à leur place se trouvaient des centaines de militaires attendant les ordres de leurs supérieurs, prêts à s’entraîner... Aujourd’hui ce sont des autos patientant le temps que leurs propriétaires rentrent de randonnée...

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Nous trouvons rapidement une place au centre de l’ancienne place d’armes et entamons notre excursion par une rapide traversée du camp, comme happés par le Pariou. Au fil des pas, la végétation dévoile subtilement de nouveaux édifices. Nous nous enfonçons progressivement dans un épais couvert végétal. Après un certain temps, nous voilà à un embranchement. A droite le début d’une longue montée vers le sommet tant désiré, à gauche un vaste espace découvert qui laisse rêveur. Je ne peux m’empêcher d’imaginer les soldats s’entraînant au tir sur cette vaste étendue... Quel cadre pour s’entraîner ! Le temps de nous hydrater, nous voilà repartis. Nous grimpons progressivement, ponctuant notre ascension de courtes pauses pour admirer le plateau des Dômes. Les feuillages des arbres sont empreints d’une incroyable palette de couleurs chaudes en cette après-midi d’automne. Le début de la célèbre montée d’escaliers approche, nous nous laissons embarquer par le rythme de leur volée. Progressivement, les arbres s’effacent pour laisser place au sommet aride du Pariou. Un vent violent se fait brusquement ressentir, signe que nous sommes enfin au sommet ! La vue nous est familière, mais quel plaisir de pouvoir l’apprécier une nouvelle fois. Après une bonne heure de marche, le paysage se révèle enfin. Au sud le géant des Dômes et sa station météo, à l’est, la ville de mon enfance, soulignée par le plateau des Dômes et une tâche blanche : le bâtiment des troupes de l’ancien camp militaire ».

Ecrire ces deux narrations, c’est évoquer subtilement certaines caractéristiques du lien entre un ensemble bâti et son milieu. Dans le cas du camp de la Fontaine du Berger, c’est également l’occasion de percevoir le site autrement que comme un « non-lieu13 », en le présentant comme une entité à part entière, définie par une identité, des relations et une histoire. Le parallèle est intéressant dans le sens où ces deux parcours mènent à un paysage reconnu, qui plus est composé d’un ancien champ de tir. Dans les deux cas, l’innatendu est au rendez-vous. Le parcours norvégien crée la surprise en dévoilant un pavillon singulier et un panorama grandiose. Le parcours traversant le camp orcinois quant à lui étonne doublement par le paysage qui se dévoile au sommet du Pariou mais également par l’implantation du camp, masqué depuis la route qui se révèle progressivement une fois passée l’entrée du site. Le projet architectural du Viewpoint Snøhetta propose une nouvelle lecture du paysage. Par sa situation en fin de parcours et sa volumétrie, il révèle un territoire. Par l’aménagement qui y conduit le visiteur, il contribue à faire perdurer la mémoire du lieu. L’édifice contemporain vient matériellement renforcer le lien paysage-histoire. Cette intervention suggère donc que la transmission immatérielle d’un certain héritage n’était pas suffisante. Ce constat, rapporté au camp de la Fontaine du Berger et plus particulièrement à son évaluation patrimoniale, amène certains questionnements. Si dans le cas du site norvégien le matériel est venu au secours de l’immatériel, ne peut-on pas envisager l’ensemble bâti du camp comme un atout matériel « déjà-là » permettant de faire perdurer la mémoire du lieu ? Nous allons voir que ce questionnement a déjà été défendu par un projet au travers des choix de conservation de certains édifices du camp orcinois.

13.  AUGE Marc, Non-lieux, Introduction à une anthropologie de la surmodernité, Editions du Seuil, p. 100

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2. Projet Actif Massif Actif Massif est un projet initié en 2015 par Rémi Jallon. Il a été imaginé dans l’optique de rendre la partie ancienne du camp attractive et « se positionne sur les secteurs du tourisme et du sport-nature »14. Il propose un ensemble de programmes articulés autour de cinq activités : le tourisme, le sport, l’agriculture, l’entreprenariat et l’accessibilité. « Il n’est pas concevable de « tout raser pour tout reconstruire », il est nécessaire de conserver certains bâtiments qui permettront d’ancrer définitivement l’esprit « camp » et d’ajouter de nouvelles constructions fonctionnelles, modernes et éco-responsables »15.

Cet extrait du dossier de presse témoigne d’un attachement au bâti. Parmi les enjeux identifiés, on trouve la gestion des flux de personnes, le souhait de participer au désengorgement de la zone, mais également une volonté de considérer les édifices militaires comme des vecteurs matériels de transmission de la mémoire du site. Les différentes esquisses présentes dans le dossier de presse du projet illustrent cette intention, à l’image des propositions d’aménagement qui suggèrent la conservation de la baraque la plus longue (Fig.59 et 60). Le plan masse présent dans ce même dossier (Fig.61) témoigne de l’importante conservation bâtie dont le camp fait l’objet. Seuls le bâtiment des troupes, le poste de garde et les hangars sont supprimés. La majorité des usages projetés répond aux usages passés, à l’exception du mess des officiers qui se destine à recevoir des espaces de bien-être et une maison du pastoralisme. La place d’armes perd grandement son caractère par l’ajout d’une extension faisant lien entre les deux baraques et la destruction du bâtiment des troupes au profit d’un parking affirmé par sa forme carré rompant avec le tracé orthogonal du camp.

[Fig. 59] Proposition d’aménagement du site n°1, Actif Massif, [perspective], 2016

14.  Attractif - Dossier de presse, Actif Massif, juillet 2016, p.11 15.  Attractif - Dossier de presse, Actif Massif, juillet 2016, p.06

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[Fig. 60] Proposition d’aménagement du site n°2, Actif Massif, [perspective], 2016

[Fig. 61] Plan masse, Actif Massif, [plan], 2016

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Cette proposition architecturale questionne le rapport forme-fonction et plus particulièrement l’identité du bâti. Si la réhabilitation des édifices est rendue possible par la souplesse des plans militaires, les nouveaux programmes doivent être pensés de manière à éviter un phénomène de façadisme et plus largement une perte considérable de significativité et d’authenticité du bâti ancien, sans quoi la conservation matérielle de ce patrimoine perd grandement de son sens. En 2017, malgré le charme et l’engouement dont le projet a été l’objet auprès d’une partie de la population, « certains élus et acteurs locaux » l’ont écarté pour cause d’incompatibilité avec le site16. Suite au rachat de la partie « ancienne » du camp par la mairie, d’autres projets ont été proposés tels que le Quantum Volcanic Resort (musée du fromage, restaurant gastronomique...) ou encore un centre aéré17. Aujourd’hui, aucune décision n’a été prise quant au futur projet que le camp accueillera. Si le centre multi-activités porté par Rémi Vallon n’a pas été retenu, il aura au moins apporté une réponse concrète permettant de faire avancer le débat au sujet de l’avenir du site. Le projet Actif Massif, de même que le travail de Nicolas Foltran18, et potentiellement ce mémoire, sont autant d’éléments participant au processus de patrimonialisation du site.

16.  Actif Massif, Post Facebook du 9 mars 2017, [consulté le 29/11/2021], disponible sur : https://www. facebook.com/actifmassif 17.  Anonyme, « Des projets qui suscitent débats et questions », lamontagne.fr, [consulté le 29/11/2021], disponible sur : https://urlz.fr/gT2l 18.  FOLTRAN Nicolas, Requalification des sites militaires : le camp de la Fontaine du Berger, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Clermont-Ferrand, [Travaux Personnels de Fin d’Etudes], 2001, 67 pp.

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Conclusion deuxième partie Au travers de la valeur paysagère, cette seconde partie permet de mettre en évidence le rapport particulier qu’entretient le camp de la Fontaine du Berger avec son environnement naturel. Par sa thématique et ses orientations, elle contribue à révéler et à produire un nouveau paysage aux yeux de certains, au sein duquel le camp serait l’un des principaux protagonistes. Par le choix de son emplacement et l’époque où il a vu le jour, le camp est un témoin des logiques d’insertion urbaines en Chaîne des Puys. L’anthropisation de ce territoire ne peut être réduite aux bourgs, fermes et villages présents dans la zone. Le passé militaire est une composante révélatrice des modes de vie locaux. Il participe à l’hétérogénéité et à l’esthétique caractéristique des paysages de la Chaîne des Puys dans le sens où il illustre un usage singulier de ce territoire patrimonialisé. La frugalité militaire, si elle participe à la production de qualités architecturales propres à intégrer le camp dans le champ du patrimoine, produit également une logique d’insertion paysagère particulière grâce à la mise à profit du territoire. L’implantation des édifices répond avant tout à une logique fonctionnelle, mais impacte le paysage de manière singulière. L’urbanisation que la parcelle a subie, se révèle aujourd’hui au service du site. Le camp vient créer une respiration dans la forte densité végétale et met en valeur la topographie environnante. Dans l’optique d’un futur projet, en plus de faire perdurer un héritage architectural digne d’intérêt, la conservation d’édifices au sein du camp peut contribuer à préserver l’hétérogénéité paysagère du bien Unesco en resémentisant le lien entre les usages anciens et le paysage. L’ensemble militaire étant la dernière trace du passé militaire en Chaîne des Puys suite au projet de Vulcania et à la suppression du dépôt de munitions. A l’image des blockhaus patrimonialisés non seulement pour leur histoire (connotée négativement car liée à la Seconde Guerre mondiale) et leur architecture critiquable (esthétisme douteux) mais aussi pour leur intégration dans le paysage côtier et donc leur rôle de témoin visuel de la dynamique côtière (montée des eaux)1, le camp de la Fontaine du Berger peut intégrer le champ du patrimoine pour ce même rôle de témoin d’un usage militaire passé en Chaîne des Puys.

1.  MEYNEN Nicolas, Valoriser les patrimoines militaires théories et actions, Art et Société, Presse Universitaire de Rennes, 2010, 246 pp.

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CONCLUSION

Au même titre que les casernes et autres ensembles militaires urbains, les camps d’en-

traînement peuvent et doivent être perçus comme des opportunités de développement rural durables. Malgré leur sobriété apparente et leur situation souvent isolée, leur potentiel architectural et paysager est bien effectif. Le camp de la Fontaine du Berger, par sa situation privilégiée en limite d’un bien Unesco, est l’objet de spéculations diverses qui ne doivent pas faire oublier la valeur patrimoniale de l’ensemble bâti. Dans l’optique d’un futur projet, l’intérêt du site n’est pas seulement économique ou environnemental mais aussi social. Or, le patrimoine bâti, par l’héritage qu’il matérialise et le lien qu’il entretient avec les populations concernées, peut contribuer à l’appropriation collective et donc participer activement à la production d’une dimension sociale. En plus d’être un vecteur mémoriel physique et plus particulièrement un témoin des grandes réformes militaires françaises, l’héritage architectural du camp de la Fontaine du Berger peut contribuer à un développement rural durable au travers des aspects économiques et environnementaux. La grande souplesse fonctionnelle de l’ensemble, corrélée à un état sanitaire correct, rend facilement possible une réhabilitation de la plupart des édifices ce qui permet d’envisager une économie de moyens matériels et financiers. La finalité de ce mémoire n’aura pas été de donner des directives quant à la conservation ou non du bâti, mais plutôt d’engager une réflexion et de sensibiliser le lecteur à un pan du patrimoine architectural militaire jusqu’alors tombé dans l’oubli : celui des camps d’entraînement militaires français, au travers de l’étude de l’ancien polygone d’artillerie orcinois. Malgré cela, suite aux phases de description et d’évaluation patrimoniale abordées dans ce travail, il est tentant et sans doute pertinent de questionner la dernière phase du processus de patrimonialisation, celle visant à prescrire et à prendre position vis-à-vis de l’ensemble bâti. Sans tomber dans une logique binaire, « on garde ou on détruit », ni même dans le tout patrimoine cher à Hertog, à la question : le camp de la Fontaine du Berger possède-t-il une valeur patrimoniale, l’étudiant en architecture que je suis serait tenté de répondre par l’affirmative.

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Le camp de la Fontaine du Berger

Le camp possède une valeur d’ancienneté et de significativité non-négligeable dans le sens où il est typique des camps d’entraînement militaires français par ses fonctions, son implantation et son style architectural. Sa construction, son agrandissement, son déclin progressif puis sa fermeture interviennent aux moments des grandes réformes militaires françaises ce qui le rend représentatif de l’évolution de l’armée au XXe siècle. Sa valeur d’authenticité est par ailleurs négligeable, car elle entache quelque peu la lisibilité du camp et son lien avec l’origine. Partant de ce constat, on peut qualifier le camp de patrimoine bâti et prendre parti quant aux édifices à conserver pour faire perdurer la mémoire du site. Ces choix dépendent de l’importance que l’on donne à chacune des valeurs. Dans le cas des camps d’entraînement militaires, l’importance doit être donnée à la valeur d’ancienneté et de significativité, car l’authenticité vise à émettre un jugement sur l’évolution du sujet d’étude, or, ce sont justement ces évolutions qui procurent une typicité à ces ensembles. Au sein du camp de la Fontaine du Berger, la valeur d’ancienneté justifie la conservation matérielle de l’ensemble de la partie « ancienne » du camp car il possède un capital d’ancienneté important, sa création intervenant à la fin du XIXe siècle. Au prisme de la valeur de significativité, à l’échelle de l’ensemble du site, il est souhaitable de conserver la baraque E1, le bâtiment des troupes, la cuisine ainsi que le mess et le poste de garde pour leur caractère typique et essentiel dans le schéma fonctionnel d’un camp et leur rôle dans la formation de la place d’armes. A l’échelle des édifices, ces mêmes constructions doivent être conservées pour les typicités et singularités que nous avons abordées dans le troisième chapitre de la première partie (représentatives de savoir-faire locaux, du style architectural propre à chaque fonction...), à l’exception du poste de garde qui ne possède qu’une faible valeur de significativité. La valeur d’authenticité suggère la suppression des hangars, de l’extension des cuisines ainsi que de celle de la baraque E1, car ce sont des éléments néfastes à l’ensemble par leur absence de lien fort avec l’origine du camp, leurs matériaux de piètre qualité et leur volumétrie rompant avec l’harmonie de l’ensemble.

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Louis Théron

Le reste des édifices est à évaluer selon le futur projet dans une logique économique et environnementale, car ils ne viennent pas remettre en cause la lisibilité de l’ensemble. Hormis leur ancienne fonction, ils ne possèdent pas une valeur suffisamment significative d’un point de vue patrimonial pour être conservés. La seconde partie de ce travail aura permis de mettre en évidence le lien entre un sujet d’étude et son territoire, dans l’optique d’évaluer la valeur patrimoniale. Le camp doit faire l’objet d’une conservation matérielle au titre de son intérêt architectural, mais surtout pour ce qu’il représente au sein du territoire. Suite à la destruction du dépôt de munitions de Vulcania, c’est la dernière trace du passé militaire en Chaîne des Puys. C’est également un composant essentiel de l’hétérogénéité paysagère caractéristique du bien Unesco. Les qualités intrinsèques du site et ce qu’il représente pour son territoire peuvent être des arguments suffisants pour induire sa conservation. Dans le cas de l’ancien polygone d’artillerie orcinois, sa mise en perspective avec les emprises de même type à l’échelle nationale argue également en faveur d’une préservation matérielle. La création d’une liste des principaux camps d’entraînements militaires français met en évidence le fait que seuls une dizaine de camps furent construits au moment des grandes réformes militaires sous Thiers. Parmi ceux-ci, trois sont détruits, les autres encore utilisés par l’institution militaire1. La conservation matérielle du camp en plus de sa valeur patrimoniale et paysagère se justifie donc par sa typicité et son unicité dans le sens où c’est le seul camp français abandonné et témoin des grandes réformes de l’armée française. Ceux étant toujours en activité ayant une baisse croissante de leur valeur d’authenticité et étant non-représentatifs des réformes de la fin du XXe siècle, menant à la suppression du service militaire obligatoire.

1.  [Annexe 13] Liste des principaux camps militaires français métropolitains (1870-2020), production personnelle, [tableau], mai 2021

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Le camp de la Fontaine du Berger

A l’heure des préoccupations d’ordre durable, s’appuyer sur l’existant, ce n’est pas seulement faire perdurer la mémoire du site, resémentiser le lien entre le site et un groupe d’individus ou encore réduire les frais impliqués par un futur projet. C’est également percevoir le « déjà-là » comme une manière d’entretenir le lien entre un projet et son origine en prolongeant ce qui fait l’essence même du site : sa frugalité militaire et les qualités qu’elle induit. Un projet réussi au sein de la Fontaine du Berger, s’appuyant sur la frugalité militaire pour répondre aux enjeux touristiques, économiques et patrimoniaux, peut être une réponse innovante contribuant à illustrer le renouveau des friches militaires rurales et à servir d’exemple pour d’autres municipalités ayant ces mêmes préoccupations, à l’image des communes d’Aucaleuc, de Margival ou encore d’Ors. Pour reprendre les mots de Jean Davallon, « la première séquence [du processus de patrimonialisation] aboutit à l’attribution du statut de patrimoine [...]. La seconde implique l’attention portée par les membres de la société2 ». Le camp de la Fontaine du Berger est un site qui a accueilli des groupes, en a formé certains, mais n’appartient à aucun actuellement. L’évaluation patrimoniale dont il aura été question dans ce mémoire vise à combler cette lacune, par la production de connaissance et donc le renouvellement de l’image du site. L’intégration du camp dans le processus de patrimonialisation aura permis de faire prendre conscience des qualités de l’ensemble et des intérêts qu’il peut y avoir à réhabiliter tout ou partie du bâti. La « première séquence » questionnée, et si l’on considère le site comme un patrimoine à part entière, il s’agit maintenant au public attaché au site de s’engager dans le processus de patrimonialisation du camp pour faire perdurer cet héritage commun, définir sous quelle forme il doit perdurer et éviter de le reléguer au rang de simple bien foncier.

2.  DAVALLON Jean, A propos de la relation patrimoniale, Les enjeux du patrimoine : connaissance, valorisation et construction de l’objet patrimonial, HAL-SAS, 2016, p.4

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Louis Théron

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Le camp de la Fontaine du Berger

GLOSSAIRE

Patrimoine primaire et secondaire Terme visant à qualifier la hiérarchisation effective du patrimoine. Le patrimoine primaire relève d’un intérêt prononcé auprès d’un groupe d’individus numériquement important ou reconnu (Service des Monuments Historiques...). Il induit généralement une transmission matérielle. Le patrimoine secondaire se compose quant à lui de sujets d’études faisant l’objet d’un faible intérêt ou jugés moins importants par les services patrimonialisants. Aucune mesure de protection matérielle ne les préserve. La transmission d’un héritage grâce à divers documents ou grâce à la mémoire vivante d’individus est jugée suffisante.

Frugalité militaire Concept basé sur les doctrines militaires du service du Génie, plaçant les enjeux fonctionnels et économiques au cœur du projet architectural. La frugalité militaire peut être définie par les convenances générales du Génie telles que la solidité, la simplicité, la salubrité et la commodité1. La solidité induit la pérennité des constructions en lien avec la durée de vie planifiée du projet. La simplicité, quant à elle, promeut des formes simples, un langage architectural sobre et l’usage modéré des décors et ornementations. La salubrité s’intéresse à l’hygiène de vie des occupants, la commodité à l’usage et plus particulièrement la praticité des espaces et aménagements. Dans une logique d’économie de coûts et de moyens, la frugalité militaire induit une mise à profit des ressources du territoire (topographie, ressources naturelles et humaines, orientation de la parcelle...). Lorsque des réponses architecturales doivent être mises en œuvre, elles sont principalement techniques et participent à la définition du style architectural militaire.

1.  GOETSCHY Fernand, Ecole d’application de l’artillerie et du génie. Cours de constructions. 4e partie, 2e section, 3e fascicule, Gallica.bnf.fr/BnF, 1886, 107 pp.

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Louis Théron

Valeur patrimoniale La valeur patrimoniale est partie intégrante du processus de patrimonialisation. Elle permet de définir l’intérêt patrimonial d’un sujet d’étude en s’appuyant sur des critères de sélection définis par « un système d’acteurs » selon les termes d’Abdelmalek Arrouf, docteur en architecture et maître de conférence à l’université de Batna en Algérie. Le choix de ces critères et donc la valeur patrimoniale elle-même est subjective dans le sens où elle dépend consciemment ou non d’une intention patrimonialisante du système d’acteurs. Ces critères sont de plus rendus instables par la définition même du patrimoine, liée à une temporalité et donc à une évolution constante au fil du temps. Malgré ce constat, il est important de noter que certains critères sont objectifs car persistants dans le temps et donc reposant sur les propriétés même du sujet d’étude23. Dans le but de défnir un intérêt patrimonial, se pose la question de l’importance, de la hiérarchisation et de l’interdépendance de chacune des valeurs.

La valeur d’ancienneté La valeur d’ancienneté est étroitement liée au temps. Elle peut être perçue de deux manières : positivement on parle alors « d’accumulation d’un capital d’ancienneté » en s’appuyant sur l’histoire du sujet d’étude, ou négativement lorsqu’on met en avant l’état de dégradations liés à l’Homme ou à la nature. Cette notion est définie par plusieurs critères telles que la datation du bâti, son évolution au fil du temps ou encore son histoire4.

La valeur d’authenticité La valeur d’authenticité permet de qualifier le lien entre un sujet d’étude et son origine. Elle est définie par le rapport rupture-continuité. Un édifice ayant subi une évolution soudaine ou des transformations nuisant à la lisibilité de l’ensemble peut être qualifié d’inauthentique. La sincérité, la véracité ou encore les continuités (stylistiques, urbanistiques...) sont autant de critères permettant d’appréhender cette valeur. La valeur de significativité La valeur de significativité questionne le sens et la signification qu’un chercheur donnera au sujet d’étude. Pour pouvoir s’interroger sur cette notion il faut pouvoir mettre en parallèle le sujet d’étude et un ensemble auquel il est susceptible de pouvoir se rattacher. Si celui-ci est considéré comme typique ou représentatif d’une catégorie ou témoin d’une pratique ou d’un savoir, alors il possède une valeur de significativité non négligeable. 2.  HEINICH Nathalie, La fabrique du patrimoine : de la cathédrale à la petite cuillère, Maison des Sciences de l’Homme, 2009, 286 pp. 3.  PELLEGRINO Pierre et PAGAND Bernard, Les formes du patrimoine architectural, Coédition Economica et Anthropos, 2010, 270 pp. 4.  RIEGL Aloïs, Le culte moderne des monuments, L’Harmattan, 2003, 124 pp.

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Le camp de la Fontaine du Berger

Cette valeur, comme les quatre autres définies par Nathalie Heinich, fait appel à la subjectivité car elle est liée à l’avis d’un ou plusieurs chercheurs. En France, les deux services patrimonialisant, le service de l’Inventaire et celui des Monuments Historiques questionnent différemment cette valeur. Pour le premier, c’est le nombre, la sérialité ou encore la typicité qui seront mis en avant, le second attache quant à lui plus d’importance à l’unicité.

Valeur paysagère La valeur paysagère est une composante du patrimoine culturel au même titre que les valeurs architecturales et esthétiques. Elle occupe une place importante dans le processus de prise de décision quant au devenir d’un site. Elle définit le lien entre le sujet d’étude et son environnement, partant du principe qu’un édifice et plus encore un ensemble architectural est en partie caractérisé par l’espace dans lequel il s’inscrit et réciproquement. Plusieurs critères sont à prendre en compte dans le processus d’évaluation de la valeur paysagère notamment la relation entre histoire et géographie, les caractéristiques du paysage et son évolution ou encore l’influence de la nature dans le développement du sujet d’étude ainsi que l’influence de ce dernier sur celle-ci5.

Camp d’entraînement Site isolé spécifiquement aménagé pour accueillir des formations militaires ou sportives. Dans notre cas nous nous intéressons à l’usage militaire. Des régiments, bataillons, escadrons ou encore compagnies s’y retrouvent pour préparer de manière intense des missions, s’entraîner à l’utilisation de matériels particuliers. A la différence de la caserne qui est un lieu fixe où résident des unités militaires dont le but principal est le logement et l’administration de troupes6, les camps d’entraînement font preuve d’une grande flexibilité en plan ; ils peuvent être modulables voir mobiles selon les besoins. Le camp de la Fontaine du Berger est appelé baraquement par certains, en raison de la présence de baraques (constructions destinées à héberger les soldats, alignées et identiques). Cependant, cette dénomination est réductrice dans le sens où il comporte de nombreuses autres parties (quartier général, infirmerie, hangars, poste de garde, champ de tir...).

5.  PROST Philippe, Par art et par nature : architectures de guerre, Edifiantes, 2019, 63 pp. 6.  Académie 9e édition, CNRTL, [consulté le 07 juin 2021], disponible sur : www.cnrtl.fr/definition/academie9/Camp, 07 juin 2021

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Louis Théron

ANNEXES

[Annexe. 01] La Fontaine du Berger - Casernement, Service des Armées, [plan], mars 1997

[Annexe. 02] La Fontaine du Berger, casernement, Service des Armées, [plan], mars 1997

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Le camp de la Fontaine du Berger

[Annexe. 03] Analyse site pour EPID, Service des Armées, [plan], mars 2006

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Louis Théron

[Annexe. 04] Analyse site SMO 3, Service des Armées, [plan], mars 2006

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Le camp de la Fontaine du Berger

[Annexe. 05] Champs de tir de la Fontaine du Berger, Archives départementales du Puy-de-Dôme, [plan], ca. 1910

[Annexe. 06] Plan cadastral section G d’Orcines feuille 1, Archives départementales du Puy-de-Dôme, [plan], 1836

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Louis Théron

[Annexe. 07] GR 7 NN 3 510, Le camp de la Fontaine du Berger, Service Historique de la Défense, [plan], ca. 1935

90

[Annexe. 08] Plan de localisation des terres agricoles bénéficiant d’une protection stricte, SCoT du Grand Clermont, [plan], 2019

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Le camp de la Fontaine du Berger

Bâtiment E1

Baraque

Façade nord

Fronton de rive demi-rond

Chaine pierre Volvic bouchardée

Datation haut-relief

Plan

0m

10 m

Elévation sud

GSEducationalVersion GSPublisherVersion 878.70.76.100

Datation : ca. 1890 Type de bâtiment :

Maison

Nombre d’étages : RDC Usages : Logement

Garage

Immeuble

Grange

Restauration

Commerce

Occupé Inoccupé

Occupé Inoccupé

Occupé Inoccupé

Etat sanitaire depuis le domaine public :

Bon état

Occupé Inoccupé

Stockage

Moyen

Autre : Baraque Autre : ............... Occupé Inoccupé

Mauvais

Ruine

Materiaux Couverture : Façade : Encadrement : GSEducationalVersion GSPublisherVersion 878.70.76.100

Menuiseries (1.fenêtres/2.volets) : Ferronerie : Sols : Points singuliers :

Obs : .........................

Couleurs

Tuiles mécaniques petit moule terre cuite

Ocre

Moellons pierre de Volvic

Gris foncé

Pierre de taille type Volvic

Blanc

1. Double vantaux bois/2. Battants bois

1. Bleu dragée et blanc/2. Bleu dragée

Acier

Noir

Pierre de Volvic

/

Datation haut-relief et fronton de rive demi-rond ciselé

/

[Annexe. 09] Fiche relevé baraque E1, production personnelle, 2021

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Louis Théron

Bâtiment D

Bâtiment des troupes

Façade ouest

Appareillage pierre de Volvic opus incertum

0m

Chambre type

Armurerie

10 m Elévation ouest

Datation : 1932 Type de bâtiment :

Immeuble

Maison

Nombre d’étages : RDC + Usages : Logement

Garage

Grange

1 étage + combles Restauration

Commerce

Occupé Inoccupé

Occupé Inoccupé

Occupé Inoccupé

Etat sanitaire depuis le domaine public :

Bon état

Occupé Inoccupé

Couverture : Façade : Encadrement : Menuiseries (1.fenêtres/2.volets) : Ferronerie : Sols : Points singuliers :

Autre : Casernement

Stockage

Moyen

Autre : ............... Occupé Inoccupé

Mauvais

Materiaux

Couleurs

Ardoises

Gris foncé

Moellons pierre de Volvic et enduit ciment

Gris foncé et blanc

Béton

Gris clair

1. PVC/2. n.c

1. Blanc

Acier

Noir

/

/

Baies jumelées et linteau retourné, avant-corps central

[Annexe. 10] Fiche relevé bâtiment des troupes, production personnelle, 2021

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Obs : Toiture détériorée

Ruine

/


Le camp de la Fontaine du Berger

Bâtiment N1

Mess des officiers

Elévation sud

Salles de repas

0m

Soubassement pierre de Volvic

Appui pergolas en béton

10 m

Elévation nord

Datation : ca. 1943 Type de bâtiment :

Immeuble

Maison

Nombre d’étages : RDC Usages : Logement

Stockage

Garage

Grange

Restauration

Commerce

Occupé Inoccupé

Occupé Inoccupé

Occupé Inoccupé

Etat sanitaire depuis le domaine public :

Bon état

Occupé Inoccupé

Couverture : Façade : Encadrement : Menuiseries (1.fenêtres/2.volets) : Ferronerie : Sols : Points singuliers :

Moyen

Autre : Mess

Autre : ............... Occupé Inoccupé

Mauvais

Ruine

Obs : .........................

Materiaux

Couleurs

Tuiles mécaniques petit moule terre cuite

Ocre

Enduit et pierre de volvic

Beige et gris foncé

Linteaux béton

Blanc

1. Double vantaux bois/2. Roulants acier

1. Bleu dragée/2. Bleu dragée

/

/

Béton

/

Portique distyle, soubassement moellons assisés bossage rustique pierre de Volvic

/

[Annexe. 11] Fiche relevé mess des officiers, production personnelle, 2021

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Louis Théron

Bâtiment Q

Logements des officiers

Pignon est

Façade nord

Inscriptions haut-relief

0m

Bardage fibrociment

Revêtement de sol RDC

10 m

Elévation nord

Datation : 1932 Type de bâtiment :

Immeuble

Maison

Nombre d’étages : RDC + 1 étage + combles Stockage Logement Usages :

Garage

Grange

Restauration

Commerce

Occupé Inoccupé

Occupé Inoccupé

Occupé Inoccupé

Etat sanitaire depuis le domaine public :

Bon état

Occupé Inoccupé

Moyen

Materiaux Couverture : Façade : Encadrement : Menuiseries (1.fenêtres/2.volets) : Ferronerie : Sols : Points singuliers :

Autre : Casernement Autre : ............... Occupé Inoccupé

Mauvais

Obs : bardage fibrociment détérioré

Ruine

Couleurs

Tuiles mécaniques petit moule terre cuite

Ocre

Enduit brut

Gris foncé

Béton

Blanc

1. Double vantaux bois/2. Six vantaux pliants acier

1. Blanc/2. Blanc

Acier

Noir

Pierre de Volvic

/

Datation haut-relief et fronton de rive demi-rond ciselé

/

[Annexe. 12] Fiche relevé logement des officiers, production personnelle, 2021

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Le camp de la Fontaine du Berger

Liste des principaux camps militaires français métropolitains (1870-2020)

Nom du camp Ambronay

Année de construction 1916

Angevilliers

1933

Usage passé

Usage actuel

Hébergement et fourniture vivres et matériels

Usine désamiantage/démentèlement de rames de TGV Abandonné en partie Abandonné

Hébergement Instruction

Aucaleuc Auvours Avon Avors

1872

Bitche Bockange Bois d’Ajou Bouconne

1900

Instruction Hébergement

Fin XIXe

Instruction

Bourg-Lastic

1897

Braconne Bussac Canjuers Captieux

1878

Carpiagne Caylus Cercottes Chambaran Chemily-sur-Yonne Coetquitan Conlie

1895 1886 1874 1882 1917 1873 1870

Instruction Hébergement Instruction Instruction Instruction Dépôt de munitions Instruction Instruction Instruction Instruction Stockage matériel Instruction Instruction

Courneau Courtine D’ardon Des Garrigues Des Loges

1916 1901

Hébergement Instruction

1878 1856

Instruction Administration Instruction Instruction

Dirac

1871

1970 1950

Instruction Instruction Instruction

Projet(s)

Golf (projet abandonné)

Instruction Instruction Instruction (aviation) Instruction Abandonné Détruit (aucun vestige)

Instruction Instruction Instruction Instruction Instruction Instruction Instruction Instruction Abandonné Instruction Détruit (aucun vestige) Abandonné (1919) Instruction Instruction Administration

Sablière

Logements

Instruction

101


Louis Théron

La Fontaine du Berger

1874

Instruction

1917

Instruction

Fontenet Fontevraud Fosse aux cailloux

Centre de contrôle Hébergement Dépôt

Foucherans

Frileuse Fromentaux

1946 1917

Ger Idron

1870 1940

Jaulges

Stockage matériel

Lande d’Ouée Larzac Ludelange Mailly Maison-Laffitte

Instruction Instruction Hébergement Instruction Hébergement Instruction Défense Instruction Instruction Instruction Expérimentation Instruction Stockage munitions

1902 1929 1902 Avant 1903

Margival Meucon Moronvilliers

1878

Mourmelon Neubourg

1857 1932

Instruction

Noyon

102

Dépôt de munitions Instruction Instruction

Oberhoffen

1873

Instruction

Ors

1932

Casernement Dépôt de munitions

Plateau d’Albion

1965

Instruction Essais nucléaires

Abandonné Centre de vacances Traitements de déchets Instruction Abandonné Abandonné (aucun vestige) Instruction Abandonné Instruction Détruit puis EHPAD, résidences, crèche, complexe sport indoor… Centre d’accueil de migrants Instruction Instruction Abandonné Instruction Administration

Projet immobilier touristique

Réhabilitation services de la ville Aménagement paysager

Laboratoire écologique

Parcage chevaux

Abandonné Instruction Instruction Instruction Dépôt munitions (fermeture en attente) Campus économique Inovia Détruit (aucun vestige) Abandonné (1998) puis pôle d’animation école/centres aérés Laboratoire souterrain à bas bruit/observatoire astronomique/restaurant/ légion étrangère

Promoteur activités de loisir


Le camp de la Fontaine du Berger

Poisat

Fin XIXe

Poudrière

Instruction Stockage munitions Inachevé Instruction Instruction Hébergement Internement Instruction Transit Hébergement Instruction

Raucourt Raffalli Rivesaltes

1938

Ruchard Saint Marthe

1873 1915

Sathonay

1853

Satory

1834

Sillars

1938

Instruction Hébergement Hébergement

Sissonne Souge

1895 1845

Instruction Instruction

Suippes Thorée-les-Pins

1922 1939

Valbonne Valdahon

1872 1905

Villemaury Grand champ de tir des Alpes Laon (marine) Bias

1964

Instruction Stockage Instruction Instruction Casernement Instruction Champ de tir Champ de tir

1935

1918 1923

Tarnos Polygone

Abandonné Instruction Abandonné Mémorial

Administration armée Logement Pôle gendarmerie Instruction Hébergement Abandonné

Centre compostage et tri séléctif

Instruction Instruction Zone d’essai en vol de drônes Instruction Instruction Instruction Casernement Instruction Champ de tir Champ de tir

Instruction Hébergement harkis

Beaurainville Hameau Nouâtre Comboire Cordes-Tolosanes

Détruit (aucun vestige) Abandonné

1853

Instruction sportive Soutien matériel Champ de tir Champ de tir

Soutien matériel Champ de tir Champ de tir

Champ de tir

Champ de tir

Champ de tir

Champ de tir

[Annexe. 13] Liste des principaux camps militaires français métropolitains (1870-2020), production personnelle, [tableau], mai 2021

103


Louis Théron

[Annexe. 14] Le baraquement, THERON Louis, [photographie], 2021

[Annexe. 15] Les cuisines et le Pariou, THERON Louis, [photographie], 2021

104


Le camp de la Fontaine du Berger

[Annexe. 16] Chambre des officiers, THERON Louis, [photographie], 2021

[Annexe. 17] Logements des officiers, THERON Louis, [photographie], 2021

105


Louis Théron

[Annexe. 18] Grâce, THERON Louis, [photographie], 2021

[Annexe. 19] Le hangar, THERON Louis, [photographie] 2021

106


Le camp de la Fontaine du Berger

[Annexe. 20] Les lavoirs, THERON Louis, [photographie], 2021

[Annexe. 21] La baraque, THERON Louis, [photographie] 2021

107


Louis Théron

[Annexe. 22] Le camp sous la neige, THERON Louis, [photographie], 2021

[Annexe. 23] Couloir central du bâtiment des troupes, THERON Louis, [photographie], 2021

108


Le camp de la Fontaine du Berger

[Annexe. 24] Bâtiment des troupes, THERON Louis, [photographie], 2021

109


Louis Théron

[Annexe. 25] Le Puy-de-Dôme, THERON Louis, [photographie], 2021

[Annexe. 26] Logement des sous-officiers, THERON Louis, [photographie], 2021

110


Le camp de la Fontaine du Berger

[Annexe. 27] Bâtiment des troupes, THERON Louis, [photographie], 2021

111


Louis Théron

Fig. 17 Fig. 8 -11

Fig. 44 Fig. 53 Fig. 45 Fig. 54

[Annexe. 28] Repérage des photographies, image satellite issue de géoportail.gouv.fr, [vue aérienne], 2021

[Annexe. 29] Exercices militaires au camp, Cellule communication 92ème R.I, [photographie], s.d

112


Le camp de la Fontaine du Berger

[Annexe. 30] Excursion au Grand-Sarcouy, Bulletin du Club Alpin Français, Chamerot, Gallica.bnf.fr/ BnF, [texte], 1885

113


Louis Théron Feuille1

Questionnaire sur le camp de la Fontaine du Berger (42 réponses) Feuille1 Puy de Dôme Autre

28

14 Q1. Quel est votre lieu de résidence ? 42

Feuille1

Puy de Dôme Autre Moins de 18 a 18-30 ans 30-45 ans Moins de 18 a 0 18-30 ans 45-65 ans 7 30-45 ans Plus de 65 ans 16 45-65 ans Plus de 65 ans

0 7 16 17 2

17 2

Q2. Quel est votre tranche d’âge ? Feuille1

Moins de 18 ans

Moins de 18 ans 18-30 ans Feuille118-30 ans 30-45 ans30-45 ans 45-65 ans45-65 ans Plus Plus de 65 ans de 65 ans Formation milit 17 Pratique sport Page 1 Colonies de v Ne Formation connais milit pa

17 23 0 2

Pratique sport Colonies de v Ne connais pa

23 0 2

Feuille1

Q3. Comment connaissez-vous le camp de la Fontaine du Berger ?

Formation militaire Formation militaire Pratique sportive Feuille1Pratique sportive Colonies de Colonies de vacances vacances 22 Intérêt histori Ne connais pas

Intérêt paysag Ne Intérêt architec Intérêt non déf Aucun intérêt Intérêt histori Intérêt paysag Intérêt architec Intérêt non déf Page 1 Aucun intérêt

connais9 pas 3 6 1 22 9 3 6 1

Q4. Selon vous le camp possède-t-il un intérêt particulier ? Si oui de quelle nature ? Page 1

Intérêt historique

Intérêt historique Intérêt paysager Intérêt paysager Intérêt architectural Intérêt architectural Intérêt non défini Intérêt non défini Page 1Aucun intérêt

Aucun intérêt

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Q5. D’un point de vue architectural, où se situe l’intérêt et pourquoi ? (un bâtiment en particulier car élégant ou très ancien, plusieurs bâtiments, l’ensemble du camp...) - Valeur d’ensemble x7 - Intérêt esthétique x2 - Architecture militaire x1 - Emprise bâtie disponible x1 - Bâtiment en pierre x2 - Situation géographique x3 - Bâtiments anciens x5 - Bâtisse typique architecture de l’armée de l’époque x2 - Espaces entre les bâtiments intéressants car permettant un aménagement urbanistique x1 - Les bâtiments des officiers x1 - Le bâtiment des troupes x1 - La place d’armes x1 - Aucun intérêt architectural x2 - Aucun charme x2

Q6. D’un point de vue paysager, le camp est-il néfaste pour le paysage de la Chaîne des Puys ? Si oui de quelle manière ? - Non x11 - Non néfaste si réaménagé x4 - Non, bâtiments bas, peu visibles x1 - Oui x1 - Oui coupe la perspective - Oui baraquement peu esthétique x1

Q7. D’un point de vue paysager, le paysage joue-t-il un rôle sur le camp ? Si oui, positif ou négatif ? (intègre le bâti, contribue à la fréquentation du camp...) - Le paysage joue un rôle positif sur le camp x9 - Le paysage n’a pas d’influence sur le camp x3 - Le paysage joue un rôle négatif sur le camp x1 - Oui un rôle positif car cet îlot qui est actuellement désert joue un rôle important dans le paysage clermontois. En effet, il est possible de voir le site depuis de nombreux points en altitude (Chaîne des Puys, puy de Chanturgue...). Le bâti correspond en général à un R+4 environ avec des toitures en tuile. Le bâti a donc un caractère qui je trouve ne fais pas tâche dans le paysage - Oui un rôle positif car la nature permet au camp de s’implanter naturellement dans la Chaîne des Puys - Oui un rôle positif car la nature commence dans le camp - Oui un rôle positif car l’environnement du bâtiment l’embellit - Oui un rôle positif car elle est apaisante - Oui, un rôle positif car on se sent plus libre, on respire mieux ! On voit cette merveilleuse Chaîne des Puys de près et on a envie d’y courir. - Oui un rôle positif car il contribue à sa fréquentation x3 - Oui un rôle positif car le camp appartient au paysage par son ancienneté

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Q8. Dans l’optique d’un futur projet à caractère touristique, quelle partie du camp devrait être conservée et pourquoi ? (un seul ou plusieurs bâtiments, l’ensemble du camp, aucun bâtiment ) - La totalité du site x15 - Aucun x2 - Un seul - Plusieurs x1 - Exclure les bâtiments qui sont un peu à l’écart pour ne pas nuire au paysage x1 - Les plus grands bâtiments x1 - Je ne connais pas assez le lieu x2 - Je ne connais pas assez l’état des bâtiments x1 - La partie de droite en arrivant - Les bâtiments en pierre - La partie centrale du camp, avec quelques aménagements satellites - Pas d’avis x2 - Le bâtiment principal sur la droite et le porche d’entrée - A minima le bâtiment blanc visible et facilement reconnaissable depuis le Puy-de-Dôme - Le mât des couleurs via une stèle ou un monument

[Annexe. 31] Questionnaire sur le camp, 42 réponses retranscrites depuis www.docs.google.com/forms, production personnelle, 2021

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ICONOGRAPHIE

Première et quatrième de couverture - [Fig. 01] Partie nord du camp, production personnelle, [illustration], 2021

Avant-propos - [Fig. 02] Bâtiment des troupes, production personnelle, [photographie], 2021

Introduction - [Fig. 03] Plan de situation du camp, production personnelle d’après carte IGN, [plan], 2021 - [Fig. 04] Frise chronologique présentant les évènements marquants de l’histoire du camp et leur contexte historique, production personnelle, avril 2021 - [Fig. 05] Eugène Bullard, U.S Air Force, [photographie], s.d - [Fig. 06] Plan de la Fontaine du Berger, production personnelle d’après plan cadastral, [plan], 2021 - [Fig. 07] Plan général du camp de la Fontaine du Berger, production personnelle d’après plan cadastral et annexe 07, [plan], ech. 1/5 000e, 2021

Première partie - [Fig. 8] Vue du camp de la Fontaine du Berger en 1874, production personnelle d’après documents écrits issus des Archives départementales du Puy-de-Dôme, [perspective], 2021 - [Fig. 9] Orcines. Camp militaire de la Fontaine du Berger, Gouttefangeas, Edition Gd’O, Photothèque du Puy-de-Dôme, 569 Fi 400, [carte postale], ca. 1918 - [Fig. 10] Camp inférieur - Bâtiment de la C.A et cuisines, delcampe.net, [carte postale], ca. 1946 - [Fig. 11] Vue du camp aujourd’hui, production personnelle, [photographie], mai 2021 - [FIG. 12] Evolution du camp depuis sa création, production personnelle, ech. 1/10 000e, 2021 - [Fig. 13] Vestiges du poste de police, production personnelle, [photographie], mai 2021 - [Fig. 14] Toiture du lavoir, production personnelle, [photographie], mai 2021 - [Fig. 15] L’entrée du camp, production personnelle, [photographie], mai 2021 - [Fig. 16] Gravure dépôt de munitions, production personnelle, [photographie], mai 2021 - [Fig. 17] Baraque E1, production personnelle, [photographie], juin 2021 - [Fig. 18] La place d’armes, production personnelle d’après carte postale de 1942, [illustration], 2021 - [Fig. 19] Image satellite du camp de Chambaran, Google Maps, [vue aérienne], 2021 - [Fig. 20] Image satellite du camp de la Fontaine du Berger, Google Maps, [vue aérienne], 2021 - [Fig. 21] Ensemble du baraquement, Baraque démontable système Adrian, Gallica.bnf.fr/BnF, SHD, [axonométrie], s.d, p.20 - [Fig. 22] Jean Prouvé baraque militaire 4x4, patrickseguin.com, [photographie], s.d - [Fig. 23] Elevation baraque E1, production personnelle, [élévation], ech. 1/200e, 2021 - [Fig. 24] Construction des baraquements, delcampe.net, [carte postale], ca. 1940 - [Fig. 25] Elevation ouest du bâtiment des troupes, [élévation], ech. 1/200e, 2021 - [Fig. 26] Plan du bâtiment des troupes, [plan], ech. 1/200e, 2021 - [Fig. 27] Circulation latérale bâtiment des troupes, production personnelle, [photographie], 2021 - [Fig. 28] Elévation logements des officiers, production personnelle, [élévation], ech. 1/150e, 2021 - [Fig. 29] Plan des logements des officiers, [plan], ech. 1/150e, 2021

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- [Fig. 30] Caserne de Montdauphin. Pavillon des officiers, document issu de l’ouvrage Les casernes françaises de François Dallemagne, [plan], ca. 1694, p.48 - [Fig. 31] Elévation mess des officiers, production personnelle, [élévation], ech. 1/250e, 2021 - [Fig.32] Liste non exhaustive des principaux matériaux composant les différentes façades des édifices du camp, production personnelle, [photographies], 2021 - [Fig. 33] Plan des calepinages plancher RDC mess des officiers, production personnelle, [plan], ech. 1/150e, 2021 - [Fig. 34] Chambre des officiers, production personnelle, [photographie], 2021 - [Fig. 35] Datation baraque E1, production personnelle, [photographie], 2021 - [Fig. 36] Datation poste de garde, production personnelle, [photographie], 2021 - [Fig. 37] Datation logements des officiers, production personnelle, [photographie], 2021 - [Fig. 38] Carrelage mess des officiers, Actif Massif, [photographie], ca. 2016 - [Fig. 39] Intérieur mess des officiers, production personnelle, [photographie], 2021 - [Fig. 40] Carrelage logements des officiers, production personnelle, [photographie], 2021 - [Fig. 41] Grâce, production personnelle, [photographie], 2021

Deuxième partie - [Fig. 42] Plan de zonage du bien Unesco Chaîne des puys-Faille de Limagne, production personnelle d’après plan cadastral, [plan], 2021 - [Fig. 43] Le camp vu depuis le Petit Puy-de-Dôme, delcampe.net, [carte postale], ca. 1925 - [Fig. 44] Evolution du baraquement, production personnelle d’après photographie et carte postale, [reconduction], 2021 - [Fig. 45] Evolution du bâtiment des troupes, production personnelle d’après photographie et carte postale, [reconduction], 2021 - [Fig. 46] Carte des espaces pleins et vides situés à l’est de la Chaîne des Puys, production personnelle d’après image satellite Google Maps, [plan], ech. 1/15 000e, 2021 - [Fig. 47] Coupe paysagère ouest-est, production personnelle, [coupe], ech. 1/5 000e, 2021 - [Fig. 48] Vue du relief de la Chaîne des Puys depuis l’entrée du camp, production personnelle, [perspective], 2021 - [Fig. 49] Seuils et limites du camp, production personnelle, [plan], 2021 - [Fig. 50] Coupe longitudinale ouest-est, production personnelle, [coupe], ech. 1/1 000e, 2021 - [Fig. 51] Les cuisines et le Pariou, production personnelle, [photographie], 2021 - [Fig. 52] Bâtiment des troupes, production personnelle, [photographie], 2021 - [Fig. 53] Relation visuelle entre le Pariou et le camp, P. Soissons, [photographie], s.d - [Fig. 54] Densité végétale masquant le puy de Pariou, production personnelle, [photographie], 2021 - [Fig. 55] Le puy de Pariou et les hangars, production personnelle, [photographie], 2021 - [Fig. 56] Le camp sous la neige, production personnelle, [photographie], 2021 - [Fig. 57] Parcours depuis le parking jusqu’au Viewpoint Snøhetta, production personnelle depuis alltrails.com, [plan], ech. 1/20 000e, 2021 - [Fig. 58] Parcours depuis le camp jusqu’au sommet du Pariou, production personnelle depuis alltrails. com, [plan], ech. 1/20 000e, 2021 - [Fig. 59] Proposition d’aménagement du site n°1, Actif Massif, [perspective], 2016 - [Fig. 60] Proposition d’aménagement du site n°2, Actif Massif, [perspective], 2016 - [Fig. 61] Plan masse, Actif Massif, [plan], 2016

Sources - [Fig. 62] Bâtiment des douches, production personnelle, [photographie], 2021

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BIBLIOGRAPHIE

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SOURCES

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Photothèque du Puy-de-Dôme (Clermont-Ferrand) - 651 Fi 102, Reproduction d’une photographie du camp de la Fontaine du Berger, collection numérique Jarrier, [photographie], ca. 1875-ca. 1930 - 651 Fi 99, Reproduction d’une vue du camp de la Fontaine du Berger, collection numérique Jarrier, [photographie], ca. 1875-ca. 1930 - 545 Fi 6181, 182 - Camp de la Fontaine du Berger et Puy de Dôme, prêt de REYMOND Jean, L’album des Puydômois, photographie, ca. 1930 - 545 Fi 4917, Camp de la Fontaine du Berger, le nouveau camp, prêt de FILLIAT Emmanuel, L’album des Puydômois, [photographie], ca. 1910 - 545 Fi 4916, 413 - Vue du camp de la Fontaine du Berger. Ed. G. d’ O., prêt de FILLIAT Emmanuel, L’album des Puydômois, [photographie], ca. 1910 - 545 Fi 4907, 1609 - Camp de la Fontaine du Berger. L’ infirmerie, prêt de FILLIAT Emmanuel, L’album des Puydômois, [photographie], ca. 1920 - 545 Fi 4905, 397 - Camp de la Fontaine du Berger. Nouveau camp et le Puy-de-Dôme, prêt de FILLIAT Emmanuel, L’album des Puydômois, [carte postale], ca. 1910 - 561 Fi 3634, DELAUNAY G., 566 - [Orcines]. Le camp de la Fontaine du Berger. L’ arrivée au camp, collection Michel Dubesset, [carte postale], ca. 1905 - 561 Fi 3633, 1759 - [Orcines]. Le camp de la Fontaine du Berger et le puy-de-Dôme, collection Michel Dubesset, [carte postale], ca. 1905 - 561 Fi 3632, DELAUNAY G., 565 - [Orcines]. Le camp de la Fontaine du Berger (II), collection Michel Dubesset, [carte postale], ca. 1905 - 561 Fi 3631, DELAUNAY G., 567 - [Orcines]. Le camp de la Fontaine du Berger. Le montage des tentes, collection Michel Dubesset, [carte postale], ca. 1905 - 561 Fi 3631, DELAUNAY G., 567 - [Orcines]. Le camp de la Fontaine du Berger. Le montage des tentes, collection Michel Dubesset, [carte postale], ca. 1905 - 561 Fi 2587, DELAUNAY G., 66 bis. Camp de la Fontaine du Berger (I), collection Michel Dubesset, [carte postale], ca. 1905

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- 561 Fi 2582, 432 - [Orcines]. Un coin du camp de la Fontaine du Berger, collection Michel Dubesset, [carte postale], ca. 1900 - 561 Fi 2581, 2047 - Le puy de Pariou et le camp de la Fontaine du Berger, collection Michel Dubesset, [carte postale], ca. 1910 - 561 Fi 2580, [Orcines]. Camp de la Fontaine du Berger. Le nouveau camp et le Puy-de-Dôme, collection Michel Dubesset, carte postale, ca. 1910 - 561 Fi 2567, PLAZANET, 4 - L’ observatoire du Puy-de-Dôme (1 467 m d’ altitude), collection Michel Dubesset, [carte postale], ca. 1920 - 561 Fi 2549, [Orcines]. Camp de La Fontaine du Berger. Hôtel de la station (arrêt autobus), collection Michel Dubesset, [carte postale], ca. 1935 - 561 Fi 1276, 263 - Orcines. Le camp de la Fontaine du Berger, collection Michel Dubesset, [carte postale], ca. 1900 - 561 Fi 1275, 553 - Orcines. Camp de la Fontaine du Berger. Distraction du dimanche, collection Michel Dubesset, [carte postale], ca. 1910 - 507 Fi 5705, Vue générale du camp militaire de la Fontaine du Berger, à Orcines, collection Louis Saugues, [photographie], ca. 1900 - 545 Fi 854, 8 - L’ Auvergne pittoresque - Camp militaire de la Fontaine-du-Berger, L’album des Puydômois, [carte postale], ca. 1910 - 545 Fi 853, Camp militaire de la Fontaine-du-Berger. Le corps de garde et le puy Pariou, prêt de RONZIER M., L’album des Puydômois, [carte postale], ca. 1920 - 545 Fi 852, 416 - L’ Auvergne - Entrée du camp militaire de la Fontaine-du-Berger et le puy Pariou, prêt de RONZIER M., L’album des Puydômois, [carte postale], vers 1920 - 545 Fi 850, 37 - Croquis de guerre 1914. Camp militaire de la Fontaine-du-Berger. Les Allemands et Autrichiens suspects dans un camp de concentration près Clermont-Ferrand, prêt de RONZIER M., L’album des Puydômois, [carte postale], ca. 1914 - 545 Fi 849, Camp militaire de la Fontaine-du-Berger. Vue générale, prêt de RONZIER M., L’album des Puydômois, [carte postale], ca. 1910 - 545 Fi 848, Camp militaire de la Fontaine-du-Berger. Baraquements, prêt de RONZIER M., L’album des Puydômois, [carte postale], ca. 1910 - 545 Fi 845, Le camp militaire de la Fontaine-du-Berger. Les baraquements, prêt de RONZIER M., L’album des Puydômois, [carte postale], ca. 1905 - 545 Fi 842, 402 - La Fontaine-du-Berger. Le vieux camp militaire et le parc des automobiles, prêt de RONZIER M., L’album des Puydômois, [carte postale], ca. 1925 - 545 Fi 840, Le casernement au camp militaire de la Fontaine-du-Berger, prêt de RONZIER M., L’album des Puydômois, [carte postale], ca. 1910 - 559 Fi 1747, 1117 - L’ Auvergne pittoresque - Camp de la Fontaine du Berger, [carte postale], juillet 1917 - 575 Fi 300, GOUTTEFANGEAS, Orcines. Camp militaire de la Fontaine-du-Berger. La nouvelle caserne, L’album des Puydômois, [photographie], ca. 1935 - 575 Fi 299, GOUTTEFANGEAS, Orcines. Camp militaire de la Fontaine-du-Berger. L’ entrée du camp et le puy Pariou, photographie, ca. 1935 - 575 Fi 296, GOUTTEFANGEAS, Orcines. Camp militaire de la Fontaine-du-Berger. L’ ancien camp, [photographie], ca. 1935 - 570 Fi 166, GOUTTEFANGEAS, Orcines. Camp militaire de la Fontaine du Berger. Vue générale, [photographie], ca. 1920 - 569 Fi 230, GOUTTEFANGEAS, Orcines. Camp militaire de la Fontaine du Berger. Le nouveau camp, [photographie], ca. 1935 - 569 Fi 406, GOUTTEFANGEAS, Orcines. Camp militaire de la Fontaine du Berger. L’ intérieur d’ une chambrée dans un baraquement, [photographie], ca. 1920 - 569 Fi 406, GOUTTEFANGEAS, Orcines. Camp militaire de la Fontaine du Berger. L’ intérieur d’ une chambrée dans un baraquement, [photographie], ca. 1920 - 569 Fi 403, GOUTTEFANGEAS, Orcines. Camp militaire de la Fontaine du Berger. L’ ancien camp, [photographie], ca. 1920 - 569 Fi 392, GOUTTEFANGEAS, Orcines. Camp militaire de la Fontaine du Berger. Les trois camps, [photographie], ca. 1935 - 569 Fi 391, GOUTTEFANGEAS, Orcines. Camp militaire de la Fontaine du Berger. Le vieux camp, [photographie], ca. 1935

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- 15 Fi 114, 7 - L’ Auvergne pittoresque - Vue générale du camp de la Fontaine-du-Berger, [carte postale], 1915 - 12 Fi 214, L’ Auvergne pittoresque - Un coin du camp de La Fontaine du Berger, [carte postale], 1906 - 10 Fi 1657, 263 - Vue générale du camp de la Fontaine-du-Berger, collection Gilbert Rouchon, [carte postale], ca. 1911 - 10 Fi 1626, 166[bis] - L’ Auvergne pittoresque - Vue générale du camp de La Fontaine-du-Berger, collection Gilbert Rouchon, [carte postale], ca. 1910

Bibliothèque du patrimoine de Clermont-Ferrand - Anonyme, Plan d’Orcines, plan, 1887 - COSTE Marcel, Orcines et la guerre 1939-1945, 2016, 96 pp.

Géoportail - Plan cadastral parcellaire d’Orcines, Direction Générale des Finances Publiques, 2021 - Vue aérienne du camp de la Fontaine du Berger, 2016 - Carte de l’Etat-Major, ca. 1820-ca. 1866

Remonter le temps - C2531-0061_1946_F2431-2531_0138, Cliché n°138, [photographie aérienne], septembre 1946 - C2530-0021_1954_F2530-2532_0039, Cliché n°39, [photographie aérienne], mai 1954 - C2531-0081_1960_F2431-2631_0054, Cliché n°54, [photographie aérienne], juin 1960 - C2531-0091_1965_F2431-2531_0164, Cliché n°164, [photographie aérienne], octobre 1965 - C2531-0321_1969_CDP6948_8169, Cliché n°8169, [photographie aérienne], janvier 1969 - C2531-0051_1971_F2531_0036, Cliché n°36, [photographie aérienne], juillet 1971 - C2728-0051_1974_FR2575P_6038, Cliché n°6038, [photographie aérienne], octobre 1975 - C2531-0041_1978_F2531-2631_0076, Cliché n°76, [photographie aérienne], août 1978 - C0600-0441_1981_FR7044P_0135, Cliché n°135, [photographie aérienne], août 1982 - C2731-0041_1984_F2531-2731_0100, Cliché n°100, [photographie aérienne], avril 1984 - C2531-0031_1987_F2431-2531_0044, Cliché n°44, [photographie aérienne], avril 1987 - C94SAA1481_1994_FD43-63_P_1174, Cliché n°1174, [photographie aérienne], novembre 1995 - CA99S00821_1999_FD19-63_1586, Cliché n°1586, [photographie aérienne], juillet 1999 - CP04000202_2004_fd1963_250_c_1634, Cliché n°1634, [photographie aérienne], mai 2004 - CP09000342_09_073311, Cliché n°73311, [photographie aérienne], juillet 2009 - CP13000492_610_0291, Cliché n°291, [photographie aérienne], juillet 2013

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126 [Fig. 62] Bâtiment des douches


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Mémoire de fin d’études Master METAPHAUR (Mémoire Et Technique de l’Architecture, Patrimoine HAbité Urbain et Rural)


Le camp de la Fontaine du Berger

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