Projet de recherche 2011

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LA MEMOIRE COMME VOISINE Vivre à côté d’un ex-Centre Clandestin de Détention « Le premier consiste en l’héritage que nous a légué la dictature. Il reste des blessures très graves qui ne se réduisent d’ailleurs pas à des faits extrêmement violents comme la séquestration et la disparition de personnes. Mais toutes les structures du pays, sociales, politiques, économiques et culturelles, ont été affectées. » 1

1. Le sujet de la recherche La dictature De 1976 à 1983, l’Argentine connait une dictature militaire violente qui marquera profondément le pays, à l’image de ses voisins du Cône sud (Chili, Uruguay, Paraguay...). Bien au‐ delà des seules victimes directes, c’est toute la société argentine qui sera marqué et ce, sur plusieurs générations. En effet, la junte militaire putschiste menée par le Général Videla, mettra en place un programme intitulé « processus de réorganisation nationale » se traduisant notamment par la pratique de ce qu’on appellera un « terrorisme d’état ». En d’autres termes, l’état argentin eut un recours quasi systématique à la violence et à la terreur afin d’assurer le contrôle de la société et le maintien de l’ordre défini par le pouvoir en place. Au cours de ces 7 années, interdictions, intimidations, persécutions, arrestations et disparitions forcées feront parti du quotidien non‐avoué de tous les argentins.

Aujourd’hui Avec la réouverture des procès contre le pouvoir militaire en 2006, et qui continuent jusqu’à nos jours, l’Argentine est actuellement en train d’écrire une part importante de son histoire récente, mais également de son présent. Derrière la médiatisation de ces procès historiques, un travail de mémoire important commence à sortir de l’ombre, qu’il soit le fruit de volontés politiques, d’associations indépendantes, de victimes ou d’engagements personnels. Ces actes de mémoire s’étendent de la récupération par les pouvoirs publics de l’école mécanique de l’armée, « la ESMA », ancien centre de détention clandestin et lieu hautement symbolique du pouvoir militaire et de sa transformation en 2008 en “Espacio para la Memoria y para la Promoción y Defensa de los Derechos Humanos" au changement de noms de certaines rues en hommage aux victimes, ainsi que par le dépôt de plaques par les associations de quartier devant les domiciles des disparus. Ces procès sont également une réponse nouvelle aux lois d’amnistie, promulguées en 85 et 86, au lendemain de la dictature par le président Raul Alfonsin, qui avaient laissé derrière elles un vide de justice et un gout amer à une partie de la société argentine. L’Argentine fait d’une certaine manière figure de pionnière dans le travail de justice post‐dictature, peut‐être plus que certains de ses voisins. Rappelons‐nous en effet que le référendum, tenu le 27 octobre 2009 en

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In SCHEINDER‐MANDANES, Graciela. Buenos Aires : Port de l’extrême‐Europe, Paris, Autrement, série monde Page 108, entretien avec Adolfo Perez Esquivel


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