Mémoire 100 ans de paysage - La vallée de la Save, regards de l'Isle-Jourdain à Lévignac

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LA VALLÉE DE LA SAVE REGARDS DE L’ISLE-JOURDAIN A LÉVIGNAC. UN PAYSAGE MORCELÉ, EN TENSION LOLA JANDOT MÉMOIRE 100 ANS - MAI 2022

REMERCIEMENTS

Ce travail est le fruit d’un long moment d’observation, de recherche, de questionnements et de déambulations, auquel de nombreuses personnes ont contribué. Pour cela, je tiens à remercier tout d’abord les enseignants coordina teurs du mémoire 100 ans, et particulièrement Rémi Bercovitz, mon en seignant référent pour son accompagnement constant et rigoureux, et qui a su accompagner nos doutes et nos questionnements, pour les enrichir davantage.

Je tiens à remercier la ville de l’Isle-Jourdain, notamment monsieur Bruno Delfino, responsable du musée campanaire de l’Isle-Jourdain, pour son aide pertinente dans la recherche d’ouvrages historiques. Merci aussi à Florine Popek, technicienne rivière au Syndicat de Gestion de la rivière de la Save, pour sa réactivité et son attention, m’ayant permis de disposer de documents indispensables à la réalisa tion de ce mémoire.

Dans la même logique, je remercie aussi la Communauté de Com munes de la Gascogne Toulousaine d’avoir échangé avec moi des informations précieuses pour une meilleure compréhension des dyna miques actuelles et des enjeux en cours sur la vallée de la Save.

Enfin, je tiens à remercier chaleureusement ma famille : ma mère pour ses réflexions bienveillantes et pertinentes tout au long de l’avancée de ce travail, mon père pour ses longues relectures attentives et sa présence attentionnée, mes sœurs pour leur soutien (véhiculé ou non). Je tiens à dire un grand merci également à ma tante, qui grâce à ses talents de photographe, a permis d’enrichir ce mémoire de su perbes photographies pleines de sens.

« Je crois que chaque enfant créé sa propre colline. Surtout les fils de paysans [...] Une vie ne peut suffire pour déceler les secrets qui viennent du fond d’une terre, de son relief, de la longueur et des méandres des diverses collines qui se confondent en une seule [...]

Un langage s’établit avec le ciel, le soleil, le sol et la nature... »

- Abel Sempre, La Colline enchantée

2 3

Introduction

Quel

ces paysages

.Des politiques publiques encore trop discrètes

urbanisation sous pression

II. Un territoire aux paysages marqués par l’agriculture

.Une morphologie singulière de vallée, aux versants inégaux

.Le versant ouest, support d’une agriculture intensive

.Le large fond de vallée, entre mouvements humains et hydrauliques

.Le versant est agricole, transition entre paysage agricole et paysage forestier

.Le plateau polyvalent de la forêt de Bouconne, entre loisirs et sylviculture

.Dynamiques et synthèse : une vallée investie, aux versants supports d’une agriculture intensive

III. Les empreintes des paysages d’hier dans ceux d’aujourd’hui

.Frise chronologique

.Des mouvements géologiques à l’origine des reliefs et vallées

.Évolution de la Save et de ses aménagements .Évolution des représentations liées à la rivière

.La crue de 1977 : pour toujours dans les esprits gascons

.Évolution des aménagements sur la Save

.Synthèse

.Évolution de l’agriculture et ses formes, étroitement liée à celle de l’eau

.D’une diversité de pratiques à une agriculture intensive exclusivement céréalière et oléagineuse

.Des formes agricoles cherchant à se protéger de la rivière

.Synthèse

.Des mouvements humains impactant les formes paysagères

.Les versants et les crêtes historiquement habités, une vallée convoitée

villages dortoirs dans la vallée de la Save

« espace de nature » dans la couronne urbaine de Toulouse :

des espaces de loisirs périurbains

timide des espaces naturels et zones humides

du patrimoine bâti rural (presque) absente

prospectifs :

entre paysage agricole et paysage urbain

des pratiques et des besoins

scénarios accompagnés par des actions locales :

maillage agricole souligné par le végétal

4 5 SOMMAIRE I.
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62 .Des
63 .Un
développement
66 .Conclusion 67 IV.
avenir pour
en tension ? 69
.Une
70 .Protection
74 .Protection
75 .Scénarios
.Concurrence
76 .Equilibre
78 .Des
un
80 V. Conclusion 83 VI Bibliographie 84

TERRITOIRE D’ÉTUDE

INTRODUCTION

La vallée de la Save est une longue vallée de 144 kilomètres, partant du pla teau de Lannemezan aux pieds des Pyrénées jusqu’à Grenade-sur-Garonne, où la ri vière se jette dans la Garonne. Elle est le vecteur d’un paysage vallonné, reconnais sable au milieu de cette mer de collines typique de la Gascogne par son ample vallée, contrastant avec les vallées secondaires engendrées par des cours d’eau discrets. Notre regard s’étant de l’Isle-Jourdain à Lévignac, dans la partie centrale de la ri vière, et où de nombreuses dynamiques sociales, économiques, paysagères et en vironnementales sont en cours depuis plusieurs décennies, induites par la proximi té directe du territoire avec la métropole Toulousaine, et par la vocation agricole du territoire, qui marque nettement son empreinte dans ce paysage vallonné et ouvert.

Comment concilier cette vocation agricole historique de la vallée et le dévelop pement récent de l’artificialisation des sols en périphérie des centres-bourgs ?

Quelles actions pour gérer et accompagner les transitions entre ces pay sages en développement et ces larges paysages agricoles céréaliers ?

Comment agir pour une symbiose entre l’agriculture et les humeurs de la Save dans la vallée ?

7 Auch Toulouse

OCCITANIE GERS HAUTE-GARONNE

LA VALLÉE DE LA SAVE

A L’ISLE-JOURDAIN

Le territoire d’étude choisi se situe dans le sud-ouest de la métropole française, dans la région Occitanie et sur deux départements à la fois : le Gers, connu pour ses paysages vallonnés agricoles et ruraux, et la Haute-Garonne, dont la capitale toulousaine est la quatrième plus grande ville de France et connaît donc un rayonnement toujours croissant et un étalement urbain important.

J’ai choisi ce territoire tout d’abord pour l’affection que je lui porte, j’y ai vécu les 15 premières années de ma vie et j’y suis particulièrement attachée. Aussi, c’est un territoire riche et complexe, par sa proximité avec la métropole engendrant de nombreuses dynamiques, et surtout par la présence de la rivière de la Save qui le traverse du nord au sud et provoque des paysages changeants, éphémères et contrastés au cours de l’année et du temps.

Le territoire étudié ne se définit pas par rapport aux limites des communes, mais plutôt par rapport au relief. Il s’étend de la ville de l’Isle-Jourdain au sud, jusqu’au village de Lévignac au nord, de manière à avoir une transect suffisant et nécessaire de la rivière de la Save, qui est l’élément central de ce mémoire.

Il remonte à l’ouest jusqu’au centre bourg de Sainte-Livrade, qui se place au point haut de manière à comprendre et analyser le rôle des ver sants encadrant la Save. Dans la même optique, le territoire remonte à l’est jusqu’à la forêt de Bouconne, qui est un élément repère notable du paysage, depuis la vallée ou depuis l’autre versant.

AUCH

d’étude

Sainte - Livrade

Ségoufielle Lévignac

TOULOUSE

l’Isle - Jourdain

Pujaudran

Lasserre-Pradère

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> Une vallée en eau encadrée par deux versants dissymétriques > Un territoire à cheval sur deux départements
Territoire
Mérenvielle

LES PAYSAGES D’AUJOURD’HUI

UN TERRITOIRE AUX PAYSAGES MARQUES PAR L’AGRICULTURE

Les paysages actuels semblent constitués d’un élément de base qui se répète : le champ agricole, ou plutôt la parcelle. Ce paysage ouvert et dégagé de grandes cultures laisse peu de place à toute autre activité, les prairies ont peu à peu déser té le territoire, et la sylviculture se concentre dans la forêt de Bouconne ou à proximité. Nous allons voir chacune des unités paysagères couvrant le territoire : le versant ouest, où se dresse un paysage de grandes cultures, de plus en plus découvert, le fond de vallée, support d’une implantation récente et exponentielle de nouveaux habitants, créant ainsi des paysages éclectiques par l’implantation de ces nouveaux logements à proximité des habita tions traditionnelles, et où la Save déborde régulièrement, engendrant des paysages éphé mères et mouvants, impactant les activités agricoles et humaines à proximité. Enfin, vous découvrirons le versant est, dont la différence principale avec le premier versant est sa proxi mité avec la forêt et donc son paysage parsemé de masses boisées ponctuant le paysage ouvert, et la dernière unité qu’est le plateau de la forêt de Bouconne, principal lieu d’activi tés périurbaines car visité et apprécié tant par les locaux que par les habitants de Toulouse.

11 > Le moulin de Pradère, datant du XIIIème siècle toujours entretenu et habité aujourd’hui

La vallée de la Save constitue le fondement de notre étude. Le fond de vallée est ample, frôlant les deux kilomètres par endroit, et se re trouve encadré par des versants inégaux.

Le versant est est court et abrupt, surmonté d’une longue crête, et cache le paysage de colline qui s’étend à l’est, typique de la Gascogne gersoise.

Le versant ouest est plus long, plus doux, et n’est pas dominé par une crête mais par un plateau, abritant la forêt de Bouconne, et s’éten dant sur près de cinq kilomètres jusqu’à Léguevin, aux portes de Tou louse Métropole. Ce plateau symbolise la dernière limite paysagère jusqu’à la vallée de la Garonne allant de Léguevin jusqu’à l’est de Toulouse.

Cette inversion morphologique des versants s’explique par un évènement géologique propre à ce territoire du Savès et du Val-de-Save : à la fin de l’ère tertiaire, un affaissement tectonique et l’ensellement de ce sol a largement modifié la topographie du site et aurait donc crée cette inégalité dans les versants encadrant la Save.

> Coupe de la morphologie de la vallée et ses versants, entre Sainte-Livrade à l’ouest et la forêt de Bouconne à l’est

12 13 VERSANT OUEST,COURT ET ABRUPT FOND DE VALLÉE DE LA SAVE LA VALLÉE DE LA SAVE UNE MORPHOLOGIE SINGULIÈRE DE VALLÉE, AUX VERSANTS INÉGAUX A PAYSAGE DE GRANDES CULTURES VALLONNE LAC ARTIFICIELVILLAGE SUR LES HAUTEURS SAINTE-LIVRADE PEUPLERAIES BOURG TYPIQUE DE SÉGOUFIELLERIVIÈRE DE LA SAVE ET SON COULOIR ARBORE NOUVELLES CONSTRUCTIONS VERSANT EST, LONG ET DOUX CŒUR D’EXPLOITATION190 m 135 m PLATEAU FORESTIER DE BOUCONNE A’ VERSANT CULTIVE PAYSAGE DE LISIÈRE FORET DE BOUCONNE A A’
230 m

LE VERSANT OUEST,

SUPPORT D’UNE AGRICULTURE INTENSIVE

Cette première unité de paysage se caractérise par un versant affirmé, qui vient fermer le paysage depuis le fond de la vallée de la Save. Il limite la vue, et est le commencement de la « mer de collines » s’éten dant à l’ouest et qui caractérise le paysage gersois.

Grandes cultures de céréales ou d’oléagineux sur les versants

Village de SainteLivrade sur la crête, accueillant les cœurs d’exploitations

Lotissements en construction sur les espaces de transition entre versant et vallée

> Morphologie et paysage observés sur le versant ouest agricole

Il se compose de nombreuses structures paysagères : les grandes parcelles de cultures ouvertes, les aménagements liés à la dominante agricole de ce territoire, et les architectures diverses participent largement à l’unité de cet espace.

LE VENT D’AUTAN

SOUFFLANT D’EST EN OUEST, RICOCHANT ENTRE LE MASSIF CENTRAL ET LES PYRÉNÉES, IL EST D’UNE GRANDE INFLUENCE SUR LES CULTURES. IL LES RÉCHAUFFE AU PRINTEMPS ET DESSÈCHE LES SOLS AVEC SA PUISSANCE, NON PAS DANS SA FORCE, MAIS PLUTÔT DANS SA CONSTANCE. LA PLATEAU DE BOUCONNE PERMET DE L’ATTÉNUER EN PARTIE MAIS NE L’ARRÊTE PAS DANS SA COURSE.

Un territoire à dominante agricole

Le maillage formé par les grandes parcelles agricoles est l’élément le plus identitaire de ce versant.

Ces vastes paysages de cultures ouvertes proposent un patchwork de couleurs et de formes remarquable. En été, les champs jaunes de tournesol, les parcelles ocres de blé tendre, et les quelques cultures vertes de haut maïs permettent une hétérogénéité continue sur l’ensemble du versant. Les parcelles cultivées sont grandes, mais ne suivent pas un plan régulier, elles se disposent selon des orientations différentes, et sont présentes même à des endroits où les pentes sont les plus raides.

L’agriculture du Savès toulousain se compose notamment de céréales : blé, quelques parcelles de maïs et de sorgho, suivies de près par les cultures d’oléagineux : tournesol et colza. Les agriculteurs pra tiquent l’assolement biennal, ils alternent une année sur l’autre blé et maïs, ou blé et tournesol par exemple.

Ce support agricole du territoire se confirme par des éléments ponc tuant le paysage, et participant à l’identité de cette unité.

Les lacs collinaires sont des témoins de cet usage à majorité agricole du versant, ils se placent dans les creux du relief, souvent à l’intérieur de petits valons formés par des ruisseaux, de manière à récupérer les eaux de pluie et les eaux ruisselantes et les utiliser pour l’irrigation des cultures avoisinantes. Les tailles sont variables le lac au sud-ouest de Sainte-Livrade est le plus important - 2,3 ha -, celui du lieu-dit le Pouteou au Castéra est dix fois plus petit.

Lors de crues très importantes, ils viennent déborder sur les cultures adjacentes et dévalent le versant vers le lit principal de la Save.

14 15
1
Sainte-Livrade
> Les paysages de grandes cultures sur les collines > Réserve
collinaire de Sainte-Livrade

Le petit patrimoine, empreinte d’un usage passé

Aussi, sur les hauteurs et sur le versant se placent des pigeonniers, témoins architecturaux d’un usage passé sur le territoire. Isolés, ils sont abandonnés au milieu de champs et dégradés par le temps et les épisodes météorologiques. Plusieurs sont réintégrés dans des constructions nou velles, et permettent ainsi un fragment d’histoire passée dans le présent.

> Cohabitation entre deux époques le

délaissé et les maisons en construction au lotissement du golf (Sainte-Livrade)

Les Pyrénées au sud comme limite du paysage

Rive droite de la Save en fond de paysage, dominée par la forêt de Bouconne

Crête parallèle à la vallée de la Save, où pigeonniers abandonnés et lotissements en construction se ren contrent

Lac collinaire, à vocation agricole. Souvent accompagné d’une masse boisée sur les berges

Paysage urbain hétéro

gène de la périphérie de l’Isle-Jourdain

Un paysage en construction

Des lotissements s’élèvent sur ce versant, mais pas à proximité des centres bourgs comme c’est le cas dans la vallée. A proximité du Golf Las Martines, sur les prémices du versant, deux grands lotissements sont en train d’être construits. Les maisons individuelles surplombent le fond de vallée, et font face aux grandes parcelles agricoles lon geant la ripisylve de la Save. Cet ensemble de nouvelles constructions proche des pigeonniers et en hauteur sur le cours d’eau majeur forme un paysage éclectique, composé de marqueurs de différentes dyna miques et histoires passées et actuelles du territoire.

> Le lotissement du golf en construction, face au fond de vallée de la Save

Paysage de grandes cultures sur les collines (blé, tournesol)

Enfin, le discret village de Sainte-Livrade se dresse en belvédère sur la vallée, de par sa position sur une crête. Au nord, une vue dégagée et houleuse s’offre sur le paysage régulier alternant entre collines et vallons. Au sud, le paysage ouvert sur les collines et la chaîne des Pyrénées fermant le paysage par jour de beau temps, commence à être obsturé par l’arrivée des maisons neuves des lotissements du golf.

pigeonnier

LARGE FOND DE VALLÉE,

ENTRE MOUVEMENTS HUMAINS ET HYDRAULIQUES

Ségoufielle

Lasserre

- Pradère

Lévignac

l’Isle - Jourdain

Cette deuxième unité se définit par un relief plat et large, témoin d’une vallée importante due à la rivière de la Save. Elle est le fil conducteur de ce paysage vivant, qui l’accompagne et subit ses variations tout au long de l’année.

La vallée connaît des paysages en mouvement, changeants au gré des débordements réguliers et annuels de la rivière, rempla çant pour quelques jours ou quelques semaines des paysages de cultures par des paysages d’eau.

2

> La Save en débordement à Pradère-les-Bourguets

l’Isle-Jourdain

Ségoufielle

Lasserre - Pradère

Lévignac

Structure paysagère la plus notable de cette unité, elle traverse le territoire du sud est vers le nord-ouest, pour rejoindre la Garonne près de 20 km plus loin en aval. Elle borde les cultures ou peupleraies, toujours accompagnée de son voilage arboré dont la densité varie.

Par ses débordements systématiques à la fin de l’hiver, elle rythme le temps, en inondant une partie des cultures et des routes, parfois pendant plusieurs semaines.

La Save > La rivière à Pradère-les-Bourguets

Les méandres de la rivière

Ils sont des éléments clés du paysage de la vallée. Ils permettent une ripisylve plus dense, plus étalée, qui vient s’installer à l’intérieur du méandre, formant un écosystème riche et diversifié.

Trois méandres principaux sont observés sur le territoire, entre Ségoufielle et le hameau de Larmont.

Aujourd’hui, ces méandres sont bouchés, suite à des décisions de la CACG (Compagnie d’aménagement des Coteaux de Gascogne) dans les années 70 dans le but d’augmenter la capacité d’écoulement de la rivière et de protéger les cultures des inondations.

18 19 LE
1000 m
> La Save à son niveau bas à Pradère-les-Bourguets Méandre LASAVE

Un patrimoine bâti typique du fond de vallée : les moulins

Le fond de vallée est parsemé de petits patrimoines. Moulins à eau dans la val lée, pigeonniers sur les versants et les hauteurs, lavoirs dans les centres-bourgs, rythment le paysage, et témoignent d’activités et d’usages passés. Les moulins et pigeonniers sont les preuves architecturales d’une agriculture présente sur ce territoire depuis des siècles, permettant le développement du paysage agraire mais aussi l’évolution de l’agriculture, jusqu’à une agriculture intensive sur presque toute la surface agraire de la vallée de la Save.

Aujourd’hui, quatre moulins longent la Save dans le périmètre étudié. Celui de Pradère-les-Bourguets est entretenu et habité, il a été rénové au milieu du XXème siècle et les nouveaux acquéreurs l’ont réhabilité en tentant de garder les ma tériaux et l’ambiance du lieu. Ce moulin a la particularité d’être surmonté d’un pigeonnier central. Il offre un paysage pittoresque, une proximité directe avec la rivière, mais aussi un paysage sonore important grâce à l’eau coulant du barrage à proximité.

Au contraire, le moulin de Ségoufielle est aujourd’hui à l’abandon, c’est une bâtisse qui a été transmise de génération en génération jusqu’au décés du der nier héritier. Il a été racheté depuis maintenant presque 10 ans, mais le nouveau propriétaire ne semble pas s’en être soucié davantage. Il est victime de visites illégales, comme en témoignent les tags à l’intérieur, et le terrain s’enfriche de plus en plus : frênes, aulnes, et lierre s’emparent de la structure et de ses environs, ce qui enferme ce patrimoine architectural et paysager sur lui-même. Le dernier moulin observé est celui présent à Larmont, au sud du territoire. Ce dernier est habité par des personnes âgées y ayant toujours vécu, mais l’esprit du moulin n’a pas été conservé, les propriétaires ont favorisé le pratique et moins coûteux, un crépi moderne a été disposé sur toute la façade pour prévenir des fissures qui traversaient sur les murs, et l’arche surplombant le cours d’eau n’est pas visible depuis la route. Sans connaître son histoire, ce bâti passe pour une simple maison du XIXème siècle et non pour un moulin à eau du XVIIIème.

>

du cours d’eau à proximité d’un moulin

Comme vous l’avez compris, plus aucun de ces trois moulins n’exerce sa fonction première d’utiliser l’énergie hydraulique pour moudre le grain.

Cependant, ils ne sont pas directement construits sur la Save, mais sur des cours d’eau secondaires, creusés et orientés spécialement pour les moulins. En amont de ces cours d’eau, un seuil (ou barrage) est mis en place de manière à réguler l’eau arrivant dans les vannes du moulin et permettant ainsi d’utiliser l’énergie de l’eau pour moudre le blé provenant des cultures alentours.

Ce sont des patrimoines bâtis essentiels de ce paysage de vallée, ils témoignent d’un usage passé du territoire, et sont des empreintes de l’activité céréalière toujours prédominante ici.

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Le paysage agraire en fond de vallée

L’agriculture est toujours dominante même dans le fond de vallée, mais se diversifie davantage par l’apparition de peupleraies, mi toyennes avec la rivière. Elles contrastent largement par leur paysage haut et ajouré, avec les champs de blé attenants, bas et opaques.

Ce paysage de fond de vallée est changeant par saison, déjà grâce aux couleurs et formes des cultures en fonction de la période de l’an née, mais aussi et surtout par le débordement régulier et annuel de la Save, engendrant des inondations totales ou partielles des cultures adjacentes, ainsi que des routes secondaires souvent pas assez hautes pour être épargnées.

Le versant ouest court et abrupt

Les parcelles céréalières du fond de vallée

Le moulin de Ségoufielle, délaissé par l’homme mais adopté par la végétation et l’eau, formant un paysage pittoresque

> Limite entre deux unités paysagères

20 21 >
Minoterie de l’Isle-Jourdain Moulin de Ségoufielle Moulin de Pradère
Moulin
de Larmont
>
Localisation des moulins sur le territoire d’étude
m
Aménagement
Moulin de Pradère les Bourguets LASAVE Bras secondaire de la rivière pour alimenter le moulin Bassin se remplissant et se vidant en fonction du niveau de la Save Méandre

Sur les berges de la Save se trouve un cortège végétal dense et varié. Frênes, chênes, aulnes, se dressent et se placent en accompagnement de la Save et de ses méandres. Il s’élargit, disparaît, se maintient en fonction des endroits et de l’attention qu’il lui est porté par les agriculteurs notamment, ainsi que les différents syndicats.

> La ripisylve arborée, accompagnant la Save et les cultures au hameau les Bourguets Aubépine Crataegus laevigata Bouton d’or Ranunculus repens Figuier Ficus carica Frêne Fraxinos excelsior Chêne pubescent Quercus pubescens
Robinier faux-acacia
Robinia
pseudoacacia Prunellier
Prunus
spinosa
Ormeau Ulmus
procera
LES ESPÈCES DE LA RIPISYLVE DE LA SAVE

Les villages en fond de vallée

Les villages se développent en fond de vallée. Lasserre-Pradère au nord et Ségoufielle au centre du territoire se développent respectivement perpendiculairement et parallèlement à la rivière. Ils en sont assez éloignés pour ne pas subir d’inondations dans le centre bourg et que ce der nier soit toujours accessible par les routes principales.

Les centres des villages sont typiques de la banlieue Toulouse, avec de la brique rouge et des maisons individuelles, ou des petits immeubles qui ne dépassent pas 2 étages. Cette région connait une croissance démographique sans précédent depuis le début du siècle, entraînant la construction de nombreux lotissements en périphérie des centres bourgs. Un processus d’artificialisation des sols est en constante progression, piétinant les territoires autrefois agricoles.

Le cas particulier de l’Isle-Jourdain

C’est la seule ville du territoire. Elle rejoint Toulouse en seulement 30 minutes grâce à la route nationale, ce qui lui vaut un véritable succès en terme de choix du cadre de vie auprès des nouveaux arrivants de la métropole.

Elle se différencie des autres villages par sa superficie et son nombre d’habitants bien plus importants, ce qui l’a contraint à se développer jusque sur le versant est, avec le centre-ville qui reste dans le fond de vallée.

> Exemple remarquable de l’artificialisation des sols en périphérie du centre-bourg de Lasserre de 1950 à aujourd’hui (Géoportail - Remonter le temps)

Les nombreux lotissements qui sortent de terre depuis une vingtaine d’années se placent en périphérie du centre-ville, sur le versant ou plus à l’ouest. Une large zone commerciale a aussi été construite au sud du centre bourg dans les années 2010, à proximité de la Save, ce qui a demandé plusieurs aménagements et mises à jour pour que les gens puissent y accéder à toute période de l’année. Ces nouvelles constructions contrastent avec le paysage de grandes cultures originel, où ces deux derniers se rencontrent par des limites floues.

La ville basse, notamment autour de la base de loisirs et de ces deux lacs, se retrouve, elle, très fréquemment sous les eaux lors de l’automne et de l’hiver.

Le seul espace qui y échappe systématiquement est la voie ferrée, qui s’est posée sur une haute bute de terre à cet endroit et lui permet ainsi de rester les pieds hors de l’eau à tout moment. La voie ferrée engendre elle aussi une structure paysagère non négligeable, puisqu’elle était bordée d’arbre de tout son long mais depuis quelques années, une démarche de déforestation de cette masse boisée est en cours pour per mettre à terme d’installer une seconde voie de train.

2019 2022

> Dynamique de défrichement le long des voies ferrées, ouvrant complè tement le paysage et ne formant plus un écran végétal entre le train et le paysage du fond de vallée (à Mérenvielle)

24 25
Lasserre 1950 Lasserre 2000 Lasserre 2019
Construction de nouvelles maisons Paysage ouvert d’une prairie en voie d’enfriche ment > Dualité entre deux paysages au lotissement François Darolles (l’Isle-Jourdain)
> Google Street View

VERSANT EST,

TRANSITION ENTRE PAYSAGE AGRICOLE ET FORESTIER

Cette troisième unité se rapproche de celle portée par le versant est il est très agricole, avec des cultures de blé, de tournesol et de colza. Cette (petite) diversité offre une palette colorée appréciée : le jaune vif du colza se fait apercevoir très tôt, rapidement suivi du jaune vert des tournesol qui persiste, et complété par l’ocre mat du blé.

Morphologiquement, ce versant est bien plus long et doux, et mène à un plateau très forestier que l’on retrouvera dans la quatrième et dernière unité du territoire.

Masses boisées éparses de plus en plus présentes en haut du versant

Exploitations agricoles sur le versant, avec une partie des parcelles autour

> Morphologie et paysage observé du versant est agricole

Le paysage observé y est ouvert, mais ponctué de masses notamment sur la partie haute du versant, qui sont les prémices de la forêt de Bouconne. Une végé tation spontanée se dresse parfois en limite de cultures mais elle n’est pas exploitée par les agriculteurs. Des activités de loisirs comme des centres équestres ou des lieux d’agility pour chien s’implantent en haut du versant, à la limite de la forêt, étant au plus proche de Toulouse et des visiteurs qu’elle engendre.

Une mosaïque de cultures ponctuée

Ce versant peut lui aussi être assimilé à un patchwork de grandes cultures. Le tournesol et le blé d’hiver sont omnipré sents, laissant quelques fois la place à des prairies de fauche ou à des champs au repos (jachère).

Les parcelles sont très grandes et à grand rendement, grâce au sol propice à ce type d’agriculture, expliquant ainsi qu’il n’y ait pas ou très peu d’élevage. Même sur les parcelles où le relief est le plus raide, des pay sages de grandes cultures se développent, témoins de la potentialité agricole du territoire.

Lac collinaire pour l’irrigation des cultures

Parcelles agricoles cultivées

Boisement de chênes

L’usage agricole du territoire se renforce par l’implantation de nombreuses réserves collinaires sur ce versant aussi, per mettant l’irrigation des cultures sur ces sols secs du territoire en été.

Parcelles agricoles au repos (jachère)

Exploitation agricole (hangar et maison d’habitation)

26 27 LE
3 l’Isle - Jourdain
Mérenvielle > Organisation des cultures au lieu-dit Fargia (Mérenvielle)

Bâtiments agricoles modernes et hameaux d’habitations récentes

Les versants sont peu habités, le petit village de Mérenvielle se dresse au milieu du versant, et connait lui aussi l’implantation de nouvelles mai sons en périphérie du centre. Aussi, quelques exploitants agricoles se placent sur le versant, les centres d’exploitation sont grands et composés de grands bâtiments agricoles modernes hangars de stockage, etc.

Sur les hauteurs, on retrouve quelques hameaux de maisons individuelles, qui sont à la limite entre la fin du côteau et le plateau.

Paysage de grandes cultures sur le versant, labourées à cette époque de l’année

Prémices du versant court agricole en limite de pay sage à l’ouest

Hangar agricole, avec la maison d’habitation accolée

Parcelle agricole en jachère

Prémice de la forêt de Bou conne qui clôt le paysage à l’est et au nord

Paysage dynamique engendré par la voie ferrée, grâce au pas sage de trains, à raison de 36 par jour en semaine

Les prémices de la forêt de Bouconne : un paysage parsemé de masses boisées

Ce paysage de grandes cultures se ponctue donc par l’implantation de bâtiments agricoles sur le versant, mais aussi et surtout par des masses boisées de tailles variables.

Elles sont des résidus de la large forêt de Bouconne qui se dresse sur le plateau, et se placent à la jonction de plusieurs parcelles agricoles per mettant de ponctuer le versant par leur verticalité contrastant avec les paysages bas et horizontaux des cultures de blé ou de tournesol.

> Organisation du paysage sur le versant est, depuis la sortie du centre bourg de Lasserre-Pradère.

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Le paysage en mouvement de la voie ferrée

La voie ferrée de la ligne Toulouse - Auch traverse le versant depuis la forêt de Bouconne d’est en ouest.

> Passage du TER en lisière de forêt, à proximité d’une ancienne maison garde barrière

Une multitude de formes boisées

Bien que les bois ne soient pas l’élément le plus marquant de l’identité paysagère du territoire, il faut relever la diversité des formes qu’il peut prendre dans la vallée et sur les versants. Nous exclurons dans cet inventaire la forêt de Bouconne, traitée en suivant indépendamment par sa taille et sa diversité.

Un cortège végétal hétérogène accompagne les nombreux lacs collinaires de la vallée. Tantôt buis sonnant, tantôt arboré, il encadre ces réserves et est parfois exploité par l’agriculteur qui en propriétaire.

Élément original et unique du territoire, ce bosquet de pins se dressent le long de la route à l’en trée de Ségoufielle. Planté par un par ticulier, il contraste fortement avec les petits arbres ca ducs alentours.

> Vue sur la vallée depuis la route menant de Mérenvielle à Pujaudran

Les châteaux et domaines dis posent d’une palette végétale va riée, notamment avec plusieurs cèdres qui marquent bien la pré sence du domaine dans la territoire.

La végétation spontanée prend place entre les parcelles, elle est très inégale et discontinue, et se consti tue d’essence très répandue dans la région frênes, chênes, aulnes.

Le cortège végétal de la Save que nous avons déjà vu est riche en es sences et en biodiversité. Il forme un paysage fermé, doté d’une ambiance intime et touchante, qui semble nous être privilégiée.

Les alignements de platanes le long des routes, à l’intérieur des centresbourgs ou entre les villages, sont très fréquents, ils forment une structure droite et ordonnée dans le paysage.

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LE PLATEAU POLYVALENT DE LA FORET DE BOUCONNE, ENTRE LOISIRS ET SYLVICULTURE

Paysage de lisière

jachèrepré du centre équestre fossé

La dernière unité paysagère que nous rencontrons sur ce territoire est un espace de transition, formé par la large forêt de Bouconne, constituée de différentes essence et couvrant plus de 2700 hectares, répartis sur 10 communes différentes.

Elle forme aussi la limite de deux territoires anciens : le Languedoc et la Gascogne.

Forêt de Bouconne

Exploitations céréalières persistant jusqu’en lisière de Bouconne

Centre équestre en lisière de forêt Village balcon de Pujaudran

4 Pujaudran

La forêt se place sur un point haut, et plusieurs habi tations, hameaux et structures de loisirs se placent à l’entrée de Bouconne, proposant un accès privilégié à ce paysage fermé et intime de la forêt. Notamment, le centre équestre d’En Cayla, qui a ouvert ses portes en 2009, possède des parcelles en lisière de Bouconne, et propose ainsi des balades à l’intérieur de la forêt en disposant d’un accès convoité et mais aussi d’un paysage désiré.

forêt développée route D42 réseau de fossés forêt en développement

La forêt se place sur un support géologique directement à l’origine de son implantation. Il est composé de formations molassiques et d’al luvions, son sol est lourd, constitué de graviers et d’argile, et associé aux faibles pentes, cela entraine un mauvais drainage des terres.

La forêt comme patrimoine paysager et naturel

C’est une forêt de production et une forêt de loisirs, dont 75% est en forêt domaniale.

Elle se compose notamment de chênes (pédonculés et sessiles en majorité), couvrant plus de la moitié de la surface de la forêt, puis viennent ensuite les pins mari times, et enfin quelques spécimens de charme, tilleul, châtaignier, etc.

L’ONF est chargé de l’entretien et de la gestion de la forêt, s’occupant notamment de délimiter les parcelles de forêt en reconstitution, celles qui sont prêtes à être exploitées, de baliser les réseaux de chemins pédestres et d’eau suivant un plan orthogonal, de faire de la médiation avec les visiteurs, ou encore de réguler la chasse à l’intérieur de la forêt.

forêt développée

souches arbre porte graines forêt développée

LISIÈRE INTÉRIEURE AVEC LA ROUTE Lévignac

arbres inclinés à cause du talus forêt en développement

FORET EN RECONSTITUTION Lasserre

> Paysage observé du plateau forestier

CHEMIN PIÉTON DANS LA FORET - Pujaudran

32 33
LISIÈRE AU NIVEAU D’EN CAYLA Lasserre

La forêt comme espace de loisirs périurbains

Par sa proximité avec la métropole de Toulouse, la forêt connait un fort succès, notamment lors des vacances et des week-ends. Suite à ça, différentes structures de loisirs se sont implantées proche de la forêt depuis quelques dizaines d’années, témoignant de cet usage plutôt urbain de Bouconne.

La base de loisirs de Bouconne qui se situe au nord de la forêt propose plusieurs activités et dispose une piscine publique, un bar-restaurant, un large complexe de sport (tennis, basket, etc.), un mini-golf, etc. qui participent à faire visiter et à accueillir les visiteurs à l’intérieur même de la forêt.

Sur le site officiel de la base de loisirs, la volonté d’attirer les Toulousains et donc des citadins dans cet espace se fait tout de suite comprendre :

« CE LIEU UNIQUE A 25 KM DE TOULOUSE, VOUS OUVRE SES PORTES DANS UN CADRE NATUREL ET REPOSANT ».

> Les pins maritimes de la forêt à la limite entre Lasserre et Léguevin, qui sont ici en groupe, mais peuvent être mélangés avec des chênes. Ils dominent le paysage fermé de la forêt, l’aère par leur port élancé et leur houppier haut, mais le contraste surtout l’hiver lorsqu’ils sont les seuls à avoir encore leur feuillage.

Le seul village présent sur ce plateau est celui de Pujaudran, qui se place en balcon sur la vallée secondaire de l’Aussonnelle au sud, mais aussi sur la ville de l’Isle-Jourdain à l’ouest. Comme vu précédemment, ce bourg est victime de l’implantation de nombreux lotissements à proximité du centre du village depuis quelques dizaines d’années et doit concilier paysage agricole et paysage urbain en développement.

La forêt représente la plus grande structure paysagère de cette unité, et té moigne d’usages variés du territoire. Elle est un interfluve entre la large vallée de la Garonne et la discrète vallée de la Save, mais aussi l’empreinte d’une marge entre le territoire de la Gascogne et celui du Languedoc dans le passé.

> Organisation du paysage forestier depuis l’intérieur de la forêt de Bouconne

Parcelle de forêt d’exploitation développée, à prédominance de pins maritimes

Jeune forêt en redéveloppement après son exploitation. Appelée « îlot de vieillissement » par l’ONF

Fossé en eau enfri ché, espace tam pon entre la route et la forêt

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> Paysage observé au sud depuis le village balcon de Pujaudran

DYNAMIQUES ET SYNTHÈSE

Une large vallée investie, aux versants supports d’une agriculture intensive

Village typique sur les hauteurs

Paysage de crête éclectique : pigeonniers abandonnés et maisons neuves

Développement de lacs colli naires pour l’irrigation des cultures

Nombreux cours d’eau se déversant dans la Save et agravant les inondations Moulin abandonné

Versant très agri cole, au paysage ouvert, de grandes cultures de blé ou de tournesol

La Save, dans sa large vallée accompagnée de sa ripisylve, et de grandes cultures céréalières adjacentes

La forêt de Bou conne, centre de biodiversité et de nouvelles activités périurbaines

SUPPORT GÉOLOGIQUE ET HYDRAULIQUE

Finalement , le paysage de la vallée de la Save est morcelé : par les grandes cultures suivant des tailles et orientations différentes, par les hameaux et lotissements de maisons neuves s’élevant à proximité des centres des villes et villages, par des structures boisées éparses et aléatoires sur les versants, et par les cortèges arborés denses accom pagnant les cours d’eau et la rivière.

Le paysage actuel apparait comme une mosaïque, au premier abord homogène, mais qui - par ses composantes et leur implantation sur le territoire - engendrent des vues diverses, riches et fragmentées.

Notamment la Save, avec ses débordements incessants à la sortie de l’hiver, recouvrant les cultures et atteignant même quelques ha bitations, dont les agriculteurs tentent de se protéger à tout prix pour sauver leurs récoltes.

Cet effet morcelé du paysage actuel ne fait que s’amplifier par les dynamiques en cours de multiplication des constructions, de cultures toujours plus grandes, qui - lors de leur rencontre - peuvent former des ruptures paysagères nettes, témoignant d’un paysage sous tension, d’une part par la pression foncière et par la vocation historique agri cole du territoire.

RESSOURCES AGRICOLES ET SYLVICOLES

Comment concilier cette vocation agricole historique de la vallée de la Save et le développement récent de l’artificialisation des sols en périphérie des centres-bourgs ?

Quelles actions pour gérer et accompagner les transitions entre ces paysages en développement et ces larges paysages agricoles céréaliers ?

Peupleraies ponctuellement en bord de rivière

Apparition de lotisse ments en périphérie des centres-bourgs

Route départementale accompagnée d’alignements de platanes

Masses boisés éparses sur le versant est

AMÉNAGEMENTS ET CONSTRUCTIONS HUMAINES

Comment agir pour une symbiose entre l’agriculture et les mouvements de la Save dans la vallée ?

36 37

LES EMPREINTES DES PAYSAGES D’HIER DANS CEUX D’AUJOURD’HUI

Aujourd’hui, des traces des usages passés s’observent dans le paysage.

Les pigeonniers sont les plus visibles, mais d’autres éléments plus discrets té moignent également d’activités anciennes, aujourd’hui abandonnées ou non. Premièrement, nous verrons comment la rivière, structure principale du paysage que nous connaissons, a évolué, et notamment comment les représentations humaines et les ca tastrophes ayant touché la région ont impacté l’évolution des aménagements sur la Save, allant d’une vision de la Save comme ressource durant le XIXème et le début du XXème siècle, à presque un rejet et un espace dont il faut se protéger à la fin du XXème siècle.

Les évolutions des représentations et de la Save en elle même ne peuvent pas être disso ciées de celles de l’agriculture. Cela fondera notre deuxième partie, dans laquelle nous ver rons comment la vocation historique agricole de la vallée de la Save s’est intensifié du rant les siècles derniers pour mener aujourd’hui à un paysage ouvert, couvert de champs, où les céréales et les oléagineux dominent largement la surface des terres occupées. Enfin, il ne faut pas croire que cette prédisposition intense à l’agriculture a empêché toute autre dynamique de population et de nouvelles arrivées dans le territoire. Nous analyserons dans cette dernière partie comment ces petits villages habités presque uniquement par des paysans est le fruit aujourd’hui d’une implantation exponentielle et sans précédent de nouveaux habitants.

39> Inondation à l’entrée de l’Isle-Jourdain en juillet 1977

RÉTROSPECTIVE GÉNÉRALE

DES MOMENTS HISTORIQUES PARTICIPANT AUX CHANGEMENTS PAYSAGERS DE LA VALLÉE DE LA SAVE

1751 Intendant d’Etigny début de la révolution agraire 1877 Inauguration de la voie ferrée Toulouse-Auch 1900 Calibrage de la Save

1910 Début de l’exode rural dans la région 1914 Première guerre mondiale 1920 Début des endiguements individuels

1951

Classement du pigeonnier En Guardes et ses abords 1960 Début du remembrement

1970

Création de la base de loisirs de l’Isle-Jourdain

1977 Crue historique

1980 Réaménagement de la Save : seuils, digues, chenal de coupure, etc.

2009 ZNIEFF de type 1 sur la zone humide d’En Gachat et les prairies du ruisseau de Noailles

2010 SCoT des Côteaux de Savès 2012 ENS sur les périmètres élargis des ZNIEFF de l’Isle-Jourdain 2013 la Save : cours d’eau classé type 1

2017 > Inventaire des moulins par la Société archéologique du Gers > Étude préalable à la réouverture des méandres par le syn dicat de gestion de la Save 2018 ENS sur la forêt de Bouconne 2021 Élaboration du SCoT de Gascogne

XXème siècle XIXème siècle

XXIème siècle

40 41

> Les Pyrénées, repère visuel et limite paysagère sans fin, s’observe depuis les crêtes des collines lorsque l’on regarde vers le sud. C’est un panorama très recherché par les nouveaux habitants, qui tentent de construire en ayant la chance d’admirer cette vue quotidiennement. (Crédit photo CC de la Gascogne Toulousaine)

DES MOUVEMENTS GÉOLOGIQUES A L’ORIGINE DU RELIEF DES

COLLINES ET VALLÉES DU SAVÈS TOULOUSAIN

érosion du massif central

érosion du massif centralérosion

DÉBUT DE L’ÈRE SECONDAIRE IL Y A 40 MILLIONS D’ANNÉES

poussée et élévation des Pyrénées dépôts de grès et calcaires de l’ère secondaire érosion

érosion

MASSIF CENTRAL

A LA FIN DE L’ÈRE TERTIAIRE

socle primaire dépôts de l’ère secondaire dépôts de l’ère tertiaire (molasse)

> Comblement du bassin aquitain et formation de l’avant pays gascon au fil des âges géologiques (Source : Les paysages du Gers Bruno Sirven, 2004)

43
Lannemezan Auch Garonne Lot Dordogne PYRÉNÉES

ÉVOLUTION DE LA SAVE ET DE SES AMÉNAGEMENTS

REPRÉSENTATIONS DE L’HOMME LIÉES A LA RIVIÈRE

La Save, élément moteur du territoire, de sa morphologie et de ses activités, a été durant le XIXème siècle, un espace choyé et apprécié par les habitants alentours. A cette époque, la symbiose entre agri culture et hydraulique – où les paysans réussissent à vivre et à pro duire avec les mouvements de la rivière et ses inondations et non pas contre - permet une représentation de la Save comme une source de richesse et un patrimoine à préserver. Ce paysage fermé et idyllique laisse les gens rêveurs et attachés à la rivière.

Cependant, cette vision a changé après la première guerre mon diale, lorsque la priorité est donnée à l’agriculture et au rendement, et que la rivière est délaissée et abandonnée. Le manque d’entretien de la Save témoigne d’un manque d’intérêt de la part des habitants de la vallée mais aussi des agriculteurs qui étaient les principaux respon sables du bon fonctionnement de la rivière.

Les humeurs de la Save, toujours imprévisibles et parfois inattendues et spectaculaires, ont beaucoup divisé la perception des locaux sur cette dernière. Lors d’événements extraordinaires de journées plu vieuses et orageuses, les crues ont pu être exceptionnelles, dépassant toute prédiction et empêchant les habitants de s’y préparer et de réagir face à cette catastrophe. La crue de 1897 qui a sévit dans tout le sud-ouest, des Pyrénées jusqu’au bassin de la Garonne, a causé beaucoup de dégâts matériels, agricoles mais aussi humains. Ces crues ont joué un rôle important dans la représentation de l’homme à la rivière dans la région, elle était jusqu’alors vue comme un lieu attrayant, pittoresque par l’enchevêtrement du végétal, de l’eau, des cultures, et nécessaire puisque ressource première de l’agriculture. Cependant, ces crues ont engendré de nouvelles émotions, voyant la rivière comme un lieu dont il faut se méfier, un espace fourbe, déloyal et malveillant par sa capacité à s’étendre et se développer, et par sa force capable de ravager les sols et les habitations. Cette couver ture du Petit Journal paru en juillet 1897 montre bien à quel point la rivière peut être source de désastre et de catastrophe, deux hommes tentent de sauver une femme qui semble être emportée par l’eau,

et le mouvement et les couleurs donnés à la rivière – et même plus largement au dessin – témoignent d’un élément dangereux, qu’il est nécessaire de fuir.

Cette représentation de la rivière comme un élément du paysage no cif pour les hommes, la terre et ses ressources n’a de cesse de revenir dans les esprits des habitants à chaque nouvelle catastrophe, par des crues exceptionnelles mais presque régulières, qui dévastent le territoire. Notamment la crue de 1977 dans le Gers et la Haute-Garonne, où la Save a atteint un niveau record et dont le bilan est tragique.

LA CRUE DE 1977 : pour toujours dans les esprits gascons

Les inondations de juillet 1977 se dévoilent être catastrophiques à tous les niveaux : les villages sont sous les eaux, des gens sont noyés, beau coup d’animaux le sont aussi, des hectares de cultures sont ravagés et les sols en pâtissent beaucoup également.

La formation de cette crue a été très rapide la Save monte de 6,40 mètres en 15 heures à Larra (à 10 kilomètres au nord de Lévignac). Cette rapidité peut être expliquée par plusieurs facteurs. Tout d’abord la forte pente des versants permet aux eaux des cours d’eau et ruis seaux secondaires un écoulement très vif, et associé à ces terres de molasse, une quantité insuffisante d’eau est absorbée par le sol. Aussi, la surface agricole utilisée est très importante, autant dans les versants que dans la vallée, et les eaux ruissellent bien plus vite sur des terres labourées que sur des prairies ou sur des terres boisées.

Juste avant cette crue historique, plusieurs aménagements avaient été décidé sur la Save, comme la mise en place de seuils, de digues, de casiers, pour protéger les cultures et les hommes de ce type de tragédie. Ces aménagements ont tout juste eu le temps de commen cer que cette crue a eu lieu. Ainsi, en 1980, la Sogreah – ingénieurs conseils de Grenoble – publie un rapport à la demande du ministère pour évaluer l’incidence des travaux d’aménagements sur la forma tion et l’écoulement de la crue dans toute la Gascogne. Il en ressort que le remembrement entraine un accroissement de l’érosion des versants et donc n’est pas favorable à une décrue rapide et efficace. En effet, ces transformations agraires en cours avec des champs qui font parfois la totalité d’un versant augmente nettement la rapidité d’écoulement des eaux puisqu’aucun obstacle ou aucun frein (type haie bocagère par exemple) ne peut les arrêter. L’évolution de l’uti lisation des sols est aussi mise en cause : le département du Gers a connu une diminution de 33 % à 20 % de surface en prairie ou culture fourragère entre 1970 et 1980.

> Inondation du 8 juillet 1977 à l’Isle-Jourdain, à l’entrée ouest de la base de loisirs, en compa raison avec le paysage ordinaire d’aujourd’hui (Source sites et repères de crues)

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> Une de couverture du Petit Journal du 18 juillet 1897 intitulée « Les inondations dans le Midi » (Source site internet du village de Loucrup) > Paysage observé après la crue de 1897 à l’Isle-en-Dodon (Gers) (Source Archives Haute-Garonne)
EN QUELQUES
CHIFFRES
+ 6,40
MÈTRES POUR LA SAVE A LARRA (10KM AU NORD DE NOTRE TERRITOIRE) EN MOINS DE 24 HEURES,
DONT +
1
M EN 2H, DE 4H A 6H LE 8 JUILLET 24
MORTS SUR LE DÉPARTEMENT
PLUS DE
1 MILLION DE FRANCS
DE DÉGÂTS 50 000 HECTARES DE TERRES
RAVAGÉES

En revanche, nous pouvons également noter la présence à cette époque de quelques prairies bocagères qui structurent le paysage du fond de vallée. Ces haies arborées et digues boisées freinent nettement la propagation de la crue inondante par le jeu de casiers pour les champs qui sont endigués parallèlement et perpendiculairement à la Save. Cependant, cette retenue des eaux dans les casiers étend l’inondation dans la plaine inondable, mais se fait au détriment des habitations et villages qui se trouvent en fond de vallée, qui se retrouvent sous les eaux pendant plus de temps qu’ils ne le devraient.

Ce moment fort de l’histoire de ce territoire gascon a remis en question les aménagements en cours sur la Save, pour éviter un nouvel évène ment dramatique comme celui-là. La Sogreah a donc aussi fourni des recommandations d’aménagements à mettre en place sur la Save pour réduire le risque d’inondations si dévastatrices. Ce sont ces préconisations qui ont conduit à des travaux importants pendant les vingt dernières années du XIXème siècle, et qui ont amené à plusieurs transformations paysagères notables dans le fond de vallée.

ÉVOLUTION DES AMÉNAGEMENTS SUR LA SAVE

LE PONT TOURNE A L’ISLE-JOURDAIN

> Coupe de l’étalement des eaux de submersion dans le fond de vallée lors de crues exceptionnelles, comme l’a été celle de 1977

crue exceptionnelle

crue ordinaire

situation normale

digue boisée jouant le rôle de casiers, maintenant les terres submergées lors de crues exceptionnelles, mais les contrôlant en partie lors de crues ordinaires

les quelques habitations en fond de vallée se retrouvent en partie sous les eaux lors de crues exceptionnelles, ce qui est favorisé par les prairies endiguées sur la Save et sur les cours d’eaux des versants

Jusqu’au deuxième tiers du XIXème siècle, le paysan gascon se satis faisait correctement de la Save et ses humeurs, et arrivait à concilier ses récoltes agricoles avec la vie de la rivière. Les berges de la Save n’étaient pas endiguées, en revanche ce sont les cours d’eau arrivant dans la plaine alluviale qui étaient longés de merlons plantés. Ce choix était fait parce que les cours d’eau débouchant dans la vallée avaient un flot très rapide (à cause des fortes pentes des versants) et dévastaient les prairies en fond de vallée. Ces endiguements trans versaux permettaient aussi de jouer le rôle de casiers, donnant un double rôle aux prairies qui pouvaient être des champs d’inondations pendant quelques jours ou quelques semaines. Tout un système à la fois simple est savant est mis en place des barrages étroits rythmaient la rivière pour distribuer justement l’eau dans les prairies et les berges fragiles étaient soutenues par l’implantation de pieux en bois.

Le fond de vallée n’était pas habité, seuls les moulins étaient déjà présents de manière à utiliser l’énergie hydraulique pour moudre le grain. Le moulin de Pradère date du XIIIème siècle, et bien qu’il ne soit plus utilisé pour sa fonction principale aujourd’hui, son entretien régu lier et constant lui a permis d’être toujours debout aujourd’hui et de conserver son aspect historique, par ses larges murs de briques et ses épaisses poutres. En 1809, on ne dénombre pas moins de 2260 moulins à blé dans le Gers et la Haute Garonne, ce qui fait un moulin pour 200 habitants environ. De tels chiffres montrent bien la dominance agri cole forte du territoire, mais aussi comment l’eau et son énergie n’ont pas été inutiles mais exploitées et transformées pour subvenir aux besoins des hommes.

Unique vestige de l’histoire médiévale de la ville, le pont Tourné a été construit en brique au XIIIème siècle. Il doit son nom à sa position par rapport à la Save, puisqu’il ne la chevauche par perpendiculairement comme les autres ponts mais en semi diagonale. Les crues de la rivière ont réussi à emporter son support en bois d’antan, mais n’ont pas eu raison de lui. Il a été construit à un endroit stratégique de la ville mé diévale de l’époque, juste avant une des anciennes portes, et sur un axe menant à Auch.

> Photographie du début du XIXème siècle (sans auteur - non datée)

> Photographie de mars 2022

Aujourd’hui le pont est toujours debout et reste d’importance pour les piétons puisqu’il relie le centre-ville à la base de loisirs. En revanche, le paysage alentour s’est modifié une importante digue (environ 1m) a été monté sur les deux rives, ne permettant plus de voir la ville depuis la rive droite. On remarque aussi une autre digue transversale en arrière plan, qui a certainement été formée par les agriculteurs pour protéger ces parcelles, qui étaient en prairie à l’époque. Des artistes locaux tentent de le faire revivre par des représentations de la vie d’antan.

> Affiche de Didier Villavuena, de l’Atelier Maison de Save

46 47

Mais ces aménagements des années 70 et 80 montrent leur faiblesse aujourd’hui et depuis quelques années les inondations (de plus en plus fréquentes bien que régulières dans leurs proportions) ne sont pas maitrisées comme s’en était l’objectif, notamment avec les digues qui main tiennent finalement la submersion des terres longtemps après la décrue. C’est pourquoi depuis une dizaine d’année, une dynamique d’accompagnement de la rivière et de ses mouvements et de volonté préserver ces espaces et leur biodiversité se met en place.

Plusieurs organismes y sont attachés : particulièrement le syndicat de gestion de la Save et de ses affluents, qui réalise des études complètes et poussées concernant la réouverture des méandres par exemple, ou qui évoque des principes premiers à mettre en place sur la Save (dans le programme pluriannuel de gestion), reposant sur des actions concrètes où la volonté de reconquête de la rivière, de son écosys tème, et de ses paysages se fait facilement comprendre : diversifica tion des écoulements, aménagements piscicoles, reconnexion des bras morts, entretenen spécifique des zones sensibles, acquisition des zones humides, animation/promotion/médiation, etc.

Dans un esprit plus scientifique et historique, la société archéologique et historique du Gers tente depuis 2017 de dresser un inventaire recensant tous les moulins gersois, qui – on l’espère – pourra servir de support pour permettre aux collectivités de remettre sur pied ceux qui ont été injuste ment et trop longtemps abandonnés.

> Le Moulin de Ségoufielle, envahi de végétation depuis qu’il n’est plus entretenu.

SYNTHÈSE

Évolution du paysage de fond de vallée du début du XX ème siècle à nos jours

petits barrages pour distribuer l’eau dans les prairies

grandes prairies pâ turées, sous les eaux lors des inondations

arrivée de quelques parcelles céréalières

> Evolution du paysage du fond de vallée en amont du moulin de Ségoufielle

digues sur les cours d’eau arrivant dans la vallée

dynamique de remem brement rassemblant les parcelles

> 1900 - 1970 > 1970 - 2000

grandes parcelles céréalières, parfois en à-dos

moulin delaissé, avec sa parcelle enfrichée

aménagements sur la Save chenal de coupure et seuils

construction en espaces inondables lors de crues exceptionnelle à cause de la forte pression foncière

> 2000 - 2022

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> Paysage inondé et paysage ordinaire de la route menant à la ZAC du Pont Peyrin
à l’Isle Jourdain (Sites et repères de crues) JANVIER 2013 AVRIL 2022

ÉVOLUTION DE L’AGRICULTURE, ÉTROITEMENT LIÉE A CELLE DE L’EAU

D’UNE DIVERSITÉ DE PRATIQUES A UNE AGRICULTURE INTENSIVE EXCLUSIVEMENT

CÉRÉALIÈRE ET OLÉAGINEUSE

Le Gers et la Haute-Garonne sont depuis toujours des territoires à vocation agricole, la Gascogne toulousaine a longtemps été surnommée le « grenier à blé » de Toulouse et Bordeaux. Mais d’où vient cette expression ? Comment ce territoire charnière entre la Gascogne et le Languedoc a toujours été le support d’un large pay sage de cultures, de plus en plus ouvert ?

Une autre des spécificités observée sur ce paysage est la faible pré sence de haies, de résidus de réseaux bocagers, etc. Les divisions des parcelles n’ont jamais été marquées par des haies ou des clôtures mais uniquement par l’aspect de cultures différentes sur des parcelles adjacentes.

A cette époque, les céréales restent majoritaires (avec une floraison de moulin), bien que le travail de parcelles agricoles sur de telles pentes demandent beaucoup d’effort, de forts bœufs sont employés pour le labour et vivent dans les prairies en fond de vallée.

JUSQU’À LA MOITIE DU XVIIIEME SIÈCLE : UNE CAMPAGNE DIVERSIFIEE POUR SUBVENIR A SES BESOINS

Jusqu’à la moitié du XVIIIème siècle, la campagne du Savès toulousain est source de polyculture, l’objectif pour chaque paysan est de subvenir à ses besoins, les prairies où paissent les bêtes sont dans le fond de vallée inondé régulièrement, les cultures de céréales sont sur les ver sants, et de petites parcelles maraîchères et de vignes sont accolées aux maisons.

Le climat particulier de la région (les gelées tardives, de grosses chaleurs à la fin du printemps, le vent d’autan, etc.) ne permet pas aux agricul teurs de pratiquer l’assolement triennal comme c’est le cas à cette époque dans la plupart de la France. En revanche, ils mettent en place un assolement biennal, alternant entre jachère et culture de céréales (en majorité) d’une année sur l’autre.

Une des particularités de ce paysage de campagne encore aujourd’hui sont les différentes parcelles cultivées qui ne suivent aucune géomé trie, taille ou orientation spécifique. Ce morcellement propose un paysage qui semble infiniment diversifié, et s’explique par l’enchevêtrement de ces parcelles toutes différentes. Au début du XVIIIème siècle, la division de quelques grands domaines ont amplifié cet effet fractionné du paysage agricole.

prairie en bord de Save champs de céréales sur les versants moulin comme seul habitat en fond de vallée

LA RÉVOLUTION AGRAIRE DU XVIIIEME SIÈCLE PAR L’INTENDANT D’ETIGNY

> Collage montrant l’organisation du paysage depuis la Save vers les versants au XVIIIème siècle

La révolution agricole a pris du temps en Gascogne toulousaine, les paysans sont habitués à leurs pratiques et vivent simplement en sub venant à leurs besoins, chaque ferme forme un tout. Cependant, l’Intendant d’Etigny – un homme d’affaire parisien est missionné à l’intendance d’Auch en 1751 pour déclencher et accompagner ces changements agricoles et plus généralement pour répondre aux be soins de la population de la région, qui s’accroît nettement pendant la première moitié du XVIIIème siècle.

L’Intendant prend son poste au moment d’une grande série de ca tastrophes agricoles : des grêles intenses ravagent les cultures en 1751 et 1752, en 1753 a lieu une sécheresse atteignant les fèves et le millet (nourritures essentielles des paysans de l’époque), en 1756 se déroule un été très pluvieux ne permettant pas de battre le blé avant novembre, en 1757 des orages violents et des pluies sans fin qui em portent le grain et les terres dans le fond de vallée, et enfin une série d’épizooties frappe les animaux de 1775 à 1778. Sa première mission est donc de lutter contre les disettes et de venir en aide aux familles les plus touchées.

Avant la révolution agricole du XVIIIème siècle

Après la révolution agraire avec l’arrivée du maïs

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> Parcellaire morcelé en bord de Save à Sainte-Livrade
en 1832
(Cadastres Napoléonien) L’ASSOLEMENT BIENNAL DANS LE GERS jachère blé maïs blé

D’Etigny ramène aussi dans la région la culture du maïs, permettant de régler en partie les famines occasionnelles touchant les habitants des campagnes, mais permettant aussi de passer à un nouvel assolement biennal, alternant blé et maïs, réduisant encore donc les surfaces enher bées.

Le territoire lui doit aussi une grande opération de défrichement. Une déclaration royale d’août 1766 exempte pendant 15 ans de toutes dîmes et de toutes impositions les terrains qui seraient défrichés. Le paysage de campagne change : les parcelles délaissées sur les pentes les plus abruptes enfrichées et remplies de végétations pionnières deviennent des espaces de cultures, les espaces de landes en fond de vallées de viennent de nouvelles prairies, etc. En 1753, la libre circulation des grains participe aussi à ce changement paysager engendrant de plus en plus de terres céréalières : les céréales atteignent une valeur jamais eue auparavant, la production ne se fait plus maintenant uniquement pour les besoins familiaux mais pour la vente.

Également, le paysage est de plus en plus ouvert et les paysans de plus en plus investis dans la volonté de produire davantage, par les défri chements engendrés suite à la déclaration du roi, mais aussi par les bois des petites propriétés qui sont rasés pour toujours augmenter la surface agricole à exploiter : : « La terre végétale, après avoir perdue son appui, est entraînée par les eaux fluviales et le terrain successivement ap pauvri finit par ne même pas rendre la semence qui lui est confiée » (Dralet, Topographie du département du Gers, 1801).

Cette inquiétude évoquée par Dralet va se confirmer au XIXème siècle lorsque les nouvelles techniques agricoles permettent d’améliorer le rendement sans agrandir la surface de terres exploitées.

L’ARRIVÉE DES MACHINES DANS LA CAMPAGNE DU SAVÈS TOULOUSAIN ET L’EXTENSION DE L’AGRICULTURE CÉRÉALIÈRE ET OLÉAGINEUSE

La fin du XIXème siècle annonce les premières machines mécanisées, continuant d’intensifier les cultures céréalières et oléagineuses du ter ritoire. Les prairies se font de plus en plus discrètes, et la mécanisation de l’agriculture (encore accrue par les tracteurs se répandant large ment un peu moins d’un siècle plus tard) ne réclament plus la nécessi té de bœufs pour tirer les engins.

La présence d’un berger et son troupeau à l’entrée de l’Isle-Jourdain nous prouve bien la présence d’élevage sur le territoire, et donc des pratiques encore diversifiées

début

C’est la disparition progressive des prairies et du peu d’élevages présents dans la région, au profit de l’agriculture céréalière et oléa gineuse, gagnant du terrain et couvrant la quasi-totalité des surfaces agricoles utiles du territoire.

A partir du deuxième tiers du XXème siècle, les prairies en fond de vallée ont disparu, et des grandes cultures de maïs, de blé ou de tournesol ont pris progressivement leurs places, n’arrangeant pas les problèmes de perméabilité du sol et de drainage des eaux comme on l’a vu précédemment lors des périodes de crues. Cette période récente est donc marquée par un changement dans l’utilisation des terres agricoles, où on observe une forte diminution des surfaces toujours en herbes et des cultures fourragères au profit du blé, du maïs, du colza, du tournesol ou du sorgho.

Le remembrement de la deuxième moitié du XXème siècle a permis aux agriculteurs une rationalisation de leurs exploitations mais a aussi eu des conséquences importantes sur le paysage : arrachage du peu de haies présentes, réorientation des cours d’eau, talus aplatis, etc. Le paysage change encore les quelques haies ceinturant les parcelles notamment en fond de vallée ne sont plus là, en revanche les agri culteurs laissent peu à peu la place aux arbres en limite de parcelles, sous formes de haies ou de bosquets, quelques anciennes prairies en fond de vallée deviennent des peupleraies ou des plantations d’arbres exploitées pour le bois. Ces nouvelles plantations et utilisa tions du sol permettent de redonner au paysage un peu de verticalité et d’épaisseur : les surfaces boisées ne faisant qu’augmenter, mais restant toutefois discrètes et éparses.

54 55
au
du XXème . >
Photographie ancienne intitulée
« L’entrée
occidentale
de la ville » de 1900 (Source Livre L’Isle-Jourdain d’hier et d’aujourd’hui)
> Évolution des espaces boisés entre Ségoufielle et Lévignac entre 1950 et 2020 (Géoportail Remonter le temps) Photographie aérienne de 1950 Photographie aérienne de 2019

LES PIGEONNIERS : EMPREINTES D’UN USAGE AGRICOLE PASSE, TOUJOURS PRÉSENTS DANS LE PAYSAGE D’AUJOURD’HUI

1En Midi-Pyrénées, les pigeonniers font leur apparition au XIVème siècle, et sont considérés comme un attribut féodal, leur floraison est rapide en suivant. Ils sont le symbole d’un pouvoir social et économique fort au Moyen-Age, et servait d’une part à garantir une partie de nourriture par la viande, mais aussi une engrais précieux grâce à la récupération des fiantes.

Le Savès toulousain n’est pas le support d’un seul type de pigeonniers, plu sieurs se dressent dans les parcelles de fond de vallée ou sur les versants, mais laissent la place à des moulins à vent sur les crêtes.

(1) la « volière » : c’est le plus répandu dans le Savès toulousain, on le re trouve seul au milieu des champs, ou associé à une habitation. Il est notable par sa base carrée arquée, et la petite tour surplombant son haut toit. Ce type de pigeonnier peut s’observer aussi sur une base hexagonale et non carrée (2).

(3) le « pied de mulet » : il est isolé ou accolé à une maison, il se caractérise par sa toiture en deux parties et sur une seule pente, à la différence de tous les autres pigeonniers.

(4) la « tour carrée » : il est plus répandu dans la région du Lot-et-Garonne, il ne dispose pas d’arc mais d’une base carrée entièrement bâtie.

> Un pigeonnier de forme « volière » au lieu-dit Las Néous de Lasserre

2

3

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DES INDICES TOPONYMIQUES DU PAYSAGE PASSE

« Aueille » prairie en zone humide

« Les lannes » lande, pacage

« L’Anglade » champ à l’angle de deux routes

« En cazaux » jardins, maraîchage

« Pradère » le pré

« Cap du bosc » extrémité d’un bois, d’une forêt

« La grande bordé » grande grange, métairie

« Les crestas » crêtes, haut de colline

« Fage » hêtraie

« La prade d’en haut » pré, pacage

Les noms des lieux-dits ou des ha meaux présents sur le territoire sont de véritables indices sur des usages passés, des paysages spécifiques, ou des domaines particuliers. Ils ont laissé comme traces des noms gra vés pour toujours sur les panneaux ponctuant les communes.

Sur cette carte sont évoqués quelques noms de lieux-dits parti culiers et révélateurs des paysages passés ou encore actuels pour certains. Ils permettent de confir mer les informations historiques et hypothèses évoquées lors de cette partie, notamment concernant l’agriculture.

« Salleboeuf » salle château

56 57 > Les différents types de pigeonniers (dessins de Isidore Duffis réalisés au début des années 1990)
3

DES FORMES AGRICOLES CHERCHANT A SE PROTÉGER DE LA RIVIÈRE

Depuis toujours, les paysans et agriculteurs doivent vivre et produire avec les humeurs de la Save. Les périodes n’ont pas toujours été faciles, comme on a pu le voir, les paysans s’accommodaient au XVIIIème siècle de ses débordements fréquents mais pas excessifs, et profitaient des espaces inondés pour y faire paître les bêtes qui labouraient les versants, mais les siècles suivants, les agriculteurs ont davantage tenté de se protéger et de contrer ses débordements que de les accepter.

Pour les cultures et prairies fauchées adjacentes à la rivière, les paysans formaient des parcelles en à-dos : deux faibles pentes opposées se font face dans la longueur, et chaque parcelle est encadrée par des fossés artificiels. Ce système permet aux eaux de débordement de la Save de s’écouler plus rapidement grâce à la double pente et d’évacuer ces eaux par les fossés mitoyens. Cette forme de champ agricole peut tou jours s’observer sur quelques tronçons du bord de Save, notamment au sud de l’Isle-Jourdain sur la commune de Auradé, elle est très répandue mais peu visible souvent de par la taille des champs et les faibles pentes qui ne sont pas évidentes à remarquer à l’œil nu.

Au cours du XXème siècle, la fréquence des débordements n’est pas du tout favorable au développement rapide et intense d’une agricultu re productive. Les agriculteurs tentent tant bien que mal de s’en libérer par la formation de digues boisées : individuellement dans un premier temps, mais qui se généralisent largement sur les rives de la Save à la fin du siècle. Les agriculteurs forment des merlons agricoles (digues de terre, généralement accompagnées d’un cortège arboré et arbustif sur le dessus pour maintenir la terre en place).

Ces merlons sont parfois dressés à moins de 2 ou 3 mètres des rives, et sont dans ce cas moins utiles puisque le lit majeur est donc trop étroit lors de crues pour être vraiment efficace. Cependant, lorsque ces digues boisées sont plus éloignées de la rive de la Save, la rivière a plus de place pour s’étendre lors de crues fréquentes et elles retardent la submersion des terres. Cette implantation des merlons a aussi l’avantage de laisser une frange herbacée longeant la rivière – entre la rive et le merlon – qui permet un chemin piéton très agréable dans un paysage fermé et om bragé sous les frênes et les aulnes, accompagné d’un paysage sonore constant par l’écoulement de l’eau.

Merlon longeant la Save pour retenir une partie des eaux débordantes et retarder l’inondation

Bande enherbée permettant la balade piétonne

Fossés artificiels en limite de parcelles pour évacuer les eaux des cultures

Merlon créé par les agriculteurs pour protéger les cultures du débordement Ripisylve dense de la rivière de la Save

> FONCTIONNEMENT DU PAYSAGE

AGRAIRE ADJACENT A LA SAVE les cultures en à-dos

«

Fossés artificiels en limite de parcelles pour évacuer les eaux des cultures

Dans le labour en planches de plusieurs toises, le milieu est plus élevé que les deux côtés ce milieu s’appelle à-dos, parce qu’il y a deux sillons adossés l’un contre l’autre. »

- Préservatif contre l’agromanie, 1762

Route surélevée pour permettre le passage même en cas d’inondations

MERLON LA SAVE A SON NIVEAU BAS MERLON PARCELLES DE CULTURES CEREALIERES

Cultures en à-dos pour permettre l’évacuation des eaux lors des crues et des débordements

> FONCTIONNEMENT DU PAYSAGE ADJACENT A LA SAVE les merlons agricoles

58 59

Malgré tous ces aménagements faits par les agriculteurs pour protéger leurs parcelles de la submersion, les mouve ments annuels de la rivière n’épargnent quand même pas les cultures céréalières qui lui sont adjacentes, et nous pouvons nous demander comment cela va évoluer avec les enjeux climatiques et météorologiques actuels qui entraînent des débordements de plus en plus fréquents et intenses.

SYNTHÈSE

Des paysages de petites cultures ouvertes aux paysages de grandes cultures intensives

> 1700 - 1800 > 1900 - 1980

> 1800 - 1900parcelles enfrichées

arbres fruitiers, vignes et jardin potager accolés à la ferme d’exploitationripisylve du Rémoulin taillée et exploitée pour le bois

résidus de haies issues des friches bois d’exploitation

cultures de maïs qui apparaissent

> 1980 - 2020

lotissement du domaine de la carerrasse dense ripisylve de la Bombouride

ripisylve densifiée et plus exploitée

cultures céréalièresparcelles d’oléagineux

cultures de tournesol, blé et colza en grande majorité

grandes parcelles de cultures après le remembrement

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> Comparaison du paysage de grandes cultures du fond de vallée pendant et hors période de crue au « Repos du chasseur » de Sainte-Livrade (Photographie de gauche Sites et repères de crues) la SAVE 12 MAI 202221 JANVIER 2013

DES MOUVEMENTS HUMAINS IMPACTANT LES FORMES PAYSAGÈRES

LES VERSANTS ET CRÊTES HISTORIQUEMENT HABITÉS, UNE VALLÉE CONVOITÉE

Depuis toujours, la Gascogne toulousaine a abrité des populations, notamment des paysans qui s’installaient pour subvenir à leurs besoins, à proximité de la grande ville qu’était déjà Toulouse depuis les Wisigoths, au Vème siècle.

Les traces les plus anciennes de l’histoire passée de la région se retrouvent aussi dans le nom des communes. Notamment la présence des Wisigoths justement dans le Savès toulousain qui se suppose surtout par la toponymie des lieux-dits et des villages Mérenvielle et Ségoufielle sur notre territoire, mais aussi Endoufielle au sud. Aussi, des indices architecturaux se dressent ponctuellement dans le paysage, en particulier le château de las Neous à Lasserre-Pradère, qui se distingue par son architecture typique du XVIIème siècle et ses dépendances alentours, maintenant habitations individuelles.

Depuis le XXème siècle, comme nous l’avons déjà évoqué, la répartition de l’habitat n’était pas équitable sur le territoire. Les maisons et habita tions isolées se trouvaient sur les crêtes et les versants, dispersées aléatoirement, alors que le fond de vallée proche de la rivière était dépourvu d’habitat, mis à part les moulins à eau qui étaient à proximité directe de la Save depuis le XIIIème siècle. Cependant, la carte de Cassini nous indique que la plupart des bourgs du territoire se placent en limite de la vallée et du versant. Cette position stratégique permet d’accéder rapidement à l’eau mais aussi d’être à l’interface entre les fonds de vallées pâturés et les versants cultivés. Ils ne se placent pas cependant assez proches de la Save pour être dérangés par les crues ordinaires qu’elle engendre chaque année.

DES VILLAGES DORTOIRS DANS LA VALLÉE DE LA SAVE

> Le château de Lasserre, au lieu-dit Las Neous, toujours habité et entretenu aujourd’hui

Depuis la fin du XXème siècle, le Savès toulousain connait un essor démographique sans précédent, marquant des empreintes fortes dans des paysages ruraux, qui connaissent dorénavant une pression importante de la part des constructions de maisons individuelles et de lotissements dispersés sur tout le territoire.

Cet essor a déjà été favorisé par l’arrivée de la voie ferrée dans la région à la fin du XIXème siècle. La ligne reliant Toulouse à Auch est inaugurée à l’Isle-Jourdain en 1877, et permet maintenant une des serte favorable des villages de la campagne toulousaine. Elle compte deux arrêts sur notre périmètre d’étude : le plus important à l’Isle-Jour dain, effectuant aujourd’hui 10 allers-retours entre les deux villes dans la journée en semaine, et Mérenvielle, plus discrète et moins fréquen tée, la gare est accolée à la coopérative des agriculteurs, comptant autant d’arrêt qu’à l’Isle Jourdain.

Au XXème siècle, la région – au même compte que toutes les cam pagnes françaises – subit un exode rural important, marqué notam ment durant la première moitié du siècle. Ce départ des populations rurales vers les villes est en partie compensé par l’arrivée de migrants italiens durant les années 1920, suite aux conditions économiques et politiques difficiles de l’Italie à cette période, et par l’arrivée de mi grants espagnols pendant et après la guerre civile de 1936 à 1939. L’affluence de ces nouvelles populations étrangères permet de compenser quelque peu dans le travail aux champs le départ des habitants natifs, cette mixité culturelle ne se retrouve aujourd’hui que par le nom de certaines familles du coin, et aussi par le jumelage de l’Isle-Jourdain avec la ville italienne Motta di Livenza, dont venait la plupart des migrants italiens.

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> Photographie ancienne de la gare de l’Isle-Jourdain en 1880 (Source Livre L’Isle-Jourdain d’hier et d’aujourd’hui)

Mais la campagne toulousaine connait un envol de sa démographie à partir de la deuxième moitié du XXème siècle. Toutes les conditions sont réunies pour que de nouvelles populations s’installent, dont la principale étant la proximité avec la métropole, qui plus est desservie par le train. Aujourd’hui encore l’arrivée de nouveaux habitants est exponentielle, notamment avec la présence du siège de grandes entreprises internatio nales, comme Airbus à Blagnac, employant plus de 27 000 personnes uniquement sur son site toulousain.

Ainsi, le paysage de la vallée de la Save se retrouve au cœur de ces croissances démographiques : les paysages autrefois très ruraux, couverts d’un patchwork de cultures colorées, sont maintenant ponctués par des hameaux de maisons neuves en fond de vallée, par des hauts de ver sants où se dressent de grandes maisons cherchant des belles vues ; le paysage est morcelé de petites structures éparses, chacune concurren çant celle d’à côté.

Finalement, ces villes et villages jouent petit à petit un rôle de dortoir, que les communes semblent tenter d’annuler et d’être des villages for mant un tout, où les habitants vivent, mais où ils se cultivent, se divertissent. Cette impression se confirme par l’apparition de musée (notamment le musée campanaire de l’Isle Jourdain, inauguré en 1994, riche en œuvres mais aussi en informations sur la commune et le territoire), et d’es paces de loisirs.

> Évolution démographique de la commune de Ségoufielle (données de l’INSEE)

Évolution démographique de la commune de l’Isle-Jourdain (données de l’INSEE)

début de l’exode rural dans la région arrivée de migrants italiens suite aux grosses difficultés économiques du pays arrivée de migrants espagnols suite à la guerre civile

Les petits villages sont ceux qui connaissent un développement extrême, ils ont davantage de surfaces libres que l’Isle-Jourdain et y sont surement plus agréable à vivre parce que plus petits et donc disposent d’une ambiance plus familiale et rurale. Certains voient leur population se multiplier par 3 depuis 1900.

début de l’exode rural dans la région

UNE DUALITÉ ARCHITECTURALE GRANDISSANTE

Le Savès est couvert de petites maisons isolées, disposant parfois encore des bâtiments agricoles qui y étaient associés. Ces bâtis formaient un tout, et permettaient aux paysans de disposer d’une maison d’habitation pour vivre, et de son ou ses hangars pour traiter les récoltes de ses terres alentours. Cette maison - anciennement plutôt ferme - à façade longitudinale, est rencontrée le plus souvent sans étage, avec un large toit à quatre pentes faibles, pour ne pas se soumettre aux aléas du vent d’autan. Elles sont faites en briques roses de Toulouse (grâce au sol argileux de la région) et aujourd’hui souvent recouvertes d’un crépi.

Ces habitats typiques du Savès toulousain sont maintenant concurrencés par des maisons neuves, tout à fait contrastantes. Elles sont générale ment sur deux niveaux, disposent d’un toit à deux pentes, d’un garage accolé et sont faites à partir de briques creuses recouvertes d’un crépi.

Aussi, elles sont souvent disposées dans des lotissements ou des hameaux, créant un paysage nouveau, puisque ces petites structures disposées les unes à côté des autres s’intègrent difficilement dans ce paysage rural et ouvert.

> MAISON DE LOTISSEMENT A L’ISLE-JOURDAIN

> MAISON TYPIQUE DU SAVÈS TOULOUSAIN

64 65

COURONNE URBAINE TOULOUSAINE

DÉVELOPPEMENT DES ESPACES DE LOISIRS PÉRIURBAINS

>

base de loisirs de Bouconne, sur la commune de Montaigut-sur-Save

Cette croissance démographique ajoutée à la proximité avec la métropole et à la volonté des communes de ne pas être réduites à des villes dortoirs, entraînent une floraison d’espace de loisirs divers sur le territoire. Ces paysages ruraux, sa rivière, ses constructions typiques, ses patri moines architecturaux, sa forêt de Bouconne, sont autant d’éléments que les habitants des villes recherchent et explorent en venant habiter et/ ou visiter la campagne toulousaine.

Ainsi, de nombreux lieux de loisirs voient le jour, dans la vallée ou sur les versants, profitant de tous ces nouveaux habitants pour s’implanter sur le territoire. La base de loisirs de l’Isle-Jourdain ouvre le bal dans les années 70 composée d’un grand bassin de baignade (16 hectares) avec un espace aménagé en plage, et un bassin de pêche plus discret et intimiste (un peu plus de 3 hectares), entouré d’une dense végétation, com posé d’une île au milieu, et abritant des oies et des canards en liberté. Cette base de loisirs à l’entrée de l’Isle-Jourdain participe à une repré sentation positive et ludique de cette campagne trop souvent sous-estimée, elle participe donc à l’amélioration du cadre de vie et au catalogue d’activités proposées sur le territoire les lacs sont entourés de chemins piétons, où passent habitants, touristes, cyclistes et cavaliers, des aménagements sportifs individuels, des espaces de jeux pour enfants et des lieux de pique-nique ponctuent cette balade.

> Le lac de baignade et de wake de la base de loisirs de l’Isle-Jourdain

> Le lac de pêche de la base de loisirs de l’Isle-Jourdain

Une autre base de loisirs importante et tout à fait différente voit le jour en forêt de Bouconne à la même période. Elle regroupe de nombreux services restaurants, piscines, centre de loisirs, etc. et par son implan tation au cœur de la forêt, connait une fréquentation très importante. La forêt dans son ensemble mais aussi la base de loisirs, par ce pay sage à la fois fermé et étendu, sont convoitées non pas seulement pas les habitants des communes voisines mais également par les citadins de Toulouse, qui viennent passer les week-ends en famille, à pied, à vélo ou à cheval dans la forêt de Bouconne.

D’autres installations se développent, et témoignent d’espaces de loi sirs typiquement périurbains. Notamment les centres équestres, qui par leurs évènements ponctuels et leur coût, font une grande partie de leur chiffre d’affaire grâce à la venue de touristes ou de citadins pour s’évader à cheval le temps de quelques heures. Le centre équestre d’En Cayla, en activité depuis 2009, proposent de nombreuses ba lades dans la forêt, grâce à son implantation en lisière de Bouconne, sur le plateau. Le club hippique de Pibrac ou encore celui d’Hounedis disposent aussi de cette chance, connaissant un succès important de la part des locaux mais surtout des touristes.

Finalement, l’évolution de la Save, de ses aménagements, et des représentations qui y sont associées sont indissociables de l’évolution des pratiques agricoles et de ses formes. Au XIXème siècle, la Save est considérée comme une ressource primordiale et l’élevage en fond de vallée permet une cohérence entre l’agriculture et les mouvements hydrauliques. Au XXème siècle, le remembrement, la mécanisation grandissante de l’agriculture favorise une forte spécialisation céréalière et oléagineuse du territoire, cherchant à investir les versants mais aussi le fond de vallée inondable pour exploiter le maximum de cultures. Mais cette agriculture intense ne s’adapte pas aux débordements de la Save, et les agriculteurs – ainsi que les collectivités après la crue dévastatrice de 1977 - tentent tant bien que mal de s’en protéger par plusieurs moyens : digues, merlons, fermeture de méandre, seuils, etc. Depuis les vingt dernières années, le paysage de grandes cultures s’étale et s’étend, la Save n’a pas subi de changements depuis les années 1980 et peu de gens s’y intéressent. Elle est sous-estimée, et peu connue, le syndicat de gestion fait des études sur différents points pour améliorer son fonctionnement, sa biodiversité et même sa visibilité (réouverture des méandres, régulation de la flore, etc.) mais n’ont pour le moment pas le temps de tout mettre en place concrètement.

66 67 UN « ESPACE DE NATURE » DANS LA
:
La
(Crédit photo site internet de la base de loisirs)

QUEL AVENIR POUR CES PAYSAGES EN TENSION ?

Le territoire actuel est donc le fruit de nombreux changements et évolutions ayant per mis d’observer aujourd’hui le paysage que nous connaissons. Mais ce paysage intense de grandes cultures agricoles - qui recouvrent même les pentes les plus abruptes, qui repoussent la rivière et ne laissent pas ou peu de place aux surfaces en herbe - risque de connaitre ses limites prochainement. Un phénomène d’érosion déjà sur les surfaces les plus pentues, la bourées toute l’année, ne peut pas être négligé, ainsi que les débordements qui seront tou jours plus fréquents à cause de cette activité excessive qui abîme les sols à proximité. Des dispositions sont mises en place petit à petit sur le territoire, mais sont-elles suffisantes pour espérer une meilleure cohérence et symbiose entre les différentes structures de la vallée ? Arriveront-elles à concilier mouvements agricoles, hydrauliques et humains, tous les trois toujours plus intenses ?

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DES POLITIQUES PUBLIQUES ENCORE TROP DISCRÈTES

UNE URBANISATION SOUS PRESSION

Le paysage du Savès toulousain connait une importante mutation depuis quelques décennies comme nous avons pu le voir, et cette dyna mique continue par l’implantation toujours grandissante de lotissements et hameaux neufs à proximité des centres bourgs.

Mais comment les plans locaux d’urbanisme des communes concilient cette demande croissante de logements et les aléas d’inondations aujourd’hui bien connus de la Save ? Quel impact cette évolution de l’artificialisation du sol a-t-il sur le paysage à dominante agricole du territoire ?

Les parcelles à urbaniser se placent notamment à l’est de la ville, sur le versant, en continuité avec les lotissements qui s’y sont construits dans les dernières années, mais d’autres parcelles dans le fond de val lée attendent aussi d’être urbanisées, elles ne se situent pas en zone inondable (définies par le PPRI – plan de prévention du risque inonda tion - de la commune) mais à proximité, certaines ne sont qu’à 150 mètres d’une zone à « aléa fort à moyen » en cas d’inondation.

LASSERRE-PRADÈRE

D’ailleurs, des constructions récentes se sont élevées dans un contexte similaire, notamment un complexe de 8 maisons au lieu-dit la Ga vare, qui s’est construit en 2014 sur des parcelles encerclées sur deux côtés par des zones « aléas fort et indéterminé hors PAU (partie ac tuellement urbanisée) » et « aléas faible à moyen hors PAU ». Or, un espace à proximité direct de ces nouvelles constructions se retrouvent annuellement sous les eaux par le débordement de la Save, et les constructions déjà présentes en subissent les conséquences. La route est inondée, l’eau atteint quelques fois des habitations qui ne sont pas sur ces zones inondables du PPRI, et les habitants des lotissements se retrouvent piégés dans leur quartier jusqu’à la redescente des eaux.

> Inondation à proximité du lieu-dit En Gavare en avril 2018 (Sites et repères de crues)

aléa faible à moyen en P.A.U.

aléas fort et indéterminé hors P.A.U.

aléa faible à moyen hors P.A.U. aléa fort en P.A.U.

Le PLU de l’Isle-Jourdain réserve nombre de parcelles à urbaniser, à savoir que la ville a déjà consommé près de 130 hectares de surfaces com munales entre 2009 et 2020, soit près de 2 % de la surface de la ville. Sur ces 138 hectares, 80 % sont de l’habitat, ce qui confirme de nouveau le besoin en logements par l’arrivée de nouveaux habitants.

70 71
AUCH + 1,5 % L’ISLE-JOURDAIN + 63 % PUJAUDRAN + 76 % TOULOUSE + 26 %
+ 72 % > Évolution de la population des communes entre 1999 et 2019
nouvelles constructions du lieu-dit En Gavare > PLU de l’Isle-Jourdain autour du lieu-dit En Gavare > PPRI de l’Isle-Jourdain autour du lieu-dit En Gavare

LES DOCUMENTS D’URBANISME ET POLITIQUES PUBLIQUES

PLU : plan local d’urbanisme

C’est un document fixant les règles de planification de l’urbanisme dans une commune. Il fixe les zones à urbaniser, celles qui le sont déjà, les parcelles agricoles, les zones naturelles inondables, etc.

PPRI plan de prévention du risque inondation

C’est un document réglementaire qui relève les zones inondables, en distinguant celles qui sont en aléa fort, moyen, faible, ou indéterminé.

SCoT : schéma de cohérence territorial

C’est un document d’urbanisme identifiant un projet de territoire pour mettre en cohérence des politiques et orientations communes à un terri toire - communauté de communes - et propose des préconisations dans un document d’orientations générales.

ZNIEFF zone naturelle d’intérêt faunistique et floristique

Instauré en 1982, c’est un inventaire recensant toute zone présentant un intérêt écologique. Il n’a pas de valeur juridique, mais est un outil de connaissance. Deux types de ZNIEFF existent : - type 1 : petite superficie, définissant un élément précis - type 2 : grand ensemble naturel, correspondant à un milieu écologique et à un paysage

ENS : espace naturel sensible

Ce sont des espaces « dont le caractère naturel est menacé et rendu vulnérable, actuellement ou potentiellement, soit en raison de la pres sion urbaine [...], soit en raison d’un intérêt particulier eu égard à la qua lité du site ou aux caractéristiques des espèces végétales ou animales qui s’y trouvent ».

Cette constatation est aussi vraie à Ségoufielle, où apparaissent sur le PLU de la commune des parcelles à urbaniser secondaires à moins de 300 mètres de la zone inondable identifiée par le PPRI.

Le document d’orientations générales du SCoT des Côteaux de Savès, approuvé en 2010 (un autre est en réalisation depuis 2018 sous le nom de SCoT de Gascogne mais n’est pas encore consultable), soulève ces nouvelles problématiques et conseille de les contrôler et les accompagner : « affirmer les limites naturelles, agricoles et urbaines en préservant des « coupures vertes » ». Une volonté im portante de conservation, préservation et valorisation de l’agriculture du territoire est largement évoquée dans le DOG : « préserver un espace agricole pérenne : limiter le grignotage de l’espace agricole par l’urbanisation ». Pour cela, plusieurs préconisations sont énoncées comme celles de favoriser la réhabilitation des centres-bourgs, de construire dans la continuité des structures urbaines déjà présentes, ou encore de limiter les extensions des villages.

Mais là encore, ce sont des espaces dont il est question, et donc davantage de l’occupation du sol que des paysages à proprement parlé. Ce dernier est davantage pris en considération lorsqu’il est évoqué de mettre en valeur des points de vue sur les crêtes, des éléments du paysage ou du patrimoine remarquables, etc. Cette dynamique de valorisation du paysage s’accompagne d’une vo lonté de faire découvrir ses paysages, par la proposition de « constituer un maillage de cheminements accessibles aux modes doux ».

RAZENGUES

BEAUPUY

SEGOUFIELLE

MONTFERRAN -SAVÈS

CLERMONT

-SAVÈS

L’ISLE-JOURDAIN

> Communes appartenant au SCoT des Côteaux du Savès en 2010. Le SCoT de Gascogne en cours d’élaboration est beaucoup plus large, et comprend la quasi totalité du département du Gers, soit 5 600 km² et 397 communes.

PUJAUDRAN

Cet étalement urbain concurrence aujourd’hui les espaces destinés à l’agriculture, de nombreuses parcelles sont constructibles et plusieurs agriculteurs préfèrent les vendre à des promoteurs pour en faire des logements. Les seuils paysagers entre paysage bâti et paysage ouvert de cultures ne sont pas gérés, aucune disposition n’est mise en place aujourd’hui, et ces deux structures peuvent se joindre parfois directe ment par une transition brute. > Lotissement à l’est de l’Isle-Jourdain, vu depuis le lieu-dit Tigny. Paysage de lisière entre le lotissement et la parcelle de blé accompagné par une frange arborée discontinue et hétérogène. - Avril 2022

FREGOUVILLE

CASTILLON -SAVÈS

MARESTAING

ENDOUFIELLE

LIAS AURADE

FONTENILLE

72 73
ZONE INONDABLE PPRI 240m > Zone à urbaniser proche de la zone inondée à Ségoufielle (PLU et PPRI)

UNE PROTECTION TIMIDE DES ESPACES NATURELS ET ZONES HUMIDES

Peu de politiques publiques de préservation sont finalement présentes sur notre territoire de la vallée de la Save. La structure paysagère princi pale de la rivière est un cours d’eau classé de type 1 depuis 2013 – suite à la loi sur l’eau de décembre 2006 introduisant deux types de classe ment -, qui sous-entend qu’aucun nouvel ouvrage ne peut être autorisé ou concédé s’il fait obstacle à la continuité écologique.

La Save est aussi le support direct d’une ZNIEFF de type 1 au sud de l’Isle-Jourdain depuis 2009 appelée « zone humide du Gachat » où l’on ob serve à la fois un paysage agricole et un paysage de prairies bocagères par endroit. Du fait de la pression urbaine de l’Isle-Jourdain à proximité, ce lieu est un espace prioritaire et un plan de gestion est en cours. Ces mêmes zones humides font partie d’un bien plus large espace de 456 hectares inventorié en 2012 comme ENS.

Indirectement, la Save engendre aussi une seconde ZNIEFF de type 1 à l’ouest de l’Isle-Jourdain depuis 2009. Ce sont les prairies humides du ruisseau de Noailles – cours d’eau arrivant du versant pour se jeter dans la rivière -, qui constitue l’un des rares paysage de prairies encore boca gères du territoire.

UNE PROTECTION DU PATRIMOINE

BÂTI RURAL (PRESQUE) ABSENTE

Comme nous l’avons vu, le paysage de la vallée de la Save est ponctué de bâtiments historiques, témoins des activités agricoles du territoire. Cependant, seul un pigeonnier et ses abords est un site inscrit, il se trouve à l’Isle-Jourdain et est bien connu puisqu’il se dresse proche d’une route fréquentée juste à la sortie de la ville.

L’autre structure paysagère davantage reconnue est la forêt de Bouconne, déjà ZNIEFF de type 1 depuis 2010, et déclarée ENS sur plus de 2000 hectares depuis 2018 à la demande de l’ONF. la Save, cours d’eau classé

Espace naturel sensible

ZNIEFF de type 1

Courbes de niveau

Zone humide du Gachat

D’autres protections sont mises en place au cours du XXème siècle, trois bâtiments de l’Isle-Jourdain sont classés aux mo numents historiques : la maison Claude Augé, qui ceinture un côté de la place principale de la ville, la ancienne halle aux grains (aujourd’hui musée campanaire) qui fait face à la mai son, et enfin l’église principale, le collégiale Saint-Martin, dont la version actuelle date des années 1780.

humides de Noailles

> Façade de la maison Claude Augé, construite en 1903, et clas sée aux monu ments historiques en 1992 (dessin de F. Gomez)

74
Prairies
Forêt de Bouconne 3 1 2 3 2 1
> Le pigeonnier du lieu dit En Guardes, classé en 1951 pour son caractère pittoresque

SCÉNARIO TENDANCIEL

CONCURRENCE ENTRE PAYSAGE AGRICOLE ET PAYSAGE URBAIN

Dans les prochaines années, il est presque certain que le nombre d’habitants des communes va continuer à croître, l’Isle-Jourdain dépassera rapidement les 10 000 habitants et les villages voisins conti nueront d’accueillir eux aussi de nouveaux logements. Le PLU le pré voit, avec des zones à urbaniser nombreuses, qui pour le moment ne suivent pas toujours un principe de continuité.

Dans ce scénario, les bourgs continuent de s’étaler, les lotissements se dressent le long des voies de communication et à proximité des zones commerciales. Cette dynamique empiète sur le paysage agricole, et grignote des parcelles nombreuses aux agriculteurs, ces limites pay sagères sont nettes, pas ou peu gérées, mis à part par les habitants plantant des haies individuellement en limite de jardin pour fermer leur propriété.

Avec les événements actuels et la population grandissante dans le pays en général, il est supposable que ce territoire à vocation agri cole forte continue encore davantage de développer son agricultu re, avec les céréales qui prennent de la valeur, l’objectif est au rende ment et les paysages de grandes cultures céréalières et oléagineuses recouvrent le fond de vallée et les versants, en déboisant les quelques parcelles de bois pour toujours gagner de l’espace voué à la production agricole.

Ce développement encore croissant de l’agriculture entraine une augmentation du nombre de retenues collinaires – déjà largement fa çonné par les agriculteurs depuis les années 1960 -, s’implantant dans les creux des versants, elles permettent d’irriguer les grandes cultures de blé et de tournesol qui se dressent à proximité.

Ces nouveaux et nombreux aménagements se substituent aux amé nagements traditionnels déjà délaissés, et continuent d’entraîner une mutation des paysages, en engendrant de nombreux problèmes : érosion des sols, pollution, etc.

Cette prédisposition agricole de la vallée de la Save ne peut être dis sociée d’un chamboulement de la rivière. En effet, les sols n’étant plus retenus par des systèmes racinaires d’arbres ou de haies, le retourne ment des terres toute l’année, et donc la disparition de toute surface en herbe, accentuent le phénomène d’érosion sur les versants, et lors des crues, les cours d’eau dévalant les versants arrivent à toute vitesse dans le fond de vallée en emportant avec eux une partie des terres agricoles, accentuant les inondations et entraînant des déborde ments problématiques au vu des dimensions qu’ils pourraient prendre. Ces débordements de plus en plus fréquents et importants de la Save et des cours d’eau, sont aussi dévastateurs pour les cultures du fond de vallée et les habitations qui s’y trouvent. Les nouvelles construc tions tentent d’y échapper et de s’en protéger en s’implantant main tenant plutôt sur les versants, et donc à l’ouest des centres bourgs de la vallée.

parcelles agricoles enclavées dans l’espace urbain

SYNTHÈSE GRAPHIQUE DU SCÉNARIO

lotissements qui suivent les axes routiers, tendant vers la disparition de limite visuelle entre l’Isle-Jourdain et Ségoufielle

lotissements déconnectés du centre-bourg

paysage de grandes cultures s’ouvrant davantage encore, avec la disparition des boisements épars

constructions qui tendent à monter sur les versants

2030

nouveaux lotissements implantés en 2015

2020

> Vue aérienne actuelle et pros pective à la limite des communes de l’Isle-Jourdain et Ségoufielle

bosquets et haies résiduelles en limite de parcelles

> Bloc paysager actuel et pros pectif au nord du Rémoulin à Lasserre-Pradère

76 77

SCÉNARIO VOLONTARISTE

EQUILIBRE ENTRE PRATIQUES ET BESOINS

Un autre scénario pour les paysages de la vallée de la Save est envi sageable, demandant davantage d’investissement auprès des ac teurs locaux, que ce soit de la part des élus, de la communauté de communes, des agriculteurs, ou encore des habitants. Pour plus de cohérence et de dialogue entre les différentes structures paysagères, plusieurs dispositions doivent être prise.

En suivant les préconisations du SCoT des Côteaux de Savès, l’étale ment des villages et des bourgs est contrôlé, il est favorisé de combler les parcelles internes au centre-bourg par des nouvelles habitations plutôt que continuer à construire en périphérie. Des mesures peuvent être prises localement pour réhabiliter et réinvestir les nombreuses maisons et bâtiments délaissés, permettant ainsi de concilier l’arrivée de nouveaux habitants et l’activité agricole sur les communes. Dans la même logique, les collectivités locales peuvent profiter de l’arrivée de ces nouvelles populations pour favoriser le tourisme et la déambulation dans la vallée. Tout d’abord, le rachat du patrimoine bâti historique non entretenu est une nécessité, il est regrettable que le moulin à eau de Ségoufielle et quelques pigeonniers notamment soient abandonnés alors qu’ils pourraient être la vitrine du paysage agricole historique de la vallée de la Save. Le rachat peut être suivi d’une réhabilitation conforme si possible aux valeurs et au cachet de ces bâtiments patrimoniaux, aidée grâce au travail mené par la société archéologique et historique du Gers sur l’inventorisation des moulins depuis 2017. Ces moulins et pigeonniers rénovés peuvent être destinés à une vocation touristique et pédago gique, permettant aux habitants de se rapprocher de ces activités passées et donc de leur lieu de vie, encore aujourd’hui trop méconnu et sous-estimé.

peut être la liaison entre ces différents patrimoines bâti dans la vallée, et la formation des merlons à plusieurs mètres de la rive – si générali sé – permettrait la mise en place d’un chemin pédestre et équestre longeant la rivière à l’ombre d’une couverture arborée. Cette qualité paysagère doit être mise au profit de la qualité de vie des habitants, elle permettrait d’apporter une réelle valeur ajoutée au cadre de vie des populations mais aussi de les sensibiliser à leur territoire et ses pay sages cachés.

Ces actions concrètes de mise en place de politiques publiques participent à la préservation d’un paysage typique et délicatement fragmenté, mais aussi à une diversification des pratiques agricoles, tout en maintenant et en assumant cette vocation agricole de la vallée de la Save.

SYNTHÈSE GRAPHIQUE DU SCÉNARIO

prairies qui favorisent l’apparition de haies bocagères

La Save, structure paysagère principale et appréciée de la vallée, réserve primordiale de biodiversité, véritable corridor écologique, et support d’une faune et d’une flore préservées, se doit d’être davan tage prise en considération et connue des habitants du territoire. Elle

La rivière et les espaces humides qu’elle génère ne sont pas au jourd’hui assez valorisés et protégés. Les ENS et ZNIEFF couvrent des périmètres beaucoup trop minimes par rapport à l’ampleur de ses paysages, et se placent à proximité des espaces les plus urbanisés et aménagés du territoire (la ZAC du Pont Peyrin à l’Isle-Jourdain, la rocade reliant l’Isle-Jourdain à Toulouse, les nouveaux lotissements à l’ouest du lac de l’Isle-Jourdain, etc.). Il serait souhaitable dans un premier temps d’étendre ces protections et notamment les espaces naturels sensibles à un périmètre plus élargi de la rivière et ses espaces à protéger, plus elle est protégée par des politiques actives, mieux sera son développement et son avenir. Pour compléter et accentuer les dynamiques de conservation et de protection de ces paysages privilégiés, une demande de zone Natura2000 serait la bienvenue, elle permettrait d’homogénéiser les aménagements sur la rivière et les cours d’eau, aujourd’hui réalisés par le syndicat de la Save mais aussi beaucoup par les propriétaires des parcelles agricoles attenantes. D’ailleurs, la rivière seule en tant que telle ne peut pas être unique ment protégée, il est nécessaire d’y inclure les espaces du fond de vallée qui y sont adjacents ; la protection contrôlée de la Save ne peut pas aller de pair avec une agriculture intensive directement sur ses berges par exemple. Ce périmètre Natura2000 permettrait de fa voriser des prairies en fond de vallée, participant à une diversification des pratiques et pourquoi pas à l’implantation d’un élevage bovin ou ovin sur le territoire.

grandes prairies qui bordent la Save, jusqu’aux prémices des versants

> Vue aérienne actuelle et prospective du fond de vallée à Lasserre-Pradère

2030

cultures de tournesol et de blé

2020

> Bloc paysager actuel et prospectif en amont du moulin de Ségoufielle

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méandre fermé depuis les années 1980 moulin de Ségoufielle abandonné et enfriché moulin réhabilité et aménagé pour le tourisme aménagement d’un chemin pédestre accessible hors période de crue longeant la Save réouverture du méandre

DES SCÉNARIOS ACCOMPAGNÉS PAR DES ACTIONS LOCALES

UN MAILLAGE AGRICOLE SOULIGNE PAR LE VÉGÉTAL

Des actions au niveau local prennent place sur le territoire, et peuvent être moteur de transformations paysagères localisées ou même géné ralisées en fonction de leur succès.

Arbres et Paysages 32 est une association de conseil et de formation dédiée à l’arbre, à la haie champêtre et à l’agroforesterie basée à Auch. Elle est le moteur de plusieurs dynamiques locales, que ce soit auprès des agriculteurs en proposant des formations, ou encore au près des collectivités et des habitants par des actions concrètes et/ou pédagogiques.

L’association organise notamment un accompagnement et propose des séances gratuites de plantation de haies sur le territoire gersois, en partenariat avec la communauté de communes de la Gascogne Toulousaine. En 2020, la communauté de communes et Arbres et Paysages 32 proposaient de financer plus de 100 mètres linéaires mini mum chez tous les propriétaires fonciers – agriculteurs ou non – effec tuant une demande.

La plantation de haies, fixatrices des sols et réservoirs de biodiver sité, est aussi favorisée par le programme « Plantons des haies » de la Chambre d’Agriculture du Gers, qui réservait une enveloppe de 173000 euros en 2021 pour les agriculteurs souhaitant planter des haies sur leurs parcelles de cultures.

Au niveau agricole, l’agroforesterie fait son apparition très discrè tement sur le territoire. Un agriculteur à Noilhan notamment té

moigne dans un reportage « Des racines & des ailes » de sa prise de conscience vis-à-vis de sa terre, de ses sols, et de sa production et donc de la nécessité pour lui de revenir à une pratique de l’agricul ture plus responsable, plus saine, et plus respectueuse de lui, de ses terres, de ce qu’il produit et de son cadre de vie. L’agroforesterie ne peut pas être mise sous silence dans la vallée de la Save, où les es paces agricoles dominent le paysage. Il serait souhaitable de profi ter justement de ce support agricole pour engendrer une nouvelle dynamique écologique et paysagère, conciliant agriculture, nature, biodiversité et paysage. L’agroforesterie – tout comme la plantation des haies – permettrait de revenir à des sols plus respectés en limitant l’érosion grâce aux racines et en laissant des bandes enherbées par la plantation des arbres, mais aussi d’associer deux types de cultures sur une même parcelle, bénéfique pour l’agriculteur mais aussi pour la terre, pour créer des continuités écologiques, et pour la diversification des paysages.

Aussi, mis à part Lévignac et Pujaudran, les communes de la vallée sont couvertes par l’AOC/AOP de l’Ail violet de Cadours. Or, au jourd’hui il n’est pas ou très peu représenté et cultivé sur ce territoire, mais l’agroforesterie pourrait justement très bien s’adapter à ces champs d’ail, encourageant la mise en valeur des paysages par la mise en valeur de ses produits locaux.

limite visuelle et paysagère entre les espaces d’habitation et les cultures gérée collectivement

SYNTHÈSE GRAPHIQUE

parcelle Ail violet de Cadours AOP/AOC

parcelle agricole en agroforesterie, alliant fruitiers et céréales

Communément à ces trois scénarios mais notamment au second et au dernier, pour permettre une plus grande sûreté dans la continuité des activités agricoles proches des bourgs qui sont sous pression foncière, il est envisageable de mettre en place des ZAP (zone agricole protégée) et/ou des PAEN (périmètres de protection et de mise en valeur des espaces naturels et urbains). Cela permettrait une pérennité plus certaine de ces espaces agricoles qui se retrouvent parfois enclavés par des espaces construits. Pour cela, un investissement important de la part des communes et des départements est nécessaire pour mener à bien ces propositions, et pouvoir espérer un vrai changement pour ces espaces agricoles en cours de mutation.

>

apparition de haies favorisée par le département et Arbres et Paysages 32

grandes cultures de blé, tournesol et colza en agriculture traditionnelle

Bloc paysager actuel et prospectif au nord du Rémoulin à Lasserre-Pradère

80 81
DU SCÉNARIO 2030 2020

CONCLUSION

Le Savès toulousain et le département du Gers notamment sont depuis toujours le siège d’une tradition agricole immémoriale. Aujourd’hui, ce paysage parsemé d’éléments structurels sans grande cohérence les uns à côté des autres pose question et va demander une prise de po sition et de décision importante et nécessaire de la part des acteurs du territoire : communes, département, associations, etc. Car aujourd’hui finalement, les politiques et protections misent en place sont très ciblées, elles se concentrent de manière presque systématique autour des lieux les plus habités et sur les communes les plus importantes. Que ce soit pour les ENS et ZNIEFF des espaces humides de prairie fragile ou pour le classement du pigeonnier En Guardes, ces protections ciblent l’Isle-Jourdain, la seule véritable « ville » du territoire. Ceci vient en contra diction avec le SCoT des Côteaux du Savès rédigé en 2010, il est peut-être à l’origine du mou vement de classement des ENS en 2012 mais il est regrettable qu’il se soit centré uniquement sur ces espaces naturels en zone urbaine. Avec le SCoT de Gascogne qui devrait paraitre l’année prochaine, des changements et des actions sont possibles puisqu’il est beaucoup plus étendu et comprend beaucoup plus de communes très rurales de l’ouest gersois, et va devoir ainsi prendre en compte les espaces ruraux et naturels à une échelle plus importante.

Un réel positionnement est attendu dans les années qui viennent de la part des acteurs lo caux, ce travail a pu montrer l’artificialisation du sol grandissante sur ce territoire originellement rural et agricole. Composé de nombreux espaces humides et naturels, une atten tion particulière doit être portée sur ces espaces fragiles pour ne pas transformer ces lieux si particuliers et indispensables (à la faune, la flore, la biodiversité, et la diversification du paysage) au profit de l’installation de nouveaux habitants et de nouveaux logements.

Territoire au paysage précieux et multiple, très complet par la multiplicité de ses ressources et de ses activités, il est important de continuer de le préserver et même encore davantage, que ce soit par les habitants et promeneurs qui le pratiquent régulièrement, ou par les collec tivités locales qui doivent saisir la chance d’être aux manettes de décisions fondamentales pour l’avenir de cette mosaïque paysagère de la vallée de la Save. Le travail d’un paysagiste dans l’accompagnement de ces mutations et de ces dynamiques à l’échelle territoriale me semble important et bienvenu, il permettrait d’apporter un regard global et surtout sensible sur les paysages de la vallée de la Save, qui méritent sincèrement d’être remarqués et valorisés.

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BIBLIOGRAPHIE

SITOGRAPHIE

Sites généraux

> Atlas des paysages de la Haute-Garonne https://paysages.haute-garonne.fr/

> Atlas des paysages du Gers https://www.occitanie.developpement-durable.gouv.fr/atlas-des-paysagesdu-gers-r6927.html

> Archives départementales de la Haute-Garonne https://archives.haute-garonne.fr/

> Archives départementales du Gers http://www.archives32.fr/archives_numerisees/portail/portail.php

> Portail de l’artificialisation des sols du gouvernement https://artificialisation.developpement-durable.gouv.fr/

> Association de développement, d’aménagement et de services en envi ronnement et en agriculture 32 https://www.adasea32.fr/

> DREAL Occitanie https://www.occitanie.developpement-durable.gouv.fr/*

Sites relatifs à la question de l’eau :

> Sites et repères de crues https://www.reperesdecrues.developpement-durable.gouv.fr/

> Carte de vigilance des crues https://www.vigicrues.gouv.fr/

> Syndicat de gestion de la Save et ses affluents https://www.sygesave.fr/

> Eau Grand Sud-Ouest https://eau-grandsudouest.fr/agence-eau/bassins-territoires/bassin-ver sant-garonne

Articles en ligne :

> « Gers. 173 000 euros pour planter des haies », Le journal toulousain, juin 2021 https://www.lejournaltoulousain.fr/occitanie/gers/gers-173-000-euros-pourplanter-des-haies-124631/

> « L’Isle-Jourdain : des plantations de haies gratuites », la Dépêche, octobre 2020 https://www.ladepeche.fr/2020/10/07/des-plantations-de-haies-gra tuites-9122442.php

> « Sur les chemins du Gers », reportage Des Racines et des Ailes du 25 no vembre 2015 https://www.youtube.com/watch?v=KxFJR09MOA8&ab_channel=Agrofores terieAssociationFran%C3%A7aise

Documents iconographiques :

> Géoportail https://www.geoportail.gouv.fr/

> Remonter le temps https://remonterletemps.ign.fr/ > Google maps https://www.google.fr/maps/ Sites de recherche : > Persee https://persee.fr

> Bibliothèque nationale de France https://gallica.bnf.fr/

DOCUMENTS OFFICIELS

Documents relatifs à la Save

> Étude d’incidence des travaux d’aménagements sur la formation et l’écoulement des crues des rivières de Gascogne, Novembre 1980, SO GREAH

> Programme pluriannuel de gestion 2016-2020 Syndicat de la Save et ses affluents, 2016

> Etude hydraulique préalable à la réouverture de méandre sur la Save,

Août 2017, Syndicat de gestion de la Save et ses affluents

> Note communale concernant le PPRI du Bassin de la Save à l’Isle-Jourdain Janvier 2015

> Rapport d’enquête relative à l’élaboration du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) de la vallée de la Garonne, Mars 2019, Com mission locale de l’eau & le Syndicat mixte d’étude et d’aménagement de la Garonne

> Fiche ENS du Conseil général du Gers : « Zone humide de la Save à l’Isle-Jourdain »

Documents relatifs à l’agriculture :

> Les pratiques agricole sur le bassin versant de la Save, Juillet 2001, Chambre d’agriculture du Gers

> Les moulins de la vallée de la Save 2019, Centre d’étude, de recherche et d’édition de Marestaing

> Rapport d’activités de la Communauté de Communes de la Save au Touch, 2020

Documents relatifs à la forêt de Bouconne :

> Charte forestière de territoire du massif forestier de Bouconne, Avril 2011, Syndicat mixte pour l’aménagement de la forêt de Bouconne > Fiche ENS

Documents d’urbanisme :

> PLU et PPRI de l’Isle-Jourdain

> PLU et PPRI de Ségoufielle

> SCoT des Côteaux du Savès

> SCoT de la Grande Agglomération Toulousaine

> PPRI de l’Isle-Jourdain, Ségoufielle, Lasserre-Pradère

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages :

> L’Isle-Jourdain d’hier et d’aujourd’hui 1995, Roger Bourse et Georges Labo rie

> Les paysages du Gers, 2004, Bruno Sirven

> Maisons de pays en Haute-Garonne 2012, CAUE de la Haute-Garonne

Revues :

> La revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest

- La révolution agricole du XVIIIe siècle en Gascogne gersoise, O. Perez, 1944

- Le canton de l’Isle-Jourdain Alain Pécastaing, 1969

- Les campagnes gersoises à travers quatre « Géographies universelles », Robert Sourp, 2000

> Annales de géographies

- Les inondations catastrophiques de juillet 1977 en Gascogne. Étude géo graphique d’une situation. Problèmes de prévision et de prévention, Roger Lambert et Jean-Pierre Vigneau, 1981

- Les campagnes toulousains, étude géographique, Roger Brunet, 1967

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Le mémoire « Cent ans de paysage » est un travail d’étude et de recherche personnel visant à mettre en œuvre une démarche d’investigation donnant la priorité à l’exploration de la dimension temporelle des paysages et à replacer ces derniers sur un axe histoire-prospective.

Lola JANDOT - MÉMOIRE 100 ANS « La vallée de la Save, regards de l’Isle-Jourdain à Lévignac. Un paysage morcelé, en tension - Mai 2022

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Mémoire 100 ans de paysage - La vallée de la Save, regards de l'Isle-Jourdain à Lévignac by lolajandot - Issuu