Opportunisme, astuce et résilience

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OPPORTUNISME, ASTUCE, ET RÉSILIENCE

Recherche relative aux caractéristiques des espaces verts publics issus des Contrats de quartier bruxellois

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OPPORTUNISME, ASTUCE, ET RÉSILIENCE

Recherche relative aux caractéristiques des espaces verts publics issus des Contrats de quartier bruxellois

Lisa Léonard

Deuxième année du grade de master en architecture

Sous la direction de Benoît Moritz

Université Libre de Bruxelles

Faculté d’Architecture La Cambre-Horta, Année académique 2022-2023

ABSTRACT

Le territoire bruxellois, en mouvance constante, se modifie depuis trente ans au gré des contrats de quartiers. Outil politique d’aménagement du territoire, le contrat s’établi en donnant la parole aux habitant.e.s d’un quartier à travers la « participation ». Essayant ainsi de répondre aux besoins d’une population à l’échelle locale dans un tissu urbain qui se densifie, le contrat de quartier a notamment permis de faire émerger des formes d’espaces verts différentes des parcs et jardins qui existaient déjà dans la capitale.

Cette recherche s’intéresse à ces formes nouvelles. Elle permettra de dégager des généralités, et ensuite de classer l’ensemble des espaces verts publics issus des Contrats de quartier selon cinq typologies de forme ou de méthode : les espaces verts linéaires, les espaces verts en intérieur d’ilot, les maillages d’espaces verts, la déprivatisation d’espace verts privés et le réaménagement des espaces verts existants.

Reflet de l’interaction complexe entre le développement urbain, la politique et les besoins socio-environnementaux, nous essayerons de comprendre et décrypter les mécanismes à l’origine de l’émergence de ces typologies caractéristiques.

Remerciements.

Je tiens à remercier avant toute chose, mon promoteur Benoît Moritz. Premièrement, pour avoir fait naître mon intérêt pour l’urbanisme via son cours in situ lorsque nous ne pouvions plus nous rendre en auditoire et dont je garde un merveilleux souvenir. Ensuite, pour ses conseils, le partage de ses connaissances et son accompagnement tout au long de l’écriture de ce mémoire.

Bien-sûr, le plus grand des mercis est adressé à mes parents pour leur soutien inconditionnel tout au long de ces années d’études qui furent remplies d’aventures.

J’ai une pensée pour mes ami.e.s avec qui j’ai pu partager ces aventures et qui ont rendu ces années plus joyeuses. Plus particulièrement, je souhaite remercier Lauranne pour son honnêteté franche emballée dans une grande couche de douceur, qui m’a aidée à plus d’une reprise. Louis et Babou pour leurs joyeuses réflexions et leur bienveillance. Et Estelle, simplement pour sa façon de voir la vie qui m’inspire chaque jour.

Enfin, mon intérêt pour les espaces verts ne serait jamais arrivé sans les longues promenades que nous y avons partagé avec Loïc et qui donnent, pour moi, une saveur particulière à cette recherche.

01. INTRODUCTION

02. MÉTHODOLOGIE

03. L’HÉRITAGE DES PARCS ET JARDINS DANS LE CONTEXTE

URBAIN ET POLITIQUE DES XIXe ET XXe SIÈCLES

Naissance du parc public à Bruxelles sous tutelle Ère romantique dans la nouvelle capitale

Bruxelles paysagère sous Léopold II

Territoire chamboulé par les guerres

04. POLITIQUES D’AMÉNAGEMENTS CONTEMPORAINES : TRENTE ANS DE CONTRATS

Contrats de quartiers

Contrats de quartiers durables

Contrats de revitalisation urbaine

Contrats d’axes et d’ilots

Contextes et enjeux actuels

05. TYPOLOGIES DES ESPACES VERTS ISSUS DES CONTRATS DE QUARTIERS

MÉTHODOLOGIE SPÉCIFIQUE À L’ÉTUDE DE CAS

a. ANALYSE DE CAS

Espaces verts linéaires

Espaces verts en intérieur d’ilot

Espaces verts en maillage de points

Espaces verts déprivatisés

Espaces verts réaménagés

b. RÉSULTATS D’ANALYSE

Opportunisme

Astuce

Résilience

ANNEXES BIBLIOGRAPHIE
CONCLUSION
12 16 24 24 27 28 31 48 48 60 64 67 68 78 78 107 121 137 153 169 186 186 197 202 206 220 246
TABLE DES MATIÈRES
10 01. INTRODUCTION
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Sommes-nous, aujourd’hui, en capacité de qualifier les espaces verts qui nous entourent ?

Pour la plupart, nous connaissons et nous avons l’habitude de fréquenter les parcs et jardins bruxellois au quotidien. Jardins à l’anglaise ou à la française, romantiques ou classiques, naturels ou géométriques, les études paysagères ont déjà permis de faire apparaître les différentes formes sous lesquelles les espaces verts publics se sont dessinés au fil des XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Mais sommes-nous aujourd’hui en capacité d’en faire autant avec les espaces verts publics du début du XXIe siècle ?

La présence d’espaces verts reflète depuis toujours l’interaction complexe entre le développement urbain, la politique et les besoins socio-environnementaux. Au cœur de cette dynamique, les parcs et jardins ont évolué au fil des siècles en tant que témoins silencieux de l’évolution des villes et des aspirations des autorités politiques. Dans ce contexte, Bruxelles ne fait pas exception, arborant un patrimoine paysager intimement lié aux défis politiques et urbains qui ont façonné sa trajectoire.

Au cœur de cette recherche se déploie une exploration des espaces verts publics qui ont émergé au sein des quartiers bruxellois, depuis 1993 jusqu’à aujourd’hui, par le biais de l’outil du Contrat de quartier. Pour appréhender pleinement l’importance accordée aux espaces verts publics à travers les époques et la façon dont ils s’inscrivent dans le tissu bruxellois selon un contexte politique et socioenvironnemental, il convient avant tout d’examiner les tournants historiques qui ont forgé leur développement et de décrypter le statut sociopolitique de la capitale et du pays au moment de leur apparition.

Au fil de ce travail, nous plongeons d’abord dans l’histoire des parcs et jardins qui ont marqué les XIXe et XXe siècles, en les replaçant dans leur contexte urbain et politique. Bruxelles, en tant que ville en constante évolution, a vu naître et évoluer des espaces verts de différentes natures et intentions. Cette période est marquée de grands changements pour la capitale, qui en deux siècles a été marquée par l’autonomisation de la Belgique en 1830, la régionalisation de Bruxelles-Capitale en 1989 ainsi que par la révolution industrielle qui provoquera une augmentation et une mutation de la population, des guerres marquant des esprits et créant des mouvements qui se contrediront ou encore l’avènement de l’automobile qui chamboulera les réflexions urbanistiques1. Les espaces verts apparaîtront alors d’abord sous forme de parcs et jardin, majoritairement à l’anglaise, avant d’être inclus dans l’application de modèles urbains modernes, liant habitat et environnement2

1 De Beule, Michel, Benoît Périlleux, Marguerite Silvestre, et Etienne Wauty. Bruxelles, histoire de planifier: urbanisme aux 19e et 20e siècles. Architecture et urbanisme. Bruxelles: Mardaga, 2017.

2 Hennaut, Eric, Ursula Wieser Benedetti, et Michael Jakob. Bruxelles: deux siècles et demi de parcs et jardins publics, 1775-2020. Bruxelles: CIVA, 2019.

12 INTRODUCTION

Résumer à ce jour, la façon dont se présentent les espaces verts publics qui nous sont contemporains ne peut encore se faire car très peu de recherches, si ce n’est pratiquement aucune, ne s’y sont attelées. C’est pourquoi l’analyse des caractéristiques permettant de définir les espaces verts publics issus des Contrats de quartier, politique d’aménagement phare de la Région de Bruxelles-Capitale depuis trente ans, fait l’objet de cette recherche.

Afin de pouvoir, à l’issue de ce travail, établir un récit replaçant les espaces verts publics de ces trente dernières années dans leur contexte politique propre, nous nous intéresserons ensuite aux politiques de rénovation urbaines qui façonnent BruxellesCapitale depuis sa régionalisation. Ainsi nous aborderons de manière chronologique les outils de Contrats de quartier (CQ), Contrats de quartier durables (CQD), Contrats de rénovation urbaine (CRU) et les Contrats d’axes et Contrats d’ilots (CACI), leurs objectifs, leurs moyens d’action. De même, nous tenterons d’analyser le contexte et les enjeux actuels auxquels doivent maintenant répondre ces espaces verts afin d’en tirer un récit réflexif et rétrospectif sur la façon dont ils se adaptés au temps.

Par la suite, la recherche établira un inventaire des espaces verts publics qui sont issus des Contrats de quartier (durables)3 dans lequel nous nous plongerons plus précisément par le biais de l’analyse plus précise de cinq projets : le Parc de la Ligne 28, le Jardin Hélène De Rudder, le Tracé de l’eau, le Jardin Hap et le Parc Paulus Parcs, jardins, potagers urbains, pockets parks... La capitale est aujourd’hui parsemée de formes d’espaces verts émergentes, pour certaines, bien éloignées de formes que nous avons hérité des siècles précédents. De même, les rôles qu’ils remplissent ne sont plus tout à fait identiques.

De l’analyse de ces projets, en lien avec les politiques urbaines de la Région Bruxelles-Capitale, nous tenterons de mettre en évidence les mécanismes employés qui permettent de caractériser les espaces verts publics bruxellois du début du XXIe siècle.

3 Nous emploierons l’usage de parenthèses pour le terme durable afin de parler de l’ensemble des Contrats de Quartier s’étalant de 1993 à 2009 et Contrats de Quartier Durables en oeuvre depuis 2010.

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14 02. MÉTHODOLOGIE
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Ce mémoire tend à analyser les espaces verts publics de ces trente dernières années, issus des Contrats de quartier (durables) en les replaçant dans leur contexte contemporain, via une étude mixte rassemblant des informations théorisées ainsi qu’une étude de terrain. À ces fins, il se structure en trois parties.

La première partie tend à replacer l’implémentation des espaces verts publics à Bruxelles dans leur contexte contemporain du XIXe et XXe siècles par le croisement de sources théoriques abordant les espaces verts, les politiques urbaines des siècles concernés et les modèles urbains théorisés à l’échelle internationale.

À partir de la régionalisation de Bruxelles, aucun écrit ne relate l’évolution des espaces verts sur le territoire bruxellois. De ce fait, la deuxième partie se concentre sur l’analyse des politiques urbaines mises en place, particulièrement celle du Contrat de quartier (durable), afin de pouvoir par la suite, réaliser notre propre analyse des espaces verts. Au vu de la jeunesse du sujet, peu de récits rétrospectifs existent à ce sujet. Il s’agit alors d’un travail d’investigation combinant les quelques ouvrages de recherches aux articles publiés sur internet et aux recherches récentes menées dans le cadre de l’établissement de politiques urbaines.

La troisième partie étudie alors les différents espaces verts issus de la politique des Contrats de quartier à travers une étude typologique réalisée à partir d’une enquête de terrain et d’informations accessibles sur les sites internet officiels de la Région Bruxelles-Capitale, des concepteurs et conceptrices des aménagements urbains, mais aussi de sources moins officielles telles que des articles de presse, des communications via les réseaux sociaux. Ces sources n’étant pas suffisantes, des entretiens ont été nécessaires avec différent.e.s spécialistes à savoir : Lydie Segura, travaillant à la cellule rénovation urbaine de la commune de Saint-Gilles, ; Thierry Kandjee, architecte paysagiste co-fondateur du bureau Taktyk, Gilles Saussez et Antoine Warin, respectivement architecte paysagiste et architecte associés chez SKOPE et Jan Laute et Ana Mirales du bureau AAC Architecture. Il s’agira alors, à partir de cette enquête de déterminer les généralités qui regroupent les différents espaces verts publics réalisés durant ces trente dernières années, d’en faire émerger des caractéristiques.

La difficulté générale rencontrée à la réalisation de ce mémoire réside dans le fait qu’il existe un nombre restreint de sources théoriques à ce sujet. Dès lors, le rassemblement des informations s’est principalement fait sur base d’un ouvrage par thème abordé, complété par une multitude d’ouvrages moins conséquents, articles de presse, sites internet et articles de loi complétant la recherche. Par conséquent, il a fallu conscientiser les limites que cela apporte en prenant en compte le caractère subjectif potentiel de chaque auteur.e.

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MÉTHODOLOGIE GÉNÉRALE

La méthodologie particulière de l’enquête de terrain sera précisée en amont de celle-ci. Cependant, il est important dès maintenant de pouvoir définir le terme d’espace vert public qui fait l’objet de ce mémoire.

DÉFINIR L’ESPACE VERT

À partir du site internet « Contrats de quartiers durables »4 publié et mis à jour par la Région Bruxelles-Capitale, reprenant l’ensemble des projets issus des Contrats de quartier (durables), un premier tri a été effectué afin d’en déduire ce que l’on peut considérer comme espace vert. La définition de ce terme diffère selon les sources, ce qui participe à rendre cette notion floue. Ici, nous allons donc nous baser sur plusieurs d’entre elles afin d’en établir une propre à ce mémoire. Dans un premier temps nous élargissons la recherche en occultant leur aspect public.

Dictionnaire Larousse

«Surface réservée à un parc, un jardin public dans une agglomération»5

Définition établie par l’Organisme Mondial de la Santé

«Ensemble des terrains couverts par une végétation de toute nature. Il s’agit de la végétation des terrains privés et publics, indépendamment de leur taille et de leur fonction, et peut également comprendre de petits plans d’eau tels que des étangs, des lacs ou des cours d’eau»6

Circulaire française du 8 février 1973 relative aux espaces verts

«Les parcs, jardins, squares, les plantations d’alignement et les arbres d’ornement intramuros, de même que les bois, les forêts, les espaces naturels et ruraux périurbains sont considérés comme des espaces verts (chlorophylliens)»7

Plan Régional d’Affectation du Sol (PRAS)

«Zones d’espaces verts (vert), regroupant diverses zones destinées principalement au développement de la nature et des plans d’eau, avec limitation des constructions»8.

4 « Contrats de quartiers durables ». Consulté de janvier à août 2023. https://quartiers.brussels/1

5 « Définitions : espace - Dictionnaire de français Larousse ». Consulté le 6 mars2023. https:// www.larousse.fr/dictionnaires/francais/espace/31013.

6 World Health Organization et Regional Office for Europe. « Urban Green Spaces: A Brief for Action ». World Health Organization Regional Office for Europe, 2017. https://apps.who.int/iris/ bitstream/handle/10665/344116/9789289052498-eng.pdf?sequence=1&isAllowed=y.

7 Ministère de la protection de la nature et de l’environnement. « Circulaire relative à la politique des espaces verts ». Journal Officiel de la République Française, 8 février 1973. https://sociotopeshome.files.wordpress.com/2020/03/circulaire-du-8-fevrier-relative-a-la-politiqu.pdf.

8 Perspective.Brussels. (2019). Plan Régional d’Affectation du Sol. [En ligne]. Perspective.Brussels. Disponible sur : https://perspective.brussels/sites/default/files/documents/pras_c3_affectation_190806. pdf (Consulté le 06 mars 2023)

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Si la définition du PRAS est aussi large, c’est parce qu’elle englobe une multitude de sous-définitions de zones plus précises, dont en voici un aperçu :

« 10. Zones vertes

Ces zones sont destinées à la conservation et à la régénération du milieu naturel.

Elles sont essentiellement affectées à la végétation et aux plans d’eau qui constituent les éléments essentiels du paysage. Elles sont entretenues ou aménagées afin de garantir leur intérêt scientifique ou esthétique ou afin de remplir leur rôle social ou pédagogique.

Ne peuvent être autorisés que les actes et travaux strictement nécessaires à l’affectation de ces zones ou directement complémentaires à leur fonction sociale sans que puisse être mise en cause leur unité ou leur valeur scientifique, pédagogique ou esthétique.

Ces zones peuvent bénéficier, par plan particulier d’affectation du sol, des prescriptions applicables aux autres zones d’espaces verts, à l’exclusion des zones de cimetières et des zones de sports ou de loisirs de plein air.

11.

Zones vertes de haute valeur biologique

Ces zones sont destinées à la conservation et à la régénération du milieu naturel de haute valeur biologique en ce qu’il abrite des espèces animales et végétales rares ou qu’il présente une diversité biologique importante.

Ne peuvent être autorisés que les actes et travaux nécessaires à la protection active ou passive du milieu naturel ou des espèces, ainsi qu’à la réalisation du maillage vert, à la condition, dans ce dernier cas, que les actes et travaux soient compatibles avec la destination de la zone.

12.

Zones de parc

Ces zones sont essentiellement affectées à la végétation, aux plans d’eau et aux équipements de détente. Elles sont destinées à être maintenues dans leur état ou à être aménagées pour remplir leur rôle social, récréatif, pédagogique, paysager ou écologique. Seuls les travaux strictement nécessaires à l’affectation de cette zone sont autorisés.

Ces zones peuvent également être affectées aux commerces de taille généralement faible qui sont le complément usuel et l’accessoire de celles-ci, après que les actes et travaux auront été soumis aux mesures particulières de publicité.

Les zones de parcs reprises à la carte des affectations, en surimpression, relatives au Palais de Bruxelles et au Domaine de Laeken (Château de Laeken, Château du Belvédère et Château du Stuyvenberg) ont le statut de Domaine royal. Tous actes et travaux utiles ou nécessaires à l’aménagement de ces propriétés du Domaine royal, sont autorisés.

13. Zones de sports ou de loisirs de plein air

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Ces zones sont affectées aux jeux et aux activités sportives de plein air et comportent un cadre de plantations.

Ne peuvent être autorisés que les actes et travaux nécessaires à l’affectation de ces zones ou complémentaires à leur fonction sociale.

Les projets de construction dont l’emprise au sol dépasse 200 m² sont soumis aux mesures particulières de publicité.

Ces zones peuvent également être affectées aux commerces de taille généralement faible qui constituent le complément usuel et l’accessoire de celles-ci, après que les actes et travaux auront été soumis aux mesures particulières de publicité.

Hormis les installations provisoires à caractère saisonnier et les tribunes ouvertes, la superficie totale au sol des infrastructures et constructions ne peut excéder 20 % de la superficie de la zone.

La zone de sports ou de loisirs de plein air de l’Hippodrome de Boitsfort est également affectée aux équipements culturels d’intérêt collectif ou de service public dans les limites prévues à l’alinéa précédent.

Zones de cimetières

Ces zones sont affectées aux cimetières et aux plantations.

En cas de désaffectation, les actes et travaux admissibles dans les autres zones d’espaces verts sont autorisés après que ceux-ci auront été soumis aux mesures particulières de publicité.

Ces zones peuvent bénéficier des prescriptions particulières applicables en zone de forte mixité par plan particulier d’affectation du sol.

Ces zones sont affectées aux espaces boisés ou à boiser et aux eaux qui constituent les éléments essentiels du paysage. Elles sont entretenues ou aménagées en vue de préserver la coexistence harmonieuse des fonctions écologiques, économiques et sociales des bois et forêts.

Ne peuvent y être autorisés que les actes et travaux nécessaires à l’affectation de ces zones ou directement complémentaires à leur fonction écologique, économique et sociale.

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14. 15. Zones forestières

16. Zones de servitudes au pourtour des bois et forêts

En l’absence de plan particulier d’affectation du sol en vigueur à la date d’approbation du plan régional d’affectation du sol arrêté le 3 mai 2001, les bois et forêts situés en zones forestières ou marqués en surimpression sont entourés d’une zone non aedificandi, revêtement du sol compris. Elle s’étend sur une profondeur de 60 mètres à partir de la limite du bois ou de la forêt.

Lorsque les conditions locales le permettent, cette profondeur peut être réduite jusqu’à 30 mètres aux conditions suivantes :

1° les actes et travaux présentent des caractéristiques urbanistiques semblables à celles des constructions existantes avoisinantes ;

2° les actes et travaux permettent d’assurer une transition harmonieuse entre les bois et forêts et le tissu urbain existant ;

3° les actes et travaux ont été soumis aux mesures particulières de publicité.

L’interdiction de bâtir ne s’applique toutefois pas aux parcelles sur lesquelles des constructions existent au jour de l’entrée en vigueur du plan régional d’affectation du sol arrêté le 3 mai 2001.

Cependant, toute transformation ou reconstruction de ces constructions existantes entraînant un accroissement supérieur à 20% du volume bâti est soumise à des mesures particulières de publicité. Cet accroissement ne peut permettre de déroger à la limite des 30 mètres.

17. Zones agricoles

Ces zones sont destinées à l’agriculture, au sens général du terme en ce compris l’horticulture, la sylviculture et le pâturage. Ces zones peuvent comporter les constructions indispensables à l’exploitation et au logement des exploitants.

En cas d’inexploitation, les actes et travaux admissibles en zone verte sont autorisés après que ceux-ci auront été soumis aux mesures particulières de publicité.

Lorsque des raisons sociales, écologiques ou économiques le justifient et moyennant plan particulier d’affectation du sol, ces zones peuvent, en cas d’inexploitation, bénéficier des prescriptions applicables dans les autres zones d’espaces verts, à l’exclusion des zones de cimetières et des zones de sports ou de loisirs de plein air. »9

9 « F. Prescriptions particulières relatives aux zones d’espaces verts et aux zones agricoles — fr ». Consulté le 6 mars 2023. https://urbanisme.irisnet.be/lesreglesdujeu/ les-plans-daffectation-du-sol/le-plan-regional-daffectation-du-sol-pras/prescriptions/f.prescriptions-particulieres-relatives-aux-zones-despaces-verts-et-aux-zones-agricoles.

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ÉTABLIR UNE DÉFINITION DE L’ESPACE VERT PUBLIC

La mise en commun de l’ensemble de ces définitions a permis d’en établir une propre à ce mémoire, qui fera notamment office d’élément excluant et incluant dans le premier classement à partir des espaces publics repris sur le site «Contrats de quartiers durables»10. C’est pourquoi, dans le cadre de ce mémoire, la définition de l’espace vert s’établit comme suit :

Espace peu ou non construit, de toute taille à échelle humaine11, majoritairement dédié à la conservation, la régénération voire la création du milieu naturel. Intégrant des intérêts environnementaux, paysagers, sociétaux ou pédagogiques et provoquant chez l’utilisateur une perception immersive d’environnement naturel.

10 « Contrats de quartiers durables ». Consulté de janvier à août 2023. https://quartiers.brussels/1

11 Une étude réalisée par le BRAT en 2009 considère que les espaces de moins de quatre ares en ville et de 10 ares en seconde couronne ne peuvent pas entrer dans leur inventaire car ne permettent pas une fonction de «séjour» : « Inventaire des espaces verts et espaces récréatifs accessibles au public en région de Bruxelles-Capitale », 2009.

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Fig. 0. LE PARC DE LA PEDE, ENVIRONNEMENT NATUREL

03. L’HÉRITAGE DES PARCS ET JARDINS DANS

LE CONTEXTE URBAIN ET POLITIQUE DES XIXe

ET XXe SIÈCLES

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Les questionnements à propos des espaces verts font partie de l’urbanisme bruxellois depuis bien avant que l’on puisse appeler la capitale par son nom. D’après les auteurs de l’ouvrage intitulé Bruxelles, histoire de planifier : urbanisme au XIXe et XXe siècles12, quatre questions sont d’ordre récurrent à travers l’histoire de l’urbanisme de la capitale : les infrastructures routières et les transports en commun, la mixité fonctionnelle et la protection des fonctions dites « pauvres », les nouvelles zones à urbaniser et bien sûr, les espaces verts et l’environnement.

Pour bien comprendre l’importance accordée aux espaces verts à travers le temps, il faut pouvoir observer les tournants qui se sont opérés et décrypter dans quel statut sociopolitique se trouvait la capitale, voire le pays, au moment de l’apparition des différents parcs, jardins et autres types d’espaces verts au sein du tissu bruxellois.

NAISSANCE DU PARC PUBLIC À BRUXELLES SOUS TUTELLE

Alors que Bruxelles se présente toujours sous son tissu médiéval, le livre Designed Landscapes Brussels 1775-2020. Deux siècles et demi de parcs et jardins publics dans la Région Bruxelles-Capitale renseigne la période allant de 1775 à 1784 comme étant celle qui accueillera la naissance du Premier Parc Public à Bruxelles13. À l’époque, la ville est toujours entourée de ses remparts et le pays, sous la tutelle des Pays-Bas autrichiens. Le prince de Starhemberg confie alors la mission à l’architecte Barnabé Guymard d’implanter au sein de ce tissu sinueux un parc public, aujourd’hui connu sous le nom de Parc du Cinquantenaire, dont les idéaux découlent de la philosophie des lumières en vogue durant cette période. Le nouveau parc doit avoir une vocation d’utilité publique et transmettre une certaine douceur du gouvernement. À cette époque, les pensée hygiénistes poussent à l’établissement de parcs publics au milieu des rues sinueuses, porteuses de maladies, les habitant.e.s doivent avoir l’occasion de se promener dans la nature et d’y rencontrer les autres membres de la société.

À la conception du parc, s’ajoute la création d’un quartier royal. Le tout formant un ensemble au style classique, aux antipodes de ce qui existe localement à ce moment, c’est-à-dire un tissu médiéval. Le parc se présente ainsi selon une structure géométrique et symétrique, par un tracé régulier des chemins reliant un bassin rond aux extrémités sud du parc, vers aujourd’hui, la rue de la loi. Entre ces chemins, longés d’alignements d’arbres réguliers, s’étendent de vastes plaines vertes et mais aussi des massifs à l’anglaise, ce qui est plus étonnant. Les allées rectilignes permettent de mettre en perspectives quelques-unes des soixante statues empruntées du parc de Tervuren.

12 De Beule, Michel, Benoît Périlleux, Marguerite Silvestre, et Etienne Wauty. Bruxelles, histoire de planifier: urbanisme aux 19e et 20e siècles. Architecture et urbanisme. Bruxelles: Mardaga, 2017.

13 Hennaut, Eric et Ursula Wieser Benedetti. Bruxelles: deux siècles et demi de parcs et jardins publics, 1775-2020. Bruxelles: CIVA, 2019.

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Fig. 2. PLAN DU PARC PUBLIC DE BRUXELLES, DE LA PLACE ROYALE ET DE LEURS ENVIRONS, DESSIN SIGNÉ PAR JOACHIM ZINNER, VERS 1780. Archives Générales du Royaume et Archives d’Etat, cartes et plans manuscrits 41. 500 m Fig. 1. BRUXELLES, 1777. CARTE DE FERRARIS
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Fig. 3. AVENUE DE LA TOISON D’OR FIN XIXe SIÈCLE. Archives de la Ville de Bruxelles Fig. 4. CONSTRUCTION DU TUNNEL DE L’AVENUE LOUISE, 1956. Archives de la Ville de Bruxelles

Si les travaux du parc se terminent en 1784, la loi concrétisera l’existence du premier parc public bruxellois en l’an 1780 via un règlement lui donnant un statut particulier. Le parc devient accessible à toutes et tous mais néanmoins pas exempt de règles. Cet espace est réservé à la promenade piétonne, pas question donc d’y circuler en voiture, à cheval, et d’y vendre quoi que ce soit.14

ÈRE ROMANTIQUE DANS LA NOUVELLE CAPITALE

En 1830, la Belgique prend son indépendance et fait de Bruxelles sa capitale. Entretemps, depuis la création du premier parc public, le pays avait changé de tutelle et la devait au Royaume de France sous le règne de Louis XVII à partir de 1795 jusqu’en 1815, quand la Belgique devint sous la tutelle des Pays-Bas. Le roi avait établi, en 1795, l’Ordonnance de la Bâtisse, confiant aux pouvoirs municipaux la responsabilité d’établir un plan d’alignement des voiries permettant, dans un but hygiéniste, d’élargir celles existantes.15

C’est également à cette période que la destruction des remparts médiévaux s’opère. Leur démilitarisation à la fin du XVIIIe siècle en avait déjà fait un lieu de promenade pour la bourgeoisie lorsque l’Emperereur hollandais Joseph II avait ordonné leur destruction. Lorsque la Belgique passe sous la tutelle de la France, Napoléon fait continuer leur destruction et les fait remplacer par des boulevards. Ils se dessinent alors par tronçons dédiés à la promenade et plantés de six rangées d’arbres, ponctués par plusieurs points de repos sous forme de parcs, places, points de vue, ... Plus tard, dans les années 1950, les travaux de remplacements seront à peine terminés que les boulevards de promenade seront remplacés par des routes automobiles dans le cadre de l’Expo 58, ne laissant plus que très peu de place aux arbres et aux piétons.16

Dès 1830, à la création de la capitale, se pose tout de suite la question de l’annexion des faubourgs de la Ville de Bruxelles, pour laquelle un nouveau poste de fonctionnaire sera créé. Il s’agit de celui d’inspecteur voyer. Ce poste est important dans l’histoire de la planification bruxelloise car il la dirigera durant presque un siècle entre 1837 et 1904, à travers des tentatives de planification de grande envergure notamment. Cette fonction sera occupée par deux hommes seulement. Charles Vanderstraeten jusqu’à sa démission en 1854 et ensuite par Victor Besme durant quarante-six ans.

La première mission de Vanderstraeten était de prévoir un plan pour l’aménagement d’un hippodrome, aujourd’hui connu sous le nom d’Hippodrome de Boistfort, il devait au départ également servir de terrain d’entrainement militaire. Finalement,

14 Hennaut, Eric et Ursula Wieser Benedetti. Op. Cit.

15 De Beule, Michel, Benoît Périlleux, Marguerite Silvestre, et Etienne Wauty. . Op. Cit.

16 T’Kint, Sophie. « La deuxième enceinte de Bruxelles ». P. Crahay, AATL - Direction des Monuments et Sites, 2008. https://patrimoine.brussels/liens/publications-numeriques/versions-pdf/cheminsde-ronde/la-deuxieme-enceinte-livret-guide.

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c’est Victor Besme qui y parviendra après de longues années de négociations en séparant les deux fonctions, conservant la récréation bourgeoise de l’Hippodrome et en l’installant dans les riches quartiers bordant le Bois de la Cambre et en installant les casernes militaires, de façon pratique et pragmatique, non loin de la gare d’Etterbeek.17

BRUXELLES PAYSAGÈRE SOUS LÉOPOLD II

La longue carrière de l’inspecteur voyer Besme croise celle du règne de Léopold II, à partir de 1865 jusqu’à ce qu’ils décèdent à quelques années d’intervalle l’un et l’autre respectivement en 1904 et 1909. Cette période est considérée comme prospère au regard de l’urbanisme de la capitale et plus précisément de l’aménagement de ses espaces verts. En effet, à cette époque sont conçus de nombreux parcs et jardins toujours présents à ce jour. Cependant, c’est également à cette époque que le choléra ravagera les rues étroites et sinueuses, ce qui mènera à l’expropriation de nombreux quartiers insalubres en vue d’élargir les voiries. Il existe alors une réelle dichotomie entre l’histoire glorifiante des parcs et jardins à l’époque qui apparait dans le livre Designed Landscapes Brussels 1775-2020. Deux siècles et demi de parcs et jardins publics dans la Région Bruxelles-Capitale18 et celle de l’urbanisme des logements à bas coûts racontée dans Bruxelles, histoire de planifier : urbanisme au 19e et 20e siècles19

D’un côté, Léopold II est un passionné d’urbanisme, d’espaces verts et de plantes. Au côté de Besme, dont il suivra le travail de très près, ils feront notamment concevoir ou réaménager le Bois de la Cambre, le parc de Woluwe, le parc Josaphat, le parc public de Laeken, le parc de Forest et le parc Duden. Ce n’est pas tout, le roi tient également à les faire se relier entre eux par des installations ponctuelles d’étangs et de squares, intégrant le paysage dans la ville. Cet ensemble portera le nom de «Tracé Léopoldien»20. Principalement réalisés à l’image des parcs à l’anglaise rattachés à la période romantique, seul le Parc du Cinquantenaire restera d’ordre classique.

D’un autre côté, les aménagements du roi sont largement décriés, la création des boulevards a nécessité d’exproprier de nombreuses familles à bas revenu pendant la première moitié du XIXe siècle, durant laquelle, le développement industriel a aussi fait venir un grand nombre de mains d’ œuvre étrangères. La solution du Gouvernement avait alors été de fournir des avantages fiscaux aux investisseurs qui construiraient du logement destiné aux ménages à bas revenus21. Ces logements

17 De Beule, Michel, Benoît Périlleux, Marguerite Silvestre, et Etienne Wauty. Op. Cit.

18 Hennaut, Eric et Ursula Wieser Benedetti. Op.Cit.

19 De Beule, Michel, Benoît Périlleux, Marguerite Silvestre, et Etienne Wauty. Op. Cit.

20 Ibid.

21 Ibid.

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29
Fig. 6. TRACÉS LÉOPOLDIENS. Bruxelles, histoire de planifier : urbanisme au 19e et 20e siècles Fig. 5. HIPPODROME DE BOISFORT. Bruxelles-bruxellons, collection privée

Archives

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Fig. 7. BATAILLONS CARRÉS de la Ville de Bruxelles

prenaient la forme de «bataillons carrés»22. Décrétés insalubres lors des crises entrainées par les épidémies du choléra en 1831 et durant la décennie suivante, les maisons ouvrières, leur mauvais état est jugé responsable de «l’excessive mortalité, le grand nombre et la gravité des maladies, l’état chétif et malingre des enfants, la dégoutante malpropreté, les habitudes de désordre»23. C’est le début d’une longue réflexion sur le logement ouvrier qui mènera près d’un siècle plus tard au schéma bien connu des cités-jardin, sur lequel nous reviendrons plus loin.

À la mort de Victor Besme en 1904, le poste d’inspecteur voyer est supprimé et des voix s’élèvent pour une meilleure inclusion de l’architecte et de l’urbaniste dans la réalisation de grands travaux urbanistiques. En 1910, H. De Bruyne et E. Stasse publient dans l’Émultion, un manifeste appelant à une politique de concours, «c’est la naissance de l’urbanisme tel qu’on le connait aujourd’hui»24. Mais il faudra attendre l’entre-deux-guerres pour qu’elle soit mise en place.

TERRITOIRE CHAMBOULÉ PAR LES GUERRES

Durant la Première Guerre mondiale, l’impossibilité de procéder à des discussions et à des votes mène à ce que Michel De Beule appelle dans son ouvrage un «Radicalisme Législatif»25. En 1915, dans le but de prévoir la reconstruction des communes détruites par la guerre, un arrêté-loi est voté dans le cadre de pouvoir exceptionnels alors que les politiques sont réfugiés au Havre, selon lequel il faut prévoir des plans de réaménagement de territoire plus vaste que ce qui était fait par le passé. Cette réflexion est partagée lors d’une conférence qui se tient à Londres en 1915. Organisée par l’Union Internationale des Villes et l’International Garden Cities and Town Planning Association, elle a pour objectif de prévoir la reconstruction de la Belgique en prônant l’élaboration d’un plan d’ensemble par commune en vue d’établir cette dite reconstruction.26 Cependant, les communes se refuseront à les appliquer jusqu’à l’arrivée de la Seconde Guerre Mondiale.

Plus éloigné de ces enjeux politiques, l’entre-deux-guerres, se marque de différents courants paysagers qui se chevauchent. En 1913, soit juste avant la Première Guerre Mondiale, s’est créée l’association Le Nouveau Jardin Pittoresque à Bruxelles. Elle est composée d’architectes paysagistes, mais aussi d’horticulteurs, de pépiniéristes,

22 Les bataillons carrés sont des logements ouvriers petits et denses de forme carrée s’articulant autour d’un impasse. Gaiardo, Lucia. Impasses de Bruxelles. Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire. Ministère de la Région Bruxelles-Capitale, Direction des Monuments et Sites, P. Crahay, 2008. https://patrimoine. brussels/liens/publications-numeriques/versions-pdf/bvah/impasses-de-bruxelles.

23 Ducpétiaux, E. De la mortalité à Bruxelles. Appendice. Projet pour la construction, aux environs de Bruxelles, d’un quartier modèle spécialement destiné à des familles d’ouvriers, s. d. (p.77)

24 De Beule, Michel, Benoît Périlleux, Marguerite Silvestre, et Etienne Wauty. Op. Cit.

25 Ibid.

26 Union Internationale des villes, et International Garden Cities and Town Planning Association. « Town Planning Conference for the Reconstruction of Belgium ». février 1915.

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de botanistes, de rocailleurs et de propriétaires de jardins. Elle rejette les styles la précédents et prône le jardin reposant sur la nature sauvage en proposant des types de jardins peu connus en Belgique comme le jardin rocaille, le jardin marécageux, le jardin en muraille entre autres. Ensemble, ses membres réaliseront des travaux dans certains parcs existants dont le parc Josaphat où ils installeront des rocailles et le parc Astrid mais ils réaliseront aussi le parc d’Osseghem pour l’Exposition Universelle de 1935, le parc Marie-José et après la guerre, le campus de l’école CERIA. L’ensemble de leurs travaux préconisent la reconstitution de véritables fragments de paysage comprenant tous les éléments d’un environnement naturel27

A contrario, au début des années vingt se développe un style de jardins s’apparentant à l’Art Déco qui se développe dans le champ de l’architecture. Ses fondements théoriques sont décrits dans Le Nouveau Jardin en 1912. Les frères Vera considèrent qu’il faut justement rompre avec le concept d’imitation de la nature en ayant recours à des formes géométriques « […] pour qu’elles apparussent manifestement des créations de notre esprit »28. Comme en architecture, le courant préconise l’utilisation de la couleur unie en masses homogènes.

Le style géométrique reçoit des avis mitigés mais sera repris notamment dans l’aménagement du quartier Le Logis-Floréal par Louis Van der Swaelmen dans les années vingt. En effet, les cités ouvrières ont fait du chemin depuis le XIXe siècle. L’insalubrité qu’on leur incombe a poussé les politiques à entrevoir leur délocalisation en périphérie par l’établissement de plans incluant davantage d’espaces verts à l’image du Town Planning partagé à Londres par Raymond Unwin aux architectes et urbanistes belges réfugiés là-bas. Unwin se base lui-même sur le modèle de la cité-jardin théorisée par Ebenezer Howard dans To-morrow : a peaceful path to Real reform en 1898 pour en proposer un modèle d’application29. Le modèle de la citéjardin se développe en réaction au développement des grandes villes industrielles, elle semble être un bon moyen de répondre à la demande de logement ouvrier tout en garantissant un cadre de vie qualitatif que Howard définira lui-même comme «une combinaison saine, naturelle, économique, de la vie à la ville et de la vie à la campagne»30

Le modèle urbanistique de la cité-jardin se présente sous forme concentrique avec, au centre, un parc et des infrastructures culturelles, sociales, sanitaires et administratives que Howard appellera «Centre Civique»31. À trois minutes à pied de celui-ci, une ceinture verte et de circulation entoure les résidences. Elle comporte d’autres types

27 Hennaut, Eric et Ursula Wieser Benedetti. Op.Cit.

28 Vera, André, et Paul. Le nouveau jardin. A Paris : Émile-Paul Éditeur, 1912. http://archive.org/ details/nouveaujardin00Vera.

29 Unwin, Raymond. Étude pratique des plans de villes. Introduction à l’art de dessiner les plans d’aménagement et d’extension. Gollion, Infolio, s. d.

30 Howard, Ebenezer. Garden Cities of To-Morrow. The M.I.T. Paperback Series 23. Cambridge, Mass: M.I.T. Press, 1965.

31 Ibid.

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33
Fig. 12. ILLUSTRATION EXEMPLE DU NOUVEAU JARDIN. André et Paul Véra, Le Nouveau Jardin, 1912 Fig. 11. LE NOUVEAU JARDIN PITTORESQUE, BRUXELLES, 1914, 1923-1940. Coll. CIVA, Brussels Fig. 8. LES ROCAILLES DU PARC JOSAPHAT. Reporters Fig. 9. PARC ASTRID. Visit Brussels - Jean-Paul Remy Fig. 10. LE LOGIS FLORÉAL M. Vanhulst, Région Bruxelles-Capitale
34
Fig. 13. VINT-ET-UNE CITÉS-JARDINS À BRUXELLES. Les Cités-Jardins. Le Logis et Floréal Fig. 14. CENTRE DE LA GARDEN CITY. Howard, 1898 Fig 15. PLAN D’ENSEMBLE POUR LE LOGIS FLORÉAL par Louis Van der Swaelmen, 1925. Coll. CIVA/AAM, Brussels

d’équipements tels que des écoles publiques, des aires de jeux, des jardins et des églises. Au-delà et jusqu’au chemin de fer reliant les cités-jardins entre-elles à travers les terres agricoles, ce sont des usines, des magasins. Cet ensemble forme ce que l’équipe d’auteur.e.s du Metrolab Volume deux, étudiant la fabrique de l’infrastructure sociale à Bruxelles, considèrera comme «Le premier modèle de l’urbanisme de proximité accordant une place centrale aux équipements et espaces publics»32.

Le modèle se répand très vite en Angleterre sous le financement de la Garden Cities Association à partir de 1906, qui achète des terres en périphérie de Londres pour y construire Letchworth, dessiné par Raymond Unwin33

En Belgique en 1919 se crée la Société Nationale des Habitations et Logements à bon marché dans le but d’encourager les sociétés coopératives ou communales de logements sociaux grâce à des prêts à taux réduits (2,75%) et de longue durée (soixante-six ans). Il faut dire qu’après la guerre on estime le manque de logement social entre 200 000 et 300 000 unités34. Dès lors, le modèle de la cité-jardin se répand également en Belgique. Entre les deux guerres, vingt-et-une cités-jardins voient le jour à Bruxelles. Toutes installées en périphérie de la capitale, les nouvelles cités n’appliquent pas le modèle à la lettre en s’installant en lien avec une ville existante plutôt que comme un modèle autonome. Louis Van der Swaelmen, y préfèrera luimême le terme de quartier-jardin en ce qui concerne Le Logis-Floréal. En effet, l’autonomie économique et politique prônée par le modèle théorique est impossible à mettre en place au sein même de l’organisation bruxelloise.

« Ici et du reste nulle part en Belgique, nous ne créons point de cité-jardin proprement dite, mais nous faisons de l’extension de ville méthodique, de l’urbanisation organique, sous la forme de quartiers-jardins (...) et il faut attribuer ici, au terme de cité-jardin, la seule signification d’un groupement de constructions en densité limitée, disposées dans des écrins de verdure »35

À nouveau, comme pour les vastes plans de reconstructions post première guerre mondiale, la complexité de l’administration belge ne semble pas propice à l’aménagement d’un plan autonome et en résulte un plan qui réalise un certain compromis avec le contexte existant. Cependant, pour la première fois, la dichotomie qui existait sous la tutelle du roi Léopold II (cf. p.28) est rompue, l’urbanisme de

32 Carlier, Louise, Geoffrey Grulois, Benoît Moritz, et Pauline Varloteaux. « vol.2 — Regard historique et réflexif sur les modèles et les outils de l’urbanisme de proximité à Bruxelles », s. d. (consulté le 27 juillet 2023)

33 « Letchworth Garden City | International Garden Cities Institute ». Consulté le 27 juillet 2023. https://www.gardencitiesinstitute.com/resources/garden-cities/letchworth-garden-city.

34 Eggericx, Laure, et Yves Hanosset. Les Cités-Jardins : le Logis et Floréal. Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire. Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Direction des Monuments et des Sites, 2003. https://patrimoine.brussels/liens/publications-numeriques/versions-pdf/bvah/les-cites-jardin-le-logis-etfloreal.

35 Propos de Louis Van der Swaelmen retranscrits dans : Ibid.

35

logements ouvriers et celui des espaces verts se rejoignent dans un projet commun qui connaitra un grand succès en Belgique.

La mise en place des cités-jardins continuera jusque dans les années 1950. Parallèlement, et pour en revenir au chevauchement de styles et de courants, les Congrès Internationaux d’Architecture Moderne, plus communément appelés par leur abréviation « CIAM », se tiennent à onze reprises entre 1928 et 1959. D’autres têtes belges de l’architecture et de l’urbanisme, mais aussi issues du monde de la politique s’inspirent alors de la vision de Le Corbusier qu’il partage lors de la Charte d’Athènes en 1957 et dans laquelle il décrète que «le zonage, en tenant compte des fonctions clefs : habiter, travailler, se recréer, mettra de l’ordre dans le territoire urbain. La circulation, cette quatrième fonction, ne doit avoir qu’un but : mettre les trois autres utilement en communication»36.

En 1940 donc, puis en 1946, deux arrêtés-lois, malgré la réticence des communes, seront émis par l’État, lancent les démarches afin d’entreprendre des aménagements à l’échelle des régions. Par la même occasion, l’État met en place la fonction de «délégué de l’État à l’administration de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire»37 (AUAT), qui commandera une étude ainsi que la mise en place d’un plan à l’échelle de Bruxelles et ses agglomérations au groupe Alpha, bureau composé d’architectes et urbanistes, en 1948. Celui-ci proposa alors une division du territoire bruxellois en cinq secteurs d’action et trente-cinq unités d’aménagement, ellesmêmes composées d’unités de voisinage et d’unités d’habitation. Chaque échelon correspond à un périmètre, classé dans l’ordre décroissant et comportant chacun des équipements spécifiques ainsi qu’un espace vert. Pour chaque secteur d’action, le groupe préconise la mise en place d’un parc public de dix à quinze hectares ; par unité d’aménagement, un parc public de cinq hectares ; dans chaque unité de voisinage, une plaine de jeux verdurée associée à un équipement sportif ; un espace de jeux verduré dans chaque unité d’habitation38

Dès lors, en 1962, sera publié ce qui sera considéré comme la première loi relative à l’aménagement du territoire en Belgique39, dans laquelle une hiérarchie de plans à quatre niveaux est prévue. L’ordre décroissant se constitue comme tel : les Plans Régionaux sont aux mains de l’État, dont les objectifs énoncés doivent trouver application dans les Plans Secteurs, aux mains des régions ainsi que les Plans Généraux d’Aménagement (PGA) et les Plans Particuliers d’Aménagement (PPA) émis par les communes40. Une première considération pour une forme de participation

36 Le Corbusier, La charte d’Athènes, Paris, Minuit, 1957 (1933), p.99

37 Sénat de Belgique. Loi organique de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme (1946).

https://www.dekamer.be/digidoc/OCR/K3125/K31252066/K31252066.PDF.

38 DE BEULE, M. et al. Op. Cit.

39 DE BEULE, M. et al. Op. Cit.

40 Ministère des Travaux publics. Loi organique de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme (1962).

36
37
Fig. 16. PLAN SATELLITE, 1958. Groupe Alpha
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5km 4 3 2 1 0 08.13.2023 5km 4 3 2 1 0
Fig. 18. PARK SYSTEM D’ANDERLECHT (Parc des Étangs). Le Soir.

sera également mise en place via des commissions consultatives faisant appel à des représentants des intérêts culturels, sociaux et économiques, mais pas encore avec les habitant.e.s.

Jugé trop dirigiste et politiquement difficile à mettre en place, Victor Bure, directeur de l’AUAT, n’approuvera pas le plan proposé par le Groupe Alpha. En 1965, bien que la loi soit déjà passée, le plan est à recommencer. La deuxième proposition se créera alors dans un contexte post expo 58 où la ville est dédiée à la voiture. Prévoyant un réseau routier imposant, le plan subira des critiques virulentes et l’opposition des communes avant de disparaître.41 En absence de ce plan régional, c’est alors le Plans Secteur qui prévaut dans la hiérarchie. Le Plan Secteur est établi en 1979, et consiste plus à réglementer l’occupation du sol qu’à établir des objectifs et s’inspire fortement par la charte d’Athènes en établissant un zonage empêchant la mixité urbaine. Avant 1979, l’absence d’un Plan Régional et de Plans Secteur donnent alors la priorité aux Plans résidant aux mains des communes. Ainsi, à Anderlecht, le Park System naitra de la simple volonté de la commune, en collaboration avec acteurs privés Etrimo et Amelincks42, en puissance en Belgique durant la seconde moitié du XIXe siècle suite à l’instauration de la loi de 1889 permettant l’expropriation aux promoteurs déjà propriétaires de la moitié d’un ilot43. . La commune partageant clairement l’intention de suivre les recommandations de la Charte d’Athènes44, le Park System nait sous la forme d’immeubles de logements denses posés sur un tapis vert rendu possible par l’adoption d’une loi adoptée par le conseil communal en 1947 instaurant le gel de l’urbanisation de la vallée de la Pede.

Il y là un retournement de la forme de l’ilot, passant de l’ilot fermé à l’lot ouvert. Cette typologie se reproduira dans la seconde couronne comme à Woluwe-SaintLambert ou encore à Watermael-Boistfort. Le tapis vert sur lequel ces immeubles à appartements se posent sera parfois un jardin sur dalle, celle-ci surplombant un parking.

Ces tapis verts, bien qu’ils puissent être plus généreux que les jardins des ilots fermés, paraissent alors complètement superficiels sur leur couche de béton et le tapis vert dépourvu de diversité d’espèces biologiques. Face à cela, mais aussi suite aux interrogations suivant la crise pétrolière de 1973 qui remet en cause le milieu de l’automobile, la Belgique se pourvoira d’un nouveau mouvement porté par le professeur à l’Université Libre de Bruxelles, Paul Duvigneaud. Botaniste et chimiste, il

41 DE BEULE, M. et al. Op. Cit.

42 Lettre de J. Janssens à J. Simonet, bourgmestre d’Anderlecht du 6 janvier 2004, Archives de la Faculté d’Architecture de l’ULB, Fonds Janssens, boîte 5 «Pede 3, farde 4 «Parc de la Pede».

43 DE BEULE, M. et al. Op. Cit.

44 Duponcelle, Michel. « Le Park System à Anderlecht. Une ville construite à la campagne. » Marcel Vermeulen, 2018. https://www.anderlecht.be/sites/default/files/medias/Files/tourisme/ParkSystemFR.pdf.

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publie La Synthèse écologique45 sur le thème des écosystèmes urbains et peu après, son équipe produira une Carte écologique de l’occupation du sol et des degrés de verdurisation de l’Agglomération bruxelloise, une première en Europe46 Son influence mènera vers une création «à mi-chemin entre la création paysagère et la mise en valeur des lieux semi-naturels, existants ou reconstitués»47 dont le parc Roi Baudoin, à Jette, sera un exemple. Divisé en trois phases d’est en ouest inaugurées respectivement en 1981, 1983 et 1991, la commune soit par ce biais relier plusieurs domaines arborés en reprenant des espaces déjà semi-naturels ou en en créant de nouveaux pour qu’ils soient lieux de biodiversité tout en étant accessibles au public.

Comme le rapporte Sarah Levy dans sa thèse La planification sans le plan. Règles et régulation de l’aménagement du territoire bruxellois48, Le monde universitaire est également influencé par d’autres théories urbanistiques contraires à ce qu’il vient de se dérouler de se dérouler en politique. L’école d’Architecture de La Cambre rejoint en effet la vision de Léon et Rob Krier pour la reconstruction de la Belgique partagée lors du Colloque International de La reconstruction de la ville européenne à Bruxelles en 1978. Celle-ci est également rejointe par les Archives d’Architecture Moderne et Inter Envrionnement Bruxelles (IEB), qui regroupe près d’une centaine de comités de quartier. S’opposant au développement bruxellois des années 1960, leur vision s’inspire du Plan Régulateur Général de Bologne lancé après la Seconde Guerre mondiale, considérant la ville autant comme un tissu urbain qu’un tissu social et prônant la réhabilitation des quartiers détruits selon les caractéristiques des quartiers centraux anciens en conservant la population sur le territoire. À ces fins, le plan de Bologne a notamment recours à la participation49 !

Ainsi, peu avant la régionalisation de Bruxelles, la rénovation se met en place via certaines tentatives à des échelles locales. Les Rénovations d’ilots apparaissent en 1978 et ensuite les Rénovations d’immeubles isolés en 1980 dans le but de rénover 20 000 logements du centre et de la première couronne, ainsi que des bâtiments communaux. Mais en 1989, à la régionalisation, seulement 2 850 logements sur les 20 000 espérés sont réellement rénovés. En 1984, la Région met également en place des primes à la rénovation pour les logements situés dans ce qui sera la première limite d’espace de rénovation : la Zone à protéger et à rénover (ZPR), elle identifie les quartiers dans lesquels les dégradations physiques et sociales sont jugées les plus importantes dans la future capitale.

45 Bourlière, François. « Duvigneaud, P. — La synthèse écologique. Populations, communautés, écosystèmes, biosphère, noosphère. Paris, Doin, 1974 ». Revue d’Écologie (La Terre et La Vie) 28, nᵒ 3 (1974): 479-80.

46 HENNAUT, E., WIESER BENEDETTI, U. Op. Cit.

47 Ibid.

48 Levy, Sarah. « La planification sans le plan. Règles et régulation de l’aménagement du territoire bruxellois ». Universite Libre de Bruxelles, Université libre de Bruxelles, Faculté d’Architecture, Bruxelles, 2015.

49 Viaro, Alain. « Bologne : une rénovation urbaine exemplaire ». Text/html,application/pdf,text/ html, 1 janvier 1976. https://doi.org/10.5169/SEALS-127846.

40
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Fig. 19. PLAN RÉGULATEUR GÉNÉRAL DE BOLOGNE. DÉFINITION DES SECTEURS D’INTERVENTION POUR LA RÉNOVATION, 1976

CARTE ÉCOLOGIQUE DE L’OCCUPATION DES SOLS ET DES DEGRÉS DE VERDURISATION DE L’AGGLOMÉRATION BRUXELLOISE / SITUATION EN MARS 1975, P. Duvigneaud, I. Goedhuys & M. Tanghe. Coll. CIVA, Brussels

42
Fig. 20.
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Fig. 21. PLANS PAR PHASE DU PARC ROI BAUDOIN. Bruxelles Envrionnement

À l’aube de la régionalisation de Bruxelles-Capitale, les acteurs et actrices qui prennent part à l’élaboration de l’aménagement du territoire bruxellois sont principalement issus de la pensée partagée dans le milieu universitaire, favorisant un urbanisme de proximité, l’étude des formes traditionnelles du tissu urbain et l’analyse du contexte social dans lequel les plans agissent par le biais notamment de la participation. Mais le territoire bruxellois et la politique urbaine ne sont pas exempts d’un héritage des formes qui reflètent les divers changements qui ont eu lieu au cours des deux siècles précédents de tentatives d’aménagement, allant de l’échelle régionale à l’échelle locale. Le territoire est alors aménagé selon les recommandations du plan secteurs et des plans communaux établis lors de la seconde moitié du XXe siècle, laissant apparaître en seconde couronne des formes d’espaces verts se liant au bâti selon les différentes applications des quartiersjardins et de la charte d’Athènes s’additionnant aux espaces verts précédents, majoritairement présents sous forme de parcs aux allures sinueuses qu’on formés le XIXe siècle au travers des pensées hygiénistes et l’esthétique des parcs à l’anglaise.

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04. POLITIQUES D’AMÉNAGEMENT

CONTEMPORAINES : 30 ANS DE CONTRATS

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Cette partie entend analyser le contexte dans lequel se développent les espaces verts qui font l’objet de ce mémoire. Dès lors, les aménagements paysagers liés à la politique explicitée ici seront analysés dans la partie suivante à travers les études de cas.

CONTRATS DE QUARTIER (CQ)

L’année 1989 signe l’autonomie de la Région Bruxelles-Capitale avec l’arrivée de ses propres politiques urbaines.

À cette époque, la capitale est, depuis l’Expo 58, majoritairement dédiée à la voiture, l’étalement urbain résultant de l’augmentation de population des années soixante en est l’activateur autant que la résultante. Le tissu bruxellois se présente majoritairement sous forme d’ilots fermés dans le centre tandis que la deuxième couronne, bien qu’on y voie également cette forme d’ilot, est le reflet des tentatives urbanistiques du XIXe siècle avec, tantôt un quartier-jardin, tantôt des ilots ouverts. Mais les premières politiques urbaines seront initiées par des personnages politiques, architectes et urbanistes issus de la pensée des frères Krier par le biais du monde universitaire (cf. partie 1). Cette vision est celle de la ville constituée comme fédération de quartiers50 qui nourrira l’imaginaire collectif de la ville de Bruxelles, perçue comme la «ville aux cent comités de quartiers»51

Le cahier Bruxelles change...! 10 ans de politique de la ville en Région de BruxellesCapitale52 renvoie également au contexte sociétal d’une époque où les habitant.e.s sont marqué.e.s par la Bruxellisation53 qui a fait suite à l’Expo 58 qui lança la réalisation des grandes artères, des immeubles dédiés aux institutions européennes et de l’apparition plus ou moins soudaine des immeubles de bureaux, notamment dans le quartier Léopold. Le cahier semble alors indiquer que de nombreux comités de quartiers se sont créés en réaction à cela, revendiquant une conservation de l’ancien et la création de logements neufs. Il semble donc que l’arrivée de la Région Bruxelles-Capitale, se fasse alors que le développement se fait au détriment des bruxellois, voulant se faire écouter.

50 Rational Architecture: The Reconstruction of the European City = Architecture Rationnelle : La Reconstruction de La Ville Européenne. Bruxelles: Éditions des Archives d’architecture moderne, 1978.

51 Levy, Sarah. « La planification sans le plan. Règles et régulation de l’aménagement du territoire bruxellois ». Universite Libre de Bruxelles, Université libre de Bruxelles, Faculté d’Architecture, Bruxelles, 2015.

52 Bruxelles change...!: 10 ans de politique de la ville en Région de Bruxelles-Capitale. Les cahiers du SRDU 4. Bruxelles: Secrétariat Régional au Développement Urbain, 2007.

53 Sans être citée dans la première partie du mémoire, la notion de Bruxellisation est largement explicitée à travers celle-ci. Néanmoins, nous pouvons la résumer comme étant un néologisme apparu dans les années 1970, désignant la politique d’aménagement du territoire largement dédiée à la voiture et au mains des promoteurs immobiliers.

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Le Contrat de quartier nait alors dans un climat de tensions urbaines et plus particulièrement à la suite d’un weekend d’émeutes à Forest les 10,11 et 12 mai 1991 que Mathieu Berger retrace dans son livre Le temps d’une politique. Chronique des Contrats de quartier bruxellois54 à partir d’articles de presse de l’époque. Ceux-ci comparent le climat bruxellois à celui des banlieues françaises, dans lesquelles un outil de rénovation urbaine appelé le «Développement Social des Quartiers» (DSQ) inspirera le Contrat de Quartier qui se voit alors comme un outil pacificateur par le biais de la «participation» permettant aux habitant.e.s de s’exprimer.

Trois législations formeront les outils de rénovation urbaine du début de la capitale.

L’Ordonnance Organique de la Planification Urbaine (OOPU) du 29 aout 1991, instituera les premières règles d’urbanisme et d’aménagement du territoire qui régiront la capitale belge en appuyant plusieurs notions dans le texte, notamment, la participation du public concerné dans la planification urbaine, une certaine considération pour la protection du patrimoine et la mise en place de plans hiérarchisés, remplaçant ceux prévus par la loi de 196255. Elle met également fin à la possibilité de recourir à l’expropriation dont les promoteurs jouissaient en étant propriétaire de la moitié d’un ilot, tentant ainsi de mettre fin au règne de la promotion immobilière incontrôlée.

L’Ordonnance Organique de la Revitalisation des Quartiers du 07 octobre 1993 institutionnalisant l’outil du Contrat de Quartier en ces termes et l’Ordonnance relative à la Dotation Générale des Communes (DGC) du 10 mars 1994 permettront quant à elles à la Région de financer les communes pour « un programme quadriennal de revitalisation des quartiers »56 soit, les Contrats de Quartier.

Ainsi, le Plan Régional de Développement (PRD), remplace le Plan Régional ; le Plan Régional d’Aménagement du Sol (PRAS), remplace le Plan Secteur ; les Plans Communaux de Développement (PCD), remplacent les Plans Généraux d’Aménagement et les Plans Particuliers d’Aménagement du Sol (PPAS) remplacent les Plans Particuliers d’Aménagement.

Le premier Plan Régional de Développement (PRD) initié en 1991 et adopté officiellement en 199557 répond à la demande de Charles Picqué, à l’époque ministre président de la Région, et Paul Vermeylen, son conseiller, d’apporter une

54 Berger, Mathieu. Le temps d’une politique: chronique des contrats de quartier bruxellois.

Bruxelles: CIVA, 2019.

55 Ordonnance organique de la planification et de l’urbanisme, Pub. L. No. 34 (1991). https:// faolex.fao.org/docs/pdf/bel40235.pdf.

56 Berger, Mathieu.Op. Cit.

57 Gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale. Plan régional de développement (1995).

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réponse «intégrée »58 et pas seulement urbanistique. Les préoccupations sont donc également d’ordre social, culturel, économique et sécuritaire. À valeur indicative, il fixe les priorités et moyens d’action pour répondre aux différents enjeux liés à ces préoccupations59. L’établissement de ce plan est pour la Région, l’occasion d’établir des premiers constats à partir d’une étude du territoire. En effet, le PRD soulève une liste de problèmes sur lesquels il faudra agir, notamment l’exode urbain, l’augmentation du taux de chômage, le manque de qualité du cadre de vie, la paupérisation et la marginalisation d’un part de la population ...60 Le gouvernement soutient, par le biais d’un article publié par Charles Picqué dans la revue A+ en 2000, que «le ‘Projet de Ville’ exprime un ensemble d’objectifs, économiques, sociaux et culturels, qui ne seront atteints qu’au prix d’un important effort d’amélioration du cadre de vie et d’embellissement»61

Dans l’ordonnance organique de 1991, la dimension intégrée désirée par les politiques va s’inscrire selon quatre mesures :

Une collaboration d’acteurs multiples aux compétences multiples. La Région et les communes restent les actrices principales de l’outil, mais celui-ci est également ouvert aux associations, CPAS et aux habitant.e.s. Dès lors, la Région travaillera en partenariat avec des institutions par-arégionales telles que l’Administration de l’Aménagement du Territoire et du Logement (AATL), l’Administration des Pouvoirs Locaux (APL), la Société pour le Logement de la Région Bruxelloise (SRLB), les Sociétés Immobilières de Service Public (SISP), les Fonds du Logements, la Société de Développement pour la Région Bruxelles-Capitale (SDRB), l’Administration de l’Équipement et des Déplacements, Bruxelles Environnement, la Direction des Infrastructures des Transports (DIT) et le Service Fédéral de Mobilité et Transports (SPFMT) dans le cadre de la revitalisation urbaine.

L’échelle visée par le Contrat de Quartier tient en son nom et élargit les politiques de Rénovation d’ilot et de Rénovation d’immeuble isolé à l’échelle du quartier. L’imaginaire du quartier déjà présent à Bruxelles depuis le XXe siècle et renforcé par les propositions de Krier, nécessitera tout de même d’institutionnaliser de nouvelles limites. Aujourd’hui, le Monitoring des quartiers (IBSA), qui analyse la ville selon plusieurs indicateurs sociétaux, démographiques et économiques en est la preuve, en cartographiant le territoire selon 145 quartiers contigus62

58 La dimension «intégrée» est explicitée lors du projet d’ordonnance organique de la revitalisation des quartiers anciens (28 juillet 1992) par le Conseil de la Région Bruxelles-Capitale comme « englobant l’action sur la brique, le pavé, l’arbre et l’homme ». Ordonnance organique de la planification et de l’urbanisme. Op. Cit.

59 GUÉRIN, A., MAUFROY, L., RAYNAUD, F.. Op. Cit.

60 ibid.

61 Picqué, Charles. « L’utopie mobilisatrice de l’embellissement ». Revue A+, juin 2000, p.45

62 « Home Page - Monitoring des Quartiers ». Consulté le 2 août 2023. https://monitoringdesquartiers.brussels/

50
51
Fig. 22. CARTE DES QUARTIERS STATISTIQUES DE BRUXELLES
5km 4 3 2 1 0
Fig. 23. PLAN RÉGIONAL D’AFFECTATION DU SOL ACTUEL (PRAS).

Les actions menées, autrefois concentrées sur la construction et la rénovation des logements, s’agrémentent alors de la requalification des espaces publics et d’actions visant la cohésion sociale.

Enfin, l’ordonnance fixe un délai de quatre ans pour l’élaboration à laquelle il faut ajouter deux ans de mise en œuvre. Cette mesure permettra surement de contrer les tentatives abandonnées telles que celles connues par le passé après parfois dix ou vingt ans de réflexion.

Le PRD redéfinit également la ZPR de 1984 en prévoyant l’Espace de Développement Renforcé du Logement (EDRL), considéré comme manquant d’investissement en termes de logements accompagné d’une dégradation des espaces publics, où se concentreront l’ensemble des opérations de rénovation urbaine.

Le Plan Régional d’Affectation du Sol (PRAS) quant à lui, voit le jour dix ans plus tard, en 2001. Il est réglementaire et doit intégrer les recommandations du PRD, rendant celui-ci, à l’origine indicatif, indirectement réglementaire. Il définit l’affectation des différentes zones de Bruxelles.

La zone de l’EDRL sera revue à l’occasion de l’établissement d’un second PRD en 2001 confirmant les premières conclusions établies par le PRD de 1991 (finalisé en 1995) et appuyant davantage les déséquilibres socio-spatialisés entre l’ouest du pentagone dans lequel se concentre les ilots considérés comme précarisés et l’est, plus riche. L’EDLRL, Espace de Développement Renforcé du Logement et de la Rénovation apparait alors ainsi que quatorze Zones Leviers dans lesquelles le Région considère comme des opportunités à son développement. L’EDRLR est caractérisé par une population très jeune qui influencera l’aménagement des espaces publics du début des Contrats de Quartiers. En effet, en 2005, le cahier « Bruxelles change...! : 10 ans de politique de la ville en Région de Bruxelles-Capitale » identifiera seulement deux types d’espaces verts : les nouveaux espaces verts, sous forme de parcs principalement et les espaces récréatifs, se logeant dans des espaces résiduels à l’échelle locale63.

L’APPLICATION DES CONTRATS DE QUARTIER

De manière à agir de façon intégrée, le financement des CQ s’opère selon cinq volets dédiés à des enjeux différents : le logement, financé majoritairement par le public, il peut dans certains cas faire l’objet d’un financement privé ; les espaces publics ; les équipements de quartier ; les initiatives économiques et sociales64

63 GUÉRIN, A., MAUFROY, L., RAYNAUD, F. Op. Cit.

64 Herregods, Patrick. « Contrat de Quartier : mode d’emploi ». Patrick Crahay. Service de Rénovation urbaine. Consulté le 31 juillet 2023. https://www.ixelles.be/site/fr/download/contrats/contratquartiermodeemploi.pdf.

53

Dans un premier temps, les quartiers concernés par les CQ se situent dans l’EDRL puis dans l’EDRLR à partir de 2001. En 2010, la modification législative des Contrats de quartier instaurant les Contrat de quartier Durables commanditera une étude, appelée Plan-Guide65 qui permettra de définir une nouvelle zone, la Zone de Rénovation Urbaine (ZRU)66 (cf. p.64).

Comme prévu par l’ordonnance de 1991, il se tiennent sous la forme d’un programme quadriennal suivi de deux ans accordés à la mise en oeuvre. Les neuf premiers mois sont destinés à l’élaboration d’un dossier de base, réalisé par un bureau d’études, établissant un programme à partir d’une étude menée in situ, en collaboration avec des acteurs et actrices de terrain se réunissant au sein de la Commission Locale de Développement Intégré (CLDI). Ce dossier de base doit contenir une étude de l’existant (relevé de l’état physique du quartier, situation existante de droit, une analyse thématique et les priorités à mettre en œuvre dans l’élaboration du programme) et l’élaboration d’un programme comprenant : un plan du périmètre, les opérations immobilière en cours et réalisées durant les dix dernières années, une liste des immeubles concernés par l’opération, une description des acquisitions et des travaux à réaliser, un schéma directeur précisant la nature des opérations ainsi qu’un calendrier prévoyant leur réalisation, une description des mesures sociales envisagées, un plan financier, une prévision de l’évolution du marché immobilier et enfin, un programme de sauvegarde du patrimoine.

Une fois approuvé par la CLDI, le programme est présenté aux habitant.e.s du quartier et soumis à une enquête publique. Ensuite, une Commission de Concertation, composée de fonctionnaires délégué.e.s représentant la commune, la Région, l’Institut Bruxellois de Gestion de l’Environnement (IBGE) et la Société de Développement Régional de Bruxelles (SDRB), est tenue afin d’entendre la parole de toute personne voulant intervenir, y compris les habitant.e.s. Elle doit analyser les requêtes avant de remettre un avis.

Si le programme est approuvé par le Conseil Communal, il peut alors être envoyé pour approbation à la Région.

Ainsi, co-financé par la Région et les communes concernées, les Contrats de quartier visent à répondre aux besoins d’équipements communautaires manquants dans les quartiers, ces équipements comprennent aussi bien des espaces sportifs, culturels, de service au quartier tel que les crèches, que d’espaces extérieurs. À partir de là, il n’y a plus de réelle distinction où de hiérarchie d’importance accordée aux espaces verts comme ça a pu être le cas dans certains plans d’aménagement du XIXe et XXe

65 MSA, et IDEA Consult. « Plan-Guide de la rénovation urbaine ». 2013. http://urbanisme.irisnet. be/pdf/ppt-midis-aatl/planguidemidiaatl.pdf

66 capitale, ministere de la region de bruxelles-. « Ordonnance du 28/01/2010 organique de la revitalisation urbaine ». Ordonnance. etaamb.openjustice.be. Moniteur Belge, 28 janvier 2010. https:// etaamb.openjustice.be/fr/ordonnance-du-28-janvier-2010_n2010031069.html.

54
55
Fig. 24. LA TACHE - CARTES REPRÉSENTANT LES ZPR, EDRL, EDRLR ET ZRU. Pauline Varloteaux

siècles. Les besoins du quartier sont analysés et reportés dans le dossier de base ainsi que les moyens d’y répondre.

LES PREMIERS CONTRATS DE QUARTIER

Depuis son institution en 1993, l’outil du Contrat de quartier a connu des changements que l’on pourrait définir comme vagues ou générations, marquées par des tournants clairs sous la forme de loi ou de nouveaux plans. Ceux-ci sont retracés dans l’ouvrage de Mathieu Berger ainsi que dans le Metrolab mais ils sont également rapidement rendus visibles par l’analyse des espaces verts dont ce mémoire fait objet.

Durant ses premières années, le CQ était principalement dédié à la remise en état des voiries, à la construction et la rénovation des logements. La carte ci-après, tirée du cahier Bruxelles change...! : 10 ans de politique de la ville en Région de BruxellesCapitale67 montre d’ailleurs clairement un investissement se concentrant sur les trottoirs et les voiries. C’est pourquoi, nous le verrons par la suite, peu d’espaces verts entrant dans les critères du tableau de comparaison étudié dans le cadre de ce mémoire datent des années 1990. Les espaces publics intégrés dans ces programmes de cette première génération étant majoritairement minéralisés, sous forme de place principalement. Dans le Metrolab dédié aux Infrastructures Sociales, on peut lire :

« Dans un premier temps la démultiplication des opérations de petite échelle vise à consolider les tissus traditionnels (place entourée d’ilots à courtine) en rénovant les places et les logements, en reconstruisant les angles et définissant des espaces verts en intérieur d’ilot »68

Un premier tournant s’opère, selon Mathieu Berger, au début des années 2000 puis plus particulièrement dans le cadre du CQ Maritime (2003-2007). Quand la période quadriennale commence, la relation entre les habitant.e.s du quartier molenbeekois et les autorités est particulièrement tendue. Les bureaux O2 Consult, L’Escaut et MSA, ayant été sélectionnés pour l’élaboration du dossier de base, se trouvent confrontés à une population réfractaire, il faut alors innover dans le processus de participation. Heureusement, l’énergie soutirée d’une partie de la population remontée, activée par ses comités de quartiers, notamment celui se prénommant Le Maritime combinée à l’énergie des bureaux d’études intéressés par les nouveaux modes de participation ont permis l’élaboration d’un projet commun, ne se limitant pas à aménager le territoire, mais plutôt à, comme on peut le lire dans le dossier de base du CQ, « développer une stratégie forte »69. Cette stratégie réside dans

67 Bruxelles change...!: 10 ans de politique de la ville en Région de Bruxelles-Capitale. Les cahiers du SRDU 4. Bruxelles: Secrétariat Régional au Développement Urbain, 2007.

68 Carlier, Louise, Geoffrey Grulois, Benoît Moritz, et Pauline Varloteaux. « vol.2 — Regard historique et réflexif sur les modèles et les outils de l’urbanisme de proximité à Bruxelles », s. d. (consulté le 27 juillet 2023)

69 MSA, L’Escaut, et 02 Consult. « Dossier de base Contrats de Quartier Maritime », 2003.

56
57
Fig. 25. CARTE DE LA REQUALIFICATION DES ESPACES PUBLICS ENTRE 1995 ET 2005. Bruxelles change...!: 10 ans de politique de la ville en Région de Bruxelles-Capitale
58
Fig. 26. PROPOSITION DE LOGO POUR LE CQ MARITIME PAR UN MEMBRE DU COMITÉ «LE MARITIME»

la mise en application d’un plan cohérent ne devant pas être dictée par la logique administrative respectant un équilibre entre les différents volets de financement mais plutôt, en inversant l’ordre des volets, à accentuer l’attention sur les initiatives socioéconomiques70. Ainsi, l’intention est de mettre en place « un grand équipement communautaire ». L’importance de cet équipement devient telle qu’un tiers du budget du CQ y sera attribué, là où autrefois, il s’agissait d’une addition de petites actions étalées sur l’entièreté du périmètre du CQ, il s’agit maintenant de répondre aux besoins , plus particulièrement sociétaux que formels tels que pourraient être la réfection d’un trottoir, de ce même périmètre en un point rassembleur.

Le CQ Maritime donne suite à un deuxième CQ, Escaut-Meuse (2004-2008), appelé «Maritime Bis» par certains71. L’outil de la participation s’aiguise par des « marches exploratoires »72 et l’aire de jeux Jean Dubrucq, l’engouement qui englobe le projet et sa volonté de développer une stratégie forte ont mené les habitant.e.s, les bureaux d’études et les politiques à voir plus loin. De ça est né le Parc L28, dont l’envergure n’est plus seulement locale mais régionale, dont nous parlerons lors de la première étude de cas (cf. p.109). L’outil des Contrats de quartier gagne en importance, l’échelle locale va s’intégrer davantage dans des stratégies à l’échelle régionale, faisant office de « Rôle de Levier »73.

70 BERGER, M. Op. Cit.

71 BERGER, M. Op. Cit.

72 MERCIER, C. et MORITZ, B. (2008) « Démarche participative et projets de logements publics : du nimbysme au wimbysme? » Dans BERGILEZ, J-D., GUISSE, S. et GUYAUX, M-C. (dir.). Architecture et réflexivité. Une discipline en régime d’incertitude, Bruxelles : La lettre volée.

73 BERGER, M. Op. Cit.

59

CONTRATS DE QUARTIER DURABLES (CQD)

Un deuxième tournant notable apparait en 2010, lorsque Evelyne Huytebroeck, à l’époque ministre régionale de la Rénovation urbaine74, fait promulguer une nouvelle Ordonnance Organique de la Rénovation Urbaine ajoutant à celle de 1991, le terme « durable » après celui du « Contrat de quartier ». Par là, la ministre entend bien appuyer ce rôle de levier. Notamment à travers la création de « projets phares » pour lesquelles la dimension environnementale doit être une priorité. L’envergure de la démarche, inscrite dès lors dans une pensée régionale, nécessite un aménagement dépassant l’échelle du projet local. Cet agrandissement d’échelle nécessitera également d’aller chercher d’autres sources de financement soit chez des opérateurs sectoriels comme Bruxelles Environnement, City Dev, la STIB, etc ; soit en allant chercher d’autres subsides comme les Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) comme c’est le cas pour le CQD Abbaye (2014-2018) par exemple.

Le saut d’échelle de l’outil du Contrat de Quartier, devenu Contrat de Quartier Durable s’opère réciproquement. En effet, alors que le Maillage Vert et Bleu de Bruxelles apparait pour la première fois suite à l’adoption du premier PRD et s’intègre ainsi dans l’aménagement régional, le Contrat de Quartier Durable l’intègre maintenant à l’échelle locale également. Il sera remanié en 2011 et 2013 en même temps que le plan dans lequel il s’inscrit.

Peu avant cela, on assiste dans les années 2000 à l’enrichissement du vocabulaire urbanistique par l’ajout de termes comme «corridors écologiques» ou encore «coulée verte» ou «éco-quartier»75. Alors que l’urbanisme du XIXe et XXe siècles considère l’espace vert d’abord par intérêt hygiéniste et ensuite comme infrastructure sociale, il rejoint maintenant davantage la pensée de Duvigneaud en y ajoutant plus de considérations écologiques, d’accueil à la biodiversité et de la continuité de celleci. Nous le verrons plus tard, ces considérations ont un impact sur l’aménagement paysager des espaces verts.

Le maillage vert, instauré en 1996 est ajouté au PRAS dès sa création en 2001, est établi dans le but de générer des continuités vertes à travers le tissu bruxellois par des liaisons reliant différents «noeuds» verts afin de permettre une certaine mobilité de la faune et la flore. Le maillage cartographie alors les continuités qui existent et celles qu’il faut créer. Institué à l’échelle régionale via le PRAS, les autorités entendent bien constituer sa création par l’addition de petites interventions en contraignant les aménagements postérieurs au PRAS à devoir appliquer ces recommandations.

74 Ministère de la region de bruxelles-Capitale. « Ordonnance du 28/01/2010 organique de la revitalisation urbaine ». Ordonnance. etaamb.openjustice.be. Moniteur Belge, 28 janvier 2010. https:// etaamb.openjustice.be/fr/ordonnance-du-28-janvier-2010_n2010031069.html.

75 Mehdi, Lotfi, Christiane Weber, Francesca Di Pietro, et Wissal Selmi. « Évolution de la place du végétal dans la ville, de l’espace vert a la trame verte ». VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, nᵒ Volume 12 Numéro 2 (12 septembre 2012). https://doi.org/10.4000/vertigo.12670.

60

Mais également par l’encouragement explicite des citoyen.ne.s à suivre la démarche, comme on peut le lire sur la page de Bruxelles Environnement :

«Chaque citoyen peut contribuer au maillage vert par des gestes concrets : « verduriser » façades et toitures, planter des arbres dans les jardins… sont autant de petites actions pouvant contribuer à établir des « relais » pour la biodiversité.»76

76 « Les maillages », 28 juillet 2017. https://environnement.brussels/citoyen/nos-actions/projets-et-resultats/les-maillages.

61
Fig. 27. MAILLAGE VERT. Bruxelles Environnement
62
Fig. 28. PRD, PROJET DE VILLE, 1995. Région Bruxelles-Capitale
63 4 3 2 1 0 08.14.2023 5km 4 3 2 1 0
Fig. 29. PRDD, PROJET DE VILLE, À JOUR. Région Bruxelles-Capitale

CONTRATS DE RÉNOVATION URBAINE (CRU)

L’ambition guidée par les Contrats de Quartiers Durables grandissante amène la Région à vouloir institutionnaliser un nouvel outil pouvant répondre à une planification de plus grande envergure. Un Plan-Guide77 est alors commandé par les autorités en 2011. Il sera réalisé par MSA et IDEA Consult dans le but, comme son nom l’indique, de guider à Région vers l’élaboration de nouvelles pratiques qui donneront lieu au Contrat de Rénovation Urbaine (CRU).

En 2011, le Plan-Guide établit d’abord des constats analysant le territoire bruxellois sous plusieurs angles :

D’ordre socio-démographiques, les premiers constats présentent des mouvements migratoires asymétriques concentrant les populations les plus défavorisées dans le «croissant pauvre», au nord-ouest du pentagone. Aussi, l’ouest de la seconde couronne voit sa situation se dégrader en termes d’accès à l’emploi, de vieillissement de la population et sert de point d’arrivée aux flux migratoires issus du croissant pauvre.

L’étude établit également des constats par rapport à la gouvernance publique en identifiant l’augmentation de l’investissement des acteurs régionaux (Bruxelles Environnement, SDRB, SLRB)

Enfin, les constats d’ordre spatial déplorent une rénovation interne des quartiers issue tout droit des CQ(D) excluant la possibilité de travailler sur les axes. Seule la connectivité inter-quartiers via le maillage vert est discutée au détriment des grands axes à nouveau et des transports en commun.

Tout comme le CQ(D), le CRU institué en 2016 à la suite du Plan-Guide, est un outil de revitalisation urbaine avec pour objectif d’agir sur le logement et les infrastructures collectives mais à la différence des premiers dispositifs, l’attention est ici portée sur l’espace public et le maillage urbain par le biais de projets pluri-communaux. Il ne vient donc pas remplacer son prédécesseur mais tend à le compléter.

Le Plan-Guide a également été l’occasion de revoir le périmètre d’action de l’EDRLR maintenant appelé «Zone de Revitalisation Urbaine» (ZRU) (cf. p.55) . Les critères qui définissent le périmètre du ZRU sont : le taux de chômage inférieur à la moyenne, le revenu médian inférieur à la moyenne et la densité de population supérieure à la moyenne78

77 MSA, et IDEA Consult. « Plan-Guide de la rénovation urbaine ». 2013. http://urbanisme.irisnet. be/pdf/ppt-midis-aatl/planguidemidiaatl.pdf.

78 Perspective.brussels. « Zone de Revitalisation Urbaine (ZRU) ». Perspective.brussels, 25 août 2017. https://perspective.brussels/fr/projets/perimetres-dintervention/zone-de-revitalisation-urbaine-zru.

64

Selon Mathieu Berger, l’instauration du CRU doit ainsi permettre de dépasser la «pensée cellulaire»79, induite par l’imaginaire du quartier, qui porte son attention sur l’intérieur du périmètre du CQ(D) en négligeant ses limites et ses connexions avec l’extérieur et tellement ancrée qu’il conclut, peut-être hâtivement au vu de la jeunesse du dispositif, que la Région peine encore à se l’approprier.

CRU 1

CRU 6

CRU 3

CRU 5

CRU 7

CRU 4

CRU 2

Série 1 : 2017

CRU 1

CRU 2

CRU 3

CRU 4

CRU 5

Citroën - Vergote (Bruxelles ville et Molenbeek-Saint-Jean

Brabant - Nord - Saint-Lazare (Schaerbeek et Saint-Josse-ten-Noode

Gare de l’Ouest (Molenbeek-Saint-Jean et Anderlecht)

Avenue du Roi (Forest et Saint-Gilles)

Heyvaert - Poincaré (Bruxelles ville, Anderlecht et Molenbeek-Saint-Jean

Série 2 : 2020

CRU 6

CRU 7

Autour de Simonis (Koekelberg et Molenbeek-Saint-Jean)

Autour de la Gare du Midi (Bruxelles ville, Anderkecht et Saint-Gilles)

65
79 BERGER, Mathieu. Op. Cit.
Fig. 30. CARTE DES CONTRATS DE RÉNOVATION URBAINE

D’UNE INTERVENTION DANS LES QUARTIERS CONSOLIDÉS (à gauche) VERS LA PRISE EN COMPTE DES CONNEXIONS ET DES INTERFACES (à droite). MSA et IDEA Consult, Plan-Guide

66
Fig. 31.

CONTRATS D’AXES ET CONTRATS D’ILOTS (CACI)

Outre la mise en application du CRU, travaillant à échelle inter-communale comme un «gros Contrat de Quartier», le Plan-Guide préconise également la multiplication et la combinaison des outils et des acteurs. Ainsi, les Contrats d’Axe et les Contrats d’Ilot n’agissent plus sur des périmètres mais sur des points bien précis, délaissés des politiques de rénovation urbaine.

La question de la multiplication des acteurs peut sembler caduque dans une organisation régionale déjà bien complexe comme celle de Bruxelles. Cependant, cette intention semble rejoindre les conclusions apportées par la thèse de Sarah Levy, La planification sans le plan. Règles et régulation de l’aménagement du territoire bruxellois, dans laquelle, elle ses recherches démontrent que la multiplication des acteurs ne s’est pas faite de façon contrôlée mais qu’elle a en même temps amené une «multiplication des procédures normatives et procédurales qui organisent cette nouvelle gestion publique»80. Par « nouvelle gestion publique », Sarah Levy entend s’appuyer sur les travaux de Jean-Louis Genard sur la recomposition des Etats Modernes démontrant un «glissement au niveau des modalisations de responsabilité»81, engageant un rôle nouveau pour l’État, devenant coordinateur d’une multitude d’actions laissées aux mains des communes qui agissent dès lors de façon autonome, plus par moyen d’agir que par devoir. Il s’agit alors pour Sarah Levy d’un moyen de responsabilisation basé sur le modèle individuel en termes d’autonomie et de capacité.

Travaillant à échelle plus précise, les CACI permettront, en travaillant sur les axes, voiries régionales et éléments de maillage, de renforcer ce qui pour le moment relève de la «frontière» ou plutôt de «l’interface» selon les concepteurs du PlanGuide et de travailler sur les ilots de façon plus précise de manière à «renforcer les centralités»82 à partir d’un ilot de grande taille et complexe, comme l’est celui du projet DiverCity, donné en exemple (projet phare du CQ Primeurs - Pont de Luttre. Les premiers CACI débutent en cette année 2023 par l’ilot Querelle dans la ville de Bruxelles et l’ilot-axe Courtrai Ostende à Molenbeek-Saint-Jean.

Il est encore trop tôt pour rendre des conclusions de cet outil mais sur le site de Rudy Vervoort, nous pouvons déjà y voir les premières ambitions qui les guident, à savoir : le réaménagement des espaces publics, la création de nouveaux espaces verts en intérieur d’ilot, la dédensification des intérieurs d’ilot en vue d’y développer la biodiversité, l’aménagement d’infrastructures dédiées aux moyens de transports actifs, renforcer le maillage vert, ...

80 Levy, Sarah. « La planification sans le plan. Règles et régulation de l’aménagement du territoire bruxellois ». Universite Libre de Bruxelles, Université libre de Bruxelles, Faculté d’Architecture, Bruxelles, 2015.

81 Genard, Jean Louis. « Responsabilité et solidarité : Etat libéral, Etat providence, Etat réseaux », 2007, p.75-93.

82 MSA, et IDEA Consult. Op. Cit.

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CONTEXTES ET ENJEUX ACTUELS

Les politiques de rénovation urbaines successives décrites à travers les différents ouvrages précités montrent l’établissement de diverses stratégies liées à des constats d’ordre économique, social, culturel et démographique. Et bien qu’il y ai eu du mouvement à ces niveaux durant les trente dernières années, nous tentons ci-après de résumer la situation à ce jour.

Si dans les années 1960, l’augmentation de la population pouvait être absorbée par les terres encore non urbanisée de la périphérie, l’étalement urbain de ces années-là laisse aujourd’hui peu de place disponible sur le territoire bruxellois. Ainsi, la population de Bruxelles-Capitale ne cesse d’augmenter, depuis 2005 elle a augmenté de 250 000 habitant.e.s. et, nous le voyons sur les cartes issues du Monitoring des Quartiers83, il en va de même pour sa densité, exprimée en habitant.e par kilomètre carré (hab/km²). Cette diminution d’espace disponible nécessitera de faire part d’inventivité quant à la création d’espaces verts pour lesquels l’espace n’est plus prévu. Les zones inférieures à une densité de 5000 hab/km² étant situées dans la commune de Watermael-Boisfort, au sud, comprenant la forêt de Soignes, celle d’Anderlecht, à l’ouest où se trouve le Park System et le parc de la Pede et au nord, la commune de Koekelberg avec son parc du même nom et le domaine royal. Dans le centre, les quartiers les moins densifiés comprennent le Parc Royal et le Parc du Cinquantenaire ainsi que le Quartier Européen, majoritairement affecté aux immeubles de bureaux. Les quartiers les plus en crise, en termes de densité de population étant ceux qui l’étaient déjà lors de l’institution des premiers outils de rénovation urbaine, se trouvant principalement dans les communes de MolenbeekSaint-Jean, Schaerbeek, Saint-Gilles, Etterbeek et l’ouest du pentagone. Aujourd’hui ces zones se sont étendues au départ des mêmes points, touchant les communes contigües.

La densité de population est également liée à la nature du bâti, ainsi dans les communes les plus densifiées, nous observerons majoritairement des maisons bruxelloises divisées en plusieurs appartements ou des immeubles à appartements, avec, par conséquent une surface extérieure privée très limitée, voire absente. Tandis que nous trouverons davantage de villas avec jardin dans les communes moins denses et plus aisées. La part des logements ayant accès à un jardin privé est uniquement cartographiée pour l’année 2001 mais corrobore avec les propos énoncés et une autre carte sortie plus récemment, la carte reprenant le taux de végétalisation exprimé en pourcentages. Toutes deux sont étroitement liées à la densification. Seule l’année 2020 est répertoriée pour l’analyse du taux de végétalisation sur le même site mais la cartographie présentée, où il apparait clairement un déséquilibre entre le pourcentage de végétalisation, illustre bien les propos énoncés. L’existence même de cette carte démontre l’intérêt grandissant pour la végétalisation du tissu urbain

83 « Home Page - Monitoring des Quartiers ». Consulté le 2 août 2023. https://monitoringdesquartiers.brussels/

68

Sauf précision, les images de ce chapitres sont issues du Monitoring des quartiers

69 Densité de population (hab/km²) — 2021 < 5.000 5.000 > 8.000 8.000 > 14.000 > 18.000 Non disponible Moyenne régionale: 7511.21 5 km Fond de plan: Brussels UrbIS ®© CIRB Statbel (Direction générale Statistique Statistics Belgium) (Registre national) Densité de population (hab/km²) — 2010 < 5.000 5.000 > 8.000 8.000 > 14.000 > 18.000 Non disponible Moyenne régionale: 6708,16 5 km Fond de plan: Brussels UrbIS ®© CIRB Statbel (Direction générale Statistique Statistics Belgium) (Registre national) Densité de population (hab/km²) — 1991 < 5.000 5.000 > 8.000 8.000 > 14.000 > 18.000 Non disponible Moyenne régionale: 5912,6 5 km Fond de plan: Brussels UrbIS ®© CIRB Statbel (Direction générale Statistique – Statistics Belgium) (Registre national)
1991 2010 2021 Densité de population (hab/km²) — 2021 < 5.000 5.000 > 8.000 8.000 > 14.000 14.000 > 18.000 > 18.000 Non disponible
Fig. 33. CARTES STATISTIQUES DE LA DENSITÉ DE POPULATION EN RÉGION BRUXELLES-CAPITALE (hab/km²)
DU NOMBRE D’HABITANTS DE LA RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE DE 1989 À 2023.
Fig. 32. ÉVOLUTION

Part des logements ayant accès à un jardin privé (%) — 2001

Fig. 34 CARTE STATISTIQUE DE LA PART DES LOGEMENTS AYANT ACCÈS À UN JARDIN PRIVÉ EN 2001 (%)

Taux de végétalisation (%)

Part de la population à proximité d'un espace vert accessible au public (%)

Part de la population à proximité d'un espace vert accessible au public (%)

EN 2020 (%)

Fig. 36. CARTE STATISTIQUE DE LA PART DE LA POPULATION À PROXIMITÉ D’UN ESPACE VERT ACCESSIBLE AU PUBLIC EN 2012 (%)

Part des 0-17 ans dans la population totale (%) — 2021

Fig. 37. CARTE STATISTIQUE DE LA PART DES 0-17 ANS DANS LA POPULATION TOTALE (%)

70 Taux de végétalisation — 2020 < 20 20 > 30 30 > 45 45 > 60 60 > 75 75 > 100 Non disponible Moyenne régionale: 52,4 5 km Fond de plan: Brussels UrbIS ®© - CIRB Perspective.Brussels Sources Bruxelles Environnement
Fig. 35. CARTE STATISTIQUE DU TAUX DE VÉGÉTALISATION
< 20 20 > 30 30 > 45 45 > 60 60 > 75 75 > 100 Non disponible Part des logements ayant accès à un jardin privé (%) — 2001 < 15 15 > 25 25 > 35 35 > 50 50 > 70 70 > 100 Non disponible Moyenne régionale: 30,00 5 km Fond de plan: Brussels UrbIS ®© - CIRB Perspective.Brussels Sources Statbel (Direction générale Statistique – Statistics Belgium) (Enquête socio-économique générale, 2001)- ESE 2001
— 2020
< 15 15 > 25 25 > 35 35 > 50 50 > 70 70 > 100 Non disponible
— 2012 < 70 70 > 80 80 > 90 90 > 95 > 95 Non disponible Moyenne régionale: 81,75 5 km Fond de plan: Brussels UrbIS ®© - CIRB Perspective.Brussels Sources Statbel (Direction générale Statistique – Statistics Belgium) (Registre national) Bruxelles Environnement
< 70 70 > 80 80 > 90 90 > 95 > 95 Non disponible Part des 0-17 population totale 2021 < 17,50 17,50 > 20 20 > 22 22 > 25 > 25 Non disponible Moyenne régionale: 22,59 5 km Fond de plan: Brussels UrbIS ®© CIRB Perspective.Brussels Sources Statbel (Direction générale Statistique
2012
< 17,50 17,50 > 20 20 > 22 22 > 25 > 25 Non disponible

et des espaces verts.

Dans les quartiers denses majoritairement composés d’immeubles à appartements, l’absence de jardins privés pourrait être expliquée par l’existence d’espaces verts publics, à l’image du modèle moderniste issu des CIAM mais il n’en est rien puisque la forme des ilots privilégiée dans le centre est celle de l’ilot fermé. En revanche, elle est parfois compensée par l’existence d’un parc public, comme c’est le cas pour le Quartier Européen avec le Parc du Cinquantenaire. L’enjeu pour les quartiers apparaissant encore comme les plus démunis en espaces verts, dans un tissu dense et traditionnel est alors de trouver des stratégies pour intégrer un maximum d’espaces verts accessibles au public.

Cette volonté rejoint finalement la première proposition de plan régional qui avait été présenté par le groupe Alpha à la fin du XXe siècle mais également le modèle plus récent de la ville en X minutes. Ce modèle urbanistique contemporain dont Carlos Moreno se dit être le fondateur84 est considéré comme un urbanisme d’ «hyperproximité» dans l’ouvrage dédié à la fabrique de l’infrastructure sociale à Bruxelles85, le modèle se développe dans plusieurs métropoles mondiales et est également en projet pour la commune de Bruxelles-Ville via son Plan Communal de Développement Durable.

Au contraire du modèle de cité-jardin (cf. p.32) qui identifie les équipements et l’espace vert qui y est lié comme centre du développement du quartier, ici c’est l’individu lui-même qui est pris comme centre du modèle et qui doit, pour chaque type d’équipement, pouvoir y assister en seulement, cinq, dix ou quinze minutes à pieds ou en transport.

Par ailleurs, les constats du deuxième PDR en 2001 identifiant la part de la population la plus jeune comme étant majoritaire dans l’EDRLR, est toujours d’actualité aujourd’hui et explique la nécessité forte d’aménager des espaces récréatifs dans les espaces verts créés au sein des CQD.

D’autre part, il est impossible de passer à côté de l’impact environnemental de l’incrémentation d’espaces verts ainsi que d’un système de liaison entre ceux-ci, tel que le maillage vert, dans la ville. D’après l’Organisation Mondiale Météorologique86 (OMM), les températures moyennes sur la planète ont augmenté de 1,15°C par

84 Moreno, C., Z. Allam, C. Chabaud, et F. Pratlong. « Mdpi - Introducing the “15-Minute City”: Sustainability, Resilience and Place Identity in Future Post-Pandemic Cities - ». Carlos Moreno (blog), 8 janvier 2021. https://www.moreno-web.net/mdpi-introducing-the-15-minute-city-sustainability-resilience-and-place-identity-in-future-post-pandemic-cities-8-january-2021/.

85 Carlier, Louise, Geoffrey Grulois, Benoît Moritz, et Pauline Varloteaux. « vol.2 — Regard historique et réflexif sur les modèles et les outils de l’urbanisme de proximité à Bruxelles », s. d.

86 Service public fédéral de santé publique, sécurité de la chaine alimentaire et environnement.

« Réchauffement planétaire ». Climat.be. Consulté le 3 août 2023. https://climat.be/changements-climatiques/changements-observes/rechauffement-planetaire.

71

rapport à la période préindustrielle. L’organisme établit également des prévisions à l’horizon 2100 pouvant aller de 0,3°C au minima selon une vision positive d’un monde réduisant ses émissions de gaz carbonique, à 4,8°C pour une vision moins ambitieuse. Sans prétendre régler le changement climatique, la prise en compte de l’augmentation de chaleur importe d’autant plus dans les villes où lors des épisodes de chaleur intenses, le différentiel de température nocturne peut être de 10° plus élevé en ville qu’en zone rurale. Au sein même de la capitale, une étude menée par Bruxelles Environnement a montré qu’un différentiel de 3°C existait entre le centre de Bruxelles et ses périphéries rurales, cette différence de température s’accompagne d’une augmentation du nombre d’épisodes de chaleur. L’étude a également permis d’établir une cartographie des ilots de fraicheur et des ilots de chaleur sur le territoire bruxellois. Sans surprise, les zones en bleues, identifiant les ilots de fraicheur se situent dans les zones peu denses et arborées. À l’inverse, en rouge, les ilots de chaleur nécessitent de façon assez urgente des aménagements arborés, idéalement combinés avec des espaces bleus (plans d’eaux), considérés comme favorisant la réduction du stress lié à la chaleur en agissant sur la température de l’air, l’exposition au rayonnement solaire, le vent et l’humidité de l’air87

Peu pris en compte aux débuts des politiques de rénovation urbaine, la considération environnementale météorologique prend de l’ampleur et est rendue visible par les aménagements paysagers à partir de la fin des années 2000 et fait partie des enjeux actuels majeurs.

87 Bruxelles Environnement - IBGE. « Les ilots de fraicheur | Qualité de l’air ». Qualitedelair. brussels. Consulté le 15 août 2023. https://qualitedelair.brussels/content/les-ilots-de-fraicheur.

72
73
Fig.38. PARTITION DES ÉQUIPEMENTS, ESPACES VERTS ET ESPACES DE MOBILITÉ DANS LE MODÈLE DE LA VILLE EN X MINUTES @Pauline Varloteaux Fig. 39. CARTOGRAPHIE DES ILOTS DE FRAICHEUR DANS LA RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE @Bruxelles Environnement

Depuis trente ans maintenant, les espaces verts se dessinent donc au travers des différentes politiques de rénovation urbaine instituées par la Région BruxellesCapitale depuis sa régionalisation en 1989. Ces politiques d’aménagement territoriales favorisent l’action à l’échelle locale, dans une période courte de six ans et mobilisent une grande diversité d’acteurs et actrices, en ce compris les habitant.e.s des quartiers concernés. Leur évolution s’est faite de manière additionnelle en intégrant de nouvelles politiques de rénovation pour combler les manquements des autres tout en conservant certains fonctionnements de celles-ci. Plusieurs tournants se sont marqués, augmentant progressivement l’échelle d’action des CQ(D) ainsi que les objectifs qu’ils poursuivent.

Aujourd’hui, les espaces verts publics inscrits dans les programmes de CQ(D) doivent ainsi permettre d’améliorer la situations des quartiers situés en ZRU en augmentant la surface d’espaces verts disponibles sans faire concurrence à la disponibilité de logements disponibles pour une population en augmentation. Ils doivent également prévoir l’aménagement d’espaces récréatifs notamment pour les jeunes, tout en s’inscrivant dans une considération environnementale permettant le développement de la faune et la flore locale et afin d’assurer un certain confort à la population en vue de l’augmentation des températures prévues.

74

05. a TYPOLOGIES DES ESPACES VERTS ISSUS DES CONTRATS DE QUARTIER étude de cas

76
77
série 1 série 2 série 3 série 4 série 5 série 6 série 7 série 8 série 9 série 10 série 11 série 12 série 13

En rouge, les espaces verts*

En gris, les espaces publis

En gris et rouge, les espace ambigus (cf. p.?)

En noir, le bâti

*à partir de la série 21, certains espaces verts sont prévus mais ne sont pas encore définis, dès lors ils apparaissent sous forme d’un contour rouge.

79 série 14 série 15 série 16 série 17 série 18 série 19 série 20 série 21 série 22 série 23
Fig. 40. MINIATURES DES CONTRATS DE QUARTIER (DURABLES)

1994 - 1998 : série 1

Anneessens – Fontainas, Bruxelles

Anvers – Alhambra, Bruxelles

Barrière – Bethléem – Église St-Gilles, Saint-Gilles

Gray, Ixelles

Saint-Jean-Baptiste, Molenbeek

Wielemans, Forest

1997 - 2001 : série 2

Marie-Christine, Bruxelles

Pavillon, Schaerbeek

Rempart des Moines, Bruxelles

Rosée, Anderlecht

1999 - 2003 : série 3

Duchesse de Brabant, Molenbeek

Goujons – Révision, Anderlecht

Houwaert – Bossuet, Saint-Josse

Nord, Bruxelles

2000 - 2004 : série 4

Brabant, Schaerbeek

Crystal – Étangs Noirs, Molenbeek

Pêqueur - Aviation, Anderlecht

Rue Verte, Saint-Josse

Tanneurs, Bruxelles

2001 - 2005 : série 5

Aerschot, Schaerbeek

Chimiste, Anderlecht

Fonderie Pierron, Molenbeek

Square Delhaye, Saint-Josse

Th.Verhaegen, Saint-Gilles

2002 - 2006 : série 6

Blyckaerts, Ixelles

Heyvaert, Molenbeek

Jérusalem, Schaerbeek

Palais Outre-Ponts, Bruxelles

80

2003 - 2007 : série 7

Métal – Monnaies, Saint-Gilles

Quartier Maritime, Molenbeek

Van Artevelde, Bruxelles

Vanhuffel, Koekelberg

2004 - 2008 : série 8

Conseil, Anderlecht

Escaut-Meuse , Molenbeek

Malibran, Ixelles

Princesse Elisabeth, Schaerbeek

2005 - 2009 : série 9

Ateliers –Mommaerts, Molenbeek

Aumale – Wayez, Anderlecht

Lehon-Kessels, Schaerbeek

Léopold à Léopold, Bruxelles

2006 - 2010 : série 10

Méridien de Bruxelles, Saint-Josse

Les Quais, Bruxelles

Carton de Wiart – Coeur de Jette, Jette

Saint-Denis, Forest

2007 - 2011 : série 11

45 Fontainas, Saint-Gilles

46 Rives Ouest, Molenbeek

47 Maison Rouge, Bruxelles

48 Lemmens, Anderlecht

2008 - 2012 : série 12

Rouppe, Bruxelles

Saint-Antoine, Forest

Écluse St-Lazare, Molenbeek

Navez - Portaels, Schaerbeek

2009 - 2013 : série 13

Cinéma Belle-Vue, Molenbeek

Primeurs –Pont de Luttre, Forest

Parc Alsemberg, Saint-Gilles

Sceptre, Ixelles

82

2010 - 2014 : série 14 (Durable)

Canal Midi, Anderlecht

Masui, Bruxelles

Helmet, Schaerbeek

Liedekerke, Saint-Josse

2011 - 2015 : série 15 (Durable)

Scheut, Anderlecht

Jardin aux Fleurs, Bruxelles

Koekelberg historique, Koekelberg

Coteaux Josaphat, Schaerbeek

2012 - 2016 : série 16 (Durable)

Autour de Léopold II, Molenbeek

Reine – Progrès, Schaerbeek

Albert, Forest

Bosnie, Saint-Gilles

2013 - 2017 : série 17 (Durable)

Maelbeek, Ixelles

Axe Louvain, Saint-Josse

Compas, Anderlecht

Bockstael, Bruxelles

2014 - 2018 : série 18 (Durable)

Jonction, Bruxelles

Chasse Gray, Etterbeek

Petite Senne, Molenbeek

Abbaye, Forest

2015 - 2019 : série 19 (Durable)

Biestebroeck, Anderlecht

Parvis Morichar, Saint-Gilles

2016 - 2020 : série 20 (Durable)

Athénée, Ixelles

Pogge, Schaerbeek

84
85

2018 - 2022 : série 21 (Durable)

Marolles, Bruxelles

Magritte, Jette

Wiels sur Senne, Forest

2019 - 2023 : série 22 (Durable)

Peterbos, Anderlecht, Autour du Parc de l’ouest, Molenbeek

Stephenson, Schaerbeek

2020 - 2025 : série 23 (durable)

Midi

Bizet

Petite Colline

2021 - 2026 : sérire 24 (durable)

90 Héliport-Anvers

91 Jacquet

92 Étangs-Noirs

2022-2027 : série 25 (durable)

Versailles

Cité Moderne

Deux Cités

2023-2028 : série 26 (durable)

Petite Suisse

Conscience

Villas de Ganshoren

86
87

MÉTHODOLOGIE RELATIVE À L’ÉTUDE DE CAS

Dans le contexte urbain qui se construit à travers les différentes politiques que nous venons d’énoncer, l’implantation des espaces verts publics de ces trente dernières années prend des formes et des tailles variées.

La densité d’un territoire devant accueillir une augmentation de population continue nécessite de recourir à de nouvelles stratégies qui ont pour conséquence la formation d’espaces que l’on ne peut plus systématiquement nommer de parcs ou de jardin.

Cette partie du mémoire tend donc à analyser, par le biais d’une étude typologique les espaces verts publics qui sont issus des Contrats de quartier (durables), selon un contexte maintenant décrit afin de produire des résultats qui nous permettront de lire de façon générale la formation des espaces verts publics qui nous sont contemporains sur le territoire bruxellois.

À ces fins, une précision quant à la méthodologie utilisée pour l’élaboration de cette classification est nécessaire.

INVENTORIER ET ÉTABLIR UN TABLEAU DE CLASSIFICATION

À partir de la définition de l’espace vert qui a été établie en début de ce travail, faisant office de motif incluant et excluant à l’étude, un tableau de classification a pu être établi. Rappelons cette définition :

Espace peu ou non construit, de toute taille à échelle humaine88, majoritairement dédié à la conservation, la régénération voire la création du milieu naturel. Intégrant des intérêts environnementaux, paysagers, sociétaux ou pédagogiques et provoquant chez l’utilisateur une perception immersive d’environnement naturel.

Le degré d’ouverture de cette définition nous permettra d’analyser de nombreuses variétés d’espaces verts qui forment le sujet du mémoire. Cependant, la complexité de l’établissement de celle-ci comportant autant de variétés d’espaces mène dans certains cas à des incertitudes. Ainsi, parmi les espaces publics, trois catégories de tri se sont créées et sont insérées dans le premier tableau en annexe.

1. Inclus : espaces verts répondant à la définition et entrant dans le tableau de classification. (cf. p.92)

88 Une étude réalisée par le BRAT en 2009 considère que les espaces de moins de quatre ares en ville et de 10 ares en seconde couronne ne peuvent pas entrer dans leur inventaire car ne permettent pas une fonction de «séjour». «

INVENTAIRE DES ESPACES VERTS ET ESPACES RÉCRÉATIFS ACCESSIBLES

AU PUBLIC EN RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE », 2009.

88

2. Exclus : espaces publics ne correspondant pas à la définition préétablie de l’espace vert, ne faisant donc pas partie du tableau. Il peut s’agir de places, squares, voiries, ...

3. Ambigus : espaces publics qui par leurs particularités, se tiennent à la limite de l’espace vert sans en faire complètement partie. Une autre possibilité est que trop peu d’informations soient disponibles pour nous permettre de réaliser une étude.

Cette troisième catégorie est malgré tout reprise dans l’inventaire ainsi que sur les miniatures reprenant l’ensemble des CQ(D) et leurs espaces verts, elle est indiquée en gris et rouge.

À titre d’exemple, la question d’intégrer cette troisième catégorie dans l’étude s’est posée pour la première fois avec le Parc Saint-Rémy. En effet, malgré sa dénomination, celui-ci est majoritairement recouvert d’un sol minéral qui nous fait penser que la perception immersive d’un environnement naturel est erronée.

Une fois ce premier tri établi, il s’agit d’analyser chaque projet afin d’en faire ressortir des généralités en vue de la création de plusieurs typologies. Un classement méticuleux est repris sous forme de tableau. Celui-ci se veut non-exhaustif en vue du manquement d’informations concernant certains projets et CQ(D) ou de la difficulté d’accès à celles-ci mais il permet cependant de donner une idée globale du développement des espaces verts publics depuis 1993 jusqu’au aujourd’hui dans la Région de Bruxelles-Capitale. Il est également la base d’une rechercher empirique qui s’est menée au départ de son établissement.Ce tableau comparatif reprend différentes informations telles que détaillées à la page suivante.

89
Fig. 41. PARC SAINT-RÉMY @K2A

Le nom du projet correspond à celui partagé via le site « Contrats de Quartiers Durables » publié par la région, il diffère parfois de celui donné par les architectes ou de leur appellation commune.

La période du CQ(D) est la période quadriennale correspondant à la mise en place de chacun d’eux, à laquelle il faut ajouter les deux années prévues pour les chantiers.

L’année de réalisation peut également correspondre à la date d’inauguration, en fonction des informations disponibles, parfois restreintes pour certains projets.

L’adresse correspond soit à l’adresse exacte d’une ou plusieurs entrées de l’espace verts, soit au numéro du bâtiment avoisinant.

La typologie est intrinsèque à ce mémoire et permet de classer les différents espaces verts en les rassemblant en cinq catégories selon leurs caractéristiques formelles ou méthodologiques. Ces typologies seront définies plus loin.

Le terme « quoi » sous-entend « la façon dont l’espace est décrit dans les sources qui en parlent ».

Il en va de même pour l’usage, qui se réfère principalement aux usages prévus par les concepteurs et conceptrices de l’espace vert public.

La colonne PRAS donne une indication sur la zone à laquelle appartient le terrain occupé par l’espace vert dans le Plan Régional d’Aménagement des Sols.

Celle nommée « précédemment », tend à montrer ce à quoi était affecté le terrain avant la réalisation du projet afin de mieux comprendre la nature de la transformation et les mécanismes fonciers auxquels les communes peuvent avoir recours.

Le tableau reprend également une liste du bâti complémentaire venant s’installer suite ou directement de façon complémentaire ou nouvel espace public créé.

La liste des concepteurs permettra se rendre compte d’une certaine récurrence.

DÉFINIR DES TYPOLOGIES

En parallèle de l’établissement du tableau de classification, des généralités se sont rapidement dégagées de l’analyse des différents projets, ce qui a permis de les répertorier selon différentes typologies. Ainsi, le travail s’est fait à double sens. Les projets ont permis de participer à l’élaboration des définitions de typologies et à l’inverse, celles-ci ont permis de classer les projets eux-mêmes.

90

Espace vert linéaire

La typologie linéaire se présente sous une forme longitudinale. Elle reprend généralement le tracé d’une infrastructure existante ou ayant existé comme, par exemple, un chemin de fer, un cours d’eau, une voirie. Par sa forme lui permettant de croiser d’autres rues en plusieurs points, cette typologie mène souvent à l’établissement d’une liaison cyclo-piétonne et s’accompagne d’aménagements voués à animer le passage, donner une affectation au lieu.

Espace vert en intérieur d’ilot

La typologie en intérieur d’ilot présente des formes riches et variées dépendant de l’ilot dans lequel l’espace vert vient se nicher. Ainsi variera sa taille, sa forme, son degré d’ouverture à la rue et au public ainsi que son affectation. Il peut s’agir de jardins partagés principalement liés aux affectations du bâti environnant tout comme il peut s’agir d’un plus grand parc urbain voué à offrir un espace vert au quartier incluant des liaisonnements, des équipements.

Le maillage de points

La typologie maillage de points rassemble les espaces verts distincts physiquement mais liés par le projet. Ils ont fait l’objet d’une réflexion commune. Leurs objectifs sont variés et découlent d’une réflexion à plus grande échelle, disposés en plusieurs points stratégiques. Il peut s’agir de liaisons écologiques, d’aménagements opportunistes de micro-espaces résiduels ou encore d’un choix délibéré de dispersion d’espaces communautaires au travers d’un quartier.

Espace vert déprivatisé

La typologie des espaces verts déprivatisés reprend des espaces verts existants à l’état de jardin privé. Le contrat de quartier permet dans ce cas, par le rachat des terres, généralement par les autorités communales, de les rendre publics. Des aménagements sont alors nécessaires à ces fins.

Espace vert réaménagé

La typologie des espaces verts réaménagés comprend les espaces verts publics déjà existants mais qui présentent un aménagement sous une autre forme qui est jugé insuffisant au bon déroulement de son usage actuel et nécessite donc un réaménagement.

91
Nom du projet Contrat de quartier Période du CQ Date de réalisation Adresse Typologie Image de typologie
Ilot Fontainas Anneessens-Fontainas 1994-1998 1999 Rue d’Anderlecht 11, 1000 Bruxelles intérieur d’ilot
1.
Parc Nogueira Houwaert - Bossuet 1999-2003 En cours Rue Potagère 9, 1210 Saint-Josseten-Noode espace vert déprivatisé
2.
Parc Reine-Verte Brabant 2000-2004 2007 126 rue verte et 42 rue des palais, 1030 Schaerbeek espace vert réaménagé
3.
Espace Ropsy Chaudron Chimiste 2001-2005 2009 Rue Ropsy Chaudron 13, 1070 Anderlecht intérieur d’ilot
4.
Parc du Viaduc Blyckaerts 2002-2006 2003 Rue du Viaduc 133, 1050 Ixelles espace vert déprivatisé
Carré - Monnaie Métal - Monnaies 2003-2007 ? Place MarieJanson, 1060 Saint-Gilles espace vert réaménagé
Parc Vanderschrick Métal - Monnaies 2003-2007 2009 Rue Vanderschrick 7, 1060 Saint-Gilles intérieur d’ilot 8. Parc Ligne 28 Escaut - Meuse 2004-2008 2014 Avenue Jean Dubrucq, 1080 Molenbeek-SaintJean linéaire 9. Avenue Jean Dubrucq, 224-226 Escaut - Meuse 2004-2008 2011 Avenue Jean Dubrucq, 224-226, 1080 Molenbeek-SaintJean 10. Parc de la petite Senne Ateliers - Mommaerts 2005-2009 2012 Rue des Houilleurs 19, 1080 MolenbeekSaint-Jean intérieur d’ilot 11. Intérieur d’ilot MCCS Atelier - Mommaerts 2005-2009 2011 Rue Mommaerts 1, 1080 Molenbeek-SaintJean espace vert réaménagé
5.
6.
7.

Typologie Image de la typologie Quoi Usage

intérieur d’ilot parc

PRAS Précédemment Bâti complémentaire Concepteurs

récréatif, détente, sportif zones vertes ; zones d’équipement d’intérêt collectif ou de service public ; zones d’habitation

friche

espace vert déprivatisé parc pédagogique zones d’habitations jardins privé

22 logements (sociaux et moyens)

35 kots étudiants

Salle de sport Horeca

Salle polyvalente

B612 Architectes

espace vert réaménagé parc récréatif, détente, potager, liaison cyclo-piétonne

intérieur d’ilot cour du centre associatif CüroHall

zones vertes jardin du palais de la RTT classe pour la petite enfance

récréatif zones d’équipement d’intérêt collectif ou de service public

espace vert déprivatisé parc, aire de jeux récréatif, détente, activités communautaires

espace vert réaménagé

place/parc, aire de jeux, terrain sportif

cour du centre associatif CüroHall ; intérieur d’ilot

13 logements

AR-BR et Eric Dhont

zones vertes jardin privé maison de la solidarité

récréatif, sportif, circulation zones de parc place

intérieur d’ilot parc, aire de jeux récréatif zones d’habitations salle de spectacle et parking

auvents

D+A Consult

linéaire liaison cyclopiétonne, chemins de promenade

récréatif, sportif, mobilité

zones vertes délaissé ferroviaire crèche, salle polyvalente, local pour les jardiniers, logements

aire de jeux récréatif zones d’habitation ; zones vertes

intérieur d’ilot jardin public détente zones d’habitation

parking et délaissé ferroviaire

parking et allée de garage

8 logements, crèche, salle polyvalente, local pour les jardiniers

3 logements

Studio Paola Vigano

espace vert réaménagé jardin détente zones d’habitation

jardin maison des cultures et de la cohésion sociale

Grontmij NVEsher

B-Architecten

B-Architecten

Cipolat Architecture

Nom du projet Contrat de quartier Période du CQ Date de réalisation Adresse Typologie Image de typologie
Menin/étangs noirs Rives Ouest 2007-2011 2013 Rue des étangs noirs 76-80, 1080 Molenbeek-SaintJean intérieur d’ilot
Plaine de Liverpool Lemmens 2007-2011 2014 Rue de Liverpool 61-67, 1070 Anderlecht espace vert réaménagé 14. Jardin récréatif Quatre-Vents Ecluse - Saint-Lazare 2008-2012 2013 Rue des quatrevents 192, 1080 Molenbeek-SaintJean intérieur d’ilot 15. Espace Pierron Cinéma Belle-vue 2009-2013 2013 Rue SaintMartin 79, 1080 Molenbeek-SaintJean espace vert réaménagé 16. Park System Sceptre 2009-2013 En cours 17. Divercity Primeurs - Pont de Luttre 2009-2013 2016 Avenue du pont de luttre 140, 1190 Forest 18. Parc de la Senne Masui 2010-2014 2016 Rue Jolly 129, 1030 Schaerbeek linéaire 19. Parc Crickx Canal - Midi 2010-2014 ? 20. Axe Vert Liedekerke 2010-2014 ? 21. Places Saint-Josse et Houwaert Liedekerke 2010-2014 ? 22. Woonerf vert rue de la ferme Liedekerke 2010-2014 ? 23. Parc en intérieur d’ilot Liedekerke 2010-2014 2019 Rue Saint-Josse 54/64, 1210 SaintJosse-ten-Noode espace vert réaménagé 24. Parc Fontainas Jardin aux fleurs 2011-2015 2019 Rue d’Anderlecht 11, 1210 SaintJosse-ten-Noode espace vert réaménagé 25. Rue des navets Jardin aux fleurs 2011-2015 ? 26. Parc Rasquinet Coteaux - Josaphat 2011-2015 2021 Rue Josaphat 119, 1030 Schaerbeek espace vert réaménagé 27. Allée 28 Koekelberg historique 2011-2015 ?
12.
13.

intérieur d’ilot parc récréatif, détente zones d’habitation

parking 7 logements sociaux, rénovation d’un batiment existant pour les infrastructures liées au parc

OB-DR architectes

espace vert

réaménagé

aire de jeux récréatif, détente, participation citoyenne

zones vertes parc et terrain sportif

intérieur d’ilot jardin récréatif récréatif, détente zone d’équipement d’intérêt collectif ou de service public

espace vert réaménagé

aire de jeux sportif, récréatif, détente

Un batiment comprenant sanitaires, cafétaria, réfectoire, espace de stockage et local gardien

Arter

friche ou jardin préhaut, école (déjà présente) Baukunst + Landinzicht

zones vertes espace sportif

aire de jeux, potager collectif récréatif zone d’intérêt régional parking et délaissé ferroviaires

linéaire liaison cyclopiétonne mobilitié douce, détente

espace vert réaménagé

espace vert réaménagé

centre de formation horeca, crèche, centre de jour pour personnes agées, antenne locale pour la maison des jeunes

Suède 36 sprl

SM V+/MSA

zones vertes friche, tracé de l’eau logements La Compagnie du Paysage

parc pour enfants récréatif zones vertes friche, tracé de l’ancien cours d’eau

aire de jeux, zone chiens, chemins de promenade

détente, récréation, activités communautaires

zones vertes ; zones d’équipement d’intérêt collectif ou de service public ; zones d’habitations

friche jusqu’à 1996 puis parc en 2004

60 logements, salle de sport, espace horeca, accueil de la petite enfance,

La Compagnie du Paysage

B612 Associates

espace vert réaménagé

parc aménagé, aire de jeux sportif, récréatif, détente zones vertes parc pour enfants préhaut couvrant un terrain multisports, gradins,, agrandissement de la salle Rasquinet

Baukunst

Typologie Image de la typologie Quoi Usage PRAS Précédemment Bâti complémentaire Concepteurs

28. Petit Scheut Scheut 2011-2015

Rue Léopold de Swaef 4-6, 1070 Anderlecht

29. Parc Marconi Albert 2012-2016 2016 Chaussée d’Alsemberg 298 et Rue Marconi 132, 1190 Forest

30. Intérieur d’ilot Marconi Albert

intérieur d’ilot

intérieur d’ilot

Rue Marconi 37, 1190 Forest intérieur d’ilot

31. Parc Saint-Rémy Autour de Léopold II 2012-2016 2015 Place Saint-Rémy, 1080 MolenbeekSaint-Jean

32. Pocket park rue de Mexico Autour de Léopold II 2012-2016 2019 Rue de Mexico 11-15, 1080 Molenbeek-SaintJean

33. Espace vert collectif Autour de Léopold II 2012-2016 ?

espace vert réaménagé

34. Maillage Ludique Bosnie 2012-2016 2018 Avenue du Roi, 1190 Forest linéaire

35. 4 pocket parks L50 Bockstael 2013-2017

Boulevard Emile Bockstael ; Rue Léopold 1er ; Rue du Champs de l’Eglise ; Halte Royale

maillage de points

36. Liaison cyclopiétonne L50 Bockstael 2013-2017 ?

37. Intérieur d’ilot L28 (Pennenhuis Park) Bockstael

Boulevard Emile Bockstael 156162, 1020 Laeken

Carrefour Louvain-Clovis et Rue de la Cible 12, 1210 SaintJosse-ten-Noode

linéaire

d’ilot 48. Renforcement de la coulée verte Axe Louvain 2013-2017

39. Impasse des moineaux Maelbeek 2013-2017

Rue Gray 110, 1040 Etterbeek espace vert déprivatisé 40. Tracé de l’eau Abbaye

Forest maillage de points

Nom du projet Contrat de Quartier Période du CQ Date de réalisation Adresse Typologie Image typologie
2018
2012-2016 2019
2021
2013-2017 2021
intérieur
2019
2022
2021
2014-2018

d’ilot parc détente zones vertes parc rénovation des logements sociaux exitants, crèche, école

LD2 Architecture SPRL

d’ilot parc, aire de jeux détente, liaison piétonne zones vertes friche logements Suède 36 sprl

d’ilot potager, aire de jeux sportif, potager zones mixtes terrains de sport maison de quartier AgwA architectes

aire de jeux récréatif, détente zones vertes place K2A sprl

vert réaménagé

pocket park détente zones mixtes parking 3 logements VERSA

aménagement voirie circulation piétonne, récréatif

de pockets parks mobilité, détente, potager, récréatif, promenade

réseau viaire voiries

Suède 36 sprl

zones de chemin de fer délaissés ferroviaires

BLOC Paysage

d’ilot parc mobilité douce, récréatif, promenade

zones vertes ligne de chemin de fer Landinzicht + MAAT + Baukunst + ARA

espaces structurants voiries Espaces Mobilités vert déprivatisé

parvis et voie cyclo-piétonne environnemental, circulation cyclo-piétonne, compost collectif, espaces de plantation

jardin collectif, potager partagé détente, pédagogique, social, potager

de aménagements ponctuels et linéaires des voiries, interventions légères

zones de forte mixité jardin, bâtiments magasin colruyt, logements 2DVW Architecten

paysager, gestion de l’eau zones vertes, espaces structurants, zones de forte mixité, zones d’habitations

voiries, bâtiments aménagements de l’abbaye Taktyk + INFRA Services + ecorce

Typologie Image de la typologie Quoi Usage PRAS Précédemment Bâti
Concepteurs
complémentaire
Nom du projet Contrat de Quartier Période du CQ Date de réalisation Adresse Typologie 41. Jardin Hap Chasse - Gray 2014-2018 2021 Avenue d’Auderghem 193, 1040 Etterbeek espace vert déprivatisé 42. Beauport Chasse - Gray 2014-2018 2020 Chaussée de Wavre 541, 1040 Etterbeek espace vert réaménagé 43. cheminement vert Chasse - Gray 2014-2018 En cours 44. Forte Dei MarmiSorelo-Ranch Chasse - Gray 2014-2018 2021 Square Forte Dei Marmi espace vert réaménagé 45. Espaces publics Chasse - Gray 2014-2018 2019 Clos des étangs ; Chaussée de wavre 466 ; Carrefour Rue du Brochet et Rue de Theux, 1040 Etterbeek maillage de points 46. Belle-vue et environs Petite Senne 2014-2018 En cours 47. Grande halle et crèche Petite Senne 2014-2018 2022 Quai de l’industrie 79, 1080 MolenbeekSaint-Jean intérieur d’ilot 48. Projet phare «Jonction» Jonction 2014-2018 ? 49. Jardin de Laveleye Parvis - Morichar 2015-2019 En cours 50. Parc Paulus Parvis - Morichar 2015-2019 2023 rue de l’Hôtel des Monnaies 122 ; rue de Parme 51, 1060 Saint-Gilles espace vert réaménagé 51. Mairesse Garden Parvis - Morichar 2015-2019 En cours 52. Jardin Hélène de Rudder Parvis - Morichar 2015-2019 2023 rue de Rome 11, 1060 Saint-Gilles intérieur d’ilot 53. Parc urbain
Marie Janson Parvis - Morichar 2015-2019 En cours 54. Projet
Biestebroeck 2015-2019 En cours 55. Parc de Biestebroeck Biestebroeck 2015-2019 En cours 56. Parc-cour école 2 Athénée 2016-2020 En cours 57. «Espace de respiration» pôle tulipe Athénée 2016-2020 En cours 58. Terrains SNCB et Infrabel Magritte 2018-2022 En cours 59. Site Esseghem du foyer jettois Magritte 2018-2022 En cours 60. Rue Jules Lahaye X espaces publics Magritte 2018-2022 En cours
place
frisonysewynbiestebroeck

liaison piétonne, jardin, potager collectif et privé

détente, potager, usages liés au bâti

zones vertes jardin privé, orangerie, écuries

jardin, potager détente, potager zones vertes jardin public principalement utilisé par la maison de repos et Pois Virgule

chemins de promenade, assises, aire de jeux

interventions légères, aire de jeux, assises

détente, circulation piétonne

détente, récréation, circulation cyclopiétonne

10 logements, garderie, ludothèque, espace culturel, sanitaires

maison de repos (déjà existante)

Services communaux

réseau viaire square Collectif GRUETalking Things

zones vertes ; réseau viaire square, aire de jeux, carrefour

Commune d’Etterbeek

d’ilot halle récréatif, détente zones de forte mixité industries crèche Assoc. L’EscautZampone

parc, aire de jeux, boulodrome, compost, maison d’accueil pour personnes âgées

récréatif, détente, circulation zone de parc parc école, maison d’accueil pour personnes âgées, boulodrome

d’ilot jardin, cour récréatif, détente, entrée zones d’habitations cour école, centre culture Jacques Franck

Ledroit Pierret Polet, Pigeon Ochej Paysage

AAC Architecture

Typologie Image de la typologie Quoi Usage PRAS Précédemment Bâti complémentaire Concepteurs
SKOPE SC SCRL

61. Parc 2 et terrain de jeu vertical Stephenson

62. Parc 3 Stephenson

63. Passage doux et potager de quartier Autour du parc de l’ouest

64. Parc/place Decock Autour du parc de l’ouest

65. Structure urbaine, espaces publics Petite colline

66. Place des étangs noirs Etangs noirs

67. Parc de la fonderie Etangs noirs

68. Plaine de jeux de quartier en intérieur d’ilot

Jacquet

2019-2023 En cours

2019-2023 En cours

2019-2023 En cours

2019-2023 En cours

2020-2024 En cours

2021-2025 En cours

2021-2025 En cours

2021-2025 En cours

de Quartier Période du CQ Date de réalisation Adresse Typologie Imagie
Nom du projet Contrat
Typologie Imagie de la typologie Quoi Usage PRAS Précédemment Bâti complémentaire Concepteurs

EXEMPLIFIER LA TYPOLOGIE

La partie suivante de ce mémoire présentera, pour chacune des typologies, un projet sous la forme d’une étude de cas. Pour autant, nous le verrons, présenter un « cas » ne permet pas d’apercevoir l’étendue des possibilités rattachées à une typologie. Par conséquent, une mise en lien de cet exemple avec d’autres projets appartenant à la même typologie sera nécessaire et se fera par la suite.

Ces études de cas se baseront sur les informations trouvées sur internet via des pages officielles telles que celles des architectes, urbanistes ou paysagistes, ou bien celle des communes concernées. Mais il pourra également s’agir d’articles de presse, de communiqués rapportés par des associations de quartiers. Pour beaucoup, peu d’informations ont été partagées, notamment concernant le thème de la «participation», les recherches ont donc été complétées par le biais d’entretiens réalisés auprès des concepteurs et conceptrices des aménagements ou auprès des fonctionnaires des communes délégué.e.s au Contrat de Quartier (Durable). Les visites de site ont également été indispensables.

Plusieurs thèmes seront abordés dans chaque étude afin d’implanter chaque projet dans son contexte. Ces thèmes sont les suivants :

Contrat de Quartier (Durable)

Chaque étude de cas commence par la mise en contexte du projet au sein du CQ(D) dans lequel il s’inscrit ainsi que sa période. Comprendre le contexte et les enjeux du CQ(D) permet alors de justifier certains aménagements.

Projet et environnement bâti

Chaque projet s’inscrit dans un contexte précis. Dans ce mémoire, il nous importe de le considérer car le bâti environnant peut exister pour plusieurs raisons. Soit il existait déjà et c’est un élément avec lequel le projet à dû jouer soit, le bâtiment s’est construit au même moment que les travaux de l’espace vert comme un complément à celui-ci soit, il est venu s’y installer après, découlant directement de l’impact qu’a l’espace vert sur le quartier.

Participation

Outil principal du CQ(D), il nous importe ici d’analyser si la participation a bel et bien eu lieu, sous quelle forme et comment celle-ci a pu influencer le projet.

Localisation et règles urbanistiques

Ce point analyse le terrain sur lequel s’établit le projet au point de vue du Plan Réglementaire d’Aménagement du Sol et du plan cadastral.

102

Cinq exemples sont donc choisis et analysés selon ces critères. Ils sont choisis pour leur caractère représentatif de la typologie mais ne peuvent être considérés comme exhaustifs. Ce choix s’est également opéré par facilité d’accès aux ressources écrites et orales permettant une analyse complète de ceux-ci car il est important de noter que les informations relatives au projet et plus particulièrement à la question de la participation des habitant.e.s sont peu accessibles et que les entretiens menés étaient indispensables pour comprendre certains de ces fonctionnements.

Le parc de la Ligne 28, représente la typologie linéaire. Il s’agit d’un parc s’installant le long de la voie ferrée 28 à Molenbeek-Saint-Jean. Il est apparu en 2014 et fait suite au CQ Escaut-Meuse se tenant de 2004 à 2008.

Le Jardin Hélène de Rudder, se tient en intérieur d’ilot à Saint-Gilles. Issu du CQD Parvis-Morichar (2015-2019), il vient tout juste d’être réalisé.

Le Tracé de l’eau, sert d’exemple à la typologie en maillage de points. Conçu pour pallier à des problèmes liés à la gestion des eaux de pluie à Forest. Le projet issu du CQD Abbaye (2014-2018) est à l’état de préréception.

Le Jardin Hap tient son nom de la famille à laquelle il appartenait avant d’être légué à la commune au décès du dernier héritier de celle-ci. Le jardin se tenant en intérieur d’ilot à Etterbeek à été déprivatisé et ensuite réaménagé à l’occasion du CQD Chasse-Gray (2014-2018).

Enfin, le Parc Paulus est également issu du CQD Parvis-Morichar. Existant déjà comme parc au sein du tissu saint-gillois, le CQD était l’occasion de le remettre à neuf ainsi que son boulodrome afin de pallier les aménagements qui lui faisaient défaut et mieux répondre aux besoins de ses usagers et usagères actuel.le.s

103
1 2 4 5 3
104 1 2 3 4 5
5 km Fig. 42. CARTE DES CINQ CQ(D) ÉTUDIÉS
105 1 2 3 4 5
Dans l’ordre : Fig. 43. PARC L28 Fig. 44. JARDIN HÉLÈNE DE RUDDER Fig. 45. TRACÉ DE L’EAU Fig. 46. JARDIN HAP Fig. 47. PARC PAULUS
106

Parc Ligne 28

Park System

Parc de la Senne

Axe Vert

Woonerf vert rue de la ferme

Allée 28

Maillage Ludique

Cheminement vert

Belle-vue et environs

Renforcement de la coulée verte

Projet Frison-Ysewyn-Biestebroeck

Terrains SNCB et Infrabel

Parcs 1, 2 et 3 (CQ Stephenson)

La typologie linéaire se présente sous une forme longitudinale. Elle reprend généralement le tracé d’une infrastructure existante ou ayant existé comme un chemin de fer, un cours d’eau, une voirie, par exemple. Par sa forme lui permettant de croiser d’autres rues en plusieurs points, cette typologie mène souvent à l’établissement d’une liaison cyclo-piétonne et s’accompagne d’aménagements voués à animer le passage, donner une affectation au lieu.

107
TYPOLOGIE LINÉAIRE
107 8 16 18 20 22 27 34 43 46 48 54 58 60,61,62

Parc L28 et aire de jeux Jean Durucq

Le Parc de la Ligne 28, comme nous le verrons, est issu indirectement du CQ Escaut-Meuse. Bien que ce parc soit né d’une collaboration régionale entre Beliris et Bruxelles Envrionnement et non du CQ, il trouve sa source dans le projet d’aménagement de l’espace de jeu Jean Dubrucq qui s’est vu engranger un plan à plus large échelle.

Ce premier cas d’étude est complexe car son intérêt s’implique dans l’addition de différents contrats et outils d’aménagement mais aussi de la superposition d’acteurs et de leur collaboration. Cette étude ne peut donc se limiter au périmètre du CQ Escaut-Meuse et propose plutôt une lecture élargie, des prémices du CQ à ses conséquences.

Ainsi, nous parlerons du parc L28, de l’aire de jeu Jean Dubrucq, mais également du contrat de quartier Bockstael qui viendra compléter cette ligne par le Parc du Pannehuis et de sa liaison avec le Parc de Tour & Taxi.

Contrat de quartier Escaut-Meuse (20042008)

Entrées : rue Charles Demeer et rue Tielemans, 1080 Molenbeek-Saint-Jean

Date de réception du chantier : 11 juillet

2014

Conception : Grontmij (aujoud’hui Sweco) et Esther

Maitrise d’ouvrage : Beliris et SPF Mobilité et Transports, Bruxelles Environnement

Entrepreneur : De Dender nv

Superficie : 25 000 m²

109
Fig. 48. AIRE DE JEU JEAN DUBRUCQ ET BATIMENT DE LOGEMENTS ET CRÈCHE

CONTRAT DE QUARTIER ESCAUT-MEUSE

Démarré en 2004, le contrat de quartier Escaut-Meuse fait partie de la huitième série de contrats de quartiers, faisant suite à celui du quartier Maritime établi par la commune de Molenbeek-Saint-Jean en 2003. Son périmètre s’établit alors sur le solde du territoire non traité par son précurseur d’où il tire d’ailleurs le nom officieux de «Maritime 2» ou «Maritime Bis»89. Ses limites s’étendent du boulevard du Jubilé à la chaussée de Jette et de la ligne de chemin de fer 28 à Tour & Taxis.

Le CQ Maritime avait démarré en 2003 dans un climat de tensions dues au manque de confiance des habitant.e.s envers le processus de rénovation. Ceci amènera le groupe d’étude formé de O2 Consult, MSA et L’Escaut, engagés pour la rédaction du dossier de base, à revoir les méthodes de participation (cf. p.112)

Forts de l’expérience du premier CQ Maritime, les trois bureaux, ont été reconduits pour la mise en place du dossier de base du contrat de quartier suivant « EscautMeuse». Héritant des CQ qui le précèdent, le CQ Escaut-Meuse se consacre en partie au réaménagement des voiries et à la création de logements mais permettra également la mise en place d’une ludothèque seniors/juniors, d’une maison de quartier, d’une épicerie sociale et de l’aire de jeux Dubrucq, choses moins courantes dans le début de l’histoire des contrats de quartier. Ces aménagements sont présentés comme « Actions sociales » dans une brochure explicative communiquée par Beliris et la commune de Molenbeek-Saint-Jean à destination du grand public90. La figure ci-après reflète bien le changement de préoccupation des contrats de quartier au fil des années. On peut observer la diminution chronologique de la mise en évidence des voiries, jusqu’à la mise en évidence plus prononcée des espaces verts de toute taille dans le périmètre du contrat de quartier durable Bockstael qui viendra compléter les aménagements dix ans plus tard.

Bien que, comme précisé plus haut, le parc L28 n’entre pas réellement dans le fonctionnement administratif du contrat de quartier ni dans le Projet de programme91 établi par le bureau d’études, celui-ci sera mentionné dans la brochure explicative du CQ Escaut-Meuse à la rubrique « Espace publics »92. La limite d’appartenance est donc floue. En effet, le projet ne définit pas le fonctionnement habituel d’un projet issu d’un contrat de quartier dans le sens où, pour plusieurs raisons financières et foncières, nous le verrons plus loin, il ne peut pas en faire partie. Et pourtant, de par sa proximité physique et temporelle mais aussi par la communication qui s’ensuit, il en fait partie dans l’imaginaire collectif.

89 Berger, Mathieu. Le temps d’une politique: chronique des contrats de quartier bruxellois. Bruxelles: CIVA, 2019.

90 Beliris. « Contrat de Quartier Escaut-MEuse », s. d. https://www.molenbeek.irisnet.be/fr/fichiers/developpement-urbain/fiches-cq/contrat-de-quartier-escaut-meuse.

91 MSA, et L’Escaut. « Projet de programme », septembre 2004.

92 Ibid.

110

CQ Maritime (2003-2007)

CQ Escaut-Meuse (2004-2008)

CQ Bockstael (2013-2017)

111
Fig. 49. CARTE REPRÉSENTATIVE DE LA TRANSITION PORTÉE À L’ÉGARD DES ESPACES VERTS DANS LE CQ MARITIME, LE CQ ESCAUT-MEUSE ET LE CQD BOCKSTAEL

PARTICIPATION

L’histoire de ces deux CQ qui ont marqué un tournant dans les politiques de la ville est retracée dans le livre « Le temps d’une politique, Chronique des Contrats de Quartier Bruxellois » de Mathieu Berger. Dans lequel il les décrit comme devant leur succès à la combinaison de deux qualités importantes :

1. «La volonté de pousser plus loin les ambitions de l’outil CQ et d’en démontrer son potentiel stratégique.»

2. «La réelle ouverture de la participation à des énergies habitantes et associatives présentes.»93

Selon lui, cette formule deviendra une norme implicite pour les contrats de quartier qui vont suivre. Il faut dire que le bon déroulement du processus était une nécessité. En effet, en 2003, le contrat de quartier Maritime démarre dans un climat de tensions entre les autorités et les habitant.e.s, leurs inquiétudes se portant sur le processus d’aménagement suite aux tentatives de spéculation sur le site de Tour & Taxis depuis les années 1980. Ces tentatives avaient échoué suite à la mobilisation active des associations de quartier, notamment le comité « Le Maritime » qui, lors de la première réunion du premier CQ avait alors présenté au bourgmestre de l’époque, Philippe Moureaux, un manifeste intitulé « Manifeste de la Cohésion Sociale du quartier Maritime » dans lequel leurs craintes sont identifiées comme telles :

« Le contrat de quartier peut paraître comme une rampe de lancement aux investisseurs et futurs usagers et peut sembler poursuivre le but de lustrer un environnement communément considéré comme problématique pour l’accueil de ces derniers ».94

Par ce biais, le comité défend son intérêt de vouloir prendre part dans la définition du programme. Dès ce moment, l’équipe d’auteurs du projet met en place de nouveaux outils et propose à la commune de tenir les ateliers de travail en dehors des locaux communaux. Les discussions lancées, les intéressé.e.s s’impliquent davantage et les réflexions se penchent notamment sur le devenir métropolitain de Tour & Taxis, pouvant impacter le quartier. Les réflexions vont également se pencher principalement sur la mise à disposition d’un espace communautaire et la création d’une identité positive du quartier en dehors de ses limites.

Lors du CQ Escaut-Meuse, l’équipe réengagée en profite alors pour développer davantage sa méthode de travail et met en place un « Atlas de quartier » qui servira de document de base aux marches exploratoires du site.

112
93 Berger, Mathieu. Op. Cit. 94 Le Maritime. « Manifeste de la Cohésion
2005.
Sociale du Quartier Maritime »,

PROJET ET ENVIRONNEMENT BÂTI

Pour analyser l’envergure des changements amenés, premièrement par l’aire de jeu Jean Dubrucq, il faut donc élargir l’angle de vue et y ajouter le Parc L28, le Parc du Pannenhuis et l’entrée du Parc de Tour & Taxis où le Parkfarm constitue une trace du Park Design de 201495

À l’aire de jeux et au parc L28 est venu se greffer le Parc du Pannenhuis, prévu dans le CQD Bockstael. Confirmant ainsi l’hypothèse du saut d’échelle et de la vision régionale de l’implantation des espaces verts dans le système du maillage vert bruxellois, le second parc apparu en 2021 permet alors de compléter la liaison cyclo-piétonne démarrant de Belgica pour rejoindre la place Bockstael. Il est intéressant d’observer la différence flagrante d’aménagement paysager entre la première partie du parc et la deuxième, formant en tout le Parc de la Ligne 28. En effet, la première, construite en 2008 présente, en plus des aires de jeux, de grandes étendues de gazon coupé à ras et un cheminement rectiligne tandis que la deuxième, plus récente, présente une addition de strates herbacées et arbustives représentatives d’un intérêt certainement plus récent pour la biodiversité et notamment l’avènement de l’aspect « durable »au sein des contrats de quartier qui fut instauré en 2010 par le gouvernement. Cette différence n’est pas sans conséquence sur l’usage des espaces. Alors que les étendues de gazon jouxtant les aires de jeux permettent aux familles de s’installer où bon leur semble, la partie plus récente permet principalement d’être traversée et permet de s’installer sur les aménagements prévus à cet effet. Cependant, l’assemblage de ces deux aménagements semble permettre à un bon compromis entre l’espace public agité et la promenade au calme.

113
95 Tour & Taxis. « Parckfarm ». Consulté le 14 août 2023. https://tour-taxis.com/fr/explorer/parckfarm/. Fig. 51. PARC DE LA LIGNE 28 CQ ESCAUT-MEUSE Fig. 50. PARC DE LA LIGNE 28 CQD BOCKSTAEL

1 2

Projet de crèche et aire de jeux Jean Dubrucq : le CQ Escaut-Meuse intégrait l’implantation d’une crèche de vingt-quatre places. Celle-ci prend place dans un bâtiment qui accueille également des logements. L’entrée, côté parc, est couverte par les étages supérieurs portés par des pilotis. Les espaces de jeux se divisent en deux espaces dont un, en partie enclavé par des haies est destiné à la petite enfance et l’autre prend la forme de terrains de sport destinés à la jeunesse sportive.

Local de maintenance : le projet de l’aire de Jeux Jean Dubrucq prend compte de la gestion post-projet de cet espace en donnant un caractère individuel au local de maintenance pour les jardiniers du parc. Ce local occupe une place centrale autour duquel s’articulent les différents espaces de jeux.

114 6 3
Fig. 52. LE PARC DE LA LIGNE 28. PROJET ET ENVIRONNEMENT BÂTI.

3 Système d’entrée : les deux entrées du parc situées à l’avenue Jean Dubrucq et sur le boulevard Belgica disposent de grilles prévues en cas de besoin mais aucun horaire d’ouverture et de fermeture n’est prévu. Côté Belgica, les escaliers et la rampe d’accès renforcent l’aspect longitudinal du parc par leur pente douce et élancée. Côté rue Tielemans, l’entrée se fait librement par un chemin en serpentin pentu, difficilement accessible aux PMR dû à la pente mais néanmoins dépourvu de tout système régulateur. Le parc est ainsi accessible à tout moment. De ce côté, ce système est temporaire. Une passerelle est prévue par le CQ Bockstael pour rejoindre le parc du Pannenhuis de façon plus aisée pour les cyclistes et les personnes à mobilité réduite dans le futur.

Les flèches représentent les nouveaux accès qui furent créés suite à l’installation des différents parcs. Parmi ceux-ci, l’accès vers le site de Tour & Taxis était une réelle volonté des politiques, toujours dans l’optique d’implémenter le parc dans le système du maillage vert et de créer une réelle porte d’entrée vers le site et renforcer son aspect métropolitain et son statut d’espace public. D’autre part, ces nouvelles entrées permettent de rendre accessibles des bâtiments délaissés ou des terrains en friche.

Parmi eux, les nouveaux accès créés ont permis la création d’un quai en bordure de la ligne de chemin de fer 28.

Le CQ Bockstael, s’appuyant sur ces nouvelles entrées, prévoit l’aménagement d’un pôle sport et jeunesse, dont l’entrée se fait par le parc du Pannenhuis, lui-même dédié à la jeunesse par ses nombreuses installations de jeux. Des logements sont également prévus non loin. Ces nouvelles affectations renforcent l’idée que le parc permet d’activer un site en y créant une nouvelle forme de «rue».

5 6 7

Entrée vers Tour & Taxi : En 2014, le Parkdesign avait pour thème «l’agriculture urbaine». Le Parkfarm, gagnant de la biennale s’y installe donc le temps d’un été. Aujourd’hui sont encore là, la serre et les potagers partagés.

115 3 3 3 1 5 2

LOCALISATION ET RÈGLES URBANISTIQUES

Comme déjà énoncé précédemment, les règles foncières du Parc L28 ne lui permettent pas de répondre aux caractéristiques normatives des premiers Contrats de quartier. En effet, après la création de l’aire de jeux Jean Dubrucq, la volonté des autorités d’investir les friches appartenant à la SNCB le long de la ligne 28 grandit. Pour cela, la Région investit et rachète les terrains à SNCB-Holding. Ainsi en 2014, Benoît Moritz, interrogé par Aglaé Degros dans le cadre de l’écriture de son livre Bruxelles à la (re)conquête de ses espaces , explique comment le projet d’envergure locale qu’est l’aire de jeux Jean Dubrucq a pu enclencher ce mécanisme plus grand :

« L’aire de jeux Dubrucq est un exemple de petit projet à l’échelle communale qui est la première étape vers la réalisation d’un maillage vert à l’échelle régionale. Il est précurseur d’une évolution de l’aménagement de l’espace public vers une logique de connexions qui doit permettre d’aller à l’encontre du morcellement actuel de la ville. (...) Cette petite parcelle communale de 0,27 ha, développée avec des moyens très modestes, était une réelle opportunité foncière pour le quartier Maritime. Il n’existait pas à l’époque, en 2004, de projet d’aménagement d’un parc sur le site de Tour & Taxis. Ce sont les contrats de quartier alentour qui ont permis de prendre conscience du réel besoin d’espaces verts dans cet environnement densément bâti (...). Le parc communal a été l’élément déclencheur du processus de transformation de toute la zone. Il a de surcroît permis de convaincre la région de racheter la totalité du terrain à la SNCB Holding pour aménager ce qui deviendra le parc L28, soit les 4,5 ha qui longent la ligne ferroviaire en réutilisant le tracé de la ligne 28. »96

Si aujourd’hui le PRAS indique la zone comme étant une zone de parc, elle était donc autrefois une zone de chemin de fer, tout comme la partie du parc menant vers Tour & Taxi, qui aujourd’hui ne comporte plus de rails. Ici, comme dans d’autres cas, nous le verrons, les aménagements liés au contrat de quartier ont permis à la Région de mettre en œuvre une procédure législative protégeant le périmètre de toute tentative foncière. Tel aurait pu être le cas en lieu et place du parc L28 qui présente un parcellaire, ce qui n’est pas le cas pour la partie du CQD Bockstael et le Parkfarm.

116
96 Degros, Aglaée. Bruxelles, à la [re]conquête de ses espaces: l’espace public dans les contrats de quartiers durables. Bruxelles: Région de Bruxelles-Capitale, 2014.
117
Fig. 53. PRAS 2001. Fig. 54. PRAS ACTUEL Fig. 55. PLAN PARCELLAIRE CADASTRAL
118 L28 11/05/2023 Realized by means of Brussels UrbIS®© - Distribution & copyright CIRB
Dernière
Printemps 2004 Printemps 2004 Dernière
SITUATION
Fig. 57. EN 2004
119 Realized by means of Brussels UrbIS®© - Distribution & copyright CIRB Realized by means of Brussels UrbIS®© - Distribution & copyright CIRB Dernière Dernière
Fig. 58. SITUATION EN 2023
120

Ilot Fontainas

Espace Ropsy Chaudron

Parc Vanderschrick

Parc de la Petite Senne

Jardin récréatif Quatre-Vents

Petit Scheut

Parc Marconi

Intérieur d’ilot Marconi

Espace vert collectif

Impasse des moineaux

Grande Halle et crèche

Jardin Hélène de Rudder

Passage doux et potager de quartier

Parc/place Decock

Plaine de jeux de quartier en intérieur d’ilot

La typologie en intérieur d’ilot présente des formes riches et variées dépendant de l’ilot en lui-même; Ainsi variera sa taille, sa forme, son degré d’ouverture à la rue et au public ainsi que son affectation. Il peut s’agir de jardins partagés principalement liés aux affectations du bâti environnant tout comme il peut s’agir d’un plus grand parc urbain voué à offrir un espace vert au quartier.

121 121
TYPOLOGIE EN INTÉRIEUR D’Ilot
121 1 4 7 10 14 28 29 30 33 39 47 52 63 64 68

Jardin Hélène De Rudder

Depuis sa création en 1973, le centre culturel Jacques Franck, à Saint-Gilles, possède une cour en intérieur d’ilot. En 2015, à l’occasion du contrat de quartier durable Parvis-Morichar, il est question de transformer cette cour en un jardin qui servira également au quartier et à l’école jouxtant le centre culturel. C’est le bureau AAC Architecture qui se chargea de l’aménagement du jardin, inauguré en ce 1er avril 2023.

Niché au cœur de l'ilot entre la rue de Rome, la chaussée de Waterloo, la rue Louis Coenen et la rue de l'Hôtel des Monnaies, le jardin fait maintenant office de carrefour aux mutilples destinations. Et malgré sa petite taille d'environ trois-cent-trente mètres carrés, il devrait participer à l'élaboration d'un maillage en complément d'autres espaces verts prévus par le contrat de quartier durable.

Contrat de quartier Parvis-Morichar (20152019)

Entrée : rue de Rome 11, 1060 Saint-Gilles

Date d’inauguration : 1er avril 2023

Conception : AAC Architecture

Maitrise d’ouvrage : commune de Saint-Gilles

Entrepreneur : Les Entreprises Melin

Superficie : 300 m²

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Fig. 58. JARDIN HÉLÈNE DE RUDDER

CONTRAT DE QUARTIER DURABLE PARVIS-MORICHAR

S’étendant de l’année 2015 à 2019, le contrat de quartier durable Parvis-Morichar partage la dix-neuvième série avec celui du Biesteroeck. Son périmètre s’étend, comme son nom l’indique, du parvis de Saint-Gilles à la place Morichar et de la porte de Hal à l’avenue Adolphe Demeur. La rédaction du dossier de base a été confiée au bureau Suède 36, habitué des contrats de quartier. Sur leur site, on peut lire les conclusions de leur étude qui les ont amenés à établir et proposer trois grands pôles de développement.

« La commune de Saint-Gilles, et en particulier son centre névralgique le « Parvis », est un lieu hors du commun. Son identité, «ses identités», sont très fortes et hétérogènes. Les multiples contrastes s’harmonisent dans une mixité vécue positivement par les habitants, les usagers et tous les acteurs de ce quartier mythique. Tout n’y est pas parfait pour autant : séparation physique et différence sociale entre le « Haut » et le « Bas » Saint-Gilles, problèmes de mobilités, précarité d’une partie de la population, équipements pour les enfants et les jeunes perfectibles, état du bâti moyen, accès difficile au logement, taux de chômage élevé. »97

Le premier pôle, en vert sur l’image, porte le nom de «Promenade Saint-Gilloise»98 et a pour but de créer une liaison douce reliant la porte de Hal au nord au parc de Forest au sud. Il se constitue de petites interventions sur l’espace public incluant le quartier dans les maillages verts et bleus. C’est aussi le long de cet axe que Suède 36 prévoit l’implantation de deux projets immobiliers de logements et de services communautaires dont une crèche, un parking vélo de quartier, une ressourcerie et une proposition de projet intergénérationnel. Bien que ne longeant pas la promenade, le jardin Hélène De Rudder est inclus dans ce pôle.

Le deuxième pôle se penche sur les alentours de la place Marie Janson dans le but d’y ajouter de nouvelles fonctions récréatives, sportives, culturelles et de détente.

Enfin, le troisième pôle a pour but de redynamiser l’identité commerciale de la chaussée de Waterloo et de la rue du Fort avec l’activation des rez-de-chaussée commerciaux, la rénovation des façades, des interventions sur l’espace public et en mettant un point d’attention sur l’éclairage public.

Celui-ci semble important dans l’établissement de ce dossier de base et revient dans les trois pôles dans l’optique de garantir un sentiment de sécurité et notamment le bon fonctionnement de la liaison douce. Pour cela, le CQD fait appel à un financement complémentaire de la part de Sibelga.

97 Suède 36. « Contrat de Quartier Parvis-Morichar ». Suede36, 1 janvier 2015. http://www. suede36.be/fr/content/contrat-de-quartier-parvis-morichar.

98 Ibid.

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Souhaitant se lier aux maillages vert et bleu, la liaison douce ainsi que la jardin Hélène De Rudder et les autres espaces verts du premier pôle sont définis plus précisément. Ainsi, le dossier propose d’aménager de façon confortable et sécurisée plusieurs rues reliant les espaces publics sur une longueur d’environ 1 kilomètre. Le renforcement du maillage vert tient par la verdurisation de la cour Jacques Frank (aujourd’hui Jardin Hélène De Rudder), de l’ilot Coenen de la place Morichar et Marie Janson, du réaménagement de plusieurs rues, de la création d’un potager urbain ainsi que d’un mini zoo dans le parc Paulus, d’un nouveau projet paysager pour le par Métro Horta et de la réintégration des moineaux dans la ville. Le dossier pointe également l’importance de marquer les entrées des différents parcs avec l’ambition de créer des « salons urbains »99 par l’aménagement de mobilier urbain.

Le Jardin Hélène De Rudder n’est pas physiquement lié à la promenade saint-gilloise et en est séparé par une rue et un ilot, sa présence parmi ce maillage semble donc contribuer uniquement aux espèces volatiles en termes de biodiversité. Cependant, l’implémentation du jardin à cet endroit gagne de l’importance quant au maillage jeu puisqu’il communiquera avec la cour de l’école Nouvelle, rue Louis Coenen. Ce maillage reprend également des enjeux sportifs et de santé. Par-là, Suède 36, intègre une réflexion intergénérationnelle en pointant différents groupes cibles et en répartissant des aménagements qui leur sont dédiés sur le périmètre du pôle d’intervention de façon complémentaire.

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99 Suède 36. Op. Cit. Fig. 59. PROMENANDE SAINT-GILLOISE. Suède 36

PARTICIPATION

Parmi l’ensemble des contrats de quartier analysés dans le cadre de ce mémoire, le CQD Parvis-Morichar est certainement celui sur lequel il est le plus aisé de trouver des informations. On peut relier cela au fait qu’il s’agit du plus récent d’entre tous mais aussi à l’énergie qui est mise par les autorités, représentées, en partie, par Lydie Segura, travaillant au département « revitalisation urbaine » de la commune de Saint-Gilles. Le CQD Parvis-Morichar est le deuxième sur lequel elle a travaillé.

Il y a plusieurs choses pour que la participation puisse fonctionner. D’abord, la communication doit être constante et diversifiée. Il vaut mieux trop en faire que pas assez et les canaux doivent être différents afin de toucher un maximum de monde. Lors d’une interview menée dans le cadre de ce mémoire, Lydie Segura nous donne un bref aperçu de cet aspect communicatif :

« On essaie surtout de varier et de diversifier la communication car si on passe seulement par internet on ne peut pas toucher tout le monde. Pareil pour les visites, on les a faites parfois la semaine, parfois le samedi, en journée, en soirée, pour permettre à un maximum de monde de venir. On met tout le temps des flyers dans les boites aux lettres pour prévenir des assemblées générales. On a aussi fait quelques visites de chantier avec les habitants quand il était en cours pour leur expliquer. On a mis des affiches sur les grilles et dans les endroits clé. »100

À Saint-Gilles, les habitant.e.s peuvent également assister à une exposition des différents projets concurrents pour l’ensemble des projets établis sur le périmètre du contrat de quartier où ils ont l’occasion de voter pour leur projet préféré. Dans le cas du jardin Hélène De Rudder, le vote des autorités communales et des habitant.e.s étaient identiques, ce qui rend certainement le choix plus facile.

À l’échelle du jardin, des ateliers participatifs ont également été mis en place soit dans l’optique d’amener les enfants du quartier à s’approprier l’espace, soit directement à l’imaginer. En effet, l’atelier « ballots de paille » leur a permis d’imaginer l’espace qui serait occupé par le talus tandis que le mur allant de l’entrée au centre culturel a été décoré d’un « journal de quartier ». Si ces activités ont été initiées par la commune en collaboration avec le centre Jacques Franck et l’école, les architectes du projet m’ont malheureusement affirmé, lors d’une interview101, ne pas y avoir eu recours eux-mêmes, si ce n’est lors de la présentation publique mentionnée plus haut. 100

126
Entretien avec Lydie Segura. (08 juin 2023) 101 Entretien avec Jan Laute et Ana Mirales. (02 juin 2023)
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Fig. 60. JOURNAL DE QUARTIER DU JARDIN HELENE DE RUDDER

« On n’a rien touché de l’existant, on a changé certaines parties de revêtement de sol qui étaient dégradés mais pour le reste, ça reste des interventions réversibles d’une certaine manière. »1

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1 Entretien avec Jan Laute et Ana Mirales. (02 juin 2023) Fig. 61. LE JARDIN HELENE DE RUDDER. PROJET ET ENVIRONNEMENT BÂTI.

PROJET ET ENVIRONNEMENT BÂTI

Déjà présent avant les travaux, l’escalier reliant la cour du centre culturel Jacques Franck (aujourd’hui jardin Hélène De Rudder devait, selon les dessin initiaux, être intégré au projet du jardin. Il était initialement prévu qu’il soit possible de le rejoindre par le talus servant également d’assise. Finalement, il s’agit simplement d’un jardin qui est surélevé car le sol sur lequel il repose est pollué. Le surélever était une question budgétaire, de même que le fait de ne pas toucher à l’escalier existant.

Le centre culturel Jacques Franck, en place depuis 1973 est directement lié au jardin par la grande salle en cœur d’ilot donnant au rez de la cour ainsi que par un long couloir reliant directement le bâtiment en front bâti aux escaliers. Le jardin portait d’ailleurs le nom de « cour du centre culturel Jacques Franck » avant travaux. Il permet d’activer la cour par le biais de diverses activités. Par exemple, lors de l’inauguration ont eu lieu des ateliers de création de nichoirs, peinture des pots pour les boutures ou encore des ateliers théâtre. Le centre tend également à renforcer son image de centre névralgique de quartier en augmentant son caractère public et souhaiterait faire du jardin son entrée102.

L’école du Parvis est une école préscolaire et primaire accueillant des enfants ayant un trouble de l’apprentissage. Elle est physiquement reliée au jardin par l’escalier lui offrant une deuxième entrée. La cour est actuellement utilisée comme agrandissement de la cour de récréation et cet aspect a été conservé dans le projet. Les enfants de l’école ont formé un public cible pour les ateliers participatifs mais les architectes insistent sur le fait qu’il faut les amener à s’approprier l’espace pour en tirer tout le potentiel.

L’entrée du jardin au numéro 11 de la rue de Rome représente un défi pour l’usage futur du jardin. Mes entretiens avec Lydie Segura et AAC l’ont tous les deux affirmé, la grille à l’entrée peut, depuis la rue, faire penser à un terrain privé. Il est donc important d’inviter les habitant.e.s à y entrer par le biais d’activités pour qu’iels y reviennent par la suite.

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1 2 3 4
D’après l’entretien avec Jan Laute et Ana Mirales. (02 juin 2023)
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VERS LA SORTIE DU JARDIN
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Fig. 62. (pour l’ensemble des photos). JARDIN HÉLÈNE DE RUDDER; LE JARDIN REHAUSSÉ L’ENTRÉE DU CENTRE CULTUREL L’ENTRÉE DU JARDIN

LOCALISATION ET RÈGLES URBANISTIQUES

Le jardin se situe dans une zone d’habitations au PRAS, ce qui ne lui permet pas d’être protégé en vue d’une future construction à l’instar du cas étudié précédemment. Le centre Jacques Frank et l’école figurent également dans cette zone. Par conséquent, il se pourrait qu’ils soient un jour remplacés par de l’immobilier par exemple. Cependant, les chances que cela arrive au centre culturel sont amoindries par le fait que les parcelles cadastrales appartiennent à la commune et non à un privé.

Le jardin se trouve à cheval sur deux parcelles. La première, 206W, s’étend du numéro 11 de la rue de Rome aux numéros 92 à 94 de la chaussée de Waterloo représentant les entrées du centre culturel Jacques Franck. La seconde parcelle concernée, la 94W9, se situe au numéro 17 de la rue de Rome. À l’heure actuelle, il existe une confusion entre le plan cadastral et le mur séparatif réel, séparant le jardin avec le reste de la parcelle 17. En effet, le jardin semble avoir été défini en fonction des limites réelles existantes sur place et utilise ainsi l’appendice de cette parcelle comme appartenant à la parcelle 11. Cependant, le projet a, involontairement fait renaître cette limite. De fait, l’étude des sols avait décelé que ceux se trouvant sur le terrain 17 étaient pollués et les architectes ont ainsi été contraints, par le manque de budget, de rehausser le jardin qui marque aujourd’hui cette différence cadastrale.

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Fig. 63. SCHÉMA DU JARDIN HÉLÈNE DE RUDDER
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Fig. 66. PLAN PARCELLAIRE CADASTRAL Fig. 64. PRAS 2001 Fig. 65. PRAS ACTUEL

Printemps 2012

Printemps 2012

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Fig. 67. SITUATION EN 2012
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Fig. 68. SITUATION EN 2023 Realized
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TYPOLOGIE EN MAILLAGE DE POINTS

4 Pockets Parks L50

Tracé de l’eau

Forte Dei Marmi-Sorelo-Ranch

Structure urbaine, espaces publics

La typologie maillage de points rassemble les espaces verts distincts physiquement mais liés par le projet. Ils ont fait l’objet d’une réflexion commune et d’un dessin par la même main. Leurs objectifs sont variés et découlent d’une réflexion à plus grande échelle disposés en plusieurs points stratégiques. Il peut s’agir de liaisons écologiques, d’aménagements opportunistes de microespaces résiduels ou encore d’un choix délibéré de dispersion d’espaces communautaires au travers d’un quartier.

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137 35 40 44 65

Tracé de l’eau

Dans la commune de Forest, les aléas d’inondations sont nombreux et notamment dans le bassin versant, dans lequel se situent la rue Dries et la rue Vanpé, accueillant toutes deux le projet. Par conséquent, la question de l’eau a été considérée comme de la plus haute importance lors de la rédaction du dossier de base du contrat de quartier Abbaye en 2014.

Le projet Tracé de l’eau a, dès lors, comme objectif, l’aménagement d’un ensemble de points sur l’espace public dans le but de maitriser davantage l’écoulement des eaux de pluie.

Depuis le parvis de la gare de Forest-Est jusqu’au square Auguste Lumière au bas de la rue Dries. Ces aménagements prennent la forme de jardins de pluie dispersés de façon régulière tout au long de ces rues.

Contrat de quartier Abbaye (2014-2018)

Entrées : rue Vanpé et rue Dries, 1190 Forest

État du chantier : pré-réceptionné

Conception : Taktyk, INFRA Services, Ecorce

Maitrise d’ouvrage : commune de Forest

Entrepreneur : Viabuild

Superficie : 140 000 m²

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Fig. 69. JARDINS DE PLUIE DE LA RUE DRIES

CONTRAT DE QUARTIER DURABLE ABBAYE

Le dossier de base du contrat de quartier durable Abbaye à Forest a été confié au bureau Karbon. En 2014, les membres de l’équipe ont ainsi entamé une série d’études pour établir ce dossier dense et précis de près de cent-trente pages. Celui-ci reprend des recherches historiques, une analyse sociologique, un diagnostic urbanistique et architectural ainsi qu’un inventaire et des cartographies des projets en cours dans le quartier que le bureau, nommé « Scénario 0 »103

Karbon base son approche thématique du quartier sur trois pôles. Le premier concerne le bassin versant, en fond de vallée. Le second se concentre sur le centre civique et le positionnement du quartier au cœur du centre historique de la commune de Forest. Et le dernier se penche sur la mixité du tissu forestois qui transforme progressivement le quartier.

Quant aux interventions préconisées par le dossier, elles suivent trois lignes directrices. Le Tracé de l’eau, qui nous intéresse, propose une série d’interventions dans l’espace public suivant les indications apportées par une attention particulière à la situation hydrographique du quartier. Le tracé de l’eau, par son histoire notamment, relie différents services et équipements commerciaux, culturels, de service public. Le dossier préconise alors de s’en servir afin de créer un lien de cohésion sociale. Les problématiques de l’eau lient depuis longtemps les habitant.e.s du quartier, ensemble face aux désagréments causés par la (non-)gestion de celle-ci. Cela a d’ailleurs amené une partie d’entre eux à se mobiliser via des comités de quartier. La commune a quant à elle mis en place une « cellule eau » et la région, à plus large échelle, a établi des cadres politiques liés à l’eau depuis 2006104. Les deux autres lignes d’action quant à elles se concentrent sur les pourtours de l’Abbaye comme futur pôle culturel et sur le renforcement de la mixité sociale, économique et fonctionnelle du quartier.

Le projet Tracé de l’eau intègre le premier pôle d’intervention et en est son projet phare.

103 Karbon. « Dossier de base stratégique pour le contrat de quartier durable Abbaye », 2014. http://www.forest.irisnet.be/fr/services-communaux/revitalisation-des-quartiers/cqdabbaye/diagnosticet-programme.

104 Introduction d’un cadre politique lié à l’eau en 2006, incluant un Plan de Gestion de l’eau réévalué tous les six ans depuis 2010 : « Moniteur Belge - Belgisch Staatsblad ». Consulté le 23 mai 2023. https://www.ejustice.just.fgov.be/cgi/article_body.pl?language=fr&caller=summary&pub_ date=06-11-03&numac=2006031555.

«Plan Pluie» : « Moniteur Belge - Belgisch Staatsblad ». Consulté le 23 mai 2023. https:// www.ejustice.just.fgov.be/cgi/article_body.pl?language=fr&caller=summary&pub_date=09-0209&numac=2009031052.

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Fig. 70. PLAN DE SITUATION DU TRACÉ DE L’EAU. Karbon Fig. 71. CQD ABBAYE PÔLES ET INTERVENTIONS

Le parvis de la gare de Forest-Est a été réaménagé. Se trouvant sur les hauteurs de deux talus aux pentes abruptes, le projet tend à ralentir le ruissellement des eaux de pluie. Le talus côté rue où se trouvent l’emmarchement et la pente se compose de murets perpendiculaires à celle-ci. L’eau ruisselle sur une plus courte surface et est infiltrée avant chaque muret. Sur le mur le plus haut, des tuyaux verticaux apportent un côté ludique les jours de pluie. Sur le talus ouest, la vitesse des eaux de ruissellement avait déraciné les plantations durant la première année, d’autres ont donc été plantées et un bassin en contre-bas récolte les eaux avant qu’elles n’atteignent les habitations. Sur le parvis, une différenciation au sol fait apparaître le tracé de l’eau et mène à une fontaine. Cependant, elle est reliée à l’eau courante pour des raisons de règlement sanitaire.

142 3 1 PROJET ET ENVIRONNEMENT BATI
Fig. 72. LE TRACÉ DE L’EAU. PROJET ET ENVIRONNEMENT BÂTI.

2 Rue Vanpé : au stade de l’avant-projet, les architectes prévoyaient qu’un des deux trottoirs soit entièrement longé par un jardin de pluie. Suite aux inquiétudes des commerçant.e.s par rapport à la diminution du nombre de stationnements, le projet a été revu et le jardin de pluie s’est vu fractionné en plusieurs segments séparant deux places de parking. Aujourd’hui, les plantations sont en partie déracinées et y prolifèrent peu pour plusieurs raisons : la pente de la rue a pour conséquence un ruissellement plus rapide, le projet se remet difficilement du changement d’échelle effectué par rapport à l’avant-projet et ce morcellement additionné aux déchets urbains de la rue commerçante semblent affaiblir le dispositif.

Les jardins de la rue Dries sont, tous comme dans la rue Vanpé, morcelés mais le contexte d’implantation de ces espaces est bien différent. Lors d’un entretien avec Thierry Kandjee, co-fondateur de Taktyk, celui-ci explique :

« Cela vient aussi des habitants. Quand on fait le concours, on se rend d’abord sur le site. J’ai rencontré une partie des riverains qui sont sensibilisés à la question de l’eau, qui sont soumis partiellement à des inondations dans leur cave, qui ont eux-mêmes demandé des permis de végétaliser, etc. Donc ce n’est pas le même contexte. Rue Dries, les habitants voulaient ce genre d’aménagement. Dans le concours on a même dit que le square de l’eau, aboutissement de la rue Dries, serait un square des voisins.»105

Il est vrai aussi que la taille des jardins est un peu plus élevée et que la pente de la rue y est plus douce. On y voit alors des plantes verdoyantes et des potirons plantés par les élèves de l’école de la rue. Au square de l’eau, des pots de fleurs installés par quelques habitant.e.s complètent la proposition et la fontaine a été conservée.

105 Entretien avec Thierry Kandjee. (25 mai 2023)

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EMMARCHEMENT DU PARVIS DE LA GARE
POTIRONS
DES ÉLÈVES RUE DRIES PARVIS DE LA GARE PLACE SAINT-DENIS JARDIN DE PLUIE RUE VANPÉ SQUARE DE L’EAU PASSAGE POUR PIÉTONS RUE DRIES SQUARE DE L’EAU
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FONTAINE DU PARVIS DE LA GARE FONTAINE DU SQUARE DE L’EAU Fig. 73. (pour l’ensemble des photos). TRACÉ DE L’EAU, PARCOURS

PARTICIPATION

Fort de ses expériences antérieures en termes de CQ(D), le bureau d’étude connait les limites de la participation, et les énonce dans le dossier de base. La première entrave à celle-ci étant les temps impartis. Se met alors en place la coordination de divers acteurs impliqués dans le but d’approfondir les hypothèses avancées par les dispositifs de participation réalisés en début de recherches via des assemblées générales, des commissions de quartier, des permanences avec le chef de projet lors du marché et de la brocante place Saint-Denis et deux promenades thématiques. Les réunions de coordination prennent la forme de tables rondes où le bureau d’étude tient le rôle de médiateur entre les avis parfois divergents des acteurs engagés dans le processus.

Le projet du Tracé de l’eau se lance par le biais d’un concours auquel répond le bureau Taktyk. Dans une interview menée dans le cadre de la rédaction de ce mémoire, Thierry Kandjee, co-fondateur du bureau d’architecture en question m’affirme qu’il n’y a pas réellement eu de participation liée à la conception du projet mais plutôt de la communication informative. Lors de cette interview, Thierry Kandjee a pu expliquer sous quelle forme elle s’est faite :

« Il y a eu des réunions publiques et il y a eu des flyers qui ont été mis dans les boites aux lettres pour inviter les habitants à participer une réunion d’information à l’Abbaye de Forest au stade d’avant-projet et puis les informations réglementaires ont été faites sous forme d’enquête publique, au niveau du permis d’urbanisme c’est toujours une enquête publique, où tout le monde est invité à consulter les documents et à s’exprimer et à venir en commission de concertation pour notamment, s’il y a des pleines et des avis à exprimer. C’est la commune qui s’en est occupée. Il y avait, en chargée de projet du côté de la commune, S.C., qui n’est plus à la commune et qui avait été embauchée pour le contrat de quartier. Quand une commune obtient un contrat de quartier, elle a des ressources qui lui sont allouées, ce qui lui permet de recruter du personnel le temps du contrat de quartier et quand il se termine ces personnes vont soit vers un autre poste soit changent de travail. Donc là c’est la commune qui a géré la communication, qui a fait un flyer et ensuite il y a aussi une autre forme de communication. Comme c’est un projet qui, on va dire, est atypique à l’époque pour la commune de Forest, il y a des panneaux d’information qui ont étés mis dans l’espace public pour expliquer la démarche de ce qu’est un jardin de pluie, pourquoi on s’intéresse à ça, quels sont les enjeux associés et qui sont toujours là aujourd’hui. »106

Très peu de personnes ont réellement participé à cette commission de concertation, mais certaines craintes ont pu remonter aux autorités par le biais de l’échevin du commerce de l’époque. Celles-ci concernaient quelques commerçant.e.s énonçant

106 Entretien avec Thierry Kandjee (25 mai 2023)

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leurs inquiétudes vis-à-vis de la suppression des places de parking le long d’un côté de la rue Vanpé107 et craignant que cela fasse diminuer leur clientèle. Cette réaction, bien qu’ayant eu lieu en dehors de la participation organisée dans le cadre du projet, a eu un impact sur celui-ci et le jardin de pluie initialement prévu tout au long de la rue Vanpé a été revu à la baisse. Le jardin de pluie a ainsi dû être repensé et les architectes se sont vus obligés de réinstaurer des places de stationnement entrainant la division de l’unique jardin de pluie en plusieurs fragments. Selon, Thierry Kandjee, c’est un facteur qui a nui à l’efficacité des jardins de pluie. Cependant, cet acte a surement permis de rendre le projet plus acceptable auprès des commerçant.e.s ayant fait porter leurs voix.

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107 Dans le cadre de l’élaboration du projet, une étude de mobilité menée par Infra Services avait conclu qu’une diminution des places de stationnement était possible dans certaines rues de Forest. Fig. 74. COMMUNICATIONS CONCERNANT LES JARDINS DE PLUIE DANS LES RUES DRIES ET VANPÉ

LOCALISATION ET RÈGLES URBANISTIQUES

Le périmètre du CQD s’étend dans le sud-ouest de la commune de Forest que le dossier de base divise en trois parties en se basant sur le PRAS. À l’ouest, le quartier est fermé par une ceinture d’industries (en mauve sur la carte du PRAS). À l’est, le site présente un tissu urbain à mixité faible présentant principalement des logements traditionnels (en jaune clair). Entre les deux, le long de la chaussée de Neerstalle, on y retrouve un tissu mixte et quelques infrastructures, notamment l’Abbaye et la place Saint-Denis. Le périmètre accueille également deux espaces verts, le parc Bempt et le parc Duden, qui est classé. Le dossier de base met en évidence la liaison préconisée par le maillage vert ainsi qu’une deuxième connexion, écologique, rejoignant les abords du chemin de fer et le suivant de son long. Le projet du tracé n’ira pas si loin et s’arrêtera finalement au parvis de la gare.

Durant la période de quatre ans, le périmètre du CQD a été élargi et a permis à la commune de Forest d’introduire deux demandes de financement FEDER. Ceci a permis d’apporter des subsides supplémentaires pour le site de l’Abbaye pour son potentiel touristique et pour le parc Bempt dans le but d’y accueillir des formations qualifiantes autour des métiers de l’environnement mais cela a également impacté le projet du Tracé de l’eau en l’amputant de la place Saint-Denis.

Il est intéressant de noter que le Tracé de l’eau s’établit sur les voiries. Les aménagement ne seront donc pour ainsi jamais protégés par le PRAS. Cependant, le maillage vert préconise le tissage de liaisons vertes par le biais des infrastructures de voiries, le projet s’inscrit donc dans cette démarche. Pour autant, cela nous permet également d’interroger les limites de la notion d’espace vert public définie en début de ce travail. Les voiries sont majoritairement minéralisées. Malgré cela, le projet réussit, comme nous pouvons le voir sur les photos à la page précédentes, par le parsèmement d’interventions, à intégrer la nature en ville afin de créer une illusion d’environnement naturel.

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Fig. 75. PRAS 2001 Fig. 76. PRAS ACTUEL Fig. 77.PLAN PARCELLAIRE CADASTRAL
150 tracé de l'eau rue de l'eau 24/05/2023 Realized by means of Brussels UrbIS®© - Distribution & copyright CIRB Printemps 2012 Printemps 2012 Realized by means of Brussels UrbIS®© - Distribution & copyright CIRB Printemps 2012 Printemps 2012 Realized by means of Brussels UrbIS®© - Distribution & copyright CIRB Dernière Dernière RUE DRIES ET SQUARE DE L’EAU rue vanpé Printemps 2012 Printemps 2012 rue vanpé Printemps 2004 Printemps 2004 Dernière Dernière RUE VANPÉ

Printemps 2012 Printemps 2012

151 tracé de l'eau 1 24/05/2023 Realized by means of Brussels UrbIS®© - Distribution & copyright CIRB
78. SITUATION EN 2012
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79. SITUATION EN 2023 Realized by means of Brussels UrbIS®© - Distribution & copyright CIRB Realized by means of Brussels UrbIS®© - Distribution & copyright CIRB
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Dernière
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Parc du Viaduc

Jardin Hap

La typologie des espaces verts déprivatisés reprend des espaces verts existants à l’état de jardin privé. Le contrat de quartier permet dans ce cas, par le rachat des terres par les autorités communales généralement, de les rendre publics. Des aménagements sont alors parfois nécessaires à ces fins.

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ESPACE VERT DÉPRIVATISÉ
TYPOLOGIE
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Jardin Jean Félix Hap

Du nom de son dernier propriétaire, le jardin Jean Félix Hap se cachait jusqu’il y a peu derrière une palissade en bois et un grand mur. Devenu propriété de la commune en 1988, au décès de Jean Félix Hap, dont il porte le nom, souhaitant partager la beauté du jardin au quartier, il faudra attendre 2014 pour qu’il soit entièrement rénové à ces fins. Passionné de jardinage, il avait déjà ouvert son jardin aux personnes âgées dans les années 1960 et au grand public onze ans plus tard, seulement sur une période de l’année, en échange la commune se chargeait du gardiennage et de l’entretien. Entretenu par une famille de passionnés durant près de deux-cents ans, le jardin présente de nombreuses qualités d’aménagement, de biodiversité ainsi que plusieurs dépendances aujourd’hui rénovées.

Contrat de quartier Chasse-Gray (20142018)

Entrées : croisement rue Louis Hap et rue Richards Kips ; croisement rue de Wavre et rue de la Confiance ; avenue d’Auderghem, 1040 Etterbeek

Année de réalisation : 2021

Conception : SKOPE

Maitrise d’ouvrage : commune d’Etterbeek

Entrepreneur : ETH

Superficie : 12 000 m²

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Fig. 80. VUE SUR LA DÉPENDANCE DEPUIS L’ENTRÉE RUE LOUIS HAP

CONTRAT DE QUARTIER DURABLE CHASSE-GRAY

Le dossier de base du CQD Chasse-Gray108 a été confié au bureau ERU, en collaboration avec l’Atelier d’Architecture du Congrès par la commune d’Etterbeek en 2014. Le contrat de quartier se divise en deux catégories possédant leurs propres sous-catégories.

Le premier élément fort est la réalisation d’un cheminement vert, il constitue le projet phare environnemental du CQD. Il s’étend le long de la chaussée de Wavre, comme une sorte de colonne vertébrale, de laquelle partent quelques ramifications. Ce cheminement relie trois pôles définis par le bureau d’étude. Du nord au sud, chaque pôle porte un nom et un objectif distinct des deux autres mais le tout est relié par une cohérence recherchée via la chaussée de Wavre. Il sera suivi par l’antenne de quartier devant assurer la coordination du projet par le processus participatif, la cohérence globale, le suivi de la mise en œuvre, la communication et l’entretient.

Pôle 1. Interactions. Ce pôle prévoit l’aménagement selon une ligne commune des espaces publics : Square Forte Dei Marmi, Ranch et Jardin Sorelo dans un objectif de complémentarité. Chacun des espaces étant ainsi dédié à une tranche spécifique de la jeunesse sans que ce soit exclusif. Deux immeubles de dix et huit logements sont également prévus.

Pôle 2. Intercultures. Celui dans lequel se développe le Jardin Hap lui est pratiquement consacré. Selon le programme établi par ERU, les ateliers participatifs auraient indiqué le jardin comme étant un lieu de centralité potentiel. À ces fins, des aménagements de visibilité sont prévus ainsi que la réhabilitation des bâtiments principalement en équipements collectifs.

Pôle 3. Intergénérations. Ce dernier pôle se concentre sur un ilot comportant un nombre important de structures et d’associations. Son but est alors de créer des connectivités spatiales entre ceux-ci afin de renforcer la convivialité, la cohésion sociale et de soutenir les relations intergénérationnelles. Ce pôle intègre également, par la construction ou la rénovation, dix logements, une crèche, la reconstruction de l’ancien théâtre, une salle polyvalente, une ludothèque et un jeu de pétanque. Les espaces publics ne sont pas délaissés puisque l’ouverture du jardin Beauport et l’aménagement d’une traversée de l’ilot entre Preau et Fétis sont également prévus.

Quelques aménagements d’espaces publics n’intégrant pas ces trois pôles sont aussi prévus dont le réaménagement des rues du quartier Baucq, le réaménagement de la placette rue de Theux et l’amélioration de la traversée du carrefour à la Chasse.

108 ERU sprl. « Programme. Contrat de quartier durable Chasse-Gray », 2014. https://docplayer. fr/8783468-Programme-contrat-de-quartier-durable-chasse-gray-septembre-2014-commune-d-etterbeek-avenue-d-auderghem-113-115-1040-bruxelles.html.

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Fig. 81. CARTE PROGRAMMATIQUE DU CQD CHASSE-GRAY. ERUsprl

PROJET ET ENVIRONNEMENT BÂTI

Le réaménagement du parc et des bâtiments qui y sont liés a fait l’objet de plusieurs concours. Le bureau SKOPE a postulé pour ceux du parc, de l’orangerie et de la maison Hap et a remporté les trois. Pour chacun, une programmation avait été établie par le contrat de quartier. La ligne générale pour l’aménagement du parc semble avoir été la conservation d’un patrimoine qualitatif auquel tiennent un certain nombre de riverains ainsi que la conservation du calme en intérieur d’ilot, raison pour laquelle aucun espace de jeu pour enfants ou festif n’a été mis en place.

Le parc, les chemins et les arbres. Le parc étant classé, les architectes avaient pu de moyens d’action sur celui-ci. Les chemins n’ont pas pu être modifiés mais selon Gilles Saussez, interviewé dans le cadre de ce mémoire109, ceux-ci comportent des qualités évidentes qui permettent de traverser l’ilot rapidement et on ne voit donc pas apparaître de « chemins de chèvre ». Un abattage conséquent des arbres à été effectué pour apporter davantage de lumière, celui-ci a tout de même été revu à la baisse suite aux réticences durant la participation.

Le potager. Le CQD prévoyait l’installation d’un potager semi-public ainsi que d’un poulailler. Ceux-ci prennent place en hauteur du parc et sont gérés par le service environnement de la commune. Ceux-ci semblent bien entretenus et occupés, ce qui n’est pas toujours le cas et dépend d’une gestion rigoureuse mais également d’un intérêt certain des usagers.

Mur de soutènement. L’espace des potagers actuels existait autrefois sous forme d’un talus. Afin de libérer l’espace pour ceux-ci ainsi que pour les besoins de lumières déjà évoqués, les arbres du talus ont été abattus. Ceux-ci permettaient de soutenir le talus. En cours de chantier, il a donc fallu ajouter un mur de soutènement qui a ralenti le chantier car il fallait trouver des briques historiquement compatibles.

Entrées du parc. Côté chaussée de Wavre, les architectes n’ont pas touché au grand mur blanc déjà existant et la grille d’entrée, attenante à la maison Hap a été remise en état. Du côté de la rue Louis Hap, il y avait historiquement une clôture en bois parsemée de vues. Si les architectes voulaient reproduire ce schéma via une clôture en bois à claire-voie, le CRMS a refusé. Un mur de soutènement avec une assise surmonté d’une grille en métal noir est venue s’y installer à la place. Du au dénivelé important, les architectes ont également fait placer des escaliers en grillage métallique à l’allure serpentante à travers lesquelles les plantes passent afin d’empiéter au minimum sur le parc existant.

La maison Hap. Classée, la restauration de la maison ainsi que sa réhabilitation en centre de quartier n’a pas été chose aisée et a pris un peu de retard, notamment pour la réinstallation des toiles marouflées dans le bureau du notaire et

Entretien avec Gilles Saussez et Antoine Warin. (01 juin 2023)

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dans la bibliothèque. À l’heure actuelle, ses occupations restent encore floues mais il est prévu que la maison accueille des conférences, des expositions, des ateliers, des formations, une salle polyvalente et un logement pour le gardien sous les combles.

L’orangerie. Le bâtiment jouxte les anciennes écuries. La partie qui donne sur le parc a été transformée en salle polyvalente et de l’autre côté, un étage audessus, il est prévu d’y accueillir de l’Horeca. Une équipe devait être déterminée par la commune pour y assurer le service d’Horeca, des formations de restauration et des ateliers mais ce n’est pas encore mis en place à l’heure actuelle.

La maison attenante à la maison Hap est une maison de maître pour laquelle la création d’un équipement dédié au PMS et la création de deux logements sont prévues hors du budget du CQD.

La bibliothèque d’Etterbeek possède une entrée via la maison des jeunes donnant sur la chaussée d’Auderghem mais également une partagée avec l’entrée du parc. Bien qu’ils partagent cette entrée, Antoine Warin, également interviewé m’avoue qu’à son sens, cela n’a pas été assez exploité.

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Fig. 82. JARDIN JEAN FÉLIX HAP. PROJET ET ENVRIONNEMENT BÂTI

POTAGER ET POULAILLER

ORANGERIE ET ÉCURIES

PARC, ÉTANG ET KIOSQUE

ESCALIER VERS LA RUE LOUIS HAP

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JARDIN JEAN FÉLIX HAP

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Fig. 83. (à gauche). Fig. 84. (à droite). NOUVELLE ENTRÉE DU JARDIN

PARTICIPATION

«La participation c’est vraiment un facteur de réussite, pour moi, c’est le moteur des projets.»110

Les architectes du jardin Hap semblent avoir accordé une importance particulière à la participation, comme on peut le voir selon l’exclamation de Gilles Saussez. Au début du projet, celui-ci a rassemblé les différents acteurs et actrices du projet dans une réunion. Selon lui, ce n’est pas toujours chose aisée mais c’est important que riverains comme commune et Patrimoine ne découvrent pas le projet une fois terminé. La commune a également insisté sur le fait qu’il fallait aller à la rencontre des riverains assez rapidement.

Il y a donc d’abord eu une réunion en interne. Ensuite, les riverains ont été invités sur place et la participation s’est faite en trois moments, comme ils le font toujours chez SKOPE, m’affirme Gilles Saussez.

Premier moment : le bureau ne connait rien mais les habitant.e.s savent beaucoup mieux. Il s’agit alors de les écouter et prendre note.

Deuxième moment : un premier dessin du projet a déjà vu le jour mais les riverains sont invités, sur place, à prendre de quoi écrire et dessiner sur les plans affichés au mur.

Troisième moment : les architectes confrontent les envies des riverains avec la programmation imposée par le contrat de quartier, les mesures à respecter vis-à-vis du Patrimoine et le terrain lui-même. Ils présentent alors leur projet aux personnes présentes et prennent note des remarques.

Enfin, il y a eu une présentation finale, à la commune, avant la demande de permis. Les remarques qui sont remontées étaient d’ordre écologique : « Pendant le chantier, on va perdre la biodiversité, vous allez supprimer trop d’arbres ». Ce qui a réduit le nombre d’abattages prévus dans le projet initial mais a également mené à une gestion plus rigoureuse. En effet, Gilles Saussez donne l’exemple d’un frêne. Malade, il devait être abattu mais suite aux remarques des riverains, les architectes et la commune ont décidé de le conserver. À ces fins, des analyses sont effectuées chaque année afin d’éviter tout danger.

Le projet a engendré un certain nombre de participation, une cinquantaine de personnes, « énormément », selon l’architecte qui n’avait jamais vu autant de monde en atelier participatif. Selon lui, cela est dû au fait que le parc se trouve en intérieur d’ilot dans un quartier huppé mais également au fait que les riverains s’étaient déjà approprié le parc avant l’arrivée du contrat de quartier.

110 Entretien avec Gilles Saussez et Antoine Warin. (01 juin 2023)

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LOCALISATION ET RÈGLES URBANISTIQUES

Le site de jardin Jean Félix Hap est pourvu d’une histoire et d’un patrimoine riches. Dans le cadre du CQD Chasse-Gray, la commune publie et partage un fascicule intitulé Le site Hap à Etterbeek. Passé, restauration et renaissance.111 Retraçant l’histoire de la famille et mettant en évidence les restaurations des bâtiments ayant eu lieu suite au CQD.

Sans grande surprise, les changements ayant fait suite au CQD ne produisent pas de modification du PRAS depuis celui de 2001. En effet, les terres ont appartenu à la famille Hap à partir de 1804. Si au début, Albert Joseph Hap, alors bourgmestre (mayeur à l’époque) de la commune d’Etterbeek, achète trois hectares de terres en vue d’y installer une tannerie et une brasserie, il n’en reste pas moins que le caractère paysager du parc entourant les constructions y est déjà bien présent. Présent dans le vallon du Maelbeek, Albert Joseph Hap fait construire, en plus de la brasserie, un ensemble de trois bâtiments habitables sur cour au milieu d’un plan d’eau. Les premiers aménagements du parc tel qu’on le connait aujourd’hui apparaissent en 1873 lorsque son successeur, François-Louis Hap fait construire l’hôtel de maître au numéro 508 de la chaussée de Wavre. L’ensemble bâti sur cour devient alors la maison du jardinier, le plan d’eau les entourant disparait au profit de l’étang actuel et d’un jardin à l’anglaise. Une orangerie est ajoutée dans le prolongement de la brasserie et un chemin relie la chaussée de Waterloo à la chaussée d’Auderghem nouvellement créée.

Lorsque Félix Hap, notaire et conseillé provincial et communal reprend le site familial, il s’installe avec son épouse dans l’hôtel de maitre et fait appel à l’architecte Georges Thoelen pour annexer la bâtisse d’un bureau notarial et d’espaces pour son personnel. Parallèlement à cela, il fait démolir une partie de la brasserie et des potagers pour y faire du lotissement. Il fait également aménager l’espace restant dans le style des jardins à l’anglaise. Son épouse, Laura De Lannoy, fait installer un autre potager, un verger, une bergerie et un poulailler. Le tout en résulte l’esthétique du parc telle qu’elle était avant les travaux du CQD.

Dernier héritier de la famille Hap, Jean, fils de Félix, lègue la propriété à titre posthume à la commune d’Etterbeek. Elle comprend un certain nombre de parcelles bâties ou non, qui forment aujourd’hui le jardin dans les limites qu’on lui connait. En attendant, bien que le jardin soit administrativement privé, le couple l’ouvre en 1960 aux personnes âgées de la commune et au grand public en 1971, ce qui lui revêt un caractère public. Jean Hap décède en 1988 mais son épouse occupera la maison jusqu’en 2003. La commune devient alors pleinement propriétaire. Entre temps, la maison fut classée en 1995 et le jardin en 2000.

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111 Dusaunoy, M-P, et J-M Bailly. « Le Jardin Hap à Etterbeek. Passé, restauration et renaissance », 2021.
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Fig. 85. ÉVOLUTION HISTORIQUE DU JARDIN HAP
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Fig. 86. PRAS 2001 Fig. 87. PRAS ACTUEL Fig. 88. PLAN PARCELLAIRE CADASTRAL

Printemps 2004

Printemps 2004

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Fig. 89. SITUATION EN 2004
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Fig.
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La typologie des espaces verts réaménagés reprend les espaces verts publics déjà existants mais présentant un aménagement sous une autre forme, jugé insuffisant au bon déroulement de son usage et nécessitant donc un réaménagement.

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ESPACE VERT RÉAMÉNAGÉ Parc Reine-Verte Menin/étangs noirs Plaine de Liverpool Espace Pierron Parc Crickx Parc Fontainas Parc Rasquinet Parc Saint-Rémy Beauport Projet Phare «Jonction» Liaison douce continue - Jardin de Laveleye Parc Paulus Mairesse Garden Parc urbain place Marie Janson Parc de Biestebroeck Site Esseghem du foyer jettois Parc de la fonderie 49 50 51 53 54 59 67
TYPOLOGIE
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Parc Paulus

Niché en coeur d’ilot à Saint-Gilles, le Parc Paulus est ouvert au Public depuis 1973. A l’occasion du CQD Parvis-Morichar, le parc est réaménagé pour mieux répondre à son usage contemporain. Déjà jouxté des diverses installations intergénérationnelles telles qu’une école, une aire de jeu, un centre d’accueil de jour pour personnes âgées et un boulodrome, le parc est également pourvu d’un aménagement aux allures pittoresques qualitatif résultant de son patrimoine. Les aménagements récents ont donc eu pour but d’exacerber ses qualités et de répondre aux contraintes données par le site.

Contrat de quartier Parvis-Morichar (2015-2019)

Entrées : rue de l’Hôtel des Monnaies 122 ; rue de Parme 51, 1060 Saint-Gilles

Date d’inauguration : 24 mai 2023

Conception : Ledroit Pierret Polet, Pigeon Ochej Paysage

Maitrise d’ouvrage : commune de SaintGilles

Entrepreneur : ETH sprl

Superficie : 12 460 m²

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Fig. 91. PARTIE BASSE DU PARC PAULUS

CONTRAT DE QUARTIER DURABLE PARVIS-MORICHAR

Le parc Paulus appartient au même CQD que le jardin Hélène De Rudder étudié précédemment (cf. p.124). Contrairement à ce dernier, le parc s’intègre physiquement dans la « Promenade Saint-Gilloise » reliant la porte de Hal au parc de Forest. Il est précédé de la place Marie-Janson et suivit de la place Louis Morichar.

« Une liaison verte et douce, mais aussi un maillage, bleu, ludique, sportif, culturel, social, patrimonial, lumineux »112

Le premier pôle se divise lui-même en plusieurs sous-parties.

1. Liaison douce continue. Le dossier prévoit un aménagement sécurisé et continu des rues et des espaces publics en vue de renforcer la mobilité douce à travers Saint-Gilles. Cependant, une nuance est à apporter. Si le parc s’intègre dans la liaison douce, il n’est ouvert que de 7h30 à 20h pour des questions logistiques, et constitue donc un obstacle à cette liaison en dehors de ces heures. En effet, les autres espaces verts sont soit ouverts constamment, soit jouxtent un cheminement tandis qu’il faut traverser le parc Paulus et qu’aucun aménagement c’est prévu pour le contourner.

2. Renforcement du maillage vert. Cette liaison vise aussi à renforcer la biodiversité par une continuité verte, appelée « verdurisation » dans le dossier. Ce terme est à utiliser prudemment car il est également utilisé comme stratégie de « greenwashing », soulevant parfois des intérêts sous-jacents bien moins écoresponsables. Une analyse a été réalisée à priori par le service environnement de la commune mais il s’agira certainement d’en tirer des conclusions dans le futur mais cela soulève la notion intéressante d’expérimentation possible dans le cadre des contrats de quartier. Ce pôle intègre également la dimension de « salons urbains » aux entrées des parcs et intérieurs d’ilots, destinés à marquer les entrées de ceux-ci. C’est le cas pour le parc Paulus mais cette application est plus difficile sur le site du Jardin Hélène De Rudder.

3. Mise en valeur du maillage bleu. Les interventions hydrographiques ont une importance particulière dans le quartier Parvis-Morichar se trouvant dans la vallée de la Senne et plus précisément de sons affluant « l’Elsbeek ». Au-delà de la remise en valeur de l’eau au minima de façon symbolique, une étude hydrographique a été menée et a eu des conséquences notamment sur le réaménagement du parc Paulus.

4. Maillage ludique, sportif, santé. Nous le verrons plus précisément en abordant les aménagements du parc, le parc Paulus intègre une grande partie du descriptif établi par le dossier de base, excepté l’aspect sportif. Les manquements au sein du parc étudié sont compensés par les autres espaces directement et physiquement

112 Suède 36, (2015). Contrat de Quartier Parvis Morichar [En ligne]. Suède 36. [Consulté le 22 mai 2023]. Disponible sur : http://www.suede36.be/fr/content/contrat-de-quartier-parvis-morichar

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liés à celui-ci. Par exemple, le parc Paulus accueille un espace de jeux destiné à la petite enfance dans un cadre plus ou moins clos. Juste à côté, la place MarieJanson accueillera, une fois les travaux terminés, des équipements destinés à la jeunesse, notamment des espaces sportifs. Le CQD prévoit un aménagement intergénérationnel complémentaire et réparti le long de la liaison verte. Au parc Paulus, la petite jeunesse complète l’accueil des seniors, déjà établi en ces lieux avant les travaux dans l’ancienne écurie abritant « Notre cercle ».

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Fig. 92. PROGRAMME DU CQD PARVIS-MORICHAR. Suède36

PROJET ET ENVIRONNEMENT BÂTI

Nouveau cheminement : ce nouveau tracé parait simple mais il n’en est pas moins un point majeur du nouvel aménagement. En effet, le parc était autrefois divisé en deux entre la partie haute et la partie basse qui étaient seulement reliées par un chemin plus long reliant l’entrée côté métro à la maison Pelgrims. Ce nouveau chemin permet une liaison plus directe entre les deux parties et plus précisément entre l’entrée de l’école, le boulodrome et l’aire de jeux. Ce type d’aménagement se fait rare dans les parcs classés.

Le boulodrome a fait l’objet d’une rénovation complète à l’intérieur. Trois pistes de pétanque ont été installées en terrasse. Elles sont contournées par une rampe PMR en pisé. Initialement, les architectes souhaitaient qu’elle soit en briques mais le CRMS a préféré l’utilisation du pisé afin de valoriser le travail manuel. Seule la façade du boulodrome est classée, sa rénovation devait ainsi faire preuve d’une certaine sobriété pour éviter de faire concurrence à la maison Pelgrims. C’est pourquoi, l’inscription « Boulodrome » prévue par les architectes a été refusée par le CRMS.113 Cette façade accueille également quatorze nichoirs, ils sont liés à la volonté du CQD de favoriser la biodiversité volatile.

La plaine de jeux existante a été agrandie et les anciens modules ont été remplacés par de modules en bois. Les architectes ont profité de la pente naturelle du site pour y placer les toboggans.

À la demande des usagers lors des réunions de participation, le labyrinthe végétal existant a été conservé et replanté.

Un compost de quartier auquel il faut s’inscrire a été installé, il est ouvert sur la cour de l’école en journée.

Des arbres fruitiers ont été plantés le long de la clôture de l’école afin d’assurer un certain recul par rapport au parc. Des ganivelles les contournent mais rien ne dit si cette solution est temporaire ou permanente.

Un travail sur l’écoulement des eaux usées et des eaux de source a été réalisé afin de les séparer. Suite à l’étude hydrologique menée en amont, l’eau de source s’est remise à couler à travers les cascatelles de l’époque. Les abords de l’étang sont protégés pour y favoriser la biodiversité.

Le pont a été démonté et remplacé par un nouveau pont garni de rocailles rappelant les cascatelles et les décors pittoresques, tels que les colonnes en ruine au pied de la maison Pelgrims.

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113 D’après l’entretien avec Lydie Segura (08 juin 2023) 1 2 3 4 5 6 7 8

Une des trois entrées a été élargie et aménagée d’un banc dans le but de la marquer davantage comme entrée du parc.

« Notre Cercle » est un centre d’accueil de jour pour personnes âgées. Durant les beaux jours, la terrasse se remplit de ses usagers et anime cette partie du parc. Plusieurs réunions de participations s’y sont faites.

La maison Pelgrims est en attente de restauration, c’était à elle qu’était attribuée la partie basse du parc avant qu’elle soit rachetée par la commune.

L’école Nouvelle a impacté le réaménagement du parc notamment par la création du nouveau cheminement et du petit verger mais également parce que la participation s’est principalement faite avec ces élèves en particulier.

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Fig. 93. PARC PAULUS, PROJET ET ENVIRONNEMENT BÂTI

ENTRÉE VERS L’ÉCOLE ET PETIT VERGER

PARTIE HAUTE DU PARC

TERRASSE DE « NOTRE CERLCE »

AIRE DE JEUX

VUE SUR LA TERRASSE DU BOULODROME

INTÉRIEUR DU BOULODROME

ÉTANG ET COLONNE EN RUINE ROCAILLEURS AU TRAVAIL

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CASCATELLES

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Fig. 94. (pour l’ensemble des images). PARC PAULUS

PARTICIPATION

Tout comme pour le jardin Hélène De Rudder, la commune a engagé un processus participatif tout au long du CQD. En plus de cela, des ateliers participatifs ont également été menés par le bureau d’étude dans le cadre du projet du parc Paulus. Le public visé était principalement les enfants de la petite enfance accueillis par l’école du Parvis et la plaine de jeux préexistante.

Lors de mon entretien, avec Lydie Segura114, celle-ci est revenue sur les moments participatifs organisés par la commune, qu’elle a appelé les « moments participatifs classiques », notamment les commissions de quartier et les assemblées générales mais aussi des ateliers de dessin où les enfants devaient « dessiner leur plaine de jeux idéale »115 et une permanence. Comme pour d’autres exemples étudiés précédemment (cf. Jardin Jean Félix Hap, p.155), les inquiétudes relevées concernaient le maintien de la biodiversité, principalement durant le chantier. Ces moments ont été réalisés sur site, dans le boulodrome, l’école ou à Notre Cercle. Un atelier d’argile a également été donné par l’artiste Anne Mortiaux, non pas dans le but d’apporter des éléments d’information utiles à la réalisation du projet mais plutôt dans l’optique de guider les enfants visés par l’atelier vers un début d’appropriation de l’espace.

Les réunions participatives organisées par le bureau d’étude en vue de l’élaboration du projet avaient quant à elles permis de relever certains points d’intérêts, dont celui de conserver le labyrinthe végétal.

Enfin, des visites de chantier ont également été ouvertes aux habitant.e.s du quartier afin de leur montrer l’avancée des travaux.

L’inauguration du parc ayant été faite en ce 24 mai 2023, il est encore trop tôt pour avoir un réel retour sur le bon fonctionnement du parc mais l’inauguration a attiré un grand nombre de participant.e.s et lors de notre visite du parc à l’occasion de mon entretien avec Lydie Segura en ce 08 juin 2023 m’a laissé penser que son visage n’était pas méconnu des membres de « Notre Cercle » voire même très apprécié, ce qui peut nous donner une indication sur le bon fonctionnement de cette par ticipation.

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114 Entretien avec Lydie Segura (08 juin 2023) 115 op. cit.
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Fig. 95. PHOTOGRAPHIES PRISES LORS DE L’INAUGURATION DU PARC LE 24 MAI 2023

LOCALISATION ET RÈGLES URBANISTIQUES

Tout comme le projet analysé juste avant, le réaménagement du parc Paulus n’a pas apporté de changement en terme urbanistique, étant donné que le parc existait déjà pratiquement en l’état avant les travaux. Le quadrillage déjà présent en 2001 marque « l’intérêt culturel, historique, esthétique ou d’embellissement »116 relatif au site et qui concorde avec la classement du parc et de la maison Pelgrims ainsi qu’aux enjeux avancés par le bureau d’étude Suède 36.

On peut également observer sur le plan cadastral, la division du parc en plusieurs terrains résultant de son histoire. En effet, avant d’appartenir à la commune, les terrains 80E2, 80D2 et 79Y2 appartenaient au pharmacien Eugène Pelgrims. Il s’agit de la partie enclavée du parc et de la maison Pelgrims qui est, elle, surélevée.

Selon l’Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement117, l’hôtel de maître fait partie des premières bâtisses caractérisant l’urbanisation du quartier Morichar ayant suivi la démolition des remparts de la deuxième enceinte, fin du XIXe siècle. Il s’agit à l’époque d’un ensemble d’inspiration néo-Renaissance flamande portant le nom de « Les Cascatelles » dû à la suite de cascades se trouvant en son pied. Lorsqu’il est racheté par Eugène Pelgrims, celui-ci y fait faire des transformations d’agrandissement par l’architecte Fernand Petit en y ajoutant des éléments Art Déco et il fait aménager le jardin dans un style Pittoresque, profitant du dénivelé pour créer des vues et des scènes romantiques. En 1963, le jardin et la maison seront cédés par Pelgrims à la commune.

Le terrain 310G appartient quant à lui au couvent Notre-Dame de Cénacle. Lorsque les travaux du métro et de l’arrêt «Parvis de Saint-Gilles» débutent en 1969, une partie du couvent est démolie et les jardins sont regroupés pour former le parc public, « Parc Baron Pierre Paulus de Châtelet ».

116 Perspective.brussels. « Plan Régional d’Affectation du Sol ». 2019. https://perspective.brussels/ sites/default/files/documents/pras_c3_affectation_190806.pdf.

117 Bruxelles Environnement - IBGE. « Le parc Baron Pierre Paulus », 4 janvier 2011.

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Fig. 96. PRAS 2001 Fig. 97. PRAS ACTUEL Fig. 98. PLAN PARCELLAIRE CADASTRAL

Printemps 2004

Printemps 2004

Dernière Dernière

182 paulus 23/06/2023 Realized by means of Brussels UrbIS®© - Distribution & copyright
Fig. 99. SITUATION EN 2004
183 Realized by means of Brussels UrbIS®© - Distribution & copyright Realized by means of Brussels UrbIS®© - Distribution & copyright Dernière Dernière
100. SITUATION EN CHANTIER
Fig.

05.b TYPOLOGIES DES ESPACES VERTS ISSUS DES CONTRATS DE QUARTIER résultats d’étude de cas

À partir des différentes analyses de cas et de leur mise en lien avec l’ensemble des projets d’espaces verts publics issus des Contrats de Quartier (Durables) repris dans l’inventaire, il est possible de mettre en évidence certains mécanismes spécifiques à leur mise en place que l’on nommera : l’opportunisme, l’astuce et la résilience

L’OPPORTUNISME

L’opportunisme se positionne à l’encontre des politiques de planification comme nous avons pu en voir dans la première partie. Les quartiers-jardins dans les cas ayant fonctionné ou encore les planifications régionales n’ayant jamais abouti. Elle se présente au contraire d’une politique descendante prévoyant le plan et agissant en fonction afin de le mettre en œuvre, par le biais notamment d’expropriations, plutôt comme une politique ascendante, partant du particulier, d’un espace disponible, vu comme une opportunité à la réalisation d’un projet répondant aux besoins locaux. La forme n’est plus définie au préalable dans la planification mais imposée par un terrain laissé en friche, une zone résiduelle, dernière zone de vide dans un tissu dense.

La plus opportuniste des typologies est certainement celle du maillage où, tout terrain peu importe sa forme et sa taille est récupéré et intégré dans un réseau plus large. C’est le cas du Tracé de l’eau qui récupère des places de parking, jugée «de trop», des talus impossibles à urbaniser en abord de chemin de fer.

De manière générale, les friches ferroviaires constituent des opportunités à saisir dans le cadre d’un CQ(D). La première de ce type à avoir été saisie est celle du parc de la Ligne 28 (cf.p.109), il s’agissait alors de prendre l’opportunité d’aménager les terrains de la SNCB jouxtant l’aire de jeu Jean Dubrucq nouvellement créée afin de répondre à une ambition plus grande, exprimée par des collectifs d’habitant.e.s, les bureaux d’étude et les politiques, d’élargir l’outil du CQ à échelle régionale. Elle a rapidement été suivie par d’autres initiatives longeant les chemins de fer

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Fig. 101. L’OPPORTUNISME DES PLACES DE STATIONNEMENT

comme les Pockets Parks de la ligne 50, prévus dans le CQD Bockstael (2013-2017) qui récupèrent des espaces résiduels ferroviaires de manière ponctuelle ou encore le Park System, prévu dans le CQ Scpetre (2009-2013), permettant la création d’une passerelle cyclo-piétonne reliant la rue du Viaduc à la rue du Sceptre et créant une nouvelle entrée vers le Parc du Viaduc. Et aujourd’hui encore des projets sont prévus ou en cours, tels que dans le CQD Stephenson par exemple, qui permettra de dissocier les piétons qui le souhaitent de la voirie sur une portion de la rue Stephenson.

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Fig. 102. 4 POCKET PARKS L50. VVV architecture urbanisme La Terrasse Le Vallon Le Jardin-Station La Halte Royale
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Fig. 103. LE JARDIN-STATION
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Fig. 104. LA HALTE ROYALE
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Fig. 106. PARCS (1), (2) ET (3). Urban Platform Fig. 107. LIAISON CYCLO-PIÉTONNE DU PARK SYSTEM (CQD SCEPTRE). Beliris Fig. 105. DÉDOUBLEMENT DE LA CIRCULATION DOUCE EN ABORD DE CHEMIN DE FER (cas du futur parc Stephenson)

Mais l’opportunité ne se trouve pas uniquement le long des chemins de fer. Parfois, il s’agit simplement d’un morceau de terrain que l’histoire a laissé en friche, comme c’est le cas pour le lit de la Senne. Voûté à la fin du XIXe siècle, il a aujourd’hui donné naissance au Parc de la Senne. Mais ceci, sans être planifié à l’échelle régionale. Il y avait simplement une longue friche située en intérieur d’ilot, qui permet aujourd’hui de rejoindre Schaerbeek à Laeken par le biais d’une mobilité active et est agrémentée d’espaces de jeux pour enfants, d’espaces de repos. Par sa disposition en longueur, croisant plusieurs rues perpendiculairement, le projet s’est réalisé en plusieurs phases, dont le dernier tronçon, reliant la rue des Palais au Parc de Laeken n’est à ce jour pas encore réalisée. Ces tronçons, entrecoupés par des carrefours automobiles, permettent de créer une nouvelle «rue»118, uniquement accessible aux mobilités douces, plus agréable et sécuritaire à emprunter.

Par le biais des espaces verts linéaires, l’opportunisme n’est plus seulement d’acquérir un terrain dès qu’il se présente. Il s’agit aussi de considérer un lieu à échelle locale comme opportunité de créer un maillage régional. Ainsi, les voies cyclo-piétonnes se créent un peu partout dans Bruxelles, créant les prémices d’un troisième réseau de circulation, s’ajoutant à celui de l’automobile et des transports en commun. Il est issu d’une réflexion plus globale sur l’aménagement d’un RER (Réseau Express Régional) vélo de quatre-cent kilomètres à travers Bruxelles et jusque dans les villes avoisinantes dans le Brabant Flamand, s’inscrivant le long des «barrières naturelles»119 au sein du tissu urbain : les chemins de fer, les voies navigables et les autoroutes. Beliris prend en charge le financement d’une certaine partie de ces aménagements. Raison pour laquelle, le parc de la Ligne 28 ou encore le Park System du CQ Sceptre sont en partie financés par l’organe parastatal120 .

118 Le terme «rue» est à emprunter partiellement car en réalité, le parc est légalement considéré comme intérieur d’ilot. Ainsi, il s’agit d’un espace public mais n’appartenant pas au «domaine public» tel le statut d’une vraie rue. Dès lors, le rapport aux façades des bâtiments qui la jouxtent ne peut être identique et les grilles d’entrées ont le droit d’être formées, ce qui ne pourrait être le cas d’une rue.

119 « Le RER vélo | Bruxelles Mobilité ». Consulté le 8 août 2023. https://mobilite-mobiliteit.brussels/fr/se-deplacer/velo/choisir-son-trajet/le-rer-velo.

120 Beliris. « Création de cyclostrades à travers Bruxelles ». Consulté le 8 août 2023. https://www. beliris.be/projets/cyclostrades.html.

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Fig. 108. PLAN MASSE DU PARC DE LA SENNE. La Compagnie du Paysage
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Fig. 109. PARC DE LA SENNE

D’autres opportunités se présentent également lorsqu’un terrain, au cœur d’un ilot est laissé en friche, parfois ils seront amenés à devenir des logements ou un bâtiment accueillant des équipements communautaires. Mais parfois, le choix des acteurs et actrices prenant part à l’élaboration du CQ(D) décideront plutôt d’en conserver le caractère de «vide» afin d’y créer un espace vert. C’est le cas par exemple, du Parc des Étangs Noirs à Anderlecht (CQ Rives Ouest, 2007-2011), où d’anciens hangars ont fait place à un parc agrémenté d’une aire de jeux pour enfant dans un quartier dense et caractérisé par une population jeune, où peu d’espaces extérieurs récréatifs sont disponibles. Ce choix laisse cependant apparaître quelque chose de curieux, comme englobées par le parc, deux maisons bruxelloises restent debout, elles sont rejointes par le bâtiment de logements construit à l’occasion du même Contrat de Quartier et procurent au parc un certain recul par rapport à la voirie. Précédant le parc, l’aménagement de celui-ci a dû se faire en fonction de leur implantation créant un espace de contraction entre les deux côtés du parc davantage dilatés, donnant sur la rue. Une fois encore, l’aménagement se veut ascendant.

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Fig. 120. DIVERSITÉ FORMELLE DE LA TYPOLOGIE EN INTÉRIEUR D’Ilot
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110. CONTRACTION DU PARC MENINÉTANGS NOIRS etangs noirs 10/08/2023 Printemps 2004 Printemps 2004 Realized by means of Brussels UrbIS®© Distribution & copyright CIRB etangs noirs 10/08/2023 Realized by means of Brussels UrbIS®© - Distribution & copyright CIRB Printemps 2004 Printemps 2004 Realized by means of Brussels UrbIS®© - Distribution & copyright CIRB Dernière Dernière
Fig.
Fig. 111. SITUATION DES HANGARS RUE DES ÉTANGS NOIRS DE
2004
@Bruciel
Fig. 112. SITUATION DU PARC DES ÉTANGS NOIRS EN 2023
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Fig. 114. ESCALIER EN GRILLE METALLIQUE DU JARDIN HAP Fig. 115. ESQUISSE POUR LE JARDIN HÉLÈNE DE RUDDER @AAC Architecture Fig. 116. JARDIN HÉLÈNE DE RUDDER RÉALISÉ Fig. 113. ASTUCE AU JARDIN HAP Fig 118. IMPLANTATION HYPOTHÉTIQUE A CARACTÈRE PRIVÉ EN ILOT FERMÉ Fig. 119.IMPLANTATION DU POCKET PARK RUE DE MEXICO Fig. 117. GRILLE D’ENTRÉE DU POCKET PARK RUE DE MEXICO @Séverin Malaud

Le mécanisme de l’astuce entend se manifester selon des déclinaisons plurielles. D’un côté, les espaces acquis par opportunité laissent parfois des terrains de forme et de taille complexes. L’astuce représente alors les aménagements innovants par lesquels les concepteurs et conceptrices des espaces verts émergeant peuvent, ou doivent dans certains cas, avoir recours afin de rendre le lieu accessible à toute personne et dans lequel un usage peut séjourner aisément. C’est le cas notamment dans le Jardin Hap où le dénivelé entre le parc et la rue Hap, très pentu, a nécessité un aménagement particulier. Les architectes ont ainsi dessiné un escalier en grilles métalliques, permettant le passage tout en permettant de conserver la flore existante.

Autre exemple d’espace vert en intérieur d’ilot, le Pocket Park rue de Mexico, issu du CQD Autour de Léopold II (2012-2016), à partir de l’opportunité d’une friche en front de rue présente des logements implantés de façon étonnante dans un ilot fermé traditionnel. Plutôt que de se rattacher aux deux mitoyens présents, le bâtiment de trois logements s’attache uniquement à celui à sa gauche et déploie une grille d’entrée jusqu’au mitoyen de droite, donnant sur un parc miniature, offrant comme un appendice vert à la rue. L’astuce est néanmoins visuellement quelque peu mise à mal par la forte présence visuelle de cette clôture qui confère malgré tout un aspect privé au parc qui est pourtant d’ordre public.

Parfois, l’astuce d’aménagement n’est pas guidée par un objectif de ce type mais par une contrainte, comme c’est le cas pour le Jardin Hélène de Rudder pour lequel une partie des sols étaient pollués. La dépollution de ceux-ci entrainant des surcoûts, les architectes ont alors pris le parti de surélever une partie du jardin plutôt que de réaliser cette dépollution. Cette contrainte aurait pu se révéler un atout s’il on observe les plans initiaux prévoyant de dédoubler l’escalier existant par cette plateforme herbacée. Malheureusement, cet aménagement n’a pas été appliqué et a laissé place à un jardin surélevé entre cinquante centimètres et un mètre au-dessus du sol bétonné.

D’un autre côté, l’astuce peut se manifester en amont, lors de la programmation, du CQ(D) lorsque le territoire dense complique la création de nouveaux espaces verts. La déprivatisation de jardins privés est une façon inventive d’augmenter le nombre d’espaces verts publics. Seulement, déprivatiser un terrain n’est pas chose aisée. Dans le cas du Jardin Hap, le choix appartenait au défunt propriétaire d’en faire don à la commune mais une généralisation de ce système nécessiterait de nombreux rachats ou expropriations.

Sans devoir avoir recours à l’expropriation, une collaboration avec le privé peut également révéler des astuces intéressantes. C’est le cas du Jardin des Moineaux (CQD Maelbeek, 2013-2017) au numéro cent-dix de la rue Gray, où deux aménagements

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L’ASTUCE

complémentaires se sont opérés. D’une part, une rénovation du bâtiment accueillant le magasin Colruyt devait avoir lieu. Suite à des accords administratifs, la toiture du magasin s’est vue occupée par un potager urbain, au nom de L[ag]UM, de millecinq-cents mètres carrés. L[ag]UM est un projet FEDER, s’inscrivant dans le cadre du CQD Maelbeek et mis sous la gestion quotidienne de l’asbl Refresh-XL121 en collaboration avec l’Université Libre de Bruxelles et la commune d’Ixelles. Le but est d’y faire de la recherche, des formations mais aussi d’être ouvert à quiconque le souhaite en souscrivant à un abonnement. D’autre part, le CQD prévoyait également le réaménagement de la friche jouxtant le bâtiment. La coordination des deux projets a permis d’établir un projet, non pas commun mais pouvant se compléter. Ainsi, le jardin des moineaux fait maintenant office d’entrée au potager par le biais d’un escalier mitoyen au bâtiment. Dès lors, l’ampleur de l’espace vert s’agrandit et le potager permet d’activer l’ancienne friche par le passage de ses visiteurs.

Une autre astuce de ce type existe et est aujourd’hui officialisée sous le nom de «Contrat École»122. Dans un même ordre d’idée que les différents Contrats vus précédemment, il est possible de les mettre en place pour les écoles se situant en ZRU. L’objectif de l’outil est de mutualiser les cours d’école en les rendant accessibles au quartier en dehors des heures scolaires. Quatre séries de Contrats Écoles sont actuellement en cours, la première ayant commencé en 2020, elles se trouvent toutes dans la phase quadriennale et par conséquent aucun projet n’a vu le jour.

Comme nous le voyons dans l’inventaire établi, les espaces récréatifs font partie des aménagements majoritaires des espaces verts publics issus des CQ(D). L’ouverture des cours d’école sur les quartiers permettrait ainsi d’en accroître le nombre, voire de pouvoir dédier les autres espaces verts à un autre usage créant alors une polarité qui soit complémentaire, un peu à la façon du CQD Parvis-Morichar créant au sein de son périmètre une répartition équitable et complémentaire d’espaces intergénérationnels, bien que n’usant pas de la cour de récréation des écoles du parvis et de l’école Nouvelle. Se pose alors la question de la coordination des différents Contrats selon les limites de ceux-ci. En effet, si le Contrat École agit uniquement sur l’ouverture de ces établissements sur le quartier, les Contrats de Quartier ont quant à eux déjà eu l’occasion d’agir de la sorte, par exemple par le Jardin Récréatif des Quatre Vents (CQ Écluse - Saint-Lazare, 2008-2012) à Molenbeek-Saint-Jean. Mais, dans le cas du CQD Parvis-Morichar, la préexistence d’un Contrat École aurait-elle modifié les aménagements prévus par le CQD ? La coexistence temporelle de ceux-ci, qui aurait permis l’accroissement des sources de financement aurait-elle mené les acteurs et actrices impliqué.e.s dans l’élaboration du programme à réfléchir les aménagements différemment ? Et enfin, la portée limitée des Contrats École aurait-elle établi une hiérarchie de priorité entre les deux types de Contrats?

121 RFRESH. (2018). L[ag]UM, Laboratoire agriculture urbaine Maelbeek. [En ligne]. Refresh. Disponible sur : https://refreshbxl.com/lagum (consulté le 11 juillet 2023)

122 Perspective.brussels. « Contrat École ». Text. perspective.brussels, 21 février 2018. https://perspective.brussels/fr/projets/contrat-ecole.

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Fig. 120. ÉCHAFFAUDAGE RELIANT LA RUE, LES HABITATIONS, LE JARDIN ET LE POTAGER. 2dvw.eu Fig. 121. JARDIN DES MOINEAUX. 2dvw.eu Fig. 122. L[ag]UM. Séverin Malaud

En 2020, Le Contrat École Ulenspiegel a été lancé dans le quartier du Midi123. Il fait partie de la première série de ces contrats. La même année, le CQD Midi a été lancé également124. Mais ce n’est pas tout, le CRU7 a lui aussi débuté dans le quartier en cette année 2020125. Si, il est encore trop tôt pour établir une analyse ainsi que des résultats à propos de cette addition de contrats, il est d’ores et déjà possible d’entrevoir la volonté politique d’injecter les moyens financiers et structurels suffisants dans le cadre de la revitalisation du quartier du Midi dont la réussite dépendra de la coordination d’un grand nombre d’acteurs au sein du même territoire.

123 Perspective.brussels. « Contrat École Ulenspiegel ». Text. perspective.brussels, 10 décembre 2020. https://perspective.brussels/fr/projets/contrat-ecole/premiere-serie-4-contrats-ecole-pour-la-periode-2020-2024/contrat-ecole-ulenspiegel.

124 « Contrats de quartiers durables - Midi ». Consulté le 10 août 2023. https://quartiers.brussels/1/q/88.

125 Perspective.brussels. « CRU 7 “Autour de la gare du Midi” ». Text. perspective.brussels, 12 octobre 2022. https://perspective.brussels/fr/projets/perimetres-dintervention/contrats-de-renovation-urbaine-cru/cru-7-autour-de-la-gare-du-midi.

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Fig. 123. CONTRATS ÉCOLE @Perspective.brussels

CRU 7 Autour de la Gare du Midi (2020-2024)

CQD Midi (2020-2024)

Contrat École Ulenspiegel (2020-2024)

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Fig. 124. CQD MIDI, CRU 7 ET CONTRAT ÉCOLE DANS LE QUARTIER DU MIDI

De manière générale, l’analyse des différents cas d’études (cf. partie 3) et la mise en commun de ceux-ci avec les fondements de principes et les règles qui guident les CQ(D) (cf. partie 2) a permis de relever certains principes généraux tels que :

1. La pratique ascendante de l’aménagement des espaces verts qui au départ d’un aménagement à portée locale découle sur des enjeux à portée régionale, comme ça a notamment été le cas avec l’aire de jeux Jean Dubrucq (cf. p109). De même que le fonctionnement global de CQ(D) considère créer un système de maillage global résultant de l’addition d’une multitude d’interventions locales en agissant sur l’entièreté du ZRU au fur et à mesure des aménagements par quartiers. Cette pratique se basant à l’origine sur des besoins locaux devrait permettre d’assurer un ancrage des projets en créant une identité locale à ceux-ci.

2. Une diversité d’acteurs et actrices multidisciplinaires dont le nombre augmente selon l’échelle du projet. Dans l’élaboration des projets sont ainsi impliqués des spécialistes, des fonctionnaires délégué.e.s communaux et régionaux, des représentants de Monuments et Sites, les architectes, paysagistes et urbanistes, les bureaux d’études et les habitant.e.s souhaitant participer à celle-ci. Tandis qu’en terme de financement, les CQ(D) sont majoritairement financés par la Région et les communes (à hauteur minimale de cinq pourcent126), auxquelles il faut ajouter des financements potentiels d’organismes régionaux, para-régionaux et/ou d’organismes privés selon l’objet du projet. Ainsi, le Park System et le Parc L28 profitent d’un financement de Beliris car il s’agit d’infrastructures liées au RER vélo.

3. Une échelle du périmètre d’action restreinte, la multiplication de celles-ci et une période courte de six ans, permettant de contrer des phénomènes comme celui des plans Alpha (cf. p.36) dont l’échelle agissait sur l’entièreté du territoire régional et dont la complexité avait nécessité dix ans de préparation pour le premier plan. Celui-ci avait d’ailleurs dû être revu en partie parce que l’avènement grandissant de l’automobile demandait d’aménager l’espace selon de nouveaux enjeux. Dans le cas des CQ(D), la finalité d’un projet construit est attendue au terme de cette période de six ans. Selon Mathieu Berger127, cette dynamique apporte une autre forme de complexité. Les «chefs de projets d’un CQ» doivent faire faire face à des pressions multiples de la part des politiques, de l’administration, des citoyens et des associations de quartier. Dans les temps impartis imposés par l’outil, il s’agit alors «d’inclure mais aussi d’accorder ; il s’agit d’accorder mais aussi d’avancer»128

126 « Contrats de quartiers durables ». Consulté le 11 août 2023. https://quartiers.brussels/1/ page/programmes/financements.

127 Berger, Mathieu. Bruxelles à l’épreuve de la participation. Les Contrats de quartier en exercice Bruxelles: Patrick CRAHAY, Direction Rénovation urbain, 2008.

128 Ibid.

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RÉSILIENCE
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Fig. 126. ACCORDER, INCLURE, AVANCER @Mathieu Berger Fig. 125. AMÉNAGEMENT PROGRESSIF DU PARC DE LA LIGNE 28 1. L’aire de jeu Jean Dubrucq 2. Le Parc L28 3. Parc du Pannenhuis

«Inclure un nombre important d’acteurs est nécessaire pour que le processus collectif puisse être considéré « démocratique ». Mais ce caractère démocratique demande lui aussi que les différentes parties en présence puissent être au minimum accordées, et que les différentes scènes et les différents moments d’un long processus de concertation puissent être « raccordés ». Si l’on s’est accordé à un moment au sein d’un collectif, il devient périlleux d’inclure des participants supplémentaires « qui débarquent en cours de route ». Si l’on inclut un ensemble large et hétérogène d’acteurs, il devient difficile de s’accorder sur tout. Si l’on cherche quand même à s’accorder sur tout, il devient compliqué d’avancer… et les échéances fixes posées par la politique CQ imposent d’avancer! Si l’on ne cherche qu’à avancer, ce sont les dimensions d’inclusion des acteurs et d’accordage de violons qui sont négligées»129

Cependant, d’après les entretiens réalisés avec Lydie Segura et Thierry Kandjee dans le cadre de ce mémoire, cette dynamique semble aussi permettre l’acceptation d’une forme d’essai/erreur.

«C’est un peu un test, on verra ce que ça donne.»130

Ces différents mécanismes précités font lien avec la pratique incrémentale de l’aménagement du territoire. Celle-ci n’est pas théorisée, à l’image des différents modèles urbains abordés la de la première, mais il s’agit plutôt d’une pratique observée a posteriori en Belgique131 et ailleurs132, comme une manière organique d’aménager le territoire. Dès lors, il est difficile d’y emprunter des concepts explicité mais nous pouvons établir un parallèle entre la pratique incrémentale dans laquelle s’inscrit la «fabrique urbaine de l’infrastructure sociale»133 évoquée dans le volume deux du Metrolab avec celui des espaces verts, simplement parce que les espaces verts sont eux-mêmes compris en tant qu’infrastructure sociale, telle que l’exprime la définition que les auteurs de la recherche expriment :

«Les infrastructures sociales, comme le montrent les auteurs [les auteurs du vol 1] dans cette publication, renvoient à un ensemble de lieux répondant à un principe d’accessibilité: des parcs, des plaines de jeux, des bibliothèques, des espaces communautaires…»134

129 Ibid.

130 Entretien avec Lydie Segura (08 juin 2023)

131 Levy, Sarah. Op. Cit. ; Berger, Mathieu. Op. Cit. ; Carlier, Louise, Geoffrey Grulois, Benoît Moritz, et Pauline Varloteaux. Op. Cit.

132 Jacobs, Jane. The Death and Life of Great American Cities. Vintage Books ed. New York: Vintage Books, 1992.

133 Carlier, Louise, Geoffrey Grulois, Benoît Moritz, et Pauline Varloteaux. Op. Cit

134 Carlier, Louise, Geoffrey Grulois, Benoît Moritz, et Pauline Varloteaux. Op. Cit à propos du vol.1 : Berger, Mathieu, Benoit Moritz, Louise Carlier, et Marco Ranzato. « Metrolab Brussels MasterClass I », s. d.

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Ainsi, nous pouvons relier l’analyse des espaces verts publics et les résultats qui en émanent à cette recherche et nous appuyer sur leurs observations :

«On peut considérer qu’à Bruxelles, la fabrique de l’infrastructure sociale se développe de façon incrémentale et sans répondre à un modèle unitaire et rigidifié, ce qui présente certains avantages : cela permet de développer un urbanisme capable de s’adapter aux différents contextes et de faire place au débat public, plutôt qu’un urbanisme de plan, appliquant unilatéralement un modèle figé sans tenir compte des spécificités des territoires. Ce caractère incrémental présente les avantages de l’ancrage, et de l’indétermination – qui découlent en partie de sa complexité institutionnelle, et des nécessités de composition entre outils et politiques qu’elle induit; en partie du caractère foncièrement vivant et singulier des espaces qui composent l’espace urbain.»135

Pour en revenir au terme qui titre ce chapitre, la résilience est largement empruntée dans les domaines scientifiques touchant notamment à la physique et à la psychologie. En écologie, la résilience définit «la capacité d’un écosystème, d’un habitat, d’un peuplement, d’une population, etc. à retrouver un fonctionnement normal après avoir connu des perturbations importantes du fait de un ou plusieurs facteurs de l’environnement»136. Ici employée comme troisième notion révélant le mécanisme de l’implémentation des espaces verts dans le cadre des CQ(D), les «perturbations importantes» sont plutôt considérées comme des changements plus ou moins progressifs pouvant toucher à la population, la politique ou encore les enjeux contemporains.

S’opposant au principe d’efficacité, de spécialisation dans un domaine unique, la résilience est possible lorsque diversité et complémentarité sont présentes.137 Ainsi, plusieurs articles scientifiques l’hypothèse «que plus le nombre d’espèces est grand, plus il y a de redondance et de complémentarité entre les espèces, et plus il y de chance d’avoir une espèce qui sera adaptée aux changements de l’environnement»138

La diversité et le grand nombre présents dans l’aménagement des espaces verts dans le cadre des politiques urbaines bruxelloises, énoncé précédemment, seraient alors vus comme des facteurs de résilience de l’outil, lui permettant de perdurer depuis maintenant trente ans au grès des différents changements d’enjeux sociaux, culturels, économiques, démographiques et environnementaux.

135 Carlier, Louise, Geoffrey Grulois, Benoît Moritz, et Pauline Varloteaux. Op. Cit

136 Herbea.org. « Résilience écologique ». Consulté le 10 août 2023. https://www.herbea.org/ glossaire/R%C3%A9silience+%C3%A9cologique.

137 Walker, Brian, Ann Kinzig, et Jenny Langridge. « Original Articles: Plant Attribute Diversity, Resilience, and Ecosystem Function: The Nature and Significance of Dominant and Minor Species ». Ecosystems (New York) 2, n° 2 (1999): 95-113. https://doi.org/10.1007/s100219900062.

138 Cordonnier, Thomas. « Disturbance, diversity and permanence of structures in forest ecosystems », s. d.

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L’analyse de l’ensemble des aménagements d’espaces verts publics issus des Contrats de quartier (durables), plus précisément celles du Parc de la Ligne 28, du Jardin Hélène De Rudder, du Tacé de l’eau, du Jardin Hap et du Parc Paulus, mises en lien avec l’entièreté des projets repris dans le tableau d’analyse a permis de faire émerger des généralités, non pas de forme mais plutôt de mécanismes qui soit, mènent à leur mise en oeuvre soit en découlent. Celles-ci sont exploitées à travers les termes d’opportunisme, d’astuce et de résilience.

L’opportunisme entend décrire la manière dont les espaces verts s’emparent des espaces résiduels générés par le tissu urbain, peu importe leur taille ou leur forme.

L’astuce réside ainsi dans la façon dont les concepteurs et conceptrices de ces aménagements vont s’emparer de la forme complexe parfois laissée par les espaces acquis par opportunisme afin de les rendre qualitatifs. Ou bien, en amont de la programmation du CQ(D), l’astuce peut également contribuer à la création de nouveaux espaces verts publics dans un environnement qui, à priori, n’a plus d’espace à y consacrer.

Enfin, la résilience de l’outil des CQ(D), en application depuis trente ans, semblerait découler des diversités qui le composent et qui en découlent.

206
208 06.
CONCLUSION
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Les espaces verts, puisqu’ils reflètent l’interaction complexe entre le développement urbain, la politique et les besoins socio-environnementaux, montrent, à Bruxelles une évolution qui aboutit aujourd’hui à des formes bien différentes de celles qui apparurent à la fin du XVIIIe siècle.

Alors que les premiers espaces verts publics apparaissent sous forme de parcs, le premier, aujourd’hui appelé Parc du Cinquantenaire, dans un style classique puis les suivants au style anglais pour lequel le roi Léopold avait une préférence, ils sont avant tout une façon de répondre aux questionnements hygiénistes découlant de la philosophie des lumières. Mais alors que ces parcs dans lesquels la bourgeoisie se promène fleurissent à travers la ville (parmi lesquels nous comptons le Bois de la Cambre, le parc de Woluwe, le parc Josaphat, le parc public de Laeken, le parc de Forest et le parc Duden), le contexte urbain du centre-ville est tout à fait différent. Le cadre de vie de la population ouvrière est caractérisé par des habitations densément peuplées dans un tissu urbain dense lui-même, auquel on incombe la responsabilité de la propagation des épidémies du choléra dû à leur insalubrité.

Au début du XXe siècle, alors qu’ailleurs en Europe, les théories concernant l’implémentation des logements ouvriers dans un cadre de vie agréable agrémenté par un environnement naturel se dessinent, la Première Guerre Mondiale met un point d’arrêt à la possibilité d’agir en Belgique. C’est alors entre les deux guerres que vont se mettre en place, d’abord le modèle de la cité-jardin, qui se fera de manière partielle dans la deuxième couronne de Bruxelles, pour laquelle Louis Vander Swaelmen préférera le terme de Quartier-Jardin en ce qui concerne le LogisFloréal et qui feront disparaître cette dichotomie entre les espaces verts installés en périphérie, proche des quartiers bourgeois et la situation des quartiers ouvriers. Ensuite, toujours dans cette idée d’offrir un logement intégré dans un cadre de vie agréable, d’autres architectes s’inspireront de la charte d’Athènes et l’on verra l’apparition d’immeubles à appartements implantés sur un tapis vert, dont l’exemple le plus marquant encore visible sur le territoire est celui du Park System à Anderlecht.

Caricaturalement, le territoire bruxellois se présente alors sous forme d’ilots fermés traditionnels en son centre, entourés par une périphérie aux formes diverses alternant entre ilots fermés traditionnels, quartiers-jardins et ilots ouverts à la façon des CIAM. Cependant, la forme de l’ilot ouvert n’est pas la seule chose prônée par le mouvement moderne. Celui-ci prône également l’usage d’un instrument régional à des fins d’aménagement du territoire. Dès lors, l’État belge, qui avait déjà essayé de mettre au point un vaste plan de reconstruction après la Première Guerre Mondiale, en vain, vote durant la Seconde Guerre Mondiale, pour l’obtention d’une loi prévoyant l’aménagement du territoire sous plusieurs échelles allant du général au particulier. Ainsi, en 1962 sera promulguée la première loi sur l’aménagement du territoire et de l’urbanisme en Belgique, prévoyant l’aménagement de plans à l’échelle régionale, communale et locale qu’étaient les Plans Régionaux, les Plans

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Fig. 127. COHABITATION/CONFRONTATION ENTRE QUARTIER-JARDIN ET IMMEUBLE MODERNE

Secteurs, les Plans Généraux d’Aménagement, les Plans Particuliers d’Aménagement. Cette hiérarchisation fait lien avec les deux propositions de plans régional proposées par le Groupe Alpha dans les années 1950 et 1960 mais qui se verront disparaître dû à la complexité politique de les mettre en place, notamment au vu des tensions provoquées par le phénomène de Bruxellisation initié par l’Expo 58 et l’époque du «tout à la voiture».

La décennie précédant la régionalisation de Bruxelles-Capitale verra alors apparaître des intensions émanant autant des autorités que des spécialistes et de citoyen.ne.s et qui guideront les premières politiques urbaines de la capitale régionalisée. En effet, d’un côté, certains citoyens remontés contre le développement de la ville à ce moment-là vont se regrouper parmi des comités de quartier qui vaudront à la capitale le nom de la «ville aux cent comités de quartiers» tandis que dans la sphère universitaire les discussions vont bon train vers un aménagement de la ville à partir de la sphère locale, à l’image des théories de la ville comme fédération de quartiers, partagée par les frères Krier. Force est de constater que celles-ci influenceront le monde politique puisque respectivement en 1978 et en 1980 seront créés les Contrats d’ilots et les Contrats d’immeubles isolés.

En 1989, la capitale prend son autonomie régionale et c’est alors dans ce sens qu’iront les politiques tout en héritant d’un substrat composé de plans prévus à l’échelle régionale. Ceux-ci seront revus et remplacés à plusieurs reprises à partir de l’ordonnance organique de la planification urbaine en 1991 jusqu’à aujourd’hui. Ainsi, le Plan Régional, n’ayant jamais existé dans les faits, est d’abord remplacé par le Plan de Développement (PRD) de 1991, puis celui de 2001 et enfin par le Plan Régional de Développement Durable (PRDD) en 2009, devant définir des objectifs à l’échelle régionale. Tandis que le Plan Secteur sera remplacé par le Plan Régional d’Affectation du Sol (PRAS), ayant pour objectif de faire appliquer les désidératas exprimés par le PRD(D).

Ainsi, suivant les ambitions d’une politique d’aménagement du territoire «intégrée» venant des autorités, le Contrat de quartier se met en place en 1993, il sera lui aussi modifié en 2009 par l’Ordonnance Organique de la Rénovation Urbaine instaurant le Contrat de quartier durable, dans la même optique environnementale que le PRDD.

Les premiers CQ ont montré peu d’intérêt pour les espaces verts. Leur objectif premier de rénover les quartiers de l’EDRL considérés comme étant ceux dans le plus mauvais état, concentraient davantage leur attention sur la réfaction des voiries altérées et sur la production de logements. Mais cette optique va doucement se modifier dans le courant des années 2000, durant lesquelles, le CQ Escaut-Meuse marquera la politique par une nouvelle approche participative mais aussi en réalisant un saut d’échelle, qui inspirera les CQ(D) suivants, par l’aménagement de la première partie du Parc de la Ligne 28.

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Ce saut d’échelle donnera de l’élan à l’outil du CQ à laquelle les politiques souhaitent alors ajouter la dimension environnementale à partir de 2010. Les Contrats de quartier durables (CQD), gagnent alors en envergure et leurs moyens d’action se modifient en augmentant le nombre d’acteurs et actrices intégré.e.s dans le processus, en intégrant la nécessité d’un «projet phare» à chaque CQD. L’aménagement des espaces verts évolue alors lui aussi. Alors que les projets des années 2000 focalisaient leur intention principale sur la création d’espaces verts à destination des habitant.e.s et plus particulièrement des familles avec enfants, les aménagements des années 2010 vont en plus y inclure des méthodes de création d’un environnement accueillant la biodiversité et s’intégrant au maillage vert, plus proche des propos avancés par Duvigneaud dans les années 1970. Une fois encore, le Parc de la Ligne 28 illustre parfaitement ce changement d’optique par la présence de deux aménagements aux temporalités différentes. Au sud, le parc aménagé en 2008 présente majoritairement des étendues de gazon et des espaces récréatifs tandis qu’au nord, la partie du parc est aménagée en 2021 et fait preuve d’une diversité de strates herbacées au milieu desquelles des petits chemins permettent la circulation. Pour autant, l’aspect récréatif n’est pas oublié puisque le parc bénéficie également d’une aire de jeux.

L’enjeu récréatif, notamment, qui guidait les objectifs des premiers CQ est toujours présent aujourd’hui. Car finalement, si l’outil du CQ(D) a permis de rénover les quartiers à petite échelle, la situation globale de dualisation de la ville entre le nordouest, aussi appelé «croissant pauvre» et le sud-est plus aisé, est toujours marquée à ce jour. Pour pallier à cela, de nouvelles politiques de rénovation urbaine sont alors créées dans le but de dépasser la pensée cellulaire qui serait responsable du manque de répercussion à l’échelle régionale des CQ(D). Les Contrats de rénovation urbaine et les Contrats d’axe et Contrats d’ilot voient alors le jour au cours de cette dernière décennie, cependant la récence de leur apparition ne nous a pas permis ici d’établir une étude sérieuse des espaces verts publics qui en sont issus.

En revanche, l’étude qui a été faite ici a fait émerger des généralités qui nous ont permis, dans un premier temps, de démontrer que malgré la variété de formes que présentent les espaces verts, il était possible de les classer selon des typologies qui entendent accueillir cette diversité. Nous les avons d’abord classés selon cinq typologies de formes ou de méthode d’action : la typologie linéaire, la typologie en intérieur d’ilot, la typologie en maillage de points, la typologie des espaces verts déprivatisés et la typologie des espaces verts réaménagés mais au sein desquelles une multitude de formes existent.

Par conséquent, cette analyse, qui avait pour objectif de faire émerger les caractéristiques qui nous permettraient de décrire les espaces verts du XXIe siècle, au même titre que ce qu’il est possible de faire pour ceux des siècles nous précédant, a montré qu’il était difficile de les décrire selon leurs caractéristiques formelles.

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Cependant, les espaces verts issus des CQ(D) ne se caractérisant donc pas selon leur forme, présente un ensemble de mécanismes communs, mis en place dans le cadre de leurs aménagements. De fait, cette étude typologique ayant émergé au départ d’une idée sur la forme, s’est axée par la suite sur les moyens communément mis en oeuvre afin de parvenir à établir ou augmenter la présence d’espaces verts dans les tissus denses qui caractérisent la zone d’action, anciennement EDRL et aujourd’hui Zone de Rénovation Urbaine (ZRU). Ces moyens utilisés se sont révélés sous forme de trois notions : l’opportunisme, l’astuce et la résilience. Chacune de celle-ci mettant en relation le cadre dans lequel s’inscrivent les espaces verts publics, au sein des CQ(D), et les moyens qu’on des différent.e.s acteurs et actrices d’agir en fonction de celui-ci.

Ainsi, l’opportunisme, reflète la façon dont chaque partie du territoire bruxellois est acquise afin de la valoriser dans le cadre d’une rénovation de quartier. À ces fins, les espaces verts sont généralement un moyen de combler chaque espace résiduel. Soit parce que celui-ci ne permet pas l’établissement d’un bâtiment de logements ou d’équipement sportif, culturel, social... Soit parce que la nécessité de l’établissement d’un espace vert public au sein du quartier est telle que la décision de conserver du «vide» semble être la meilleure. Il est ainsi question de récupérer tout espace disponible pour en faire quelque chose, à la manière du recyclage urbain.

L’astuce est alors pour les architectes, urbanistes et paysagistes de parvenir à aménager ces espaces acquis par opportunisme et qui laissent parfois un substrat complexe sur lequel il faut réussir à établir un lieu de rassemblement accessible à toute personne. Plus en amont de cela, l’astuce peut précéder l’opportunisme par la manière que les bureaux d’études trouveront pour créer un espace vert public au sein d’un tissu qui déborde déjà en passant par la déprivatisation de terrains privés, ou inaccessibles au public. Il peut d’agir de jardins privés, de cours d’école, de collaborations avec des propriétaires fonciers...

Enfin, la résilience, telle que la notion est utilisée dans les matières scientifiques de liées à l’écologie et qui signe l’adaptation de l’outil du CQ(D) aux différents changements en terme de politiques et d’enjeux à poursuivre semble être issue des diversités qui composent l’outil mais aussi des diversités qu’il en résultent. Celles-ci se présentent sous divers aspects dont le nombre important des acteurs et actrices impliqué.e.s et leur diversité en tant que tel, impliquant spécialistes multidisciplinaires de manière à agir de façon intégrée, spécialistes de l’aménagement et spécialistes du terrain sur lequel le CQ(D) agis, les habitant.e.s. Mais aussi, la pratique ascendante par laquelle s’exerce l’outil permettant d’ancrer les projet dans le territoire et enfin, la multiplicité et l’addition du nombre de CQ(D) agissant à petite échelle de manière répétée plutôt que de manière unique et générale, s’exerçant à la manière d’un urbanisme incrémental.

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L’agissement par opportunisme, nécessitant d’avoir recours à des astuces d’aménagement et permettant de démultiplier une diversité d’espaces verts publics de manière incrémentale à travers le territoire, serait alors une façon par laquelle nous pourrions décrire le caractère de l’implémentation des espaces verts publics au sein des CQ(D) à Bruxelles au début du XXIe siècle.

Par ailleurs, à l’image de certains espaces que nous avons considéré comme «ambigus», dans le cadre de l’établissement du premier tri permettant la recherche, les limites entre l’espace public minéralisé et l’espace vert sont parfois difficiles à distinguer. C’est notamment le cas pour le Tracé de l’eau. Dès lors, il s’agira de nous demander si l’établissement d’une telle distinction ne tend pas à disparaitre, au travers de ces méthodes de multiplication d’une diversité d’espaces opportunistes et astucieux, au profit d’un envrionnement mixte généralisé à l’ensemble du territoire.

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Fig. 128. GRANDE HALLE LIBELCO, ESPACE VERT
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Fig. 129. GRANDE HALLE LIBELCO, ESPACE VERT ?
218 07. ANNEXES
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LISTE DES ABRÉVIATIONS

Contrats d’Axes et Contrats d’Ilots

Contrat de quartier

Contrat de quartier durable

Contrats de quartier et Contrats de quartier durables dans leur ensemble (officieux, utilisé dans le cadre de ce mémoire)

Commission Royale des Monuments et Sites

Contrat de Rénovation Urbaine

Développement Social des Quartiers

Espace de Développement Renforcé du Logement

Espace de Développement Renforcé du Logement et de la Rénovation

Fonds Européen de Développement Régional Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement

Ligne de chemin de fer reliant la Gare du Midi à la Gare de Schaerbeek

Ligne de chemin de fer reliant la Gare de Bruxelles-Midi à Ostende Ordonnance Organique de la Planification Urbaine

Le Plan-Guide de la Rénovation urbaine durable est une étude

établie dans le but de prévoir un changement d’échelle de la rénovation urbaine.

Plan Régional d’Aménagement des Sols

Plan Régional de Développement

Plan Régional de Développement Durable

Société de Développement pour la Région Bruxelles-Capitale

Zone de Rénovation Urbaine

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CACI CQ CQ(D) CQD CRMS CRU DSQ EDRL EDRLR FEDER IBGE L28 L50 OOPU PLAN-GUIDE PRAS PRD PRDD SDRB ZRU
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ENTRETIENS

Interview en ligne avec Thierry Kandjee, architecte paysagiste, cofondateur de Taktyk, à propos du projet Tracé de l’eau, à Forest. (25 mai 2023)

Comment le projet s’est-il établi et comment en êtes-vous arrivés à réaliser le projet ?

T.K. : Le projet a démarré avec une publication du projet en tant qu’appel d’offre public donc nous avons répondu à cet appel d’offre public. Nous avons fait candidature et nous avons été sélectionnés parmi quatre autres équipes par différents représentants de la commune de Forest et par ce que c’était un concours du BMA, je pense qu’à l’époque il devait y avoir un représentant du BMA (bouwmeester architecte) aussi.

L.L. : Et donc ça s’est fait dans le cadre du contrat de quartier Abbaye.

T.K. : Oui, donc c’est une des fiches projets du contrat de quartier et nous on a répondu parce qu’on a été intéressé par la formulation de la question faite par Karbon’, cette idée de développer des espaces publics le long d’un bassin versant. C’est la première fois que l’on travaille dans la commune de Forest.

Le dossier du contrat de quartier établi par Karbon’ exprime la façon dont iels ont fait intervenir la participation dans le cadre de l’élaboration de ce dossier même. La participation a-t-elle été mise en place à un moment donné dans le cadre de l’élaboration du projet ?

T.K. : Non. Il n’y a pas eu de participation, il n’y a eu que de l’information, communication.

L.L. : Sous quelle forme a été faite cette participation ?

T.K. : Il y a eu des réunions publiques et il y a eu des flyers qui ont été mis dans les boites aux lettres pour inviter les habitants à participer une réunion d’information à l’Abbaye de Forest au stade d’avant-projet et puis les informations réglementaires ont été faites sous forme d’enquête publique, au niveau du permis d’urbanisme c’est toujours une enquête publique, où tout le monde est invité à consulter les documents et à s’exprimer et à venir en commission de concertation pour notamment, s’il y a des pleines et des avis à exprimer. C’est la commune qui s’en est occupé. Il y avait, en chargée de projet du côté de la commune, S.C., qui n’est plus à la commune et qui avait été embauchée pour le contrat de quartier. Quand une commune obtient un contrat de quartier, elle a des ressources qui leur sont allouées, ce qui lui permet de recruter du personnel le temps du contrat de quartier et quand il se termine

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ces personnes vont soit vers un autre poste soit change de travail. Donc là c’est la commune qui a géré la communication, qui a fait un flyer et ensuite il y a aussi une autre forme de communication. Comme c’est un projet qui, on va dire, est atypique à l’époque pour la commune de Forest, il y a des panneaux d’information qui ont été mis dans l’espace public pour expliquer la démarche de ce qu’est un jardin de pluie, pourquoi on s’intéresse à ça, quels sont les enjeux associés et qui sont toujours là aujourd’hui.

Concernant les acteurs qui ont pris part au projet, vous avez travaillé avec Infra Services, Ecorce, la commune et les entrepreneurs, quelle part ont-iels pris au projet?

T.K. : Oui d’abord avec Infra Services qui est un bureau d’ingénierie français avec qui l’on avait déjà collaboré en France et qui nous ont accompagné jusqu’à la fin du permis et ensuite, comme ils commençaient eux-mêmes des collaborations avec Ecorce, on a basculé avec Ecorce étant donné qu’ils sont implantés en Belgique et qu’ils développaient le sujet eau. On a continué avec Ecorce comme ils étaient sur place. Donc il y a eu partenaires. Il y a un entrepreneur principal qui est Viabuild, qui a été sélectionné sur offre d’entreprise, il a ensuite eu des sous-traitants dont un pour les plantations.

Aujourd’hui, la gestion post-projet des espaces que vous avez créés sont gérés par la commune ?

T.K. : Pas tout à fait. On est encore en garantie de reprise donc cela veut dire pour l’instant on a fait une pré-réception de l’état des travaux, le délais après la préréception dure deux ans, c’est ce que l’on appelle la garantie de reprise et cela veut dire que s’il y a des végétaux qui ne sont pas en bon état de croissance à la fin, avant la réception provisoire, ils devront être remplacés. La gestion courante est effectivement gérée par la commune.

Les résultats des noues dans la rue Vanpé ne sont pas les mêmes que dans la rue Dries, cela est-il du à la pente plus élevée de la rue Vanpé qui amène des écoulements plus conséquents ?

T.K. : C’est un peu plus complexe que ça. Les jardins de pluie dans les rues résidentielles, c’est quelque chose qui ne pose pas tellement soucis, ça se fait de plus en plus à Bruxelles. La grosse difficulté rue Vanpé est que le projet, au stade d’avant-projet, prévoyait la suppression de l’ensemble des stationnements sur un côté de la rue. L’idée était vraiment de, depuis le talus de la gare, développer une lanière continue jusqu’à la place Saint-Denis, de jardins de pluie arborés. C’est ce qui était validé au stade de l’avant-projet. En amont du projet tracé de l’eau il y a un bureau d’ingénierie qui a travaillé sur une étude de mobilité à l’échelle du centre de Forest et qui a

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notamment fait des comptages sur le nombre de véhicules stationnés dans le cœur de Forest et qui a montré qu’il y avait beaucoup de véhicules qui étaient stationnés et qui n’avaient aucun lien avec les commerces, qui étaient plutôt des véhicules qui ne bougeaient pas trop et qui occupaient l’espace. Le comptage a démontré qu’on pouvait alléger l’hypercentre de la présence du stationnement aérien et voir d’autres solutions pour l’hypercentre, voire des suppressions de stationnement. On a commencé a travaillé après cette étude en se disant que puisque l’on pouvait envisager cette diminution du stationnement on pouvait avoir un projet un peu ambitieux sur une partie de la rue. Ensuite les commerçants et les riverains qui ne comprenaient pas la logique de l’aménagement et qui s’inquiétaient de perdre des clients (c’étaient des commerces qui n’allaient pas très bien et qui ne vont toujours pas très bien d’ailleurs) ont fait remonter leurs voix aux politiques et je pense que ça a eu un certain écho. Après le politique, l’ancienne législature de l’époque, a demandé à ce qu’il y ai moins de suppression de stationnement. Finalement, on se retrouve avec un projet un peu amputé. Pour répondre à la question, je pense que ce type de dispositif serait plus robuste s’il était à la bonne échelle. Deuxième chose, à partir du moment où on le morcelle dans des liserais commerciaux, c’est plus compliqué car il y a plus d’exposition aux déchets urbains. La problématique depuis le début est de savoir comment ces espaces ne deviennent pas des attrapes papiers gras, poubelles, etc. Comment peut-on respecter les plantations dans des espaces plus fortement utilisés ou qui sont tout simplement entre une place de parking et une autre. Et après, effectivement il y a la pente. A partir du moment où il y a du ruissellement de surface, à partir du moment où les plantes ne sont pas bien mises en place après la plantation et qu’il commence à y avoir des trous, l’eau peut effectivement ruisseler et dégrader l’espace. Depuis le début, c’est plutôt une tentative mais qui peut très bien s’améliorer. Ce n’est pas nouveau les plantations urbaines aient des difficultés au démarrage puis on commence à s’y habituer, on replante, on remet des protections et puis au bout d’un moment ça commence à s’ancrer. Il y a effectivement un gros différentiel entre la rue Vanpé et la rue Dries. Cela vient aussi des habitants. Quand on fait le concours, on se rend d’abord sur le site. J’ai rencontré une partie des riverains qui sont sensibilisés à la question de l’eau, qui sont soumis partiellement à des inondations dans leur cave, qui ont eux-mêmes demandé des permis de végétaliser, etc. Donc ce n’est pas le même contexte. Rue Dries, les habitants voulaient ce genre d’aménagement. Dans le concours on a même dit que le square de l’eau, aboutissement de la rue Dries, serait un square des voisins. Ce serait les habitants qui iraient jardiner là et s’approprier l’espace. Rue Vanpé, c’est une artère commerciale, ce ne sont pas les mêmes problématiques et puis le projet n’est pas bien reçu, je ne sais pas d’ailleurs s’il est bien reçu à l’heure actuelle.

L.L. : Les commerçants ont-ils pu donner leur avis ou est-ce revenu à posteriori ?

T.K. : Il y a eu très peu de participants à la réunion, c’était plutôt informatif et les questions étaient plutôt liées à la question de l’eau, la peur d’être inondés. Les

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commerçants se sont exprimés auprès de l’échevin du commerce, qui n’est pas celui de l’urbanisme, ils se sont fait entendre autrement.

Plus précisément, pourriez-vous m’en dire plus sur les aménagements qui ont été mis en place ?

T.K. : Dans notre mission il y a deux volets. Le premier est un inventaire de la capacité du centre de Forest à recueillir de l’eau pluviale, ou pas. Cela a abouti à une carte en trois couleurs où les rues sont inventoriées selon ces trois couleurs. Rouge, cela veut dire qu’il est très difficile de déconnecter les eaux pluviales. Jaune, il serait possible de déconnecter les eaux pluviales si on faisait des aménagements avec des moyens relativement faibles et limités. Et vert veut dire que l’on peut déconnecter car il y a des trottoirs, des espaces ouverts, etc. Cela a donné à la commune une cartographie de là où elle pouvait agir, c’était important à l’époque, en 2017. Depuis la commune a réalisé son maillage pluie, c’est un réseau de rues où l’eau est déconnectée des égouts et ruisselle le long du bassin versant pour aller chercher la Senne. De l’eau propre irait possiblement à la Senne. Ce projet a été fortement ralenti et d’autres projets ont émergé. Le principe est toujours le même, là où la goutte d’eau tombe, on essaie de ne pas l’emmener dans les impétrants pour ne pas qu’elle se mélange à l’eau sale. En faisant ça, on donne possiblement de l’eau au sol et cela permet de donner un support aux plantations.

Au niveau de la gare, il y a deux talus. L’eau côté gare, avec l’emmarchement, l’eau ruisselle et est infiltrée avant chaque muret. En bas de pente, il y a un grand espace capable de collecter l’eau. Sur l’autre talus, côté rue de Liège, il y a un très fort ruissellement de surface car c’est très pentu. Une partie de l’eau percole quand même et rejoint un jardin de pluie juste à côté du pertuis qui traverse le rail. Ce jardin-là, on l’a repris une fois car il y avait trop de ruissellement. L’eau était venue déraciner les plante que l’on avait planté. L’idée est de conserver cette eau et de la remettre dans les sols.

L.L. : Le long du chemin du parc de la gare il y a un marquage au sol qui mène a une fontaine, était-ce pour imager le tracé de l’eau ?

T.K. : Au stade du concours, on nous a demandé d’intervenir sur la rue Vanpé, sur la gare, le square de l’eau mais aussi la place Saint-Denis avec des interventions temporaires. On avait présenté trois stratégies : le maillage écologique et pluvial, une stratégie plutôt ludique, des éléments qui jouent avec l’eau et qui la mette en valeur et puis quelque chose qui était plutôt éphémère, on avait proposé de grandes toiles, parasol sur la place Saint-Denis. Une fois le concours gagné, on travaillait de base sur l’autre côté du talus, la proposition a changé, on nous a demandé d’aller sur l’avenue de Bruxelles, d’enlever les aménagements de la place Saint-Denis car il y avait un autre projet d’aménagement du territoire qui devait avoir lieu, ça a pas mal évolue. Finalement, on ne voit aujourd’hui que deux des trois stratégies : le

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maillage écologique et cette petite idée de venir signifier l’eau autrement. Quand elle ruisselle sur le minéral elle fait un dessin et rejoint cette fontaine. Il y a aussi cette intervention avec les grands mats, qui a été faite dans le contrat de quartier pour jouer avec l’eau pluviale. Rue Dries la fontaine était abandonnée. A Forest il y avait des fontaines publiques, n’importe qui pouvait y prendre de l’eau potable et elles ont été arrêtées car elles étaient cassées. L’idée était de reprendre celle de la rue Dries et de la déplacer un peu et de lui redonner un sens. On est à côté d’un bâtiment où il y avait des thermes à l’époque. Cette idée de l’eau est donc assez importante pour les habitants et pour nous c’était important, c’était un élément du site qu’il fallait réactiver. Elles sont alimentées d’eau potable. Pour nous c’est un projet important, il a fait beaucoup de petits. On vient de finir une stratégie pour la commune d’Ixelles qui a un plan climat dans lequel il y a plusieurs volets. Un volet concerne l’implémentation des arbres en ville et on nous a demandé d’étudier la capacité de répondre à ce plan climat sur une centaine de rues. Ce n’est pas anecdotique, c’est le tracé de l’eau , fois cent. On vient de livrer cette étude et on commence celle sur les études prioritaires. L’idée est de savoir comment on laisse place au vivant dans les tissus les plus habités, les plus denses, le plus pollués, soumis à l’ilot de chaleur.

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Entretien avec Lydie Segura, département Contrats de Quartier à la commune de Saint-Gilles, à propos du parc Paulus et du jardin Hélène De Rudder. (08 juin 2023, au parc Paulus à Saint-Gilles)

Pouvez-vous me décrire les différents aménagements du parc ?

L.S. : Premièrement, il y avait l’ambition de relier la partie haute et la partie basse du parc. Cela à été fait avec la pente ici, qui n’est pas PMR mais qui permet de relier l’entrée de l’école au boulodrome. Cela a été accepté par le patrimoine, il faut savoir que le parc est classé. Les architectes ont également profité de la pente pour y placer des toboggans, ça permet d’agrandir la plaine de jeu qui était trop petite. Pour cette plaine, on a préféré des installations en bois.

Devant la clôture de l’école, des arbres fruitiers ont été installés, ils sont entourés de ganivelles, on ne sait pas si elle vont rester ou pas, pour ajouter une clôture physique entre le par cet la cour de récréation. C’est aussi pour éviter que les personnes mal intentionnées puissent s’approcher de la grille. C’est un peu un test, on verra ce que ça donne.

La partie haute du parc est pour l’instant protégée car ils ont replanté de l’herbe suite aux cabanes de chantier et ensuite il y aura un labyrinthe entre les plantes au milieu.

Au niveau du boulodrome, il y a trois pistes extérieures, c’est le nombre de pistes pour une compétition. Il y a quatorze ou quinze nichoirs encastrés dans la façade. Cette façade est classée, tout comme le parc, donc on ne pouvait pas faire ce qu’on voulait. Le bâtiment appartient à la commune, on a lancé un appel à gestion. Autour de la rampe longeant le boulodrome, les gardes corps doivent encore être installés au-dessus des murs en pisé. Au départ, les architectes voulaient faire les murs en briques, dans le prolongement de la façade mais le Patrimoine a demandé que ce soit du pisé pour mettre l’accent sur le travail manuel. Finalement, les garde-corps sont noirs mais à un moment il était question de les peindre en turquoise comme ceux de la Maison Pelgrims, c’était aussi une demande du Patrimoine. Sur la façade du Boulodrome, il devait y avoir une inscription « Boulodrome » mais le Patrimoine a également refusé.

Le pont est en train d’être refait par les rocailleurs pour qu’il soit en accord avec la rocaille plus loin dans le parc. Le pont d’avant n’était pas comme ça, on l’a démonté pour des questions de stabilité.

Ensuite, il y a l’étang, il est protégé pour conserver la biodiversité. Il y a seulement une ouverture pour l’entretient fait par la commune. Les canards piétinent beaucoup le sol, là ça à l’air d’aller, on verra ce que ça donne. On a aussi laissé des tas de bois durant le chantier, qui sont toujours là aujourd’hui pour essayer de conserver la biodiversité malgré le chantier. Ça été réfléchi en amont avec la cellule environnement mais c’est également une question qui nous est revenu du côté des citoyens.

La gestion du boulodrome est compliquée car on aimerait que l’entrée se fasse par le parc mais on est contraints par les heures d’ouverture. Les bruits du parc résonnent

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assez fort et les habitants nous disaient déjà qu’ils entendaient fort les bruits de la cour de récré. Puis, les horaires facilitent aussi l’entretient même si ce n’est pas toujours facile quand il faut fermer le parc, les gardiens de la paix doivent bien faire le tour, il y a pas mal de recoins où se cacher.

Ici, plus haut, il y a des barrières temporaires en attendant d’avoir un projet de barrières plus hautes tout autour du parc. Il y aura qui concours qui va être lancé pour ça, il faut faire une demande de permis.

Ici, il y a eu la rénovation de toutes les cascatelles, les bassins ont été refaits car il y avait des problèmes d’étanchéité donc l’eau partait un peu partout. Il y a eu un gros travail sur l’étang, refaire toutes les berges, curer l’étang. On ne le voit pas mais ça été un travail conséquent. Les fougères ont super bien poussé. Le but c’était d’avoir des essences qui tiennent, par rapport aux canards.

Avant l’aménagement du parc, il y a toute une étude hydrologique qui a été faite par un hydrologue parce que l’eau ne coulait plus. En faisant les recherches, ça s’est remis à couler, c’est de l’eau de source qui vient des terres.

L’entrée du haut, ressemblait davantage à l’entrée de garage de « Notre Cercle » qui est un centre de jour pour personnes âgées. Tous les chemins existaient déjà mais on a élargi l’entrée pour laisser plus de place aux piétons et que ça ressemble plus à une entrée de parc mais il faut laisser l’entrée carrossable pour le centre qui vient chercher les personnes âgées en camionnette. On a aussi dévié les eaux de « Notre Cercle » vers celles du boulodrome car avant ça ruisselait vers l’étang. C’était pour séparer les eaux sales des eaux propres puisque dans l’étang c’est de l’eau de source qui va ensuite vers la place Morichar. Et puis niveau odeur ce n’était pas top.

*Fin du tour du parc, nous nous installons à la terrasse de « Notre Cercle »*

L.S. : On a fait des ateliers participatifs ici mais ce sont plutôt des enfants qui sont venus.

Sur internet et sur les réseaux, j’ai pu voir que vous étiez beaucoup citées, en votre nom, représentant la commune. Pensez-vous que le fait de mettre un visage sur le/la représentant.e de la commune constitue un facteur de réussite à la participation ?

Oui, c’est vrai que pour les personnes c’est plus facile quand ils ont des questions. Il y a ma collègue Amandine aussi qui s’occupe de la communication et qui est plus en contact avec les habitants quand on fait des commissions de quartier et des assemblées générales. Pour le parc Paulus, les bureaux d’études avaient fait de grosses réunions participatives pour l’élaboration de l’avant-projet et là il était sorti pas mal de choses qui ont orienté le projet. Notamment, le parc végétal, qui va être réalisé en novembre, c’était une demande des habitants de garder cet espace de buissons car les enfants aimaient bien se cacher dedans. Donc ça, c’était plutôt

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les architectes qui les ont réalisées et nous on a organisé les moments participatifs classiques : COQ, AG, après-midi avec les enfants où ils devaient dessiner leur plaine de jeu idéale. On a aussi fait une permanence où les habitants étaient venus. A l’époque il y avait des inquiétudes qui avaient été exprimées par rapport aux arbres et à la biodiversité mais sinon c’était plutôt pour expliquer le projet. Donc on a fait des moments au boulodrome, au cercle, avec l’école Nouvelle juste derrière. Il y a aussi eu une artiste, Anne Martineau, qui a fait des ateliers d’argile avec les enfants du quartier. Ça n’apportait pas d’informations pour le projet mais ça leur permet de s’approprier l’espace. Au centre Jacques Franck on a présenté les différentes offres aux habitants et ils avaient voté pour leur projet préféré. Il est ressorti que c’était également celui que les instances communales préféraient, notamment pour le jardin Hélène De Rudder. Il y avait des visuels et les habitants devaient venir mettre une gommette sur leur projet préféré. C’était intéressant et ça a confirmé notre choix. Pour le jardin Hélène De Rudder, il y a eu des moments participatifs : « atelier botte de paille », « atelier journal de quartier ». Le but de l’atelier « botte de paille » était de refaire la forme des gradins en herbe pour voir ce que ça donnerait. L’atelier « Journal de quartier » c’est un mur d’affichage un peu libre pour les habitants du quartier.

J’ai pu remarquer que le graphisme de la communication du CQD ParvisMorichar était assez enfantin. Était-ce voulu ? Y a-t-il des raisons ? Ou était-ce le fruit du hasard, d’une préférence quelconque ?

L.S. : On est soumis au marché public donc on a lancé un concours de graphisme et le choix s’est fait par préférence. Effectivement, on aimait bien ce dessin à la main qui parle à tout le monde. Mais, ce n’était pas voulu, on a pas imposé que ce soit le cas. Ce sont les graphistes qui ont proposé ce visuel. Mais c’est vrai que le dessin à la main, c’est facile pour se représenter les espaces et puis ça sort un peu du côté carré administratif et ça colle plus au côté participatif du contrat de quartier.

L.L. : Vous avez eu de bons retours via cette communication ?

L.S. : On essaie surtout de varier et de diversifier la communication car si on passe seulement par internet on ne peut pas toucher tout le monde. Pareil pour les visites, on les a faites parfois la semaine, parfois le samedi, en journée, en soirée, pour permettre à un maximum de monde de venir. On met tout le temps des flyers dans les boites aux lettres pour prévenir des assemblées générales. On a aussi fait quelques visites de chantier avec les habitants quand il était en cours pour leur expliquer. On a mis des affiches sur les grilles et dans les endroits clé.

A la commune, vous êtes engagée uniquement pour le contrat de quartier ?

L.S. : Oui, le contrat Parvis-Morichar était mon deuxième contrat de quartier. Je

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partage un mi-temps avec ma collègue et il y a aussi deux autres temps pleins. Cela dépend du fonctionnement des communes, à Schaerbeek, c’est un externe qui s’en occupe par exemple. C’est assez réglementé tout ça.

L.L. : J’imagine que ça aide davantage au bon déroulement qu’il y ait des personnes qui soient engagées uniquement pour ça.

L.S. : C’est nécessaire, trois temps pleins c’est déjà très peu. C’est beaucoup de travail. Un contrat de quartier c’est du logement, des équipements pour la petite enfance, des espaces publics, y a du suivit de projet socio-économique et tout ça en quatre ans plus deux pour le chantier, c’est court. Pour le parc Paulus, il y a la visite de chantier tous les jeudis et ensuite il faut faire toutes les vérifications techniques.

Comment s’est passé l’acquisition du contrat de quartier au niveau de la commune ? Et son lancement ?

L.S. : Il y a un concours qui est lancé par la région et nous on rédige un dossier de candidature. Ensuite on lance un concours pour trouver un bureau d’étude qui va définir le programme.

L.L. : C’est le bureau d’étude qui définit les espaces qui doivent être réaménagés ? Ou bien il y a un travail qui est fourni en amont à la commune ?

L.S. : Dans notre candidature, on cible déjà les problématiques puisque pour pouvoir obtenir un CQ il faut que ça se justifie donc on explique les opportunités foncières et les potentiels qu’il peut y avoir, les aménagements d’espaces publics potentiels, les carences en espace vert, en équipement de crèche, etc sur base du Monitoring des quartiers qui nous aide pas mal dans les statistiques. On cible tous les volets du contrat de quartier, on y indique les partenaires potentiels. Après, sur base de ça, le bureau d’étude fait son programme.

Quel était votre rôle dans le jeu des acteurs impliqués dans le CQD ?

L.S. : Au « contrat de quartier », on est intermédiaires entre les architectes et les entreprises, on coordonne le projet. Au sein de la commune, on coordonne tous les différents services communaux impliqués dans le CQD. Il y a les espaces publics, les espaces verts, les bâtiments qui appartiennent à la commune, l’école qui fait partie du service enseignement donc il faut que toutes ces personnes soient au courant de tout, qu’elles participent aux réunions, avec les habitants et les différents services communaux. Notre rôle est de faire le lien entre toutes ces personnes pour que tout le monde ait l’information. On fait valider les états d’avancement par le collège communal. Les architectes s’occupent plus de tout ce qui est technique, pv, etc en collaboration avec nous. On fait la médiation quand il y a des problèmes.

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On fait aussi le lien avec la Région qui nous subsidie, on justifie chaque coût. Ici le subside n’était pas énorme pour le CQ Parvis-Morichar. On a un gros subside des Monuments et Site donc, il faut se justifier auprès d’eux aussi. On a aussi un subside Proxi pour la plaine de jeu.

L.L. : Qui sont les entrepreneurs du parc Paulus ?

L.S. : ETH c’est l’entrepreneur général. Il a plusieurs sous-traitants. Pour le bâtiment c’est Trepalia, le rocailleur c’est Pirlet et le paysage c’est Henrion. Pour le jardin Hélène De Rudder c’était uniquement les entreprises Melin, ils avaient juste un sous-traitant pour la partie bâtiment comme on a changé la porte.

Qui s’occupe de la gestion post-projet ?

L.S. : Pour le parc on a seulement des plans de gestion pour les bâtiments mais pour le jardin Hélène De Rudder on est en train de mettre un plan de gestion sur pied. Ce sont des espaces communaux donc la commune va s’en charger mais c’est en train de se faire.

Quels ont été, selon vous, les facteurs de réussite et les freins à l’élaboration du projet, la participation et la réussite du projet dans le futur ?

L.S. : Comme frein, il y a le cadre administratif et les délais. Ce n’est pas toujours facile d’expliquer un projet qui sortira seulement cinq, six ans après. Il y a aussi l’administration qui n’est pas toujours comprise par tout le monde et ça pourrait être un frein à la participation qui pour nous est très importante dans l’élaboration des projets. Parfois, on reçoit pleins d’appels parce qu’un arbre est abattu et ça peut être très compliqué. Les avis différents des riverains, il y a des gens qui vont dire « on ne veut plus de stationnement car on veut plus d’arbres et d’arceaux vélo » et des commerçants qui vont avoir besoin de ces places de parking, ce n’est pas évidant de faire l’arbitre entre tout ça. Il y aussi les questions budgétaires qui nous limites dans le projet car il y a souvent des imprévus durant le chantier et donc on doit se demander si on continue, si on ajoute des choses en fonction du budget. Il y a aussi les ressources au niveau du personnel qui peuvent être un frein aussi au niveau de la gestion future. Ce n’est pas toujours évident parce qu’on rajoute toujours des projets et donc ça peut être freinant aussi. Pour les réussites, je trouve que d’avoir ces moments participatifs et d’intégrer les habitants dans les projets, c’est une réussite quand on voit qu’on a respecté les souhaits des habitants. Et la collaboration entre services et entre les différentes instances, qui peuvent être un frein, chez nous ont été une réussite car la collaboration s’est très bien passée dans les deux projets que j’ai suivi dans le cadre de Parvis-Morichar. Cette collaboration fait qu’on arrive à faire de chouettes projets. Avec les différentes instances régionales qui sont là pour nous subsidier, nous appuyer, nous aiguiller, ça

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peut être un frein administratif mais c’est aussi un facteur de réussite car sans eux, on n’a pas de projet. Ici, on n’a pas été bloqués par les Monuments et Sites, c’est ce qui a fait qu’on a pu faire un chouette projet. Pour le parc Paulus, c’est un peu le seul vrai parc de Saint-Gilles, les jeux pour enfants marchaient déjà super bien avant le CQ, donc le fait que les gens fréquentent le parc c’était déjà un facteur de réussite. Le fait que ce soit en intérieur d’ilot, c’est protégé pour les petits, c’est très familial et oui c’est vraiment destiné aux petits.

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Entretien avec Gilles Saussez, architecte paysagiste, et Antoine Warin, architecte, associés chez SKOPE, à propos du Jadrin Hap, Etterbeek. (Anderlecht, le 02 juin 2023)

Comment le projet s’est-il établi ?

G.S. : Je pense que c’était une procédure négociée, avec publicité préalable. Il y a quatre ou cinq bureaux qui ont été missionnés. On a remporté le marché parce que je pense qu’on était un des moins chers et parce que on n’a pas spécialement un style graphique bien définit, certains architectes dessinent toujours la même chose de la même manière et ça, la commune ne voulait pas. Ils voulaient garder la main mise sur le projet, décider eux-mêmes des plantations. Ils voulaient d’un bureau qui co-construise le projet. On a été sélectionné entre autres pour ça. La Limite d’intervention c’est entre chaussée de Wavre, chaussée d’Auderghem et Louis Hap, c’est un site qui est classé, il y a l’orangerie, la maison Hap et le parc. On a eu la chance de répondre aux trois et on a eu les trois. Les architectes (du bureau SKOPE) ont bossé sur l’orangerie et la maison et moi j’ai travaillé sur la partie jardin. Comme c’est un site classé, avant de commencer quoi que ce soit, on contacte l’urbanisme et le patrimoine bruxellois, donc : DPC (Direction du Patrimoine Culturel), CRMS (Commission royale des Monuments et Sites), etc. Donc j’ai commencé par réunir tout le monde en leur disant « Voilà, on va partir là-dessus, il y a une étude historique qui a été faite par Jean-Marie Bailly, qui est un historien et paysage et on va partir de cette étude historique pour commencer à réfléchir au parc. On ne va pas commencer à créer de nouveaux chemins, des choses nouvelles. On va faire le « survey », donc l’analyse historique, andrologique, topographique et analyse au niveau du quartier aussi et du tissu urbain : quelles sont les demandes, quelles sont les attentes ? Estce qu’il faut faire une plaine de jeux, un parc extensif ? ». Tout ça a été mis en place au début et dès qu’on a eu notre ligne directrice, on a commencé à proposer les grandes lignes du programme. A chaque étape on rencontrait les riverains donc il y a eu beaucoup de participation, dans le cadre du contrat de quartier. Ca c’était un point vraiment important, qu’on a du confronter aussi avec la réalité du terrain et les demandes de la commune et du patrimoine. Par exemple, le patrimoine nous dit : « Les chemins, vous n’y touchez pas ». C’est un peu triste parce qu’on a envie de créer des choses mais on doit respecter ça.

Plus précisément sur le projet, historiquement la rue Louis Hap était beaucoup plus basse. Avec les égouttages, elle est montée à quatre mètres de haut. On a quand même voulu retrouver ce cheminement en boucle du XVIIème, XVIIIème siècle malgré cette différence de niveau. Donc on a créé un accès par la rue Louis Hap, qui est devenu une balade pittoresque. C’est nouveau, contemporain mais dans le but de respecter les lignes historiques, le cheminement, les plantations, le verger, les arbres historiques, classés.

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Pouvez-vous m’en dire davantage à propos de la participation et sous quelle forme elle a eu lieu ?

G.S. : Dès le début, la commune a insisté sur le fait qu’il fallait voir les riverains. On a commencé par faire des petites réunions entre nous avec la commune, le patrimoine, etc. Ensuite, rapidement, on a fait venir les riverains sur place. Entre terme de participation, nous, on travaille toujours en trois moments. Le premier moment c’est : le bureau d’étude ne connait rien et les riverains connaissent beaucoup mieux donc on les emmène sur place et on les écoute. Et là, ça part dans tous les sens, on note. On rentre au bureau, on commence à dessiner quelque chose. On fait une deuxième réunion de participation dans laquelle on donne la main aux riverains, on donne des bics, on met des plans aux murs, on donne des post-it et on les laisse dessiner. A la troisième, on a interprété tout ce qu’ils nous ont donné et là on leur explique les contraintes liées à la programmation imposée par le contrat de quartier, ce qu’impose le patrimoine et la commune, le type de sol et le terrain. On leur propose notre projet amendé de toutes les idées et on prend note des remarques. Donc il y a eu trois ou quatre réunions de participation et une présentation. La première réunion avait lieu sur place et ensuite à la maison communale. La présentation finale a eu lieu avant la demande de permis. Là, on aeu deux grosses questions qui sont la valeur écologique du site : « pendant le chantier, on va perdre la biodiversité, vous allez supprimer trop d’arbres ». On a tenu compte de ces remarques et il y a des arbres que l’on n’a pas abattu. Par exemple, il y a un frêne qui est malade, il est destiné à mourir, on trouvait ça dangereux de le garder mais on a dit « ok ». La commune accepte de faire des test chaque année donc on l’a gardé et les gens sont contents.

Au-delà de ça, quel impact a eu la participation sur le projet ?

G.S. : Au niveau du programme, malheureusement, il était fortement défini. On avait prévu cent-six abattages, finalement on en a fait que septante, donc on a diminué. Il y a une demande du quartier pour créer des surfaces potagères collectives et individuelles. On les a placés sur les plateaux supérieurs, les riverains étaient tout à fait en demande. On a créé aussi des zones de stockage avec un poulailler. C’est géré par une ASBL je pense et deux personnes chargées à la commune, conseillère en environnement, qui font le lien entre les riverains et la commune. Le fait, d’accompagner les gens dans le processus participatif fait que pendant le chantier, les gens étaient contents car ils voyaient qu’on abattait des arbres et qu’il y avait du mouvement et finalement même les pires réfractaires étaient contents. Par exemple, il y avait une dame qui peignait à sa fenêtre, au début elle était vraiment contre le projet et puis finalement, sur Facebook, sur les réseaux, on voyait qu’elle était contente, elle venait apporter du café au ouvriers etc. Aujourd’hui, le processus participatif, on ne peut plus passer à côté. On ne peut plus trouvailler sur un espace public sans faire de la participation. Au minimum, présenter ce qu’on va faire avant d’imposer un projet en exécution.

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Ici, c’est un jardin qui a été donné par la famille Hap aux habitants donc, ça appartenait à tout le monde. C’était important, ça a bien conditionné notre projet.

LL. : Il y a eu beaucoup de participation ?

G.S. : Énormément ! Je n’ai jamais vu autant de riverains aux réunions. C’est en intérieur d’ilot, c’est très calme, c’est convivial depuis le XXe siècle et ça s’est propagé. A la dernière réunion, je pense qu’il y avait une cinquantaine de personnes, ce qui est énorme. On a généralement dix, quinze personnes. Ici, il y avait vraiment du monde et tant mieux, c’est chouette pour nous, d’avoir du monde qui vient voir ce que l’on fait.

L.L. : En ce qui concerne l’orangerie et la maison Hap, le programme était déjà défini ou la participation a permis de le définir ?

G.S. : Au niveau de l’orangerie il y a l’Horeca qu’il fallait créer et qui était définit par le contrat de quartier. Même au niveau du parc, le programme était imposé dans le contrat de quartier et nous, on est allés voir le patrimoine et les riverains en essayant de trouver des compléments. Pour l’orangerie, on savait qu’il y avait l’Horeca et qu’on devait créer des locaux plus contemporains. Pour la maison, c’est une restauration totale donc c’est plus pointilleux et ça devient une maison de quartier.

Ma question suivante, concerne la gestion post-projet, sur place j’ai pu rencontrer le gardien du jardin, voir qu’il y avait des sanitaires, pourriez-vous m’en dire plus à ce sujet ?

G.S. : Oui effectivement il y avait déjà un sanitaire sur place et nous l’avons conservé. À côté de l’étang il y a une ancienne ruine qui était reliée aux anciennes parcelles potagères. L’idée c’était de refaire ce bâtiment avec une toiture contemporaine pour y mettre le gardien, avec une salle extérieure/intérieure polyvalente.

L.L. : Quand j’y suis allée elle n’était pas encore refaite.

G.S. : Non, elle n’est pas refaite. C’est toujours en cours mais nous n’avons pas répondu à l’appel. Il y a un marché qui a été ouvert là-dessus. Pour la gestion, nous n’avons pas fait de note de gestion mais c’est quelque chose qui, maintenant, est important. Dès que l’on termine, il faut se coordonner avec le client pour que l’auteur de projet réalise une note de gestion. C’est dire à quel moment il faut couper les haies, à quel moment il faut tondre, à quel moment il faut récupérer les bois et en faire du broyat, à quel moment il faut vérifier les niches à insectes qu’on a fait avec les briques du mur que l’on a récupéré et qu’on a mis en tas, à quel moment il faut entretenir les chemins, vérifier le drainage de l’eau, vérifier si la source est toujours en activité, etc. Pour ce projet ci on a eu la chance que à la commune d’Etterbeek,

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Valmy Vancompernolle, chef des espaces verts, c’est lui qui a fait les plantations. Il connait très bien les plantes, il a son service à lui. Donc c’est lui qui a géré toutes les plantations et tout ce qui est entretient, gestion des plantations. C’est la commune qui gère ça une fois par mois, par semaine. Pour ce projet on n’a pas été d’une grande utilité pour ce côté-là. Par contre, pour d’autres projets, on fait une note de gestion, on dit quand il faut venir, comment on répare. C’est aussi parce que c’est Valmy qui a géré ça que c’est très beau. Le service connait bien. Dans d’autres parcs, communes, ils n’ont pas toujours les moyens. Par exemple, on a refait tout le parc Astrid mais le problème c’est qu’il est tellement grand que les ouvriers ne sont pas assez nombreux, pas toujours bien formés donc on n’arrive pas à pérenniser l’aménagement qu’on a mis en place. A Hap, les gens respectent aussi donc c’est un point très positif. A Astrid à la sortie des matchs, ce n’est pas la même chose.

A ce propos, quels sont selon vous les facteurs de réussite ou au contraire des freins à l’élaboration du projet ?

G.S. : La participation c’est vraiment un facteur de réussite, pour moi c’est le moteur des projets. Ici, on a réuni tout le monde au début du projet, ce n’est pas toujours facile mais on avait la commune, le pouvoir subsidiant, le contrat de quartier, monsieur Maljean était présent au début, le Patrimoine, le CRMS. Donc on demande à tout le monde s’ils ont des recommandations avant qu’on démarre, comme ça ils ne découvrent pas le projet en cours d’exécution. Donc ça c’était au début et aujourd’hui, si ça fonctionne aussi bien c’est parce que les gens se sont approprié l’espace. Aussi bien le Patrimoine, l’entreprise a très bien travaillé (ETH), les riverains sont venus, on a organisé des journées du patrimoine, ça c’est le contrat de quartier qui organise. On ouvre le parc, on met des affiches et nous on vient bénévolement expliquer le projet au gens. Donc ils continuent de s’approprier l’espace et quand on s’approprie un espace, on finit par le défendre. Si on voit un enfant jeter un truc par terre, les riverains le disent. Après, on est aussi dans un quartier un peu plus huppé. On est dans un cadre où tous les facteurs sont réunis. Il y a un agent sur place aussi, c’est un des éléments principaux, il vérifie, il prend note, il communique avec les riverains, ça crée du lien dans ce parc. C’est aussi un parc qui marche bien parce qu’il était bien conçu au niveau des chemins. Il y a trois accès, des chemins principaux et des chemins secondaires donc il n’y a pas besoin d’avoir des chemins de chèvre. Les gens circulent, il y a ce qu’il faut, il y a des bancs, des poubelles, des espaces à l’ombre. Au niveau composition, je pense que c’est un parc qui marche très bien. Et comme c’est un parc en intérieur d’ilot, les gens coupent par-là, il y a du mouvement et du contrôle social, c’est ce qui fait aussi que ça marche bien. Le dernier point, c’est la valeur écologique. On a des zones humides, des noues de récupération d’eau de pluie, des houpiers d’arbres importants, des fruitiers donc il y a une certaine diversité. Les gens le ressentent aussi. Il y a de l’historique, du patrimoine, tous les éléments sont réunis pour qu’on respecte le site et que ça fonctionne. Ce n’est pas le cas dans d’autres dossiers.

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Les freins qu’on a eu c’est plutôt que la commune et nous, on avait des ambitions. Par exemple, on voulait refaire comme c’était historiquement. La famille Hap avait des moutons qu’ils mettaient dans des sortes de cages qu’ils déplaçaient pour tondre. Nous on ne voulait pas les mettre dans des cages mais on voulait qu’il y ait une activité agro-écologique où à certaines périodes de l’année on aurait deux moutons. Mais ça été un frein car le patrimoine a jugé que ce ne serait pas nécessaire et donc on ne les a pas mis. Les riverains, nous on avait prévu d’abattre plus d’arbres pour apporter plus de lumière et les riverains ne voulaient pas qu’on abatte donc on n’arrivait pas vraiment à retrouver la structure. En tant qu’architecte on a une place de médiateur entre tout le monde, on doit trouver le vocabulaire adapté, et prendre en compte les remarques de chacun. C’est un peu comme une mayonnaise, tous les ingrédients ensemble parfois ça prend et parfois ça ne prend pas. Ici ça a pris parce que tous les acteurs étaient positifs. On a eu des gros soucis au niveau des déblais, on a dû faire un mur de soutènement entre les potagers et le jardin, on a pris trois mois de retard parce qu’il a fallu trouver les briques historiques, ça nous a pris des mois avec le patrimoine. Donc ça c’est un frein au niveau planning et au niveau du budget car il a fallu engager des ingénieurs et puis le chantier s’allonge. C’est le problème quand on est payé au forfait. Avant le mur, il y avait un talus, il tenait grâces aux arbres qu’il y avait dessus mais qu’on a abattu pour apporter de la lumière et aussi pour faire de l’espace pour le potager.

Dans le cadre du jardin, les barrières étaient en partie là, d’autres pas. Pouvezvous m’en dire plus ?

G.S. : Il y a un grand mur blanc, le long de la chaussée de Wavre, on n’y a pas touché. Le portail a été restauré. Il y a une nouvelle grille qui a été posée à la rue Louis Hap. On a créé un mur avec une assise. Sur ce mur on a posé une grille. C’est une grille métallique noire mais ce n’est pas ce qu’on avait dessiné au début. On avait repéré qu’historiquement, il y avait une clôture en bois et qu’il y avait des vues. Donc on avait créé une clôture à claire voie mise en oblique mais de nouveau le patrimoine nous a dit non. Les grilles elles sont demandées. Le but c’est le contrôle social et puis dès qu’on doit pouvoir fermer le parc c’est obligatoire.

Pour la partie architecture, pouvez-vous me parler plus précisément des aménagements liés aux bâtiments du parc ?

Toute la programmation a été faite avant notre arrivée. Cela doit faire quinze, vingt ans que la maison a été léguée à la commune et le jardin, même du temps où les Hap vivaient encore, était déjà ouvert aux gens de la commune d’Etterbeek. Après le contrat de quartier, ça été l’occasion de trouver des financements. La maison, elle était en très mauvais état. L’idée c’était de pouvoir faire des activités à destination du quartier, sachant que la maison est classée c’est quand même une contrainte au niveau de son utilisation. Et l’orangerie l’idée était d’avoir une petite partie horeca

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dans la partie supérieure et une salle polyvalente dans la partie inférieure. Dans les écuries c’était plutôt des espaces de service. L’idée d’origine était que la commune mette une équipe de quelques personnes sur place pour gérer les activités, pouvoir ouvrir à des associations, organiser des événements mais je ne sais pas très bien comment ça évolue au niveau communal car c’est du personnel qu’il faut payer sans rentabilité direct. Donc ils seraient peut-être en train de chercher après un gestionnaire mais je ne sais pas très bien. Dans la maison Hap, on a eu du retard sur les toiles marouflées du bureau du notaire et de la bibliothèque car c’était bien plus abimé que prévu donc elles ont été envoyées en atelier pour restauration mais on a livré la maison en réception provisoire avant que les toiles n’aient été remises en place.

Par rapport à la gestion de l’orangerie aussi, pour finir ils ont décidé de faire de la formation de restauration avec le CPAS avec l’idée qu’ils puissent servir des petits plats etc. La volonté par rapport au parc était qu’il soit très calme donc dans l’orangerie il ne fallait pas que ça devienne un lieu de concerts etc.

Par rapport à la bibliothèque qui se trouve de l’autre côté, est-ce qu’il y a eu des contacts ?

Non pas vraiment, c’est vrai qu’il y a une entrée au niveau du parc mais il y en a une aussi sur la chaussée d’Auderghem mais au-delà de ça on n’a pas vraiment eu de contact pour la programmation. Après, je pense que dans la participation au niveau communal, il y a eu des ateliers en commun avec eux. A mon sens, ça n’a pas été assez exploité.

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Entretien avec Jan Laute, architecte associé et Ana Mirales, architecte, chez AAC., à propos du jardin Hélène De Rudder, (02 juin 2023)

Comment le projet s’est-il établi ?

J.L. : A la base c’était un appel d’offre lancé par le contrat de quartier durable ParvisMorichar et on y a répondu. Tout le programme était préparé par le centre Jacques Franck et l’école. Il y avait eu un projet de recherche des étudiants de manière participative dans le but d’informer les gens et pour savoir ce qu’on allait faire avec cette cour et quel statut elle allait avoir après les travaux. C’était assez délicat car il y a la chaussée d’Ixelles où l’entrée principale du centre se situe et ensuite il y a la rue de Rome avec une encoche qui donne sur la cour qui est en lien avec le centre et l’école qui utilise la cour comme cour de récré. Mais il y a aussi beaucoup de riverains qui apprécient le calme. Donc les riverains n’avaient pas envie d’avoir une salle de spectacle extérieure derrière leur jardin. Donc c’est plutôt l’école et le centre culturel qui ont participé au cahier de charge pour cette cour et nous on a fait une proposition pour avoir un lieu calme et culturel mais sans avoir une aire de jeux ou une salle de spectacle. Ça reste toujours un espace partagé et la porte côté rue de Rome, qui était plutôt une entrée pour les livraisons, est maintenant aussi une entrée publique. Là aussi, c’était à voir avec les gestionnaires du centre pour voir comment ils pouvaient gérer, contrôler les entrées. Il y avait un peu cette peur d’avoir des dégâts, des gens qui y trainent.

Pour l’instant c’est le centre qui s’occupe de la gestion post-projet de la cour ? (Ouverture des grilles, nettoyage)

Oui. Le centre est subsidié par la commune mais ils n’ont pas une très grande enveloppe budgétaire donc c’est difficile pour eux de garantir cette ouverture tout le temps. Mais peut-être qu’à terme ça s’organisera différemment.

L.L. : Est-ce que le fait qu’ils aient peu de budget à accorder à la gestion post-projet a influencé votre conception ?

J.L. : Non, pas vraiment. Les adaptations qu’on a apporté à notre dessin de base étaient plutôt d’augmenter le contact avec le centre même. Quand on a commencé le concours, il y avait juste une porte de secours. Pour des raisons budgétaires, on avait proposé de juste la remplacer par une porte vitrée et finalement on a fait une grande baie vitrée avec une double porte pour augmenter le contact avec le foyer mais aussi pour augmenter la visibilité intérieur/extérieur.

A.M. : Dans le choix des plantations, l’idée était que leur entretient soit assez limité. Maintenant c’est à la commune de gérer cela.

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J. L. : Oui, c’était déjà proposé dans la proposition de base que l’on mette des plantes indigènes qui par défaut demandent moins d’entretient que des arbustes à tailler.

Quelle place chaque acteur a pris dans l’élaboration du projet ? Au -delà de l’école et du centre Jacques Franck dont nous avons déjà parlé ? Et comment la participation a-t-elle eu lieu ?

J.L. : A la base, on était plutôt en contact avec Lydie Segura, qui est en contact avec le reste de la commune. A priori, c’étaient les personnes du contrat de quartier et les utilisateurs, donc l’école et le Jacques Franck, qui étaient présents à l’époque. Ensuite, à différents moments il y a eu des échanges avec les riverains du quartier. Il y a eu des workshops et à deux occasions, des assemblées où chaque acteur de chaque projet du contrat de quartier étaient présents pour présenter leur projet et avoir un retour des participants. On a assez vite présenté le projet à l’assemblée générale. La première avait lieu dans le centre culturel, il y avait des panneaux pour expliquer les projets. Nous on était là pour présenter notre croquis. Plus tard, on a eu une autre assemblée au parvis, sous la même forme et on pouvait présenter les plans d’exécution qui avaient évolué aux gens du quartier et aux autres acteurs. C’était intéressant parce qu’on pouvait échanger avec d’autres porteurs de projet. Il y avait des gens qui étaient là pour faire la promotion des nichoirs. C’est une institution qui promeut les hirondelles. Finalement, on a intégré des nichoirs dans notre projet, c’est assez chouette.

Le contrat de quartier Parvis-Morichar présente un graphisme assez enfantin. Cette patte revient dans la présentation du jardin, était-ce voulu ou était-ce le fruit du hasard ?

J.L. : C’était plutôt une coïncidence. A la fin, on a présenté le projet avec une gamme de méthodes de présentation pour que ça parle au plus de monde. Car le dessin à la tablette c’est aussi trop vague pour certaines personnes. C’est un tout petit projet mais il a une grande importance dans le quartier. C’était assez questionné, certains se demandaient si c’était réellement nécessaire. Aussi parce que le sol était pollué car avant il y avait un garage. Ça a eu comme impact que l’on a surélevé le jardin. On n’a pas touché à la dalle de sol car, sinon, il fallait dépolluer et on avait pas le budget pour ça. Donc ça, c’était une des remarques qu’on a eues, le fait qu’on négligeait cette question et qu’on la laissant pour le futur occupant.

A.M. : Ce sont des choix budgétaires.

Pouvez-vous m’en dire plus sur les dispositifs mis en place dans le projet, plus précisément ?

J.L. : L’escalier pour aller à l’école était déjà existant, on l’a intégré au projet.

A.M. : On n’a rien touché de l’existant, on a changé certaines parties de revêtement

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de sol qui étaient dégradés mais pour le reste, ça reste des interventions réversibles d’une certaine manière.

Le jardin a été inauguré en avril, il n’y a donc pas assez longtemps que pour pouvoir faire un réel état des lieux concernant le post-projet et l’avis des usagers mais avez-vous déjà eu quelques retours ?

A.M. : Lydie Segura est certainement plus au courant.

J.L. : Les gens étaient contents. On a mis des barrières autour des jardins pendant un an pour laisser pousser l’herbe et éviter qu’elle soit piétinée donc les gens étaient contents du résultat final mais c’était juste le temps d’un instant. Mais sinon on a généralement peu de retour après la délivrance d’un projet.

A.M. : A l’inauguration tout le monde trouva ça joli mais après, nous, on reste un peu en dehors.

Y a-t-il des éléments que vous pouvez identifier comme facteurs de réussite ou comme freins à l’élaboration du projet et à son usage dans le futur ?

J.L. : Bien sûr il y a des freins, notamment des riverains qui portent des plaintes ou qui comprennent mal le projet. La cour n’était pas un jardin partagé par d’autres acteurs donc il n’y avait pas vraiment de base. Pour nous, c’était difficile d’imaginer son utilisation future et pour les gens du quartier, de s’imaginer ce qu’ils pourraient faire là.

A.M. : Oui, il n’y avait aucune identité à ce lieu. C’était uniquement un accès de livraison pour le Jacques Franck et une cour improvisée pour l’école. Maintenant ce sera complètement différent.

L.L. : Ça va peut-être même prendre du temps avant que les gens s’approprient réellement cet endroit ?

J.L. : Oui complètement. Je pense qu’ils doivent faire des activités avec les enfants pour leur faire découvrir la zone et ensuite ils vont revenir. Parce que ça reste tout de même un peu caché, malgré qu’on ait retravaillé la grille, quand on passe devant on ne peut pas vraiment s’imaginer que c’est un jardin public. Cependant, on travaille également actuellement pour le Jacques Franck car ils veulent mettre en place un centre communautaire, devenir un lieu de quartier, presque faire un espace public dans leur entrée, c’est plutôt bien pour le jardin, ça le complète dans un sens. Step by step.

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251

ICONOGRAPHIE

Les photographies et illustrations n’apparaissant pas dans cette ichonographie sont le fruit d’une réalisation personnelle.

Fig. 1. Carte de Bruxelles en 1777. CARTE DE FERRARIS.

Source : Urban.brussels. « brugis ». Consulté le 3 août 2023. https://gis.urban.brussels/brugis/#/.

Fig. 2. PLAN DU PARC PUBLIC DE BRUXELLES, DE LA PLACE ROYALE ET DE LEURS ENVIRONS, DESSIN SIGNÉ PAR JOACHIM ZINNER, VERS 1780. BARNABÉ GUYMARD. Archives Générales du Royaume et Archives d’Etat, cartes et plans manuscrits 41.

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Fig. 3. AVENUE DE LA TOISON D’OR FIN XIXe SIÈCLE. Archives de la Ville de Bruxelles. Source : T’Kint, Sophie. « La deuxième enceinte de Bruxelles ». P. Crahay, AATL - Direction des Monuments et Sites, 2008. https://patrimoine.brussels/liens/publications-numeriques/versions-pdf/chemins-de-ronde/ la-deuxieme-enceinte-livret-guide.

Fig. 4. CONSTRUCTION DU TUNNEL DE L’AVENUE LOUISE, 1956. Archives de la Ville de Bruxelles

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Fig. 8. LES ROCAILLES DU PARC JOSAPHAT. Reporters. Source : « Restauration du Parc Josaphat ». Consulté le 3 août 2023. https://www.beliris.be/projets/ parc-josaphat.html.

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Fig. 11. LE NOUVEAU JARDIN PITTORESQUE, BRUXELLES, 1914, 1923-1940 @coll. CIVA, Brussels. Source : Hennaut, Eric, Ursula Wieser Benedetti, et Michael Jakob. Bruxelles : deux siècles et demi de parcs et jardins publics, 1775-2020. Bruxelles : CIVA, 2019.

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Fig. 12. ILLUSTRATION EXEMPLE DU NOUVEAU JARDIN. André et Paul Véra, Le Nouveau Jardin, 1912. Source : Parcs et Jardins PACA. « Le Nouveau Jardin ». Consulté le 27 juillet 2023. https://www.parcsetjardinspaca.com/livres/edition-connaissance-memoires/.

Fig. 13. VINT-ET-UNE CITÉS-JARDINS À BRUXELLES. Les Cités-Jardins. Le Logis et Floréal. Source : Eggericx, Laure, et Yves Hanosset. Les Cités-Jardins : le Logis et Floréal. Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire. Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Direction des Monuments et des Sites, 2003. https://patrimoine.brussels/liens/publications-numeriques/versions-pdf/bvah/les-cites-jardin-le-logis-etfloreal.

Fig. 14. CENTRE DE LA GARDEN CITY, 1898. Howard. Source : Guelton, Mayalène. « La cité-jardin dans le Grand Paris – Du quartier modèle d’habitations à bon marché à un dispositif structurant dans le zoning métropolitain ». Inventer le Grand Paris, 2016. https://www.inventerlegrandparis.fr/article/la-cite-jardin-dans-le-grand-paris-du-quartier-modele-dhabitations-a-bon-marche-a-un-dispositif-structurant-dans-le-zoning-metropolitain/.

Fig 15. PLAN D’ENSEMBLE POUR LE LOGIS FLORÉAL par Louis Van der Swaelmen, 1925. Coll. CIVA/ AAM, Brussels. Source : Hennaut, Eric, Ursula Wieser Benedetti, et Michael Jakob. Bruxelles : deux siècles et demi de parcs et jardins publics, 1775-2020. Bruxelles : CIVA, 2019.

Fig. 16. PLAN SATELLITE, 1958. Groupe Alpha.

Source : Levy, Sarah. « La planification sans le plan. Règles et régulation de l’aménagement du territoire bruxellois ». Université Libre de Bruxelles, Faculté d’Architecture, Bruxelles, 2015.

Fig. 17. PLAN SECTEUR 1979.

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Fig. 18. PARK SYSTEM D’ANDERLECHT (Parc des Étangs). Le Soir.

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Fig. 19. PLAN RÉGULATEUR GÉNÉRAL DE BOLOGNE, 1976.

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Fig. 20. CARTE ÉCOLOGIQUE DE L’OCCUPATION DES SOLS ET DES DEGRÉS DE VERDURISATION DE L’AGGLOMÉRATION BRUXELLOISE / SITUATION EN MARS 1975, P. Duvigneaud, I. Goedhuys & M. Tanghe. Coll. CIVA, Brussels.

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Fig. 21. PLANS PAR PHASE DU PARC ROI BAUDOIN. Bruxelles Environnement.

Source : Bruxelles Environnement - IBGE. « Le Parc Roi Baudoin. Une Gestion différenciée pour des espaces très contrastés. », s. d.

Fig. 22. CARTE DES QUARTIERS STRATÉGIQUES DE BRUXELLES. Réalisée sur base de Urban.brussels. « brugis ». Consulté le 28 juillet 2023. https://gis.urban.brussels/ brugis/#/.

Fig. 23. PLAN RÉGIONAL D’AFFECTATION DU SOL ACTUEL (PRAS). Région de Bruxelles-Capitale

Source : Urban.brussels. « brugis ». Consulté le 30 juillet 2023. https://gis.urban.brussels/brugis/#/.

Fig. 24. LA TACHE - CARTES REPRÉSENTANT LES ZPR, EDRL, EDRLR ET ZRU. Pauline Varloteaux.

253

Source : Berger, Mathieu. Le temps d’une politique: chronique des contrats de quartier bruxellois. Bruxelles: CIVA, 2019.

Fig. 25. CARTE DE LA REQUALIFICATION DES ESPACES PUBLICS ENTRE 1995 ET 2005. GUÉRIN, A., MAUFROY, L., RAYNAUD, F.

Source : Bruxelles change...!: 10 ans de politique de la ville en Région de Bruxelles-Capitale. Les cahiers du SRDU 4. Bruxelles: Secrétariat Régional au Développement Urbain, 2007.

Fig. 26. PROPOSITION DE LOGO POUR LE CQ MARITIME PAR UN MEMBRE DU COMITÉ «LE MARITIME».

Source : Berger, Mathieu. Le temps d’une politique: chronique des contrats de quartier bruxellois. Bruxelles: CIVA, 2019

Fig. 27. MAILLAGE VERT. Bruxelles Environnement.

Source : « Les maillages », 28 juillet 2017. https://environnement.brussels/citoyen/nos-actions/projets-et-resultats/les-maillages.

Fig. 28. PRD, PROJET DE VILLE, 1995. Région Bruxelles-Capitale.

Source : De Beule, Michel, Benoît Périlleux, Marguerite Silvestre, et Etienne Wauty. Bruxelles, histoire de planifier: urbanisme aux 19e et 20e siècles. Architecture et urbanisme. Bruxelles: Mardaga, 2017.

Fig. 29. PRDD, PROJET DE VILLE, À JOUR. Région Bruxelles-Capitale.

Source : Urban.brussels. « brugis ». Consulté le 13 août 2023. https://gis.urban.brussels/brugis/#/.

Fig. 30. CARTE DES CONTRATS DE RÉNOVATION URBAINE. Réalisée à partir de perspective.brussels. « perspective.brussels ». Consulté le 13 août 2023. https://perspective.brussels/fr.

Fig. 31. D’UNE INTERVENTION DANS LES QUARTIERS CONSOLIDÉS VERS LA PRISE EN COMPTE DES CONNEXIONS ET DES INTERFACES. MSA et IDEA Consult, Plan-Guide.

Source : MSA, et IDEA Consult. « Plan-Guide de la rénovation urbaine ». 2013. http://urbanisme.irisnet. be/pdf/ppt-midis-aatl/planguidemidiaatl.pdf.

Fig. 32. ÉVOLUTION DU NOMBRE D’HABITANTS DE LA RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE DE 1989 À 2023. Monitoring des quartiers.

Source : « Home Page - Monitoring des Quartiers ». Consulté le 9 août 2023. https://monitoringdesquartiers.brussels/.

Fig. 33. CARTES STATISTIQUES DE LA DENSITÉ DE POPULATION EN RÉGION BRUXELLES-CAPITALE (hab/km²). Monitoring des quartiers.

Source : « Home Page - Monitoring des Quartiers ». Consulté le 9 août 2023. https://monitoringdesquartiers.brussels/.

Fig. 34 CARTE STATISTIQUE DE LA PART DES LOGEMENTS AYANT ACCÈS À UN JARDIN PRIVÉ EN 2001 (%). Monitoring des quartiers.

Source : « Home Page - Monitoring des Quartiers ». Consulté le 9 août 2023. https://monitoringdesquartiers.brussels/.

Fig. 35. CARTE STATISTIQUE DU TAUX DE VÉGÉTALISATION EN 2020 (%). Monitoring des quartiers.

Source : Monitoring des Quartiers ». Consulté le 9 août 2023. https://monitoringdesquartiers.brussels/.

Fig. 36. CARTE STATISTIQUE DE LA PART DE LA POPULATION À PROXIMITÉ D’UN ESPACE VERT ACCESSIBLE AU PUBLIC EN 2012 (%). Monitoring des quartiers.

Source : Monitoring des Quartiers ». Consulté le 9 août 2023. https://monitoringdesquartiers.brussels/.

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Fig. 37. CARTE STATISTIQUE DE LA PART DES 0-17 ANS DANS LA POPULATION TOTALE (%). Monitoring des quartiers.

Source : Monitoring des Quartiers ». Consulté le 9 août 2023. https://monitoringdesquartiers.brussels/.

Fig. 38. PARTITION DES ÉQUIPEMENTS, ESPACES VERTS ET ESPACES DE MOBILITÉ DANS LE MODÈLE DE LA VILLE EN X MINUTES. Pauline Varloteaux.

Source : Carlier, Louise, Geoffrey Grulois, Benoît Moritz, et Pauline Varloteaux. « vol.2 — Regard historique et réflexif sur les modèles et les outils de l’urbanisme de proximité à Bruxelles », s. d.

Fig. 39. CARTOGRAPHIE DES ILOTS DE FRAICHEUR DANS LA RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE. Bruxelles Environnement.

Source : Bruxelles Environnement - IBGE. « Cartographie des ilots de fraîcheur dans la Région de Bruxelles-Capitale ». s. d. https://environnement.brussels/sites/default/files/ilots_de_fraicheur_ensemble. pdf.

Fig. 40. MINIATURES DES CONTRATS DE QUARTIER (DURABLES).

Réalisée à partir de : « Contrats de quartiers durables ». Consulté le 11 août 2023. https://quartiers. brussels/1/page/programmes/financements.

Fig. 41. PARC SAINT-RÉMY. K2A.

Source : « Saint-Rémy ». Consulté le 14 août 2023. http://www.publicspace.brussels/application/saint-remy/.

Fig. 42. CARTE DES CINQ CQ(D) ÉTUDIÉS.

Réalisée sur base de : « Cartes - Monitoring des Quartiers ». Consulté le 10 août 2023. https://monitoringdesquartiers.brussels/cartes. Et « Contrats de quartiers durables - Midi ». Consulté le 10 août 2023. https://quartiers.brussels/1/q/88.

Fig. 49. CARTE REPRÉSENTATIVE DE LA TRANSITION PORTÉE À L’ÉGARD DES ESPACES VERTS DANS LE CQ MARITIME, LE CQ ESCAUT-MEUSE ET LE CQD BOCKSTAEL. Réalisée sur base de : « Contrats de quartiers durables - Midi ». Consulté le 10 août 2023. https://quartiers.brussels/1/q/88.

Fig. 53. PRAS 2001. Région de Bruxelles-Capitale.

Source : « Le PRAS (3 mai 2001) | Urbanisme, environnement, aménagement du territoire en région de Bruxelles-Capitale ». Consulté le 27 juin 2023. http://urbanisme-bruxelles.hsp.be/node/70.

Fig. 54. PRAS ACTUEL.

Source : Urban.brussels. « brugis ». Consulté le 23 mai 2023. https://gis.urban.brussels/brugis/#/.

Fig. 55. PLAN PARCELLAIRE CADASTRAL.

Source : : Urban.brussels. « brugis ». Consulté le 23 mai 2023. https://gis.urban.brussels/brugis/#/.

Fig. 57. SITUATION EN 2004. Source : « Bruciel ». Consulté le 23 mai 2023. https://bruciel.brussels/.

Fig. 58. SITUATION EN 2023. Source : « Bruciel ». Consulté le 23 2023. https://bruciel.brussels/.

Fig. 59. PROMENANDE SAINT-GILLOISE. Suède 36.

Source : Suède 36. « Contrat de Quartier Parvis-Morichar ». Suede36, 1 janvier 2015. http://www.suede36.be/fr/content/contrat-de-quartier-parvis-morichar.

255

Fig. 64. PRAS 2001. Région de Bruxelles-Capitale.

Source : « Le PRAS (3 mai 2001) | Urbanisme, environnement, aménagement du territoire en région de Bruxelles-Capitale ». Consulté le 27 juin 2023. http://urbanisme-bruxelles.hsp.be/node/70.

Fig. 65. PRAS ACTUEL.

Source : Urban.brussels. « brugis ». Consulté le 05 juin 2023. https://gis.urban.brussels/brugis/#/.

Fig. 66. PLAN PARCELLAIRE CADASTRAL.

Source : Urban.brussels. « brugis ». Consulté le 05 juin 2023. https://gis.urban.brussels/brugis/#/.

Fig. 67. SITUATION EN 2012.

Source : « Bruciel ». Consulté le 11 juin 2023. https://bruciel.brussels/.

Fig. 68. SITUATION EN 2023.

Source : « Bruciel ». Consulté le 11 juin 2023. https://bruciel.brussels/.

Fig. 70. PLAN DE SITUATION DU TRACÉ DE L’EAU. Karbon.

Source : Karbon. « Dossier de base stratégique pour le contrat de quartier durable Abbaye », 2014. http://www.forest.irisnet.be/fr/services-communaux/revitalisation-des-quartiers/cqdabbaye/diagnostic-et-programme

Fig. 75. PRAS 2001. Région de Bruxelles-Capitale.

Source : « Le PRAS (3 mai 2001) | Urbanisme, environnement, aménagement du territoire en région de Bruxelles-Capitale ». Consulté le 14 août 2023. http://urbanisme-bruxelles.hsp.be/node/70.

Fig. 76. PRAS ACTUEL. Brugis.

Source : Urban.brussels. « brugis ». Consulté le 11 juin 2023. https://gis.urban.brussels/brugis/#/.

Fig. 77.PLAN PARCELLAIRE CADASTRAL. Brugis.

Source : Urban.brussels. « brugis ». Consulté le 11 juin 2023. https://gis.urban.brussels/brugis/#/.

Fig. 78. SITUATION EN 2012. Bruciel.

Source : « Bruciel ». Consulté le 11 juin 2023. https://bruciel.brussels/.

Fig. 79. SITUATION EN 2023. Bruciel.

Source : « Bruciel ». Consulté le 11 juin 2023. https://bruciel.brussels/.

Fig. 81. CARTE PROGRAMMATIQUE DU CQD CHASSE-GRAY. ERUsprl.

Source : ERU sprl. « Programme. Contrat de quartier durable Chasse-Gray », 2014. https://docplayer. fr/8783468-Programme-contrat-de-quartier-durable-chasse-gray-septembre-2014-commune-d-etterbeek-avenue-d-auderghem-113-115-1040-bruxelles.html.

Fig. 85. ÉVOLUTION HISTORIQUE DU JARDIN HAP. Illustration personnelle, sur base de Dusaunoy, M-P, et J-M Bailly. « Le Jardin Hap à Etterbeek. Passé, restauration et renaissance », 2021.

Fig. 86. PRAS 2001. Région de Bruxelles-Capitale.

Source : « Le PRAS (3 mai 2001) | Urbanisme, environnement, aménagement du territoire en région de Bruxelles-Capitale ». Consulté le 20 juin 2023. http://urbanisme-bruxelles.hsp.be/node/70.

Fig. 87. PRAS ACTUEL. Brugis.

256

Source : Urban.brussels. « brugis ». Consulté le 20 juin 2023. https://gis.urban.brussels/brugis/#/.

Fig. 88. PLAN PARCELLAIRE CADASTRAL. Brugis.

Source : Urban.brussels. « brugis ». Consulté le 20 juin 2023. https://gis.urban.brussels/brugis/#/.

Fig. 89. SITUATION EN 2004. Bruciel.

Source : « Bruciel ». Consulté le 20 juin 2023. https://bruciel.brussels/.

Fig. 90. SITUATION EN 2023. Bruciel.

Source : « Bruciel ». Consulté le 20 juin 2023. https://bruciel.brussels/.

Fig. 92. PROGRAMME DU CQD PARVIS-MORICHAR. Suède36.

Source : Suède 36. « Contrat de Quartier Parvis-Morichar ». Suede36, 1 janvier 2015. http://www.suede36.be/fr/content/contrat-de-quartier-parvis-morichar

Fig. 96. PRAS 2001. Région de Bruxelles-Capitale.

Source : « Le PRAS (3 mai 2001) | Urbanisme, environnement, aménagement du territoire en région de Bruxelles-Capitale ». Consulté le 23 juin 2023. http://urbanisme-bruxelles.hsp.be/node/70.

Fig. 97. PRAS ACTUEL. Brugis.

Source : Urban.brussels. « brugis ». Consulté le 23 juin 2023. https://gis.urban.brussels/brugis/#/.

Fig. 98. PLAN PARCELLAIRE CADASTRAL. Brugis.

Source : Urban.brussels. « brugis ». Consulté le 23 juin 2023. https://gis.urban.brussels/brugis/#/.

Fig. 99. SITUATION EN 2004. Bruciel.

Source : « Bruciel ». Consulté le 23 juin 2023. https://bruciel.brussels/.

Fig. 100. SITUATION EN CHANTIER. Bruciel.

Source : « Bruciel ». Consulté le 23 juin 2023. https://bruciel.brussels/.

Fig. 102. 4 POCKET PARKS L50. vvv architecture urbanisme. VVV Architecture et Urbanisme. « Pocket Parks — Vvv - Architecture Urbanisme ». Consulté le 8 août 2023. https://vvvarchitectes.be/pocketparks-1.

Fig. 106. PARCS (1), (2) ET (3). Urban Platform.

Source : Urban Platform. « Stephenson. Public park & facilities hub. » Urban platform - Architecture urbanisme. Consulté le 08 août 2023. https://www.urbanplatform.com.

Fig. 107. LIAISON CYCLO-PIÉTONNE DU PARK SYSTEM (CQD SCEPTRE ). Beliris. Source : Beliris. « Liaison cyclo-piétonne Wavre-Viaduc-Sceptre ». Consulté le 08 août 2023. https:// www.beliris.be/projets/wavre-viaduc.html.

Fig. 108. PLAN MASSE DU PARC DE LA SENNE. La Compagnie du Paysage. Source : « Parc de la Senne - La Compagnie du Paysage ». Consulté le 08 août 2023. http://www.compagniedupaysage.com/projects/parc-de-la-senne/.

Fig. 111. SITUATION DES HANGARS RUE DES ÉTANGS NOIRS DE 2004.

Source : « Bruciel ». Consulté le 08 août 2023. https://bruciel.brussels/.

Fig. 112. SITUATION DU PARC DES ÉTANGS NOIRS EN 2023. Source : « Bruciel ». Consulté le 08 août 2023. https://bruciel.brussels/.

Fig. 115. ESQUISSE POUR LE JARDIN HÉLÈNE DE RUDDER. AAC Architecture. Source : Revitalisation Urbaine. « Le jardin Hélène De Rudder ». Consulté le 08 août 2023. https://quar-

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tiers1060.brussels/chantier/le-jardin-helene-de-rudder/.

Fig. 117. GRILLE D’ENTRÉE DU POCKET PARK RUE DE MEXICO @Séverin Malaud. Source : Urban.brussels. « Contrats de quartiers durables - Pocket parc et logements rue de Mexico ». Consulté le 15 août 2023. https://quartiers.brussels/1/qp/626.

Fig. 120. DIVERSITÉ FORMELLE DE LA TYPOLOGIE EN INTÉRIEUR D’Ilot. x

Fig. 121. ÉCHAFFAUDAGE RELIANT LA RUE, LES HABITATIONS, LE JARDIN ET LE POTAGER. 2dvw.eu.

Source : « Jardin des Moineaux | 2DVW ». Consulté le 10 août 2023. https://2dvw.eu/elsene-moineaux/.

Fig. 122. JARDIN DES MOINEAUX. 2dvw.eu.

Source : « Jardin des Moineaux | 2DVW ». Consulté le 10 août 2023. https://2dvw.eu/elsene-moineaux/.

Fig. 123. L[ag]UM. Séverin Malaud.

Source : « Un potager urbain de 1.500 m2 inauguré sur le toit d’un Colruyt à Ixelles - Metrotime ». Consulté le 10 août 2023. https://www.metrotime.be/fr/bruxelles/un-potager-urbain-de-1500-m2-inaugure-sur-le-toit-dun-colruyt-ixelles.

Fig. 124. CONTRATS ÉCOLE. Perspective.brussels.

Source : Perspective.brussels. « Contrat École ». Perspective.brussels, 21 février 2018. https://perspective. brussels/fr/projets/contrat-ecole.

Fig. 126. AMÉNAGEMENT PROGRESSIF DU PARC DE LA LIGNE 28. Illustration personnelle

Fig. 127. ACCORDER, INCLURE, AVANCER. Mathieu Berger.

Source : Berger, Mathieu. Le temps d’une politique : chronique des contrats de quartier bruxellois. Bruxelles : CIVA, 2019.

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