Une visite à La Valette

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La Valette, c'était une sortie d'autoroute à deux coups, en épissure, en.tre Toulon et La Garde. Limage était plus que confuse, puisclue, avant de retrouver dans ma mémoire cette localisation autoroutière, j'avais vaguement confondu La Valette avec les Sablettes, de l'autre côté de Toulon. Puis, j'ai été invitée à La Valette, et j'y suis

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venue en visite.

Deux images de la Valette se sont alors imposées à moi , en tension l'une avec I'autre, presque tête-bêche comme les figures des cartes à iouer: I'une là-haut, vers ie cie1, l'autre dans le fond de la vallée'

lir,l-Il. ir11 ; irl{,rj}iti ii, lLli.',.tLt. Là-haut, Ie ciel de La Valette était occupé par une Fli'I

divinité tutélaire: le Coudon. Quelque chose 1à-haut, 1a déesse mère, la terre, la montagne, quelque chose qui côtoyait le clel et les dieux venait répondre à ce coup d'ceil, instinctif et antédiluvien des humains vers le cie1, pour déchiflrer l'avenir, le sien ou celui du temps, dans 1a ht i

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forme des nuages ou dans le vol des oiseaux, ou encore, presque sans y penser, adresser

une émotion, une prière, une rêverie de I'instant. Partout dans la ville, entre 1es toitures, au bout des rues ou en haut des arbres, pointe ie museau du Coudon, tour

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à tour conquérant, embr:umé, facétieux,

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et 1'Europe. Mais ce corps étranger et quasi

le croise pas, le regard rencontre d'autres

sans attache, à f identité ..globaler, que la localité ne retient que par ses deux petites bretelles, est également un hybride: espace privé par son statut, nul ne peut I'emprunter sans payer un droit d'entrée, espace public

ou menaçant sous la nuée. Et quand

figures tutélaires, certaines presque aussi archaïques, d'autres sophistiquées jusqu'au baroque: des statues de vierges nichées à l'angle des rues ou au creux des murs. La peinture spécialement, mais aussi la 1ittérature, retiennent ces emblèmes telluriques qui marquent de leur signe l'identité de villes ou de territoires: le mont Fuji, le Vésuve ou I'Etna, mais aussi, plus près de nous la Sainte-Victoire. ou le mont Ventoux.

par son usage. Un espace privé appartient à quelqu'un, un espace public appartient à tout le monde: cet espace chimérique,

ni privé, ni public est un espace qu'il

est

impossible de s'approprier. I1 fait partie de ces espaces paradoxaux, dont la place et les effets sont particulièrement difficiles à métaboliser, à intégrer dans 1'ordinaire de

Au roNo EN BAS, uN DRAGoN. Tout en bas, au fond du talweg serpentait i'autoroute qui, ce n'était pas banal, coupait la commune en deux. Après le bon génie d'en haut, celui-là faisait figure de dragon, un dragon qui n'était pas près d'être maté, qui

la vie courante.

n'avait pas encore rencontré le saint Geor-

qui veut que la place d'une frontière soit

ges ou le saint Michel qui le mettrait au tapis.

Une sorte de monstre en effet, ou de chimère, car cet espace qui traverse La Valette de bout en bout et au beau milieu, est d'abord une fibre neutre, froide, une longue parcelle non seulement étrangère à la ville, mais sans commune mesure avec elle, à 1a fois extra-territoriale et hors d'échelle. De son vrai norn A57-C52, elle est un micro segment du vaste maillage que lance le réseau autoroutier à travers toute la France

Au rrrrrru, uNr rnoNrIÈnr. En coupant la commune par son milieu, cette traverse autoroutière retourne comme une pieuvre ia topologie la plus communément admise,

autour d'un territoire. Ici, la frontière traverse le territoire par son milieu, renversant l'ordre des choses d'une façon aussi radicale qu'avait pu le faire en son temps le mur de Berlin. Ce qui était le centre, ce vers quoi regardaient les tracés, conver-

geaient les chemins, est devenu un dos, un bord, des confins ou, comme on dit en géomorphologie, un <bout du mondett. Ici aussi les continuités sont interrompues, les chemins butent, se détournent et glissent le long de la frontière, ou se retournent,


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ou font des impasses, ou encore s'enfouissent. Une maison de ville paraît maintenant aussi coupée de son univers. aussi abandonnée que si on l'avait déposée sur une voie ferrée, une maison des champs,

qu'on imaginerait en lisière, aux confins campagnards, se retrouve presque sur la ligne, en plein sur le centre géométrique de la carte urbaine, non loin des grandes halles du commerce automobile que I'on trouve d'ordinaire le long des nationales à la sortie des villes. Parfois, la frontière et ses rapides passe au fond d'un jardin.

Auroun

No vraN's raNo frontière, même intérieure, engendre ses défenses, ses protections, l'étagement de ses bordures successives: lices, talus, glacis, murs de soutènement, grilles, grillages, fossés. Ici il ne s'agit pas d'une limite féconde pour le paysage et ses habitants, comme une haie retenant la terre, abritant les oiseaux et les insectes, comme un bocage drainant les pierres du champ et l'eau du sous-sol, non plus comme des rives, tournées vers le fleuve avec lequel elles dialoguent. Ici les confins entourant la frontière évoquent plutôt le minimum légal des réponses techniques de sécurité, avec leur corËT

DE LA FRoNTTÈnr,

GALoNS. Une

tège de No man's land,s et de dépotoirs.

Mais une frontière ne peut échapper à sa dimension métaphysique de limite, d'invi-

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tation au voyage, d'attirance pour les lointains et l'au-delà; ni à sa qualité de marge, où peuvent s'épanouir le flou, le mystère, la rêverie, parfois la solitude et l'oubli des autres. Les lieux abandonnés aux détritus et les lieux investis par le jeu des enfants sont parfois les mêmes.

Lr raprs. Létablissement de frontières,

de

pourtant bien l'une installation humaine, de I'investissement du paysage par les humains, que cet investissement prenne la forme de champs, de villes ou de jardins. I1 s'agit de séparer l'univers du chaos, de protéger du monde sauvage un espace organisé par le sens, hiérarchisé par ce que l'on appelle la civilisation. Les lisières successives, comme l'ordre manifesté par l'espace, construisent, acclima-

limites protectrices,

est

des premières caractéristiques de f

tent, enseignent, conduisent du sauvage au

civilisé, du plus naturel au plus culturel; et inversement avertissent de la sortie de la ville (de ce que 1'ordre féoda1 désignait comme le ban), puis de la banlieue, vers la campagne, la forêt et, au-delà, vers les gouffres. Un objet rend compte de cette élaboration de la bordure, de la lisière et de l'étagement des motifs, autour de polarités extrêmement hiérarchisées, civilisées, un objet à la limite de l'art et de l'artisanat, c'est le tapis. Un tapis, c'est un univers en miniature.


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C'est ce que les humains, qu'ils soient de Perse, dAnatolie ou de Chine ont inventé

de plus matériel et de plus symbolique pour s'isoler du sol froid, humide ou poussiéreux, mais aussi pour se démarquer du monde sauvage et désordonné des forêts et des gouffres. Le jardin idéal de l'Eden, la ville parfaite ..du bon gouvernement>>, la ville métaphysique se trouvent miniaturisés et soigneusement entourés dans ces

cartographies laineuses ou soyeuses de I'utopie qui, comme la ville, ont su traverser quelques millénaires.

La vrrrr TRADITIoNNELLE, uN CHAMP rnrrÈnrurnt rtacNÉrrsÉ. Le tapis dessine une ville et la ville dessine un tapis. Lun et l'autre montrent que I'espace habité par les humains, ville ou jardin, est un champ

entièrement vectorisé, dans lequel chaque point est doué d'un sens et d'une valeur symbolique, et par là souvent d'une valeur marchande. Ici en noir et blanc, le tapis dessiné par la ville de Rome au XVIII" siècle. Le plan de Rome gravé par Nolli en r74o colorie en noir les pleins de la ville, I'espace privé invisible et inaccessible, et laisse en blanc cet espace en creux, visible et accessible, qui constitue l'espace public. Dans l'enceinte d'un théâtre ou d'un opéra, chaque lieu est une place, une place avec

une valeur propre, hiérarchisée par rapport aux autres et selon la polarisation

.83 de l'espace autour de la scène. Il en va de même à I'intérieur d'un palais de justice mais aussi sur l'esplanade d'un marché et, en fait, dans tout l'espace habité, même au cimetière. Chaque point de la ville a une

valeur vectorielle, chaque emplacement se situe par rapport à des,polarités et des plus values: que ce soit une église, une fontaine, un commerce, une gare, ou un lieu emblématique. Dans la ville traditionnelle, il n'est pas un centimètre carré qui échappe à la hiérarchisation des espaces, à cet ordonnancement.

Ce que nous montre également ce plan, c'est l'équivalence des pleins et des creux,

chacun des dessins qu'ils forment peut tour à tour venir au premier plan, être sélectionné par le regard comme la <,bonne formerr. I1 n'y a pas une forme sur un fond, il y a deux formes emboîtées, chacune étant la matrice et la contre forme de l'autre. Ce tissage des pleins et des creux, c'est ce que

l'on appelle aujourd'hui le tissu urbain, désignant ainsi la vil1e millénaire, qui a été jusqu'à très récemment, exactement jusqu'au milieu du XX" siècle, I'un des universaux de l'être humain.

La rtoonnnrtÉ, re oÉsecnÉcarrox. C'est à cette époque, qui correspond à l'époque

moderne en architecture, que la figure s'est renversée et que le processus de tissage des pleins et des creux (que I'on voit sur la

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figure du bas) a été remplacé par l'instalIation (en haut) d'objet pleins et solitaires,

voies rapides ou boulevards, ponctuées et articulées entre eux par des ronds-points.

des

immeubles, sur des territoires devenus

selon l'expression des modernes une

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pleins et les creux ont cessé de s'engendrer mutuellement, les pleins ont cessé de modeler ces creux doués de forme et de sens, qui sont pourtant le support de la vie citoyenne et que l'on appelle I'espace public. Avec la désagrégation concomitante de l'espace public et de l'espace privé, la ville tissée devient caduque: elle est désormais désignée sous le nom de centre ancien ou de ville historique. rase>>: les

Ln V.a,rrrrr pRrsE DANS rrs Nrarrrrs.

V.nrrrrr

L.q.

ET srs RoNDs-porNTs. Revenons

maintenant à nos tapis et à tenter de comprendre comment La Valette s'arrange de ce tapis moderne dont le dessin est non pas entouré mais traversé par sa bordure. Son motif principal, le centre ville que l'on

appelle ici le noyau villageois, s'il compose

bien un tissage urbain, paraît à la fois réduit et décentré. Quant à l'échelle globale autoroutière, qui semble prendre La Valette dans sa maille un peu au hasard, elle n'est pas sans influence, loin s'en faut, sur la structure même de son paysage. La grande maille tubulaire engendre quasi automatiquement ses propres sous-systèmes, des mailles d'échelle moyenne, presque aussi tubulaires: les rocades, puis les

Dans les mailles sectorielles et sur les ronds-points, dans ces non lieux propres à la modernité, ces non lieux où, en particulier, se gomme f identité d'une ville, la Valette dilapide une partie de ses trésors. Elle y abandonne ses plus-values urbaines que sont I'hospitalité (ses hôtels sont localisés dans les mailles extraterritoriales et non dans le tissu urbain de la localité) et Ies emblèmes: ses objets de gloire ou de commémoration ne sont guère mis à l'honneur, ils ne sont entourés ni de parvis, ni de motifs ou d'espaces galonnés, ils se trouvent exposés, aux quatre coins des ronds-points et des carrefours, à 1a fois exposés et déposés là, au même titre que les objets fonctionnels, les pancartes et le tri sélectif avec les rebus et les canisettes (ou, en provençal, les cagadou), derrière une bordure de trottoir jaune et une langue de macadam rose. L'arbre de la paix est garé le long de la voie parmi les véhicules et derrière les poubelles.

Lts curs-or-sAc, LEs coNTRE-sENs rr LËs NoN-SENS. Ce maillage qui rythme et enserre l'espace moderne de La Valette, c'est ce que les historiens de la ville appellent l'urbanisme de secteur. Le dessin n'est plus celui d'une hiérarchie entre des motifs mais d'un quadrillage dans lequel


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d'international de la modernité urbaine,

chaque subdivision est autonome et homogène. À f intérieur de chacune d'entre e1les la déclinaison de la voirie se poursuit en réduisant successivement calibres, flux et

ya

débits. Autour des immeubles solitaires 14ssr>, les modernes posés sur la

La prrunr suR LE crrr. Ainsi le dragon A57-C52, prenant le cæur de la ville dans ses mailles, et se propageant en faisant des ronds autour d'elle, cette frontière intérieure était peut-être un visage de La Valette, mais elle restait sans doute sa limite

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avaient également rêvé des < sept voies >>, elles aussi autonomes dans leurs fonctions respectives. Les voies n'ont plus rien à voir avec la trame des rues, elles desservent chacune exclusivement des espaces privés, formant chacune un appendice clui se termine par un cul-de-sac selon une structure en arbre dans les cités ou les lotissements. Cette ségrégation, contagieuse par nature, spécialise les voies et canalise les flux, offrant de façon répétitive dans la ville le paradoxe de chemins qui

paraissent faits pour cheminer et qui, pourtant, sont barrés. Le contre-sens et 1e non-sens n'appartiennent pas qu'à 1a langue des mots, ils sont aussi le fait de I'espace construit par les humains, I'espace

moderne, on

1e

sait, en propose à foison, le

cinéaste Tati s'en est suffisamment gaussé, mais par une sorte d'effet retour, ou si l'on préfère, par osmose, l'espace traditionnel aussi envisage de fermer ses rues, et ses

homogénéisante, productrice de non-lieux et donc de non-identité.

la plus technique. Elle ne me paraissait pas

délimiter un au-delà, un horizon qui me parlerait de La Valette, de la métaphysique de son paysage, du rêve de La Valette sur elle-même.

Après l'idée furtive d'un au-delà de l'ère automobile, à essayer de penser le visage de La Valette sans son tronçon d'autoroute, pourquoi pas, comme Berlin après le mur, le mouvement qui s'est imposé à moi a été de relever Ie nez, quitter la pliure d'en bas pour celle d'en haut, retrouver ce geste si naturel à La Valette de lever les yeux vers 1e

Coudon.

Déchiffrer La Valette, son tapis, c'était peut-être chercher la lisière d'en haut. Les

trottoirs. Cette proposition de contre-sens et de non-sens dans I'espace de la ville, ce

tapis sont posés sur le sol, cela ne les empêche pas, pour certains, d'être des tapis de prière. fe me suis demandé ce que raconterait le motif de la lisière dans une topolo-

n'est pas avec La Valette, dans son identité, qu'elle nous met en contact, au contraire, elle nous renvoie à une version tout ce qu'il

gie différente, qui se polariserait autour de cet autre motif, la figure du Coudon sur le ciel, je me suis demandé quel galon faisait


I I

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La Valette au bord et autour de son ciel. Si

.le ciel. par-dessus le toit.

et par-dessus

1e

m17r,hli, nous parlerait de la Valette. Cela me permettait en effet de renccintrer la Valette dans son ,<calmerr, ses transpa-

rences. Cela me rassurait de la retrouver à travers le désordre du vivant et de la fertilité, de penser que sa modernité pouvait encore être entourée par ses origines rurales et varoises, et de voir que, partout, Ia campagne poussait ses branches, ses brins d'herbe et ses bourgeons. fe pouvais ainsi me souvenir de La Valette à travers son présent, dans sa façon d'ouvrir largement son paysage, entre luminosité et grain de la

pierre, entre palmiers et citronniers.

Lr Nrz rN rkn

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I

le <noyau villageois >, en levant la tête on retrouvait les autres génies du lieu, les petites statues que la ville porte comme des amulettes EN vrLLE. Dans

collectives, et les emblèmes, religieux ou républicains qui sont les insignes de l'espace public, qui s'adressent à tous les habitants et qui accueillent les autres en leur disant : < Vous êtes ici chez vous n. On rencontrait aussi les signes qui démontrent ou qui affichent la qualité et la singularité de La Valette. Qui disent en même temps le plaisir de s'y trouver aujourd'hui et la gloire de ses anciens qui font, eux aussi, parties des fondations et des génies du lieu. On se retrouvait chez soi, en effet, les

maisons étaient bien les maisons des villes et des villages du coin, avec leurs murs qui cachent les trésors de f intimité, avec leurs débords de toiture emmêlés dans les branches de platanes, le tranchant de la pierre

sur le ciel un peu trop fort, le canal des rues étroites comme la pupille rétrécie d'un felin. Le mur du cimetière avait lui aussi une façon particulière de dessiner sur le ciel des dentelles emmêlées de fils, même si, en comparaison, sa partie plus récente semblait manquer un peu de lyrisme ou de

fantaisie.

Lr nÊvr arvrÉnrcain. Puis, quittant le noyau villageois, je rencontrai quelque chose comme 1e premier rêve américain de La Valette, cet étagement de corniches en surplomb, ce paysage de pins d'Alep, de palmiers et d'agaves, cette côte d'Azu entre 1es années 20 eT 3o qui avait séduit les riches Américains, non plus comme les Anglais pour son soleil hivernal, mais pour son été luxuriant, sa folie et sa dou-

ceur, pour une perfection qui en faisait à leurs yeux un Éden. Lécrivain Rebecca < l'endroit le plus proche du paradis que je connaisse. > En se retirant les Hemingway, les Dos

West note à cette époque : c'est

Passos, les Murphy et les Fitzgerald auraient laissé les reflets de cette splendeur dont rêve encore La Valette, quelquefois sous 1a forme d'un american way of


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life à lravers les lotissements individuels enrichis d'évocations hollywoodiennes. La

fanions, dressant dans le ciel, sans peur

Valette-sur-ciel, c'est aussi quelque chose de la Californie, chaque maison a son art de vivre, ses gardes du corps et ses emblè-

et sans reproche, les emblèmes maltraités de ses bannières poussiéreuses et un peu effrangées.

mes personnels, ses tapis et ses panoramas

Lrs srnnrs. Voilà, je suis très heureuse de

ses tendresses pour les murs courbes, les

mon voyage à La Valette, j,'y ai rencontré le monde entier ou presque, l'ère agricole, la modernité et la post-modernité. Je rn'y suis surtout sentie bien accueillie dans la généreuse ouverture de son paysage sur le ciel et la lumière. La Valette n'est pas maillée que de routes et d'autoroutes, entre ciel et terre, elle est aussi veinée par les reflets de la lumière captée et ramenés au sol dans ce réseau qu'elle entretient soigneusement: celui de l'eau, des rivières, canaux et fontaines. Et puis elle brille matin et soir de ce merveilleux réseau de pièges à lumière qu'elle déploie sur son territoire : les serres.

plantes en pot et les pots à feu pour les pigeons, les tourterelles ou les lions,le rêve s'est atomisé en une mosaïque où chacun exprime son propre génie. D'un lion à l'autre tout un monde paral1è1e, avec son bestiaire semble habiter les collines de La Valette. La production Hollywoodienne a quelquefois à voir avec le Peplum, et Vénus avec sainte Blandine, Ies fantassins veillent, sur le pied de guerre. Même les HLM participaient de cette provençalité rêvée, leurs entrées pouvaient prendre des airs Hitchcockiens et les automobiles ces héroïnes vénérées du début du vingtième siècle, ies voitures adorées,

trônaient encore en plein ciel, sur

des

piédestaux.

La zoxr coMMERcrALr. Le second rêve américain de La Valette, c'est sa mêgazone commerciale. Toujours sous le museau bienveillant du Coudon, elle lance vers le ciel ses annonces multicolores faisant vibrer ses points d'exclamation, ses méga lettres et ses méga structures dans la lumière agitant ses tigres de papier et ses


t1

i

Éric Duyckaerts Cucurbitacée sauvoge ......,...,....... p. 4 Suzanne Hetzel Prendre place / Objets divers

/Attentions particulières.-.-.-.-. p.

18

Hendril< Sturm Transect ....,,..................*..-,.-_.... p. 4g

.

Chantal Deckmyn Une visite à la Valette

tl1r

...-..-......... p. 76

Entretiens Yannick Cricchi,

lsabelleBourgeois,IExtraiis] Porcours de santé.....,....,.............. p. 92



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