lire la ville, commentaires des participants

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Modus Operandi Lire la ville 7 commentaires de participants

COMMENTAIRES DE PARTICIPANTS

accompagnĂŠs par Lire la ville (VII)

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HOMME 43 ans

Il y a des moments dans la vie où on se sent complètement nul, on tombe au fond du trou et plus rien n’est possible. Ce qui m’a aidé, c’est de tout reprendre avec vous, de retrouver les dates, les faits précis. J’avais des idées, une image de moi, des fois bonne, des fois très mauvaise. Là c’est simple parce que c’est précis, c’est comme si ça devenait solide.

HOMME 56 ans

Moi, je ne suis pas vraiment un raconteur. Je n’aime pas parler de moi et puis je n’aime pas parler tout court. Je n’aime pas parler parce que je sais pertinemment que le parler est idiot, il est stupide, il ne sert à rien, mais il est inévitable parce que si tu ne parles pas, il n’y a pas de communication. Je n’ai pas dit que si tu parles, il y a communication. Mais si tu ne parles pas, les gens ne savent pas ce que tu penses. Alors parfois, c’est bien de raconter.

FEMME 51 ans

Je ne supporte plus toutes ces aides sociales, toutes ces assistantes. Vous savez, je suis une féroce personne. Je viens ici parce que je me sens bien. Je me sens riche de plein de choses. En général tout le monde s’en fiche de mes rêves, j’ai l’impression partout ailleurs que mes pensées sont inadéquates.

HOMME 36 ans

Je croyais que ma vie c’était n’importe quoi, comme ça vient, au petit bonheur la chance, et puis non, on dirait que tout ça c’est logique, que ça suit une idée fixe. C’est ça qui m’a le plus étonné.

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HOMME 42 ans

C’est ma vie, c’est ce que j’ai vécu. Je ne sais pas si elle est bien ou pas bien. C’est comme un livre. C’est la première fois que quelqu’un écrit ce que je dis. Je me dis que ça veut dire que je suis écouté. Chaque matin, j’ouvre les yeux et je remercie Dieu parce que je suis toujours là.

FEMME 52 ans

Quand je regarde ma vie, je me dis qu’il y a sûrement des gens qui ont vécu des trucs beaucoup plus graves et qui souffrent plus que moi. Maintenant je me dis que c’est du passé et que j’ai eu une belle vie.

HOMME 43 ans

J’avais fait abstraction de tout ça, je l’avais mis dans un coin mais de tout raconter, ça m’a touché. J’ai mis deux exemplaires [du récit] chez le notaire, sous scellés. C’est pour mes enfants quand je ne serai plus là.

FEMME 43 ans

Je pensais à écrire ma vie, ça se serait appelé « Parcours d’une séro », mais finalement, pleurnicher sur son sort… Ici c’est bien parce que je n’ai pas l’impression de pleurnicher. Ma vie, je me rends compte qu’elle pas finie, j’ai envie de faire plein de choses.

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HOMME 44 ans

HOMME 55 ans

FEMME 35 ans

FEMME 37 ans

Avant de venir ici, ça faisait un an que je restais tout le temps enfermé. D’une certaine façon, ça me protégeait. Peut-être de l’alcool. Maintenant je vois que ça va bien et ça commence à me gaver de rester chez moi. Je commence à reprendre un peu contact avec les gens. Ça fait du bien de parler. D’habitude je ne sais pas comment expliquer mon expérience professionnelle, et là, pour la première fois je vois qu’elle peut être intéressante. Là, je me rends compte que c’est la tête qui ne va pas chez moi. Moralité, je ne recule pas mais je stagne. Le problème, c’est que j’ai toujours pris les psychologues pour des cons. Je vous parle plus honnêtement que j’ai jamais parlé à un psychologue. Les psychologues, je les ai toujours menés en bateau, alors c’est un cercle vicieux. Maintenant, si vous connaissez un psychologue intelligent, ça m’intéresse. Parce que je ne vois pas comment je pourrai avancer si je n’ai envie de rien.

C’est l’histoire de ma vie, c’est intéressant. Ça m’a fait surgir des images dans la tête et en même temps c’était comme l’histoire de quelqu’un d’autre. Je me rends compte que je suis un peu dans ma bulle, un peu dans mon monde. Ça m’a fait ressurgir les bonnes choses aussi, je les avais un peu oubliées et maintenant c’est bien, parce que je sais où je veux aller.

Ça me fait du bien de venir ici parce que je ne sors pratiquement plus de chez moi. C’est difficile pour moi de raconter certains événements de mon enfance. J’avais peur qu’ils soient analysés et que je sois jugée. Mais je vois que ici, c’est pas comme ça et en plus il y a un but concret !

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HOMME 50 ans

FEMME 38 ans

HOMME 55 ans

FEMME 56 ans

Je ne sais pas écrire mais je lis un peu. Ce que vous ai raconté, c’est la vérité sur ma vie, même s’il y avait des choses pas belles, vous pouvez tout imprimer. Je veux le donner à mes enfants. Je ne cache rien, de toute façon, c’est ma vie. C’est important d’écrire la vérité

Cette histoire, c’est celle de mon frère, mais c’est aussi la mienne. Au fur et à mesure de l’écriture du récit, j’ai senti un grand soulagement. Savoir que d’autres personnes le liront me permet de ne plus être seule avec le récit, parce que d’autres sauront.

C’est fatigant pour moi de parler depuis mon opération (cancer du larynx), mais c’est agréable d’être compris, ça vaut le coup. Ça me rappelle les couleurs et les odeurs, ça faisait très longtemps que je n’avais pas parlé de tout ça. Je me rends compte que j’ai eu une vie bien remplie.

Une fois mon récit dit, je n'avais même plus envie de le voir. Si j’avais pu, j'aurais pris vos notes et je les aurais déchirées. C'est quelque chose que j'avais pondu et que ne voulais plus voir. Quelque soit ce qu'il y avait dans le récit, je n'ai pas senti que vous étiez dans le jugement. C'est ça qui m'a mis vachement à l'aise. J’étais venue pour faire le CV, et en fait, je sens que je vais partir avec autre chose.

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HOMME 40 ans

Quand il n’y a plus la méthadone, ça fait un vide. Dans la semaine, j’ai trois rendez-vous : Lire la Ville, le médecin le lundi et le psychologue. C’est tout. Venir ici, ça me fait du bien. Je me dis que c’est le bon moment pour faire une formation, m’élever. J’aimerais trouver une copine, trouver un travail ou une formation, ça me ferait arrêter la substitution. Maintenant, c’est bien, je suis tranquille.

HOMME 38 ans

Ça m’a fait du bien de savoir que je peux me poser et de prendre le temps pour construire quelque chose de plus solide. J’avais peur d’affronter ça tout seul. Je suis content de voir mon récit de vie écrit en entier, même si j’ai aussi fait des trucs moches. Ça me donne envie de continuer à écrire.

HOMME 42 ans

HOMME 37 ans

Le fait de relire ma vie, ça fait bizarre, toutes ces choses, c’est comme si je me retrouvais en train de les revivre. Je me dis que j’ai fait beaucoup de choses aberrantes et ça me fait sourire. Je suis content. C’est important qu’on ait une image pleine de moi, pas des bribes. Maintenant je me rends compte que ma vie d’andouille, elle est derrière. Ça me permet de comprendre mon parcours, pourquoi j’en suis arrivé là.

J’approche d’un certain âge et j’ai envie d'entrer dans la vie active. Ce n’est pas facile quand on a fait de la prison parce qu’on vous met des bâtons dans les roues. Ici, vous voyez les choses différemment, ça fait que je reprends confiance.

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HOMME 44 ans

Parler de tout ça, c’est extraordinaire. J’apprécie beaucoup, même si les souvenirs reviennent. Je m’aperçois que les épreuves de la vie m’ont rendu meilleur et plus réaliste. Je m’aperçois que je suis assez rêveur mais que malgré tous ces rêves, je sais où je vais.

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