L'incontournable Magazine 07

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LA LIBERTÉ SEULEMENT POUR LES PARTISANS DU GOUVERNEMENT, POUR LES MEMBRES D'UN PARTI, AUSSI NOMBREUX SOIENT-ILS, CE N'EST PAS LA LIBERTÉ. LA LIBERTÉ, C'EST TOUJOURS LA LIBERTÉ DE CELUI QUI PENSE AUTREMENT. ROSA LUXEMBOURG La Révolution russe 1918, publication posthume


INTRO ÉDITO N° 07

ART FLORE KUNST

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LES NOUVELLES

MUSIQUE PIANOTRIP

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N° 07 MARS AVRIL 2014

THÉÂTRE NINO D'INTRONA

DIVINE SHADE

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CINÉMA HALLUCINATIONS COLLECTIVES

WAR ANYWAY

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LITTÉRATURE ORGANIC EDITIONS

TAÏNI AND STRONGS

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ELECTROCHOC

contact@lincontournable-magazine.fr

RESET

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Publication

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REPERKUSOUND

UN ÉCRIVAIN DANS LA VILLE

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Direction de la publication Direction de la rédaction

Philippe Deschemin Direction artistique Design graphique

Séb Pascot / Studio-cosmos.com Publicité

Les Sons Étranges - ISSN 2268-6886 Dépôt légal à parution Nous contacter

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Contribution

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AFTERGLOW 48

EXTRAS QUIZZ

Rudy Boissy, Christophe Ramain, Cindy Legrand, Hugues Berard, Alejandra Adeikalam.

BD

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Couverture

SCIENCE POLITIQUE FRANCIS DUPUIS-DÉRI

SÉLECTION INCONTOURNABLE

Physiognomy, Flore Kunst.

lincontournable-magazine.fr L'Incontournable Magazine est une marque déposée.

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Toute reproduction ou représentation totale ou partielle des textes et des créations graphiques est interdite.

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HOROSCOPE ! 62


ÉDITO N° 07

ENTRE-▲IDE CONTRE ENTRESOI À l’origine, premier mois de l’année dans le calendrier romain, le mois de mars trône désormais à la troisième place et annonce, depuis que les saisons sont saisons, la venue du printemps. 2014 bien avancé, l’hiver est en train de s’achever et c’est avec joie que nous nous glissons vers les temps printaniers. Avec le mois de la guerre, se meurt l’hiver. Mars est le mois guerrier, nommé comme tel en l’honneur du dieu belliciste, les beaux jours annonçant la reprise des batailles. Dans cette éclipse de la raison, appelée guerre, la saison avait son importance. La mort et l’amour, la guerre et la vie. Mars est aussi le mois de l’amour. Et en chacun des habitants de cette planète se terre un animal que l’on retrouve dans le fameux Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll : le lièvre de mars. Ce petit personnage tire son joli nom d’un proverbe d’outre-Manche : " Fou comme un lièvre de mars ". Voilà une douce folie.

L

e 8 février dernier nous célébrions le 93 e anniversaire de la disparition de Piotr Kropotkine. Penseur d’origine russe peu cité par nos contemporains, et certainement consciemment boudé ou occulté. Ce théoricien des organisations sociales connut bien la France. Piotr y séjourna longuement et en découvrit le meilleur comme le pire. Lors des événements de 1883, dont nous avons parlé à plusieurs reprises dans nos pages, Kropotkine fut arrêté pour avoir manifesté son soutien aux Canuts lors des grèves des soieries lyonnaises. Le 7 janvier 1883, il sera condamné à cinq ans de prison et dix ans de résidence surveillée. Après une courte détention dans la capitale des Gaules, Kropotkine sera transféré dans la maison centrale de Clairvaux où il restera trois ans. Là-bas, il

bénéficiera de conditions de détention assouplies en raison d’un statut de prisonnier politique. Il profitera de son séjour derrière les barreaux pour donner des cours à ses codétenus et publiera quelques articles dans l’Encyclopedia Britannica. Un élan de solidarité traversa l’Europe et plusieurs personnalités lancèrent une pétition en faveur de sa libération. Parmi les signataires on remarquera notamment l’astronome Camille Flammarion, le poète Algernon Swinburne ou encore Victor Hugo. Piotr Kropotkine sera amnistié en 1886. De son expérience pénitentiaire, il tirera l'ouvrage Dans les prisons russes et françaises ( 1887 ), il y décrit le système de travail mis en place dans les prisons françaises, et dont les entrepreneurs privés tiraient un énorme profit. Pratiques

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ÉDITO N° 07 encore actuelles. La fréquence de la récidive lui paraît être inscrite dans le principe même de la prison, notamment parce qu'elle " tue en l'homme toutes les qualités qui le rendent mieux approprié à la vie en société ". Il ira même jusqu'à dire " qu'on ne peut pas améliorer une prison. Sauf quelques petites améliorations sans importance, il n'y a absolument rien à faire qu'à la démolir ". Une telle position peut paraître radicale, mais il faut comprendre que pour Kropotkine, il y a toujours cette question de savoir comment prévenir la délinquance. Selon lui, si l’on résout le problème du passage à l’acte, il n’y a plus à se poser la question de l’administration pénitentiaire. On pourrait ici évoquer les travaux de Foucault dans Surveiller et punir ou encore L’Orange mécanique d’Anthony Burgess, porté à l’écran par Stanley Kubrick. Le roman de Burgess est un ouvrage essentiel, il y aborde avec brio la question de l’emprisonnement. Est-ce que cela doit être une pénitence ? Un passe-temps ? Un endroit où l’on apprend à être meilleur ? Au fond comment bâtir une société meilleure ? Kropotkine propose une réponse qui suscite notre curiosité et notre intérêt. Il y a consacré un ouvrage portant le nom L'entraide, un facteur de l’évolution. Le livre sera publié en 1902 lors de son exil à Londres. Prenant à contre-pied une théorie naissante, celle du darwinisme social, Kropotkine démontre preuve à l’appui que dans la pratique de l'entraide, qui remonte aux plus lointains débuts de l'évolution, nous trouvons une source positive et certaine de nos conceptions éthiques. Selon lui il est évident que ce qui détermine les évolutions positives de notre société est l'entraide et non pas la lutte. À juste titre, il s’insurge contre la vision réactionnaire et dangereuse de la vie en société où " l’homme est perçu comme un loup pour l’homme " : concept qui selon lui est à la fois irréel et condamne à une vision de société cruelle. Henri Laborit s’amusait à dire : " Si l’évolution s’était réellement effectuée avec la compétition, il y a longtemps que nous aurions été une population de surdoués ! ". Comment ne pas lui donner raison ? À la veille de la 44e édition du Forum économique mondial qui s’est tenu à Davos, en Suisse, l'ONG Oxfam, qui lutte contre " les injustices et la pauvreté ", a publié un rapport indiquant que les 85 personnes les plus riches du monde possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population ( soit 3,5 milliards de personnes ). Interrogé à ce sujet par Amanda Lang sur le plateau de l'émission économique The Lang and O'Leary Exchange diffusée sur la chaîne de télévision canadienne CBC News Network, le millionnaire Kevin O'Leary n'a pas hésité à qualifier cette information de " fantastique ". Selon lui, cette statistique va pousser les gens les plus pauvres à se prendre en main et à aller de l'avant. Il dira, " C'est super car cela va inspirer les

gens et les motiver à regarder vers les 1% et dire : " Je vais devenir une de ces personnes, je vais me battre et aller plus haut. C'est une nouvelle fantastique et je l'applaudis, bien sûr ", déclara-t-il en rajoutant : " Ne me parlez pas de redistribution des richesses. Ça n'arrivera jamais ( … ) Mais si vous travaillez dur, vous pourrez un jour être extrêmement riche ". Voilà ici l’inégalité comme source de progrès, la compétition comme motivation. Il est vrai que lorsqu’on étudie l’imaginaire étasunien à travers son industrie cinématographique tout n’est que compétition et mise en scène chimérique de réussite façon Cendrillon. Le propos de Leary est révélateur de la pensée néolibérale, le " pauvre " doit se prendre en main comme s’il était responsable de sa condition. Répartir les richesses ? Jamais de la vie. L’entraide ? Hors de question ! L’homme doit se surclasser lui-même, par tous les moyens possibles. Point de lutte de classes, pour l’ordre néolibéral il faut les consolider car la perspective de gravir un échelon est selon eux le moteur de la civilisation. Benito Mussolini disait que " ( son parti ) affirme l'irrémédiable, fructueuse et bienfaisante inégalité des hommes. " Selon lui, la préservation de la hiérarchie sociale est dans l'intérêt de toutes les classes, et donc toutes les classes devraient collaborer à sa défense. À la fois les classes supérieures et inférieures devraient accepter leur rôle et accomplir leurs tâches respectives. Ce concept prend le nom de " collaboration de classes ". La Boétie l’a étudié quatre cents années auparavant dans son magistral Discours de la servitude volontaire . Aujourd’hui plus que jamais, il nous semble important de réaffirmer les valeurs de l’entraide dans sa forme la plus simple, l’ouverture à l’autre, le semblable et le dissemblable. Associez-vous, mutualisez vos efforts, assemblez vos forces, que ce soit dans le cadre de l’action culturelle ou dans celui de la vie commune au sein de la cité. Ensemble nous sommes plus forts. Mais nous devons nous efforcer, constamment, de ne pas oublier que l’entraide n’est pas un entresoi. L’entre-soi est le début de la collaboration de classes et du renforcement des inégalités.

Bonne lecture ! Lyon, le 12 février 2014 — Philippe Deschemin Sources : ◆ Extrait de fiche de police, Michael Confino, Pierre Kropotkine et les agents de l'Ohrana, Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 24, n° 1-2, janvier-Juin 1983, pp. 83-149. ◆ Dans les prisons russes et françaises. ( 1887 ). Pierre Kropotkine. ◆ L’Entraide, un facteur de l’évolution. ( 1902 ). Pierre Kropotkine. ◆ L’ordre moins le pouvoir, ( 2001 ) Normand Baillargeon. ◆ The Doctrine of Fascism. Enciclopedia Italiana. Rome : Istituto Giovanni Treccani. ( 1932 ).

Illustration — Les En-dehors, Anne Steiner, Éd. L'échappée.

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LES NOUVELLES DU MONDE LIBRE

AVRIL C'EST POLAROÏD Dans toute la France et durant le mois d'avril, découvrez une multitude d'événements photo dédiés au Polaroïd. Plus de 200 photographes adeptes de la photographie instantanée, plus de 90 événements ( expositions, projections, ateliers, conférences ) dans plus de 50 villes en France et à l'étranger. Toutes les infos sur

LES CHŒURS EN CHŒURS Le Chœur Britten et les Chœurs et Solistes de Lyon Bernard Têtu annoncent leur rapprochement, avec comme objectif commun celui du goût de faire découvrir au public la fine fleur de pièces vocales inédites des XIXe et XXe siècles français ou européens. Les deux formations conservent évidemment leur indépendance, le rapprochement administratif prendra diverses formes artistiques comme " Ouïe le Jeudi ! ". Un jeudi par mois, chaque ensemble créera, en alternance, un espace de partage fondé sur la découverte des enjeux de la réalisation musicale. Ce mode interactif permettra au public de pénétrer les coulisses du travail des artistes. SOLISTESLYONTETU.COM / CHOEURBRITTEN.COM

EXPOLAROID.COM

TÉMOIGNAGES DE POILUS Histoires de Guerre 1914 - 1918. Vécus de soldats des Monts du Lyonnais. Cette exposition présente des itinéraires de soldats des Monts du Lyonnais, des courriers envoyés par les poilus à leur famille, des objets ayant appartenu à ces combattants, ainsi que les conséquences de ce conflit dans nos villages. Une visite commentée gratuite pour les groupes ( à partir de 15 personnes ). Entrée libre, accessible aux personnes à mobilité réduite. Maison de Pays des Hauts du Lyonnais, St-Martin-en-Haut. SAINTMARTINENHAUT.FR

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LE GROENLAND CÉLESTE Une femme, une mère, décide de se défaire de ce qui la brise à petit feu. Elle entreprend un voyage éminemment poétique sur la terre du refus, lequel prend, sous nos yeux, les contours d'une étendue de neige. Dans cette matière éphémère et plastique, comme l'est le verbe de Pauline Sales, il devient possible de se fondre pour renaître. Dans le sillage de Virginia Woolf et Sylvia Plath, Pauline Sales nous dépeint le drame d'une " condition " offrant un magnifique et vertigineux parcours à l'actrice qui s'y engage. Compagnie Premières Fontes, du 9 au 18 avril. Lundi à 19H00, mardi, mercredi, vendredi, samedi à 20H00 et le dimanche à 17H00. Théâtre des Clochards Célestes, Lyon 1er . CLOCHARDSCELESTES.COM


LA KABYLIE CONTÉE Connaissez-vous les contes berbères de Kabylie ? Laissezvous guider à travers un voyage dans les montagnes de Kabylie avec des histoires accompagnées à la mandole et aux percussions, ponctuées d'anecdotes et de chansons. Vous pourrez y rencontrer l'ogresse Tseriel et Vèlâjoudh le petit garçon malicieux, mais aussi un lion pris au piège par un chacal ou encore un chat parti en pèlerinage…" A machahu ! Tellem chahu ! " La formule magique est lancée et le conte peut commencer. Contes tout public dès 4 ans. Bilingue français - kabyle. Le samedi 15 mars à 18H00, les dimanches 16 et 23 mars, 13 et 27 avril à 15H00 . Cie Novecento, C/O la Maison des Passages, Lyon 5e. MAISON-DES-PASSAGES.COM

BIENNALE INTERNATIONALE DES MARIONNETTES DE LYON Dans le cadre du festival Moisson d'avril, découvrez l'excellent documentaire Kathputli. À travers le quotidien d'une famille de marionnettistes, ce documentaire propose de découvrir le Kathputli, un art traditionnel de la marionnette de l'état du Rajasthan, au nord-ouest de l'Inde. Comment vivent aujourd'hui ces artistes qui font danser leurs marionnettes brodées de fils multicolores ? Samedi 26 avril 2014 à 16H00 aux Musées Gadagne de Lyon. MOISSONDAVRIL.COM


LES NOUVELLES DU MONDE LIBRE

GILOU Le théâtre St-Martin-deVienne ( 38 ) proposera le spectacle " Gilou " de Lucien Vargoz du 1er au 27 avril. Reprise à partir du 13 mai. Représentations du mardi au samedi à 20H30 et le dimanche à 16H00. Tarif à 10€ la place pour les 6 premières représentations. Réservations uniquement par téléphone au 04 74 31 50 00. THEATRESAINTMARTIN.COM

LE MUSÉE DE L’IMAGINAIRE À LA CINÉMATHÈQUE À partir du 9 avril, place au musée de l’imaginaire de M. Langlois. La Cinémathèque française est son œuvre. Elle impulsera également la création de cinémathèques dans le monde entier. Dès les années 1930, Langlois est un " voyant "qui prend conscience de la disparition du cinéma muet et de l'importance que cet art a déjà pour les artistes majeurs du siècle. Cet " amateur " ( celui qui aime ), ce " chineur " d'archives, de copies de films et d'appareils anciens, laisse derrière lui une riche collection exposée pour la première fois et rapprochée des préoccupations esthétiques et technologiques actuelles, à l'heure du tournant du cinéma numérique. L'exposition, qui confronte l'art du cinéma aux autres arts, donne l'occasion de révéler l'activité de programmation selon Langlois comme un travail de montage de films, comme un véritable geste artistique. CINEMATHEQUE.FR

BDECINES Cette année, la 15e édition du festival Bdecines prendra place au Toboggan de Décines ( 69 ) les 17 et 18 mai et sera le 1er salon BD jeunesse ! L' incontournable Magazine sera évidemment de la fête. Plus d'infos dans notre prochain numéro.

ZOOM SUR HUBERT SELBY JR. Dans le cadre du festival Hallucinations Collectives, aura lieu la projection du documentaire Hubert Selby Jr : 2 ou 3 choses de Ludovic Cantais, en présence du réalisateur ( à la médiathèque Jean Macé à Lyon ) le samedi 12 avril à 15H00. Le 11 avril, une table ronde réunissant Ludovic Cantais, Jean Pierre Carasso ( traducteur de la nouvelle version de Last exit to Brooklyn ) et Philippe Deschemin tiendra place au Tasse livre, Lyon 1er. Il y sera question de Selby, New York, littérature et cinéma. HALLUCINATIONS-COLLECTIVES.COM

BDECINES.ORG

BESOIN D'AIR ? La 8e édition des Assises Internationales du Roman " AIR " aura lieu du lundi 19 au dimanche 25 mai à Lyon. Toutes les infos et programmation sur VILLAGILLET.NET

BAROQUE & PLUS Bach aux saxophones, aux marimbas, à la harpe, à l’orgue, à la batterie ou au piano. Bach et Coltrane, Beethoven, Debussy, Kosma, Scarlatti ou Coréa. Parce que tous les musiciens sont " travaillés "par Bach et qu’il est incontournable, 2014 sera Bach & plus. 9 spectacles de février à décembre pour (re)découvrir Bach. BAROQUEETPLUS.COM

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EN TRAVAUX Ils sont deux, la trentaine, André et Svetlana. C'est un français de souche, installé dans sa vie professionnelle et familiale. Elle est biélorusse, a déjà parcouru l'Europe et ne donne que des bribes de son passé. Ils viennent nous raconter leur histoire, l'histoire de leur rencontre sur un chantier du bâtiment, l'histoire de leur collision. Texte et mise en scène : Pauline Sales. Samedi 26 avril à 20H30 au théâtre Jean Marais de Saint-Fons. THEATRE-JEAN-MARAIS.COM

FLEUR & COUTEAU, FESTIVAL REGARDS D'AVRIL Un homme et une femme… la force d'un désir sombre. L'espace se tord, le temps devient ambigu, tensions et violence se déploient. Danse corporelle et langue des signes s'associent dans une chorégraphie visuelle unique, une performance composée de danse des mains et du corps, mêlée à la vidéo et au texte dit et signé. D'après le livre Le Boucher d'A lina Reyes. Compagnie On-Off. Mercredi 23 et jeudi 24 avril à 20H00 au Nouveau Théâtre du 8e à Lyon. NTH8.COM

LA BELGIQUE À L'HONNEUR À L'IESA IESA à Lyon développe des formations en production et diffusion dans les secteurs du spectacle vivant et de l'art contemporain. Dans ce cadre, les matinées des 2 et 9 avril seront consacrées à la scène belge, aux mouvements esthétiques et aux conditions de production. Erwan Mahéo, artiste et professeur, viendra présenter les dynamiques actuelles de l’art contemporain. Stéphanie Pecourt, directrice de Wallonie Bruxelles Théâtre Danse, nous présentera le spectacle vivant en Belgique. Les apprenants termineront la semaine en allant à Vénissieux dans le cadre des Belges Journées, au vernissage de l’espace d’arts plastiques et au spectacle du Théâtre de Vénissieux. IESA.FR


LES NOUVELLES DU MONDE LIBRE

BONNE FÊTE MARGUERITE Duras, Guy Naigeon et leurs invité(e)s. Le théâtre comme une tentative et non comme une œuvre accomplie.

" Je ne vous aime pas, cependant je vous aime. " Marguerite Duras. NTH8.COM

À LA BF15 / GRAME Dans le cadre de la Biennale Musiques en Scène, découvrez : • Unfolding Taipei, l'installation de Anne Sophie Bosc avec la collaboration de Géraldine Kouzan et Max Bruckert. • Formes déduites autour d'un axe de Julien Mijangos. • Tentatives de destruction du White Cube de Romain Boulay.

4e ÉDITION DES TRANSVERSALES Des spectacles, des tables rondes, des impromptus et des rencontres conviviales nous réunissent durant une semaine pour la 4 e édition des Transversales. Cette année, les spectacles nous feront voyager d'Algérie en Bulgarie, en passant par l'Afrique, pour échanger autour de l'attachement et de l'arrachement, de l'émigration et de l'immigration, du plaisir d'être là et du désir d'ailleurs. Ils nous inviteront à inventer des passerelles entre les différents pays, entre l'Europe d'après-guerre et celle du XXIe siècle, entre passé et futur, souvenirs et rêves à bâtir. Du 21 au 28 mars au Théâtre Théo Argence de Saint Priest ( 69 ). Programmation et informations sur THEATRETHEOARGENCE-SAINT-PRIEST.FR

DOM JUAN OU LE FESTIN DE PIERRE Dom Juan, figure du désir ou de son absence ? Pulsions de vie, pulsions de mort. " J'aime la façon dont la pièce remue l'éternelle question d'un que faire ensemble ", nous dit Thierry Bordereau. Dom Juan ou le récit d'une fuite en avant dans des illusions toujours plus trompeuses, une noce impossible avec le monde, une invitation au banquet qui vire au festin de pierre… Compagnie Locus Solus / Thierry Bordereau. Jeudi 10 avril à 19H30. ALBERTCAMUS-BRON.FR

GRAME.FR + LABF15.ORG

DU BIG BANG AU GRAIN DE SABLE Quelle est l’origine de la Terre ? Comment se sont formés le Soleil, les planètes et les êtres vivants ? D’où provient l’extraordinaire richesse des astres qui peuplent notre univers ? Autant de questions auxquelles les 900 m² de l’exposition permanente du planétarium de Vaulx-en-Velin apporteront des réponses au cours d’un voyage ludique et interactif des origines de l’univers jusqu’à l’apparition de la vie sur notre planète. Le Big Bang et ses théories, les étoiles et les galaxies, le système solaire, la conquête de l’espace n’auront plus aucun secret pour vous grâce à de nombreux dispositifs numériques interactifs : la fabrique des étoiles, l’exploratorium, en route vers les planètes, le forum de cosmologie… Toute l’année ! PLANETARIUMVV.COM

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FESTIVAL DE CAVES Fort d'un succès national, Guillaume Dujardin revient à Besançon ( 25 ) avec sa création Claude Gueux dans le cadre du Festival de Caves. Gageons que le texte de Victor Hugo résonnera d'un tout autre écho sous terre, dans la cave de la maison natale de son auteur. 5 et 6 mars à 20H00, Maison Victor Hugo, 140 Grande Rue, 25000 Besançon. FESTIVALDECAVES.FR

CLOWN & BURLESQUE Depuis 2005 le festival Frako propose une programmation en lien avec la formation des étudiants de la Scène sur Saône et accueille des artistes venus représenter le genre burlesque et clownesque. Un travail autour du jeu du corps auquel participent les compagnies l'Indiscrète, M. Cheval et Cie et Enzi Lorenzen. Du 4 au 12 avril au Croiseur, 4 Rue Croix-Barret, 69007 Lyon. SCENE-7.FR

JAZZ RA / A-VAULX JAZZ Le festival A-Vaulx Jazz nous propose des musiques lumineuses et fait la part belle au rock, au blues, au hiphop et bien sûr au jazz qui a fait depuis de nombreuses années le succès de cet événement incontournable. A-Vaulx Jazz, Vaulx-en-Velin ( 69 ). AVAULXJAZZ.COM + JAZZSRA.COM

BATTLES AU TNT Le TNT Festival, grand tremplin musical, propose une sélection de nouveaux talents lors de deux battles au cours desquelles les groupes se feront face pour le plus grand plaisir des spectateurs. Le 22 mars 2014 : Battle 1, Salle des Fêtes de Saint-Vincent-de Reins (69). Le 12 avril 2014 : Battle 2, Salle des Fêtes de Thizy (69). TNTFESTIVAL.COM


LES NOUVELLES DU MONDE LIBRE

L'U.R.D.L.A

LES ARCHIPELS DE VIENNE

Dès le 29 mars, l'U.R.D.L.A accueillera l'exposition Presser d'Aujourd' hui qui présentera le travail d'éditeur de l'atelier Tchikebe, des éditions Bervillé et de l'U.R.D.L.A. Rencontre avec les trois éditeurs à Villeurbanne (69) le 19 avril dans ce haut lieu de l'Estampe et de l'Imprimerie.

La Cie Anteprima d'A ntonella Amirante adapte et met en scène le texte de Samuel Gallet au Théâtre de Vienne, une création comme un pont entre les archipels générationnels par et avec des habitants viennois. Jeunes et moins jeunes, adolescents et retraités se répondent par les mots et les gestes. Archipels, Cie Anteprima. Les 21 et 22 mars à 19H30.

Centre International de l'estampe et du livre – URDLA, jusqu'au 23 mai à Villeurbanne. • Exposition à la délégation parisienne du Grand Lyon : 2, rue de Villersexel 75007 Paris du 8 avril au 17 juin. • Salon international de l'Estampe et du dessin : Grand Palais, Paris du 11 au 13 avril. URDLA.COM

THEATREDEVIENNE.COM

HORS CADRE, CINÉMA & LITTÉRATURE La 5e édition des rencontres Hors Cadre, cinéma et littérature aura lieu en avril à Vénissieux ( 69 ), en partenariat avec l'Espace Pandora et le Grac. Cette année le thème du travail mobilisera la réflexion et la créativité des réalisateurs et écrivains invités. Du 4 au 6 avril au cinéma Gérard Philipe à Vénissieux. GRAC.ASSO.FR

SOYONS FOUS, UNE QUATRIÈME FOIS ! La Fête du livre jeunesse de Villeurbanne nous invite, tout comme Alice au pays des merveilles, à passer de l’autre côté du miroir. Du 9 au 13 avril, un seul mot d’ordre pour la cinquantaine d’auteurs et illustrateurs embarqués dans cette aventure littéraire et graphique : Soyons Fous ! Plus de 30 000 visiteurs, 58 projets menés au sein des équipements scolaires, des centres sociaux, des hôpitaux et des prisons ; des spectacles intérieurs et extérieurs, des ateliers, des débats, des expositions… Un moment convivial d’échange et d’authenticité dont nombre de festivals devraient s’inspirer. FETEDULIVRE.VILLEURBANNE.FR

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LES NUITS DE FOURVIÈRE Le 17 mars prochain, le festival des Nuits de Fourvière présentera sa programmation définitive. Le mythique groupe The Pixies est d'ores et déjà annoncé parmi les grands événements de ce festival d'été, incontournable en région lyonnaise. Informations et billetterie dès le 17 mars. NUITSDEFOURVIERE.COM

UNE NOUVELLE MÉDIATHÈQUE À BRON ! La Ville de Bron a inauguré la nouvelle médiathèque Jean Prévost, cet espace pensé comme un lieu de vie, de rencontre et de culture accueillera de nombreux événements dans les prochains mois. Médiathèque de Bron, 2 place Cumbernauld, 69500 Bron. MEDIATHEQUEBRON.FR


LES CHANTS DE MARS Dans le cadre du festival Chants de Mars, rendez-vous à la salle des Rancy ( Lyon 3e ) le 29 mars pour le tremplin musical " Et en plus elles chantent ". On notera toujours à la salle des Rancy, Soliloque du 3 au 5 avril, Renan Luce au Transbordeur ( Villeurbanne ) le 4 avril, la Maison Tellier et Pan à l’Épicerie Moderne de Feyzin le 28 mars ou encore Duo Couette à De l’autre coté du pont ( Lyon 7e ). À noter qu’un excellent concert aurait pu trouver sa place dans le cadre de ce festival : Pigalle le 20 mars au Marché Gare de Lyon. LESCHANTSDEMARS.COM

7BIS CHEMIN DE TRAVERSE Un festival pluridisciplinaire qui a lieu tous les ans, au printemps, à Bourg-en-Bresse. Depuis 2006, Résonance Contemporaine propose une programmation originale de spectacles dans des lieux de la cité burgienne. Les différentes créations artistiques proposées invitent les spectateurs à découvrir des univers contemporains qui peuvent aussi bien mêler musique, danse, vidéo, théâtre et arts plastiques. Résonance Contemporaine, depuis le début de cette aventure, a souhaité associer des lieux culturels et des lieux d’accueil et d’accompagnement de personnes en difficultés sociales et psychiques, du 4 au 13 avril. RESONANCECONTEMPORAINE.ORG

CH. APP. PROX. CROIX-ROUSSE Le collectif Les Déraillées recherche des appartements sur le quartier des pentes de la Croix-Rousse ( Lyon 1er ) afin d'accueillir un parcours artistique ( théâtre, musique, projection, exposition, danse, lecture, performance, installation ). N'hésitez pas à soutenir le projet en proposant votre habitat pour une déambulation artistique qui aura lieu le 24 mai. FACEBOOK.COM/STATIONAPPARTEMENTS


LES NOUVELLES D U M A R C H É D E L'A R T

VANIA COMORETTI Visibile. Œuvres sur papier. Vania Comoretti est née à Udine en 1975. Elle vit et travaille à Udine et Venise. Après avoir obtenu un diplôme d'arts appliqués, elle se dirige vers le graphisme publicitaire, puis obtient en 2004 un diplôme de peinture et de restauration d'œuvres d'art à l'école des Beaux-Arts de Venise. Elle expose en 2007 à la galerie Saatchi de Londres lors de l'exposition Showdown à l'issue de laquelle elle remporte le 1er prix.

MARION TIVITAL Constructions du silence. Dernières œuvres

L'ART SÉRIEL À L'IAC Villeurbanne

Née à Paris en 1960, vit et travaille à Vincennes. Marion Tivital a suivi les cours de Patrice de Pracontal pendant de longues années, ce qui lui a permis d'acquérir une grande maîtrise des techniques picturales et surtout une certaine philosophie de la peinture, une façon de regarder les choses, et de retranscrire ses sensations. Cette artiste qui expose depuis 2007 utilise des techniques anciennes ( huile, glacis, blanc à émulsion ). Elle travaille principalement les paysages industriels. Son but est de retranscrire l'essentiel face à ces paysages qui depuis toujours la fascinent.

À partir du 21 mars, l'Institut d'A rt Contemporain proposera la première rétrospective française consacrée à Thomas Bayrle. L'artiste engagé met en scène sa critique des médias et de la société de consommation de l'A llemagne des années 60 à nos jours via la répétition sérielle de motifs évoquant l'état du monde tel qu'il le perçoit.

Du 20 mars au 17 mai. Vernissage le 20 mars de 17H00 à 21H00 à la galerie Françoise Souchaud, 35 rue Burdeau, 69001 Lyon. GALERIE-SOUCHAUD.FR

GEORGES ROMATHIER

Thomas Bayrle, All-In-One à l'IAC de Villeurbanne (69), du 21 mars au 11 avril. I-AC.EU

Georges Romathier a été découvert par le galeriste Pierre Loeb, sans doute l'un des plus grands marchands d'art des années 20 à 60 ( à l'origine de la 1ère exposition des surréalistes en 1925 ) avec qui il aura un contrat d'exclusivité jusqu à la mort de ce dernier. Georges Romathier fut l'un des maîtres de l'abstraction lyrique. Quelques tempéras sur papier et marouflés sur bois des années 80 seront exposés du 15 février au 21 mars.

Exposition du 12 mars au 19 avril. Vernissage : le mercredi 12 mars à partir de 18H00. Galerie Domi Nostrae - Christine et Fabrice Treppoz, 39 cours de la Liberté 69003 Lyon. DOMI.NOSTRAE.FREE.FR

Galerie Henri Chartier, 39 rue Auguste Comte 69002 Lyon. HENRICHARTIER.COM

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EXCENTRICITÉS V Du 15 au 17 avril à L'Institut supérieur des beaux-arts de Besançon aura lieu la 5e édition des rencontres étudiantes internationales de la performance qui aura pour thématique cette année Le banquet Symposium. Happenings et performances au programme dans ce laboratoire de création contemporaine en Franche-Comté. Festival Excentricités V : ISBA, 12 rue Denis Papin, 25000 Besançon. ISBABESANCON.COM

GALERIE DES PENTES Un printemps 2014 Cornélia Eichhorn, Les Habit(ude)s Codé(e)s. Dessins et vidéos, du 14 mars au 12 avril. Vernissage le jeudi 13 mars à 18H30. — Christine Vadrot, Survivances. Peintures, du 18 avril au 17 mai. Vernissage le jeudi 17 avril à 18H30. — Galerie des Pentes, 35 Rue René Leynaud, 69001 Lyon. LAGALERIEDESPENTES.COM


THÉÂTRE

NINO D'INTRONA PARLE DU LOUP Du 15 au 22 mars 2014 se jouera au Théâtre Nouvelle Génération de Lyon la création de Nino D'Introna Quand on parle du Loup, d'après Le Petit Chaperon rouge de Grimm et Perrault. Point d'orgue de la fin de saison, cette pièce nous proposera une réflexion sur les sens cachés de ce conte populaire qui ravira les petits comme les plus grands. Entretien avec Nino D'Introna, directeur du TNG et metteur en scène.

Vous êtes connu pour avoir travaillé sur de nombreux spectacles à destination du jeune public, pourquoi ce choix ?

Cela date de ma collaboration avec le Teatro dell'A ngolo de Turin, cette compagnie proposait exclusivement des spectacles originaux à destination principalement du jeune public mais sans faire de distinction avec les adultes. J'ai entre autres créé avec eux Robinson Crusoé qui a été monté ensuite dans le monde entier puis j'ai collaboré avec le Cirque du Soleil à Las Vegas avant d'être nommé directeur du Centre National Dramatique TNG de Lyon. Mon théâtre est très visuel et vient du mime, il ne s'adresse pas qu'au jeune public mais est intergénérationnel. Il doit parler autant aux enfants qu'aux parents mais parfois sur différents niveaux.

Le conte est une mise en garde sur un acte qui est nécessaire, une initiation, j'ai réfléchi à comment mettre en scène tout cela. J'ai une grande sympathie pour le loup qui joue un rôle essentiel dans cette initiation et j'ai voulu le montrer. Cela va passer à travers des images évocatrices : le loup, le chemin qui traverse la forêt et aussi la musique. La chanson My Way m'a accompagné pendant tout le travail d'élaboration… And now the end is near … , il y a énormément de versions de cette chanson et, elle aussi, tout le monde la connaît. C'est le loup qui va raconter l'histoire et toute la scénographie va s'y prêter, je suis en train de découvrir ça. Je travaille un peu comme Michel-Ange, je commence à créer et c'est ensuite la création qui me porte, qui m'inspire lors du travail avec les comédiens.

Comment avez-vous travaillé la réécriture et la mise en scène de ce conte ?

Comment concilier la version de Perrault et celle des frères Grimm qui proposent deux fins différentes à l'histoire ?

C'est le conte le plus simple qui existe, il tient sur une page pour celui de Perrault, tout le monde le connaît. Une enfant traverse la forêt, sa mère la met en garde, elle croise le loup, il mange la grand-mère et la petite fille ensuite, c'est simple. Il y a une dimension mythique chez Perrault ( donc pessimiste ) et une dimension conte de fée chez les Grimm ( donc optimiste ) et j'ai envie de faire jouer ensemble ces deux visions.

J'ai essayé de laisser sortir de moi toutes les images issues des frères Grimm ou de Perrault mais aussi de Bettelheim. J'ai travaillé sur la figure du loup, les liens, relations entre les personnages et le fait que la fille deviendra la mère puis la grand-mère et tout ce que cela implique et convoque comme symboles.

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Vous proposez d'explorer la symbolique du Petit Chaperon rouge, pensez-vous qu'adultes et enfants ressentent la dimension métaphorique de ce conte de la même façon ? Le conte a en lui-même plusieurs niveaux de lecture comme l'à montré Bettelheim, j'ai essayé d'en tenir compte. Chacun peut se reconnaître dans la mère ou la fille voire dans le loup. Il n'y a pas d'autre présence masculine dans le conte que ce loup, séducteur et destructeur par nécessité. Je me suis donc demandé… ai-je déjà été un loup ? Ai-je encore parfois la candeur de la petite fille ? Chacun pourra se positionner à sa façon selon son ressenti face à la pièce, c'est un champ complétement ouvert.

En votre qualité de Directeur du Théâtre Nouvelle Génération avez-vous des révélations à nous faire sur la prochaine saison culturelle ? Ce sera ma dernière saison à la direction du Théâtre Nouvelle Génération, je vais faire en sorte de clôturer ce cycle qui a duré dix ans. La saison sera ponctuée par quelques spectacles qui ont marqué mon passage au TNG, j'ai envie d'organiser cette saison autour des quatre saisons avec à chaque fois un focus sur chacune de ces saisons avec comme point important en hiver le festival Ré-Génération de janvier.

Vous avez travaillé partout dans le monde, vous connaissez bien la politique culturelle italienne, suisse, étatsunienne ou québécoise, quel regard portez-vous sur la politique culturelle française ? Je ne pourrais pas retourner travailler dans mon pays, peu de moyens sont mis désormais dans la culture en Italie. Il y a de beaux bâtiments mais ils sont vides. En France chaque ville ou village a son programme culturel avec un peu de théâtre. Ce n'est pas le cas en Italie. La France est un pays qui est riche de sa diffusion culturelle.

WWW.TNG-LYON.FR Entretien — Christophe Ramain

QUAND ON PARLE DU LOUP DU 15 AU 22 MARS 2014 AU TNG À LYON

N° 6 ♥ SOUS LES CHÊNES ET LES ÉTOILES

LAMUZ THE HATS + SPEC GUEUL ON CATS TACLES SAM. 17 MAI 2014 CLANSAYES — DRÔME

Théâtre du Vallon — Domaine des Alyssas Programme & infos : www.axiome-asso.com


CINÉMA

H▲LLUCIN▲TI●NS C●LLECTIVES N.Y. SOUTERRAIN Une année s'est écoulée depuis notre dernière rencontre avec le collectif organisant cet incontournable festival dédié au cinéma. Pour cette nouvelle édition, la thématique est liée à la ville de New York. En revanche point question de la " Big Apple " chimérique de la série Friends, il sera question du New York Underground et du cinéma de la transgression. Le rendez-vous est pris du 16 au 21 avril prochain, toujours au cinéma Comœdia à Lyon.

Un nouvelle édition du Festival Hallucinations Collectives arrive, quelle en sera la thématique ?

François : Les situations de New York et Lyon ne sont pas franchement comparables, la disproportion de leur taille respective jouant sur l'intensité des événements qu'elles vivent. Dans certains des films qu'on souhaite diffuser, on voit des plans du Bronx du début des années 80 ; des champs de gravats, comme si la zone avait subi un pilonnage en règle. En fait les immeubles étaient abandonnés, parfois incendiés par les propriétaires pour toucher l'assurance. Je n'ai pas souvenir d'avoir observé de telles choses à Lyon. En revanche certains types de mouvements urbains se retrouvent des deux côtés de l'Atlantique. La gentrification, par exemple, a transformé les pentes de la Croix-Rousse. D'un quartier populaire ouvrier ( mais aussi le Toxland de la presqu'île ) au même tout début des années 80, elles sont devenues par une série d'étapes successives la zone courue d'aujourd'hui. Enfin, Hallucinations Collectives est une tentative de programmer des films singuliers. Du coup, en tant que collectif, les business sondagiers ne nous excitent pas beaucoup et le sentiment de la majorité nous importe peu. Vous observerez d'ailleurs qu'il est d'une versatilité remarquable selon qui le rapporte… De même au sein de l'association

Cyril : La thématique principale de cette septième édition sera la ville de New York, et plus particulièrement la période allant du milieu des années 70 au début des années 80. La grande époque de la 42e Rue avec ses nombreux cinémas de quartier passant des films obscurs en provenance des quatre coins de la planète. C'est une vocation similaire que nous avons depuis l'origine du festival de partager avec le public des films rares et oubliés, qui n'ont plus la chance de retrouver les salles de cinéma. La thématique parlera aussi du New York Underground qui régnait en maître sur Manhattan au début des années 80 et qui a fait émerger tout un tas de cinéastes ( Nick Zedd, Franck Henenlotter ) et de courants artistiques en marge du système ( le cinéma de la transgression, la renaissance d'un nouveau type de B-movies horrifiques, etc. ).

Alors que votre nouvelle édition s'articule autour du NY pré-Giuliani, le parallèle avec votre ville ( Lyon ) nous saute aux yeux. Comment expliquer le malaise d'une majorité de lyonnais face au Lyon préfabriqué et markété qui est imposé ?

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chacun peut avoir son avis sur la politique économico-culturelle de la ville. Mais on ne va pas se fatiguer à décider d'une ligne commune sur un sujet comme celui-ci, on a bien assez à faire avec d'autres questions plus prioritaires pour nous.

À l'occasion de la sortie de la nouvelle traduction de Last Exit To Brooklyn, vous organisez deux rencontres littéraires autour d'Hubert Selby Jr., pouvez-vous en dire plus ? Fabien : Qui dit New York dit fatalement Hubert Selby Jr. C'est à nos yeux l'un des plus grands écrivains américains du XXe siècle, et le poids que cette ville a sur son œuvre est si fort qu'elle a totalement conditionnée son écriture. Un roman comme Le Démon ne pouvait pas seulement se passer ailleurs, mais ne pouvait pas non plus s'écrire ailleurs. New York est à la fois la muse de Selby et le personnage le plus impitoyable de ses six romans. Nous avons donc profité de la sortie de la nouvelle traduction de Last Exit To Brooklyn pour inviter deux personnes : Ludovic Cantais, photographe et réalisateur parisien, auteur d'un formidable et très émouvant documentaire sur Selby qu'il viendra présenter à la Médiathèque Jean Macé le samedi 12 avril à 15H00. On y suit Hubert Selby Jr. quelques années avant sa mort, vivant dans le plus total anonymat dans un petit appartement de Los Angeles ( où il avait dû s'exiler pour des raisons de santé ). Nous accueillerons également Jean-Pierre Carusso, grand maître français de la traduction ( Philip Roth, Raymond Carver, Norman Mailer ) qui viendra débattre avec Ludovic Cantais de la vie d'Hubert Selby Jr. et des difficultés de traduire sa prose d'exception. Ces deux événements seront entièrement gratuits.

Abdel Raouf Dafri a récemment donné un entretien dans lequel il affirme que le cinéma français ne donne pas assez d'importance à l'histoire, la narration et que les scénaristes ne sont pas assez valorisés. Ce qui expliquerait selon lui la faiblesse de cette industrie hexagonale. Qu'en pensez-vous ? Fabien : Le problème n'est pas que les scénaristes ne sont pas assez valorisés, c'est qu'ils ne sont pas assez bien formés. Le problème est exactement le même du côté du roman français : trop d'œuvres sont écrites sans structures et sans faire la moindre place au lecteur/spectateur. Nous sommes depuis un moment dans une situation assez paradoxale : à la fois nous sommes fascinés par les films, romans, séries US ; d'un autre côté on porte toujours autant de mépris envers les outils d'écriture qu'utilisent leurs créateurs. Heureusement, cette situation commence à changer peu à peu, mais il aura fallu attendre pour cela les résultats catastrophiques du Rapport Chevalier sur la fiction française que le CNC avait commandé en 2010…

7e ÉDITI●N DU 16 AU 21 AVRIL 2014 AU CINÉMA COMŒDIA À LYON Rencontre littéraire autour d'Hubert Selby Jr. en présence de Ludovic Cantais, Jean-Pierre Carusso et Philippe Deschemin le 11 avril au Tasse Livre, www.tasselivre.fr.

WWW.HALLUCINATIONS-COLLECTIVES.COM Entretien — Philippe Deschemin


L I T T É R AT U R E

●RG▲NIC EDITI●NS LIVRES-UNIVERS Proposant des ouvrages d'une qualité rare, permettant à des écrivains reconnus comme Alain Damasio et d'autres, moins médiatisés mais sans moins de talent, comme Li-Cam, de collaborer avec des illustrateurs de la trempe de Philippe Aureille. Organic Editions travaille chacune de ses parutions comme une véritable œuvre d'art. Entretien avec l'équipe.

Au départ label musical, comment s'est fait la transition vers le livre ?

les grands sans être des bandes dessinées. Pour arriver à nos fins, il nous a fallu inventer une nouvelle forme de narration. Les ouvrages du type de ceux que nous publions dans la collection " Petite Bulle d'Univers " sont désignés aujourd'hui sous le qualificatif d'emotibook. Quand nous avons élaboré Alice en son for intérieur et Tête à tête, nos deux premiers ouvrages, il y a dix ans, nous avions effectivement l'idée de communiquer des émotions grâce à l'image, mais nous imaginions d'abord faire émerger une troisième dimension au-delà des images et des mots, un supplément de sens. C'est pourquoi la notion de livres-univers nous paraissait plus appropriée.

Organic, avant d'être une maison d'édition, était effectivement un label musical créé en 1987 et spécialisé dans les musiques électroniques ou expérimentales. Nous avons perdu notre distributeur en 2001, à la suite d'un dépôt de bilan et nous nous sommes alors interrogés sur l'avenir du label. Nous étions déjà plus ou moins organisés comme aujourd'hui, c'est-à-dire sous la forme d'un collectif d'artistes s'employant à fournir des moyens d'expressions à d'autres artistes. Il y avait des auteurs parmi nous, ainsi que plusieurs plasticiens. En tant que label, nous avions toujours apporté un soin particulier aux pochettes d'album et nous avions tous le souhait de continuer à travailler dans le domaine des arts plastiques. Nous avons pensé à l'édition quand nous avons constaté que chacun d'entre nous achetait des livres pour enfant, un domaine de l'édition qui commençait à faire appel à des illustrateurs s'inspirant ou issus des arts plastiques. Nous avions cependant tous le même regret quant aux textes. Nous sommes donc partis de nos frustrations de plasticiens férus de littérature pour imaginer une collection d'ouvrages hybrides, mélangeant arts plastiques et textes de fiction, sous forme de nouvelles. Des livres illustrés pour

Avec la collection " Petite Bulle d'Univers " vous dites vouloir provoquer une rencontre entre des auteurs et des artistes. Pouvez-vous en dire plus ? À l'occasion de chaque nouvel ouvrage de la collection, nous cherchons à opérer des rapprochements entre un auteur et un plasticien dont les univers en se percutant seraient susceptibles d'être féconds. Pour que cette nouvelle forme de narration fonctionne, nous travaillons à l'inverse de ce qui se fait habituellement dans le monde du livre illustré. Nous partons du travail du plasticien que nous transmettons

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L I T T É R AT U R E ensuite à un auteur dont la mission est de traduire les images en mots. Le but bien entendu n'est pas d'analyser les œuvres du plasticien, mais de s'en inspirer pour écrire un texte de fiction. Les deux intervenants doivent se rejoindre au niveau symbolique. Une fois l'ouvrage terminé, les visuels doivent fournir une interprétation supplémentaire du texte et pas l'inverse. A nos yeux, les illustrations enferment trop souvent l'imagination du lecteur. Nous sommes contents quand à la lecture du livre, le lecteur se demande à quoi servent les images ( en dehors de leur beauté plastique ) et qu'il ne le comprend qu'à la fin. Le résultat final est souvent déstabilisant, pour ne pas dire troublant. Souvent les images posent plus de questions qu'elles ne fournissent de réponses. C'est ce que nous voulons. La réalisation d'un ouvrage est très longue, elle peut prendre plusieurs années. Si je prends l'exemple de La Petite Bébeth et de Boboth, la machine à rêver, réalisés en collaboration avec Laura Vicédo, une sculpteuse qui travaille avec des objets de récupération, deux années ont été nécessaires pour qu'elle nous livre la cinquantaine de sculptures qui sont venues alimenter l'inspiration de l'auteur. Cette méthode peut être frustrante pour le plasticien qui se voit contraint d'explorer un univers, sans savoir qu'elles seront les œuvres qui figureront dans l'ouvrage final. De son côté, l'auteur sait que son texte ne sera pas amputé ou modifié, par contre, il lui faut mettre sa plume au service des œuvres qui lui sont proposées. C'est un exercice difficile, mais gratifiant, car il permet aux auteurs, selon leurs propres dires, de sortir de leurs univers et de leurs obsessions personnelles.

l'édition de nos jours. Comme nous sortons un ouvrage par an, nous n'avons pas de problème de trésorerie, ni d'obligation de rentabilité rapide. Nous ne tirons qu'à mille exemplaires et les références qui sont épuisées ne font pas l'objet de retirage. Nous sommes assez libres. La publication d'un ouvrage est à la fois le fruit de nos envies et de nos rencontres. Comme nous sommes six au sein du collectif, le choix d'un auteur ou d'un plasticien se trouve au point de convergence de nos goûts respectifs. Dans le cas d'A lain Damasio, nous étions plusieurs au sein du collectif à être fans de La horde du contrevent, mais nous n'imaginions pas un jour publier un ouvrage avec lui. Nous l'avons rencontré lors d'une soirée à Lyon. Il a flashé sur nos ouvrages et nous a proposé de tenter l'aventure à nos côtés. Nous avons bien sûr accepté cette proposition avec enthousiasme tout en sachant que notre démarche se solde parfois par des échecs. Il est très difficile d'opérer des mariages forcés entre artistes. Les écrivains, comme les plasticiens, sont des créateurs solitaires. Et parfois, l'alchimie tant attendue n'opère pas. Nous devons lancer beaucoup de projets pour en voir seulement quelques-uns se concrétiser. Les artistes qui acceptent de se plier à notre démarche en sont conscients. En conséquence, quand nous sortons un titre, nous ignorons quel sera le prochain.

Pour le moment vous n'avez pas de diffuseur-distributeur? En fait, nous avons un diffuseur-distributeur qui nous distribue avec parcimonie pour les raisons que j'ai évoquées plus haut : nous ne pouvons pas garantir la publication régulière d'ouvrages. Nous sommes néanmoins satisfaits que nos ouvrages puissent être présents en librairie, même en nombre réduit. Pour le reste, nous sommes présents sur les salons du livre où nous pouvons rencontrer nos lecteurs et recevoir en direct les retours qu'ils veulent bien nous donner sur la collection. Nos ouvrages peuvent également être commandés via notre site internet ou celui du studio Desperado, le studio graphique en charge de l'élaboration de la collection " Petite Bulle d'Univers ".

Vos livres s'adressent à des adultes avec des âmes d'enfant, pouvez-vous développer votre pensée ? La collection " Petite Bulle d'Univers " s'adresse à des lecteurs qui acceptent de ne pas tout comprendre et qui apprécient d'être troublés ou surpris. En raison du support livre, nos lecteurs orientent d'abord leur choix en fonction des visuels qui leur parlent au sens esthétique, mais même l'ouvrage en main, ils n'ont que peu d'indices en leur possession concernant l'histoire qui leur sera racontée. Pour apprécier la collection, il faut aimer faire des découvertes, se promener sans but précis et être ouvert aux rencontres imprévues. Quand nous indiquons que nos ouvrages s'adressent à des adultes avec des âmes d'enfant, nous pourrions tout aussi bien dire qu'ils s'adressent à l'âme d'artiste qui sommeille plus ou moins en chacun d'entre nous.

WWW.ORGANIC-EDITIONS.COM Entretien — Philippe Deschemin

Au niveau des auteurs, on peut citer Alain Damasio ou encore toi, Li-Cam. Comment se déroulent les choix éditoriaux ? Depuis les débuts de la collection, nous nous offrons le luxe de fonctionner au coup de cœur, ce qui est plutôt rare dans

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L I T T É R AT U R E

RESET UNE CONTREHISTOIRE DE LYON 12 MOIS | 12 AUTEURS 12 NOUVELLES INÉDITES & GRATUITES À LIRE | À TÉLÉCHARGER | À ÉCOUTER

L'incontournable Magazine est partenaire d'un excellent, courageux et audacieux projet initié par la maison d'édition lyonnaise Le Feu Sacré : RESET. En voici le communiqué officiel suivi par les entretiens des deux auteurs concernés par ce numéro : Lionel Tran pour le mois de mars et Tristan Perreton pour le mois d'avril.

dans cette ville ne ressemble en rien à une promenade touristique balisée, pas plus qu'elle ne s'écrit dans les pages publi-rédactionnelles d'une énième galerie marchande. Notre vie à nous grouille dans les interstices, là où se niche l'existence, la vraie, celle qui sue et racle. Le temps de douze nouvelles, la littérature prend sa revanche sur le règne sans partage de la communication et nous parle de notre ville telle qu'on la vit, telle qu'on l'habite, l'exècre ou la glorifie.   Durant toute l'année 2014, Le Feu Sacré vous offrira le 5 de chaque mois une nouvelle inédite, signée par un auteur lyonnais, sans restrictions de genre et publiée sous diverses formes ( ebooks, audiobooks, streaming sur diverses plateformes ). Durant toute l'année les auteurs présenteront leur texte dans L'incontournable Magazine.

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abiter Lyon, c'est vérifier chaque jour l'écart qui sépare la vie quotidienne du Lyon-carte postale que nous déclinent chaque année les successifs plans com' de la ville et de la communauté urbaine. Toute campagne de communication est une histoire qu'on nous raconte.   Pour le communiquant comme pour l'écrivain, Lyon est le réservoir de fictions potentielles. La seule différence c'est que la fiction littéraire cherche à révéler quelque chose du monde que nous habitons, alors que la " fiction publicitaire " cherche au contraire à le masquer. Nous ne vivons pas dans une " vitrine culturelle " destinée à attirer les investisseurs et les touristes. Notre quotidien

WWW.LEFEUSACRE-EDITIONS.COM/RESET

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M▲RS ENTRETIEN AVEC LIONEL TRAN Pouvez-vous vous présenter?

Depuis 1991, j’ai été scénariste de bande dessinée, micro-éditeur au sein de Terrenoire éditions, et je suis auteur ( mon 1er livre, Sida mental a eu un fort retentissement en Espagne, mon second livre est sorti aux éditions Stock en septembre 2012 ). Je gagne ma vie en animant des ateliers d’écriture et en étant formateur dans le cadre d’un diplôme universitaire, la formation initiale de l’auteur, qui vient de se créer à l’université de Poitiers.

Quels sont les aspects de la ville dans lesquels vous vous reconnaissez et ceux dans lesquels vous ne vous reconnaissez pas ? La question " qu’est-ce que l’âme lyonnaise ? " me travaille depuis longtemps. Ce qui est étonnant c’est qu’elle semble peu se poser aux lyonnais. Tous mes livres parlent de Lyon, sont situés à Lyon, qu’ils restituent de l’intérieur, comme un état d’être. Pour moi, Lyon est un marécage et soit on y passe rapidement, en sentant qu’il y a quelque chose d’oppressant ( sans parvenir à se l’expliquer ), soit on s’y arrête et on se fait progressivement ensevelir… J’aime la dimension mortifère de Lyon, c’est une ville dure, sur le plan émotionnel, une ville de solitude et d’introspection ( Lyon telle qu’elle apparaît dans les livres de Jean Reverzy, où les protagonistes y sont relégués, où y viennent pour se laisser mourir ). Je n’aime pas son côté putassier, " grande ville internationale "…

Comment expliquez-vous la mutation de la ville ces quinze dernières années ? Cela a commencé avec les grands travaux lancés sous Michel Noir, qui était mis en scène par TF1 comme le futur président de la République, le " Kennedy français ", et cela s’est poursuivie par l’inscription de Lyon au patrimoine mondial de l’Unesco par l’adjoint à la culture Denis Troux, qui avait été publicitaire. Le point culminant est la Fête des Lumières, un rituel local devenu une vitrine creuse qui draine des millions de touristes.

Pensez-vous que le phénomène soit lyonno-lyonnais ? Non, c’est le même phénomène de gentrification et de muséification des centres-villes que l’on voit dans énormément de villes, qui en voulant présenter un visage plus accueillant, effacent leur singularité.

Pouvez-vous présenter votre nouvelle ? Il s’agira d’un récit horrifique, situé sur le pâté de maisons de la Croix-Rousse où j’habite depuis plus de 30 ans. L’objectif que je me suis fixé est de faire peur au lecteur.

LIONEL.TRAN@LIBERTYSURF.FR Entretien — Philippe Deschemin Photogarphie — Octo Kunst


▲VRIL ENTRETIEN AVEC TRISTAN PERRETON

Pouvez-vous vous présenter ?

Tristan, JH 36 ans, qui a mis du temps à signer sous son propre nom. Également connu sous le pseudo de Der Kommissar pour ses activités d'illustrateur. Membre des Éditions à Mort de jour, opère avec Commando Koko la nuit. Encore faudrait-il avoir des endroits pour sortir et un travail pour se lever.

Comment expliquez-vous la mutation de la ville ces quinze dernières années ? Une ville qui ne changerait pas serait une ville morte. Lyon me semble aujourd'hui un peu plus cosmopolite qu'il y a quelques années. Myrelingues sans la brume mais sous le smog, en somme.

Pensez-vous que le phénomène soit lyonno-lyonnais ? Quels sont les aspects de la ville dans lesquels vous vous reconnaissez et ceux dans lesquels vous ne vous reconnaissez pas ?

Faudrait-il demander à ceux qui ne sont pas d'ici.

Je ne me reconnais pas dans grand-chose dans cette ville, mais j'y suis né. J'ai essayé de la fuir et elle m'a rattrapé. Le côté fermé de la ville et de ses cercles d'amis, aussi étouffant puissent-ils être parfois, est une force pour qui sait l'utiliser : quand on est ancré dans cette ville, on n'est plus vraiment seul. Mais prends garde étranger, la satisfaction n'est pas immédiate. La culture musicale alternative de la ville est aussi une sacrée aubaine pour qui veut bien l'entendre. Malgré la relative période de disette que l'on traverse sur ce plan, les musiques bizarres seront, je l'espère, toujours à l'honneur par ici. Autrement, voir le Rhône changer de couleur et d'humeur chaque jour est peut-être l'élément dans lequel je me reconnais le plus.

Pouvez-vous présenter votre nouvelle ? Une histoire de bulldozer, sans nostalgie du passé ni prétention d'avenir meilleur. Ici et maintenant. " Le temps passe, toi aussi. Et demain ne sera pas long à devenir hier. "

TRISTAN@EDITIONSAMORT.COM Entretien — Philippe Deschemin Photogarphie — Octo Kunst


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L I T T É R AT U R E & VOYA G E

UN ECRIV▲IN D▲NS L▲ VILLE SUR LES TRACES DE GEORGE ORWELL Notre séjour fut bien entendu beaucoup plus paisible que celui d'Orwell, ce grand nom de la littérature n'hésitait pas à se mettre en danger et à changer radicalement de vie pour être en accord avec ses engagements. Lors de nos pérégrinations, nous nous sommes alors remémorés les faits marquants de son séjour. C'est donc en 1936 qu'Orwell partira en Catalogne pour rejoindre les milices du Poum ( Parti Ouvrier d'Unification Marxiste ) où il trouvera " une sorte de microcosme de sociétés sans classes " 1. Il sera alors fasciné par ce clivage des classes qui tendait à disparaître. Après ses combats au front où il sera blessé à la gorge, Orwell sera contraint à la clandestinité, conséquence d'une propagande stalinienne du Pusc ( Parti socialiste unifié de Catalogne ). Le Poum étant accusé d'être une organisation fasciste et déclaré illégal par le gouvernement républicain. Venu pour lutter contre la dictature franquiste, l'écrivain découvrira alors l'appareil stalinien dont il fut la cible. Les méthodes employées qui consistent à faire table rase du passé et ériger le mensonge en vérité, frapperont Orwell et deviendront un élément central de sa réflexion qu'il développera dans son roman 1984. À son retour à Londres, il continuera alors le combat d'une toute autre façon en écrivant Hommage à la Catalogne afin de rétablir la vérité.

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ous avez peut-être déjà visité Barcelone, cette destination phare des français. Que retient-on en général de ce séjour ? Outre les tapas et la vie nocturne, beaucoup vous parleront de l'architecture moderniste d'A ntoni Gaudí. Effectivement on ne peut rater les bâtiments qui semblent tout droit sortis d'un film de Tim Burton. Cette architecture qui ose et qui peut apparaître dérangeante aux yeux de certains, a réussi à nous saisir par son charme troublant. Il est assurément très rare de voir cette dissonance architecturale dans d'autres villes européennes. Cette ville représentant une étape importante dans la vie de George Orwell, c'est sur les traces de ce dernier que nous avons sillonné la capitale de la Catalogne, non sans profiter avec excès des tapas, du soleil et de quelques boissons pour éviter tout risque de déshydratation.

Lors de notre séjour nous foulions donc les rues qu'avait pratiqué ce grand écrivain et observions les mêmes bâtiments. L'empreinte de Gaudí sur Barcelone ne lui aura alors pas échappé. À l'inverse d'une majorité de touristes

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de nos jours, Orwell ressentait de l'aversion pour cette part de Barcelone et sera d'ailleurs critique envers l'architecte. Faisant l'exercice intellectuel de nous replacer à l'époque de ces deux personnalités, nous nous sommes posés la question suivante : qu'est-ce qu'Orwell aimait le moins ? L'architecture de Gaudí ou l'homme ? Le parc Güell, commande d'un riche industriel, montre que Gaudí était soutenu par la bourgeoisie catholique, nouvelle classe dirigeante. Et quelques sources font aussi dire à l'architecte que " la démocratie est le règne de l'ignorant et de l'idiot " 2. Opposés dans leur idéologie, il nous vient alors à l'esprit qu'Orwell n'aimait pas l'œuvre car il ne portait peut-être pas l'homme dans son cœur. Ce qui nous mène à cette réflexion récurrente : peut-on dissocier l'œuvre de son créateur et de son époque ? Prenons l'exemple de 1984, le roman certainement le plus célèbre d'Orwell. Cet ouvrage d'anticipation doit être replacé en son temps. Il est avant tout une critique du stalinisme. Bien sûr, certains éléments de ce roman se sont révélés prémonitoires comme la possibilité de surveillance omniprésente. Ou encore la réécriture de l'histoire. Faisons le parallèle avec l'absence flagrante de mémoire de nos médias qui oublient rapidement des événements vieux de quelques années voire quelques mois. Mais en Europe, notre monde est très loin de celui décrit par Orwell. Le totalitarisme orwellien a peu de chance de trouver sa place dans notre pays. Notre monde recèle maintenant des dangers beaucoup plus malsains sur lesquels il faudrait mettre l'accent. 1984 n'est pas dépassé, mais il est une anticipation de l'après-guerre, il est un chef-d'œuvre et une parfaite critique d'un totalitarisme de l'époque. Mais il ne semble pas une anticipation contemporaine. Il parait donc judicieux de resituer une œuvre, ici un roman, dans son contexte temporel et par rapport à son auteur. Notre époque et nos expériences personnelles permettant aussi d'avoir un autre regard. Relirons-nous d'ailleurs 1984 de la même façon dans une vingtaine d'années ? Certainement pas. Et c'est là la force des excellents romans et des grands auteurs, ils peuvent être lus et redécouverts plusieurs fois au cours d'une vie. Par Hector Degossen 1 — Hommage à la Catalogne par George Orwell. 2 — Antoni Gaudí par Par Jeremy Roe.


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Laurence 666 n° 4 WWW.MAUVAISEFOI-EDITIONS.COM


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Laurence 666 n° 4 WWW.MAUVAISEFOI-EDITIONS.COM


SCIENCE POLITIQUE

FR▲NCIS DUPUIS-DERI DÉMOCRATIE, HISTOIRE D'UN MOT À en croire nos politiques la démocratie serait en danger. À en croire la politique étrangère de l'Otan, il est possible d'imposer la démocratie à coup de missiles envoyés de manière chirurgicale sur des civils qui meurent et deviennent, dans le jargon politique servilement relayé par nos nobles confrères, des dommages collatéraux. Aujourd'hui, nul politicard n'oublie d'utiliser l'idée de la démocratie comme étendard, comme faire-valoir. " Plus de démocratie ceci, plus de démocratie cela, la démocratie est en danger, nous devons apporter la démocratie aux quatre coins du monde ". Mais de quoi la démocratie est-elle le nom ? Francis Dupuis-Déri, professeur de science politique à l'Université du Québec à Montréal a publié un fascinant ouvrage, traitant de la démocratie et plus particulièrement de l'histoire politique du mot. Avec stupeur nous avons découvert que ce que l'on vit chaque jour dans nos pays démocratiques n'a pas grand chose à voir avec la démocratie authentique. Entretien avec Francis Dupuis-Déri.

Comment en êtes-vous venu à travailler sur la démocratie en tant que mot, sur l'histoire politique de ce terme ?

proposé de courtes discussions de cas en apparence très différents, comme l'A llemagne, le Canada et le Sénégal. Enfin, j'étais aussi critique du discours de la " fin de l'histoire ", suivant l'effondrement du Bloc soviétique et la victoire du libéralisme qui se présentait comme le seul projet réellement démocratique. Que la démocratie se réduise aux élections m'apparaissait comme une farce sinistre.

Au début des années 1990, au fil de mes lectures, j'ai découvert avec étonnement des tirades ouvertement antidémocratiques dans des textes des " pères fondateurs " des républiques modernes, comme les États-Unis et la France. J'ai décidé de résoudre ce mystère, à savoir que la démocratie d'aujourd'hui a été fondée par des antidémocrates. Si je me suis inspiré des travaux d'un Pierre Rosanvallon pour la France, ou d'une Bertlinde Laniel pour les États-Unis, j'ai adopté une approche comparative pour dégager une explication générale d'un processus en œuvre des deux côtés de l'Atlantique et j'ai même

Vous expliquez qu'au XVIIIe et XIXe siècle les mots étaient utilisés par les acteurs politiques à des fins politiques selon au moins trois modalités. Pouvez-vous nous expliquer cela ? Je croyais un peu naïvement que la manipulation des mots était une marque distinctive du XXe siècle : pensons à

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SCIENCE POLITIQUE

George Orwell, par exemple… Or parmi les surprises que me réservait ma recherche sur l'histoire du mot démocratie, celle-ci n'était pas la moindre : les acteurs politiques du passé avaient tout à fait conscience que "les mots et les apparences sont des munitions et des armes" utilisées par ceux qui luttent pour le pouvoir ( pour reprendre les propos d'un député du Massachusetts à la fin du XVIIIe siècle ). Les membres de l'élite politique avaient reçu une éducation classique qui comprenait des cours de rhétorique. Ils distinguaient trois modalités d'utilisation des mots à des fins politiques : miner la légitimité des adversaires en leur accolant une étiquette odieuse ; déterminer le bon usage des mots dans l'espace public — il sera interdit en France

au début du XIXe siècle de se référer au mot république, ce qui poussera plusieurs à se référer à la démocratie ; enfin, choisir des bons mots pour se nommer et nommer son projet politique, même si l'appellation est mensongère.

Le mot démocratie a conservé la même définition de la Grèce antique jusqu'au milieu du XIXe siècle. Que s'est-il passé ? Jusqu'au XVIIIe siècle, le mot démocratie désignait un régime fonctionnant grâce à des assemblées populaires où le peuple délibère au sujet des affaires communes. On se référait alors à la cité antique d'Athènes. Voilà pour la définition descriptive. Quant au sens normatif, ce mot évoquait bien des problèmes : le chaos, la violence, la tyrannie des pauvres.

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SCIENCE POLITIQUE Cette compréhension était aussi cohérente avec les intérêts des membres de l'élite économique et culturelle qui s'opposaient à la démocratie, car ils pensaient que les pauvres constituaient une masse irrationnelle et dangereuse. Les monarchistes accusaient donc les républicains d'être démocrates pour les discréditer en les présentant comme des partisans de la plèbe émeutière. À leur tour, les républicains conservateurs ou modérés accusaient les républicains radicaux d'être démocrates, et ces derniers accusaient les mouvements populaires et égalitaristes de vouloir instaurer la démocratie. Au final, le démocrate d'alors occupait à peu près la même fonction d'épouvantail que l'anarchiste aujourd'hui… C'est d'abord aux États-Unis que le mot démocratie a changé de sens, sous l'influence d'A ndrew Jackson, élu président en 1828 en se présentant comme le défenseur de la démocratie. Jackson était populiste, puisqu'il prétendait défendre le petit peuple face à l'aristocratie ( c'est le terme qu'il employait ) financière et politique, alors qu'il voulait le pouvoir pour lui-même. Aux États-Unis, donc, le régime se voit attribuer le nom "démocratie" non pas suite à des transformations fondamentales, mais parce qu'un politicien s'est approprié ce beau mot pour séduire le peuple. Les journaux de l'époque discutaient d'ailleurs explicitement de cette manipulation du langage. Puis tout le monde aux États-Unis sera pour la démocratie, présentée dès le milieu du XIXe siècle comme un régime concordant avec la volonté divine ! Le scénario n'est pas très différent pour la France. Dans les années 1830 et 1840, les protosocialistes vont militer pour une république démocratique et sociale, un slogan qui leur permettait de se distinguer des républicains modérés et conservateurs. Mais les républicains eux-mêmes vont se dire démocrates, ici aussi pour rafler les suffrages du petit peuple. En 1848, avec la restauration de la république, presque tout le monde se déclare favorable à la démocratie ; il y aura même des monarchistes démocrates ! Or le mot démocratie ne sert plus qu'à donner l'apparence que le peuple gouverne ( à travers le processus électoral ). C'est un coup de maître de la propagande politique.

le bien commun, ils seraient envieux des riches et tumultueux, menaçant donc l'ordre public. Tout cela parce que les pauvres sont entièrement absorbés dans leur travail quotidien, et n'auraient pas le temps de s'éduquer et de réfléchir sérieusement ( les femmes étaient dans la même situation, disait l'élite masculine ). Les riches, au contraire, doivent gouverner car ils ont plus de temps libre pour s'éduquer et réfléchir aux grands enjeux sociaux. De plus, la démocratie dans son sens classique fonctionnant par des assemblées populaires, l'élite craignait que les pauvres y imposent leur volonté, puisque dans une société divisée entre riches et pauvres, ces derniers sont toujours majoritaires. Bref, à travers l'étude de l'histoire du mot démocratie, on redécouvre aussi l'histoire de la lutte des classes, pour reprendre une expression marxiste.

La logique du " riche " forcément instruit et du " pauvre " forcément moins instruit, n'est-elle pas devenue obsolète à notre époque ? En effet, on peut avoir fait des études supérieures et être au chômage ou posséder un simple bac et être au-dessus du salaire médian. Être un bourgeois en étant propriétaire de moyens de production et gagner beaucoup moins d'argent qu'un salarié d'une banque, par exemple. Qu'en pensez-vous ? Ce n'était pas tant l'argent qui était le barème de la compétence politique, que le temps libre. L'élite considérait que les membres masculins des classes supérieures avaient eu dans leur jeunesse et avaient encore une fois adulte plus de temps pour s'éduquer, s'informer, discuter et réfléchir. Quand les autres travaillent pour vous, que ce soient de petits salariés, des esclaves ou des femmes qui effectuent les tâches domestiques et parentales, vous avez en effet plus de temps libre ( c'est précisément une des thèses de la féministe Virginia Woolf, dans son essai Une chambre à soi ). Quant à la jeunesse, elle était considérée comme problématique d'un point de vue politique : " Être démocrate à vingt ans, c'est normal, mais cette passion doit s'éteindre avec la maturité ", disait-on alors en substance. Mais il faut considérer ces discours pour ce qu'ils sont : des justifications d'une classe supérieure qui cherche à légitimer son pouvoir sur les classes subalternes. Les pauvres, les femmes, les esclaves ont bien sûr démontré en plusieurs occasions une capacité à se constituer comme force politique proposant une conception du bien commun. Véritablement antidémocrates, les membres de l'élite refusaient d'ailleurs aux subalternes de s'assembler, car des subalternes qui s'assemblent pour délibérer en viennent souvent à la conclusion qu'il serait juste de se révolter. Le demos ( le peuple assemblé ) se mue alors en plèbe ( le peuple insurgé ) — les travaux de Martin Breaugh sur l'expérience plébéienne sont très instructifs

Dans votre ouvrage, vous citez à plusieurs reprises des auteurs comme Adam Smith qui appuient la théorie selon laquelle le " riche " est forcément plus éclairé que le " pauvre ", donc plus qualifié pour gouverner. Selon vous, dans quelles mesures cette pensée est-elle répandue aujourd'hui ? Les discours antidémocratiques du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle étaient souvent critiques des pauvres, à qui l'élite attribuait une série de défauts politiques. Irrationnels, les pauvres seraient incapables de distinguer

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à cet égard. La ( vraie ) démocratie porte donc réellement un projet égalitaire, et elle est une menace pour l'élite.

En France, il nous semble que le suffrage universel direct est une condition sine qua non à la démocratie. Pourtant la " plus grande des démocraties ", les États-Unis, fonctionne avec un suffrage indirect pour l'élection de son président. Cela est-il compatible avec une véritable démocratie ? Selon moi, la seule pratique politique qui mérite le nom de démocratie consiste à s'assembler dans des agoras formelles ou informelles pour délibérer. Pour le reste, les régimes libéraux électoraux, qu'ils soient républicains comme aux États-Unis et en France, ou parlementaires comme au Canada et en Grande-Bretagne, ne sont que des aristocraties électives, comme le disaient des philosophes et des acteurs politiques aux XVIIIe et XIXe siècles. On peut penser qu'il s'agit là des meilleurs régimes politiques, et que certains sont plus légitimes que d'autres en raison d'un fonctionnement particulier ( mode de scrutin proportionnel, par exemple )… Mais aucun de ces régimes ne mérite à mes yeux d'être considéré démocratique.

Vous dites que toute expérience d'un véritable pouvoir populaire se heurte toujours au mépris des élites, pouvez-vous développer ? L'élite politique ne veut pas, par principe, que le peuple se gouverne soi-même, car il n'y aurait alors plus besoin d'élite politique… En ce sens, les élites politiques sont toujours contre la démocratie, même si elles prétendent vouloir le bien du peuple. Certes, une certaine élite propose d'instaurer un certain pouvoir populaire. C'est vrai à gauche, mais aussi du côté des forces de la droite populiste, qui prétendent lutter contre une élite politique corrompue, un peu comme Jackson en 1828. On promet, par exemple, d'accorder au peuple la possibilité de lancer un référendum d'initiative populaire, ou de destituer des députés ( le processus du recall aux États-Unis ). Mais ces forces de droite sont aussi élitistes, puisqu'elles sont dirigées par des leaders qui veulent s'emparer du pouvoir ( sans compter qu'elles sont souvent racistes, misogynes et homophobes ). Il faut aussi observer le fonctionnement de ces partis politiques : il s'agit de machines très hiérarchisées, contrôlées par une clique de dirigeants élus ou non, qui imposent à la base militante les slogans et les thèmes de mobilisation. La vraie démocratie est ailleurs. Entretien — Philippe Deschemin Illustration — Démocratie, Thomas Baile thomasbaile.tumblr.com

FRANCIS

DUPUIS-DÉRI BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE —

2014

L'anarchie expliquée à mon père ( AVEC THOMAS DÉRI ) ÉDITIONS LUX

2013

Démocratie. Histoire politique d'un mot aux États-Unis et en France ÉDITIONS LUX

2012

Par-dessus le marché ! Réflexions critiques sur le capitalisme ÉDITIONS ÉCOSOCIÉTÉ

2008

Québec en mouvements : Idées et pratiques militantes contemporaines ÉDITIONS LUX

2007

L' éthique du vampire ÉDITIONS LUX



ART

FL●RE KUNST COLLAGES & UTOPIE Les habitués du Clacson d'Oullins les plus sensibles au graphisme, auront reconnu Flore Kunst. En effet, l'artiste réalise avec talent les visuels de la salle de concert oullinoise depuis plus d'un an. À la fois intriguant, surréaliste mais surtout vent de fraîcheur, le travail de Flore nous a tout de suite séduit. Dans un synchronisme Jungien, Flore nous contacta afin de se présenter alors que Sébastien Pascot venait de me présenter, quelques jours auparavant, son travail. Le hasard fait si bien les choses. Quelques jours plus tard, pliant face aux signes du destin, nous convenions de publier un entretien dans L'incontournable Magazine. Si bien que, nous nous rendîmes compte qu'en plus de produire de belles œuvres, Flore avait de belles choses à nous dire.

Tu as été diplômée de l'Ecole Emile Cohl en 1999, peux-tu nous parler de ta scolarité ?

certains langages nous parlent plus que d'autres, le sien a modifié mon approche de l'image. Je suis restée sans voix devant la puissance graphique et symbolique de Kiss/ Panic, sorte de collage post cubiste, où il fait le montage d'une foule en pleine confusion et un baiser isolé, entourés par une bordure de fusils et de pistolets. En 1966 alors qu'il était peintre comme tout le monde, Baldessari décide de prendre l'ensemble de ses tableaux et de les amener au crématorium. Les cendres lui sont rendues dans 9 boîtes, qu'il conserve précieusement. Avec une partie de celles-ci, il cuisine des cookies ! D'une certaine façon, par son insolence artistique et son autodérision, il m'a permis de réaliser que mon chemin pouvait aussi être modifié. J'ai pu ainsi rompre avec les médiums que j'avais l'habitude d'utiliser, à savoir la peinture et le dessin. On me prédisait une carrière de dessinatrice mais je voulais aller là où on ne m'attendait pas. Le collage a été une révélation, il n'y avait plus de barrières à ma créativité. Mon travail est esthétiquement assez éloigné de l'œuvre de Baldessari, cependant, comme lui, je suis une sorte d'archiviste, passionnée de toute cette

Je n'étais pas franchement à l'aise dans le circuit des études "classiques", mis à part les cours d'arts plastiques bien sûr, de poésie ou de sciences naturelles, rien ne m'inspirait vraiment. Lorsque je suis entrée à Emile Cohl, je me suis enfin mise à bosser sérieusement, ça avait du sens et puis j'étais un peu plus valorisée par les profs. Deux d'entre eux m'ont beaucoup apporté : Yves Got et Jean Michel Nicollet. L'émulation et les échanges ont joué un rôle important. Aujourd'hui encore, j'ai besoin de sentir cette agitation créative autour de moi, mes nombreuses collaborations depuis 2012 avec des artistes de tous bords en sont un bon exemple.

Tu évoques une " rencontre " avec l'œuvre de John Baldessari lors d'une exposition. Peux-tu nous en dire plus sur cette exposition et sur l'artiste, et surtout comment il a influencé ta manière de créer ? C'est lors d'une biennale d'art contemporain à Lyon il y a une dizaine d'années que j'ai découvert John Baldessari. Je pourrais en effet parler de rencontre avec son œuvre,

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ART Tu parles de ton art comme critique d'une société ne voulant que " pouvoir ". Peux-tu nous en dire plus ?

iconographie populaire: images de cinéma, magazines des années 50 et 60, photographies familiales, livres scientifiques ou encore graphismes publicitaires. Je me reconnais également dans le décalage entre mélancolie et humour qui caractérise son œuvre et dans la transformation du document photographique en pièce picturale pop art.

L'humanité ( et particulièrement en occident ) est tournée vers un désir de possession et d'emprise, qu'elle soit morale ou marchande. Dans mes collages, il est question d'asservissement de l'individu et de la société dans son processus de formatage de la pensée et des représentations. Il y a cette thématique de l'aliénation dans mon travail car le collage est le médium parfait pour mettre en scène la déraison du monde.

Comment naissent tes compositions ? Tout d'abord de mes trouvailles. La découverte d'un vieux magazine piqué et jauni dans un grenier n'inspire souvent qu'indifférence ou dégoût, pour moi c'est au contraire un matériau noble. C'est ce papier, considéré le plus souvent comme rebut, qui va nourrir mon inspiration. Avant de débuter un collage, je me prépare un thé et surtout je mets de la musique. C'est très important pour moi sachant qu'elle me passionne autant que les arts graphiques. Quelques titres de mes collages sont par exemple des références à des morceaux comme Kurious Oranj de The Fall ou encore Ghost rider d'A lan Vega. Ensuite, entourée de ma documentation, je commence à sélectionner les photos et graphismes qui me semblent pertinents. J'épuise un magazine jusqu'au dernier fragment exploitable, une sorte de recyclage artistique. Je débute concrètement le collage lorsque j'ai sélectionné une première image forte et expressive. Je teste ensuite des combinaisons qui puissent faire émerger un décalage surprenant et raconter quelque chose de nouveau. Malgré ma disposition naturelle à la rêverie je suis, en revanche, très rigoureuse et méthodique concernant la composition de mes images (que ce soit en collage "hand made" ou en montage numérique). Je pense qu'une œuvre doit avoir du sens ( ou du " non-sens " ) au même titre qu'une bonne accroche visuelle. Néanmoins, si l'image ne réussit pas à capter l'attention, le message en est affaibli voir neutralisé, l'un ne fonctionne pas sans l'autre. Les graphistes de la propagande soviétique l'avaient bien compris.

Que penses-tu des Utopies, mondes inaccessibles ou réalités à portée de main ? De mon point de vue, la réalité est subjective. On peut simplement voir l'utopie comme une réalisation chimérique, or, elle permet également d'élargir le champ des possibles. L'A rt, la spiritualité ou les sciences cherchent depuis longtemps à le démontrer. À la question " Qu'est-ce que se convertir à l'utopie ? ", le philosophe Miguel Abensour déclare : " Se convertir à l'utopie, c'est laisser libre cours à un exercice de l'imagination qui ne redoute pas de transcender les limites de la société telle qu'elle se donne, pour concevoir un tout autre social ". L'A rt et les sciences peuvent réaliser cela mais la religion, elle, n'est pour moi qu'un outil de contrôle, le dogme étant l'ennemi de l'A rt. J'ai reçu une éducation catholique traditionnelle. Les cours de catéchisme m'ennuyaient profondément et j'aimais poser des questions dérangeantes. À l'église, je passais mon temps le nez en l'air, à regarder les icônes. Cette expérience a sans doute contribué à mon intérêt pour les images singulières mais aussi nourri ma pensée critique. Les grandes questions scientifiques sur les frontières de l'univers ou la mort ont inspiré nombre d'auteurs et d'artistes. La lutte entre l'homme et la machine dans 2001, l'Odysée de l'espace de Kubrick ou encore les thèmes sur la manipulation de la réalité dans les ouvrages de P. K. Dick. Parmi mes influences, je citerais également les surréalistes comme Breton, Ernst ou Picabia qui voulaient libérer les esprits en expérimentant de nouveaux modes d'exploration du réel, ceci par l'écriture automatique, les jeux de cadavre exquis ou encore les collages.

As-tu déjà une idée en tête ou tu te laisses guider par la création ? En choisissant telle ou telle image et en les mixant, je donne " une direction " à l'interprétation mais je ne définis jamais à l'avance une signification précise ( sauf pour une commande d'illustration ). L'histoire se raconte au fur et à mesure que le collage se construit. Je préfère laisser mon imaginaire et le hasard diriger les opérations. Seul le médium du collage m'a permis de connaitre ce lâcherprise. La crispation du devoir de " bien faire " et du désir de " plaire " que je m'imposais avec le dessin avait disparu et je pouvais enfin commencer à m'exprimer plus librement.

Penses-tu que l'Art aujourd'hui n'est qu'un outil de contrôle à disposition du pouvoir ou a-t-il la force, la possibilité d'ébranler l'ordre ? L'A rt est déjà en soi un acte de résistance, par le simple fait que c'est un des seuls domaines d'expression libre … voilà pour l'idéal mais la réalité est toute autre. Autrefois, les artistes servaient la cause du Roi, de l'Église ou des politiques. Aujourd'hui, c'est le capitalisme artistique qui règne. L'A rt est devenu une valeur économique, il est détourné et instrumentalisé par les multinationales à des fins publicitaires.

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ART Le mécénat culturel de l'état, dans son mécanisme institutionnel bien huilé, n'a aujourd'hui plus les moyens de ses ambitions. Nombre d'associations disparaissent en raison de la baisse ou de l'arrêt des subventions, les budgets étant délivrés essentiellement aux projets événementiels servant l'image d'une ville. Les gros festivals de musique ou les expositions d'A rt dit " contemporain " raflent la mise et ceci au détriment d'un art plus underground mais non moins contemporain ! Je pense qu'il est donc difficile, dans ces conditions, de mettre en lumière toutes les idées nouvelles, subversives ou alternatives qui seraient susceptibles de perturber l'ordre et de gommer le consensus culturel ambiant.

Les projets ? Début février, la galerie " Slow " à Paris dans le 11e arrondissement exposera plusieurs de mes collages. J'ai également un projet de livre regroupant mes travaux handmade chez un éditeur Irlandais, une parution dans le Artzine Vivons Curieux, Mourons Libres ( collectif Lavomatik ) et quelques papiers à paraître prochainement dans la presse outreAtlantique pour Kolaj,  22 magazine et The artist catalogue. À Lyon, je réalise pour la deuxième année consécutive les visuels pour le programme de la salle du Clacson à Oullins. Enfin, de nouvelles collaborations devraient voir le jour cette année avec des artistes " collagistes " comme Zach Collins ( USA ), Musta Fior ( France ), Lewis J. Golland ( UK ) ou encore Andrew Lundwall ( USA ).

WWW.FLOREKUNST.TUMBLR.COM Entretien — Philippe Deschemin 1 — ( p. 34 ) Physiognomy, Flore Kunst - 2012. 2 — The Kiss 2, Flore Kunst - 2014. 3 — Weird side of the moon, Flore Kunst / Kacper H.Kiec - 2013. 4 — The creator, Flore Kunst - 2013.

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M U S I Q U E & VOYA G E

PI▲N●TRIP LE BONHEUR À CIEL OUVERT Les bonnes sorties font très souvent les bonnes rencontres. À l'automne dernier, en quittant la table ronde que j'animais lors du festival des Intergalactiques, une jeune personne m'interpella. Elle se présenta sous le nom de Lou et commença par nous féliciter à propos du magazine puis se mit à nous conter son incroyable aventure. Le charme opéra, et nous fûmes simplement conquis par une démarche à la fois désespérément authentique et totalement poétique. Après quelques bières ambrées, nous convenions de reprendre contact ultérieurement. Le désir de partager avec vous l'aventure Pianotrip devenant irrépressible, un entretien avec Lou Nils s'imposait.

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M U S I Q U E & VOYA G E

Pianotrip, qu'est-ce c'est ?

toutes ses coutures avant de se faire un avis sur la question, et que ce geste en faisait partie parce qu'il décuplerait sûrement notre envie de triper, tout en travaillant. On n'a pas été déçus de cette période, Pianotrip a été lauréat de sept concours, soutenu notamment par la Commission Européenne, la Mairie de Paris, la Guilde européenne du Raid, la région Rhône-Alpes, …

Des claques et des ascenseurs sociaux dans tous les sens, quelque chose de simple dans une époque compliquée. De la musique, des stylos, du papier, et un appareil photo, du temps. Pas mal de choses ont été dites autour, du passant qui se retourne sur l'action à la presse internationale : un paradoxe sur roues, une embarcation fragile qui pratique le grand écart entre le ridicule et le sublime. L'histoire poétique de la pianiste et du photographe dans les paysages, une odyssée musicale, quelque chose qui tend plus à résonner que raisonner… Pianotrip c'est une aventure électrique et solaire, à vélo, avec un piano. Plus de 300 concerts éphémères à la clé, à l'air libre. Un lot d'histoires incroyables, sans filets, improbables sur 12 pays, 19 mois. Une itinérance de 450 kilos, sur la route du soleil, en Europe. En tout cas, oser une définition sur un piano qui sillonne l'Europe à vélo est une entreprise bien périlleuse. En matière d'identité, on aime bien cette phrase, venue assez vite, qui résume l'état d'esprit de la chose : " Il y en a qui posent des questions, d'autres des bombes, du carrelage, des conditions. D'autres encore, un problème, des décors, des ultimatums, des ongles. Y'en a même qui posent tout court. Nous dans ce monde, on pose un piano. "

Tu m'as parlé d'une angoisse durant tout le périple. À savoir que le couvercle du piano se referme sur tes doigts. Oui, au début en tout cas. Ca fait partie de toutes les peurs rationnelles ou irrationnelles que tu peux avoir au lancement d'un projet. Généralement, plus il est grand, plus les peurs vont à la hauteur… J'imagine volontiers celles du montage de ce magazine culturel, pari osé et audacieux, qui est un véritable ovni dans le paysage médiatique culturel, et pourtant déjà un incontournable à la racine, à ce même titre justement. Celle-là, la peur du clavier sur les doigts, c'était sans doute dû au fait d'être en pleine rue, dos aux spectateurs, dans un certain dépouillement, avec juste la confiance et l'énergie à lâcher sans filet dans l'instant… Vu que ce bad n'est jamais arrivé, ça a fait place à autre chose assez rapidement, en cours de traversée. De toute façon, à y réfléchir : le couvercle sur les doigts, la peur des montées, des descentes, des camions, du vélo, d'être écrasée sous le piano-vélo, de ne pas arriver à jouer, ne pas y arriver tout court, de dormir dehors ou pas, faire confiance aux inconnus ou pas : j'en avais plein des peurs. Perso je suis plus partie avec une encyclopédie de peur sous le bras à la base, qu'avec la confortable impression de circuler dans un chausson ouaté. Et puis bonne nouvelle, assez rapidement : les 3/4 d'entre elles n'étaient que des projections. Le trouillomètre à 120, faut s'y habituer quelque part, parce qu'on vit plus ou moins avec. Ça devient intéressant par contre quand on le dépasse pour en faire quelque chose.

Comment est née l'idée de parcourir le monde avec un piano ? Piano et chant font partie de mon horizon depuis l'âge de 6 ans, déjà. Après, l'idée est arrivée toute seule, sans crier gare : barrée, décalée, lumineuse ? Après on a réfléchi, c'est sûr… ( 10 mois de montage à temps plein ). Il fallait bien regarder en face la folie et l'incroyable de la chose, se battre avec les dossiers papier. Et puis, on a trouvé ça excellent, par exemple, de combiner entre eux des éléments déjà existants sur le marché : un piano droit de salon et une bicyclette électrique solaire. Dans ce sens, ça lance une invitation au trip en contrepied à la crise ambiante, à la créativité au contact de l'air du temps, une manière de refléter l'époque, un ailleurs tout en restant chez nous, dans le ici et le maintenant de l'Europe. Pédaler au lieu de courir ça me semblait pas mal aussi, comme réponse, dans le secteur artistique. Et puis je retourne ta question : Quelle idée de ne pas parcourir le monde avec un piano quand les paris qu'il soulève sont aussi réels que surréels, et que de nouveaux possibles ne sont plus qu'à investir par un peu d'imagination + de l'envie ?… Quant à la poésie latente et l'engagement de partir sillonner le monde de tous les jours à bord de cette embarcation, à suivre le courant électrique, le soleil, et la migration des oiseaux en envisageant le monde comme un grand music-hall… Bah on s'est dit que c'était aussi utopiste que réaliste, qu'il fallait en tout cas vivre l'époque sous

Pianotrip c'est aussi un spectacle : " à mi-chemin entre le ciné-concert et le théâtre ", peux-tu en parler ? À notre retour, on a voulu fixer une forme définitive à ce qui s'est passé. L'impression d'avoir circulé pendant 19 mois dans les entrailles du continent, en sautant de palier en palier niveau réalité, dans une époque aussi surréelle que tangible. Remplie de créations, d'histoires, de vécus hyper chargés. Il s'agissait de poser des axes sur Pianotrip, acter la traversée, poser un regard sur ce voyage contemporain, autant que d'ouvrir, définir l'acte artistique sur ces bases. Un festival près de La Rochelle nous a contactés pour nous produire. Il y avait quelque chose d'évident, de brûlant à défendre sur scène. Le texte est sorti en compressé ( trois jours ) avec une scénographie simple autour du piano, qui allie théâtre, texte

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M U S I Q U E & VOYA G E et mix d'extraits musicaux ( en live, évidemment ). Chris a juxtaposé des séquences numériques… l'accueil a été dingue. L'histoire continue donc d'abord sur scène : depuis un an, on nous programme de bouche à oreille, des salles nous sollicitent. Le journal Le Monde en a fait un bel article. Ces quelques mots " à mi-chemin entre le Ciné-concert et le théâtre " sont de Christopher Criv, et on est fans de sa définition ( ça non plus on n'aurait jamais trouvé seuls ). Au final, c'est un spectacle d'une heure qui transporte dans l'émotion et l'intimité de la traversée à dos de piano. Il continue de tourner en festivals, quand ce n'est pas dans un théâtre ou une salle de cinéma. On a réalisé dernièrement un teaser lors d'un passage en Suisse, qui est visible en ligne sur notre site ou sur Vimeo. On fait un break jusqu'à septembre pour mettre sur pied d'autres projets, puis on relance le spectacle et l'expo à l'automne, avec la sortie de livres pour prolonger cette belle histoire, qui n'a pas fini de ( nous ) surprendre.

que derrière chaque tableau se cache une histoire, une empreinte, un ressenti. On suit le piano et sa passagère qui évoluent en fil rouge sans cesse dans le décor. Sortir un piano de son salon, c'est bousculer les codes, ça décale le regard. Un piano sorti de sa pièce introduit de façon surréelle le lieu où tu le poses. Mais le plus souvent ( le plus intéressant ? ) c'est peut-être de regarder ce qui se passe autour, avec attention… On aborde ça aussi dans les livres. L'expo, c'est un peu la face visible de ce que nous avons pu percevoir de l'époque dans son effervescence, et la scénographie de l'acte. Il y a eu des journées ramification "chou-fleur", où on a vraiment pédalé dans un film. L'expo est en cours de programmation. Elle se remontera, pourquoi pas dans les pays traversés, en tout cas lors de la publication des livres, qu'on sera bouillants de vous présenter, entre l'automne et la fin de l'année.

Nous avons pu voir l'énigmatique teaser de " Malle in France ", peux-tu présenter le projet ?

Il y a aussi la parution de deux ouvrages, un roman et un beau-livre. Oui. J'ai écrit un premier roman ( littéraire / conte philo ) dans lequel pointe un jeune manifeste turbulent pour la création contemporaine et coréalisé avec Chris un autre ouvrage, un beau-livre de poche. Ce dernier propose un assemblage de nos travaux de route, entre photos noir & blanc, quelques croquis, poésies et écritures de l'instant. Chaque page a été conçue comme une planche. Il sera édité au format poche Inédit, avec un papier photo. Les deux ouvrages sont jumeaux d'écriture, ils ont été rédigés en même temps. De natures très différentes, ils pourront se lire de façon autonome, mais se correspondent par jeux de miroirs et d'écritures. L'un s'apparente à la poésie de l'instant présent, l'autre plutôt à celle de l'imaginaire. Ils fonctionnent en portes ouvertes par rapport au spectacle et à l'exposition. Le travail d'écriture personnelle a été achevé en juin dernier, on est en relation avec une maison d'édition sur Paris. Leur sortie est prévue pour mi-octobre 2014 en hors-série. On te tient au courant bien sûr !

Il s'agit d'un projet pilote qu'on a réalisé cet été, juste après avoir posé le stylo pour les livres. On est repartis sur les routes, cette fois avec un micro, un métronome, un carnet, quelques stylos et menus autres matériels qui tiennent dans une malle, pour composer un album entre Lyon et Paris, en vagabondage engagé. Un pilote, ça permet de voir ce qui marche ou pas. Ce projet se fera sous une autre forme, on est en recherche de financements. On crée le chemin sur lequel on marche : vaste programme. Il nous tarde de continuer d'explorer avec la même envie détonante de continuer de créer, asseoir des rêves dans le concret, et continuer à nous réaliser en travaillant sur l'époque. Une chasse aux trésors s'est installée, sur la teneur des choses à vivre, et les valeurs à défendre. Actuellement je travaille sur le concept de la road residency, dont je pose une définition. Au jour le jour, je tracte de plus petits projets qui sont pourtant les plus essentiels, des poèmes, des chansons. Chris prépare un livre d'illustration. On prépare ensemble une installation sur Lyon pour le printemps. La présentation de notre travail est en train d'être restructurée sur une plateforme en ligne plus globale qui deviendra dans l'année plus claire et sans mystères. Ce qui est sûr, c'est qu'on n'a pas dit notre dernier trip, ni notre dernière note, ni notre dernier mot. Alors, à tantôt ?

Une exposition de tableaux sonores est en cours de création, de quoi s'agit-il ? Une sélection de 12 tableaux grand format 60 x 90 cm, qui s'appelle Triper dans les Jardins éphémères de l'Europe, accompagnée de quelques dessins et fragments de textes extraits du carnet de bord. L'expo s'est déjà montée à Albertville, Aix-en-Provence, et dernièrement sur Lyon. Elle ouvre sur l'imagerie de l'acte. Le panorama se décline à la façon d'un kaléidoscope, dévoilé comme lorsqu'on l'a abordé mètre par mètre. Parfois le quotidien des gens qui habitent autour. Il suffit aussi de gratter un peu, et on découvre

WWW.PIANOTRIP.NET Entretien — Philippe Deschemin Photographie — Pianotrip

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MUSIQUE

DIVINE SH▲DE L'OMBRE DIVINE “

Groupe, one-man-band… Qui est Divine Shade ?

comme si une partie de moi avait toujours voulu faire surface pour exploiter une autre facette de ma créativité musicale. Aujourd'hui je me sens libre de proposer les compositions qui me séduisent sans barrière technique et en me permettant d'autres univers rythmiques.

Bonjour, Je suis Rémi Thonerieux. J'ai imaginé Divine Shade comme un concept solo durant l'hiver 2012. Mais dans les faits ce projet se traduit en live par un duo incluant le musicien Grégoire Paillas en soutien principal. Divine Shade est dans un deuxième temps un véritable collectif modulable selon les envies. Les intervenants scéniques sont de véritables membres du groupe apportant une autre sensibilité aux ambiances sonores.

Il y a tout un travail au niveau visuel chez Divine Shade, est-ce pour vous complémentaire à la musique ? Exactement, je pense que le fait de maîtriser son image est aujourd'hui très important. Baigné par mes parents dans un milieu artistique et ayant fait 4 ans d'études de design graphique, j'ai toujours été attentif aux aspects esthétiques des choses qui m'entouraient. Je suis également fasciné par les groupes qui ont su conserver un look ou une identité graphique. Aux commandes du design, je suis également en collaboration avec de jeunes photographes. Une communication que nous projetons d'additionner au live.

Au rayon des influences, on peut citer New Order, Depeche Mode ou encore Nine Inch Nails. Pouvez-vous en dire plus ? Effectivement ! En tant qu'amoureux des musiques sombres et industrielles, ces groupes sont pour moi des références de par le traitement délicat des ambiances sonores. J'ai tout de suite été fasciné par leur idée de marier les instruments de rock traditionnels avec les innovations technologiques de la musique électronique. Dans le cas de Nine Inch Nails, Trent Reznor, avec son sens incomparable des textures sonores, a changé mon approche de la musique. C'est pour moi le groupe de rock industriel qui a le plus de sensibilité. Pour Depeche Mode et New order, ce sont des incontournables. Leur minimalisme rythmique, contraint par les technologies de l'époque les a obligé à épurer leurs compositions mettant ainsi en avant leurs talents incontestables, ils sont de réelles influences pour moi.

Quel regard portez-vous sur la scène musicale hexagonale ? Auparavant, je ne m'intéressais pas beaucoup à la scène alternative française, mais récemment j'ai fait de belles découvertes, par exemple Sébastien Tellier My god is blue, et Porn au niveau local.

Les projets ? Tout d'abord nous sommes actuellement en répétition avec d'autres musiciens pour un live scénarisé et dynamique. Ensuite nous faisons le booking d'une petite tournée régionale puis nationale. Et enfin, de diverses collaborations, remix avec des groupes locaux comme justement Porn et bien d'autres… Restez au courant !

De quelle manière s'est déroulé l'enregistrement de " From the Sky " et comment se passe le processus de création ? From the sky a été entièrement composé et mixé sur mon ordinateur. C'est François Gonnet qui s'est chargé du Mastering. Très à l'écoute et aux conseils pertinents, c'est un véritable plaisir de collaborer avec un musicien aussi talentueux. Le processus de création est quant à lui très personnel. En effet, j'ai une idée très précise des arrangements studio et scénique que je veux reproduire. Voulant établir un contraste avec mon ancien projet " The Light in Sores " c'est

WWW.SOUNDCLOUD.COM/DIVINE-SHADE Entretien — Philippe Deschemin

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MUSIQUE

W▲R ▲NYW▲Y UN POUR CENT “

War Anyway, qu'est-ce donc ?

Musicalement, quelles sont les influences ?

War Anyway est une structure créée il y a maintenant près d'un an. Nous sommes les représentants des 1%. Tous les intervenants autour du projet sont soit issu de Think tank, soit travaillent en tant qu'experts, consultants. Pour mettre des visages derrière les notes de musique vous pouvez vous référer au documentaire Les nouveaux chiens de garde. Nous dominons la classe dominante et nous octroyons un moment de récréation avec ce projet musical.

Nous n'avons pas envie de parler musique, la démocratie est en danger. Parlons Beyoncé et Shakaponk, voulez-vous ?

Votre musique a des sonorités martiales et la guerre est un thème récurrent. Souhaitez-vous réellement la guerre ? Bien sûr que non. La paix est notre objectif. Mais pour cela il faut se battre et être prêt à éradiquer ceux qui sont contre la démocratie. Nous voulons la paix par tous les moyens. La paix par les armes s'il le faut. C'est pour ça que nous conseillons les politiques de soutenir l'industrie de l'armement. Les armes sont nécessaires à la paix.

Le groupe semble très marqué idéologiquement. En effet, il nous est difficile de laisser le travail à la maison et forcément nos créations musicales sont imprégnées de nos convictions profondes. Nous souhaitons un monde le plus libre possible, quitte à éradiquer toute forme de liberté. Nous souhaitons un monde sans guerre au risque de larguer des bombes sur tous les mètres carrés de notre si petite planète. Récemment avec l'affaire de l'ex-humoriste nauséabond nous avons failli réinstaurer la peine de mort. Philippe ( Tesson, Ndlr. ) a demandé que cet infâme personnage soit exécuté en place publique. Certes, Philippe est comme Bernard-Henry, il a tendance à oublier de mettre les formes. Mais nous sommes déterminés et Manuel est à la hauteur de nos espérances. Cela peut paraître absurde pour les gouvernés de supprimer des libertés au nom de la liberté mais nous savons ce que nous faisons. C'est quand même nous qui tenons le manche.

Pensez-vous que l'on peut tout dire et parler de tout ? Évidemment, tant que cela reste dans les limites que nous imposons. On ne peut laisser tout dire. Nos concitoyens ont déjà trop à faire en consommant et travaillant pour perdre du temps sur les questions complexes de politique ou d'économie. Aussi ils peuvent se laisser facilement influencer par quelques discours nauséabonds. On ne peut donc laisser des cerveaux malades dire tout et n'importe quoi à la télévision, la radio ou internet. Il faut des lois pour encadrer ce qu'on peut dire. Mais rassurez-vous, nous travaillons dessus et ces lois arriveront rapidement.

WWW.FACEBOOK.COM/WARANYWAY

Comment est composé le groupe ?

Entretien — Philippe deshemin

Le groupe n'existe pas. Nous ne sommes pas une entité réelle et identifiable. Nous sommes la superstructure, le socle idéologique. War anyway compte autant de membres que les personnes qui composent les 1%. Nous ne sommes pas présents, War Anyway est une abstraction, un " ça " sans " surmoi ", sans instances répressives ( représentatives ? ). Pour tout dire, War Anyway, c'est un peu les vacances. Nous n'avons pas à convaincre et l'on pourrait tout dire que ça ne mettrait pas en péril le cours des choses.

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MUSIQUE

▲FTERGL●W BACK TO THE 90'S “

Vous avez enregistré votre premier EP il y a tout juste quelques mois, comment ce premier disque a-t-il été reçu ?

participatif, mais c'est difficile d'avoir de la visibilité sans argent. Les gens ne sont pas au courant de la campagne de financement par magie, surtout pour un projet en démarrage. Derrière il y a toujours une part de publicité.

La sortie est encore récente, mais nous avons eu des retours plutôt enthousiastes jusqu'à présent de la part du public, des médias et des organisateurs de concerts. Les morceaux et la production semblent retenir l'attention.

Selon vous, pourquoi certains groupes décollent et d'autres pas ? Certains groupes font quelque chose d'exceptionnel et arrivent à toucher les gens qui les écoutent. Ces groupes-là décollent d'eux-mêmes, et perdurent dans le temps. Beaucoup d'autres percent parce qu'ils correspondent à la mouvance actuelle, les bonnes personnes misent sur eux et inondent les médias jusqu'à les faire entrer de force dans la tête des gens. Assez souvent, ceux-là disparaissent rapidement. À moins que ce ne soit avant tout une question de coupe de cheveux…

Vous revendiquez des influences 90's, on pense à Silverchair ou aux Smashing Pumpkins. On va se faire l'avocat du diable, à l'heure des djs n'est-ce pas un peu has-been ? On aurait peut-être dû ajouter un peu de dubstep… Ces groupes des années 90 ont bercé notre enfance, leurs influences font partie de nos sensibilités respectives, pourquoi devrions-nous en avoir honte ? Nous n'avons pas la prétention de créer un courant musical. On joue avant tout la musique que l'on aime sans chercher à plaire au plus grand nombre ou à coller à telle ou telle étiquette.

Les projets ? Nous avons très envie de défendre notre EP sur scène maintenant. C'est le live qui nous anime avant tout. Ce sont des moments intenses, toujours très riches en émotions. Et bien entendu l'album  ! Nous ne faisons pas partie de ces groupes qui sortent un EP puis disparaissent pour reformer un autre projet jusqu'à ce que le monde soit prêt à reconnaître leur talent. On travaille déjà sur de nouveaux titres et on reprend le maquettage de ceux qui ne figurent pas sur l'EP pour qu'ils soient encore meilleurs. Nous préparons également notre premier clip.

La production de votre EP est particulièrement soignée, comment se sont déroulés les enregistrements ? Les titres ont été enregistrés au studio Honey Pie avec Xavier Desprat qui nous a beaucoup apporté de par son expérience technique et artistique. Nous apprécions sa façon de travailler en studio. Nous avons beaucoup expérimenté afin de nous rapprocher des sonorités que nous voulions pour chaque morceau et peaufiner notre identité sonore. Le mixage a été réalisé par Alan, le batteur du groupe. Nous avons affiné quelques arrangements et finalisé le mix ensemble. Xavier s'est occupé du mastering.

WWW.AFTERGLOW.FR

Pourquoi avoir opté pour le format court en guise de premier enregistrement?

Entretien — Philippe Deschemin

La formation est récente ( début 2013 ) et nous avions avant tout besoin d'un support crédible pour démarcher les organisateurs, les salles de concerts, etc. Avec un petit peu plus de moyens nous aurions enregistré un album car les titres sont prêts. Il y a bien le système

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MUSIQUE

T▲ÏNI ▲ND STR●NGS BIG BANG ! “

Un premier EP sorti en 2011, trois années se sont écoulées. Quels furent les événements marquants ?

en étant présents sur les réseaux, en allant rencontrer les pros notamment sur les festivals, il y a tellement de choses à faire. On n'a pas le temps de s'ennuyer en tout cas, c'est sûr ! Et tout cela en restant nous-mêmes, en étant sincère, authentique. C'est très difficile de faire sa place d'autant qu'on ne fait ni de l'electro, ni du hip-hop, et que "pop/rock" est devenu un gros mot. Ce qui reste notre 1ère ambition et notre fer de lance c'est le live, car ce qui nous intéresse avant les pros c'est le public, les gens qui nous écoutent, nous soutiennent. Et puis on ne peut pas tout maîtriser, ce serait trop facile.

Difficile de résumer ces trois années… Il s'est passé tellement de choses. Beaucoup de concerts déjà, plus d'une centaine de dates, un peu partout dont certaines nous ont particulièrement marqués. En vrac je dirais la première partie de Nina Hagen au Transbordeur, le Fimu à Belfort où nous avons eu la chance de jouer devant plus de 5000 personnes, des dates un peu partout en France, le Bus Palladium à Paris, récemment le festival Nouvelles Voix à Villefranche avec Fauve, Puggy et Pégase… Notre victoire au TNT Festival qui nous a permis d'enregistrer ce premier album dans les meilleures conditions possibles, un mois en studio. Et puis plein de rencontres humaines et professionnelles assez incroyables. C'est passé à la vitesse d'un éclair, j'ai l'impression qu'on a créé le groupe hier bien qu'on ait vécu tant de choses et qu'on ait bossé très dur ! Riche en émotions !

Vous avez récemment enregistré avec le collectif " Shoot It " le morceau My Game, un mot sur le choix du morceau et du lieu ? Oui, c'était un très bon moment d'ailleurs ! Le choix du lieu est venu assez naturellement, Orlando est un ami de Mathias ( le guitariste ). Et son salon de coiffure est incroyable, hors du temps, on voulait un lieu atypique, et plein d'histoires. Pour le morceau, on a choisi un titre que l'on pouvait épurer au maximum et arranger pour avoir le moins de matériel possible, et "My game" s'est imposé très vite. Et puis, le texte est en accord avec le scénario et le lieu, l'ambiance. Ca semblait assez évident pour nous.

Comment s'est déroulé l'enregistrement et quelles étaient vos attentes en termes de production, d'orientation ou d'expérimentation sonores ? Nous avons passé 20 jours dans les studios de l'Hacienda, où nous avons fait toutes les prises. On avait joué les morceaux en concert avant pour bien les maîtriser, laisser un peu la technique de côté, et se rapprocher de l'énergie live. Et puis on a testé plein de choses, ajouté un morceau guitare/voix au dernier moment, utilisé les instruments et amplis mis à notre disposition, c'était un peu Disneyland !

L'avenir de Taïni and Strongs ? Dans un futur proche, et bien la sortie de ce 1er album Bang !, que nous allons défendre sur scène toute l'année, à commencer par le Transbordeur, et puis Paris, Toulouse. Un clip aussi à paraître pour ce 1er trimestre, du titre Blackout. Et puis nous travaillons déjà sur un futur disque, nous continuons de composer, d'expérimenter. On trace notre route, on avance, en continuant de gravir les échelons.

Aujourd'hui, la plupart des maisons de disques indépendantes ont disparu, et les majors font à nouveau la pluie et le beau temps. Comment tirer son épingle du jeu lorsqu'on est un groupe lyonnais loin du centre de décisions parisien ?

WWW.SOUNDCLOUD.COM/TAINIANDSTRONGS

Cette question on se la pose régulièrement.. Disons qu'on se bouge, on travaille beaucoup tous les 5, pas seulement sur la musique mais sur tout le reste aussi, le management, le booking, la com, le réseau… On essaye de faire notre place

Entretien — Philippe Deschemin

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FESTIVAL

ELECTR●CH●C WATT'S THE NEWS ? Du 8 mars au 12 avril se tiendra la 9e édition du festival ElectroChoc organisé par la Smac " Les Abattoirs " à Bourgoin-Jallieu ( 38 ). De Black Strobe à Lamb en passant par Alec Empire, tous les plus grands de l'électro-swing au hardcore en passant par le hip-hop sont passés par Les Abattoirs pour faire de ce festival le rendez-vous majeur des amoureux de musique électronique à chaque printemps. Cette année se succéderont des artistes majeurs comme Alan Vega ou Skip&Die ainsi que Flore et WSK. Une programmation comme un électrochoc dans le paysage musical français, vous y serez ? Nous oui !

Stand High Patrol

WARMS UP

EXPOSITIONS

Samedi 8 Mars — Warm Up N° 1

Du 4 au 12 Avril

Vendredi 4 mars

SLAMBOREE DIRTY HONKERS ALICE FRANCIS LITTLE TUNE Salle de l'Isle, L'Isle-d'Abeau (38)

TIM VAN CROMVOIRT LUNAPLANT

BENJAMIN MUZZIN FULL TURN

FRANÇOIS QUÉVILLON DÉRIVES

Vendredi 14 Mars — Warm Up N° 2

KADEBOSTANY DOCTOR FLAKE

La Cordonnerie, Romans-sur-Isère (26)

Samedi 15 Mars — Warm Up N° 3

JACKSON & HIS COMPUTER BAND DEAD HIPPIES ABSTRAXION THE YOUNG GODS Le Fil, Saint-Étienne (42)

WWW.ELECTROCHOC-FESTIVAL.COM

Halle Grenette, centre-ville de Bourgoin-Jallieu (38)

PERFORMANCES

OUVERTURE SALUT C'EST COOL Salle de l'Isle, L'Isle-d'Abeau (38)

SOIRÉE DUB ▼

Samedi 5 mars

STAND HIGH PATROL MURKAGE, ODDATEEE Salle de l'Isle, L'Isle-d'Abeau (38)

PRISM, FLORE & WSK RYU, LOCUS, HIKARIE TANGRAM SHADOW PUPPET Halle Grenette, centre-ville de Bourgoin-Jallieu (38)

ATELIERS

HIP-HOP ▼

Vendredi 11 mars

THE PHARCYDES DJ FOOD, DJ CHEEBA, DJ MONEY SHOT Salle de l'Isle, L'Isle-d'Abeau (38)

DÉGUSTATION SONORE SYNESTHÉSIE MAPPING FINGERS IN THE NOSE Halle Grenette, centre-ville de Bourgoin-Jallieu (38)

CLÔTURE ▼

Samedi 12 avril

ALAN VEGA, SKIP & DIE STUBBORN HEART Salle de l'Isle - L'isle d'Abeau (38)

Par Rudy Boissy

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FESTIVAL

REPERKUS●UND 9e SECOUSSE Du 18 avril au 20 avril, le festival Reperkusound va prendre d'assaut le Double Mixte et en faire trembler les murs pour sa 9e édition. Le festival pourra nous faire swinger avec Parov Stelar Band et nous conduire à la transe avec Hilight Tribe Experience. La house de Boston Bun, le dub de Kaly Live Dub et de Kanka ou encore l'electro-rock de Nasser prendront possession de nos oreilles. Rendez-vous incontournable de la musique électronique, le Reperkusound nous fait parcourir tous les courants qui constituent ce vaste mouvement. La scène locale n'est pas oubliée et le son de Golden Zip ou encore Pethrol résonnera au centre du campus de la Doua ! Parov Stelar Band

VENDREDI 18 AVRIL

SAMEDI 19 AVRIL

THE PAROV STELAR BAND

CAMO & KROOKED

MR OIZO DJ SET

BOSTON BUN

HILIGHT TRIBE EXP.

KLANGKARUSSELL

K.D.S

KANKA SOOM T & ZION HIGH

KLINGANDE LIVE SAX

Electro-swing House

Electro breakbeat

KKC ORCHESTRA Hip-hop electro swing

PETHROL Electro-pop

SCHVEDRANNE Electro, poésie

+ CARTE BLANCHE À ED 'N LEGS MAGDA MARK HENNING MR NÔ LIVE DIANE YOGI Techno, house

Drum & bass

Trance, instrumental

Ragga, steppa dub

VANDAL

Ragga hardtek

WORAKLS LIVE Techno

KALY LIVE DUB Dub

Electro

Live house

Deep house

DJ PONE Electro

AMINE EDGE AND DANCE G-house

FUKKK OFFF Electro techno

FAKEAR

FUNTCASE VIRUS SYNDICATE

Electro-world

AL'TARBA & DJ NIXON

GOLDEN ZIP

SALUT C'EST COOL

+ CARTE BLANCHE À L'ANIMALERIE ANTON SERRA OSTER LAPWASS LUCIO BUKOWSKI

Dubstep

Hip-hop Electro Electroclash

IGORRR DJ SET Breakcore experimental

SCHLAASSS

WWW.REPERKUSOUND.COM

DIMANCHE 20 AVRIL

Rap-punk

Par Rudy Boissy

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NASSER Electro-rock Rock

Hip-hop


I N T E R R O G AT I O N É C R I T E

QUIZZ NOUVELLE GÉNÉRATION Parmi ces édifices, lequel n'a pas été construit par Michel RouxSpitz, notamment architecte dans les années 30 de la Salle des Fêtes de Vaise ( aujourd'hui le TNG ) ? ☐ A — Le Théâtre de la Croix-Rousse ☐ B — L'Hôtel des Postes de Lyon ☐ C — La Halle Tony Garnier ☐ D — L'École Dentaire de Lyon

2

Le bâtiment où se situe le TNG n'a jamais abrité : ☐ A — Un cabinet dentaire ☐ B — Des bains-douches ☐ C — Un gymnase ☐ D — Un restaurant ☐ E — Une crèche

3

De quel pays le directeur du TNG Nino D'Introna est-il originaire ? ☐ A — L'Italie ☐ B — La Namibie ☐ C — La Syldavie

4

À quel type de public les spectacles présentés au TNG s'adressent-ils ? ☐ A — Uniquement un public d'enfants ☐ B — Uniquement un public intergénérationnel ☐ C — Uniquement un public d'adultes

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Trouvez l'intrus parmi les pays représentés pendant le Festival Ré-génération : ☐ A — France ☐ B — Allemagne ☐ C — Belgique ☐ D — Italie

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Trouvez l'intrus parmi les créations mises en scène par Nino d'Introna au TNG : ☐ A — Yaël Tautavel, ou l'enfance de l'art ☐ B — Terres ! ☐ C — Monsieur, Blanchette et le Loup ☐ D — Les Derniers Géants ☐ E — L'A rbre

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Parmi ces auteurs, lequel n'a jamais été mis en scène par Nino D'Introna au TNG ? ☐ A — Stéphane Jaubertie ☐ B — François Place ☐ C — H. G. Wells ☐ D — Lewis Carroll ☐ E — Lise Martin

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Quelles sont les jauges des 2 salles de spectacles du TNG ? ☐ A — 450 places et 90 places ☐ B — 100 places et 20 places ☐ C — 3000 places et 50 places

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Quelle nouveauté le TNG n'a-t-il pas mis en place pour la saison 2013-2014 ? ☐ A — La carte étudiant dernière minute ☐ B — Une visite du théâtre gratuite réservée aux abonnés ☐ C — Une glace rhum-raisins offerte pour toute place achetée ☐ D — Le badge du TNG offert au public Envoyez votre réponse à la question suivante au TNG ( par mail : billetterie@tng-lyon.fr ) et tentez de gagner une des 50 invitations pour 2 personnes pour la création du TNG présentée en mars 2014.

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À quel personnage de conte, le héros de la création présentée au TNG en 2014 fait-il référence ? ☐ A — Peau d'Âne ☐ B — Alice ☐ C — Le Petit Chaperon rouge ☐ D — Blanche Neige

Q U I Z Z É L A B O R É E N PA R T E N A R I AT AV E C LE THÉÂTRE NOUVELLE GÉNÉRATION

WWW.TNG-LYON.FR 1C – 2D – 3A – 4B– 5C – 6C – 7D – 8A - 9C

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LA SÉLECTION INCONTOURNABLE Voici notre sélection incontournable, une nourriture pour l'esprit et les sens. Un florilège de bonnes choses à lire, à écouter et à voir. De belles et bonnes choses au sens athénien du terme : le Beau est ce qui accomplit au mieux sa fonction. Une sélection pour vous proposer d'autres perspectives et vous fêler amoureusement le crâne afin d'y laisser entrer la lumière. Nous avons fait le choix d'inclure dans cette rubrique des ouvrages et créations sans pour autant y adjoindre de notes. Au fond, il nous semble superficiel de vouloir expliquer notre choix. La présence de ces œuvres dans ces pages est une explication qui selon nous se suffit à elle-même. À vous de faire le reste du chemin pour découvrir cette sélection, sans oublier que ce ne sont là que des propositions. Philippe Deschemin

LIVRES

LES CANTOS EZRA POUND POÉSIE

Éd. Flammarion

PASOLINI ULTIMA INTERVISTA ENTRE TIEN

Ed. Allia

LA FAIM KNUT HAMSUN ROMAN

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LA SÉLECTION INCONTOURNABLE

LIVRES

LES EN-DEHORS ANNE STEINER DOCUMENT

Éd. L'échappée

GUERRE DE MOUVEMENT ET GUERRE DE POSITION ANTONIO GRAMSCI ESSAI

Éd. La fabrique

RADICALITÉ, 20 PENSEURS VRAIMENT CRITIQUES DOCUMENT

Éd. L'échappée

LE PROBLÈME DE L'ALIÉNATION OUSMANE SARR Éd. L'harmattan

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LA SÉLECTION INCONTOURNABLE

BD & GRAPHISME

CUBA GRAPHICA RÉGIS LÉGER DOCUMENT GRAPHIQUE

Éd. Des ronds dans l'O

FLASH KOTLAREK & JEF BANDE DESSINÉE

Éd. Tanabis

LA PLANÈTE DES SINGES GREGORY & MAGNO BANDE DESSINÉE

Éd. Emmanuel Proust

LA VENGEANCE DU COMTE SKARBEK SENTE ET ROZINSKI BANDE DESSINÉE

Éd. Dargaud


LA SÉLECTION INCONTOURNABLE

DISQUES

NAO III ELECTRO- ROCK- IND US

Jarring Effects

PETHROL GOLDEN MEAN EP. POP- E LE CTRO

JFX Lab

POIL BROSSAKLIT ROCK

Dur et Doux

IN SOLITUDE SISTER HEAVY- ROCK

Metal Blade

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LA SÉLECTION INCONTOURNABLE

DOCUMENTAIRES

LE SYSTÈME OCTOGON JEAN-MICHEL MEURICE Anthracite

2011

HOWARD ZINN, UNE HISTOIRE POPULAIRE AMÉRICAINE OLIVIER AZAM DANIEL MERMET Soutenez le projet sur lesmutins.org

LE MONDE SELON MONSANTO MARIE-MONIQUE ROBIN 2008

DE LA SERVITUDE MODERNE VICTOR LEÓN FUENTES Diffusion libre et gratuite

2007


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LE COIN DES

C▲DE▲UX 5

ALBUMS CD Re-découvrez le Requiem de Fauré, dans une version inédite pour quintette de cuivres, chœur et orgue par les Chœurs et Solistes de Lyon - Bernard têtu.

3

ROMANS Le cercle La Boétie vous offre trois romans de Philippe Deschemin, Contoyen.

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X 2 PLACES DE CONCERT En partenariat avec Mediatone productions, pour le concert de Jabberwocky le 20 mars au Ninkasi Kao.

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D I V I N AT I O N

H●R●SC●PE GARANTI ! BÉLIER Vous n'aimez pas les aiguilles, mais

SAGITTAIRE Quand vous allez passer

vous n'échapperez pas au vaccin de la tuberculose obligatoire depuis le 9 avril 1949.

devant le Panthéon de Paris, le nom de Jean Jaurès vous viendra à l'esprit. C'est normal, ses cendres ont été transférées au Panthéon le 23 novembre 1924.

TAUREAU Vous êtes épuisé, il est urgent de se reposer.

CAPRICORNE Amis lyonnais et

Heureusement depuis le 1er mai 1933, il est obligatoire de fêter le travail. Profitez-en pour vous tourner les pouces.

GÉMEAUX Bravo, vous arrivez à lire cet horoscope,

parisiens. Au TOP, synchronisation des montres ! Le 1er janvier 1890, il a été décidé de régler les horloges publiques de Lyon sur l'heure de Paris.

vous avez donc profité de l'enseignement primaire obligatoire et de sa gratuité, loi mise en place le 16 juin 1881.

VERSEAU Arrêtez de vous inquiéter, vous ne manquerez pas de savon et ce malgré l'émeute du 13 février 1844 à la Guillotière ( Lyon ) contre l'ouverture d'une fabrique de savon, supposée dangereuse pour la santé publique.

CANCER Vous avez une terrible envie de croisière et vous habitez en Haute-Savoie. Alors profitez du service de navigation publique et des croisières du lac d'A nnecy qui débuta le 12 juillet 1840.

POISSON Comme tous les matins vous êtes pressé et courez dans les rues de Lyon. Mais faites attention à ne pas trébucher en montant le trottoir, dont les premiers furent établis suite au traité entre le maire et la compagnie Pelletreau le 15 mars 1841.

LION Dans ce climat d'interdiction, vous craignez de ne plus avoir vos prévisions. Mais ne vous inquiétez pas, la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse est encore d'actualité.

Divination — Rudy Boissy Illustration — Poisson, Carolina Espinosa

VIERGE Vous aussi, vous avez besoin de repos. C'est l'occasion de se remémorer la date du 2 septembre 1906, date de la première application à Lyon de la loi sur le repos hebdomadaire.

BALANCE Si vous êtes sur Lyon, il est possible qu'il vous prenne l'envie d'aller chercher du lait à Bellecour. Ne vous inquiétez pas, c'est juste une émanation historique quand le 3 octobre 1871, le fermier du Parc de la Tête d'Or commença la construction d'un chalet afin d'y abriter les vaches laitières pendant l'hiver.

SCORPION Amis chambériens, si vous avez un coup de chaud, c'est certainement dû au souvenir de l'incendie place Metropole le 1er novembre 1904.

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Un roman de Philippe Deschemin

Préfacé par Normand Baillargeon

Un roman réussi comme l'est justement celui-ci présente de remarquables similitudes avec ce que les philosophes appellent des " expériences de pensée ".

Suivre Dimitri, antihéros solitaire dans ce troupeau de consommateurs, est une véritable jubilation. Malheureusement, il est trop facile de s'identifier à ce personnage, preuve que Philippe Deschemin a su cerner avec maîtrise tout un pan de notre société. Contoyen est l'utopie de ceux qui " préfèrent ne pas savoir ".

— Normand Baillargeon

Essayiste, professeur en sciences de l'éducation à l'Université du Québec à Montréal.

— Hector Degossen Écrivain et journaliste.


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