CATALOGUE 21

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LIVRES ANCIENS N° 1

GEO R GE AN SO N

4 500 €

VOYAGE AUTOUR DU MONDE, FAIT DANS LES ANNÉES MDCCXL, I, II, III, IV… À Amsterdam et à Lepizig, Arkstee & Merkus, 1749. 1 vol. (258 x 204 mm) de 4 ff., xvi, 333 pp. et 1 f., 34 vues, cartes et plans dépliants hors texte ; veau marbré, dos à nerfs orné de filets et fleurons dorés, filets sur les coupes, tr. rouges (Reliure de l’époque). Édition originale de la traduction française. Commodore du HMS Centurion, George Anson quitte le port de Plymouth le 18 septembre 1740, à la tête d!une escadre de sept navires : un vaisseau de ligne, trois frégates, un sloop et deux navires de transport. Deux mille hommes sont à ses côtés, pour une expédition contre les établissements espagnols de la côte occidentale de l!Amérique du Sud. Sa circumnavigation dura trois ans et neuf mois : si elle fut un désastre sur le plan humain, puisque 188 marins revinrent à bord du seul Centurion, le retour fut triomphal : un trésor de plus 400 000 livres et des batailles navales de grand prestige valurent au Commodore un succès populaire et politique. La relation du voyage eut une influence considérable ; elle est richement illustrée, entre autres, d!une planisphère inédite de Nicolas Bellin, de vues peu courantes à l!époque (Patagonie, Philippines ou de scènes de batailles navales. Elle ne sera éclipsée que les voyages de Cook, trente ans plus tard, et eut également une incidence toute littéraire, puisque les passages sur les îles au large du Chili servirent de modèle à Jean-Jacques Rousseau pour sa Nouvelle Héloïse et le personnage de Saint-Preux : « J!ai séjourné trois mois dans une île déserte et délicieuse, douce et touchante image de l!antique beauté de la nature, et qui semble être confinée au bout du monde pour y servir d!asile à l!innocence et à l!amour persécutés » : il s!agit de l!île Juan Fernandez, précisemment décrite par Anson, dont la narration enchanteresse inspira à Rousseau l!itinéraire imaginaire de Saint-Preux. C!est sur cette île qu!en 1705 fut abandonné Alexandre Selkirk. Il y resta quatre ans, et son modèle inspira à Defoe son Robinson Crusoé. Bel exemplaire, complet. Légères restaurations anciennes aux coiffes et coins. Chadenat, 4707 ; Sabin, 1637 ; Borba de Moraes, I, 38.

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N° 2

ABB É GR ÉG OI RE

250 €

RAPPORT SUR LA BIBLIOGRAPHIE Paris, De l'Imprimerie nationale, [sept. 1794]. 1 brochure (130 x 210 mm) de 16 pp., non rognée. Édition originale. Document d!un grand intérêt sur le devenir du patrimoine français sous la Révolution. En 1794, chargé par le Comité d!instruction publique, l!abbé Henri Grégoire est le premier à dresser un état des lieux du grand chantier lancé trois ans plus tôt par Lefèvre d'Ormesson : rien moins que d!établir une Bibliographie générale de la France qui recenserait non seulement les documents déjà présents dans les dépôts mais aussi ceux confisqués aux ennemis de la nouvelle République. Maintes fois réédité au cours du XIXème siècle, ce rapport reste le premier témoignage d!une rationalisation de l!inventaire des bibliothèques et de leur fond.

N° 3

MI GU EL DE C ER VAN TÈS

2 500 €

DON QUICHOTTE DE LA MANCHE

Paris, Didot l'aîné, an VII [1799]. 6 volumes (150 x 90 mm), maroquin aubergine, dos à nerfs ornés de fleurons, filets dorés et dentelle à froid, plats ornés d’un double filet d’encadrement doré, dentelle dorée et à froid, dentelle intérieure et tranches dorées, dentelle dorée aux angles des coupes (Reliures signées de Simier R. du roi), étui bordé de maroquin brun, doublure de filets dorés et couronne d’Espagne sur la face supérieure.

Élégant Don Quichotte imprimé par Didot. Exemplaire sur grand papier vélin avec les figures avant la lettre : 24 hors-texte dessinés par Lebarbier gravées par Dambrun, Coiny, Halbou, Masquelier, Godefroy et Gaucher. Première traduction de Florian. Exemplaire du président de la République Georges Pompidou, grand collectionneur dont la bibliothèque recèlait de nombreux ouvrages précieux. Reçu à l!École normale supérieure en 1931, professeur au lycée Henri-IV où il est chargé de classes de lettres supérieures, Georges Pompidou entra en politique sans jamais renier ses premières amours. Au questionnaire de Proust, « Si vous n!étiez pas vous même, qui aimeriez-vous être ? » il répondit, « un écrivain ». À défaut il aura laissé ce que tout grand lecteur se devrait d!établir, un catalogue de ses préférences littéraires dans son Anthologie de la poésie française parue en 1961.

Très bel exemplaire, plats éclatants et dos légèrement éclaircis. Provenance : Miguel Mateu (ex-libris gravé), maire de Barcelone, ambassadeur d'Espagne à Paris, et président des Beaux-Arts de Barcelone [l’étui a été réalisé sans doute sur commande de ce dernier et établi par Brugalla. Ce relieur catalan est considéré comme le plus grand relieur espagnol moderne ; il a exercé entre les années 30 et 60] ; Georges Pompidou (ex-libris). Sander, 325 ; Rahir, 360, « jolie édition » ; Cohen, 220 ; Brunet, 1751.

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N° 4

JU L ES C ESA R

3 500 €

C. IVLII CÆSARIS QUÆ EXSTANT, (...) EDITIO ADORNATA OPERA & STUDIO GOTHOFREDI IVNGERMANI LIPSIENSIS

Francfort, Claude Marnis & héritiers de Jean Aubry, 1606. 2 parties en 1 vol. (172 x 242 mm) de (16), 450 pp., (20), (1) et (8), 579 pp. et 1 f., plein maroquin brun semé de fleurs de lys, dentelle d’encadrement dorée sur les plats, grandes armes dorées au centre, toutes tranches dorées (Reliure de l’époque). Célèbre édition en latin et en grec de la Guerre Gallique de Ce!sar, iIlustrée de trois cartes dépliantes, (Empire romain, Gaule et Espagne). Elle est « très estimée à cause des notes et de la traduction grecque qui y est présentée pour la première fois » (Graesse). Cette version est établie en 1606 par Godefroy Jungerman dont Jaucourt, dans une rubrique de l!Encyclope"die, signalera l!originalite" (IX, p. 380), en partie pour le texte latin assorti d!une traduction en grec, l!ensemble e"tant pre"sente" sur deux colonnes et de"die" a# Paul Petau - père de Denis Petau, (cf. n°10) : c!est de la bibliothe#que de ce dernier que provient un précieux exemplaire de la traduction originale en grec qui servit à établir l!édition. La seconde partie, quant à elle, réunit l!ensemble des commentateurs et annotateurs ayant écrit sur l!œuvre de César. À la suite des figures sur bois qui illustrent l!ouvrage (constructions, faune, ouvrages militaires), Jean Courtin a dessiné sur le feuillet blanc, à la plume, le fameux Pont sur le Rhin de César, dont la méthode de construction est précisée dans l!ouvrage (IV, 17) : en 55 avant J.-C., les légions de l!empereur ont construit un pont pour passer le Rhin et agrandir l!Empire romain. Aujourd!hui encore, son exacte localisation reste imprécise.

Précieux exemplaire aux grandes armes de France et de Louis XIII. La première garde est enrichie d!une grande mention de prix pour Jean Courtin, reçue au Collège de Clermont en 1636. Ce lieu d!enseignement fut, depuis sa création en 1564, l!un des plus renommés du France, et le premier établissement d!instruction jésuite, seulement égalé dans son prestige par celui de la Flèche. Plusieurs fois fermé au gré des interdictions et persécutions dont furent victimes les jésuites, il reçut en 1670 le patronnage officiel de Louis XIV : le Collegium Ludovici Magni, futur lycée Louis-le-Grand, était né. Cette année 1636 - l!année même où Corneille publiait son Cid - voit l!arrivée à Clermont d!un jeune homme de quatorze ans : le jeune Molière, Jean-Baptiste Poquelin y passera cinq années (jusqu!en à 1641) en qualité d!externe. Légères épidermures, des rousseurs interieures. Sinon, très bel exemplaire. Brunet, 1453, « édition recherchée » ; Graesse, V,-7.

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N° 5

CH AR L ES-J EAN DE C OM BL ES

800 €

TRAITÉ DE LA CULTURE DES PÊCHERS Paris, Antoine Boudet, 1745. 1 vol. (100 x 170 mm) de xi et 163 pp., basane tachetée, dos à nerfs orné de filets dorés, pièce de titre, fleurons dorés (Reliure de l'époque). Édition originale rare. De Combles entama sa carrière de jardinier amateur lors d!un séjour de jeunesse à Naples, puis se spécialisa rapidement dans la culture des arbres fruitiers. Revenu en France, il publie cet ouvrage à une époque où le sujet n!attirait encore que peu d!amateurs. Élargissant son sujet au potager tout entier il fera paraître l!École du jardin potager ou l!art de cultiver toutes les plantes potagères (1749), l!un des plus importants traité du XVIIème siècle sur la culture des légumes. Son Traité de la culture des pêchers est le premier consacré à cet arbre fruitier et énumère variétés et techniques ; annoncé au sommaire de L!École du jardin potager, il n!y figurera pas et connaîtra une réédition en 1750, puis en 1770. L!édition originale est loin d!être commune et manque à de nombreux fonds. Barbier, III, 755 ; DBF, IX, 374 ; Oberlé, Fastes, 621, Hunt, Botanical, 544 ; Cioranesco, 20278.

N° 6

HEN R I DU HA ME L DU MO N CE AU MATH IE U TIL L ET

900 €

HISTOIRE D'UN INSECTE QUI DÉVORE LES GRAINS DE L'ANGOUMOIS Paris, Guérin, 1762. 1 vol. (165 x 105 mm) de 3 ff. de table et 314 pp., veau marbré, dos à nerfs orné de filets et fleurons dorés (Reliure de l'époque). Édition originale. Mémoire rédigé par les deux agronomes Henri Duhamel du Monceau et Mathieu Tillet, dépéchés en angoumois pour étudier l!insecte connu aujourd!hui sous le nom d!Alucite des céréales, découvertdans cette région vers 1750 et qui ravageait les récoltes de grains. Divisée en trois chapitres (description, multiplication, extermination), l!édition est illustrée de trois planches dépliantes. Le style de cet ouvrage est typique de la méthode scientifique du XVIIIème siècle, mais le sujet est universel : comment se débarasser d!un parasite dont la prolifération remet en cause l!équilibre économique d!une province et menace ses voisines ? Les deux chercheurs nous font partager leur démarche. Suivons-les dans les champs de blé de l!Angoumois à la chasse aux Alucites qui s!annonce intraitable, car « Ce n!est point un mal imaginaire dont les progrès soient incertains ; c!est un fléau qui dévore tous les ans les moissons après avoir laissé appercevoir les plus belles espérances ». Après dix-huit mois de relevés, d!études et d!essais, les deux scientifiques viendront à bout du fléau. Quérard, 474 ; Frauendorfer, Bibliographic tools in agriculture, n° 199 ; DSB, IV-223 et XIII-411 (auteurs).

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N° 7

LA B RU Y ÈR E

1 400 €

LES CARACTÈRES Paris, Michallet, à l’image de Saint-Paul, 1688. 1 vol. (150 x 105 mm) de 30 ff., 308 pp., 2 ff. (privilège et errata), vélin à rabats, dos lisse, titre à froid (Reliure moderne à l’imitation). Deuxième édition des Caractères, publiée la même année que l’originale, très rare (5 exemplaires connus du deuxième état, un seul du premier), qui « n'offre que quelques légers changements » (Brunet) Elle connut deux tirages, cellui-ci est bien le premier qui « se reconnaît à l'enseigne du libraire, désignée au titre "à l'image de Saint-Paul" au lieu de " à l'enseigne de Saint-Paul" (…) » et par la présence d’un feuillet d’errata, bien présent en fin à la suite du privilège, qui remplace le feuillet blanc du précédent tirage : il corrige quelques fautes des 418 Caractères. Tchemerzine, VI, 312 ; Rochebilière, 611 ; Brunet III : 720.

N° 8

JEAN DE L A FO N TAIN E CONTES ET NOUVELLES EN VERS

6 000 €

Paris, Louis Billaine, 1669. 1 vol. (95 x 168 mm) de 6 ff. et 249 pp., maroquin rouge, dos à nerfs orné de fleurons dorés, plats à la Du Seuil, dentelle intérieure (Reliure fin XIXème). Rare édition, partagée entre Barbin, Billaine et Denys Thierry. Elle contient trois nouvelles pièces qui avaient seulement parues, en 1667, dans le Recueil contenant plusieurs Discours... Il s'agit de L'Hermite, Mazet de Lamporechio, de Frères de Catalogne. A ces contes, s'ajoute le fragment de la Coupe enchantée. On y trouve enfin la Dissertation sur la Joconde de Boileau. L’exemplairee contient bien, page 119, les deux vers "obscènes" qui furent ajoutés à La Servante justifiée et qui manquent très souvent. Lorsqu’il publia le premier tome de ses Contes, La Fontaine prévoyait qu'on lui reprocherait leur esprit licencieux ; « la nature du Conte le voulait ainsi » se défendait-il et, se référant à ses maîtres, il affirmait que vouloir « réduire Boccace à la même pudeur que Virgile» n'aurait pas de sens puisqu'en «matière de vers et de prose, l'extrême pudeur et la bienséance sont deux choses bien différentes.»

Bel exemplaire, grand de marges, ayant appartenu à Aristide Briand qui l’a acquis en 1913 (ex-libris manuscrit daté, répété en fin au dernier feuillet). Il est alors Président du Conseil, d’abord sous la présidence de Fallières, puis sous celle de Poincaré : il occupera cette fonction onze fois - un record - et sera vingt fois ministre ; il recevra en 1926 le Prix Nobel de la paix (avec Gustav Stresemann) en 1926 après les accords de Locarno. Rochambeau p. 507, 14; Tchemerzine, VI, 372.

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N° 9

12 500 € BL AIS E P ASC AL LES PROVINCIALES OU LES LETTRES ESCRITES PAR LOUIS DE MONTALTE, À UN PROVINCIAL DE SES AMIS Cologne [Paris], Pierre de la Vallée, 1656-1657. 1 vol. (170 x 230 mm), veau brun,dos à nerfs richement orné de filets et fleurons dorés, tr. marbrées (Reliure de l’époque). Édition originale. Réunion complète des 18 lettres publiées séparément et réunies sous un titre général. Est relié à la suite l!Apologie pour les casuistes contre la calomnie des jansénistes. Très bel exemplaire en reliure du temps, avec les bonnes caractéristiques : le titre général et les trois feuillets dAdvertissement sont en premier tirage ; la 17ème lettre est en huit pages. comme il se doit (le deuxième tirage est en 12 pages), et l!exemplaire contient la Réfutation de la réponse à la douzième lettre qui fait souvent défaut. Prenant la défense d!Antoine Arnauld, janséniste accusé comme tel par la Sorbonne, Pascal publia anonymement sous le pseudonyme de Louis de Montalte sa première Lettre le 23 janvier 1656 ; à sa suite, ce seront dix-sept autres qui seront publiées, chez des éditeurs différents et à un nombre aléatoire d!exemplaires, certaines à très grand nombre (près de dix mille), la plupart distribués gratuitement. « Adressées -- du moins les premières -- à un provincial fictif, traitant à la fois des conflits du moment entre Port-Royal et ses adversaires et des problèmes généraux de la grâce et de la morale chrétienne... [les lettres] ont été mises en circulation une à une, anonymement et clandestinement, de janvier 1656 à mai 1657 ». En adressant la douzième lettre de ses Provinciales aux Pères Jésuites, dogmatiques si il en est, et peu chrétiens par -là même, Pascal, qui depuis qu!il s!est retranché d!une orthodoxie abhorrée, est devenu pour eux l!ennenmi juré. Dans cette lettre datée du 9 septembre 1656, il décline tous les chefs d!accusation que les pères ont amoncellé sur sa pauvre tête.

« .Mes Révérends Pères, J!étais prêt à vous écrire sur le sujet des injures que vous me dites depuis si longtemps dans vos écrits, où vous m!appelez impie, bouffon, ignorant, farceur, imposteur, calomniateur, fourbe, hérétique, calviniste déguisé, disciple de Du Moulin, possédé d!une légion de diables, et tout ce qu!il vous plaît. Je voulais faire entendre au monde pourquoi vous me traitez de la sorte, car je serais fâché qu!on crût tout cela de moi; et j!avais résolu de me plaindre de vos calomnies et de vos impostures, lorsque j!ai vu vos réponses, où vous m!en accusez moi-même

Pascal laissa réunir les feuillets non vendus en un recueil auquel on ajouta un titre et un Avertissement de 3 ff., qui connurent plusieurs tirages. Ces Lettres rencontrèrent un vif succès et firent de l!ensemble « l!ouvrage le plus lu à son époque : les Provinciales ont contribué à imposer un art d!écrire classique ».

Charnière inférieure du premier plat fendue sur 1 cm, sinon bel exemplaire. Rare dans cette condition avec toutes les caractéristiques du premier tirage. La Rochebilière, 110 ; Tchemerzine-Scheler, V-62 et sq. ; Basse, bulletin du bibliophile, 1870, pp. 68-69 ; En français dans le texte, 96 ; Printing and the Mind of Man, n° 140.

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N° 10

2 400 €

DEN IS P E TAU DIONYSII PETAVII AURELIANENSIS,

E SOCIETATE JESU THEOLOGI, RATIONARIUM TEMPORUM : IN

PARTES DUAS, LIBROS TREDECIM DISTRIBUTUM

Paris, Sebastien Cramoisy, 1636. 1 vol. (110 x 179 mm) de 16 + 48 (De Photino Haeretico) + 701 + 99 + 8 + 307 (pages 305, 306, 307 mal ch.) + 10 (index) ; plein veau, frise doree encadrant les plats ornés d’un semis de fleur de lys doré alterné du chiffre L couronné, armoiries au centre, dos à nerfs de même décor, roulette doreée courant sur les coupes, toutes tranches dorées (Reliure de l’epoque). Troisième édition de cet « excellent abrégé historique qui a eu de nombreuses éditions » (Hoefer). Exemplaire aux grandes armes de Louis XIII, Roi de France. Denis Pétau est alors en charge de la Bibliothèque Royale. Après de brillantes études dans sa ville natale d!Orléans - où son père, riche antiquaire, possédait une merveilleuse collection de livres, il gagne la Faculté des arts de Paris et soutient une thèse pour le titre de maître ès Arts en grec ancien. À la Sorbonne, il se lie d!amitié avec Isaac Casaubon, alors bibliothécaire du roi, qui lui donne accès à de précieux manuscrits grecs conservés à la Bibliothèque Royale. Il rejoint la Société de Jésus en 1605 et enseigne à La Flèche à partir de 1613 puis au Collège de Clermont (cf. n°4) où « il enseigne la théologie dogmatique avec une réputation extraordinaire » (Sommervogel), avant d!obtenir, en 1623, la charge de bibliothécaire du roi, succédant à Fronton du Duc. Il met un terme à ses cours lorsqu!il atteint l!âge de 60 ans et consacre le reste de sa vie à la composition de son grand œuvre, la Dogmata theologica. Pétau était l!un des hommes les plus érudits de son temps, reprenant et prolongeant les recherches chronologiques de Joseph Juste Scaliger. Il fit paraître en 1627 sur ces questions un Opus de doctrina temporum, réédité plusieurs fois par la suite. Ce Rationarium temporum en est la version abrégée ; elle fera autorité pendant plus de deux siècles et sera traduite en français, italien et en anglais, réimprimée jusqu!en 1849. Exemplaire d’une grande fraîcheur. Sommervogel, VI-29, 599 et 31-603 ; Graesse V, 218.

N° 11

JEAN -J AC QU ES R O US SE AU JEAN L E RO N D D'AL EM BE RT

1 800 €

À MR. D'ALEMBERT […] SUR SON ARTICLE, SUR LE PROJET D'ÉTABLIR UN THÉÂTRE DE COMÉDIE … LETTRE DE D'ALEMBERT À M. J. J. ROUSSEAU, SUR L'ARTICLE GENÈVE […]

À Amsterdam, chez Marc Michel Rey, 1758. XVIII-264 pp, et (8) pp. (avis, errata et catalogue) [suivi de] Amsterdam, chez Zacharie Chatelain, 1759. 156 pp. ; basane marbrée, dos lisse orné de filets et fleurons dorés, pièce de titre de maroquin prune, filets sur les coupes, tr. marbrées (Reliure de l’époque). Éditions originales de la Lettre à d!Alembert et de la Réponse de ce dernier. L!article Genève par d'Alembert, qui paraît dans le tome VII de l!Encyclopédie en octobre 1757, marque une rupture dans le « front des philosophes ». Depuis Calvin, le théâtre est interdit à Genève et d!Alembert souhaite voir cette interdiction levée. Rousseau exprime son désaccord : selon lui, la tragédie est condamnable, parce qu!elle excite les passions, tout autant que la comédie qui ridiculise la vertu. « Quant à l!espèce des spectacles, c!est nécessairement le plaisir qu!ils donnent, et non leur utilité, qui la détermine. Si l!utilité peut s!y trouver, à la bonne heure ; mais l!objet principal est de plaire, et, pourvu que le peuple s!amuse, cet objet est assez rempli […] Un peuple féroce et bouillant veut du sang, des combats, des passions atroces. Un peuple voluptueux veut de la musique et des danses. Un peuple galant veut de l!amour de la politesse. Un peuple badin veut de la plaisanterie et du ridicule. Trahit sua quemque voluptas. Il faut, pour leur plaire, des spectacles qui favorisent leurs penchants, au lieu qu!il en faudrait qui les modérassent ». Bel exemplaire en reliure du temps. Tchemerzine V, 535Dufour, 77 (collation erronée) ; Gagnebin V, p. 1812.

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N° 12

JAC QU E S TIM EN T S AVAR Y

1 300 €

ALBUM DIANÆ LEPORIDÆ, SIVE VENATIONIS LEPORINÆ LEGES... Cadomi [Caen], Claude Le Blanc, 1655. 1 vol. (140 x 85 mm) de 12 ff., 105 pp. ; [SUIVI DE] Venatio vulpina et Melina. Ibid, 1658, 12 pp. ; veau blond, dos a petits nerfs richement orne, filets d'encadrement dores sur les plats, dentelle interieure (Reliure moderne a l'imitation). Unique e"dition de ce petit poe#me en sept chants, sur la chasse au lie#vre, compose" en latin dapre#s les pre"ceptes de Du Fouilloux ; il est pre"ce"de" d!un dictionnaire latin-franc$ais de termes cyge"ne"tiques. Son auteur, caennais, e"tait un habile versificateur qui laissa nombre de vers latins. « Sa passion pour la chasse du lie#vre lui fit nai$tre le dessein d!en faire un poe#me...» puis, trois ans plus tard, un autre sur la chasse du renard et de la fouine ; cette dernie#re Venatio Vulpina et Melina, est qualifie"e de pie#ce rare par Brunet. Il donnera plusieurs œuvres de ce type, « poèmes didactiques, dans lesquels il y a beaucoup d!inventions, sont forts rares et recherchés des amateurs » (Lebreton, bibliographie normande, p. 418). Thiebaud 831 ; Oberle, Fastes ; Brunet, 8498 et 8499, "piece rare" ; Huet, origines de Caen, p. 12.

N° 13

OL IV IER DE SE RR ES

7 000 €

LE THEATRE D'AGRICULTURE OU MESNAGE DES CHAMPS... Paris, Abraham Saugrain, 1615. 1 vol. (170 x 240 mm) de 13 ff., 907 pp. et 13 ff. de table, veau sombre, dos à nerfs orné de filets et fleurons dorés, armes sur les plats, tr. mouchetées (Reliure de l’époque). Sixième édition, augmentée et revue par l!auteur : c!est la dernie#re a# laquelle il prit part puisqu!il décède en juillet 1619 (l!édition de 1617 n!est qu!une réimpression, et celle de 1619 est trop fautive pour avoir été revue par Olivier de Serres). Divise" en 8 parties, l!ouvrage traite de la culture de la terre, de la vigne, du ble", du be"tail et de la volaille, du jardin potager et fruitier, et enfin de l!usage des aliments et des recettes pour les agre"menter. Cette e"dition est, avec la premie#re (1600), “une des plus estime"es” (Vicaire). Elle est illustre"e d!un magnifique titre-frontispice, de 15 gravures sur bois (jardins et parterres), de 8 vignettes de chapitre et d!une planche de"pliante, que les nombreuses e"ditions successives, plus d!une vingtaine, ne reprennent toutes pas. C!est à soixante ans, apre#s avoir exploite" me"thodiquement son domaine du Pradel, qu!Olivier de Serres fait parai%tre un petit ouvrage sur la culture des vers a# soie. C!est ainsi qu!Henri IV l!appelle aupre#s de lui pour mettre en place l!une des grandes entreprises e"conomiques de son re#gne consistant a# planter d!immenses quantite"s de mu%riers. Devenu conseiller royal a# 60 ans, Serres re"unit alors dans son The"a$tre d!agriculture les fruits de son expe"rience, et y prodigue un vaste enseignement inconnu jusqu!alors «. La prose de Serres, dans le sillage de Montaigne et de Saint-Franc%ois de Sales, est claire et belle. Le titre du The"a$tre d!Agriculture, compse" de deux groupes de mots usuels unis de fac%on heureuse et inattendue, de"note une haute maitrise de la langue. » (Pierre Be!re"s in En Franc%ais dans le texte). De la bibliotheque du Chateau de la Roche-Guyon (cachet sur la page de titre) et La Rochefoucauld (armes sur les plats) ; Vente Sotheby's Monaco, 1982, n° 874 ; En francais dans le texte, 79 ; Thiebaud, 841 ; Vicaire, 789 ; Bitting, p. 430, " the masterful summary of agricultural knowledge at that time " ; Oberle, 612, " veritable monument digne de l'homme qui fut proclame le patriarche de l'agriculture francaise".

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N° 14

JOS EP H P ITTO N D E T OU R NE F OR T

4 000 €

RELATION D'UN VOYAGE DU LEVANT Paris, Imprimerie royale, 1717. 2 vol. (250 x 185 mm) de 8 ff.n.ch., 544 pp., 1 ff.n.ch., 526 pp., 20 ff. de table, veau marbré, dos à nerfs ornés de fleurons dorés, tr. marbrées (Reliure de l'époque). Édition originale. 152 planches, dont 5 doubles, dessinées par Claude Abriet. Cinquante sont conacrées aux plantes, les autres aux costumes, animaux et vues de villes et paysages. Célèbre botaniste français, Tournefort reçut, du roi Louis XIV, lordre de se rendre au Levant et en Afrique. Il quitta donc Paris le 9 mars 1700, accompagné d!un dessinateur (Abriet) et d!un jeune médecin allemand (Andreas Gundelsheimer). Rédigé sous forme de XXII lettres adressées au comte de Pontchartrain, la relation contient de précieux renseignements sur l!histoire, les mœurs, le commerce et la religion des peuples visités par Tournefort, aisni que la description d!un grand nombre de plantes rares, des animaux et autres curiosités touchant l!histoire naturelle : 1 356 plantes inédites et 25 genres nouveaux viennent compléter et enrichir l!inventaire du monde vivant. Blackmer 1318 ; Pritzel 9426 ; Nissen ZBI 4154 ; Brunet V, 903.

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LIVRES MODERNES

N° 15

JOS EP H AC E RB I

1 000 €

TRAVELS THROUGH SWEDEN FINLAND AND LAPLAND TO THE NORTH CAPE IN THE YEARS 1798 AND 1799

London, printed for J. Mawman, 1802. 2 vol. (290 x 230 mm) de XXIV pp., 396 pp. ; VIII pp., 380 pp., 16 pl. + 1 carte dépliante, 12 pp., avec pl. de musique, demi-maroquin rouge, dos lisses, titres dorés (Reliure de l’époque). Édition originale. Remarquables illustrations hors texte, dont cinq en couleurs. Explorateur, naturaliste et archéologue, Giuseppe Acerbi visite en 1798 la Suède, la Finlande, la Laponie et le cap Nord. Il est accompagné de Bernardo Bellotti, fils d’un banquier de Brescia, et d’un colonel suédois, Skioldebrand ; un paysagiste, un météorologue, un médecin, un entomologiste et un botaniste achèvent de former l’équipe. Acerbi devient ainsi le premier voyageur italien à pénétrer en Laponie jusqu’au Cap Nord. Parmi les multiples intérêts du récit, signalons qu’il est le premier voyageur à décrire le sauna finlandais ; il s’agit ici de la plus ancienne représentation imagée. Le volume, qui paraît en anglais, sera traduit en allemand, italien et français. Quelques accrocs aux charnières et coins, légères rousseurs éparses, mais bon exemplaire.

N° 16

400 € HAN S AN DE RS EN IMAGES DE LA LUNE, OU LE LIVRE D'IMAGES SANS IMAGES Paris, Maximilien Vox, Union Bibliophile de France, 1942. 1 vol. (200 x 145 mm) de 156 pp., en ff., sous étui-chemise papier de l’éditeur. Un des quelques exemplaires hors commerce, justifié et signé « exemplaire d’artiste » par l’éditeur. Trente aquatintes ou eaux-fortes originales d’Alexeieff et une présentation de Pierre Mac Orlan. Sans doute la plus populaire de toutes les œuvres d’Andersen, le Livre d’images sans images est constitué d’une suite d’entretiens de l’auteur avec la lune : celle-ci vient rendre visite chaque soir au poète et lui raconte les paysages et les contes vus et entendus pendant son “tour de terre”, des Indes aux ruines de Pompéi, des rives du Gange à celles du fleuve Jaune, des déserts blanc du Grœnland à ceux ensablés du Sahara : « Peins ce que je te raconte, dit-elle, et tu auras un beau livre d’images. » Andersen a suivi le conseil et rédige une série de tableaux pleins de chaleur et de couleurs au charme étrange et doux, sublimés ici par les illustrations d’Alexeïeff. Monod, 246.

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N° 17

8 000 € GU IL L AU ME A PO L L IN AI RE ALCOOLS Paris, Mercure de France, 1913. 1 vol. (124 x 184 mm) de 200 pp., maroquin noir, dos à nerfs, titre doré, date en pied, tête dorée, étui bordé, premier plat de couv. cons. (Reliure signée de Patrice Goy). Édition originale. Exemplaire du service de presse avec le poinçon du Mercure de France. Envoi signé :

Corrections autographes de l’auteur, comme il se doit, aux pages 71, 77, 92 et 189. Primitivement intitulé Eau-de-vie, ce recueil dionysiaque teinté de lyrisme rimbaldien s’attache au renouvellement de l’écriture poétique ; il demeure sans nul doute le recueil le plus apprécié du poète, et son plus célèbre. Il est ici offert en service de presse au poète suisse d’expression française, Henry Spiess, qui fit son Droit à l’université de Genève. Après un premier recueil poétique, Rimes d’audience (1903), composé pendant son apprentissage au barreau de Genève, Spiess abandonna les tribunaux pour se consacrer tout entier aux Lettres. Il participa à plusieurs revues genevoises dont la célèbre Voile Latine. Bon exemplaire ; notes au crayon in fine de Spiess, couverture défraîchie.

N° 18

GU IL L AU ME A PO L L IN AI RE

1 200 €

LE POÈTE ASSASSINÉ Paris, Bibliothèque des Curieux, 1916. 1 vol. (120 x 187 mm) de 313 pp., broché. Édition originale (pas de grands papiers). Frontispice de Rouveyre, couverture de Capiello. Dès le mois de février 1916, Apollinaire profite d’une courte permission à Paris pour obtenir de P.-V. Stock, avec lequel il est sous contrat, l’autorisation de publier ce recueil chez un autre éditeur. Quelques jours plus tard, alors qu’il est remonté en ligne au Bois-des-Buttes avec son unité, il est blessé à la tête d’un éclat d’obus. Évacué à Château-Thierry où il est opéré une première fois, il est transféré au Val-de-Grâce puis à l’hôpital du Gouvernement italien où son ami Serge Ferat travaille comme infirmier. Presque remis, un abcès post-opératoire nécessite une trépanation. Le poète est à nouveau opéré, cette fois le par docteur Bodet à la villa Molière. Ce n’est qu’à la fin du printemps et après une longue convalescence qu’il retrouve les milieux artistiques et littéraires de la capitale. Le Poète assassiné, sous la célèbre couverture de Capiello représentant un soldat en selle, la tête ensanglantée, est le premier livre paru après cette longue absence. À ces textes écrits avant guerre, Apollinaire a ajouté la nouvelle Le Cas du brigadier masqué. Bel exemplaire de ce livre fragile, sans défaut si ce n’est d’infimes rousseurs liminaires.

N° 19

[AP OL L IN AI R E] R O C H GR EY

400 €

GUILLAUME APOLLINAIRE Paris, Éditions Sic, 1919. 1 vol. (285 x 193 mm) de 13 pp., en feuilles. Édition originale. Frontispice d’Irène Lagut. Tirage à petit nombre sur vergé. Une des premières études consacrées à Apollinaire par l’une de ses mécènes qui avec Serge Férat, avait financé la revue dirigée par le poète, Les Soirées de Paris. Le texte s’attache aux premières œuvres du poète (L’Enchanteur pourrissant, L’Hérésiarque, Alcools et Le Poète assassiné). La deuxième partie prévue (Le Bestiaire, Calligrammes, Les Mamelles de Tirésias…) ne paraîtra jamais. 18


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N° 20

AP OL L IN AI RE

300 €

APOLLINAIRE VIVANT S.l.n.d. Minuscule (55 x 82 mm) de 50 pp., broché. Édition, sans doute pirate, du célèbre flip-book d’après l’originale du Point du jour parue en 1944 qu’elle reprend à l’identique - si ce n’est que seul Apollinaire apparaît : ce sont les deux seules éditions, à notre connaissance, de l’ensemble des 50 photographies originales (le fac-similé réalisé par Pierre Faucheux en 1966 pour l’édition des Œuvres complètes chez Balland et l’autre édition pirate, oblongue, réalisée dans les années 70, ne comprenaient que 32 des 50 vues). Alors que la guerre vient d’éclater, sur le chemin du journal Comœdia où ils se rendent, Rouveyre et Apollinaire poussent la porte d’un magasin Biofix qui propose la réalisation d'un flip-book original. Rouveyre racontera : « D’abord saisis - mais ce n’était plus le moment de fuir -, vite nous allions comprendre qu’il ne fallait pas rester immobiles. J’eus l’à-propos de me tourner vers Apollinaire et de lui dire!: “Il faut bouger, dire n’importe quoi, sinon nous allons avoir l’air de deux couillons!!”. Cela le fit rire et, s’agitant, il balbutia quelques mots vagues que je n’entendis pas, et les accompagnant de gestes que l’on voit dans la suite des images. Soudain c’était fini ». N° 21

LO U IS AR AG ON

750 €

LA GRANDE GAÎTÉ AVEC 2 DESSINS D'YVES TANGUY Paris, Librairie Gallimard, 1929. 1 vol. (187 x 237 mm) de 122 pp., broché. Édition originale. Un des 170 exemplaires (n°59) sur vergé d’Arches. Pour le troisième de ses recueils Louis Aragon réunissait des poèmes emprunts d’une égale et bouleversante tristesse. Par antiphrase, le titre de ce livre insiste péniblement sur le désarroi qui y règne : « Je comprends aujourd’hui ceux qui se mutilent », écrit-il au milieu de textes qui ne sont pas sans rappeler les pages désabusées et ciniques d’Irène, paru sans nom d’auteur deux ans plus tôt. N° 22

HAN S AR P

250 €

LE BLANC AUX PIEDS DE NÈGRE Paris, Fontaine, coll. "L'Âge d'or", 1945. 1 vol. (140 x 115 mm) de 32 pp., broché, non coupé. Édition originale. Un des 25 ex. hors commerce sur papier vert (tirage identique au tirage de tête). Ce texte poétique appartient à l’œuvre française d’Hans Arp. Dans la lignée dada-surréaliste, Le Blanc aux pieds de nègre sera repris dans Le Siège de l’air en 1946. Il revient au critique Pierre Descargues, ami de l’artiste, d’avoir déchiffré le plus justement son œuvre : « Arp disait que seul leviolon pouvait apprivoiser les nuages, les faire se prélasser de bonheur sur la terre […] Arp révélait les correspondances entre le minéral, l’animal, le végétal, réalisant des accouplements impossibles où la bactérie se mettait à avoir un nez et l’univers tout entier des possibilités nouvelles. » N° 23

JEAN AR P & CA MI LL E B RY EN

750 €

NOTRE PETITE CONTINENT Alès, PAB, 1958. 1 vol. (200 x 260 mm), broché. Édition originale. Tirage unique à 58 exemplaires, justifié et signé par PAB. Frontispice original à l’eau-forte monochrome de Bryen, signé. Naturalisé français en 1926, Hans Arp francisa son prénom en 1939. Sous le nom de Jean Arp il publie cette « pochade à la fois malicieuse et intime » illustrée par son ami Camille Bryen. Parfait état.

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N° 24

HO NO R É DE BA LZA C

900 €

LE LIVRE MYSTIQUE LES PROSCRITS, HISTOIRE INTELLECTUELLE DE LOUIS LAMBERT, SÉRAPHITA

Paris, Werdet, 1er décembre 1835. 2 vol. (138 x 224 mm) de 2 ff., XX (préface) et 352 pp. ; 3 ff. (dont la dédicace de Sophie Gay à Madame Récamier), 357 pp. (dont la dédicace à Madame Eveline Hanska) et 1 f. de table, demi-veau havane, dos à nerfs ornés de filets à froid et dorés, pièces de titres de maroquin noir (Reliure de l'époque). Édition originale en volume du Livre mystique : c’est dans cet ensemble qui regroupe ces trois textes que la « pensée, au sens philosophique du terme, de Balzac semble s’exprimer de la façon la plus théorique et la moins mêlée de fiction ». S’il était tout particulièrement attaché à ce recueil, Balzac ne s’attendait pas au succès de librairie qu’il fit dès le premier jour de sa mise en circulation. Cette belle « esquisse historique », selon le sous-titre de l’époque, a sans doute suscité l’intérêt des lecteurs par sa coloration médiévale alors en vogue (Victor Hugo venait de faire paraître Notre-Dame de Paris) et sa fabuleuse série de portraits, au premier rang de laquelle on trouve celui de Dante, figure romantique majeure du génie visionnaire, poétique et mystique. Le volume I contient la Préface datée du 27 novembre 1835 ainsi que Louis Lambert dans sa troisième version, augmenté des Lettres de Louis Lambert d’abord publiées dans la Revue de Paris en août 1835. Séraphita occupe le volume II. Le début de ce récit avait paru de juin à juillet 1834 dans la Revue de Paris, la fin est inédite. Balzac dédie ce texte à madame Hanska. Reliée en tête, dédicace imprimée de Sophie Gay à madame Récamier, qui figure initialement dans l’ouvrage de Sophie Gay, La comtesse d’Egmont paru en 1836 à Bruxelles chez Whalen. Ce feuillet a été imprimé et rajouté au moment de la reliure : est-ce les liens d’amitié qui unissaient Balzac aux Gay, mère et fille ou bien l’ingénuosité du possesseur de cet exemplaire qui voulait par là appuyer la dédicace toute de retenue de Balzac à madame Hanska, qui engendra ce rajout ? Clouzot, 22 ; Vicaire I, 201; Carteret, I, 70 "Édition originale de Seraphita (sur le titre on lit : Séraphira)" ; Escoffier, 1096.

N° 25

3 500 € HO NO R É DE BA LZA C LES PARENS PAUVRES [LA COUSINE BETTE - LE COUSIN PONS] Paris, chez Louis Chlendowski et Pétion, 1847-1848. 12 vol. (140 x 225 mm) brochés, sous chemise étui demi-maroquin marine, papier marbré sur les plats, dos lisse, titre doré, date en pied. Édition originale en volume, après une parution en feuilleton et deux colonnes dans le Constitutionnel. Théophile Gautier écrivait à son propos : « Les Parens pauvres, Le Cousins Pons, où le génie de l’auteur brille de tout son éclat, ralliaient tous les suffrages. C’était trop beau, il ne lui restait plus qu’à mourir ».La publication fut commencée chez Chlendowski et terminée par Pétion l’année suivante. La Cousine Bette occupe les six premiers volumes, avec les titres à la bonne adresse de Chlendowski (Carteret). Le traité avec Louis Chlendowski est signé le 16 octobre 1846. Balzac vend pour 7200 francs à l’éditeur polonais « le droit de faire une édition in-8 de son ouvrage que publie actuellement le Constitutionnel » en feuilletons ; elle est tirée à mille exemplaires et lui confère une exclusivité de dix-huit mois. À son expiration, les droits sont ensuite cédés à Houssiaux le 2 juin 1848, qui était déjà propriétaire depuis 1846 des autres titres de la Comédie Humaine. Ils seront réimprimés dans le tome XVII qui paraît le 18 octobre 1848, formant le premier volume complémentaire de la Comédie Humaine publiés de 1842 à 1846 par Furne, Dubochet, Hetzel et Paulin. Exemplaire de choix en rare condition brochée, sous étui. Vicaire, I, 227 ; Carteret, 83 ; Dirkx, « Notes sur les premières éditions des Parens Pauvres », in « Le Livre et l'Estampe », n°34, pp. 147 et sq. ; Lorant, « Les Parens pauvres, étude historique et critique », Droz, 1967, pp. 60 et sq.

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N° 26

750 € THÉO DO R E DE BAN VI LL E NOUVELLES ODES FUNAMBULESQUES Paris, Lemerre, 1869. 1 vol. (130 x 190 mm) de VII et 231 pp., maroquin havane, dos à nerfs, titre doré, tête dorée, dentelle intérieure (Reliure signée de Marius Michel). Édition originale. Un des 10 exemplaires sur hollande. Frontispice gravé à l’eau-forte par Léopold Flameng. Inséré entre le faux-titre et le frontispice, un portrait de Banville paru dans L’Artiste Après la publication des Odes funambulesques qui lui apporta la célébrité en 1857, Banville revient à sa verve satirique avec ces Nouvelles Odes. Elles contiennent le célèbre poème Promenade Galante. Petites taches marginales sur les plats. Vicaire I, 270 ; Carteret I, p. 98.

N° 27

THÉO DO R E DE BAN VI LL E

200 €

FLORISE Paris, Lemerre, 1870. 1 vol. (130 x 190 mm) de 2 ff. et 138 pp., demi-percaline verte, dos lisse, titre doré, couv. cons. (Reliure fin XIXème). Édition originale. Envoi signé : « à Henri de Pène, son très dévoué, Th. de Banville » Première de couverture défraîchie, sinon bon exemplaire. Vicaire I, 271.

N° 28

GEO R GE S BATAI L LE HAN S BE L L MER

9 000 € MADAME EDWARDA Paris, Georges Visat, 1965. 1 vol. (380 x 247 mm) de 56 pp., en ff., chemise et étui d'éditeur. Tirage limité à 150 exemplaires sur vélin de Rives (n° 29). Illustré de 12 cuivres gravés à la pointe et au burin par Hans Bellmer, tous numérotés 29/150 et signés à la mine de plomb. Les illustrations pour Madame Edwarda furent réalisées par Bellmer dès 1955 pour l’édition prévue par Pauvert. Les planches furent finalement cédées à Georges Visat qui publia ce chef-d’œuvre de Bataille, pour la première fois sous le nom de l’écrivain. Après les deux éditions clandestines de 1941 et 1945, Georges Bataille, alors conservateur de la Bibliothèque d’Orléans voulut garder le pseudonyme qui avait servi aux éditions précédentes ; mais il signa de son vrai nom la préface. Très bel exemplaire, parfait état. Dos de l’étui légèrement passé. Eros invaincu 102 ; Pia, Enfer, 852.

N° 29

RO L AN D BAR THE S

600 €

LE DEGRÉ ZÉRO DE L’ÉCRITURE Paris, Aux éditions du Seuil, 1953. 1 vol. (140 x 190 mm) de 127 pp., broché. Édition originale. Exemplaire du service de presse. Envoi signé. Le premier livre de l’auteur, « où se manifeste déjà la tension caratéristique de toute son œuvre, entre la foi en une modernité […] et l’attachement intime à la tradition, qui le rapprochera de Proust ou Chateaubriand à la fin de sa vie », (in En Français dans le texte, n° 397).

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N° 30

RO L AN D BAR THE S

350 €

SUR RACINE Paris, Le Seuil, 1963. 1 vol. (140 x 205 mm) de 166 pp., broché. Édition originale. Envoi signé : « à Jean Bonnel en le remerciant de son attention fidèle, R Barthes » Sur le premier plat de couverture ont été collés, placés sous le titre, 2 fragments découpés de l’enveloppe d’expédition : « M. Jean Bonnel PTT direction 09000 Foix / RBarthes 11 r Servandoni Paris 6° ». Jointe à l’exemplaire, carte de visite imprimée de Roland Barthes « Directeur d’Études à l’École Pratique des Hautes Études », datée « 28 Fév 73 » avec note manuscrite « avec tous mes remerciements pour votre sympathie fidèle », adressée à Jean Bonnel. En 1963, le Racine du jeune linguiste n’a rien d’un travail orthodoxe, loin s’en faut. L’auteur luimême prévient dans son prière d’insérer que « L’analyse qui est présentée ici ne concerne pas du tout Racine, mais seulement le héros racinien : elle évite d’inférer de l’œuvre à l’auteur et de l’auteur à l’œuvre ; c’est une analyse volontairement close ». N° 31

CH AR L ES BA UD EL AIR E

6 000 €

LES FLEURS DU MAL Paris, Poulet-Malassis & de Broise, 1861. 1 vol. (193 x 123 mm) de 248 pp., chagrin rouge, dos à nerfs orné de filets et fleurons dorés, triple filet d'encadrement autour d'un décor doré et fleurons, dentelle intérieure, tranches dorées (Reliure de l’époque signée de Lebrun). Deuxième édition en partie originale, augmentée de 35 nouvelles pièces qui ne figuraient pas dans l’édition de 1857. Portrait de Baudelaire par Bracquemond, souvent manquant. « Quand il existe,c’est avec la plus grande fantaisie : variété des papiers et diversité des états […] » (Oberlé). Notre exemplaire est ici dans le bon tirage, avec les signatures dans la pierre de Bracquemond et Delâtre. Des divers projets de Préface à son recueil, qu’il abandonna par la suite, Baudelaire écrivait : « s’il y a quelque gloire à n’être pas compris, ou à ne l’être que très peu, je peux dire sans vanterie, que, par ce petit livre, je l’ai acquise et méritée d’un seul coup. Offert plusieurs fois de suite à divers éditeurs qui l’ont repoussé avec horreur, poursuivi et mutilé, en 1857, par suite d’un malentendu fort bizarre, lentement rajeuni, accru et fortifié pendant quelques années de silence, disparu de nouveau, grâce à mon insouciance, ce produit discordant de la Muse des derniers jours, [...] ose affronter aujourd’hui [...] le soleil de la sottise ». Exemplaire de choix en pleine reliure d'époque signée, condition rare. Carteret, I, 124.

N° 32

900 € CH AR L ES BA UD EL AIR E LES ÉPAVES Bruxelles, chez tous les libraires, 1874. 1 vol. (123 x 194 mm) de 2 ff. et 163 pp., cartonnage bradel toile framboise, dos lisse, pièce de titre (cartonnage de Pouguet, d'après une note d'Henriot). Troisième édition. Publié en 1866, le recueil regroupe vingt-trois pièces que Baudelaire n’a pas pu ou n’a pas voulu intégrer aux Fleurs du Mal ; elles sont augmentées des Galanteries, Épigraphes, Pièces diverses et Bouffonneries. Cette troisième édition, en comptant la réédition imprimée par Biard en 1866, reprend intégralement le texte de l’originale, dans une élégante typographie. Emile Henriot l’a enrichi de quatre portraits de Baudelaire, originaux, par Emile de Roy (1844) où le poète jeune porte encore les cheveux longs bouclés et la barbe, par Courbet (1848), célèbre gravure de Baudelaire lisant au bord de son lit, par Baudelaire (1848) lui-même, autoportrait quelque peu maladroit et enfin par Manet (1865) qui donne l’un des portraits les plus justes et donc aussi les plus graves du poète. Elles parurent pour la première dans l’ouvrage d’Asselineau Charles Baudelaire, sa vie, son œuvre, parue chez Lemerre en 1867. Longue note manuscrite sur papier libre de la main d'Henriot, et ex-libris du même sur la première garde. Rousseurs et piqûres éparses. Carteret, I, 128 ; Oberlé, 847.

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N° 33

SAM U EL B EC K ET T

800 €

PAS Paris, Éditions de Minuit, 1977. 1 vol. (180 x 100 mm) de 18 pp., broché. Édition originale. Un des 92 exemplaires sur bouffant. Envoi signé :

N° 34

400 € P IER R E-AN DR É B EN OÎ T [D IT P A B] TENIR Paris, B.-G. Lafabrie, 1987. 1 vol. (120 x 165 mm), non paginé, sur feuillet dépliant et en ff. Édition originale. Tirage unique à 33 exemplaires sur canson gris, avec trois pochoirs en couleurs (n° 2, signé par PAB et Lafabrie).

N° 35

JU L ES BE RG ER D E XI VRE Y

300 €

TRADITIONS TÉRATOLOGIQUES Paris, L'Imprimerie Royale, 1836. 1 vol. (210 x 135 mm) de 603 pp., veau violet, dos à nerfs orné de caissons et fleurons, double filet sur les plats, tr. marbrées (Reliure de l’époque). Édition originale. Ce précieux travail d’édition et de commentaire de textes anciens concerne les monstres, dragons et autres licornes. Il est dédié à Humboldt, le père de la géographie moderne. Conservateur adjoint de la Bibliothèque impériale, Berger de Xivrey impressionne jusqu’à Mérimée par son érudition monstrueuse, « […] ne l’ayant jamais vu, j’ai envie de voir comment il est fait. Il doit être bien tératologique » (Mérimée, Lettres, L. Vitet, 1843, p. 57). Les Traditions tératologiques sont également évoquées dans La Cathédrale de Huysmans, où Durtal parcourt et cite de longs extraits de l’œuvre. Bon exemplaire en pleine reliure à décor du temps. Quelques légers accrocs aux coiffes et aux coins.

N° 36

IZIS B IDE R MAN AS & JAC QU E S PR É VER T

400 €

PARIS DES RÊVES - GRAND BAL DE PRINTEMPS Genève, Clairefontaine, 1950 & 1954. 2 vol. (285 x 220 mm), couv. ill. par la photographie. Éditions originales, (pas de grands papiers). Ce sont les deux premiers livres publiés d’Izis. Le MoMA de New York avait exposé dès 1951 les œuvres de cinq photographes français, sous la dénomination d’un mouvement « humaniste » : il s’agissait de Brassaï, Doisneau, Ronis, Cartier-Bresson, et Izis [Izraëlis Bidermanas] : ce dernier, ami de Jacques Prévert, pour qui il est un « colporteur d’images », d’Aragon, de Colette, de Marc Chagall et de Vercors, collabore à Regards ou Paris Match, livrant une œuvre d’une grande richesse et d’une grande originalité alors que l’histoire de la photographie le cantonne injustement à l’imagerie d’un Paris populaire. Willy Ronis se scandalisait de « cette mise au purgatoire » des photographies d’Izis dont il vantait la démarche esthétique. « La photo d’Izis a sa propre musique, simple, harmonieuse et délicate, qui cache sous ses airs populaires l’intranquillité de quelques notes de requiem. » Textes de Breton, Cendrars, Miller (avec les papillons), Cocteau, Paulhan pour le premier volume ; de Prévert pour le second. Parfaits états, rares dans cette condition.

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N° 37

1 000 € JAC QU E S-B ÉN IG NE B OS SU ET ORAISON FUNÈBRE DU GRAND CONDÉ Paris, Morgand et Fatout, 1879. 1 vol. (270 x 360 mm) de 52 pp., maroquin marine, dos à nerfs, armes à froid sur les plats, tête dorée, doublure intérieure de maroquin havane avec semis doré de fleurs de lys, filet d'encadrement doré (Reliure signé de Marius Michel). Édition originale. Un des 300 exemplaires sur hollande. 9 belles compositions de Lachevallier- Chevignard gravées par Didier, dont le frontispice et 3 grandes planches hors texte. Lorsque s’éteint Louis de Bourbon, duc d'Enghien le 11 décembre 1686, à Fontainebleau, Louis XIV s’exclama : « Je viens de perdre le plus grand homme de mon royaume ! ». C’est sur son ordre que Bossuet donnera cette Oraison Funèbre, le 10 mars 1687 à Notre-Dame. Cette impression forme l'un des travaux de bibliophilie les plus soignés du dernier quart du XIXème siècle, dans une reliure en maroquin doublé par Marius Michel. Infimes frottements à la reliure. Ex-libris Labès.

N° 38

GEO R GE S BR AQU E

1 400 €

LE JOUR ET LA NUIT. CAHIERS GEORGES BRAQUE. 1917 - 1952 Paris, Gallimard, 1952. 1 vol. (110 x 150 mm) de 54 pp., broché. Édition originale. Trois dessins de Braque dont la couverture. Envoi signé. Textes aphoristiques de Braque, gardés par lui de nombreuses années et dont certains datent de la toute première époque cubiste. Entre autres fulgurances dont certaines ont déjà fait plancher quelques milliers d’étudiants série S, « L’Art est fait pour troubler, la Science rassure », ou son pendant série L : « Il n’est en art qu’une chose qui vaille : celle qu’on ne peut expliquer ». Maryse Lafont fut une compagne de René Char. Plusieurs de ses poèmes lui sont dédiés.

N° 39

BR ASS AÏ

2 000 €

HENRI MILLER, GRANDEUR NATURE Paris, Gallimard, 1975. 1 vol. (204 x 139 mm) de 264 pp., broché. Édition originale. Un des 25 premiers exemplaires sur pur fil. 16 photos de Brassaï en tête (les seuls à comporter le cahier photographique en héliogravure, simplement reproduit dans le tirage courant). En 1932 paraît Paris de nuit, le premier album de Brassaï : soixante-deux images avec une préface de Paul Morand. Triomphe en librairie et triomphe critique ; Henry Miller lui décerne alors le titre d’Œil de Paris et retrace ici, dans ce vibrant hommage, le parcours de son compagnon de route.

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N° 40

AN DR É BR ETO N

1 300 €

NADJA Paris, Éd.de la NRF, 1928. 1 vol. (123 x 182 mm) de 214 pp. et 3 ff., broché. Édition originale. Un des 30 exemplaires d’auteur sur pur-fil. « Comme je me louerais de posséder sur chacun des hommes que j’admire un document privé » : en relatant, comme il l’annonce, « les événements les plus marquants » de sa vie, André Breton offre à son lecteur ce qu’il souhaitait : Nadja est bien ce « document privé » où « en proie aux menus faits de la vie courante, s’exprime en toute indépendance, d’une manière souvent si distinctive » la personne de l’auteur. Complet de toutes les planches photographiques hors texte.

N° 41

AN DR É BR ETO N

2 300 €

LI S E D E H AR ME JUL I E N G R AC Q JE A N T AR D IE U FAROUCHE À QUATRE FEUILLES Paris, Grasset, 1954. 1 vol. (175 x 230 mm) de 139 pp., broché. Édition originale. Un des 18 exemplaires sur japon, illustrés de quatre eaux-fortes hors texte de Hantaï, Vieira Da Silva, Paalen et Swanberg (Portrait imaginaire IV), toutes signées. Seuls les 77 exemplaires sur chine, japon et Montval, contiennent ces eaux-fortes. Après la guerre, Breton renoue avec les femmes qui ont peuplé sa vie dont Lise Deharme : « On se promène dans tous les sens… la vie avec lui donne sa pleine mesure » dit-elle dans Les Années perdues. Il écrit pour la série d’émissions qu’elle produit alors, dont le titre générique était Les Dormeurs éveillés », réalisées par Garrett Rea, Alouette du parloir. Le 20 octobre 1953, sur les ondes de Paris Inter, on entend la voix de Breton, entrecoupée par des mélodies de Schönberg, Stravinsky et Bartok. Ce texte et trois autres, La Vraie joie de Deharme, Les Yeux bien ouverts de Gracq (repris dans Préférences en 1961) et Madrépores ou l’Architecte imaginaire de Tardieu (repris dans Pages d’écriture en 1967) feront l’objet d’une publication proposée par Bernard Privat sous un titre trouvé par Deharme ; « farouche » est le nom que les habitants du Sud-ouest donnent au trèfle quand il porte une couleur incarnat. Les Dormeurs éveillés consacrèrent d’autres émissions à Pierre Reverdy (8 décembre 1953), à Jean Cocteau (12 janvier 1954) et Gaston Bachelard (19 janvier 1954). Bulletin de souscription sur papier rose conservé.

N° 42

AN DR É BR ETO N

400 €

MANIFESTES DU SURRÉALISME Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1962. 1 vol. (135 x 205 mm) de 363 pp., broché Première édition collective complète. Envoi signé. Édition de référence qui reprend l’intégralité des Manifestes et de ses textes satellites. Elle contient le premier et second Manifestes du surréalisme, Poisson soluble (sur papier jaune), Lettre aux voyantes, Position politique du surréalisme, Prolégomène à un troisième manifeste du surréalisme ou non, Du surréalisme en ses œuvres vives.

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N° 43

[BR IM BO RI ON S ] Liège, Pierre Aelberts, coll. Brimborions, 1950 à 1973. Plaquettes (140 x 190 mm), brochées. Éditions originales. Parfait état.

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JE A N CO CT EA U LE TESTAMENT D’ORPHÉE Un des 11 premiers exemplaires sur hollande.

300 €

AL BE R T E I NS T E I N ALLOCUTION. QUI PARLERA POUR L’HUMANITÉ ? Un des 11 premiers exemplaires sur hollande.

300 €

JA ME S E NS OR A L BE RT E I NS TE I N ENSOR À EINSTEIN Un des 40 exemplaires sur vélin.

120 €

RE NÉ H UY G H E JAMES ENSOR Un des 11 premiers exemplaires sur hollande (le n° 1).

200 €

VA L É RY L A RBA U D ISIDORE DUCASSE, COMTE DE LAUTRÉAMONT Un des 10 premiers exemplaires sur hollande.

300 €

JE A N D E L A V A RE N DE LES VOYAGEURS PERDUS Un des 40 sur vélin blanc.

120 €

JE A N D E L A V A RE N DE L'ART ET LE NAVIRE Un des 10 exemplaires de chapelle sur vélin.

150 €

JE A N D E L A V A RE N DE FIGURES DE PROUE Un des 40 sur vélin blanc.

120 €

I DE M Un des 3 exemplaires sur hollande hors commerce.

200 €

[L A V AR E ND E ] AN DR É BOU RI N À LA RECHECHE DE LA VARENDE Un des 4 exemplaires de chapelle sur hollande.

200 €

P AU L L EA U TA UD LE THÉÂTRE DE MAURICE BOISSARD Un des 10 premiers exemplaires sur hollande paille (après un ex. unique sur papier bleu.

300 €

I DE M Un des 40 exemplaires sur vélin blanc.

120 €

FR AN CI S PI C AB IA GUILLAUME APOLLINAIRE Un des 40 exemplaires sur vélin blanc.

150 €

RA I NE R MA R I A R I LK E LES CAHIERS DE MALTE LAURIDS BRIDGE Un des 10 exemplaires sur hollande.

200 €

ROG E R MA RT IN D U G AR D SUR LA MORT D’ANDRÉ GIDE Un des 11 premiers exemplaires sur hollande. Rousseurs uniformes en bordure.

120 €

MI CH E L TO UR NI E R RETOUR EN ALLEMAGNE Un des 40 exemplaires sur vélin blanc.

150 €

AL E X A ND RE V I A L AT T E FRANZ HELLENS, "VALEUR SÛRE" Un des 40 exemplaires sur vélin.

120 €


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N° 44

3 000 € AR ISTI DE BR U AN T DANS LA RUE. CHANSONS ET MONOLOGUES Paris, chez l'auteur, A. Briand, s.d. (1889). 1 vol. (140 x 190 mm) de 207 pp., demi-maroquin rouge à coins, dos lisse richement orné de filets et fleurons dorés, tête dorée, couv. dépliante cons. d'un seul tenant et reliée en tête. Édition originale. Un des 50 premiers exemplaires sur japon. Monté en tête, un tirage original lithographié d’un portrait en pied de Bruant par Steinlen, avec dédicace imprimée de l’un à l’autre. Précieux exemplaire contre-signé par Steinlen et enrichi d’un quatrain autographe signé par Bruant, derniers vers du célèbre À la Vilette, qui figure dans l’ouvrage (pp. 26 et sq.).

N° 45

AR ISTI DE BR U AN T

1 600 €

DANS LA RUE. CHANSONS ET MONOLOGUES Paris, chez l'auteur, A. Briand, s.d. (1890-1895). 2 vol. (115 x 185 mm) de 207 pp. chacun, maroquin rouge, dos à nerfs richement ornés de filets à froid, titres dorés, tranches dorées, filets dorés sur les coupes, larges encadrements de filets dorés sur les gardes, couv. dépliantes cons. d'un seul tenant et reliées en tête. (Reliure signée de David). Édition définitive. Un des 100 et un des 150 ex. sur japon. Ex-libris manuscrit au premier feuillet :

Bel ensemble des deux tomes de l’édition définitive qui présente « au point de vue de l’illustration, quelques différences » : dessins modifiés et nouveaux dessins et « le dessin des couvertures tiré en bistre sur l’originale et en noir sur l’édition définitive » (Vicaire). Le deuxième volume contient 30 nouvelles chansons. C’est au Mirliton, le cabaret Le Chat Noir rue Victor-Massé, que Bruant débuta sa carrière parisienne. On se déplace d’Auteuil ou de Passy pour l’écouter chanter les peines et les joies de la crapule ; Bruant y invective les clients qui viennent s’encanailler tandis que Lautrec et Steinlen illustrent ses chansons, d’abord dans Le Chat noir illustré puis en volumes. C’est un triomphe. Steinlen et Bruant sont désormais lancés et chacun salue le « poète sincère et vibrant, d’une rare originalité », tandis qu’Anatole France y découvre « le pathétique de la crapule... ». De la bibliothèque Edmond de Goncourt (ex-libris manuscrit) ; librairie Berès (étiquette en garde).

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N° 46

CA MI LL E B RY E N

500 €

LA CHASSE AUX LIONS, AVEC UN PORTRAIT DE L'AUTEUR PAR LUI-MÊME Paris, Le messager boîteux de Paris, "La poésie dans la poche" n°2, 1952. 1 vol. (150 x 105 mm), non paginé, broché. Édition originale. Un des 30 premiers exemplaires (n°12), justifié et signé par l’auteur, les seuls à contenir une pointe sèche signée de Camille Bryen. N° 47

500 € [BR Y EN ] J AC QU ES AU D IBE RT I CAMILLE BRYEN. POÈMES ET DESSINS DE JEPEINSJE Milano, all'Ins. del Pesce d'Oro, 1959. 1 vol. (75 x 100 mm) de 59 pp. et 13 illustrations reproduites, cartonnage éditeur avec plat illustré, étui à l'identique. Parfait état. Édition originale. Un des 50 premiers exemplaires (n° E), les seuls à contenir une eau-forte en tête, signée par Camille Bryen.

N° 48

CA MI LL E B RY E N

400 €

SAINTE GALLIGRAPHIE Erker, St-Gallen, 1967. 1 vol. (150 x 105 mm), non paginé, broché. Parfait état. Édition originale. Un des 45 premiers exemplaires, justifié et signé par l’auteur, les seuls à contenir une eau-forte originale signée. Six compositions en noir illustrant cinq poèmes, à l’occasion d’une exposition à la Galerie Erker. N° 49

800 € CA MI LL E B RY E N LETTRE ILLETRÉE Paris, Brunidor, Robert Altmann, 1971. 1 feuillet double, plié, avec texte et eau-forte, sous chemise à rabats. Édition originale. Un des 50 premiers exemplaires avec la gravure expiatoire signée : une des 9 épreuves d’artiste, offerte à son épouse Louysette Bryen, avec envoi de l’auteur. La Lettre illetrée est imprimée le 22 décembre 1971 par Robert Altmann, qui avait déjà édité l’année précédente les Lettres écrites du Nouveau Mexique de Michel Butor, en réponse à quatre gravures de Bryen. Cette nouvelle collaboration avec Altmann se présente sous la forme d’une enveloppe qui contient la gravure de Bryen avec, en regards vertical, un jeu de lettres bicolore, qui ne sont pas sans rappeler les poèmes-affiches de Raoul Hausmann, publiés dès 1958, dans l’ouvrage manifeste Courrier dada. On retrouve ici une inédite version de Poésie de mots inconnus de Arp, publié dans le dernier numéro de la revue K. (n° 3), consacré à Arp et Bryen.

N° 50

CA MI LL E B RY E N

1 200 €

DISCOURS DE LA FATIGUE Paris, Fata Morgana, 1972. 1 vol. (163 x 248 mm), en feuilles. Édition originale. Un des 5 premiers exemplaires sur japon, comportant 4 eaux-fortes originales signées de Camille Bryen.

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N° 51

CA MI LL E B RY E N

600 €

BRYEN EN TEMPS CONJUGUÉS Paris, Galerie de Seine, 1975. 1 vol. (150 x 220 mm) de 52 pp., broché. Parfait état. Édition originale. Un des 100 premiers exemplaires sur arches, signé par l’auteur et comportant une gravure originale en couleurs de Bryen, justifiée et signée. Émouvant exemplaire de Louysette Bryen, avec envoi signé de son époux et petit dessin au crayon. Ce catalogue d’exposition de la Galerie de Seine (4 au 28 février 1975) reproduit 20 œuvres, avec une photographie en frontispice Complet du signet biographique et de la carte volante de la Galerie de Seine justifiant l'exemplaire.

N° 52

HEN R I C AL ET

250 €

LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À JEAN CAYROL S.l.n.d. [circa fin 1945]. 1 f. (200 x 110 mm), 12 lignes à l'encre noire, daté « samedi ». Depuis le mois de décembre 1944, Calet a rejoint le comité de rédaction du Figaro. L’on suppose que cette lettre de soutien fait référence à la mort du jeune frère de Jean Cayrol, Pierre, mort au camp d’Ellrich le 19 mars 1945. Cayrol dédiera à son frère un des poèmes du recueil Poèmes de la nuit et du brouillard, qu’il enverra à Calet. Ce dernier, en retour, lui offrira Les Murs de Fresnes (cf. n° suivant).

N° 53

HEN R I C AL ET

1 200 €

LES MURS DE FRESNES Paris, Aux Éditions des Quatre Vents, s.d. [1945]. 1 vol. (210 x 150 mm) de 109 pp., plein cartonnage ill. de l'éditeur, sous chemise toilée, dont le premier plat, par transparence, laisse apparaître le frontispice volant, étui toilé, dos lisse, titre frappé. Édition originale. Précieux et émouvant exemplaire qui contient l’épreuve originale de la photographie de couverture, avec une lettre autographe jointe de Calet à Jean Cayrol : « Paris, 10 avril 1946 / Cher Jean Cayrol, Merci de m’avoir envoyé vos Poèmes de la nuit et du brouillard [souligné]. Je les ai lus : ils m’ont donné une grande émotion, un plaisir triste ; je les relirai. Et voici l’occasion pour moi de vous dire que j’ai souvent pensé à vous [sans vous connaître] durant ces dernières années ; pensé à vous avec amitié et avec admiration. J’ai été heureux d’apprendre votre retour. Je vous serre les mains et je vous dis encore merci. Votre ami, Calet 26, rue de la Sablière XIVè. » Au travers de cette étude novatrice s’attachant à la retranscription des graffitis couvrant les murs de Fresnes, Calet livre un poignant témoignage d’hommes sur le point d’être jugés, condamnés ou exécutés. « Singulière époque où les héros étaient emprisonnés. [et dont on ne savait presque rien]. Beaucoup sont morts, certainement. Quelques signes demeurent encore. On a vu les graffitis et l’on a pensé qu’il serait souhaitable que tous en prennent connaissance. On a voulu les recueillir, un peu comme l’on érige un monument en souvenir. J’ai dit que c’est le temps des plus laides lâchetés de l’homme, mais c’est aussi le temps de son plus beau courage ». Calet ne connaissait alors Cayrol que de ses quelques écrits, et avait envoyé à ce dernier un mot l’année précédente, à l’annonce de la mort son frère Pierre dans les camps. S’en était suivi un échange, et le début d’une longue amitié.

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N° 54

AL BER T C AMU S

1 200 €

L’HOMME RÉVOLTÉ Paris, Gallimard, 1951. 1 vol. (120 x 185 mm) de 351 pp., broché. Édition originale. Un des 260 exemplaires sur vélin pur-fil (n°96). Texte majeur dans l’œuvre, « celui auquel je tiens le plus » dira Camus, L’Homme révolté est une réflexion sur les clichés de l’intelligentsia de gauche. Le livre soulève nombre de polémiques dès sa parution et est à l’origine de celle entre l’auteur et la rédaction des Temps modernes : Jean-Paul Sartre avait chargé le philosophe Francis Jeanson de rendre compte du livre, ce dont il s’acquitta en écrivant sept pages d’une insigne virulence parues dans le n° de mai 1952 sous le titre Albert Camus ou l’âme révoltée. En réponse, Camus démonte alors point par point la critique du journaliste. On lui reproche de penser peu mais de bien écrire, « s’il est vrai que mes pensées sont inconsistantes, autant les bien écrire pour limiter les dégâts. Supposez en effet qu’on ait à lire des pensées confuses en style consternant, voyez l’exil ! ». Sartre lui répondra par dix-neuf pages qui débutent ainsi : « Mon cher Camus, notre amitié n’était pas facile mais je la regretterai. » Dont acte. N° 55

HEN R I C AR TIER -B RE SS ON

1 400 €

IMAGES À LA SAUVETTE Paris, Verve, 1952. 1 vol. (270 x 365 mm) de 15 pp. + 126 pp., cartonnage éditeur. Édition originale. 126 photographies de Cartier-Bresson en héliogravure, couverture par Matisse. « S’abstraire, ne pas essayer de prouver quoi que ce soit » : cette référence au Zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc, ouvrage d’Herrigel offert à l’auteur par Braque, éclaire le sens que l’artistea donné à son travail, cet « instant décisif », emprunté au Cardinal de Retz : la formule reprend la devise qui fut gravée à la demande de Platon au fronton de l’Académie : « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre ». Très bel état, plats, coins et dos sans défauts, condition rare.

N° 56

700 € HEN R I C AR TIER -B RE SS ON L'ART SANS ART D'HENRI CARTIER-BRESSON Paris, Flammarion, 1995. 1 vol. (247 x 359 mm) de 327 pp., reliure éditeur, jaquette illustrée. Édition originale. Préfacé et édité sous l’égide d’Yves Bonnefoy. Envoi du photographe : « à Jean [Leymarie], Ce rétroviseur de Jean-Pierre Montier [une flèche] mais de qui s’agit-il je me le demande, avec une amitié vivace d’Henri », qui augmente en plus le titre d’une note autographe : « et autres reporters » Thèse très illustrée consacrée à Henri Cartier-Bresson, « […] je l’ai parcouru et ce n’est pas très agréable de se regarder dans une glace. Par contre je suis responsable du choix des photos, dessins et couleurs ».

N° 57

CA SSA ND RE & BL AI SE C EN DR AR S

2 400 €

LE SPECTACLE EST DANS LA RUE Paris, Draeger, 1933. 1 vol. (190 x 245 mm) de [40 pp.], reliure à spirale de l'éditeur. Édition originale. Exemplaire signé par Cassandre au premier feuillet. Quatorze reproductions pleine page en couleurs des célèbres affiches de Cassandre : Office du tourisme de Grèce, Dubonnet, Cie du Transatlantique… sous forme d’une luxueuse plaquette promotionnelle imprimée par Draeger frères à Montrouge. L’imprimerie de Georges et Maurice Draeger était spécialisée dans la photographie, la photogravure et l’héliogravure destinées aux livres et aux magazines (dont le magazine Arts et Métiers graphiques). Les textes ont été écrits par Cendrars, admirateur de Cassandre, « le premier metteur en scène de la rue », qui a « découvert dans la Publicité la fleur de la vie contemporaine ». Superbe publication, en très bel état. Rare signé. Bénézit 3-328 ; Henri Mouron, Cassandre, n° 225.

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N° 58

1 600 €

LO U IS -F ER DIN AN D C ÉL IN E GUIGNOL'S BAND Paris, Denoël, 1944. 1 vol. (120 x 186 mm) de 348 pp., broché. Édition originale. Exemplaire imprimé du service de presse. Envoi signé :

Exemplaire de Claude Jamet, d’une provenance des plus intéressantes donc pour cet universitaire, intellectuel, écrivain et critique au parcours sinueux, qui côtoya Brasillach en prison ; c’est sous son autorité qu’est publié en 1965 Waffen SS au combat de Lothar van Greelen qui fait l’apologie de la division Das Reich. Néanmoins réintégré dans l’Éducation Nationale, il enseigna de nouveau au lycée Marcelin Berthelot dans les années soixante. Il est le père de Dominique Jamet, journaliste, écrivain, et ancien président de l’Établissement public de la Bibliothèque nationale, ainsi que d’Alain Jamet, actuel vice-président du Front national.

Céline qui méditait Guignol’s band, son troisième roman, depuis 1936, le publie chez Denoël en mars 1944. « J’étais parti pour 1200 pages ! Rendez-vous compte ! » Guinol’s band II, achevé en 1947, ne paraîtra que posthume, en 1964, chez Gallimard et sous le titre Le Pont de Londres. « On est parti dans la vie avec les conseils des parents. Ils n’ont pas tenu devant l’existence. On est tombé dans les salades qu’étaient plus affreuses l’une que l’autre. On s’est bien marré quelques fois, faut être juste, même avec la merde, mais toujours en proie d’inquiétudes que les vacheries recommenceraient... On parle souvent des illusions, qu’elles perdent la jeunesse. On l’a perdue sans illusions la jeunesse ! » N° 59

MAR C C H AGA LL

500 €

MA VIE Paris, Stock, coll. "Ateliers", 1931. 1 vol. (203 x 131 mm) de 253 pp. broché. Edition originale. Un des 55 ex. (n°22) sur vélin. Frontispice et 32 dessins de jeunesse de l’auteur. « […] on trouve dans cette autobiographie, mieux qu’une acclamation furieuse, mais bien toute la révolte spirituelle et charnelle de Chagall » (André Salmon, préface). Il en débute la rédaction en 1920, alors qu’il vient de s’établir à Moscou. Peu après, il émigre à Berlin et exécute alors pour le compte de l’éditeur Cassier une série de ce qui constitue ses premières eaux-fortes, lesquelles servent à l’illustration du présent texte. A le lire, il résulte que ses toiles sont une sempiternelle mise en perspective des élèments de sa biographie. Exemplaire à grandes marges. Belle condition.

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N° 60

RE N É C H AR

500 €

CLAIRE. THÉÂTRE DE VERDURE Paris, Gallimard, 1949. 1 vol. (110 x 165 mm) de 108 pp. et 2 ff., broché. Édition originale. Exemplaire imprimé du service de presse. Envoi signé :

N° 61

RE N É C H AR

450 €

[L'ALOUETTE] S.l.n.é.s.d. 3 ff. oblong recto-verso (265 x 110 mm), pliés. Travail préparatoire de Char, à fin d’édition, ou tout simplement de lettre d’amour, adressée à Ciska Grillet et titrée René Char - À Ciska Grillet. L’Alouette, avec la dédicace trois fois répétée. Mot autographe signé de Char sur un feuillet (1 f. papier arches beige) adressé à la même : « écris un peu trésor. Je deviens inquiet sans nouvelles de toi, de tout. As-tu mal [souligné] ?… » N° 62

RE N É C H AR

600 €

À LA SANTÉ DU SERPENT Paris, G.L.M., 1954. 1 vol. (200 x 290 mm) non paginé, broché. Édition originale. Un des 550 exemplaires sur vélin, illustré de vingt-six dessins au trait, par Miro. Envoi signé : « pour Franz Hellens, mes pensées fidèles et amicales, et mon affection pour son oeuvre. R.C » Cet ensemble d’aphorismes inséré dans Le Poème pulvérisé avait paru pour la première fois dans la revue Fontaine en 1947. La cohérence du volume, l’harmonie entre le poème et les illustrations par le seul usage du noir font du recueil une des plus belles réussites de Guy Lévis Mano. N° 63

RE N É C H AR

350 €

POÈMES DES DEUX ANNÉES Paris, G.L.M., 1955. 1 vol. (125 x 192 mm) de 49 pp. et 2 ff., broché. Édition originale. Un des 1450 exemplaires (n° 321) sur vélin. Envoi signé : « à Gabriel Bounoure, avec la pensée fidèle et affectueuse de René Char » Poèmes des deux années fera partie avec Lettera amorosa du recueil La Parole en archipel paru en 1962. N° 64

300 € RE N É C H AR LA PROVENCE POINT OMÉGA Paris, Imprimerie Union, 1964. 1 vol. oblong (155 x 110 mm), broché, sous couverture blanche. Édition originale. Un des 60 premiers exemplaires sur arches et couverture blanche (tirage normal rouge). Il est justifié et signé par René Char à l’encre noire. Lorsqu’il est question, en 1965, d’installer une base de lancement nucléaire sur le plateau d’Albion, René Char n’hésite pas à organiser rapidement des manifestations contre le projet et fait éditer à 2000 exemplaires cette petite brochure dans laquelle il dénonce violemment le danger atomique. L’affiche éponyme sera imprimée l’année suivante ; mais avec un texte très différent, et avec une illustration de Picasso.

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N° 65

[RE N É CH AR ] P I ER RE -AN DR É BE NO ÎT

200 €

BIBLIOGRAPHIE DES ŒUVRES DE RENÉ CHAR DE 1928 À 1963 Ribaute-les-Tavernes, Le Demi-Jour, 1964. 1 vol. (150 x 230 mm) de 98 pp., broché. Édition originale. Un des 50 premiers exemplaires sur arches. Frontispice de Valentine Hugo et portrait de René Char par Giacometti. Indispensable bibliographie sur l’œuvre de Char. N° 66

RE N É C H AR

200 €

CRIBLE S.l., PAB, (1968). 1 vol. (123 x 116 mm) non paginé, cousu. Édition originale.Tirage unique à 80 exemplaires, un des 60 sur Rives, justifié et signé par PAB. N° 67

RE N É C H AR

700 €

SANS GRAND'PEINE Versailles, Gaston Puel, 1973. 1 vol. oblong (170 x 130 mm), en ff., couv. moire imprimée. Édition originale. Un des 69 ex. sur Rives, signé et justifié par Char, Charbonnier et Puel. Pointe-sèche originale de Charbonnier en tête. Envoi signé :

N° 68

500 € LÉ ON C LA DEL KERKADEC, GARDE-BARRIÈRE Paris, Delille et Vigneron, 1884. 1 vol. (200 x 130 mm) de 3 ff., XXXIII pp. et 303 pp., demi-veau rouge à coins, dos à nerfs, titre doré, date en pied, tête dorée, couv. cons. (Reliure de l'époque). Édition originale. Un des 10 exemplaires sur chine. Illustré de planches hors texte par F. Bouisset, Poirson et Wilette. Après avoir donné à une compagnie de chemin de fer vingt-cinq ans de sa vie pour vingt-sept francs mensuels, Kerkadec, garde-barrière, est broyé par un train en sauvant un nouveau-né abandonné sur les rails. Ce mélodrame avait paru dans La Libre Revue du 16 fevrier 1884, après un contrat d’édition signé dès août 1883, entre Delille et Vigneron, libraires-éditeurs, et Léon Cladel. « Aucune indication concernant le nombre et les papiers des exemplaires de tête ne figure ni dans le volume ni dans aucune bibliographie. D’après le contrat d’édition signé, le tirage serait de 2500 exemplaires ordinaires et 30 Hollande, 20 Japon, 10 Chine, 5 Vélin », dans une justification qu’il reste à éclairicir, puisque notre exemplaire porte le n° 152, et nous avons récemment croisé deux exemplaires sur hollande avec les n° 98 et 112. Vicaire, II-407 ; Oberlé, 387 ; Talvart 17. Légers frottements à la reliure.

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N° 69

750 €

JEAN C OC TEA U THOMAS L’IMPOSTEUR Paris, Gallimard, 1923. 1 vol. (187 x 118 mm) de 188 pp., broché.

Édition originale. Exemplaire du service de presse. Envoi signé. Ce « mystère de Guillaume » envoyé à Josepk Kessel est celui du personnage principal, Guillaume Thomas de Fontenoy. La véritable genèse de ce texte commence quelques huit années auparavant, où le destin de Cocteau a frôlé celui de son futur héros, pendant la guerre. C’est là que l’auteur côtoya Raoul Thomas, qui se prétendait le neveu du général de Castelnau. Bel état.

N° 70

JEAN C OC TEA U

7 000 €

HOMMAGE À MOUNET-SULLY PORTRAIT DE MOUNET-SULLY S.l.n.d. [Paris, fin 1944]. 1 vol. (227 x 274 mm) de 10 feuillets montés sur onglet, maroquin janséniste noir, dos lisse, titre doré, doublures plein papier à décor [ET] Paris, François Bernouard, 1945. 1 vol. (203 x 265 mm) non paginé [22 pp.], chemise bordée de maroquin noir et papier imitation bois sur les plats ; les 2 vol. sous étui bordé (Reliure signée d'Alix). Manuscrit autographe complet. Nombreuses corrections à l’encre et au crayon de couleurs. Envoi signé : « à ma chère et admirable Berthe Bovy, son Jean, 1941 » Sublime texte de Cocteau consacré au tragédien Mounet-Sully, où l’auteur évoque son enfance, lorsque Mounet Sully le « conduisait le dimanche à la Comédie-Française…». Le texte, que Cocteau devait initialement prononcé, fut finalement donné à François Bernouard pour l’aider à se remettre à flots au sortir de la guerre. Le texte est bref, seize pages, entrecoupées des dessins gouachés de Cocteau. Mais dense : n’est-ce qu’un hommage ? un texte critique ? une nouvelle ? un roman rapetissé ? Car Cocteau, il nous en prévient dès le début, connaît mal Mounet-Sully. Il parlera très peu de lui au final, et même si le texte part du souvenir d’une représentation d’Œdipe Roi, il n’évoque guère le souvenir du comédien. Au contraire, c’est un texte très personnel qui, peu à peu, prend forme. « Sa voix de bronze et d’airain, d’or et de velours […] parcourait tout le clavier des émotions humaines en une véritable orchestration des mots » (Penesco). Après un bref passage au Conservatoire où il reçut les leçons de Bressant, Mounet-Sully connut ses premiers succès. Pensionnaire à la Comédie française en 1872, il met en scène et triomphe dans Marion Delorme, qui lui vaut les honneurs de son auteur : « Mon cher Mounet-Sully, Vous êtes un noble artisan. Je vous considère comme un de mes plus précieux auxiliaires. Le succès est dû au talent, vous avez l’un et l’autre. » (Victor Hugo, Hauteville House, 10 janvier 1873). Sociétaire en 1874, il en fut le doyen à partir de 1895. Acteur, mais aussi dessinateur, peintre, sculpteur et metteur en scène, il fit du théâtre un art total que ne devait pas renier Berthe Bovy à qui Cocteau offrit ce précieux manuscrit. Elle fut l’inoubliable interprète de La Voix humaine, créée en 1930 par Cocteau à la Comédie-Française. Le manuscrit est accompagné de l’édition originale en volume « Portrait de Mounet-Sully, avec seize dessins inédits de Cocteau coloriés à la main », publié chez Bernouard et l’une de ses plus belles publications ; l’ensemble est présenté dans un parfait double étui-chemise signé d’Alix. Chambon, Cocteau, pp. 349 et sq. ; Penesco, Mounet-Sully et la partition intérieure, p. 34 et sq.

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N° 71

1 000 € JEAN C OC TEA U LA CORRIDA DU PREMIER MAI Paris, Grasset, 1957. 1 vol. (188 x 123 mm) de 214 pp., demi-maroquin havane, dos lisse, titre doré, tête dorée, couv. cons. Édition originale. Un des exemplaires sur alfa. Envoi signé : « à mon cher Jean Berthet, Jean Cocteau 1957 » JOINTE : Lettre autographe signée (1 feuillet, 210 x 135 mm, recto-verso) à « Mon bien cher Bernard [Grasset]…» datée du 10 mai 1954 à Saint-Jean-Cap-Ferrat, lui soumettant le projet de cet ouvrage et son titre définitif. Une « ébauche d’un texte rapporté d’Espagne […], une étude assez curieuse sur la fiesta de Toros ». Singulier texte en effet où Cocteau se demande si les arènes de Séville et les courses dangereuses auxquelles il assista ne sont pas responsables de son accident cardiaque et si « le sang [qu’il] reprochait au spectateur de ne pas suer, ne se coagulait pas » en lui « par suite d’une collaboration émotive de [ses] centres nerveux ». Cela laisse rêveur… Très bel ensemble.

N° 72

JEAN C OC TEA U & B ER N AR D B U F FE T

250 €

LA VOIX HUMAINE Aix-en-Provence, Galerie Lucien Blanc, 1957. 1 plaquette (200 x 365 mm) de 8 pp., Édition originale. Catalogue de l’exposition pour la parution de La Voix humaine de Cocteau illustré par Buffet, avec une exposition conjointe des deux artistes. Avant-propos de Pierre Bergé et trois reproductions. Tirage limité à 500 exemplaires, signé par Cocteau et Buffet à la justification. Cet exemplaire est enrichi d’une pointe-sèche originale de Buffet, tirée de l’ouvrage qui fut imprimé à 150 exemplaires sur Auvergne, dont tous les cuivres ont été rayés après le tirage. La pièce est écrite en 1930 et créée par Berthe Bovy (cf. n° 70) à la Comédie-Française. Elle ne met en scène qu’un seul personnage, une femme au téléphone, en un dialogue lacunaire, tronqué. Ce texte sera également joué et enregistré par Simone Signoret en 1964, sept ans après cette première édition : « Ah ! j’aimerais n’avoir plus recours aux allégories, louer sans couleurs notre peintre, en usant de cette étonnante écriture de mante religieuse dont il me fit l’honneur de calligraphier le monologue de la Voix Humaine ». C’est le quatrième livre illustré par Buffet, avec une préface de Bergé. L’année suivante verra le triomphe des deux hommes, ensemble depuis huit années : la première rétrospective de Buffet à trente ans à peine (cent tableaux accrochés à la galerie Charpentier, rue du Faubourg-Saint-Honoré, les actuels locaux de Sotheby’s) et la première collection d’Yves Saint-Laurent pour Dior, à laquelle ils assistèrent ensemble. Leur couple, pour autant, prendra fin au milieu de cette même année 1958. Buffet rencontre Annabel Schwob, qu’il épouse quelques mois plus tard. Trace d’une mouillure marginale ancienne.

N° 73

JEAN C OC TEA U

300 €

LE CORDON OMBILICAL Paris, Plon, 1962. 1 vol. (190 x 125 mm) de 192 pp., broché. Édition originale. Un des 200 premiers exemplaires sur pur-fil, les seuls à contenir les quatre lithographies de Cocteau. Exemplaire signé à la page de titre : « Jean Cocteau » Petit volume fait de souvenirs croisés, de clés pour l’auteur et ses personnages. Jean Cocteau y distingue également trois types de lecteurs : « ceux qui peuvent comprendre mais se trouvent dérangés ; ceux - le plus grand nombre - qui considèrent l’art sous l’angle du sujet et s’en écartent alors ; et enfin ceux, très rares, qui sentent que la manière de peindre ou d’écrire n’est pas autre chose qu’une manière d’être. Lorsque cette manière d’être leur plaît, ils ne sont pas des admirateurs, mais des amis. » 39


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N° 74

300 € CO L ETTE LA SECONDE Paris, Ferenczi, 1924. 1 vol. (196 x 137 mm) de 276 pp., demi-maroquin marine, dos lisse, titre doré, date en pied, tête dorée, couv. et dos cons., étui bordé à l'identique. Édition originale. Un des 100 exemplaires (n° 51) sur japon impérial. « […] J’ai fini, écrit l’auteur à Marguerite Moreno. J’y crois à peine. Il n’y a plus que les petits supplices des épreuves et autres malices typographiques. » Cette histoire d’un quatuor amoureux où la jalousie et le mensonge se partagent l’intrigue a été nourrie de souvenirs et d’expériences vécues par l’auteur lui-même. Le texte sera simultanément livré à Pierre Brisson, directeur de la revue Les Annales et à Férenczi ; il sera porté à la scène en 1951 par Colette et Léopold Marchand, l’auteur dramatique qui avait déjà collaboré à l’adaptation de Chéri en 1921 et de La Vagabonde en 1923. Exemplaire à toutes marges, non rogné et joliment relié. Dos légèrement passé.

N° 75

500 € [CU R IO SA ] TH OR EL DE C HAM P IG NE U LL E S CLÉON, RHÉTEUR CYRÉNÉEN OU APOLOGIE D'UNE PARTIE DE L'HISTOIRE NATURELLE À Amsterdam [Paris], s.é., 1770]. 1 vol. (138 x 82 mm) de 2 ff., 3 ff. d'avertissement n.ch. et 124 pp., maroquin bordeaux, dos lisse orné de filets et fleurons dorés, triple filet dorés sur les plats,titre doré, toutes tranches dorées, roulette intérieure, filets sur les coupes (Reliure de l’époque). Ce conte érotique est composé de noms propres dont chacun s’avère être un anagramme. « Apollinaire, Fleuret et Perceau, qui ont fait état de cette clef dans leur catalogue de l’Enfer, notent que les réflexions qui l’accompagnent “indiqueraient une rédactrice plutôt qu’un rédacteur”» (Pia, 221, qui ne recense que l’édition de 1750, faite aussi à Amsterdam, avec une pagination différente. Quérard, ne cite également que l’édition de 1750 d’Amsterdam. Un exemplaire à la même date que le nôtre est référencé dans le Catalogue des livres imprimés…composant la bibliothèque de M.C. Leber, dans la partie intitulée, Facéties gaillardes, Cocus, (Paris, Techener, 1839, Tome I, p. 395).

N° 76

350 € [CU R IO SA ] EV ARI STE P AR N Y LA GUERRE DES DIEUX Paris, Debray, An VIII [1799]. 1 vol. (105 x 170 mm) de 211 pp. ch et 5 pp. de catalogue, maroquin vert, dos lisse orné de filets dorés, filets sur les plats, tr. marbrées (Reliure de l’époque). Seconde édition après l’originale parue en l’An VII. Ce poème antireligieux, qui fut condamné et interdit par arrêt du 28 juin 1827, avait connu sous le Directoire un succès considérable. Il fit comparer son auteur à Voltaire. Comme celles qui suivirent jusqu’en 1804, cette édition contient des passages supprimés dans les plus récentes. À propos de ces deux éditions, Gay écrit dans sa Bibliographie des ouvrages relatifs à l’amour : « Ces éditions anciennes sont rares et recherchées, parce que les suivantes ont subi des suppressions considérables ». Plus loin : « De nombreuses condamnations de ce livre comme outrageant la morale publique et religieuse sont intervenues en 1821, 1826, 1827, etc. La Guerre des Dieux est un ouvrage aussi critique que libre, mais dans lequel brille un talent poétique de premier ordre; il est considéré comme le meilleur poème de la langue française, après La Pucelle de Voltaire ». « [ Le] poème La Guerre des Dieux, violemment antichrétien (1799), fut l’occasion essentielle de la composition du Génie du Christianisme. » (Van Tieghem). Gay, II, 439-440 ; Cioranescu, 49093 ; Van Tieghem, 2982 ; Caillet 8344

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N° 77

900 € [CU R IO SA ] C L ÉM EN T LUPANIE & RELATION D'UN VOYAGE DE COPENHAGUE À BRÊME A Leyde, s.é., 1867. 1 vol. (133 x 83 mm) de 169 pp., demi-maroquin brique à coins, double filetdoré sur les plats, dos à nerfs orné de caissons d'encadrement dorés, filets, fleurons et roulettes dorés, filets à froid, pièce de titre, titre doré, tête dorée. (Reliure signée de Pouillet). Un des 250 exemplaires sur hollande. Frontispice libre à l’eau-forte sur chine de Félicien Rops. Préface de Charles Monselet. Absent de l’Enfer de la BN et du catalogue du prince G***, ce curieux roman satirique, férocement misogyne, fut attribué à Pierre-Corneille Blessebois. Cette attribution, avancée par Marc de Montifaud et reprise par Apollinaire, est contestée par Pascal Pia. Monselet nous confie qu’elle est sûrement l’œuvre d’une « sorte de cuistre qui eut l’idée de se venger des infidélités de sa maîtresse », imprimée pour la première fois en 1668. Lupanie est ici repris aux côtés d’un autre texte, Relation d’un voyage de Copenhague à Brême en vers burlesques, encore une fois faussement attribué à Blessebois Monselet le présente comme une petite rareté de la littérature burlesque.

N° 78

1 500 € [CU R IO SA ] EJACULATIONS PORNOGRAPHIQUES PAR UN ENCULEUR DE CHATS ! S.l.n.d. [Amsterdam, A. Brancart, vers 1894]. 1 vol. (110 x 180 mm) de 43 pp., broché, couverture muette beige. Édition originale. Impression sur papier vergé, de toute rareté. C’est un recueil de pièces en vers et en prose très libres, anticléricales pour certaines. Bel exemplaire, similaire à l'exemplaire Faure / Pierrat (Pierre Bergé, 2007, n° 98). Dutel, 238.- Pia, 410, qui indique bien une couverture muette.

N° 79

2 400 € [CU R IO SA ] F R AN S DE GE ETER E SPASMES Ne se vend nulle part [Paris, circa 1930]. 1 vol. (285 x 385 mm) en ff. de 2 ff. et 12 eaux-fortes, portefeuille cartonné noir, titre sur le premier plat. Premier tirage, tirée à 150 exemplaires, de cette suite d’estampes libres, dont Remy de Gourmont écrivit : « Ces dessins, d’une rare intuition érotique, fixent miraculeusement, sans cette injure des vaines précisions, l’atmosphère de mysticité sensuelle où j’avais voulu moi-même baigner mes idées et mes rêves. » Cette suite d’estampes libres est son chef-d’œuvre érotique.

N° 80

1 200 € [CU R IO SA ] R OJ AN IDYLLE PRINTANIÈRE Sans lieu ni date [Paris, Henri Pasquinelli, circa 1938]. 1 vol. (247 x 323 mm) d’un titre-frontispice et 30 lithographies rehaussées au crayon de couleurs, sous passe-partout, le tout sous chemise cartonnée (renforcée) à rabats, titre sur le premier plat. Édition originale. Tirage limité à 310 exemplaires, tous hors commerce. Les trente lithographies sont l’œuvre de Rojan, pseudonyme de Feodor Rojankovski (1891-1970). Né en Russie, émigré à Paris à la suite de la Révolution d’octobre 1917, il devient célèbre pour ses illustrations dans un tout autre domaine que l’érotisme, puisqu’il dessina les Albums du Père Castor. Pendant cette même époque, il commets de nombreux dessins érotiques qui illustrèrent notamment les Vers Libre de Radiguet et des ouvrages de Pierre Louÿs. Cette célèbre suite est considérée comme « Un des plus beaux portefeuilles érotiques du XXème siècle » (Dutel 1726).

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N° 81

[DADA ]

1 000 €

DADA SOULÈVE TOUT Paris, Au Sans Pareil, 12 janvier 1921. 1 f. imprimé en noir (recto-verso), Quoique daté très précisément du 12 janvier 1921, ce tract ne fut lancé que le 15, à l’occasion de la conférence sur le Tactilisme donnée par le poète italien Marinetti au Théâtre de l’Œuvre. Cette manifestation offrit prétexte à un chahut monstre orchestré par les dadaïstes, ceux-ci tenant à se distinguer, dans l’esprit du public, des innombrables autres écoles soi-disant modernes, et au premier chef, du futurisme. Marge sup. réparée au papier collant sur 4 cm, 3 pet. manques marg. Rare.

N° 82

1 200 € SAL VAD OR D AL I THE ENDLESS ENIGMA. CATALOGUE D'EXPOSITION New York, Julien Lévy Gallery, 1939. 1 vol. (255 x 317 mm), couverture cartonnée illustrée. Édition originale. Bien complet du multiple des six compositions de Dali superposées au trait et en couleurs sur films de rhodoïd décomposant L’Enigme sans Fin, le phénomène de la double image. Textes au dos d’André Breton, Stefan Zweig et Pablo Picasso. Superbe catalogue ; calques en parfait état. Couverture craquelée aux angles, sans manques.

N° 83

3 000 € [DAL I] R AMO N G OM EZ DE L A SER N A ISMOS. 146 GRABADOS EN NEGRO Y 4 COLOR FUERA DE TEXTO Buenos Aires, Poseidón, Colección Aristarco, 1947. 1 vol. (240 x 170 mm) de 449 pp., demi-toile éditeur, dos lisse, titre doré, plats illustrés. Édition complète. Nombreuses illustrations in et hors texte et en couleurs (Picasso, Chagall, Miro et Dali) ou en noir (Rousseau, Braque, Picasso, Cézanne, Chirico, Lhote, Lipchitz, Léger, etc). Superbe dessin sur double-page et envoi signé de Dali :

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N° 84

SAL VAD OR D AL I & P HI L IP P E HAL S MAN

2 400 €

DALI'S MUSTACHE New York, Simon and Schuster, 1954. 1 vol. (130 x 180 mm), cartonnage éditeur et jaquette ill. en noir & blanc. Édition originale. Envoi signé avec grand dessin : « Para Carlos Bosch, Salvador Dali, 1956 » N° 85

SAL VAD OR D AL I

2 000 €

A STUDY OF HIS ART-IN-JEWELS New York Graphic Society, 1959. 1 vol. (138 x 170 mm) de 126 pp., cartonnage éditeur, dos toilé, titre doré. Édition originale. Préface et 29 reproductions couleurs de fantastiques bijoux créés par Dali, commentées par l’artiste. Grand dessin au premier feuillet avec envoi signé :

N° 86

[SAL VAD OR D AL I]

1 200 €

WE DON’T EAR IT THAT WAY [Paris], [décembre 1960]. 1 placard (300 x 240 mm), sur papier couché. Édition originale. Un des 25 premiers exemplaires sur grand papier couché vert d’eau, « adorné de quelques poils de la vraye moustache », le n° 2 (le n°1 était celui de la Vente Breton). « We don’t ear it that way » - nous ne l’entendons pas de cette oreille - est une publication polémique rédigée afin de protester contre la présence de Dalí à l’exposition surréaliste de la d’Arcy Galleries, à New York en novembre-décembre 1960. Breton, co-organisateur officiel de l’exposition, s’était opposé à sa présence ; le titre de ce tract est dû à Robert Benayoun, illustré par un photomontage représentant Gala Dali en Sainte Vierge agrémentée d’une moustache, avec la célèbre légende de la Joconde de Duchamp: « L. H. O. O. Q. ». Dalí répondra à ce tract par un autre, New York Salutes Me, dans lequel il revendique le fait d’être surréaliste, et explique que précisément, en tant que peintre surréaliste, il n’a jamais la moindre idée (« the slightest idea ») de ce que signifie sa peinture. Parfait état. Rare. José Pierre, p. 397.

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N° 87

GU Y DE BO R D

800 €

LA SOCIÉTÉ DU SPECTACLE Paris, Buchet-Chastel, 1967. 1 vol. (205 x 140 mm) de 221 pp., broché. Édition originale (pas de grands papiers). Exemplaire du service de presse. En 1957, Guy Debord participe à la création de l’Internationale situationniste. Dix ans plus tard, La Société du spectacle, référence idéologique des évènements de mai 1968 au sein des factions les plus radicales, représente sans doute le texte qui aura le plus clairement énoncé ce que chacun, confusément et de manière éparse, rejette dans la médiatisation de nos société contemporaines, devenue « société spectaculaire » : « un règne autocratique de la société marchande ayant accédé à un statut de souveraineté irresponsable, et l’ensemble des nouvelles techniques qui accompagnent ce règne ». Quelque plis en couverture, mais bon exemplaire.

N° 88

JOS EP H DE L TEIL

700 €

LE CYGNE ANDROGYNE Paris, Images de Paris, 1921. 1 vol. (140 x 195 mm) de 30 pp., broché. Édition originale. Tirage à 100 exemplaires sur vergé, signé et justifié par Delteil. Envoi signé : JOINT : Portrait de Delteil, noir & blanc (114 x 160 mm) avec cachet du photographe.

Arrivé à Paris depuis janvier 1920, Joseph Delteil y reçoit en juillet le Prix d’Archon, décerné par l’Académie française, pour son premier recueil, Le Cœur grec. Rédacteur au ministère de la Marine, il y rencontre Elie Richard, qui exerce un poste similaire : ce dernier dirige la revue Images de Paris. L’occasion de lui soumettre son nouveau recueil, Le Cygne androgyne, qui paraît en février 1921, dédiée à Henri de Régnier. Delteil compte insister dans la veine symboliste et prépare un troisième recueil, Les Roses adultères, qui ne paraîtra jamais : il publie un conte Elyud, et découvre dans la prose une voie qui le passionne. Il rédige alors Fleuve amer, qui éblouit Aragon. Légères fentes en marge des couverture. Rare.

N° 89

450 € MAR C EL I NE D ESB OR DE S-VAL M OR E LES ANGES DE LA FAMILLE Paris, Bonneville, 1854. 1 vol. (118 x 181 mm) de 243 pp., demi-veau marine, dos à nerfs orné de filets et fleurons d’encadrement dorés (Reliure de l’époque). Deuxième édition. Envoi signé : « témoignage de profonde estime ; offert par son humble servante, Mme Desbordes Valmore, à monsieur C. Piallat » Reconnue par un Baudelaire qui lui consacrera un article en 1861, l’auteur entra dans l’histoire littéraire sous la protection de Verlaine qui l’inscrivit au fronton de ses Poètes maudits comme « le premier d’entre les poètes de ce temps à avoir employé avec le plus grand bonheur des rythmes inusités », comme les vers impairs et vers de onze syllabes. Les envois, mêmes tardifs, de l’auteur sont rares. Bon exemplaire en reliure du temps. Clouzot, p. 85.

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N° 90

RO BE RT DE SN OS

2 500 €

LES SANS COU FRONTISPICE D’ANDRÉ MASSON Paris, s.é., 1934. 1 vol. (249 x 192 mm) de 44 pp., broché. Édition originale. Un des 90 exemplaires (n° 50) sur vélin pur fil signé au justificatif par l’auteur et l’artiste, d’un tirage total de 113 exemplaires. Envoi signé :

La vie de Robert Desnos change au tournant des années 1930. Exclu du mouvement surréaliste lors du grand nettoyage du Second Manifeste, Desnos répond à André Breton, qui juge ses vers « faux, chevillés et creux», que « le surréalisme est tombé dans le domaine public » Pendant les dix années suivantes, période pourtant féconde, Desnosne publiera qu’un seul recueil de poèmes, Les Sans Cou, tiré à 113 exemplaires seulement et illustré d’une exceptionnelle gravure originale à l’eau-forte d’André Masson, représentant une chimère mi-cadavre démoniaque, mi-papillon. N° 91

800 € FE R NA ND DE SN O YE RS CHANSONS PARISIENNES Paris, E. Pick de l'Isère, 1865. 1 vol. (111 x 172 mm) de 72 pp., demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs, titre et tête dorés, couv. cons. (Reliure signée d'Amand). Édition originale « très rare » (Oberlé). Précieux exemplaire enrichi d’une préface de dédicace, inédite, titrée Préface des Chansons à mon ami Eugène F… de 3 pages manuscrites signées par Desnoyers, datée de décembre 1861, rédigées à l’encre noire et reliées en tête. L’on sait par Firmin Maillard qui en cite un extrait dans Les derniers Bohêmes, que l’éditeur PouletMalassis eût à cette époque ce manuscrit inédit : « Ce mépris du public, il l’a sans cesse et partout ; ainsi, dans une préface qu’il destinait aux Chansons parisiennes, préface restée inédite et que m’a communiquée mon ami Poulet-Malassis, il termine ainsi : “Toute cette jeunesse et sa vulgarité / La voici. - C’est mal fait, rimé mal, imité, / Bref, c’est bien ce qu’il faut au public. - Je l’imprime; / Parce que c’est commun, fait pour tous et sans rime.” » (éd. Plein Chant, 1995, p. 227). Figure de la bohème littéraire, ami de Baudelaire dont il avait salué le talent avant la parution des Fleurs du Mal, Desnoyers fut aussi l’éditeur de l’Almanach parisien, où collaborèrent Gautier, Banville, Murger, Baudelaire, Champfleury, Castagnary, H. Castille, Monselet, Duranty, Scholl, tous poulains de l’écurie Malassis. Très bel exemplaire. Vicaire, III, 226 ; Oberlé, 440.

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N° 92

1 200 € AR THU R C ON AN DO YL E LA MERVEILLEUSE DÉCOUVERTE DE RAFFLES HAW Paris, Stock, 1910. 1 vol. (120 x 190 mm) de 306 pp., demi-percaline mauve à coins, dos lisse, pièce de titre, titre doré, filets et fleurons dorés, tête dorée, couv. et dos cons. (Reliure de l'époque). Édition originale de la traduction française. Un des 8 premiers exemplaires sur hollande, le n° 1. Envoi signé du traducteur à son éditeur : « à P.V. Stock, très cordialement, A. Savine » « Cette fois, avec la Merveilleuse découverte de Rafles Haw, le lecteur français va lier connaissance avec un nouveau Conan Doyle qui sans doute rappelle Jules Verne, mais dont le socialisme large transforme singulièrement en portée et en étendue le domaine pseudo-scientifique de l’auteur du Capitaine Hatteras », dixit Savine. Déjà traducteur d’Oscar Wilde et de Kipling, Alfred Savine signe là sa septième traduction de Doyle; il avait eu en main toutes les facettes de la prodigieuse personnalité de l’auteur qui considérait sa plus célèbre création, Sherlock Holmes, comme un strict travail alimentaire. En pleine rédaction de Raffles Haw, alors qu’il écrit parallèlement une intrigue, ne confiait-il pas à sa mère : « J’envisage de tuer Holmes dans la sixième aventure. Il m’empêche de penser à des choses meilleures. » Exemplaire non rogné, à toutes marges. Infimes piqûres en tête.

N° 93

500 € AL BER T DU BO U T ŒUVRES DE FRANÇOIS VILLON Paris, Gibert Jeune "Librairie d'Amateurs", 1934. 1 vol. (205 x 260 mm) de 141 pp., plein vélin moderne ; dos lisse, illustré, couv. et dos cons., sous étui cartonné. Édition originale. Un des quelques exemplaires sous le cartonnage éditeur avec dos illustré par l’artiste, dans une « reliure médiévale » pastiche, signé par Dubout à la justification. Exemplaire enrichi du dessin original du poème Ballade au nom de la fortune, à l'encre de Chine.

N° 94

AL BER T DU BO U T

250 €

LES GENS DU SIÈCLE PAR DUBOUT Paris, Gallimard, 1937. 1 vol. (150 x 220 mm) non paginé [62 pp.], broché. Édition originale (pas de grands papiers). Exemplaire imprimé du service de presse et signé :

N° 95

2 000 € AL BER T DU BO U T L'INGÉNIEUX HIDALGO. DON QUICHOTTE DE LA MANCHE Paris, Sous l'emblème du secrétaire, 1938. 4 vol. (160 x 230 mm), en ff., sous étui et emboîtages éditeur. Premier tirage des illustrations de Dubout. Un des 56 exemplaires sur Royal Vidalon (n° XII), avec une suite en noir des hors-texte et une aquarelle originale (dessin reproduit p. 102).

N° 96

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500 € AL BER T DU BO U T IDEM. 4 vol. (160 x 230 mm), brochés. Un des exemplaires. sur vélin Bulky (n° 621). Envoi signé de l’éditeur : « au grand Maurice Chevalier en toute sympathie » et signé par Dubout en tête.


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N° 97

MAR C EL DU C HAM P

1 000 €

L'OPPOSITION ET LES CASES CONJUGUÉES SONT RÉCONCILIÉES PAR M. DUCHAMP ET V. HALBERSTADT

Paris et Bruxelles, L'Échiquier, 1932. 1 vol. (280 x 245 mm) de 120 pp., broché. Édition originale. Bien complet des 2 errata et des 8 planches sur papier translucide. En 1932, Duchamp remporte le tournoi d’échecs de Paris et publie une édition de luxe au concept épuré, qui « témoigne de la tendance unitive du naturel artistique de Duchamp : la quête d’un passage d’une logique exclusive et disjonctive à une logique conjonctive » (expression de B. Marcadé), abondamment illustré : L’Opposition et les cases conjuguées. L’image par excellence de cette tendance, c’est la porte de son appartement parisien, conçue pour être à la fois ouverte et fermée. Dans Le Processus créatif, Duchamp formule un « cœfficient d’art personnel » qui serait comme une relation arithmétique entre « ce qui est inexprimé, mais était projeté et ce qui exprimé inintentionnellement ». Le problème des rapports entre échecs et art le préoccupe tout au long de sa vie. Les échecs ne furent-ils pas l’archétype « l’objet de prédilection esthétique totalement plat » que recherchait l’artiste ? Bonne condition hormi un dos passé et quelques taches. Plats en bon état.

N° 98

MAR C EL DU C HAM P

1 300 €

RROSE SÉLAVY Paris, G.L.M., 1939. 1 plaquette (117 x 160 mm) de [20 pp.], brochée. Édition originale. Un des 500 exemplaires sur vélin (d’un tirage total à 515 exemplaires). Superbe état.

N° 99

1 200 € MAR C EL DU C HAM P LES TOILES C'EST LAID. L'ÉTOILE AUSSI [Paris, Galerie "L'Étoile scellée", 1952]. Affichette (116 x 140 mm) gommée de Marcel Duchamp destinée à être collée sur les murs, conçue pour l'ouverture de la Galerie L'Étoile scellée le 5 décembre 1952. Elle porte la signature imprimée « Rrose Sélavy ». «[…] Selon André Breton, qui veillera au choix des œuvres présentées, le moment serait venu d’opposer, tant au risque de régression “réaliste” dans l’art qu’au danger de dissolutions dans un “abstrait” d’authenticité de moins en moins vérifiable, une digue assez large pour s’étendre de Balthus à Paalen, en passant par Max Ernst, Brauner, Toyen, Trouille, Picabia, Man Ray, Giacometti, Miró, Arp, Fernandez…». Parues dans le premier numéro de la revue surréaliste Medium- un bulletin d’informations qui pallie l’absence de revue officielle depuis la Libération - de novembre 1952, ces quelques lignes annoncent l’ouverture imminente de la galerie l’Étoile scellée. Animée par Breton et quelques amis dont Georges Goldfayn qui en sera l’administrateur, la galerie est située 11 rue du Pré-aux-clercs, à Saint-Germain-des-Prés. Au début d’un article de la revue Arts, Breton explique le choix du titre, À l’étoile scellée, assez mystérieux, en relation avec l’Alchimie : depuis le mois de novembre 1952, lui et ses amis suivent, tous les dimanches, à la Salle de géographie, les conférences de René Alleau sur les Textes classiques de l’Alchimie. Alleau propose plusieurs noms énigmatiques pour la future enseigne : À la lune feuillée, Au cœur de Saturne, À l’étoile scellée. Selon Jean-Claude Silbermann, c’est Julien Gracq qui fait pencher la balance en faveur de ce dernier titre. Le 5 décembre 1952, jour de l’inauguration, l’accrochage collectif suit l’énoncé d’intentions de Breton qui reçoit, dit Robert Lebel « avec la courtoisie parfaite d’un maître de maison qui pratique l’oubli des différents et même des injures » ; une décoration collante et éphémère est signée Marcel Duchamp, où les affichettes sur papier gommé se retrouvent placardées en façade ou sur les murs de la Galerie. Les exemplaires intacts de celles-ci sont évidemment d’une grande rareté. Breton, Présentation pour l’ouverture de la galerie À l’Étoile scellée (in O. C., t. III p. 1080, Paris, 1999) ; Silbermann, Entretien avec Julien Gracq, 2007 ; Lebel, Bilan de l’art actuel, Paris, le Soleil Noir, 1953.

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N° 100

2 000 € MAR C EL DU C HAM P A GUEST + A HOST = A GHOST [Paris, pour la Galerie Nina Dausset, 1953]. 1 emballage de papier bonbon (137 x 137 mm) aluminium doré, f r o i s s é . Texte écrit pour William Copley par Marcel Duchamp à l’occasion du vernissage de l’exposition Copley en décembre 1953 à la Galerie Nina Dausset : « ce calembour était imprimé sur de minces feuilles de papier aluminium diversement colorées, enveloppant des bonbons que l’on distribuait aux visiteurs à l’entrée de l’exposition » (Naumann, Duchamp, p. 181). Éphémère de toute rareté, surtout dans cette version dorée [toutes les références reproduites ou citées que nous avons pu rencontrer sont dans une version de couleur bleue ou verte]. Manque à Schwarz ; Naumann : Marcel Duchamp, L'Art à l'Ère de la Reproduction Mécanisée, p. 181 (reproduction 191).

N° 101

MAR G UE RI TE DU R AS

5 600 €

L'AMANT Paris, Les Éditions de Minuit, 1984. 1 vol. (140 x 190 mm) de 142 pp., broché. Édition originale. Un des 99 premiers exemplaires (n°65) sur vélin. Conseiller, comme il arrive à certains, de lire L’Amant à haute voix est le meilleur que l’on puisse faire. On entre ainsi plus avant dans le rythme intime de cette prose unique qui valut à Duras une renommée mondiale. « Dès les premières lignes du récit, écrit François Nourissier, éclatent l’art et le savoir-faire de Duras, ses libertés, ses défis, les conquêtes de trente années pour parvenir à écrire cette langue allégée, neutre, rapide et lancinante à la fois capable de saisir toutes les nuances, d’aller à la vitesse exacte de la pensée et des images. » N° 102

[EIF F E L] L OU I S ÉM IL E DU RA ND EL L E

900 €

GUSTAVE EIFFEL DEVANT LA PILE N°4 S.l.n.d. [Paris, 18 juillet 1887]. Épreuve sur papier albuminé à partir d'un négatif verre au collodion, contrecollée sur carton (340 x 440 mm). Dates et numéros de référence dans le négatif en bas à droite.

N° 103

[EIF F E L] L OU I S ÉM IL E DU RA ND EL L E

800 €

L'ÉCHAFFAUDAGE DES 4 PILES PERMETTANT LA CONSTRUCTION DE LA PREMIÈRE PLATEFORME

S.l.n.d. [Paris, le 14 janvier 1888]. Épreuve sur papier albuminé à partir d'un négatif verre au collodion, contrecollée sur carton (340 x 440 mm). Timbre à sec Durandelle en marge inférieure du montage, dates et numéros de référence en bas à droite.

La construction de la tour Eiffel en plein cœur de Paris, à l’occasion de l’Exposition universelle de 1889, va imposer la photographie comme moyen privilégié pour représenter l’architecture métallique. Depuis le 28 janvier 1887, date à laquelle commencent les travaux, jusqu’à la fin du montage (le 31 mars1889) le chantier va faire l’objet de maints reportages photographiques. Durandelle, qui est déjà l’auteur des photographies du chantier de l’Opéra de Paris, entreprend une série de planches, prises à distance, scrupuleusement datées, qui témoigneront de la rapidité du montage. À travers ses prises de vues frontales, parfois structurées par des entrelacs, des triangles, des pyramides, il manifeste son intérêt quasi exclusif pour les formes. Le Fonds Eiffel du Musée d'Orsay possède deux tirages identiques (n° PHO 1981 125 9 b et PHO 1981 125 16), par don de Solange Granet, descendants de Gustave Eiffel (qui regroupe 15 tirages de Durandelle sur le sujet).

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N° 104

P AUL ÉL U AR D

2 000 €

LE DEVOIR ET L’INQUIÉTUDE Paris, Gonon, 1917. 1 vol. (108 x 164 mm) de 2 ff. et 34 pp., broché, étui-chemise. Édition originale. Un des 200 exemplaires sur arches (n° 35). Frontispice par Deslignères. Envoi signé : « à Marcel Noll, pour que la phrase prédominante s’abaisse au silence, Paul Éluard » « Je veux faire paraître ma plaquette. Le Devoir augmenté est devenu Le Devoir et l’Inquiétude. Je mettrai tout en train et, si je dois partir avant la publication, Gala s’en occupera… ». Éluard, qu’une bronchite a fait évacuer du front, est alors soigné à l’hôpital de Paris-Plage. Le 10 septembre 1917, enchanté du résultat de cette édition, il écrit à Gonon : « [...] sans lire mes vers, à ouvrir, à regarder ce petit volume, le parfait travail chante la douceur des choses auxquelles on s’attache ». Bel exemplaire en reliure du temps, envoyé à Marcel Noll, à qui Eluard quelques années plus tard Les Dessous d’une vie ou La pyramide humaine (cf. n° suivant).

N° 105

P AUL ÉL U AR D

600 €

LES DESSOUS D'UNE VIE OU LA PYRAMIDE HUMAINE FRONTISPICE DE MAX ERNST

Marseille, Les Cahiers du Sud, coll. "Poètes", 1926. 1 vol. (192 x 142 mm) de 80 pp., broché. Édition originale. Un des exemplaires sur alfa. (après seulement 11 madagascar et 21 hollande). Envoi signé : «!A Moïse Kisling, pour lui taper dans l’œil, Paul Eluard ». Le prière d’insérer que Paul Eluard écrivit en 1926 pour ce recueil témoigne de ses positions d’alors en matière d’esthétique poétique. « Il est extrêmement souhaitable, prévient-il, que l’on n’établisse pas une confusion entre les différents textes de ce livre : rêves, textes surréalistes et poèmes. » Dix ans plus tard, l’auteur des Premières vues anciennes reniera complètement cette introduction. Souvent poète varie, malheur à qui… Rousseurs et piqûres, marginales et in texte. Belle provenance néanmoins.

N° 106

P AUL ÉL U AR D

150 €

LA VIE IMMÉDIATE Paris, Cahiers libres, 1932. 1 vol. (194 x 145 mm) de 176 pp., broché. Édition originale. Un des exemplaires sur alfa (second papier). Les joyaux poétiques font de ce recueil une merveille de discours amoureux : du « grand malentendu des noces de radium » à la « robe de cristal » en passant par « la chevelure des caresses », tout est régal, délice et volupté, pérennisé dans un langage à l’abri de l’érosion – on parlera de « diamants noirs ». Bel exemplaire de ce recueil important.

N° 107

P AUL ÉL U AR D

900 €

LA ROSE PUBLIQUE Paris, NRF, 1934. 1 vol. (188 x 121 mm) de 96 pp., broché, non coupé. Édition originale. Un des 50 premiers exemplaires (H.C. n° 5) sur vélin. Envoi signé : « à Jean Paulhan, Paul Éluard » Le texte du prière d’insérer de ce recueil s’achève sur ces mots : « Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré ». Elle fera naître sous la plume de René Crevel un texte aussi beau que les poèmes dont il fera l’éloge : « Rose publique, rose au sang frais, rose carmagnole à qui nul n’osera faire l’injure de la traiter de reine des fleurs, aube des plus beaux fruits sur l’arbre de la subversion, rose des faubourgs »… Crevel livre cette critique au printemps 1935 dans le sanatorium de Davos où Éluard et Nusch l’avaient rejoint quelques mois plus tôt. Resté inédit, il aurait dû s’inscrire dans un essai intitulé, Au Carrefour.

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N° 108

P AUL ÉL U AR D & M AN R AY

9 000 €

FACILE Paris, GLM, 1935. 1 vol. (311 x 238 mm) non paginé, broché. Édition originale. Un des exemplaires sur vélin. 12 photographies par Man Ray de Nusch Éluard. C’est sur ces images que le poète écrit les poèmes d’amour de Facile, dans une mise en pages magistrale par le poète-typographe Guy Levis Mano. Envoi signé :

Précieux exemplaire offert par l’auteur à Pierre Seghers, l’un de ses plus fidèles compagnons d’après-guerre. « J’avais lu dans les Cahiers d’Arts, en 1937, le poème La Victoire de Guernica. Je ne me doutais qu’à Paris, quatre ans plus tard, premières “liaisons”, première rencontres, Éluard me dirait lui-même son poème, dans son petit appartement du 35 rue de la Chapelle. J’avais grimpé les marches du petit escalier le cœur battant ! Nush, menue, brune, les yeux immenses, m’avait ouvert… Guernica, en 1941, c’était devenu la France, c’était chez nous ! [...] la poésie de la Résistance, fait historique autant que littéraire, est indissociable des conditions de sa création. Histoire, événement, poésie, vont ensemble...» . Et les soldats poètes de l’ombre s’appelaient donc Seghers, Éluard, Max-Pol Fouchet, Pierre de Lescure, Vercors, Aragon, Pierre Emmanuel, Jean Moulin. Seghers fonda dès 1939 la revue P.C. 39 (Poètes casqués) qui devint l’année suivante Poésie 40 (puis 41…). Il y publia nombre de poètes engagés, contribuant de la sorte à faire connaître la poésie de la Résistance. Plus tard, sous un pseudonyme imaginé par Éluard, il participe à L’Honneur des poètes, dont le même titre sera gardé pour une collection dirigée par Éluard après-guerre, toujours chez Minuit, où quatre titres seront publiés : Lucien Scheler, Robert Desnos, Eugène Guillevic, et… Pierre Seghers. Mais ce dernier reste avant tout éditeur, et le souci de diffusion de la poésie contemporaine le conduit à créer en 1944 sa propre maison d’édition et la fameuse collection des « Poètes d’aujourd’hui » : le premier titre sera évidemment consacré à Paul Éluard. Très bel exemplaire. Parr-Badger I, 105 ; Roth, The book of 101 books, p.86.

N° 109

P AUL ÉL U AR D DONNER À VOIR Paris, NRF, 1939. 1 vol. (188 x 120 mm) de 213 pp., broché. Édition originale. Un des exemplaires imprimés du service de presse. Envoi signé :

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N° 110

P AUL ÉL U AR D

800 €

POÉSIE INVOLONTAIRE ET POÉSIE INTENTIONNELLE Villenuve les Avignon, Pierre Seghers, 1942. 1 vol. (211 x 133 mm) de 72 pp., broché. Édition originale. Un des exemplaires sur vélin. Envoi signé : « exemplaire de mon ami Jean Paulhan, Paul Éluard […] Poètes qui s’ignorent et poètes qui s’oublient » « Comprendra-t-on mon intention profonde, amener l’esprit poétique en France dans des contrées mal appréciées jusqu’ici […]. Ce livre doit être utile, fécond », (in Corr., 24 mai 1942, sur une carte interzone). C’est ainsi que Paul Éluard présentait à son ami Louis Parrot son ami, poète et éditeur Pierre Seghers (cf. n° 108). Ce dernier écrit à l’auteur « […] j’ai lu votre texte et les citations avec une belle joie, je suis ravi, et je vais m’employer au succès absolument certain. […] je pars pour Lyon mardi apporter le texte à l’imprimeur. Je veux une typo simple, mais heureuse. Je prends pour vous mes dernières rames de papier […]. La poésie involontaire, si banale, si imparfaite, si grossière soit-elle, est faite des rapports entre la vie et le monde, entre le rêve et l’amour, entre l’amour et la nécessité. » N° 111

P AUL ÉL U AR D

400 €

AU RENDEZ-VOUS ALLEMAND À Paris, Aux Éditions de Minuit, 1944. 1 vol. (212 x 137 mm) de 62 pp., broché. Édition originale. Portrait frontispice d’après une eau-forte de Picasso. Envoi signé :« à Henry Malherbe qui a donné à la vertu son sens le plus noble, son admirateur et son ami, Paul Éluard » En ce temps-là, Paris avait froid, Paris avait faim, occupée par d’étranges barbares qui « ignoraient que la beauté de l’homme est plus grande que l’homme ». En ce temps-là, ses murs étaient placardés d’avis, « menaces ou listes d’otages faisant peur à quelques-uns et honte à tous ». En ce temps d’Occupation (1941-44), « il fallait bien que la poésie prît le maquis » pour donner à voir, à comprendre, à lutter, pour venger, punir et vaincre. Alors, elle se pare des mots les plus simples, les plus nus, compréhensibles par tous ; elle se fait arme de combat pour que demeure l’espoir de recouvrer Liberté, Amour, Fraternité ; elle se conjugue au futur : « Nous aimons les hommes / Ils s’évaderont / Nous en prendrons soin / Au matin de gloire / D’un monde nouveau / D’un monde à l’endroit ». N° 112

ÉTIE N NE -GU I LL AU M E D’EY R AG UE S

200 €

DU PAYS DE LA POMME AUX PAYS DES ORANGES PAR DEUX NORMANDS Falaise, imprimerie P. Montauzé, 1886. 1 vol. (120 x 170 mm) de 149 pp., demi-chagrin vert sapin, dos à nerfs orné de fleurons dorés, pièce de titre et titre doré (Reliure de l'époque). Édition originale. Envoi signé : « tendre hommage au ménage de la part d’un cousin voyageur. le Bouchet ce 19. 9bre1886, d'Eyragues » Après une longue carrière diplomatique, le marquis d'Eyragues revient dans sa Normandie familiale. Après une édition de ses Mémoires à compte d’auteurs, pours ses fils et sa famille, il rédige, suite à un voyage qui l’emmène en Espagne, Portugal et Afrique du Nord, ce second opuscule, tiré à petit nombre pour ses proches dans une imprimerie de Falaise (Calvados). Il y raconte deux années de périple par « deux normands », qui forme un amusant et intéressant récit de voyage. Deux exemplaires répertoriés : Fonds normand de la B.M. de Caen et Bibliothèque de l'Arsenal à Paris. Rare.

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N° 113

LÉ ON -P AU L FA RG U E

3 800 €

BANALITÉ Paris, Librairie Gallimard, 1930. 1 vol. (195 x 226 mm) de 92 pp., broché. Première édition illustrée. 16 « réogrammes » de Fabien Lorris et Roger Parry. Un des 332 exemplaires sur hollande, non numéroté. En 1928 Roger Parry entre comme assistant de Maurice Tabard, au studio de photographie publicitaire Deberny-Peignot. Très vite, il prépare avec Fabien Loris l’illustration photographique d’un recueil de poèmes de Fargue, Banalité. C’est André Malraux, promu en 1928 directeur artistique et responsable des éditions de luxe chez Gallimard qui eut l’idée de faire illustrer les évocations floues du Paris de Léon-Paul Fargue par des photomontages mettant en parallèle la superposition des images et le mélange des souvenirs. « Le caractère exceptionnel de Banalité, indépendamment de ses qualités intrinsèques, est d’être ce premier pont jeté entre le grand livre illustré et l’expérimentation photographique, deux territoires où s’invente la modernité » (Christophe Berthoud catalogue du Jeu de Paume 2007). Regards 35. Parr & Badger, I, 100-101. Roger Parry au Jeu de Paume, p. 35 à 48, entièrement reproduit.

N° 114

GU STAVE F L AU B ER T

4 500 €

MADAME BOVARY Paris, Michel Lévy, 1857. 2 vol. (180 x 125 mm), demi maroquin rouge, dos à nerfs richement orné d'un décor à semis de filets dorés, dates en pied dans caissons, têtes dorées, couv. conservées (Reliure de l'époque). Édition originale. Exemplaire du premier tirage avec toutes les caratéristiques. Trente-cinq chapitres pour une succession de tableaux décrivant les moments d’une vie : récit d’un adultère somme toute banal, Madame Bovary est surout le roman de l’insatisfaction. Le livre eut un retentissement énorme dans la presse et dans le public et il n’y eut d’articles franchement élogieux que de Barbey d'Aurevilly, de Sainte-Beuve et de Baudelaire. Pour le reste, la clique critique de l’époque eut la plume lourde, on se plaint que « les scènes d’une crudité révoltante abondent dans l’ouvrage » (Journal des Débats) « signe d’une décadence rapide et d’une corruption de plus en plus accentuée » (l’Univers) qu’il faut affronter, « quitte à se laver les mains au bas de la page » (Le Réveil). L’avocat général Ernest Pinard voit dans le roman « une peinture admirable sous le rapport du talent, mais une peinture exécrable au point de vue de la morale. » Restauration discrète aux charnières du premier plat, sinon très bel exemplaire, exempt de rousseurs et très joliment relié en maroquin d’époque, condition des plus rares, davantage avec ses couvertures. Vicaire III, 721.

N° 115

1 400 € GU STAVE F L AU B ER T L'ÉDUCATION SENTIMENTALE Paris, Michel Lévy, 1870. 2 vol. (250 x 155 mm) de 2 ff. et 427 pp. ; 2 ff. et 331 pp., demi-chagrin tête-de-nègre, dos à nerfs et caissons d'encadrement dorés, titre doré (Reliure tout début XXème). Édition originale. Premier tirage, vierge de toute mention d’édition. Publiée en 1869, l’acceuil est mitigé, négatif, voire féroce : « il n’y a plus à s’occuper de Flaubert qu’au seul cas où il changerait de système et de manière, et il n’en changera pas. Il est collé sous bande, comme au billard ! Dans sept ans, nous verrons […] l’épitaphe de cet homme mort : « Ci-gît qui sut faire un livre, mais qui ne sut pas en faire deux ! » (Barbey d’Aurevilly, in Le Constitutionnel, 19 nov. 1869). Piqûres éparses, comme souvent. Carteret, I, 268.

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N° 116

RO GE R F R EN E & AM ADÉ O MO DI GL IA NI

800 €

LES NYMPHES Paris, Ronald Davis, 1921. 1 vol. (200 x 140 mm) de 30 pp., broché. Édition originale.Un des 120 exemplaires sur japon ancien. Le seul livre illustré par Modigliani. N° 117

2 500 € CH AR L ES DE G AU LL E DISCOURS ET MESSAGES *PENDANT LA GUERRE ** DANS L'ATTENTE *** AVEC LE RENOUVEAU **** POUR L'EFFORT ***** VERS LE TERME [AVEC] LETTRES, NOTES ET CARNETS Paris, Plon, 1970-1988. 5 + 12 vol. (140 x 230 mm), brochés. Édition originale. Un des 69 et 100 premiers exemplaires sur hollande (n°8 et 79). L’intégralité des discours, messages et écrits, depuis les œuvres de jeunesse au discours du 28 avril 1969, en passant par l’appel du 18 juin 1940. Ces pièces, pour certaines inédites, forment un complément indispensable aux Mémoires de guerre.

N° 118

CH AR L ES DE G AU LL E

900 €

MÉMOIRES D’ESPOIR Paris, Plon, 1970. 2 vol. (135 x 205 mm) de 314 et 223 pp., cartonnages éditeurs, rhodoïd. Édition originale. Fac similés du manuscrit de l’Effort en fin du tome 2. Envoi signé et daté du 6 octobre 1970 :

Sans doute l’un des tous derniers envois rédigés par de Gaulle, qui devait décéder un mois plus tard, le 9 novembre 1970. Il est envoyé à Pierre Charpy, journaliste à France-Soir et l’un des proches de Georges Pompidou, qui lui confiera la direction de La Lettre de la Nation. On lui doit la célèbre Une de Paris-Presse titrée “Salut les voyous !”, après les émeutes du samedi 22 juin 1963 de la folle Nuit de la nation : afin de célébrer le premier anniversaire du magazine Salut les copains, Daniel Filipacchi organise sous l’égide d’Europe n°1 un concert gratuit Place de la Nation. 200 000 personnes s’y donneront rendez-vous, et la fin du concert dégénère violemment. Edgar Morin, dans Le Monde, livrera une analyse sociologique qui fera date, Le Temps des Yé-yé. Et pour être tout à fait complet, citons le général de Gaulle qui, lui, aura cette réflexion : « Ces jeunes ont de l’énergie à revendre. Qu’on leur fasse construire des routes ! » N° 119

JEAN GE NE T

600 €

HAUTE SURVEILLANCE Paris, Gallimard, 1949. 1 vol. (142 x 205 mm) de 135 pp., broché. Première édition dans le commerce (après un tirage confidentiel à 60 exemplaires). Envoi signé : « mon cher Kléber, il m’en reste le manuscrit recopié par Java. Si ça vous intéresse […] croyez en mon admiration et à mon amitié, Jean Genet » La première représentation eut lieu en 1949, mise en scène par l’auteur. Genet fera recopier, à fin de ventes, plusieurs de ses manuscrits par son compagnon Java, dont, à l’évidence, celui-ci, proposé ici à un Kléber que nous n’avons pu identifier plus précisément. Rature autographe restaurée au dédicataire, doublé au verso. Papier jauni, sinon bon exemplaire.

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N° 120

AL BER TO G IAC O ME TT I

750 €

EX-LIBRIS D'EDMOND BOMSEL. EAU-FORTE ORIGINALE S.l.n.d. [Paris, circa 1950]. 1 eau-forte (700 x 103 mm), sur japon mince. Très belle épreuve originale, vierge et jamais encollée, à toutes marges. Notaire de Versailles et ami de Breton - il lui confia la direction de Gradiva (cf. n° 254), Edmond Bomsel fut un collectionneur d’art et éditeur, puisqu’il dirigea quelques temps les Éditions du Sagittaire. Son ex-libris réalisé par Giacometti est, à notre connaissance, le seul réalisé par l’artiste. N° 121

600 € AN DR É GID E PALUDES Paris, Librairie de l’Art indépendant, 1895. 1 vol. (184 x 196 mm) de 103 pp., cartonnage ivoire, dos lisse, titre doré, couv. cons. Édition originale. Un des 388 exemplaires sur hollande antique. Paludes est une parodie de journal intime et un petit chef d’œuvre d’ironie. C’est aussi pour Gide la mise en pratique de sa théorie énoncée en 1893 dans son Journal : « J’aime assez qu’en une œuvre d’art on retrouve ainsi transposé, à l’échelle des personnages, le sujet même de cette œuvre. (...) comparaison avec ce procédé du blason qui consiste, dans le premier, à mettre le second en “abyme” ». Le procédé narratif sera davantage développé dans Les Faux-monnayeurs, avant d’entrer définitivement dans la critique littéraire par l’intermédiaire de Claude-Edmonde Magny (in Histoire du roman français depuis 1918). Naville, VIII ; Talvart et Place VII, 40, 6a.

N° 122

1 300 € AN DR É GI DE NUMQUID ET TU ?... Paris, s.é., 1922. 1 vol. (160 x 155 mm) de 71 pp. et 1 f., demi-maroquin bleu à coins, dos à nerfs, titre doré, date en pied, tête doré, couv. et dos cons. (Reliure signée d’Huser). Édition originale. Tirage unique à 70 exemplaires, non mis dans le commerce. Texte surprenant, publié quelques temps après le scandaleux Corydon : « Avertissons tout de suite et charitablement les amateurs allumés par Si le grain, par Corydon ou par les Faux-monnayeurs que la série est interrompue et que, cette fois, s’ils comptaient sur la même marchandise, ils seraient volés. Numquid et tu!?... est un petit tract édifiant, tel qu’en distribuent les officines méthodistes et les armées du salut. Point de petits Arabes ni de potaches suspects. Ouvrez votre Bible et songez à votre âme!! » (Souday, Le Temps, 1927). Bel exemplaire, bien relié par Huser. De la bibliothèque Paul Voûte, avec ex-libris. Naville, LXIV.

N° 123

500 € JEAN GI RA UD OU X LECTURES POUR UNE OMBRE Paris, Émile-Paul, 1917. 1 vol. (187 x 114 mm) de 282 pp., maroquin noisette, dos à nerfs, titre doré, triple filets sur les plats, tête dorée, couv. et dos cons. (Reliure signée de Huser). Édition originale. Un des exemplaires imprimés pour l’auteur (n° 25). Envoi signé : « à Pierre, son ami Jean » Jean Giraudoux rencontre Pierre Abreu en 1908, à Harvard. C’est l’année suivante que ce dernier lui présente sa soeur, Lilita Abreu, dont il tombera éperdument amoureux. Elle lui inspirera Simon le Pathétique et les Abreu, frères et sœurs, resteront toute leur vie très proches de Giraudoux. Ils financeront la Maison de Cuba à la Cité Universitaire de Paris et Lilita deviendra une des égéries de la N.R.F. et servira aussi comme modèle pour Vuillard et Dunoyer de Segonzac. Dans son journal, engagée sur le front comme infirmière en Haute-Saône, elle admira en Giraudoux le soldat courageux et modeste qui avait choisi de combattre en première ligne. Bel exemplaire en plein maroquin signé d’Huser. Des bibliothèques Pierre Abreu (envoi signé) et Jean-Claude Abreu (vente Christie’s, 2010).

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N° 124

800 € JEAN GI RA UD OU X ADIEU À LA GUERRE Paris, Bernard Grasset, 1919. 1 vol. (300 x 210 mm) de 28 pp., demi-box marron, dos lisse, titre doré, tête dorée, couv. et dos cons. (Reliure signée d'Alain Lobstein). Édition originale. Tirage unique à 362 exemplaires sur vélin. Vignette en frontispice de Maxime Dethomas. Ce chapitre formera l’année suivante la conclusion de Adorable Clio. Montée en tête, belle et longue lettre autographe signée « Jean », datée du 15 octobre [1914], de Bâle. Giraudoux est alors engagé dans la campagne d’Alsace : « […] depuis que je suis en service, ma ’teneur’ en religion a beaucoup augmenté. Cela tient peut-être au fait qu’étant a peu près abruti toute la journée on n’en apprécie que plus les vraies valeurs d’ordre spirituelle…». Il remercie chaleureusement son interlocutrice, Tilou, « pour ses splendides paquets, de vrais paquets de soldats ! [...] et merci de ta lettre […] j’avoue que ce que tu me dis sur tes affaires religieuses m’ont grandement étonné. Tilou sans l’oratoire ou plutôt l’Oratoire sans Tilou, est-ce possible ? Mais est-ce que cela correspond vraiment à un chagement d’idées en toi ; si c’est le cas, ce serait vraiment terrible et des plus surprenant…».

N° 125

4 500 € JEAN GI RA UD OU X AMPHYTRION 38 Paris, Bernard Grasset, 1929. 1 vol. (125 x 190 mm) de 312 pp. et 2 ff., maroquin marine, dos lisse, titre doré, tête dorée, couv. et dos cons. (Reliure signée de Gonon). Édition originale. Un des quelques exemplaires nominatifs sur arches, pour Jouvet. Envoi signé :

Amphytrion est en effet la seconde collaboration entre les deux hommes, après Siegfried qui obtint un énorme succès : Jouvet demande alors à Giraudoux de lui réserver la prochaine qu’il composera. Ce sera Amphitryon 38, ainsi nommé parce que l’auteur avait dénombré trente-sept versions antérieures de ce sujet inauguré par Plaute (v.-124) et traité en particulier par Molière (1668), Dryden (1690) ou Kleist (1807). De la bibliothèque Louis Jouvet, avec son ex-libris dessiné par Bérard. Parfait état et parfaite provenance.

N° 126

200 € JEAN GI RA UD OU X L'IMPROMPTU DE PARIS Paris, Bernard Grasset, 1937. 1 vol. (117 x 172 mm) de 141 pp., maroquin rouge, reproduction de la signature de Giraudoux frappée à l'or au centre du premier plat, dos lisse, titre doré, tête dorée, couv. et dos cons. Édition originale. Un des 22 exemplaires sur vélin héliotrope. Créée pour la première partie d’une reprise de La Guerre de Troie n’aura pas lieu, la pièce est composée sur le modèle de L’Impromptu de Versailles de Molière, avec pour décor une scène de théâtre. Ainsi, les personnages sont-ils les comédiens eux-mêmes, et le théâtre, selon la définition qu’en donne Giraudoux, le « réel dans l’irréel ». Très bon état, hormis un dos insolé. De la bibliothèque Jacques Lorcey, avec ex-libris.

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N° 127

400 €

JEAN GI RA UD OU X ARMISTICE À BORDEAUX Monaco, Éditions du Rocher, 1945. 1 vol. (190 x 240 mm) de 35 pp., en feuilles.

Édition originale. Frontispice gravé par Albert Decaris. Un des 50 exemplaires hors commerce. Envoi signé : « Pour Louis Jouvet, compagnon de mon père, dans sa mort comme dans sa vie, avec toute mon affection et celle de Suzanne. Giraudoux, Montaigne, 28 juillet 1945 » Texte important de Jean Giraudoux qui éclaire le rôle souvent contesté qu’il joua sous l’Occupation. Son fils, qui adresse ici l’exemplaire à Louis Jouvet, l’ami de son père, six mois après la disparition de celui-ci, s’était engagé dès juillet 1940 dans les Forces navales de la France libre. N° 128

JOH AN N W O L FG AN G VON GO ET H E EU GÈ NE D EL AC R OI X

15 000 €

FAUST. TRAGÉDIE TRADUITE EN FRANÇAIS PAR M. ALBERT STAPFER Paris, Motte et Sautelet, 1828. 1 vol. (437 x 290mm), broché, chemise et étui de l'éditeur. Un des chefs-d’œuvre du livre illustré romantique. Couvertures chamois imprimées en noir, illustrées par Deveria. L’exemplaire est bien complet du fronstispice (portrait de Goethe par Delacroix) litographié sur chine appliqué et des 17 planches lithographiées par Eugène Delacroix en noir et blanc tirées sur papier vélin ; elles portent toutes la bonnes adresse du premier tirage, au nom de Delacroix et Motte. Cette édition du Faust est aujourd’hui considérée comme le premier livre d’artiste dont on compte très peu d’exemples au XIXème siècle. Le plus connu est probablement Le Corbeau de Poe, illustré par Manet en 1875 sur la traduction de Mallarmé. Très controversées dès leur parution, les lithographies de Delacroix furent très appréciées par Goethe. Mais, les jugeant trop libres, le public ne partagea pas son enthousiasme. Goethe, qui eut connaissance de cette illustration au moment de sa parution, se montra enthousiasmé par la manière fougeuse de l’artiste et déclara : « Delacroix est un talent d’élite, qui a rencontré dans le Faust son véritable aliment […] Monsieur Delacroix a surpassé ma propre vision ». Fasciné par le mythe de Faust, Delacroix s’en est inspiré avec passion. Tout commence en 1829 lorsque le peintre, âgé de 28 ans, accepte la proposition de l’éditeur Charles Motte « de lui sacrifier quelques instants pour arranger une affaire diabolique avec Faust ». Dix-huit lithographies naissent alors pour accompagner le premier Faust dans la traduction d’Albert Stapfer. L’originalité de son interprétation de l’œuvre devient saisissante : c’est Méphistophélès le héros et non Faust. Cet ouvrage révèle, de la façon la plus passionnante et la plus exhaustive, les liens extrêmement romantiques d’un peintre et d’un mythe, d’un mythe et d’une œuvre, d’une œuvre et d’une époque : Faust, Goethe, Delacroix et le XIXème siècle. Très bel exemplaire sans rousseurs, dans sa condition brochée avec ses deux couvertures. Le dos a été habilement, et anciennement, remplacé pour un papier muet. L’ouvrage est considéré comme le premier livre de peintre, un « ouvrage remarquable et typique de l’époque romantique avec des illustrations magistrales du grand Delacroix, qui est heureusement de plus en plus estimé des bibliophiles de goût. Les compositions sont de purs chefs-d’œuvre » (Carteret, III, 270) ; Vicaire, III-1013 ; Ray n° 143 : « The creators of livres de peintres see it as the first link in their own tradition. Few would now deny that it is one of the supreme illustrated books of the world. »

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N° 129

400 € EDM ON D DE G ON C OU R T LA FILLE ÉLISA Paris, Charpentier, 1877. 1 vol. (189 x 140 mm) de 291 pp., demi-percaline ocre, dos lisse, pièce de titre, tête rouge (Reliure de l'époque). Édition originale. Envoi signé : « à Banville, son vieil ami, Goncourt » Les Goncourt brosseront le portrait de Banville dans Les Hommes de lettres, ce roman à clef (Banville y est Boisroger) paru chez Dentu, le 24 janvier 1860. Début d’une longue amitié… Reliure dans le goût de Pierson, le relieur de Goncourt. Rousseurs. Ex-libris de Banville, gravé par Royer.

N° 130

300 € EDM ON D DE G ON C OU R T LA FILLE ÉLISA Paris, Charpentier, 1877. 1 vol. (185 x 135 mm) de 291 pp., demi-maroquin cerise à coins, filets à froid sur les plats, dos à nerfs orné de filets à froid, titre doré, date en pied, tête dorée sur témoins, couv. et dos cons. Édition originale. Un des 75 premiers exemplaires sur hollande (après deux exemplaires d’auteur sur Chine). Ajouté, un portrait de l’auteur tiré sur japon en tête, gravé par Adolphe Varin.

N° 131

300 € EDM ON D DE G ON C OU R T MADAME SAINT-HUBERTY D'APRÈS SA CORRESPONDANCE ET SES PAPIERS DE FAMILLE... Paris, Dentu, 1882. 1 vol. (120 x 185 mm) de 288 pp. et 1 f., demi-maroquin orangé à coins, dos lisse, titre doré, tête dorée, couv. cons. (Reliure signée de Rousselle). Édition originale. Un des 25 exemplaires sur chine, avec la gravure en deux états (noir et sanguine). Révélée en tant que première cantatrice dans Didon, le célèbre opéra de Puccini, Madame de SaintHuberty triompha comme cantatrice puis comme actrice jusqu’en 1790. Elle s’exila avec le comte d’Entragues qui l’épousa secrètement à Lausanne, avant de finir assassinée par un domestique.

N° 132

EDM ON D ET JU L ES DE G ON C O UR T

300 €

LES FRÈRES ZEMGANNO Paris, Charpentier, 1879. 1 vol. (125 x 180 mm) de xii et 375 pp., demi-maroquin marine à coins, dos à nerfs, tête dorée, titre doré (Reliure signée de Yseux). Édition originale. Un des 100 exemplaires numérotés sur papier de hollande (après 2 chine). Très bel exemplaire, sans défaut. Vicaire, III, 1060

N° 133

JU L IEN GR AC Q

900 €

AU CHÂTEAU D'ARGOL Paris, José Corti, 1938. 1 vol. (190 x 128 mm) de 186 pp. et 1 f. blanc, broché. Édition originale. Septembre 1938. Julien Gracq passe à la librairie José Corti, rue de Médicis, pour acheter des livres. En voyant Retour de Guyane de Léon Damas sur une table, il comprend qu’il se trouve chez un libraire-éditeur et lui soumet donc son premier manuscrit, Au Château d’Argol, que Gallimard vient juste de refuser. Corti accepte de le publier, moyennant une participation aux frais pour l’impression de 1 200 exemplaires. Fin 1939, seuls 130 exemplaires auront été vendus. Bel exemplaire.

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N° 134

JU L IEN GR AC Q

2 000 €

UN BEAU TÉNÉBREUX Paris, Corti, 1945. 1 vol. (122 x 190 mm) de 201 pp., broché. Un des 50 premiers exemplaires sur pur-fil. Deuxième livre publié de Julien Gracq, c’est un roman dont « On ne sort pas indemne […] Voici la plus bouleversante sensation (et le plus grand plaisir, la plus sûre justification d’une lecture) qu’on puisse éprouver : non pas qu’on ait lu mais qu’on soit lu, et non pas qu’on lise un livre, mais qu’il vous lise ». (Max-Pol Fouchet, Les Lettres françaises, 7 avril 1945). N° 135

N° 136

1 400 € JU L IEN GR AC Q & C AM IL L E JO SS O LE RIVAGE DES SYRTES S.l.n.d. (Nancy, 1956). 2 vol. (270 x 330 mm) en ff., sous étui-chemise cartonnée, dos lisse, pièce de titre contrecollée, avec deux cuivres originaux. Première édition illustrée. Un des 7 premiers exemplaires sur Auvergne, signé par l’artiste et accompagné d’une suite à part des burins sur papier nacré du Japon, de trois dessins originaux au crayon noir et à l’encre signés et de deux dossiers composés d’états uniques signés, de croquis sur calque et de corrections d’épreuves et de deux cuivres originaux. Envoi signé, avec grand dessin « à Maître Popelin, hommage de Camille Josso » Ce très beau livre imprimé sur les presses de Daragnès, est illustré de 50 burins originaux de Camille Josso, dont 23 hors-texte (9 sur double page) et 27 in-texte. Il a été réalisé deux ans après la parution du texte, à l’initiative de l’Assemblée Générale de Beaux Livres, présidée par Maximilien Vox.

CH AR L ES GU É RI N

450 €

LE CŒUR SOLITAIRE Paris, Mercure de France, 1898. 1 vol. (150 x 210 mm), demi-maroquin taupe à coins, dos à nerfs, titre doré, filets dorés sur les plats, tête dorée, couv. cons. (Reliure signée d'Alix). Édition originale . Un des 390 exemplaires numérotés sur papier teinté. Envoi signé : « à Henri de Régnier, son admirateur, sympathiquement, Charles Guérin » Né à Lunéville en 1873, Charles Guérin eût une vie brève et douloureuse sans cesse menacée par la maladie ; ce « collaborateur assidu du Mercure de France, donna çà et là des poèmes à l’Ermitage et aussi à la Revue des Deux Mondes où il écrivit pour la première fois en 1899. D’admirables poèmes, publiés par séries dans les revues, furent réunis plus tard dans le Semeur de Cendres (1901) et l’Homme intérieur (1905). Ce n’est pas le moment de juger ici, en quelques lignes l’œuvre prodigieusement forte que laisse le poète… »(Henri Albert, Mercure de France, 1er avril 1907, pp. 568-569.). Guérin, grâce à Van Bever et à Léautaud, entra dans le fameux recueil des Poètes d’aujourd’hui paru au Mercure, à côté d’Henry de Régnier. Très bel exemplaire, admirablement relié par Alix.

N° 137

500 € GU IDE S L AR OU SS E IL L US T R ÉS ITINÉRAIRES VÉLOCIPÉDIQUES Paris, Librairie Larousse, 1894 . 2 vol. (118 x 146 mm) de 35 pp. + index + carte, percaline éditeur rouge avec décor à froid au premier plat et le logo Larousse de la semeuse au verso. Numéro 1 et 2 de la « Série Rouge », soit les deux premiers titres des guides jamais publiés par la maison Larousse. Elle propose ainsi les premiers guides vélocipédiques, avec une partie touristique et une partie topographique, dont une belle carte dépliante en couleurs du parcours dans chaque volume. Pierre Larousse s’éteint à Paris en 1875, l’année de la fondation de la société « Vve P. Larousse et Cie ». La fameuse devise de Pierre Larousse « Je sème à tout vent » est conservée, et illustrée dès 1876 par le dessin du pissenlit d’Émile Reiber. L’apparition de la « semeuse » a lieu en 1890 et est l’œuvre d’Eugène Grasset et fera son apparition aux quatrièmes de couverture des guides rouges.

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N° 138

LO U IS G UI L LO U X

600 €

LE SANG NOIR Paris, Gallimard, 1935. 1 vol. (140 x 190 mm) de 433 pp., broché.

Édition originale. Exemplaire imprimé du service de presse. Envoi signé. En 1917, dans le décor d’une préfecture de province que la guerre n’atteint que par les listes de « morts au combat » qui s’allongent, un professeur de philosophie vit un calvaire quotidien. il est détesté par ses confrères, est la risée de toute la ville et des ses propres élèves ; ces potaches l’ont surnommé “Cripure”, en référence à la Critique de la raison pure de Kant. L’année même où il situe son roman, Guilloux quittait le lycée et nouait avec son ancien professeur de philosophie, Georges Palante, des relations que le suicide de celui-ci viendront brutalement interrompre. Le Sang noir parût exactement dix ans plus tard, orné de ce bandeau de l’éditeur : « La vérité de cette vie n’est pas qu’on meurt, c’est qu’on meurt volé ». Gide le tenait pour un pur chef-d’œuvre, tandis que Malraux découvrait dans un article, le visage de l’autre héros du livre : « la mort est le personnage principal du Sang noir. C’est d’elle qu’il tire, malgré son désordre, son étonnante unité. Elle permet à l’auteur [...] de chuchoter tout au long du livre sa vérité tâtonnante, sa vérité à la fois indignée et desespérée d’aveugle : “les hommes ne sont pas au niveau de leur douleur - les hommes ne sont pas dignes de leur mort” ». Petites piqûres et manques au dos, sinon bon exemplaire.

N° 139

LO U IS G UI L LO U X

250 €

LA MAISON DU PEUPLE. COMPAGNONS Paris, Grasset, 1953. 1 vol. (120 x 180 mm) de 224 pp., broché. Deuxième édition, en partie originale. Envoi signé : « à mme et m. Moncorger, avec les bonnes pensées et les hommages de Louis Guilloux » La Maison du peuple évoque les grandes luttes sociales du début du XXème siècle ; Guilloux s’inspire ici de son enfance et annonce les thèmes à venir de son œuvre : un dégoût profond de l’injustice et le soucis permanent des plus humbles. Cette seconde édition est précédée d’un très beau texte inédit de Camus sur son ami Guilloux, et augmentée de la nouvelle Compagnons, autre merveilleux texte. N° 140

LO U IS G UI L LO U X

300 €

LES BATAILLES PERDUES Paris, Gallimard, 1960. 1 vol. (140 x 203 mm) de 560 pp., broché. Édition originale. Exemplaire poinçonné du service de presse. Envoi signé : « à Pascal Pia, en souvenir et amitié, Louis Guilloux » L’on sait peu de choses de l’amitié qui unissait Pascal Pia et l’auteur, l’un ayant traversé l’histoire littéraire avec un brio égal à sa discrétion. Mais il est averé qu’en 1935, c’est en compagnie de Pia que l’auteur du Sang noir corrigea les épreuves de son chef-d’œuvre. Quelque trente ans plus tard, alors que leur ami commun, Albert Camus venait de mourir, Guilloux lui adressait ce texte qu’il définissait lui-même comme « une étude sérieuse des événements du Front populaire en Bretagne ».

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N° 141

700 € SAC HA G UI TR Y LA CLEF Paris, Stock, 1907. 1 vol. (125 x 190 mm) de 212 pp., demi-percaline marron, dos lisse, pièce de titre de maroquin rouge, date en pied et filets dorés, couv. cons. Édition originale. La troisième pièce publiée de Sacha Guitry, avec une préface adressée à Réjane, “croquée” par Guitry en couverture. Envoi signé : « à Jacques Lartigues ; cette pièce fut un four noir noir. On la joua neuf fois ! Je ne l’ai jamais relue, exprès, afin de conserver mes illusions, afin de continuer à croire que ce fut une injustice ! » L’un des deux ou trois seuls véritables gros échecs de sa carrière, elle sera pourtant défendue bec et ongles par son auteur, qui donne dans l’édition imprimée chez Stock une virulente préface qu’une majorité de critiques mettra un certain temps à pardonner…

N° 142

SAC HA G UI TR Y

1 000 €

PETITE HOLLANDE COMÉDIE EN TROIS ACTES. PRÉFACE PAR M. OCTAVE MIRBEAU

Paris, Stock, 1908. 1 vol. (125 x 190 mm) de xii et 211 pp., maroquin rouge janséniste, dos à nerfs, titre doré, date en pied, doublures de maroquin émeraude, filets dorés d’encadrement et listel de maroquin noir mosaïqué, double gardes de moire et papier marbré, couv. et dos cons., étui bordé (Reliure signée de Vermorel). Édition originale. La quatrième pièce publiée de Sacha Guitry. Envoi signé : « à Bernard Bloch-Levallois, j’avais 20 ans quand j’écrivis cette pièce : c’est mon excuse. Amical souvenir, Sacha Guitry » La pièce ne fut jouée que onze fois, à l’Odéon. C’est également un souvenir de Guitry acteur : le matin de la première, Guitry reçoit un pneumatique d’André Antoine, le directeur de l’Odéon : « Desjardins [premier rôle] est malade. Sauvez la situation et jouez ce rôle ce soir. Vous connaissez votre pièce par cœur et l’on aura pour vous toutes les indulgences. ». Le voilà, sans répétition, lancé sur la scène de l’Odéon…». Très bel exemplaire. Des bibliothèques Bloch-Levallois, Jacques Herbert & Jean Meyer, avec ex-libris.

N° 143

SAC HA G UI TR Y DEBUREAU Paris, Fasquelle, 1918. 1 vol. (165 x 220 mm) de 182 pp., broché. Édition originale. Envoi signé. Auteur de vaudevilles, ami de Georges Feydeau, très en vue en son temps Albin Valabègue (1853-1937) fut aussi critique à L’Illustration. Il signa à propos de son cadet cette phrase de reconnaissance « Un grand auteur dramatique comme Sacha Guitry honore son pays » (citée par Guitry dans Quatre ans d’occupation). Valabrègue sera dessiné par Guitry : il figure parmi les trente-trois dessins et tableaux de Guitry exposés à Galerie Bernheim Jeune en 1921.

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500 €


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N° 144

SAC HA G UI TR Y

1 800 €

PASTEUR [PASTEUR : SCENARIO POUR UN FILM] Paris, Eugène Fasquelle, 1919. 1 vol. (219 x 177 mm) de 152 pp., broché. Édition originale. Un des 30 exemplaires (n° 8) sur japon (seul papier). Superbe exemplaire enrichi de trois dessins aquarellés de Charles Fouqueray, à pleine page, dont un magnique portrait de Pasteur. Sur la pièce, voir la notice suivante. N° 144 BIS

SAC HA G UI TR Y

1 500 €

PASTEUR Paris, Eugène Fasquelle, 1919. 1 vol. (219 x 177 mm) de 152 pp., broché. Édition originale. Exemplaire du tirage courant, abondament annoté par Guitry pour lui servir à préparer le long métrage, réalisé en 1935. [AVEC] Édition originale. Un des 30 premiers exemplaires sur japon (seul papier). C’est lui qui évidemment reprendra le rôle de son père, décédé en 1925, et se réincarne dans l’image de Lucien Guitry : il ne cherche d’ailleurs pas à se faire la tête de Pasteur dans le film, mais celle son père maquillé en Pasteur, fixant sur la pellicule le jeu de son père qu’il mime à la perfection, et le film devient presque documentaire sur l’un et l’autre. C’est le premier film parlant de Sacha Guitry et son premier film tout court - si l’on excepte le documentaire muet donné en 1915, Ceux de chez nous. Le film sera dédié à son père, qui avait eu le rôle-titre de la pièce éponyme montée par Sacha Guitry en cette année 1919 : « L’idée de mettre Pasteur à la scène me hantait en effet depuis deux années, mais la difficulté de choisir un interprète pour personnifier un tel homme m’arrêtait. Depuis vingt-quatre heures la chose ne me paraissait plus impossible. », en effet, Guitry tient son interprète, son père. Les deuxième, quatrième et cinquième acte sont abondamment annotés, avec des ajouts, corrections et indications de plans, par Sacha Guitry. Papier uniformément jauni et quelques défauts aux couvertures.

N° 145

SAC HA G UI TR Y

3 500 €

POUR LE NOËL DES ENFANTS DANS LES RUINES S.l.n.d. [Paris, 1922]. 3 ff. recto, montés sur onglet, cartonnage papier marbré, dos lisse, pièce de titre en long et titre doré. Manuscrit autographe complet. Le 19 décembre 1922, au Théâtre des Variétés, Sacha Guitry organise un gala, Noël dans les ruines, destiné à offrir des jouets aux enfants des régions dévastées par la guerre. Il y récite un joli poème de circonstance, en partie cité et reproduit dans Guitry de A à Z de Lorcey. 62 vers au total, avec quelques corrections, ratures et surcharges ; signé en fin par Guitry de sa large signature. Il fut seulement publié en revue dans Cœmedia au même moment et n’a jamais fait l’objet d’une édition séparée, « comme un bon nombre de poèmes de Sacha Guitry qui restent encore inédits en volumes […] et dont les manuscrits se trouvent à la bibliothèque Nationale » (Jacques Lorcey). Exception faite, entre autres, de celui-ci. De la bibliothèque André Bernard avec ex-libris.

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N° 146

SAC HA G UI TR Y & Y VO NN E P R IN TEM P S

300 €

CARTE POSTALE AUTOGRAPHE SIGNÉE À LUCIEN GUITRY Venise, 6 septembre 1923. 1 c.a.s. (87 x 137 mm). La carte représente une photographie de la statue équestre du Colleoni, le célèbre condottiere de Venise ; sur l’image Guitry a malicieusement noté « Le Colleone ! monté, si j’ose dire, sur amoureux III » ( ?) ; au verso le couple a signé un charmant « Nous sommes tendrement à toi. Tout va bien ». Belle réunion postale du couple Guitry-Printemps, et d’un fils à son père. Pour le moins laconique et courte que soit la missive, elle marque la réunification du père et du fils : brouillés à la suite du mariage de Sacha et de Charlotte Lysès - ex. maîtresse de Lucien -, ils se réconcilient lors du second mariage, en avril 1919, avec Yvonne Printemps. Ils auront comme témoins Sarah Bernhardt, Georges Feydeau, Tristan Bernard et…Lucien Guitry, qui s’entend à merveille avec sa belle-fille. N° 147

SAC HA G UI TR Y

10 000 €

SA DERNIÈRE VOLONTÉ OU L'OPTIQUE DU THÉÂTRE COMÉDIE EN 2 ACTES

S.l., s.d. [circa 1930]. 1 vol. (205 x 258 mm) de 154 pp., à l'encre et au crayon, cahier souple, couverture marine, dos muet, filet doré sur les plats, toutes tranches dorées. Manuscrit autographe complet. La pièce a été créée le 27 mars 1931 au Théâtre de la Madeleine, avec Guitry, Pierre Fresnay, Yvonne Printemps et Pauline Carton. Une des pièces importantes de Guitry du début des années trente, avec un regard particulier sur la création théâtrale : cas unique dans son œuvre, et l’une des plus abouties de toute l’histoires du théâtre en ce qui concerne le procédé de mise en abyme (la plus célèbre du répertoire étant probablement Hamlet). Nombreuses corrections à l'encre et crayon de la main de l'auteur : il s’agit du véritable manuscrit de travail et de composition, complet, et soigneusement rédigé. De la bibliothèque André Bernard avec ex-libris.

N° 148

800 € SAC HA G UI TR Y PAGES CHOISIES Paris, Librairie Plon, 1932. 1 vol. (220 × 135 mm) de 400 pp., demi-basane moderne, dos à nerfs, couv. cons. Édition originale. Envoi signé : « à Pauline Carton, à mon inépuisable aide-mémoire, à ma prodigieuse interprète, à mon amie fidèle. Son ami fidèle, Sacha Guitry » C’est à partir de 1927, avec Désiré, que Sacha Guitry offre à Pauline Carton des rôles dans ses pièces et ses films : de l’Optique du théâtre (1931) à Mon père avait raison (1936), du Roman d’un tricheur (1936) à Quadrille (1938), c’est au total 22 films et une dizaine de pièces. Sacha Guitry fait d’elle sa secrétaire, à sa “carte-mémoire” : Arletty raconte que « Guitry l’envoyait voir les pièces des autres ; lui ne pouvait pas les voir : il jouait. C’est ainsi qu’elle lui avait récité par cœur le premier acte de Fric-Frac, en ne l’ayant vu qu’une seule fois ! Quelle mémoire prodigieuse ! […] Pauline Carton, en plus de sa mémoire d’éléphant, avait un esprit rare. Sacha l’employait aussi pour préparer sa documentation à la Bibliothèque nationale. À l’occasion, il la chargeait de missions de confiance. Ensuite, point par point, elle lui faisait son compte-rendu détaillé ! C’est ainsi que Sacha recrutait les acteurs et se tenait au courant de tout. J’ajoute au sujet de Pauline qu’elle était d’un niveau supérieur, tant au niveau culturel qu’intellectuel ». Merveilleuse provenance. Des bibliothèques Pauline Carton (envoi) et André Bernard (ex-libris).

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N° 149

SAC HA G UI TR Y

3 600 €

[LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À ARLETTY] S.l., 20 et 21 février 1945. 1 feuillet de 2 pp. (221 x 279 mm) rédigé à l'encre noire. Exceptionnelle lettre d’un homme amoureux de longue date, qui tente une ultime requête…

Arletty débuta “chez” Guitry en tenant le rôle de la petite bonne dans O mon bel inconnu, comédie musical qu’il crée aux Bouffes Parisiens en 1933. Trois ans plus tard, elle joue dans le prologue du film Faisons un rêve, l’année suivante, elle est la reine d’Abyssinie des Perles de la Couronne… Toujours en 1937, elle est l’inoubliable femme de chambre de Désiré. Commence alors pour Guitry le jeu d’une cours discrète mais assidue, il ne lui offre pas moins que la paire de boutons de manchettes de Lucien Guitry, bel hommage assorti de ces mots : « parce que mon père les portait, ils te porteront bonheur, Arlette, tout au long de ta belle carrière et de ta précieuse vie. » Alors qu’il est en train de se séparer de Jacqueline Delubac, il écrit à l’intention d’Arletty un poème qui ne laisse plus aucun doute sur ses sentiments. Lorsque Sacha chante sa chatte qui deviendra Ma chatte : « […] Toi tu sais bien combien je t’aime ! / Toi, m’aimes-tu ? / Je n’en sais rien ! » Il sera bientôt averti à ce sujet. Arletty sans doute lui aura signifié qu’aucune réciprocité n’était à espérer… en mai 1938, l’actrice qui devait interpréter un rôle dans Remontons les Champs Elysées est remplacée par Parély…tandis que Guitry lui offre un manteau de renards argentés avec ce mot explicite : « Ce manteau désiré de renards, le voici […] Ou bien pour vous dire : merci ! / Ou bien pour vous dire : Pardon ! ». La période de l’Occupation les sépare et l’on ne connait qu’un billet critique de Guitry sur les Visiteurs du soir de Carné qu’il traite de parodie de chef-d’œuvre et son interprète (Arletty)… « Celle-là, elle a l’air d’une bonne, mais d’une de ces bonnes dont on dit qu’elles n’ont pas l’air d’être des bonnes ». Bien que l’on prête à Arletty ce mot piquant :« J’allais pas épouser Sacha Guitry, il s’était épousé lui- même ! », cette histoire d’amour déçu ne fut jmais close dans le cœur de cet assidu prétendant. Lorsqu’en 1945, l’actrice reçoit cette lettre, il lui confie « Je ne remets pas de l’émotion que j’ai eue hier en entendant votre voix… », suite à un appel d’Arletty, alors qu’il parlait d’elle « depuis une heure […], et vraiment vous étiez présente, et c’est comme si un rêve se réalisait ». Guitry reprend sa lettre quelques heures plus tard, à une heure du matin : nous sommes maintenant le 21 février et c’est son anniversaire : « Voilà mes cinquante-six ans qui sonnent... » et évoque alors avec sensibilité la fameuse arrestation du 23 août 1944 : « Mais déjà je veux que vous sachiez que […] à la minute où ces hommes ont fait irruption chez moi, je me suis entendu prononcer votre nom - et c’est pourquoi dès lors je n’ai jamais tremblé pour moi ». Et il achève ce souvenir par un « Si vous aimez qu’on vous embrasse tendrement venez et laissez vous faire. C’est ma fête ! », souligné d’un large « S » Pour autant, il n’en a pas fini car, superbe et magnifique coïncidence, Arletty lui fait parvenir des fleurs dans la matinée à l’occasion de son anniversaire. Il enrichi alors une dernière fois sa lettre d’un : « 21 février midi, des fleurs, des fleurs de vous - vous me rajeunissez ! Merci. Merci. Merci ». Magnifique document.

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N° 150

SAC HA G UI TR Y

300 €

TOUTES RÉFLEXIONS FAITES Paris, L'Élan, 1947. 1 vol. (180 x 125 mm) de 141 pp., broché. Édition originale. Un des exemplaires sur Johannot. Envoi signé : « pour monsieur Jean Herbert, avec tous mes vœux de bonheur. Sacha Guitry » N° 151

SAC HA G UI TR Y

400 €

LE DIABLE BOÎTEUX : SCÈNES DE LA VIE DE TALLEYRAND Paris, L'Élan, 1948. 1 vol. (120 x 190 mm) de 242 pp., broché. Édition originale. Bois gravés d’Henri Jadoux. Envoi signé : « à Jeanne Fusier-Gir, bien sûr que je t’admire et bien sûr que je t’aime. Sacha Guitry » Fille de l’artiste dramatique Léon Fusier, Jeanne Fusier fut une des élèves de Firmin Gémier et une des interprètes préférées de Sacha Guitry. Dans ce Diable boiteux, elle a été Marie-Thérèse Champignon, un amour de jeunesse de Talleyrand. Papier uniformément jauni, sinon bon exemplaire. Des bibliothèques Fusier-Gir et André Bernard, avec ex-libris.

N° 152

1 200 € UL R IC GU TTIN G UE R MÉLANGES POÉTIQUES Paris, Auguste Boulland et Cie, 1824. 1 vol. (245 x 160 mm) de 252 pp., veau émeraude, large roulette dorée d'encadrement à décor de fleurs, encadrement d'un filet droit dans lequel s'inscrit une roulette à froid de palmettes, et un grand motif central d'arabesques, dos très orné à faux-nerfs hachurés et teintés, filet sur les coupes, roulette à froid intérieure (Reliure du temps signée Cassassus). Édition originale. Rare exemplaire sur grand papier vélin. Envoi signé: « à Madame la baronne Lezurier de la Martel, hommage d’un souvenir respecteux et reconnaissant, Guttinguer » Né à Rouen en 1785, président de l’Académie littéraire de cette ville, Ulric Guttinguer fut considéré par les chefs de l’École Romantique comme un des leurs : sa poésie est tenue en haute estime par Charles Nodier qui signe ici la préface, et par Asselineau, pour qui il « a e"te" l’un de he"rauts du re"veil de notre poe"sie au commencement du sie#cle. L’importance de son ro$le a# cette e"poque nous est atteste"e par d’illustres te"moignages : Victor Hugo lui a de"die" une ode ; Sainte-Beuve a chante" a# lui et pour lui, et tout le monde connai$t les vers que lui a adresse"s Alfred de Musset dans les Contes d’Espagne et d’Italie » (in Bibliographie romantique, p. 131). Ces Mélanges Poétiques seront quatre fois réédités avant 1830, ici joliment établi par Cassassus, qui « fut assurément un excellent relieur, et nous voyons certaines de ses reliures citées dans les catalogues Descamps-Scrive, G. Lang et Béralde. » (Flety, p. 39) Louis Lezurier baron de La Martel exerça les fonctions d’échevin de la ville de Rouen et de consul de Suède. L’Empereur Napoléon, lors de sa visite à Rouen en mai 1810, impressionné par l’organisation de celle-ci, lui conféra les titres de baron de l’Empire et de commandant de la garde d’honneur de l’Empereur et de l’Impératrice. L’année suivante, lors de la naissance du roi de Rome, Lezurier fut un des quatre membres du conseil municipal chargés de se joindre au maire pour aller complimenter l’Empereur. L’exemplaire a probablement été donné à relier par Guttinguer lui-même, dans sa ville de Rouen. Carteret, I, 369 ; Quérard, LFC, IV 231-232 ; Clouzot, p.81 : "Quelques exemplaires en grand papier vélin" ; Vicaire, III, 1180, ne cite pas de grand papier.

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N° 153

200 € JIM H AR IS SON LOCATIONS New-York, Norton & Company, 1968. 1 vol. (150 x 220 mm) de 62 pp., cartonnage éditeur, jaquette originale à rabats. Édition originale. Un des exemplaires du premier tirage, signé par l’auteur (pas de tirage de luxe).

N° 154

200 € JIM H AR IS SON AFTER IKKYU AND OTHER POEMS Boston & London, Shambhala, 1996. 1 vol. (155 x 235 mm) de 98 pp., cartonnage toile beige bordeaux, jaquette originale en couleurs, dos lisse, titre doré, étui bordé à l'identique. Édition originale. Un des exemplaires du premier tirage, signé par Jim Harrison.

N° 155

JIM H AR IS SON 300 € THE SHAPE OF THE JOURNEY New-York, Atlantic monthly Press, 1998. 1 vol. (155 x 235 mm) de 465 pp., cartonnage toile beige éditeur, dos lisse, titre doré, étui bordé à l'identique. Édition originale. Un des 250 premiers ex. du tirage de luxe numéroté, signé par Jim Harrison.

N° 156

JIM H AR IS SON

300 €

THE BEAST GOD FORGOT TO INVENT New-York, Atlantic monthly Press, 2000. 1 vol. (155 x 235 mm) de 274 pp., cartonnage toile verte éditeur, dos lisse, titre doré, étui bordé à l'identique. Édition originale. Un des 250 premiers ex. du tirage de luxe numérotés, signés par Jim Harrison. N° 157

300 € JIM H AR IS SON THE ROAD HOME New-York, Atlantic monthly Press, 1998. 1 vol. (155 x 235 mm) de 465 pp., cartonnage toile bleue éditeur, dos lisse, titre doré, étui bordé à l'identique. Édition originale. Un des 250 premiers exemplaires du tirage de luxe numérotés, signés par Jim Harrison. Parfait état.

N° 158

600 € JIM H AR IS SON THE RAW AND THE COOKED New York, Dim Gray Bar Press, 1992. 1 vol. (145 x 255 mm) de 29 pp., demi-cartonnage vert de l'éditeur, dos lisse, titre doré, rhodoïd original à parution. Édition originale. Un des 26 premiers lettré A-N (seul papier d’un tirage à 126 exemplaires), signé par Jim Harrison.

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N° 159

2 500 € VIC TOR HU GO ODES ET POÉSIES DIVERSES Paris, chez Pélicier, 1822. 1 vol. (100 x 140 mm) de 2 ff., ii et 234 pp., broché, couv. vertes imprimées. Édition originale. Tirage à 500 exemplaires (plus quelques exemplaires sur vélin fort). « Il y a deux intentions dans la publication de ce livre, l’intention politique et l’intention littéraire ; mais dans la pensée de l’auteur, la première est la conséquence de la dernière, car l’histoire des hommes ne présente de Poésie que jugée du haut des idées monarchiques et religieuses. […] ll a semblé à l’auteur que les émotions d’une âme n’étaient pas moins fécondes pour la Poésie que les révolutions d’un empire » et enfin « La Poésie, c’est tout ce qu’il y a d’intime dans tout. » Voilà que se profile en peu de mots, le visage du Victor Hugo futur, poète et polémiste, orateur incomparable, devenu pamphlétaire par la force des événements. Hugo recevra pour ce premier ouvrage une pension de Louis XVIII ; le poète peut ainsi épouser son amie d’enfance, Adèle Foucher, dont il est passionnément épris. Des 24 Odes et des 3 Poésies diverses de ce recueil, la plupart sont inédites, seuls quelques uns avaient paru en tiré-à-part du Conservateur littéraire ou dans le Recueil de l’Académie des Jeux Floraux. Et trois Odes, Raymond d’Ascoli, Idylle et Les Derniers bardes ne seront pas reprises dans les éditions postérieures. Dos anciennement doublé ; bel exemplaire. Rare. Talvart, IX, 9 ; Vicaire, IV, 229.

N° 160

VIC TOR HU GO

1 400 €

HERNANI Paris, Mame et Delauney-Vallée, 1830. 1 vol. (210 x 137 mm) de 2 ff., viii, 154 pp., 12 pp. de prospectus, broché, boite de demi-maroquin tabac, dos lisse, titre doré. Édition originale. Deux jours avant la première d’Hernani, on pouvait lire dans le Journal des débats que la pièce serait sans doute choisie comme champ de bataille : d’un côté, les classiques, outré du ton libéral de l’œuvre, de l’autre la jeunesse houleuse qui défendait, autour de Victor Hugo, la liberté de l’Art. Le 25 février 1830 fut à la hauteur des prédictions : les acteurs jouèrent au milieu du désordre, des bagarres et des sifflets. Mais le succès égala le tumulte et l’on porta la pièce et son auteur en ovation jusqu’à son domicile : la bataille d’Hernani était gagnée et sera portée par Gautier et d’autres au rang d’événement fondateur du romantisme français. Dos muet anciennement doublé, mais couvertures intactes. Très rare en condition brochée. Carteret I, 399 ; Vicaire, IV, 251 ; En français dans le texte, n° 244 ; Clouzot 144 : "peu commun et très recherché".

N° 161

750 € VIC TOR HU GO LE RETOUR DE L'EMPEREUR Paris, Delloye, 1840. 1 vol. (145 x 220 mm) de 30 pp., cartonnage demi-toile rouge, dos lisse, pièce de titre en long, couv. cons. (Reliure de l'époque). Édition originale. Rare premier tirage, tiré à petit nombre par Delloye en décembre 1840, quelques jours après le retour des cendres de l’Empereur (le 15 décembre), auquel le poète assiste : « je montre mon billet pour la première estrade à gauche, et je franchis la haie. Ces estrades sont d’immenses échafaudages qui couvrent, du quai à la grille du dôme, tous les gazons de l’Esplanade [des Invalides] ». Il racontera avec une grande minutie dans Choses vues ces funérailles ; les notes prises sur place lui serviront à rédiger son Retour de l’Empereur. Réédité à grand nombre tout début 1841, le texte connaît un immense succès public et facilita grandement l’élection de Victor Hugo à l’Académie française. Il devenait le dixième occupant du quatorzième fauteuil, illustré avant lui par Pierre Corneille. Cette longue ode, et son quintil final le 15 décembre 1840 écrit en revenant des Champs-Élysées, ne seront repris qu’en 1883, dans l’édition dite Ne Varietur de La Légende des siècles. Première de couverture défraîchie. Clouzot, 147, "Très rare" ; Vicaire, IV-296 ; Escoffier, 1394.

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N° 162

300 € VIC TOR HU GO VICTOR HUGO À SES CONCITOYENS Paris : Impr. de E. Brière, s. d., [1848]. 2 feuillets de 4 pp. [pp. 1-2 : la profession de foi et le discours ; p. 3 : liste préparée pour 11 noms, avec "Victor Hugo" en tête ; p. 4 : blanche]. Édition originale, sous forme de sa profession de foi, sur bulletin de vote complet de sa liste détachable des élus (à remplir), où Victor Hugo figure en tête de liste [bulletin vierge, non rempli]. Discours « à l'appel des soixante mille électeurs qui m'ont spontanément honoré de leurs suffrages aux élections de la Seine », à l'adresse de « ses concitoyens »qui l'ont élu député de la Seine. Victor Hugo y détaille deux conceptions de la République : « De ses deux Républiques, celle-ci s'appelle la civilisation, celle-là s'appelle la terreur. Je suis prêt à dévouer ma vie pour l'établir l'une et empêcher l'autre ». Battu une première fois aux législatives, il se présente aux élections complémentaires, à l’occasion desquelles il confirme son rejet de l’émeute et sa volonté de défendre l’ordre et la liberté. Il sera, à ce scrutin complémentaire du 4 juin 1848, élu représentant de la Seine à l'Assemblée constituante.

N° 163

3 000 € VIC TOR HU GO CHATIMENTS En France, s.é., 1853. 1 vol. (90 x 160 mm) de 2 ff., iii, 1 f. et 392 pp., demi-chagrin rouge à coins, dos à nerfs, titre doré, fleurons dorés, tr. rouges (Reliure du XIXème). Édition originale. Un des 16 exemplaires sur hollande, réimposé, à toutes marges. À la suite du coup d'état du 2 décembre 1851, Victor Hugo s'est exilé. Après avoir interrompu Histoire d'un crime qu'il ne fera paraître qu'en 1877 et au moment où il commence à rédiger son pamphlet Napoléon-le-petit, Hugo a déjà en tête son pendant satirique, qu'il songe à appeler Les Vengeresses, puis Le Chant du Vengeur, avant de choisir le seul mot de Chatiments, un « titre menaçant et simple, c'est-à-dire beau », écrit-il à son éditeur Hetzel. Le recueil connaît une double édition à Bruxelles en novembre 1853, une version officielle, auto-censurée par des lignes de points, que Hugo nomme l'Eunuque, et une version clandestine et complète, à l'adresse fantaisiste de “Genève & New-York”. Sur cette édition, tirée deux fois en raison d'une erreur typographique, furent réimposés 22 exemplaires (six sur chine et seize sur hollande). La seule variante de ces grands papiers, outre leur format, est l'adresse “En France”, qui remplace “Genève & New-York”. De la bibliothèque Bradley-Martin, avec ex-libris. Flavien Michaux, Essais bibliographiques concernant les oeuvres de Victor Hugo parues pendant l'exil ; Vicaire, IV-313 ; absent de Carteret et Clouzot.

N° 164

VIC TOR HU GO

2 000 €

LES CONTEMPLATIONS Bruxelles, Alphonse Lebègue et Cie, 1856 (imprimerie Lelong à Bruxelles). 2 vol. (155 x 112 mm) de 2 ff., III-359 pp. ; 2 ff., et 408 pp., demi-maroquin grain long rouge à coins, dos lisses ornés de filets, caissons et petits fers dorés, têtes dorées sur témoins, couv. et dos cons., étui gainé de maroquin (Reliure signée de Semet et Plumelle). Édition originale, parue simultanément à l'édition parisienne. L'existence humaine « sortant de l'énigme du berceau et aboutissant à l'énigme du cercueil », tel est le sujet de ce chef-d’oeuvre de la maturité dans lequel « On ne s'étonnera donc pas de voir, nuance à nuance, ces deux volumes s'assombrir pour arriver cependant à l'azur d'une vie meilleure. La joie, cette fleur rapide de la jeunesse, s'effeuille page à page dans le tome premier, qui est l'espérance, et disparaît dans le tome second, qui est le deuil. Quel deuil ? Le vrai, l'unique : la mort ; la perte des êtres chers. Nous venons de le dire, c'est une âme qui se raconte dans ces deux volumes. Autrefois, Aujourd'hui. Un abîme les sépare, le tombeau ». Très joli exemplaire, finement relié et parfaitement établi. De la bibliothèque Bradley Martin, avec ex-libris. Carteret, I, 415.

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N° 165

VIC TOR HU GO

400 €

L’ART D’ÊTRE GRAND-PÈRE Paris, Société Anonyme de Publications périodiques, 1884. 1 vol. (315 x 240 mm) de 320 pp., en ff., cartonnage beige de l'éditeur orné sur les deux plats d'un décor doré et noir. Première édition illustrée. Un des 25 premiers exemplaires sur chine. Illustrations par Laurens, Giacomelli, Frémiet, Marie, Bayard, Benett, Brun, Dubois, Vogel, Chovin, Riquet… Suite à la mort de son fils Charles et de sa femme, Victor Hugo prend en charge ses deux petits enfants, Georges et Jeanne Hugo. Il écrit alors, non sans tendresse, plusieurs poèmes illustrant les comportements propres à l’enfance, qui paraissent en 1877. Tout l’art d’être grand-père repose pour Hugo sur une éthique, une politique, une théologie et une poétique « sans mesure, ni blanche, ni rouge, mais rose : à la fois innocente, charnelle, désirante et à l’écoute de leurs murmures ». N° 166

700 € [HU GO ] FR AN Ç O IS F L AME NG ILLUSTRATIONS DES ŒUVRES COMPLÈTES DE VICTOR HUGO Paris, Hébert éditeur (1885 - 1888). 1 portfolio (290 x 380 mm) de 100 planches (270 x 260 mm), chacune avec serpente légendée, prospectus de parution avec détail du tirage et table des planches pour le placement, sous chemise à rabats éditeur pleine toile rouge, titre au premier plat, dos lisse, titre doré. Collection complète des 100 planches des dessins. Un des 25 exemplaires sur hollande en épreuve d’artiste, en premier état des eaux-fortes pures (le plus petit tirage des trois états). Elles sont l’œuvre de François Flameng, gravés par Daumont, Desmoulin, Duvivier, Flameng, Lalauze, Los Rios, Massard. Elles sont destinées à accompagner l’édition Hetzel-Quentin (édition définitive ne varietur en 48 volumes, publiée de 1880 à 1885 (à laquelle on peut ajouter les œuvres posthumes). Le détail est longuement décrit par Vicaire en s’appuyant sur l’inventaire dressé par la librairie Hébert donné sur le prospectus de publication (joint ici). Fils du célèbre graveur Léopold Flameng qui illustra pour la première fois Hugo (L’Année terrible), François Flameng fut l’élève d’Alexandre Cabanel, de Pierre Hédouin et de Jean-Paul Laurens à l’Académie des Beaux-Arts de Paris. Magnifique ensemble dans sa chemise éditeur à parution. Vicaire, IV, 411-419.

N° 167

3 000 € VIC TOR & AD ÈL E HU GO VICTOR HUGO RACONTÉ PAR UN TÉMOIN DE SA VIE Paris, Librairie Lacroix & Verboeckoven, 1863. 2 vol. (150 x 225 mm) de 421 et 487 pp., maroquin violine, dos à nerfs, titres dorés, tête dorée, dentelle intérieure, filets sur les coupes (Reliure fin XIXème). Édition originale. Un des très rares exemplaires sur hollande (15 exemplaires). Envoi signé : « offert au bazar de monsieur Guidez, Adèle Victor Hugo, Bruxelles, 1869 », contre-collé en tête En témoin, Adèle Foucher, l’épouse de Hugo, rédige cette biographie à Guernesey en 1863, avec l’étroite collaboration du poète. En lisant ce témoignage de première main, Sainte-Beuve enthousiasme remerciera chaleureusement Adèle Hugo : « Je reçois avec un mot de votre main les beaux volumes : Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie. Je me mets à la lecture avec l’intérêt qu’inspirent et le sujet et le témoin. J’y trouve des faits tout nouveaux, j’y retrouve des faits que je connaissais et qu’un récit piquant réveille. Je goûte le talent du narrateur. Mais combien je suis touché en voyant le souvenir aimable qu’on a gardé de moi et la manière charmante et honorable dont mon nom est encadré dans ces pages que tous désormais liront ! » (Sainte-Beuve à A.H., 17 juin 1863). Dos uniformément passé, quelques accrocs. Carteret, I, 434.

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N° 168

FR AN Z K AF K A

200 €

PARABOLES Decines, Marc Barbezat, L'Arbalète, 1945. 1 vol. (150 x 196 mm) de 171 pp., broché. Édition collective en partie originale. Tirage unique à 350 exemplaires sur vélin Johannot. De la vingtaine de récits ou fragments narratifs de ce recueil, choisis par Jean Carrive, certains sont des inédits et d’autres n’avaient parus qu’en leur langue originale, dans Beim Bau der Chinesischen Mauer (édition posthume faite à Berlin en 1931), comme le Chasseur Gracchus. Entreprise dès décembre 1916, cette histoire reprend la légende du Hollandais volant, tel qu’Henri Heine la décrivait dans les Mémoires de M. de Schanbelewopski ou tel que Wagner la reprendra dans son Vaisseau fantôme. Le recueil contient également la fameuse Lettre que l’auteur adressa à son père et qu’il ne lui remit jamais. N° 169

JAC K K E RO U AC

1 800 €

DOCTEUR SAX Paris, Gallimard, coll. Du monde entier, 1962. 1 vol. (150 x 196 mm) de 268 pp., broché. Édition originale de la traduction française. Un des 41 premiers exemplaires (le n°1) sur pur-fil. Kerouac rédigea le Docteur Sax pendant son séjour au Mexique, à Tenochtitlan, durant l’été 1952, alors que « Rimbaud lui avait tapé sur le crâne avait une grosse pierre. » Roman de la ville, des villes, où San Francisco se superpose à sa ville natale, Lowell, et devient le lieu poétique de la résurrection. San Francisco est menacé par le « Big One », le tremblement de terre dévastateur, et les hommes titubent déja, anticipant cette fin apocalyptique d’où éclot une terrible créature nocturne, un vampire, qui conduit le narrateur vers le diable. Insolations marginales en couverture et au dos, sinon bon exemplaire.

N° 170

JAC K K E RO U AC

2 500 €

LES SOUTERRAINS Paris, Gallimard, coll. Du monde entier, 1964. 1 vol. (150 x 196 mm) de 171 pp., broché. Édition originale de la traduction française. Un des 26 premiers exemplaires sur pur-fil. Rédigé en 1953 et publié en 1958, l’œuvre narre la romance entre l’alter ego de Kerouac, nommé dans le roman Leo Percepied, et une afro-américain, Alene Lee, dans le New York de 1953. Comme souvent chez Kerouac, plusieurs personnalités de la beat generation s’y succèdent : Frank Carmody est ainsi William Burroughs, Adam Moorad est Allen Ginsberg, Larry O’Hara est Lawrence Ferlinghetti, Leroy est Neal Cassady. The Subterraneans, publiés dans la foulée d’On the Road, seront les deux seuls titres à n’avoir pas été retouchés. Pour les textes qui suivront, principalement ceux de la Légende de Duluoz, beaucoup plus expérimentaux, l’éditeur, imposera à Kerouac des formes narratives plus conventionnelles. N° 171

JOS EP H K ES SE L

600 €

LE REPOS DE L'ÉQUIPAGE Paris, Gallimard, 1935. 1 vol. (188 x 123 mm) de 169 pp., broché. Édition originale. Un des 25 premiers exemplaires sur hollande. De son expérience au sein de l’escadrille S.39 pendant la première guerre mondiale, Joseph Kessel tirera son premier grand succès littéraire, L’Équipage. Une dizaine d’années plus tard, sollicité pour adapter ce texte au cinéma, il imagine l’aventure du Repos de l’équipage, fragment qui sera plus tard intégré à la version définitive du roman initial.

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N° 172

JOS EP H K ES SE L

1 200 €

AU GRAND SOCCO Paris, NRF, 1952. 1 vol. (188 x 121 mm) de 318 pp., broché. Édition originale. Un des 46 premiers exemplaires sur parcheminé azuré. Les sept nouvelles de ce recueil furent écrites pendant l’été 1951. Kessel avait élu domicile sur l’île de Djerba baignée par les eaux du golfe de Gabès, en compagnie d’intimes : sa compagne Michèle O'Brien et son neveu, Maurice Druon. Titre rare en grand papier, et sans doute son meilleur recueil de nouvelles. Bel exemplaire.

N° 173

500 € JOS EP H K ES SE L LES TEMPS SAUVAGES Paris, Gallimard, 1975. 1 vol. (145 x 218 mm) de 192 pp., demi-chagrin bordeaux, dos à nerfs, titre doré, couv. et dos cons. Édition originale. Un des 32 premiers exemplaires sur hollande. De retour avec sa femme d’un voyage en Afghanistan, c’est « à Avernes, petit village à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Paris, une longue bâtisse poétiquement nommée le Four à chaux de Marie Godard, entourée d’un hectare et demi de prairies et de bois » (in Joseph Kessel, par Yves Courrière) que l’écrivain-voyageur se retirera pour composer, pendant cinq ans, Les Cavaliers et Les Temps sauvages.

N° 174

JOS EP H K ES SE L

700 €

LES TEMPS SAUVAGES Paris, Gallimard, 1975. 1 vol. (145 x 218 mm) de 192 pp., broché. Édition originale. Un des 56 exemplaires nominatifs hors-commerce. Envoi signé :

N° 175

[K ESS EL ]

900 €

[MALLE DE VOYAGE À DÉCOR] 1 malle de voyage en fer gris (500 x 270 x 330 mm), décor polychrome à la peinture sur le devant inscription d’adresse sur le dessus avec la mention « M. Joseph Kassel (sic), 18 rue QuantinBauchart (sic) ». Dans ses multiples voyages, il arrivait fréquement à Kessel de se faire rapatrier des affaires. Cette malle métallique, décorée à la main de fleurs et d’animaux naïfs est représentative de l’artisanat de l’Europe de l’Est d’où elle lui fut envoyée. Le 18 rue Quentin-Bauchart est l’appartement qu’il occupa de 1950 à sa mort. De la collection privée de Patrick Kessel, le neveu de l’auteur ; Vente Geoffroy & Bequet, octobre 2007. 78


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N° 176

[K ESS EL ] ADO LF BO ET TI CH ER

250 €

DIE AKROPOLIS VON ATHEN Berlin, Springer, 1888. 1 vol. (180 x 246 mm) de XV et 295 pp., maroquin havane, dos à nerfs, titre doré, double filet doré sur les plats. Édition originale. 132 figures et 35 grandes planches hors texte. Exemplaire offert :

En avril 1945, Kessel reprend son titre de grand reporter-correspondant de guerre pour le compte de son ami Pierre Lazaref, directeur de France Soir. Aux premiers jours d’avril 1945, il rejoignait la Ière Armée française, appuyée par la 2e division blindée du général Leclerc qui participait à l’ultime offensive menée par Eisenhower contre l’Allemagne nazie. Il assistera à la première prise d’armes sur la rive droite du Rhin, début mai. C’est dans ces circonstances qu’on lui offre, comme « soldat de Leclerc » un exemplaire de cet ouvrage de référence consacré à l’Acropole d’Athènes. Fente en bas de charnière du premier plat, sinon bon exemplaire.

N° 177

P IER R E L AC HAM BAU DI E

300 €

FABLES Paris, J. Bry, 1855. 1 vol. (190 x 275 mm) de 251 pp., demi-chagrin rouge à coins, dos à nerfs orné de filets dorés, titre doré, filets sur les plats, tr. marbrées (Reliure de l'époque signée de Vavasseur). Édition collective. Portrait de l’auteur en frontispice et pl. h.-t. gravées sur acier (par Staal, Nanteuil, Traviès, Valantin…). Lettre-préface de Béranger. Envoi signé : « au camarade Lanne, Pierre Lachambaudie », enrichi d’une fable autographe inédite, Les deux lampes (huitain), sur papier en-tête de « l’École du peuple ». Béranger, par deux fois, le sauva in extremis avant son embarquement pour Cayenne, vantant les mérites de l’auteur des Fables : « [qui] ont eu et ont encore un grand succès ; deux fois l’académie les a couronnées… Lachambaudie a toujours eu une conduite honorable, malgré son extrême pauvreté (Béranger, Lettre à un ministre de Napoléon III). Bel exemplaire. Oberlé, p. 329 et 353 ; Vicaire, IV, 791 pour l’éd. de 1851.

N° 178

2 000 € AL P HO NS E DE L AMA RTI N E JOCELYN Paris, Gosselin & Furne, 1836. 2 vol. (220 x 143 mm) de viiii, 322 pp. et 1 f. bl. ; 2 ff. et 328 pp., demi-basane bleu-nuit, dos à nerfs ornés de caissons dorés, titre doré (Reliure de l'époque). Édition originale. « Jocelyn […] a fait son trou plus large que je ne croyais. C’est une fureur, une rage. Cela passe les Premières Méditations en succès unanime. Cela se lit dans les cours de tous les professeurs, dans les collèges, et cela s’en va par milliers d’exemplaires » (lettre à Virieu) ; et la gloire appportant avec elle l’argent, il écrit à un autre : « Mon poème a un succès inouï. C’est magnifique ! Je ne m’y attendais pas ! Mon libraire me dit que je gagnerai 400.000 francs ! ».

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N° 179

AL P HO NS E DE L AMA RTI N E

2 000 €

SOUVENIRS, IMPRESSIONS, PENSÉES ET PAYSAGES PENDANT UN VOYAGE EN ORIENT (1832-1833)

Paris, Gosselin & Furne, 1835. 4 vol. (145 x 220 mm) de 1 frontispice, xiii pp. et 340 pp. ; 429 pp.; 388 pp. ; 4 pp. de catalogue et 395 pp. [l'appendice et la table occupent les pp. 347 à 395] + 2 cartes dépliantes in fine, brochés, sous étui-chemises de demi-maroquin bordaux, dos à nerfs, titre dorés (signés de René Aussourd). Édition originale. Un portrait de Lamartine hors texte gravé sur acier par Plée en frontispice, un tableau et deux cartes in-fine, catalogue de l’éditeur en tête du quatrième volume. De juillet 1832 à septembre 1833, Lamartine, accompagné de sa femme, de sa petite fille et de quelques amis, effectue un voyage en Orient au moment où l’Empire ottoman, sous la poussée nationaliste de plusieurs de ses pays vassaux, vacille et n’est pas loin de s’effondrer. Lamartine est confronté à ce qu’on appellera la « question d’Orient », dont il va devenir le spécialiste dans le jeu politique français. C’est au retour de son voyage qu’il commence sa carrière de député, qui le conduira jusqu’à l’élection présidentielle de 1848, où il sera battu par Louis-Napoléon Bonaparte. Blackmer 942 ; Carteret II, p. 24.

N° 180

1 700 € P AUL L ÉAU TAU D THÉÂTRE DE MAURICE BOISSARD [TAPUSCRIT ORIGINAL] S.l. [Paris], octobre 1919. 8 feuillets ch. montés sur onglet, demi-maroquin marine à coins, dos lisse, titre doré en long (Reliure signée d'Alix). Tapuscrit original sur papier à en-tête du Mercure de France où Paul Léautaud travailla trente-trois ans comme secrétaire général. Le texte comporte de nombreuses corrections et ajouts autographes de la main de l’auteur, à l’encre [soit directement au texte, soit sur paperolles contrecollées]. Cette douzième Chronique de Maurice Boissard est consacrée à « LA PRINCESSE, de MM. Paul Géraldy et Robert Laveline » et est datée d’octobre 1919. Document témoin d’un temps où on l’on pensait par soi même… « Ce n’est pas toujours drôle d’aller au théâtre. Je crois l’avoir déjà dit, du moins l’avoir déjà donné à entendre. J’ai le bonheur d’habiter une maison tranquille, isolée, loin du bruit, des visites et des conversations […]. Sur cette commode, un étroit casier à livres. Là sont les livres que depuis longtemps je relis toujours. Ils ne m’ont rien appris : les livres n’apprennent rien. Ils m’ont seulement donné de grands plaisirs. Donner des plaisirs, d’esprit ou d’émotion, c’est tout l’objet des livres. Je me suis retrouvé, je me suis reconnu dans ceux-là, ils sont à ma ressemblance. Quand je dis que je les relis ?… Ce n’est pas tout à fait exact. Je les connais par cœur. Quelquefois, le soir, je me dis : lisons un peu. Je prends un de ces livres, je m’assieds, je l’ouvre au hasard, je lis dix lignes, vingt lignes, une demi page… et je ne lis plus, mon esprit part, je rêve, et les heures du matin arrivent que je rêve encore. » Léautaud, doux-amère, regrette une « littérature devenue sociale, humanitaire, éducatrice, même pis : civique ! On enseigne, on prêche, on moralise, on catéchise. Et quant au style ?… C’est à croire que tous les cordonniers se sont mis à écrire. » Sur treize pages de chronique (dans la version imprimée), pas un mot sur les deux pièces dont il est sensé rendre compte, si ce n’est ces quelques lignes in fine : « On n’imagine pas pareilles niaiseries, pareilles invraisemblances, et d’un ton à la fois aussi plat et aussi prétentieux. Ces messieurs savent ennuyer les gens, c’est une justice à leur rendre. Au théâtre même, j’en étais émerveillé au point de ne plus pouvoir bouger de mon fauteuil. Le soir de la Princesse, le rideau venait de tomber sur le deuxième acte, et je restais assis, plongé dans mon étonnement, quand je me sentis frapper sur l’épaule. Je me retournai, et je reconnus une jeune femme que je savais fort malade et en train de se soigner à Nice. - Comment ? lui dis-je, vous êtes là ! Je vous croyais dans le Midi ? – Ne m’en parlez pas, me répondit-elle, faisant allusion aux mauvaises heures passées. Je l’ai échappé belle. Je devrais être au cimetière. – Au cimetière ! répliquai-je. Mon Dieu ! ce ne serait pas plus triste qu’ici. »

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N° 181

750 € P AUL L ÉAU TAU D PASSE-TEMPS Paris, Mercure de France, 1929. 1 vol. (200 x 135) de 266 pp. et 2 ff., à toutes marges, broché, sous sur-couverture du Mercure de France imprimée. Édition originale. Un des 66 premiers exemplaires sur hollande. Envoi signé :

Le dédicataire Henry Charpentier (cf. n°217) est, à la suite d’Édouard Bonniot, l’exécuteur testamentaire de Mallarmé, et son éditeur posthume. N° 182

J.-M .-G. L E C LÉ ZIO

600 €

LE PRINTEMPS ET AUTRES SAISONS Paris, Gallimard, 1989. 1 vol. (200 x 165 mm) de 208 pp., broché. Édition originale. Un des 45 premiers exemplaires sur hollande. N° 183

JAC K L O N DON

450 €

CONSTRUIRE UN FEU. ILLUSTRATIONS D’ANGELINA BELOFF Paris, Éditions G. Crès, 1929. 1 vol. (140 x 190 mm) de 72 pp. et 2 ff., broché. Édition originale de la traduction française. Un des 25 premiers exemplaires sur japon, avec une suite des illustrations : couverture, vignette de titre et dix lithographies, dont six à pleine page. Dans le Nord Canadien, un homme perdu avec son chien marche dans le froid, à la tombée du jour. Tout tient aux fragiles allumettes avec lesquelles il pourrait se faire un feu, et sauver sa vie... Une remarquable nouvelle de London, dont la chute, terrible et soudaine, marque assez bien le caractère fataliste de London. Très bel exemplaire ; rare en grand papier.

N° 184

STÉP H AN E MAL L AR M É

700 €

VERS ET PROSE MORCEAUX CHOISIS. AVEC UN PORTRAIT PAR JAMES M. N. WHISTLER Paris, Perrin, 1893. 1 vol. (120 x 190 mm) de 221 pp. et 1 f., broché. Édition collective en partie originale. Timbre sec de Belfond dans la marge du portrait de Whistler, caratéristique du premier tirage. Bel exemplaire, non coupé. Dos légèrement assombri. Vicaire, V-476.

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N° 185

STÉP H AN E MAL L AR M É RA OU L D UF Y

2 000 €

MADRIGAUX Paris, Éditions de la Sirène, 1920. 1 vol. (285 x 225 mm), non paginé, demi-maroquin marine, dos lisse, titre doré, plats de plexiglas à fond aquarellé avec incrustations de fleurs, réhauts d'aquarelles marine sur papier et gouache marine et noir sous le plexiglas, doublure et gardes de box blanc, couv. cons., étui bordé (Reliure signée de Mercher, datée 1963). Édition originale. Exemplaires sur vélin. 25 compositions de Dufy, réhaussées au pochoir. C’est Jean Cocteau, alors directeur littéraire aux éditions de la Sirène, déjà séduit par les xylographies du Bestiaire d’Apollinaire fit le choix du Dufy. Ce sont les premières lithographies réalisées par Dufy pour un livre. Le texte seul sera édité quelques semaines plus tard à la N.R.F., sous le titre Vers de circonstance. Très belle reliure de Mercher. Carteret IV, 262 ; Skira 102 ; Courthion, Dufy 18 ; Mahé II, 784.

N° 186

AN DR É MAL R AU X

350 €

LA VOIX ROYALE Paris, Grasset, 1930. 1 vol. (190 x 120 mm) de 270 pp., broché. Edition originale. Exemplaire imprimé du service de presse. Envoi signé : « à Madame Germaine Beaumont, hommage de l’auteur, André Malraux » Rousseurs liminaires, sinon bon exemplaire.

N° 187

MAN RA Y

200 €

LA LOGIQUE ASSASSINE [LA LOGICA ASSASSINATA] S.l.n.d. [1974]. 1 f. de 4 pp., sur bristol fort, intérieur blanc Carton d’invitation pour une exposition Man Ray. Mot signé : « With love for Jack, 1974, Man Ray » N° 188

MAN RA Y & F AU S TA S QU AT R IT I 500 € ÉCHIQUIER Milan, Éditions Caracas, 1975. 1 vol. oblong (250 x 170 mm), cartonnage sous attaches à ruban. Édition originale. Tirage limité à 75 exemplaires et 10 épreuves d’artistes dont cet exemplaire. Dix sérigraphies originales illustrant ces mots de Man Ray : « […] dans les variations de l’échiquier de Fausta, c’est grâce aux couleurs tendres que les échecs sont toujours une réussite. Man Ray » Dreaming with Open Eyes : The Schwarz Collection of Dada in the Israel Museum, 2000-2001, 236.

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N° 189

500 €

DO CT E UR JE AN -C LA UD E MAR DR U S LE KORAN QUI EST LA GUIDANCE ET LE DIFFÉRENCIATEUR TRADUCTION COMPLÈTE DES SOURATES ESSENTIELLES

Paris, Eugène Fasquelle, 1926. 1 vol. (180 x 250 mm) de 310 pp., broché, sous étui cartonné. Édition originale de cette traduction. Un des 100 premiers exemplaires sur japon. « Musulman de naissance et Parisien par accident », ainsi se définissait lui-même Jean-Claude Mardrus. Égyptien et catholique, il fut encouragé par Stéphane Mallarmé pour traduire de 1898 à 1904, une nouvelle version des contes des Mille et Une Nuits, dans une perspective plus érotique, avec le texte non expurgé. Ses histoires de Douce Amie, d’Ali Baba ou de La Reine de Saba enchantèrent le Paris des années 1900-1920, d’autant plus que les textes furent merveilleusement illustrés par de nombreux artistes comme François-Louis Schmied, André Derain ou Kees Van Dongen (cf. n°sq). Très bel exemplaire, non coupé, à l'état de neuf.

N° 190

VIC TOR MA RG UE R ITT E K EES VA N DO NG EN

2 500 €

LA GARÇONNE Paris, Flammarion, 1925. 1 vol. (200 x 250 mm) de 387 pp., broché, étui cartonné. Un des 636 exemplaires sur arches. Illustré de 28 dessins au pochoir par Kees Van Dongen. C’est le 12 juillet 1922, le jour où le Sénat refusa le droit de votes aux femmes, que parut La Garçonne. Avec environ 600.000 exemplaires vendus il fit couler beaucoup d’encre et provoqua un scandale : le personnage principal du récit, Monique, s’habille comme un garçon, a les cheveux courts coupés au carré, fume la cigarette, se drogue et a des maîtresses. L’émoi fut tel que l’on retira à Margueritte la légion d’honneur. L’ironie voulut que l’édition illustrée réservât de grands honneurs à Van Dongen : si l’auteur avait été déchu de la Légion d’honneur, l’illustrateur, lui, devait en être décoré un an après la parution ! La Garçonne avait apporté le déshonneur à Margueritte mais pour Van Dongendont les travaux avaient à plusieurs reprises été retirés d’expositions sous prétexte d’obscénité - le livre coïncida avec sa reconnaissance officielle en tant qu’artiste. Bénézit 4-667/670 ; Monod 7765 ; Patrick de Villepin, Victor Margueritte : La Vie scandaleuse de l’auteur de la Garçonne. Paris, Bourin, 1991. Très bel exemplaire.

N° 191

AN DR É MAU R OI S FR AN C IS P I CA BIA

2 000 €

LE PESEUR D'ÂMES Paris, Antoine Roche, 1931. 1 vol. (225 x 285 mm) de 117 pp. + 8 planches, broché. Édition originale. Un des 23 exemplaires sur japon impérial (après 1 exemplaire unique), celui-ci un des six hors-commerce, celui de Simone André Maurois. Illustré de 9 dessins en couleurs de Francis Picabia (faisant partie de la série des Transparences), imprimés par Daniel Jacomet. Production unique dans l’œuvre d’André Maurois, Le Peseur d’âmes est une nouvelle d’anticipation, presque fantastique. La rencontre avec Picabia n’en donne que davantage d’étrangeté et de beauté au texte : les superpositions de têtes, de jambes, de seins et de papillons de ces lithographies manifestent en effet les vapeurs des morts recueillies par le médecin de ce conte étrange. Quant au poids de l’âme… De la bibliothèque Simone André Maurois, avec ex-libris. Monod, 7970 ; Skira, 285.

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N° 192

JAC QU E S ME SR IN E

1 000 €

CARTE DE CORRESPONDANCE AVEC DESSIN EN COULEURS S.l.s.d. [Prison de La Santé, circa début mai 1973]. 1 bristol de 4 pp. en 1 f. (110 x 220 mm), plié en deux, avec signature de Mesrine et matricule n° 167871 manuscrit et 2 tampons « visa » de l'administration pénitentiaire.

Une des toutes premières cartes adressées par Mesrine à Jocelyne Deraiche alors qu’incarcérés l’un et l’autre depuis deux mois, ils viennent de recevoir du juge Madre l’autorisation de correspondre. Arrêtés le 8 mars 1973 à leur domicile de Boulogne-Billancourt, et après trois jours d’interrogatoire, Mesrine est interné à La Santé et Deraiche à Fleury-Mérogis. Libérée le 13 mai, elle attendra Mesrine qui lui a promis, à la barbe des policiers, qu’il s’évaderait trois mois plus tard. Et le 6 juin, en effet, il prend en otage le juge du Tribunal de Compiègne où il était censé comparaître et s’évade. Après trois mois de cavale dont un séjour à Trouville durant l’été avec Jocelyne, il renvoie celle-ci au Canada pour la protéger - intuition juste puisqu’il sera à nouveau arrêté le 28 septembre 1973 et cette fois placé dans le QHS de la Santé. Alors qu’il purge sa peine, « Joyce », rentrée au Canada, est bien sûr poursuivie par son passé. En dépression et en rupture épistolaire avec Mesrine, elle décide pour la première fois d’entrer dans le monde des hors la loi : le 22 octobre 1974 elle participe à l’évasion de l’ami de Mesrine, Jean-Paul Mercier et de ses complices à la prison de Saint-Vincentde-Paul. Arrêtée le jour même alors que l’évasion a bien réussi, elle écopera de vingt mois de prison. Mesrine apprend la nouvelle depuis sa prison de La Santé, leur correspondance restera cependant silencieuse. Après la reprise de leurs échanges en 1977, leur projet de mariage est si sérieux que Joyce retourne en France en 1978 pour en demander l’autorisation (Mesrine prévoyait surtout de s’en servir pour s’évader à nouveau). Arrêtée le jour même de sa visite au Palais de justice de Paris, le 17 avril 1978, pour usage de faux papiers, elle est à nouveau incarcérée à Fleury-Mérogis. Elle reçoit de Mesrine des lettres de grand soutien. C’est depuis la prison qu’elle apprend la seconde (et ultime) évasion de Mesrine, le 8 mai 1978. Elle est alors, pour la police, un appât de choix. Elle subira pusieurs transferts et quelques maltraitances dont elle ne sortira pas indemne. Après huit mois de cavale, le 2 novembre 1979, Mesrine est abattu porte de Clignancourt avec, à ses côtés, une nouvelle compagne (Sylvie Jeanjacquot), dont Deraiche apprit l’existence par voie de presse. Fin d’un itinéraire tragiquement prévisible… Cette carte figure parmi celles que Deraiche a choisi de reproduire dans son livre J’ai tant aimé Mesrine avec cette légende : « Une de ses cartes alors que j’étais en prison à Fleury-Mérogis, en 1973. Il m’imaginait au bout de trente ans de prison…» En effet, Mesrine a dessiné un Jojo-la-terreur, portrait humoristique de Jocelyne dont il dresse dans sa lettre un petit parcours biographique de la même eau « [...] en pensant à toi j’ai fait ton portrait : “On l’appelle Jojo-la-terreur née dans un coin de gaspési ! [...] Tout le monde tremblait sur son passage même les mouches n’osaient plus voler mais un jour qu’elle n’était pas sage ! sur son Bruno elle est tombée. Il lui dit, viens dont ma chérie ! avec moi tu vas voyager !! en fait d’voyage elle fut servie même à Fleury elle fut logée ! [...] Moralité de cette histoire : Quand on est la terreur des mouches ! Il ne faut pas quitter son pays !”» L’histoire de Jocelyne Deraiche et de Mesrine commença en effet un an plus tôt à Montréal où cette jeune québécoise de dix-neuf ans avait fait la connaissance du futur “ennemi public n°1”. Jocelyne Deraiche, J’ai tant aimé Mesrine, pp. 91 et sq., carte reproduite dans le cahier central.

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N° 193

JAC QU E S ME SR IN E

750 €

CARTE DE CORRESPONDANCE AVEC DESSIN EN COULEURS S.l.s.d. [Prison de La Santé, QHS, [circa 14 février 1974]. 1 f. oblong (330 x 240 mm). Grand dessin et lettre de Mesrine à Jocelyne Deraiche (cf. n°précédent) fait depuis le QHS de la prison de la Santé où il a été placé après sa deuxième arrestation le 28 septembre 1973. Envoyée pour la Saint Valentin, la carte représente deux cœurs liés par une chaîne, l’un derrière des barreaux. Elle est signée « Jacques Mesrine » en bas à gauche, tandis que la lettre est signée « ton mari, Bruno », du prénom qui figurait sur les faux-papiers du gangster. Quant au mariage, il en sera réellement question en 1978, Joyce revenant en France tout exprès (cf. n°précédent). « [197[4] !! Loin est la sortie, mais crois en mon amour et en ma confiance. Je t’aime, simple mot qui renferme tant de choses au moment où je te le dis. C’est l’espoir de te revoir un jour, de t’aimer, de te donner tout de moi […]» À cette date, Mesrine n’a purgé qu’un an de sa peine de vingt ans de réclusion. Jocelyne Deraiche, J’ai tant aimé Mesrine, pp. 91 et sq., carte reproduite dans le cahier central.

N° 194

HEN R I M IC HAU X

500 €

ECUADOR Paris, NRF, 1929.1 vol. (186 x 120 mm) de 200 pp., broché. Non coupé. Édition originale. Exemplaire imprimé du service de presse. Envoi signé : « à madame Gabrielle [?], Henri Michaux » Quatrième livre publié par Henri Michaux (après Les Rêves et la jambe, Fable des origines et Qui-je-fus) Ecuador relate le voyage qu’il entreprit en 1927 en compagnie de son ami Alfredo Gangotena et qui les mena d’Amsterdam au Havre, en passant par l’Équateur et le Pérou jusqu’aux rives de l’Amazone. Se considérant avant son départ comme un lâche, il trouvera dans ce long périple et ses multiples avatars (la jaunisse, la jungle, l’expérience de l’éther) la vérité de son métier d’écrivain. N° 195

HEN R I M IC HAU X

250 €

COUPS D'ARRÊT Paris, Le Collet de buffle, Paule Philip, 1973. 1 vol. (145 x 220 mm), en feuilles. Édition originale et seule édition. Un des 60 premiers exemplaires sur bouffant Moulin de Larroque. N° 196

HEN R Y M IL L ER

450 €

ON TURNING EIGHTY Santa Barbara, Capra Press, 1972. 1 plaquette (125 x 175 mm) de 34 pp., brochée. Édition originale. Envoi signé :

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N° 197

FR AN Ç O IS MI TTER R AN D

800 €

LE COUP D'ÉTAT PERMANENT Paris, Plon, 1964. 1 vol. (120 x 190 mm) de 284 pp., broché. Édition originale. Envoi signé :

N° 198

GEO R GE S MO NTO R GU EI L

3 000 €

LES TROIS COULEURS. FRANCE SON HISTOIRE Paris, Charavay, Martin éditeurs, sans date [1899]. 1 vol. (370 x 180 mm), en ff., couv. et dos en ff., non montés, sous coffret-emboîtage éditeur. Édition originale. Un des rarissimes exemplaires sur japon, signé par Montorgueil et Job. Ils ne sont pas annoncés et ne figurent, à notre connaissance, dans aucune bibliographie. L’ensemble est présenté en feuilles sous coffret éditeur, avec les plats de percaline intacte : l’impression polychrome, d’après une plaque de Paule Souze, est d’une incomparable fraîcheur à même la toile, jamais montée. Sont mêmes fournis deux doubles feuillets blancs, qui serviraient de garde à un exemplaire à relier. 42 illustrations, parmi les meilleures, de Job : cet acronyme sont les initiales de Jacques Onfroy de Bréville (1858-1931), l’un des principaux illustrateurs pour enfants au tournant des deux siècles derniers. Il donnera quelques quatre-vingt-dix livres entre 1886 et 1931, en grande grande majorité pour illustrer l’Histoire de France. Il entame en 1895, avec son complice Georges Montorgueil pour le texte, une grande fresque historique en trois volumes, close par les Trois couleurs (après France, son histoire (1896) et La Cantinière (1898) : « L’originalité de l’entreprise réside dans la personnification de la France sous les traits d’une figure féminine que le lecteur suit du berceau à l’âge adulte […]. Outre le mode de récit, la réussite de l’album tient au talent d’illustrateur de Job et à son art de la mise en pages dont témoigne la maquette avancée du livre : le texte se fond dans l’illustration jusqu’à s’y perdre parfois […]. Savamment composées jusque dans les moindres détails, tantôt à fond perdu tantôt encadrées par une bordure décorative chargée de symboles, les illustrations confèrent aux gloires nationales une certaine familiarité dans la grandeur, tel Charlemagne penché sur la jeune France ». (Carine Picaud, Livres d’enfants d’hier à aujourd’hui : Babar, Harry Potter et Cie, B.n.F., 2008) N° 199

P AUL MO R AN D

700 €

MAGIE NOIRE Paris, Bernard Grasset, 1928. 1 vol. (120 x 185 mm) de 303 pp., broché. Édition originale. Un des 62 premiers ex. num. sur Madagascar, sous double couverture. Depuis le Batouala de Maran, et quelques autre incursions dans le domaine (l’Anthologie nègre de Cendrars, Note sur la poésie nègre de Tzara et quelques écrits précoces de Soupault et Leiris), l’idée d’une culture et d’une conscience “noire” fait son chemin. Magie Noire paraît la même année que le Voyage au Congo de Gide, leurs séjours respectifs sur place datent des mêmes années 1925-1926. Le point de vue est différent, mais le recueil de nouvelles de Morand, malgré les clichés qu’il véhicule, est pourtant un vrai témoignage vécu, et le premier livre qui recense et démontre la modernité et l’universalité des cultures d’origine africaine. Et Morand, même s’il était un grand bourgeois, ne romance que ce qu’il a vu et entendu au cours de ses voyages. Point de vue insuffisant, mais réellement nouveau tout du moins dans l’intérêt et dans l’attention qu’il porte au continent africain. Bel exemplaire. Minime accros au dos.

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N° 200

CO N R AD MO RI C AN D

450 €

LES INTERPRÈTES ESSAI DE CLASSEMENT PSYCHOLOGIQUE D'APRÈS LES CORRESPONDANCES PLANÉTAIRES

Paris, La Sirène, 1919. 1 vol. (125 x 160 mm) de 72 pp., broché. Édition originale. Un des 50 exemplaires (n°6) sur hollande. Préface de Max Jacob. Envoi signé : « à Kisling, “bolchevik… au ciel”, son meilleur ami, C. Moricand » Tous les lecteurs d’Henry Miller connaissent Conrad Moricand. Il est, sous le pseudo transparent de Téricand, l’astrologue d’Un Diable au Paradis, roman où Miller conte son séjour catastrophique à Big Sur. C’est en 1936 qu’Anaïs Nin présente l’astrologue Conrad Moricand à Miller. Il découvre alors un personnage étrange, aux « visages multiples », « un stoïque, traînant partout sa tombe avec lui ». Ce n’était pas seulement un astrologue imbibé de philosophies hermétiques, mais aussi un occultiste, qui fréquente Montmartre et Montparnasse : il rencontre Modigliani, Cendrars, Carco, Picasso, Salmon, Kisling, Cocteau, Van Dongen, et surtout Max Jacob, dont il achète nombre de gouaches et qui lui servira d’intermédiaire pour la publication de ses premiers livres. Très bel exemplaire, de belle provenance ; rare en grand papier.

N° 201

P ABL O N ER U DA

450 €

RESIDENCIA EN LA TIERRA (1925-1935) Buenos Aires, Losada, 1944. 1 vol. (154 x 208 mm) de 286 pp., broché. Première édition sud-américaine. Envoi signé : « A Dicky i Alla con el carino de mucho… que los esperata. Pablo. Brussels, 1949 » Rangoon, 1927. Pablo Neruda vient d’être nommé consul du Chili en Birmanie. C’est à la suite de cette mission en terre extrême et inconnue qu’il rédige Résidence sur la terre (1925-1935), qui consitue son premier grand recueil poétique, publié à son retour en Espagne, en 1935. N° 202

3 000 € P ABL O N ER U DA CANTO GENERAL Mexico, Oceano, 1950. 1 vol. (175 x 115 mm) de 568 pp., toile rouge illustrée de l'éditeur, dos lisse, gardes illustrées de Diego Rivera et Siqueiros. Édition originale. Envoi signé : « à madame Jeanne Leraz, el saludo de Pablo Neruda, Paris, 1950 » Quand Neruda obtient le Prix Nobel en 1971, le Canto general a été défini comme « le poème américain qui donne vie aux destinées et aux rêves d’un continent et dans lequel un continent prend conscience de sa valeur ». Cette œuvre maîtresse de la poésie latino-américaine est un cri déchirant de révolte contre toutes les formes d’oppression, rédigé alors que le poète était en fuite et en clandestinité, sa tête mise à prix par le président du Chili, le futur dictateur Gonzalez Videla à la suite d’un discours du poète au sénat portant le célèbre titre d’Emile Zola : “ J’accuse! ”. Traqué par la police, Neruda a traversé les « champs, les ports, les villes, les campements, les maisons des paysans, des ingénieurs, des avocats, des médecins, des compagnons », s’exile et compose ce chant général, « opus magnum » de 342 poèmes dédié aux nations opprimées. Le livre est publié en toute clandestinité le 3 avril 1950 au Mexique (il existe un tirage signé à 300 exemplaires, de plus grand format) et comprend quinze parties. L’ensemble forme une immense fresque lyrique et épique. La dernière partie, intitulée Je suis (Yo soy), est une autobiographie poétique qu’il termine ainsi : « Ainsi finit ce livre, je laisse ici mon Chant général écrit dans la persécution, en chantant sous les ailes clandestines de ma patrie ». Il obtiendra à Paris, au congrès pour la Paix, quelques mois plus tard, le Prix International de la Paix, ensemble avec Pablo Picasso. C’est là qu’il rencontre la femme de sa vie, Matilde Urrutia qui l’inspira pour des poèmes d’amour d’une fulgurante beauté. L’exemplaire a sans aucun doute été dédicacé pendant ce congrès. Infimes taches au cartonnage éditeur sinon bel exemplaire du chef-d’œuvre de l’auteur. Exceptionnel avec envoi strictement contemporain.

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N° 203

CH AR L ES N OD IER

750 €

HISTOIRE DU ROI DE BOHEME ET DE SES SEPT CHATEAUX Paris, Chez les libraires qui ne vendent pas de nouveautes, 1830. 1 vol. (125 x 200 mm) de 598 pp., veau glacé, dos à nerfs orné de filets dorés et fleurons, double filet d'encadrement sur les plats, fleurons d'angles, dentelle interieure, tr. jaspées (Reliure de l'époque). Édition originale. Page de titre de la p. 35 reprise en tête lors de la remise en vente. Charles Nodier est de!ja" bibliothe!caire de l’Arsenal depuis pre"s de six ans lorsqu’est publie! en janvier 1830 L’Histoire du Roi de Bohe!me. Peu de critique ont alors souligne! la re!volution typographique de l’ouvrage, qui marque un tournant dans l’histoire de l’e!dition et de la gravure sur bois : les images de Tony Johannot et le texte de Nodier se croisent, se parlent, jouant sur les blancs du texte, la hauteur et la varie!te! des caracte"res, le sens de lecture, en inte"grant des figures dans le texte, entre les lignes de texte, dans une composition ose!e. Tout est fait pour un parcours plein de pirouettes et de ruptures ou les images consacrent la magie visuelle. Les calligrammes et autres cocasseries en font un ance#tre des publications surre!alistes ou des productions image!es de Grandville ou Lewis Caroll. « Cette fine et spirituelle face"tie de l’e"cole rabelaisienne sera toujours fort estime"e par les amateurs qui lisent, mais elle sera aussi fort recherche"e par les amateurs qui veulent des chefs-d’œuvres typogaphiques. C’est, a! coup su#r, le plus beau livre de notre temps » (Bibliothe"que de Pixe!re!court, 1839, n°1143). Andre! Breton lui aussi mettait a" part cet ouvrage, qu’il donnait comme un « exemple unique de fantaisie typograpique allie"e a! l’esprit philosophique voisin de celui me#me de Dada ». Bon exemplaire en veau glacé du temps ; piqûres éparses dans le texte. Carteret, 432 (avec fausse attribution de couverture, faute commise également par Vicaire, Brivois…) ; Day, Book typography, p. 52.

N° 204

MAR C EL P AGN O L

1 500 €

TOPAZE Paris, Fasquelle, 1930. 1 vol. (170 x 240 mm) de 284 pp., broché, étui cartonné. Édition originale. Un des 75 premiers exemplaires sur japon, réimposé : le n° 1. « Lorsque je suis arrivé à Paris, j’ai eu affaire à des hommes d’affaires. Il m’a semblé que ces gens, qui avaient des situations très importantes, n’étaient pas plus intelligents que les petits instituteurs d’autrefois. Et que ces petits instituteurs, s’ils avaient bien voulu un peu renoncer à leur sincérité et à leur honnêteté, auraient pu aussi faire de très grandes affaires ». Cette pique lancée par Pagnol est le programme même de la pièce, créée en 1928, qui constitue le premier succès théâtral de Pagnol : elle sera jouée trois années durant au théâtre des Variétés, avec André Lefaur dans le rôle titre. Classique dans sa forme, l’œuvre, aux accents molièresques, est à la fois comédie de boulevard et satire sociale, dénonçant les mœurs des “affairistes”, cause des scandales de la IIIème République. Superbe état ; infîmes insolations à la couverture sur papier glacé.

N° 205

MAR C EL P AGN O L

500 €

MERLUSSE. CIGALON Paris, Fasquelle, 1936. 1 vol. (140 x 200 mm) de 221 pp. et 1 f., broché. Édition originale. Un des 25 premiers exemplaires (n° 19) sur japon, re!impose!s et a" toutes marges. Ces deux pièces porte!es au cine!ma furent pre!sente!es ensemble au Marivaux sur les Champs-Élyse!es a" la veille de la Noël 1935. L’argument est simple : quelques malheureux e!le"ves, qui n’ont personne chez qui passer les fe#tes, restent, la veille de Noe$l, dans le grand lyce!e ou" ils sont pensionnaires. Et il leur arrive le pire qu’ils puissent imaginer : ils seront surveille!s par Merlusse, le me!chant re!pe!titeur borgne a" la grosse barbe noire. Mais la nuit de Noe$l n’est-elle pas celle de tous les miracles ? Pagnol choisit ici de s’adapter lui-me#me : il reprend L’infa#me Truc, un re!cit publie! en 1922 dans la revue Fortunio, et en tire un des plus beau conte de Noe$l de l’histoire du cine!ma. Très bel état. Ex-libris annulé au premier feuillet blanc.

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N° 206

500 € MAR C EL P AGN O L FEUILLET MANUSCRIT POUR LA PRÉPARATION DE MANON DES SOURCES S.l.n.d. [circa 1951]. 1 p. de dialogue et 1 p. de notes sur 1 f. (175 x 220 mm), recto-verso à l'encre noire, sur papier quadrille. Version pre!paratoire de tout premier jet : Pagnol, a" ce stade, n’a pas encore de!cide! du nom de la jeune orpheline, qui deviendra Manon. Le dialogue met en sce"ne “La Fille” [Manon], l’instituteur, le patron et Belloiseau.

Au verso, liste manuscrite des diffe!rents acteurs pressentis, dont Ge!rard Philippe [pour l’instituteur joue! finalement par Raymond Pellegrin], Vilbert [le cure!], Maffre [le forgeron Pe!tugue] et Rellys [pour Ugolin]. Apparaissent e!galement les noms de Jean Mandaroux [pour les de!cors] et diverses notes, sans doute pour des lieux de tournages : « Jean Mermoz » [pour la rue e!ponyme, ou" sont les studios Marcel Pagnol], « Ventadour » [pour la re!gion de Corre"ze ou" il envisageait les sce"nes exte!rieures] et diverses autres notes. Le film sortira en 1952 ainsi que sa seconde partie, Ugolin. Le succe"s fut immense. Presque dix ans plus tard, en 1963, les films inspire"rent a" Pagnol les deux romans du diptyque L’Eau des collines, Jean de Florette et Manon des sources (la deuxie"me partie reprend la trame des films pendant que la premie"re raconte l’enfance de la protagoniste Manon). N° 207

FR AN C IS P I CA BIA

700 €

JESUS-CHRIST RASTAQOUÈRE. DESSINS PAR RIBEMONT-DESSAIGNES S.l., Collection Dada, s. d. 1 vol. (230 x 164 mm) de 72 pp., broché. Édition originale. Sous nos latitudes, le rastaquoue"re est « un e"tranger aux allures voyantes, affichant une richesse suspecte », dixit le Robert et c’est bien le sens que Francis Picabia entendait donner au mot. En juin 1920, Picabia est interroge! par Maurice Sachs : « Mais enfin, pourquoi Je"sus-Christ Rastaquoue!re ? » « Parce qu’on ne sait pas de quoi il vit » Aujourd’hui, ce vigoureux pamphlet, de!die! « a! toutes les jeunes filles », te!moigne malheureusement de la pe!rennite! du monde que pourfendait Picabia. N° 208

FR AN C IS P I CA BIA

600 €

LA LOI D’ACCOMMODATION CHEZ LES BORGNES Paris, Th. Briant, 1928. 1 vol. (278 x 222 mm) de 29 pp., broche. !Édition originale. Illustre! de trois lithographies, dont celle, en couleurs, de la couverture. « C’est pour cela que je demande a! chacun de mes lecteurs de mettre en sce!ne, de tourner pour lui-me#me sur l’e"cran de son imagination, e"cran ve"ritablement magique, incomparablement supe"rieur au pauvre calicot blanc et noir des cine"mas […] les places sont toutes au me#me prix et l’on peut fumer sans ennuyer ses voisins » Francis Picabia nous incite ainsi a" devenir metteur en sce"ne de cet e!bouriffant sce!nario surre!aliste a" l’originale typographie (trois tailles de caracte"res sont me!lange!es). N° 209

FR AN C IS P I CA BIA

500 €

EXPLORATIONS Paris, Vrille, 1947. 1 vol. (328 x 254 mm) non paginé. Édition originale. Un des 200 exemplaires sur ve!lin Bellegarde. 10 lithographies d’Henri Goetz.

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N° 210

FR AN C IS P I CA BIA & P I ER R E-AN DR É BE N OÎT LE BEAU TEMPS Alès, s.d. 1 affiche (450 x 560 mm), impression noire recto.

300 €

Affiche originale dessine!e par Picabia et imprime!e par PAB pour son e!phe!me"re librairie-Galerie d’Ale"s, dans laquelle une seule exposition - inaugurale - eut lieu : « Picabia, livres, dessins, peintures du 4 au 17 mai ». N° 211

MAR C EL P RO U ST

12 000 €

LES PLAISIRS ET LES JOURS Paris, Calmann-Levy, 1896. 1 vol. de 3 ff., X, 273 pp. (mal ch. 271) et 1 f., demi-maroquin tabac à coins, dos lisse avec mosaïque d'un décor floral et pièce de titre de maroquin marron, date en pied, tête dorée, couv. et dos cons. Édition originale. Illustrations de Madeleine Lemaire dans le texte et partitions de Reynaldo Hahn. Un des 20 premiers exemplaires sur japon (n° 2), avec une aquarelle originale de Madeleine Lemaire, en couleurs, re!alise!e en te#te de l’ouvrage. Seuls les exemplaires de te#te sur japon (20 exemplaires) et sur chine (30 exemplaires) contiennent un dessin. Madeleine Lemaire, aquarelliste et miniaturiste, tenait un salon littéraire et artistique des plus fréquentés de la Belle Époque. C’est là que Proust rencontre Reynaldo Hahn et que naissent Les Plaisirs et les Jours, qui s’inspire fortement du de!cadentisme et notamment de Robert de Montesquiou rencontré lui aussi chez Lemaire en 1893. Anatole France en donnera la préface, décrivant « […] la splendeur désolée du soleil couchant et les vanités agitées d’une âme snob [...]. Heureux livre que le sien ! Il ira par la ville tout orné, tout parfumé des fleurs dont Madeleine Lemaire l’a jonché de cette main divine qui répand les roses avec leur rosée ».

Ce recueil de poe"mes en prose - et son premier ouvrage publie! - nous en apprend beaucoup et reste fondateur de la musique proustienne a" bien des e!gards : « Couche"s sur le dos, la te#te renverse"e dans les feuilles se!ches, nous pouvons suivre au sein d’un repos profond la joyeuse agilite" de notre esprit qui monte, sans faire trembler le feuillage, jusqu’aux plus hautes branches ou! il se pose au bord du ciel doux, pre!s d’un oiseau qui chante. Me"ditation qui devient communion quand e"lance"s et debout, dans la vaste offrande de leurs branches, et pourtant repose"s et calmes, les arbres, par cette attitude e"trange et naturelle, nous invitent avec des murmures gracieux a! sympathiser avec une vie si antique et si jeune, si diffe"rente de la no#tre et dont elle semble l’obscure re"serve ine"puisable [...] ». Pre!mices d’un style, d’une vision qui s’accompliront dans la Recherche et que Proust re!sumera en ces termes : « La vraie vie, la vie enfin de"couverte et e"claircie, la seule vie par conse"quent pleinement ve"cue, c’est la litte"rature ». De la bibliothèque Bollore (ex-libris). Dos légèrement passé.

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N° 212

1 800 € MAR C EL P RO U ST LES PLAISIRS ET LES JOURS Paris, Calmann-Levy, 1896. 1 vol. de 3 ff., X, 273 pp. (mal ch. 271) et 1 f., broché, étui chemise de demi-maroquin vert, dos lisse. Édition originale. Superbe exemplaire broché, en parfaite condition.

N° 213

[P RO U ST] JOH N R U SK IN

2 000 €

LA BIBLE D'AMIENS Paris, Mercure de France, 1904. 1 vol. (124 x 188 mm) de 347 pp., broché. Édition originale de la traduction franc%aise. Un des exemplaires du premier tirage, premie"re e!mission nume!rote!s a" la presse, sans mention d’e!dition. Envoi signe! : [de!dicataire habilement efface!] :

Marcel Proust commence a" s’inte!resser aux ouvrages de Ruskin a" l’automne 1899, en se plongeant dans la lecture intensive de celui qu’il appelle « ce grand homme » apre"s avoir de!couvert le chapitre intitule! “La Lampe de la me"moire” des Sept Lampes de l’architecture. Quelques mois plus tard, il apprend la mort la mort du critique d’art dans le Figaro du 21 janvier 1900. Il e!crit imme!diatement a" Marie Nordlinger, une ami anglaise de Manchester et cousine de Reynaldo Hahn, lui exprimant, outre sa tristesse, son de!sir de pe!rennite! des ouvrages de l’e!crivain : il pre!pare alors plusieurs hommages a" Ruskin sous formes d’articles ne!crologiques et de notes qui deviendront, avec des modifications amplifie!es, les pe!ritextes de sa future traduction de la Bible d’Amiens. Ta#che ardue puisque Marcel Proust connai#t a" peine l’anglais : sa me"re fait le mot a" mot, qu’il remanie avec les conseils de Marie Nordlinger et de Robert d'Humie"res, traducteur de Kipling. Outre la très belle " pre!face, les notes, dont certaines se de!veloppent sur plusieurs pages, forment une intéressante introduction à l’œuvre proustienne. Bien complet du catalogue éditeur sur papier vert in-fine. Rare.

N° 214

MAR C EL P RO U ST

12 000 €

À LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU Paris, Nouvelle Revue Française, 1918-1927. 12 vol. (140 x 195 mm), brochés. Édition intégrale et originale des volumes parus à la N.r..f. Seul Du côté de chez Swann avait paru précédemment chez Bernard Grasset, en 1913. Un des exemplaires sur vélin pur-fil, sauf pour À l’Ombre des jeunes filles en fleurs, pour lesquels il n’existe pas de tirage sur ce papier et ce format. Ce dernier titre est du premier tirage sans mention (500 exemplaires) : il a appartenu à Jean Schlumberger, avec quelques corrections à la plume, essentiellement d’ordre typographique. Bel ensemble broché, condition rare. Légers défauts, sans gravité, à quelques exemplaires.

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N° 215

500 € RA YM ON D R ADI GU ET LE BAL DU COMTE D'ORGEL Paris, Grasset, 1924. 1 vol. (120 x 185 mm) de 239 pp., demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs, titre doré, tête dorée, couv. et dos cons. Édition originale. Exemplaire des bonnes feuilles (n° 75), nominatif pour Jean-Louis Vaudoyer. Lors de la parution, Euge"ne Montfort et Paul Morand entre autres, e!mirent des re!serves sur l’identite! de l’auteur de ce livre, et il est effectivement ave!re! que Jean Cocteau avait fortement mis la main a" la pa#te pendant l’e!te! 1922, a" Pramousquiers. De!but octobre, le manuscrit de 400 pages est re!duit de moitie! et apre"s la mort de Radiguet en de!cembre, ce sont Cocteau et Kessel (cf. n° 69) du pre!sent catalogue qui se chargeront de la correction des e!preuves du livre.

N° 216

[RÉ GI ON AL IS ME B RE TON ] P RI NC E B IAN C HI DE M ÉD IC IS

1 000 €

ANTHOLOGIE DE COIFFES & TYPES ACTUELS DU PEUPLE BRETON… Saint-Brieuc, Aux Éditions de la Bretagne Touristique, 1925. 1 vol. (190 x 260 mm) de 87 pp. et 2 ff. (table) + 90 pl., broché. Édition originale. Un des 500 exemplaires sur vélin. Les Éditions de La Bretagne Touristique ont été fondées par Octave-Louis Aubert, parisien tombé amoureux de la Bretagne et qui n’aura de cesse, par les multiples publications qu’il concevra, de la faire connaître davantage. Rédacteur en chef du Progrès, il fonde en 1907 le premier syndicat d’initiative, à Saint-Brieuc et lance en 1922 la revue La Bretagne artistique puis, deux ans plus tard, sa propre maison d’édition pour concurrencer les maisons parisiennes et satisfaire les bibliophiles bretons et éditer de belles reproductions d’œuvres d’art. La Chanson du Cidre de Frédéric Le Guyader (édition de luxe illustrée de gravures sur bois d’après les dessins originaux de Louis Garin) et le Bianchi sur les coiffes bretonnes seront ses deux plus belles publications. Bibliographie bretonne, Annales de Bretagne, vol. 39, n° 516.

N° 217

[RÉ GI ON AL IS ME P R OV EN Ç AL ] AL P HO NS E DO NN AD IEU

1 200 €

LA POMPÉÏ DE LA PROVENCE. FRÉJUS. FORVM IVLII Paris, Honoré Champion, Berger-Levrault, 1927. 1 vol. (160 x 240 mm) de x et 249 pp., plein chagrin bleu, filet doré encadrant les plats, chiffre couronné doré aux angles, armoiries dorées au centre, dos à nerfs orné, roulette dorée courant sur les coupes, frise dorée sur les chasses, toutes tranches dorées (Reliure de l’époque), dans un écrin de papier chagriné bleu ciel, à l’intérieur au semis de fleur de lys. Édition originale. Un de 50 premiers exemplaires sur vélin, le n° 1. Précieux exemplaire de dédicace, aux armes d’Emmanuel d’Orléans, duc de Vendôme (1872-1931), à qui l’ouvrage est dédié, en tant que président de l’Institut des Fouilles de Provence et des Préalpes. Alphonse Donnadieu, qui s’était fait construire une villa en style pompéien qu’il appela “Mosella”, (souvenir de sa Lorraine natale), fut d’abord directeur adjoint de l’Institut des Fouilles de Provence que présidait le duc de Vendôme, puis fut nommé conservateur du Musée de Fréjus et directeur des fouilles de cette ville, puis directeur des Antiquités celtiques, grecques et gallo-romaines. Quelques temps maire de Fréjus, c’est par ses soins que le Musée de la ville devint une des meilleures collections antiques de la France. Les monuments et l’histoire de sa cité d’élection, tant antiques que chrétiens, sont ici précisement et richement décrits. Le meilleur exemplaire possible. Parfait état aux armes du dédicataire, qui l’a sompteusement fait habiller, conservé dans une boîte-écrin.

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N° 218

JU L ES R EN AR D

250 €

HISTOIRES NATURELLES Paris, Flammarion, [1896]. 1 vol. (126 x 164 mm) de 155 pp., broché. Édition originale. Exemplaire signe! par Jules Renard. Couverture par Fe!lix Valloton. Mention manuscrite au faux-titre : « exemplaire de Stéphane Mallarmé ». Chasseur d’images, Jules Renard crée dans les Histoires Naturelles un album poétique et vivant, « subtil jeu d’analogies, d’indications picturales et musicales grâce auxquelles lui, le disciple des naturalistes, semble aborder le domaine de la poésie pure » (Dictionnaires des œuvres). Maurice Ravel en donnera une élégante transcription musicale et Toulouse-Lautrec d’expressives illustrations. De la bibliothèque d’Henry Charpentier : lorsqu’il composa le Tombeau de Stéphane Mallarmé en 1910, la publication le fit à ce point estimer par la famille du poète que le docteur Bonniot [exécuteur testamentaire de Mallarmé, et son éditeur posthume en 1914], à sa mort, le désigna comme nouvel exécuteur pour conserver et publier éventuellement les manuscrits de son beau-père. Cette provenance Charpentier peut expliquer en partie la mention manuscrite portée en tête, sans pour autant la certifier.

N° 219

600 €

[RE VU E] LE CENTAURE.

RECUEIL TRIMESTRIEL DE LITTÉRATURE ET D'ART. REDIGÉ PAR MM. HENRI ALBERT, ANDRÉ

GIDE, A.-FERDINAND HÉROLD, ANDRÉ LEBEY, PIERRE LOUYS, HENRI DE RÉGNIER, JEAN DE TINAN, P. V. (PAUL VALÉRY). VOLS. I - II

Paris, rue des Beaux Arts, 1896. 2 vol. (245 x 190 mm) de 130, (iv), xxiv; 156, (iv), xvi, cartonnage éditeur pleine toile verte, dos lisse et muet, titre doré porté au premier plat (Reliure éditeur par Lenègre). Collection comple"te de cette revue luxueuse fonde!e par Andre! Gide, Pierre Louys et Paul Vale!ry ; elle aura seulement deux livraisons, chacune se!pare!e en une partie litte!raire et une partie artistique. Au tome II, pp. 31-44 dans la partie litte!raire parai#tra pour la premie"re fois La Soire"e avec monsieur Teste, avec la de!dicace «ÀÀ Euge!ne Kolbassine» qui n’apparai#tra plus dans les e!ditions poste!rieures. La revue s’ouvre par Le Centaure, sonnet de Henri de Regnier, et se poursuite avec des textes de Pierre Louys, Jean de Tinan, André Gide ; l’ensemble est illustre! par Anquetin, Jacques-E. Blanche, Le!andre, Leheutre, Fe!licien Rops, Delacroix, Henri Heran,... Petits frottements angulaires, sinon bon exemplaire, complets des suppléments et bulletins.

1 700 €

N° 220

[RE VU E] LE MOT. COLLECTION COMPLETE 1914 et 1915. 20 vol. (417 x 278 mm), en ff., sous couvertures illustrées. Collection comple"te. Ensemble réunissant les 20 numéros de cette publication anti-militariste et germanophobe, présentant de nombreuses innovations typographiques et de mise en page, conférant à l’ensemble un caractère expérimental, proche des cubistes. Fondée en 1914 par Jean Cocteau et Paul Iribe, cette revue donne une image précise de la violence du conflit et de la dérive d’une certaine presse. Réformé, Cocteau ne veut pas rester inactif et s’engage à la Croix-rouge. En septembre, il assiste au bombardement de Reims et au convoi d’évacutation des blessés, qui le marque terriblement. Rentré à Paris, il prépare alors avec Iribe la future revue qui paraît le 27 novembre. Les premiers numéros exploitent un patriotisme sans nuances. Puis, très vite, les pages du journal s’ouvre aux artistes cubistes comme Albert Gleizes, Léon Bakst ou André Lhote ; Raoul Dufy y édite ses bois et Cocteau ses caricatures, sous le pseudonyme de Jim (pseudonyme emprûnté à son chien). Très rare ainsi complet et en si belle condition.

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N° 221

[RE VU E]

4 000 €

COMMERCE CAHIERS TRIMESTRIELS PUBLIÉS PAR LES SOINS DE P. VALÉRY, L.-P. FARGUE, V. LARBAUD

Paris, 160 Fbg Saint-Honoré, 1924-1932. 30 vol. (230 x 180 mm), brochés. Collection comple"te. Un des 50 premiers exemplaires sur hollande (à partir du n°5 le tirage passera a" 100 exemplaires sur ce papier), avec l’index. « L’autre » revue litte!raire de l’entre-deux guerres Commerce donna vingt-neuf livraisons en huit ans sous les lumie"res de Vale!ry, Fargue et Larbaud, aide!s par Saint-John Perse, Giuseppe Ungaretti et Bernard Groethuysen... En cette anne!e 1924 qui voit parai#tre aussi le premier nume!ro de La Re"volution surre"aliste, Commerce fre!quente avec e!clectisme et sans tapage les cimes les plus hautes de la litte!rature du moment, tout en exhumant des mai#tres oublie!s. La revue s’inscrit tout particulie"rement dans les anne!es vingt et sa « de"cade de l’illusion » e!voque!e par Maurice Sachs ; elle propose et impose une forme d’excellence par une pre!sentation sobre, discre"te, e!le!gante et re!solument tourne!e vers la litte!rature. Son laboratoire litte!raire publiera, entre autres, Aragon, Artaud, Breton, Claudel, Drieu, T.-S.Eliot, Fargue, Gide, Giono, Max Jacob, F. Jammes, Jouhandeau, Jouve, Joyce, Larbaud, Leopardi, Malraux, Henri Michaux, Pasternak, Paulhan, Pe!ret, Ponge, Ribemont-Dessaignes, Rilke, Supervielle, Ungaretti, Vale!ry, Virginia Woolf, etc. Parfait etat. De la bibliotheque du professeur Millot (exemplaires nominatifs). Rare en tirage de tete.

N° 222

[RE VU E]

600 €

SIC. N° 1 (JANVIER 1916) AU N° 53-54 (DÉCEMBRE 1919) Paris, Éditions de la Chronique des Lettres Françaises, 1973. 1 vol. sous coffret (280 x 228 mm), en feuille, 512 pp. [54 numéros en 41 livraisons]. Un des 40 premiers exemplaires sur pur fil Johannot, avec un dessin original à la mine de plomb de Léopold Survage, un poème autographe de Pierre Albert-Birot, un portrait photographique de celui-ci, ainsi qu’un exemplaire original au pochoir du Tapis de Martine tiré à la main à la suite du n° 7 daté juillet 1916. Revue intégralement rééditée par Jean-Michel Place avec le numéro unique de la revue Paris et le programme des Mamelles de Tirésias. Outre Guillaume Apollinaire qui y participa activement, la plupart des signatures de l’avant-garde de l’époque se retrouveront au sommaire de la revue, y compris, bien sûr, celles de futurs surréalistes, André Breton inclus. Le n° 1 de l’éphémère Paris, publiée par Albert-Birot en 1924, s’ouvre sur un texte signé Roch Grey qui décrète, rappelant la paternité d’Apollinaire, que le surréalisme « porte en lui une tare originelle, celle de n’appartenir à aucun de ceux qui s’en servent. » N° 223

GEO R GE S RI BEM O NT-D ESS AIG N ES

500 €

LA NUIT LA FAIM Paris, Adrien Maeght, 1960. 1 vol. (183 x 275 mm) en feuilles. Édition originale. Tirage a" 163 exemplaires. Un des 130 exemplaires sur arches (n°55) signe!s par Ribemont-Dessaignes et Braque, qui illustre le texte de 2 lithographies originales en couleurs. N° 224

GEO R GE S RI BEM O NT-D ESS AIG N ES

500 €

LA BALLADE DU SOLDAT. 34 LITHOGRAPHIES ORIGINALES DE MAX ERNST Vence, Pierre Chavée, 1972. 1 vol. (184 x 247 mm) de 91 pp., broché. Édition originale. Un des quelques exemplaires numérotés et signés par l’e!diteur. Signatures au crayon de Ribemont-Dessaignes, Max Ernst et Man Ray sous la photographie qui les repre!sente tous les trois a" table, en frontispice.

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N° 225

12 000 € AR THU R R IM BAU D UNE SAISON EN ENFER Bruxelles, Alliance typographique M. J. Poot et Compagnie, 1873. 1 vol. (184 x 122 mm), broché, chemise-étui de demi-chagrin noir, dos à nerfs, titre doré. Édition originale. Elle fut publie!e a" compte d’auteur a" un nombre indetermine! d’exemplaires. Seuls quelques-uns furent distribue!s par Rimbaud ; le stock, faute de paiement, resta dans la cave de l’e!diteur jusqu’en 1901, exhume! par Le!on Lossau, puis trie!s car : « un certain nombre d’exemplaires de"te"riore"s par l’eau qui avait perce" du toit furent jete"s dans le grand poe#le de l’atelier ». La Saison en enfer est la seule publication faite et corrige!e par Rimbaud de son vivant. Le 20 juillet 1873, quelques jours apre"s le fameux coup de feu de Verlaine, Rimbaud sort de l’ho#pital et quitte Bruxelles pour se rendre a" Roche. Il y e!crit l’essentiel du recueil (a" ce sujet, lire les merveilleuses dernie"res pages de Rimbaud le fils, de Pierre Michon). Fin aou#t, il fait parvenir les manuscrits a" l’imprimerie bruxelloise de Poot, l’Alliance typographique. En septembre, les exemplaires sont imprime!s. On connai#t (a" peu pre"s) la suite. Bel exemplaire.

N° 226

450 € [RI MB AU D] PA TER N E BER R IC HO N DEUX LETTRES AUTOGRAPHES À PIERRE LOUŸS Paris, 5 juillet et 13 avril 1900. 2 ff., pliés (115 x 175 mm) de 17 et 20 lignes à l’encre, une env. cons. Paterne Berrichon est le peudonyme de Pierre Dufour, qui épousa la sœur de Rimbaud, Isabelle en 1897 : Il est l’auteur de la première biographie sur le jeune poète, en 1898. Correspondance au sujet de documents que doit fournir Berrichon à Pierre Louÿs, « pour votre plaquette sur Rimbaud […] j’aurai, nous aurons, plaisir à vous communiquez ces documents et vous choisirez les autographes et portraits dont vous entrevoyez l’utilité pour votre publication ».

N° 227

AR THU R R IM BAU D

500 €

LES POÈTES DE SEPT ANS ILLUSTRÉ DE 7 GRAVURES EN POINTE-SÈCHE PAR VALENTINE HUGO

Paris, GLM, 1939. 1 vol. (330 x 250 mm) de 40 pp., en feuilles. Envoi signe! : « Pour Claude-Andre" Puget qui aime les “jeunes”, en voici “un” dont j’espe!re bien continuer la vie, en images, si le destin le permet. Avec mes vifs sentiments de sympathie. Valentine Hugo » Date! du 26 mai 1871, soit onze jours apre"s la Lettre du voyant, ce poe"me a le me#me de!dicataire, le poe"te Paul Demeny, rencontre! par le biais de Georges Izambard, professeur de Rimbaud au colle"ge de Charleville. Petit accroc restauré au milieu du dos, sinon bel exemplaire.

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N° 228

GU I R OSE Y

1 200 €

DRAPEAU NÈGRE. AVEC UN DESSIN D’YVES TANGUY Paris, Éditions surréalistes, 1933. 1 vol. (249 x 161 mm) de 128 pp., broché. É!dition originale. Un des (10 ?) premiers exemplaires sur Voiron jonquille, justifie! D. Il est offert a" la femme aime!e et propose, en guise d’envoi, une grande partie de son texte publie! dans le nume!ro 3-4 de la revue Minotaure de 1933, tout juste paru, en re!ponse a" l’Enque#te sur la rencontre amoureuse. Et Rosey d’ajouter : « Je vais maintenant comple"ter cette de"claration par l’affirmation du bonheur absolu que me donne ton amour, le seul que j’ai connu. Gui Rosey ». Un exemplaire identique (le H) figurait à la vente André Breton, et non avons pu recenser les exemplaires B (de l'auteur), F (Éluard) et G (sans envoi). Parfait état. Rare.

N° 229

RA YM ON D R OU SS EL

800 €

CHIQUENAUDE Paris, Alphonse Lemerre, 1900. 1 vol. (189 x 120 mm) de 26 pp., broché. Édition originale. Un des titres les plus rares de Roussel, et son deuxie"me livre paru. Ce petit conte fe!e!rique met aux prises Me!phisto, Panache, “grand coureur de filles et grand spadassin” et sa marraine la fe!e Chiquenaude qui de!couvre l’infide!lite de la femme de son filleul avec Me!phisto. Vengeance donc, pour vaincre “ce beau seigneur habille" de rouge”, ou" Roussel ne cesse de donner un double sens a" chaque mot tout en prenant soin d’unir les deux directions de chacune. Le « plus grand magne"tiseur des temps modernes », comme le nommait Andre! Breton, rompt encore parmi les fils qui le rattachent a" la re!alite! : « en ces premie!re anne"es […] de prospection, aucune de mes œuvres ne me satisfit, sauf Chiquenaude », dira t-il. Tres bel état d'origine, broché.

N° 230

DOC TE UR RO ZIE R

300 €

DES HABITUDES SECRÈTES OU DES MALADIES PRODUITES PAR L'ONANISME CHEZ LES FEMMES Paris, Audin, 1830. 1 vol. (214 x 138 mm) de 321 pp. + 2 ff. (dont table), broché. Troisie"me e!dition, en partie originale et seule illustre!e. Elle comporte quatre portraits grave!s. S’adonner au vice de la solitude pourra - a" en croire ce praticien de l’art - entrai#ner, mesdames : e!puisement, rachitisme, gangre"nes se"ches, dartres, crampes du dos, aphtes, affections nerveuses, maladies respiratoires, maux d’estomac, perte des faculte!s intellectuelles (pouvant aller jusqu’a" la de!mence), stupidite!, insensibilite!, affections cutane!es, effets inde!sirables sur votre voix et alte!ration de votre beaute!... L’originalite! contenue dans cet ouvrage re!side e!galement dans la pre!sence de quatre gravures accompagnant les observations du Docteur Rozier ; notamment la quatrie"me qui « ne renvoie pas, contrairement aux pre"ce"dentes, a! une observation pre"cise mais c’est LA figure de l’onaniste [...] qui te"moigne de fac$on exemplaire de la primaute" de la volonte" dissuasive des me"decins sur la rigueur scientifique ,puisqu’elle montre un cas qui n’existe pas, puisqu’elle n’a d’autre fonction que de mettre en sce!ne et de re"sumer de fac$on frappante la punition (et le repentir) de l’onaniste »(Carol). Michel Foucault citera longuement plusieurs passages de l’ouvrage, comme point de de!part de ses cours sur « Les Anormaux », prononce!s au Colle"ge de France de janvier a" mars 1975. Quérard, VIII-373 ; Carol, « Les Médecins et la stigmatisation du vice solitaire », in Revue d'histoire moderne, n° 49 ; pp. 156-172 ; Foucault, Les Anormaux, notamment le cours du 5 mars 1975.

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N° 231

[SADE ] H IP P O LY T E DE C O L IN S

1 500 €

NOTICE SUR LA MAISON DE CHARENTON, PAR H. DE COLINS. 16 JUIN 1812 VENTE APRES DECES DES OBJETS AYANT APPARTENU A M. DE SADE. 20 [25] JANVIER 1815 Paris, s.l.n.d. [circa 1960, d’après document original Arch. de la Seine, D3 AZ n°212]. 71 ff. en phototypie, sous chemise à rabats, titrée Sade par Lély et signée. Archives personnelles de Le!ly, d’apre"s des documents originaux copie!s ici en phototypie, tire!es sur papier couche!. Elles lui serviront à l’édition du Journal inédit de Sade.

Aide de camp du général Exelmans jusqu’en 1815, Hippolyte de Colins avait suivi à partir de 1810 des cours de psychiatrie à l’École de médecine de Paris. Il est mandaté en 1812 par Royer-Collard, ministre de l’intérieur, pour inspecter l’asile de Charenton. Le résultat est ce mémoire indigné, qui stigmatise « l’établissement, mauvais sous le rapport de la guérison, de l’humanité, des mœurs et des lois ». Malpropreté, air infect, infirmiers ignares, violences, tout y passe. Mais ce qui semble indigner pardessus tout Colins, c’est que le directeur de l’établissement, un « nabot difforme et amateur de poésie », se soit laissé influencer par un pensionnaire de marque : Donatien Alphonse François marquis de Sade. Prisonnier a" vie et sous surveillance constante, il jouissait de nombreux privile"ges : visites à toutes heures, sorties, logement dans la section des femmes, invitations aux di#ners du directeur, meilleure cuisine... Surtout, des fe#tes, bals, concerts, ope!ras, feux d’artifice et loteries dont Sade e!tait l’organisateur et le mai#tre, se succe!daient : on courrait a" Charenton voir les « fous ». Collins, fort peu surréaliste de tempérament, goûte peu à ce laisser-aller, mais, pour autant, cette rencontre inattendue aura une influence sur sa vision du monde ; il se posera un jour cette question : et si Charenton, c’était dehors ? À la suite figure le proce"s-verbal de la vente apre"s de!ce"s des objets ayant appartenu au marquis de Sade en janvier 1815. Document d'un grand intérêt. Cf. Sade, Journal inédit, P., Gallimard, 1970, annexes ; Angenot, Colins et le socialisme rationnel, Presses Universitaires de Montréal, 1999, pp. 14 et sq. (sur Colins).

N° 232

D.A.F . SAD E

900 €

LA VERITÉ. POÈME INÉDIT PUBLIÉ SUR LE MANUSCRIT AUTOGRAPHE Paris, Éditions Jean-Jacques Pauvert, 1961. 1 vol. (155 x 210 mm) de 30 pp., broché. Édition originale. Un des 50 premiers exemplaires sur japon. Eau-forte en frontispice de Jacques He!rold, signe!e par l’artiste a" la mine de plomb. C’est en 1942, face aux ruines du cha#teau de Sade a" La Coste, que Le!ly a une ve!ritable illumination, « sa premie!re rencontre mystique avec Sade ». Il prend alors la suite de Maurice Heine dans la mise au jour de l’œuvre du marquis de Sade, en exhumant nombre de pie"ces et en travaillant sans rela#che d’apre"s des documents originaux (cf. n° pre!ce!dent). La Ve"rite", re!dige!e a" la Bastille en 1787, est une de!claration de guerre contre Dieu. La beaute! sacrile"ge des alexandrins heurte de front non seulement les dogmes du clerge!, en un long poe"me philosophique ou" Sade exprime avec une virulence extre#me sa haine de Dieu, « bizarre et de"goutante idole », « infernale imposture » ou encore « exe"crable chime!re ». Parfait état. Rare en tirage de tête.

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N° 233

AN TOI NE D E SAIN T-E XU P ÉR Y

3 000 €

VOL DE NUIT Paris, Nouvelle Revue française, 1931. 1 vol. (125 x 190 mm) de 182 pp., broché. Édition originale. Un des 647 exemplaires sur pur-fil (seul papier avec les re!impose!s). Envoi signe! :

« C’est beau de partir la nuit. On tire les manettes de gaz, face au Sud, et dix secondes plus tard on renverse le paysage face au Nord. La ville n’est plus qu’un fond de mer ». En 1929, devenu directeur de l’exploitation de la compagnie Aeroposta Argentina, Antoine de Saint-Exupe!ry a pour mission d’ouvrir une ligne vers la Patagonie et la Terre de Feu. Le vol marathon de plus de dix-huit heures dont une grande partie effectue!e dans l’obscurite!, et l’anxie!te! de ceux reste!s a" terre seront autant d’e!le!ments transfigure!s par la poe!sie de ce livre. Pour ceux qu’inte!resse davantage cette e!pope!e, lire : Rumbo 180°, Hellas en el cielo, e!crit par le pilote argentin Luro Cambaceres, co-e!quipier et ami de l’auteur. L’ouvrage, pre!face! par Andre! Gide, rec%oit le prix Fe!mina. Bel exemplaire broché, parfaitement conservé. Rare.

N° 234

2 000 € AN TOI NE D E SAIN T-E XU P ÉR Y FLIGHT TO ARRAS New-York, Reynal & Hitchcock, s.d. [février 1942]. 1 vol. (220 x 148 mm) de 255 pp., demi-veau marine, dos lisse orné titre or, plats de toile grège, plats intérieurs ill. en couleurs par Bernard Lamotte (Reliure de l'éditeur). Édition originale, avant l’e!dition franc%aise (cf. n° suivant). Un des 500 premiers exemplaires sur papier fort, nume!rote!s et signe!s par Antoine de Saint-Exupe!ry et l’illustrateur, Bernard Lamotte. Le 23 mai 1940, le capitaine Saint Exupe!ry effectue une mission de reconnaissance ae!rienne sur la ville d’Arras. Mitraille! par la de!fense antiae!rienne allemande, son avion est crible! de balles et un re!servoir d’huile est creve! par un obus. Saint-Exupe!ry re!ussit cependant a" retourner a" la base du groupe 2/33 avec ses passagers sains et saufs. Pour cet exploit, il sera re!compense! de la Croix de guerre avec palme et cite! a" l’ordre de l’Arme!e de l’Air, le 2 juin 1940. C’est cette mission qui lui fournira le titre et la matière de son livre. Installe! a" New York depuis de!cembre 1940, il y retrouve! Pierre Lazareff et Bernard Lamotte, un ancien camarade des Beaux-Arts. Lorsque Pilote de guerre est acheve!, le texte parai#t en pre!-originale, en anglais, en janvier 1942 dans la revue Atlantic Monthly, avec des illustrations de son ami . Elles sont conserve!es pour l’e!dition en volume, auquel sont adjointes de magnifiques gardes peintes par Lamotte pour le tirage de luxe. « En ve"rite", ce livre est un grand et beau livre, peut-e#tre le vrai livre de la guerre de 1939 » e!crit Pierre Mac Orlan dans le journal Les Nouveaux Temps, le 8 janvier 1943. Le livre est aussito#t un best-seller aux États-Unis : « Les critiques ne font pas que louer le talent de l’e"crivain. Ils font pe"ne"trer dans la presse l’ide"e d’une France profonde, diffe"rente de « l’e"tat-major en perpe"tuelle retraite […] Ils font sentir l’absurdite" de voler, poursuivi par la chasse allemande, quand on n’a pu, en neuf mois, obtenir des avions re"sistants au froid des hautes couches de l’atmosphe!re », donne The Chicago Herald, le 29 mars 1942. L’œuvre tiendra la te#te des best sellers pendant six mois et parai#t en France en novembre avec quelques mots censure!s (cf. n° suivant), avant d’e#tre de!finitivement interdite. Très bel exemplaire.

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N° 235

AN TOI NE D E SAIN T-E XU P ÉR Y

1 000 €

PILOTE DE GUERRE New York, Éditions de la Maison française, 1942. 1 vol. (185 x 230 mm) de 253 pp., broché. Édition originale. Un des 450 exemplaires sur papier Corsican. Cette premie"re e!dition franc%aise, apre"s l’e!dition ame!ricaine, parai#t en fe!vrier 1942 ; c’est e!galement la seule inte!grale puisqu’y figurent (p. 34) les sept mots d’une phrase ou" l’auteur traite collectivement « d’imbe"ciles » son ordonnance, un ponte de l’état-major et « Hitler qui a de"clenche" cette guerre de"mente » et dont la censure en France exigera la suppression dans l’e!dition Gallimard de de!cembre 1942. Les autorite!s allemandes, alerte!es par deux articles scandalise!s de Je suis partout, interdisent l’ouvrage de!finitivement en janvier 1943, donnant lieu à deux éditions clandestines. Infime insolation marginale sur les plats, sinon très bel exemplaire.

N° 236

AR TUR O S CH W AR Z

1 500 €

IL REALE ASSOLUTO. ILLUSTRATO DA MARCEL DUCHAMP E MAN RAY Milan, Galeria Schwartz, 1964. 1 vol. (320 x 226 mm) de 79 pp., broché, couv. ill. Édition originale. Couverture et frontispice de Marcel Duchamp, et 9 hors-texte de Man Ray. Envoi signé : « à Man Ray, avec profonde reconnaissance pour ses admirables illustrations. Arturo Schwarz, Milan, 9.5.64. P.S. : this is the “commun” edition, the original edition with the original lithos will be ready at the end of this month » Nos connaissances en Italien ne nous permettent pas d’apprécier à leur (juste) valeur les poèmes et textes d’Arturo Schwarz réunis ici. Pour ceux dans notre cas mais que la curiosité démangerait l’auteur publia aussi en français, notamment chez Seghers sous le pseudonyme de Tristan Sauvage. La qualité de l’intention ne saurait être mise en doute puisque le livre s’ouvre par une très belle citation de Novalis, « La poésie est le réel, le réel vraiment absolu », mais il faut reconnaître que cet ouvrage est surtout recherché pour les illustrations originales de Marcel Duchamp et de Man Ray.

N° 237

AR TUR O S CH W AR Z

300 €

IL REALE ASSOLUTO. ILLUSTRATO DA MARCEL DUCHAMP E MAN RAY Milan, Galeria Schwartz, 1964. 1 vol. (320 x 226 mm) de 79 pp., broché, couv. ill. Édition originale. Couverture et frontispice de Marcel Duchamp, et 9 hors texte de Man Ray.

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N° 238

ÉTIE N NE P I VER T D E SEN AN C O UR

1 500 €

LETTRE D'UN HABITANT DES VOSGES SUR MM. BUONAPARTE… SECONDE LETTRE… Paris, Chez les marchands de nouveautés, 1814. 2 plaquettes (205 x 133mm) de 35 et 38 pp., cartonnage papier marbré moderne. Éditions originales. Elles sont imprimées à compte d’auteur sur papier vergé avec, au verso du fauxtitre, une justification bien ironique : « quand l’auteur d’un écrit qui peut donner lieu à quelques responsabilités ne veut pas y mettre son nom, il me parait assez convenable que du moins celui qui se charge de le publier le signe. Senancour éditeur. » Alors que le pouvoir de l’Empereur chancelle, Senancour est maintenant affilié aux milieux libéraux et rédige quelques pamphlets dans lesquels il prend parti : ses Lettres d’un habitant des Vosges forment une violente critique du pamphlet de Chateaubriand : de Buonaparte et des Bourbons. Malgré la sympathie qu’il ne cessa de témoigner à Napoléon, Senancour ne fut point un bonapartiste, même de circonstance, comme Paul-Louis Courier. Les républicains ne le comptèrent pas davantage dans leurs rangs ; en vérité, « c’est la lettre d’un solitaire à l’abri des engouements de la foule » (Escoffier) qui avait reconnu que les mœurs, la tradition, la constitution sociale de la France se refusaient à la république telle qu’il l’entendait. « J’ai vu, écrivait-il, quelques républicains des grandes villes : je leur ai proposé d’aller vivre dans l’Unterwalden, où moi-même j’ai vécu ; mais ils craignaient la pauvreté, l’ennui, le travail obscur. J’ai dit à ces hommes libres : Vous n’aimez pas précisément la servitude ; mais ce que vous ne sauriez souffrir, c’est la liberté. » Clouzot, 252, "très rare" ; inconnue à Vicaire et à Carteret, la première plaquette sera décrite dans le catalogue du Mouvement romantique en 1934 comme rarissime ; la seconde, elle, n'y est même pas mentionnée. Manque également à Germond [les pamphlets de la fin de l'Empire] et Davois [Bibliographie napoléonienne].

N° 239

GEO R GE S SIM EN O N L’ÉVADÉ Paris, Gallimard, 1936. 1 vol. (120 x 188 mm) de 250 pp., broché.

300 €

Édition originale. Un des exemplaires imprimés du service de presse (pas de grands papiers). Quatrième titre de Simenon publié chez Gallimard. Carte de visite imprimée avec trois lignes à l’encre adressées à Claude Menguy, signée d’Épalinges. Papier légèrement jauni. Menguy, 38.

N° 240

GEO R GE S SIM EN O N FAUBOURG Paris, Gallimard, 1937. 1 vol. (120 x 188 mm) de 219 pp., broché.

300 €

Édition originale. Exemplaire imprimé du service de presse. Carte de vœux pour 1983, avec 6 lignes à l’encre à Claude Menguy, et une photographie originale : Simenon devant sa maison d’Épalinges (prise par Menguy, coll. Claude Menguy). Très bel exemplaire, entièrement non coupé, sans défaut. Menguy, 45.

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N° 241

GEO R GE S SIM EN O N

1 200 €

LES TROIS CRIMES DE MES AMIS Paris, Gallimard, 1938. 1 vol. (120 x 188 mm) de 185 pp., broché. Édition originale. Un des 30 premiers exemplaires sur alfa. Dix ans avant Pedigree, Simenon signe ici son texte le plus autobiographique : il revient sur le Liège de ses vingt ans : « alors que j’abordais mes premiers pantalons longs… Dans,… Deblauwe… Puis le Fakir ». Ces trois personnage, réels et qu’a connus Simenon, forment la trame et la matière des Trois crimes des mes amis : des faits réels cristallisés autour d’une même idée : des fréquentations de jeunesse qui étaient des assassins en puissance. Pourquoi et comment en sont-ils arrivés là ? Car, « en définitve, tout cela est affreusement banal ». Voir le n° 245 suivant sur Yacinthe Dans, le principal protagoniste du roman. Bon exemplaire. Menguy, 50.

N° 242

1 000 € GEO R GE S SIM EN O N LES SŒURS LACROIX Paris, Gallimard, 1938. 1 vol. (118 x 188 mm) de 221 pp., demi-maroquin vert, dos à nerfs, tête dorée, couv. et dos cons. Édition originale. Un des 30 premiers exemplaires sur Alfa (n°20). Le roman, qui a pour cadre Bayeux (Calvados), fut rédigé à Saint-Thibault-sur-Loire, près de Sancerre. Simenon connaissait bien cette région, pour y avoir cadré plusieurs romans, mais surtout, parce qu’il vécut là, lorsqu’il était secrétaire du marquis de Tracy, en 1923 et 1924 (cf. n° 247). Quelques piqûres sur la tranche. Menguy, 55.

N° 243

GEO R GE S SIM EN O N

300 €

IL PLEUT BERGÈRE Paris, Gallimard, 1941. 1 vol. (120 x 188 mm) de 213 pp., broché. Édition originale. Exemplaire du service de presse (pas de grands papiers). Carte de visite imprimée jointe, avec 20 mots à l’encre, signée par Simenon (Échandens, mars 1959). Bon exemplaire. Menguy, 103.

N° 244

GEO R GE S SIM EN O N

350 €

LE BILAN MALÉTRAS Paris, Gallimard, 1948. 1 vol. (118 x 188 mm) de 243 pp., broché. Édition originale. Exemplaire du service de presse (seulement 13 exemplaires en grand papier). Il s’agit du dernier titre à paraître aux Éditions Gallimard. Lettre tapuscrite signée de Simenon à Claude Menguy jointe (10 lignes, décembre 1981, env. cons. : « vous avez raison de prétendre que vous savez mieux que moi ce que j’ai écrit et où et quand je l’ai écrit ! » Bel état, non coupé. Menguy, 137.

N° 245

250 € GEO R GE S SIM EN O N MARIE QUI LOUCHE Paris, Presses de la Cité, 1952. 1 vol. (180 x 120 mm) de 221 pp., broché, couv. photographique. Édition originale. Un des 100 premiers exemplaires sur vélin de Lana (n° 87 seul grand papier). Bel exemplaire. Menguy, 163.

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N° 246

[SIM EN O N ] Y AC IN TH E DAN S

2 000 €

SEPT LETTRES À M. ET MME EDGAR SCAUFLAIRE Tournai, sur papier à en-tête de l'Établissement de défense sociale - l'asile des malades mentaux, du 2 octobre 1952 au 6 juin 1953. Sept lettres de 4 pages (l'une de 8 pages), toutes signées par Hyacinthe Dans. Emprisonné depuis 1933 à Tournai, Yacinthe Dans repérait dans la presse les promotions aux ordres de la nation et écrivait ensuite aux nouveaux récipiendaires pour leur demander l’aumône tout en les félicitant. Il écrit ici à Edgar Scauflaire, peintre natif de Liège auquel les musées des Beaux-Arts de Bruxelles et de Liège avaient tout juste commandé chacun un tableau en 1951. Dans vient d’apprendre, dans « la presse liégeoise en lecture dans cet établissement [l’asile des malades mentaux de Tournai] les détails de votre apothéose d’artiste, de bon ouvrier au service du Beau […]. Brandissant le bâton de Maréchal des Arts, ne vous en tenez pas à ces lauriers - je vous en souhaite d’autres encore, immortels ceuxlà ! Puvis de Chavanne flambe au Panthéon à Paris : Scaulfaire doit flamber au Conservatoire de Liège, et ailleurs encore ! » Scauflaire, touché, naïf ou lucide, ou par pitié, acceptera d’être l’un des « bienheureux bienfaiteurs » du bientôt « prisonnier préféré » de toute la Belgique. 100 francs sont ici mentionnés par Dans comme ayant été reçu, mais sans doute la somme fut-elle plus importante encore ; il sollicite même un virement de 2999 francs (sic), pour ses « vitamines C ». Et Simenon, l’année suivante, lui fera parvenir 500 francs par l’intermédiaire de Sven Nielsen, son éditeur aux Presses de la Cité. Car Simenon, davantage encore qu’avec Scauflaire, a à voir avec Yacinthe Dans : « Il y a quelques mois, le hasard d’une lecture dans une revue s’occupant de critique littéraire m’a fait connaître l’existence d’un livre que vous devriez acheter et qui traite de moi : Les trois crimes de mes amis. L’auteur n’est autre que mon ancien employé Georges Simenon, un Liégeois, ancien journaliste, actuellement millionnaire à Paris (Neuilly) et auteur de plus de 200 romans, livres, romans policiers, de voyages, etc... C’est une célébrité actuelle dans le monde des lettres. Evidemment, je n’ai pas lu ce livre. Mais vous pourrez y trouver de l’intéressant. Peut-être aussi Georges a-t-il un peu affabulé. Vous verrez bien ! » (lettre de Dans à son avocat Me Houba). En effet, Simenon avait bien été employé par Dans, en 1924 et 1925. ILs se connaissaient bien avant, ayant fréquenté la librairie de Hyacinthe Dans à la fin de l’occupation allemande. Dans son arrièreboutique, celui-ci s’intéresse aux sciences occultes et aux petites filles. Simenon, lui, fréquente, outre les bordels, un milieu de rapins qui se réunissent dans un grenier proche de l’église SaintPholien pour y boire et y philosopher : on l’appelle « La Caque », décrit dans Les Trois crimes de mes amis et Le Pendu de Saint-Pholien. Ces joyeux fêtards désargentés avaient comme chef de file Luc Lafnet, qui, après avoir fondé en 1918 le groupe des « Hiboux », y emmena des artistes dont… Edgard Scauflaire. La boucle est bouclée, et Dans de revenir sur ces deux jeunes protégés : « parmi les jeunes élèves de l’Académie de Liège que, dans nos librairies liégeoises, j’eus comme client, de 1914 à 1919 (avant de reprendre mes voyages théâtraux), il en fut deux que, à travers les années, les voyages et malgré mon malheur de 1933 et une vie de reclus, j’ai toujours suivi dans leur évolution artistique et leur ascension : Luc Lafnet (trop tôt disparu) que je connus très particulièrement à Paris dans les années 1928-1931 et dont j’aimais l’art dans son réalisme un peu morbide. […] ». Luc Lafnet avait surtout illustré, dix ans plus tôt, le premier livre paru de Simenon : Au pont des Arches. Le second est donc Scauflaire, « dont je ne veux point ici chanter louanges. Car Edgar Scauflaire, n’est-ce-pas, sait parfaitement (et parfois trop humblement) ce que vaut Edgar Scaulfaire. Voilà pourquoi il a plu à mon vieux cœur d’esthète de 61 ans de vous dire toute la joie et mon admiration de vous savoir au pinacle ». Lafnet, Scauflaire et Simenon : trois jeunes hommes dans le Liège des années vingt, avec Yacinthe Dans comme dénominateur commun, un « librairie libidineux, maître-chanteur liégeois » (Blavier lui consacre un article dans ses Fous littéraires) : depuis sa bouquinerie liégeoise, qui pourvoie aux étudiants de toutes la ville des ouvrages d’occasion, Dans se mue en homme de lettres et, une fois propriétaire de la petite revue Nanesse, de février 1924 à novembre 1925, déclenche une série de scandales qui lui valent d’être condamné à deux ans de prison pour chantage. Simenon, qui collabore à cette feuille pamphlétaire à la même période, ne peut donc ignorer cette condamnation, largement étalée dans les journaux liégeois de l’époque.

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Mais, fin 1927, au moment d’effectuer sa peine, Dans fuit la Belgique et gagne la région parisienne avec sa maîtresse, Armande Comtat. Il y restera trois années, croisant à nouveau la route de Luc Lafnet, qui réside depuis peu à Paris. Pour subsister, il place la jeune femme dans une maison de la rue du Caire. Lorsqu’elle décide, enfin, de le quitter en 1931, il demande à la voir une dernière fois. Il y a des invitations qu’il faut savoir refuser, car Dans la tue d’un coup de marteau à la tête suivi d’un coup de couteau dans la gorge. Dans la foulée, Dans répète le même acte sur sa vieille mère puis, ayant fait la toilette mortuaire des deux mortes, se rend à la gare et prend le train pour Liège. Il a l’intention de se constituer prisonnier. Comme il craint d’être extradé en France où l’attend la peine capitale, il commet - soyons fou - un troisième crime à Liège, abattant d’une balle de 6,35 le Père Haut, un jésuite qu’il avait eu autrefois comme confesseur au collège Saint-Gervais. Un procès retentissant à lieu en 1933 et Dans écope de la perpétuité. Les trois crimes de mes amis, récit à la première personne, retrace ces souvenirs de jeunesse de Simenon. Il ne s’agit pas d’un roman au sens strict du terme, mais davantage d’un reportage : Simenon considérait d’ailleurs ce récit comme « un roman autobiographique aussi vrai que Pedigree » (Assouline, p. 348) où effectivement toute l’intrigue est centrée sur ces trois anciennes connaissances, tout trois “amis” : Yacinthe Dans, Fernand Deblauwe (co-propriétaire de Nanesse) et Fakir, l’illusionniste, que Simenon croisa à Liège également. Tout trois finiront meurtriers et internés. Sotheby's, Simenon, coll. J-M. B., 2003, lot 35 ; Ferraton, vente, avril 2002 ; Assouline, Simenon, pp. et sq., Menguy, n° 50 (pour le texte) ; Blavier, Les Fous littéraires, 991-992 (sur Dans).

N° 247

280 € GEO R GE S SIM EN O N LETTRE TAPUSCRITE SIGNÉE À GEORGES MENGUY ET TÉLÉGRAMME DE RTL AU MÊME Lausanne, 14 février 1978 et Paris-St. Ismier, 4 janvier 1978. 1 f. (210 x 150 mm), enveloppe cons. + 1 télégramme (120 x 210 mm). Georges Simenon re!pond aux bons vœux de Menguy pour 1978, tardivement : il est « plonge" jusqu’au cou dans la te"le"vision, la radio, les interviews, etc. [...] Je regrette de n’avoir pas entendu votre e"mission a! RTL et je vous fe"licite d’avoir e"te" aussi brillant et d’avoir ainsi gagne" une voiture. Vous e"tiez, bien entendu, un adversaire redoutable...». On joint un te!le!gramme de RTL a" l’adresse de Claude Menguy, le priant de contacter Jean-Louis Gage! en vue d’une e!mission de Michel Drucker a" Lyon. D’après nos recherches, il s’agirait de l’e!mission Casino Parade du 17 janvier 1978. Menguy y concourt et gagne… une voiture ! Le jeu portait-il sur l’œuvre de Simenon ?

N° 247 BIS

GEO R GE S SIM EN O N

500 €

LONGUE LETTRE TAPUSCRITE À CLAUDE MENGUY Lausanne, 1er mars 1979. 2 ff. (200 x 150 mm), signée. Importante lettre bibliographique, qui revient en détails sur plusieurs points et notamment l’épineuse question des pseudonymes, leurs origines et leurs emplois. Il précise d’abord, pendant son emploi de secrétaire du marquis de Tracy près de Sancerre, avoir résidé au château de Parayle-Frézil. La région sera le cadre de nombreux romans de Simenon. Quant au marquis, « il est mort depuis déjà un certain nombre d’années […]. Le choix de mes pseudonymes se faisait au hasard : Christian Brulls parce qu’il était composé du prénom de mon frère et du nom de ma mère auquel j’avais simplement ajouté un “s” […], Jean du Perry vient d’une rue de Liège. Je ne crois pas que je me sois jamais servi du pseudonyme Gaston Viallis [huit romans, publiés chez Ferenczi, lui sont pourtant attribués] […] et ne crois pas que j’aie eu plus de vingt-cinq pseudonymes [en réalité, on en dénombre 27 !] mais seulement seize ou dix-sept que vous pourriez d’ailleurs contrôler à la Société des Gens de Lettres […] je n’ai jamais rencontré Raymond Queneau mais je l’aimais beaucoup […] il a d’ailleurs rédigé une très longue étude sur mon œuvre dans le volume littéraire de l’Encyclopédie de la Pléiade…». Et Simenon de conclure cette séance souvenir où « sur certaines périodes, ma mémoire est devenue assez vague » par deux lignes printannières : « nous n’avons pas encore les premières violettes mais nous avons les premiers crocus. Georges Simenon ».

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N° 248

CL AU DE S IM ON

3 500 €

LA ROUTE DES FLANDRES Paris, Editions de Minuit, 1960. 1 vol. (194 x 141 mm) de 320 pp., broche. Édition originale. Un des 80 premiers exemplaires sur pur fil. Exemplaire signe! par Claude Simon. C’est apre"s avoir rencontre! Alain Robbe-Grillet en 1956 que l’auteur inte"gre le fameux cercle des e!crivains du Nouveau Roman. La Route des Flandres consacrera Claude Simon a" l’a#ge de 47 ans et le Nobel de Litte!rature couronnera son œuvre un quart de sie"cle plus tard. « La Route des Flandres doit de faire date dans l’histoire du roman européen de la seconde moitié du siècle : en quelques heures d’une nuit d’après-guerre, tout se presse dans la mémoire du narrateur {…} la guerre et l’amour s’enchevêtrent inextricablement dans un texte qui allie le lyrisme à la dimenbsion épique» (in En Français dans le texte), que l’auteur précise en ces termes « j’ai essaye" de donner une image de l’imbrication des souvenirs les uns dans les autres. On pourrait dire que le livre est construit comme le portrait d’une me"moire, avec ses circonvolutions, ses associations, ses retours sur elle-me#me ». Parfait etat du chef-d'œuvre de l'auteur. En Français dans le texte, 399.

N° 249

3 500 € STEN DH AL PROMENADES DANS ROME Paris, Delaunay, libraire de S.A.R. Mme la duchesse d'Orleans, Palais-Royal, (Imp. et fond. de Fain), 1829. 2 vol. (130 x 208 mm) de 1 f. (faux-titre), 1 frontispice, 1 f. (titre)-IV-450 pp.-1 f.n.ch. (errata) & 1 f. (faux-titre)-1 frontispice) et 592 pp. ; demi-maroquin bordeaux, dos lisse richement orné de filets, caissons et fleurons dorés, tête dorée, date en pied (Reliure signée de Desnaux). Édition originale. En ce mois d’août 1827, (selon Stendhal, il faut visiter Rome l’été puisque, « le climat est ici le plus grand des artistes »), Stendhal arrive donc pour la sixième fois dans la cité éternelle. Il va décrire précisément les différentes visites qu’il va avoir le plaisir d’effectuer jusqu’en avril 1829. Lampedusa, l’auteur du Guépard, s’enthousiasme, un siècle plus tard, pour l’Italie de Stendhal : « Rome, Naples et Florence n’est pas seulement la première œuvre de Stendhal parvenu à la maturité de son remarquable talent mais aussi l’une des plus caractéristiques et des plus significatives. » Bien complet de ses deux frontispices gravés et de son plan des vestiges de la Rome Antique. Séduisants volumes, sans rousseurs et très bien établi dans une belle reliure fin XIXème signée de Desnaux. Cordier, Bibliographie de Stendhal, 75 ; Paupe, pp. 5663-56 ; Vicaire I-455 ; Carteret II, 352.

N° 250

[SU R RÉ AL ISM E] BULLETIN DE SOUSCRIPTION POUR LA RÉVOLUTION SURRÉALISTE Paris, Bureau de recherches surréalistes, 15, rue de Grenelle. 1 f. (270 x 210 mm) plié.

200 €

Le premier numéro de la revue est annoncé pour le 1er décembre 1924.

N° 251

[SU R RÉ AL ISM E] LA RÉVOLUTION SURRÉALISTE N°1

300 €

PREMIÈRE ANNÉE. DIRECTEURS : PIERRE NAVILLE ET BENJAMIN PÉRET

Paris, 1er décembre 1924. 1 vol. (203 x 290 mm) de 32 pp., agrafé, sous couverture orange. « Le procès de la connaissance n’étant plus à faire, l’intelligence n’entrant plus en ligne de compte, le rêve seul laisse à l’homme tous ses droits à la liberté ».Numéro inaugural. Textes de Louis Aragon, Soupault, Morise, Delteil, Noll, Desnos, Péret, Malkine, etc. Photos de Man Ray, dessins et toiles de Max Ernst, Picasso, Giorgio de Chirico etc.

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N° 252

[SU R RÉ AL ISM E] AN DR É BR ET O N & LO U IS PROTESTATION [TRACT] S.l., s.é., [18 mai] 1926. 1 feuillet recto-verso (225 x 140 mm).

AR AG ON

250 €

Ce rare tract dénonce la collaboration de Max Ernst et de Miro aux Ballets Russes de Serge de Diaghilew. Il sera lancé par les deux écrivains lors de la première de Roméo et Juliette, dans le « souci de maintenir hors de portée des négriers de toutes sortes les positions avancées de l’esprit » tant « il n’est pas admissible que la pensée soit aux ordres de l’argent ». N° 253

[SU R RÉ AL ISM E] AN DR É BR ET O N

300 €

LA PLANÈTE SANS VISA Tract-manifeste, Paris, s.d. 1 f. recto-verso (211 x 136 mm,) de 3 pp., impression rouge sur fond ivoire. André Breton avait déjà manifesté son soutien à Léon Trotsky, exilé depuis 1929, dans le Second manifeste du surréalisme. En 1934 le groupe surréaliste renouvelait son engagement en sa faveur et ce tract fut imprimé le 24 avril en protestation contre l’expulsion de Trotsky. Son titre reprend celui du dernier chapitre de l’autobiographie du révolutionnaire, intitulé Ma vie. Outre Breton, la fine fleur du groupe surréaliste le signa : Caillois, Char, Crevel, Eluard, Péret, Tanguy, pour ne citer que les plus connus des 21 signataires. Impression rouge sur papier ivoire, discrètes traces de pliures, sinon bel état. Rare.

N° 254

[SU R RÉ AL ISM E] AN DR É BR ET O N [GRADIVA] Paris, [1937]. 1 double feuillet (268 x 210 mm), sur papier chamois.

400 €

Rare tract publicitaire publié à l’occasion de l’ouverture de la galerie Gradiva, dirigée par André Breton, rue de Seine. Au début de l’année 1937, aux prises à des difficultés financières de plus en plus pressantes, Breton se voit confier par un ami, Edmond Bomsel (cf. n° 120), la gestion et la direction d’une galerie d’art au 31 de la rue de Seine, qu’il ouvre au mois de mai, lui donnant le nom de “Gradiva” qui est celui de l’héroïne dans l’ouvrage de Jensen dont Freud fit un célèbre commentaire. Breton demanda à Marcel Duchamp d’en concevoir la porte d’entrée : dans une plaque de verre étaient tracées les silhouettes d’un couple enlacé.

N° 255

[SU R RÉ AL ISM E] AN DR É BR ET O N & LÉ ON TRO TSK Y POUR UN ART RÉVOLUTIONNAIRE INDÉPENDANT Mexico, s.é., 1938. 1 f. (272 x 210 mm), en ff., 4 pp., sur papier vert.

250 €

Cette énième dénonciation du régime stalinien s’attaque à l’absence de liberté créatrice. Après avoir rappelé que, selon Karl Marx, si l’écrivain doit « gagner de l’argent pour pouvoir vivre et écrire […] il ne doit en aucun cas vivre et écrire pour gagner de l’argent... », les signataires affirment leur « volonté délibérée de (s’)en tenir à la formule : toute licence en art. » Et s’ils reconnaissent à « l’État révolutionnaire le droit de se défendre contre la réaction bourgeoise agressive », ils refusent à celui-ci le droit « d’exercer un commandement sur la création intellectuelle ». C’est pour des raisons « d’opportunité politique » que le nom de Léon Trotsky, véritable co-auteur de ce texte ne figure pas au bas de ce texte, indique Marguerite Bonnet sans pour autant argumenter. Il est plus probable que cela ait été dicté par des raisons de sécurité : Trotsky est alors en exil, recherché par les agents de Staline, et ce manifeste, qui appelle les artistes à constituer la Fédération Internationale de l’Art Révolutionnaire Indépendant pour lutter contre l’Association des Écrivains et Artistes révolutionnaires d’obédience stalinienne, ne pouvait que conforter le “Petit Père des Peuples” dans la nécessité de cette traque, qui aboutira le 20 avril 1940. Hormis de discrètes traces de pliures, parfait état.

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N° 256

ETTO RE TI TO

1 500 €

LES CINQ SENS. [CINQ POCHOIRS] Paris, Éd. Le Prince, 1925. 5 ff. (324 x 251 mm) sous chemise imprimée de l’éditeur. Peintre de genre par excellence, Vénitien formé par Favretto, Ettore Tito donne ici sa définition, libertine et stylisée, des cinq sens. L’Ouïe, La Vue, L’Odorat, Le Toucher et le Goût sont illustrés par sur de grands aplats où sont délicatement posés des personnages dessinés au trait, légers dans le décor. On dit qu’Ettore Tito a su utiliser « les savoureuses conquêtes de l’impressionisme », et s’il n’est pas pointilliste, il y a cependant ici un souci de la lumière franche, des ombres tranchées si chères à l’école française. Cette rare publication, que nous n’avons jamais vue complète et avec son étuichemise éditeur, est caractéristique de la production Art-déco des années vingt et semble être le seul recueil publié par l’artiste. Proche du style d’un Barbier, ils forment une magnifique interprétation, entre rêve et fantasme, d’une mise en image des cinq sens. Superbe état. Très rare.

N° 257

600 € FR AN C O IS TR UF F AU T L'ENFANT SAUVAGE. LA SIRÈNE DU MISSISSIPI Paris, [les Films du Carrosse, 1969], dact. Solange Vidaud. 2 vol. (200 x 270 mm) de 96 et 121 pp. dactylographiées, broché, dos carrés collés. Édition originale, sous forme des sce!nari originaux. Deux merveilleux films de Truffaut, tous les deux adaptés. Le premier revient sur l’enfant sauvage de décrit dans l’ouvrage de Georges Itard, Victor de L’Aveyron paru en 1797. Le second, dont l’action se de!roule a" La Re!union, est la deuxie"me adaptation par Truffaut d’un roman noir de William Irish apre"s La Marie"e e"tait en noir. Il y fait tourner Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve, Michel Bouquet. À noter que le titre du film, « Mississipi » est e!crit avec un seul « p », qui est une orthographe, sinon fautive, de!sue"te, et ce contrairement au nom usuel du fleuve ame!ricain Mississippi et au titre du roman de William Irish, dans sa traduction. Solange Vidaud était une dactylographe des plus réputées, à laquelle les plus grands ont fait appel pour leurs versions définitives de scenario (Truffaut, Malle, ...). Parfait eétat.

N° 258

MAU R IC E U TR IL L O

1 200 €

EXPOSITION Paris, Galerie Lepoutre, 1919. 1 vol. (230 x 175 mm) de 16 pp. Édition originale. Longue note autographe signée en couverture : « le ge"nie n’est ni un train omnibus, ni un rapide, c’est un simple express assez irre"gulier qui ne s’arre#te qu’avant de [illisible] . Maurice Boissy, Maurice Utrillo Valadon » [Utrillo signe “Boissy”, du nom de son pe"re pre!sume!].

Catalogue de la toute premie"re exposition du peintre (5-24 de!cembre 1919). Pionnier de ce que l’on baptisera « l’École de Paris », il ouvre la voie d’une peinture populaire avec comme sujet de prédilection Paris, et plus pre!cise!ment Montmartre. Huit tableaux, parmi les 46 de l’exposition, sont reproduits. Le premier, Panorama vu du square Saint-Pierre, contient en marge cette note autographe d’Utrillo : « refusé au salon d’automne du salon de 1909. Un peu impressionniste ». Ancienne collection Paul Petrides. Rare.

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N° 259

P AUL VAL ÉR Y

12 000 €

LA JEUNE PARQUE Paris, Gallimard, 1917. 1 vol. (190 x 240 mm), maroquin marine, dos lisse, triple filets d'encadrement dorés sur les plats encadrement six filets à froid, contreplats et gardes de box beige, tête dorée, tranches dorées sur temoins, couv. et dos cons., chemise à l'identique en doublures de daim marron, étui borde (Reliure signeée de Semet & Plumelle). Édition originale. Un des 575 exemplaires sur verge! d’Arches, sous couverture japon. Envoi signé : « Exemplaire de Jean Gabriel Daragne!s avec toutes les sympathies de l’auteur, Paul Vale"ry » Exceptionnel et unique exemplaire enrichi d’une vingtaine de croquis originaux au crayon par Paul Vale!ry, accompagne!s d’annotations manuscrites destine!es a" pre!parer les bandeaux, vignettes et culsde-lampe de la premie"re e!dition illustre!e re!alise!e en 1925 par Daragne"s : le poe"te y indique la conception de l’illustration de son poe"me, avec force et précision. Monte!es en te#te : deux lettres autographes de Vale!ry a" Daragne"s concernant l’illustration du livre et les droits entre Gallimard et Émile-Paul pour la future e!dition : « (…) mes gribouillages n’ont bien entendu aucun importance. Je crois qu’il faut commencer par déterminer la longueur moyenne des vers car cette longueur est celle qu’il faut donner aux bandeaux et linteaux. Après, vous savez ces choses mieux que moi !». La seconde met plus particulièrement l’accent sur l’édition : « voici donc la Parque en difficulté. Toute la question, en somme, se réduit à mes yeux à ceci : É. Paul est-il ou non en règle avec G[allimard] ? (…) je ne comprends d’ailleurs pas (dans cette hypothèse) qu’il ait engagé le publication avant d’avoir assuré ses droits (…) je m’emploierai de mon côté à obtenir de G. qu’il ne mette pas d’obstacle à notre édition une fois que ce qui est légitime aura été fait. On me dit que l’ouvrage est merveilleux. Je l’attends avec impatience (…)». Ce n’est qu’en 1917 que le poète brisa son « long silence » et que parut La jeune Parque, une œuvre de 500 vers auxquels il avait travaille! pendant environ quatre ans. Initialement prévue comme une simple préface commandée par André Gide destine!e a" accompagner une re!e!dition de ses premiers poe"mes, il en re!sulte au final ce qui est maintenant conside!re! comme son chef-d’œuvre : le monologue herme!tique d’une femme en proie a" un combat entre le corps et l’esprit, un exemple typique de l’extre#me formalisme de Vale!ry, ennemi de la Muse, qui voulait que tout fût pensé, construit, fabriqué, et que rien ne fût trouvé, donné. Même si, par une lettre à Pierre Louÿs, un étrange phénomène se produisit : Valéry, dans la rue, obsédé depuis des années par le chant de sa Parque, reçoit d’un coup trois vers tout faits : « Je te chéris, éclat qui semblait me connaître, Et vers qui se soulève une vierge de sang, Sous les espèces d’or d’un sein reconnaissant ». Et il décide de les adjoindre à son grand poème : « ces trois vers : Je te chéris, éclat... reconnaissant, me sont venus il y a 15 jours, tout rôtis, de la Muse, sans attente ni provocation, et dans la rue. Je leur ai fait une place. Et il m’apparut de suite après, que leur admission immédiate, presque irréfléchie dans mon texte était le résultat de cette récente proclamation des Droits de la Muse. Une espèce de suggestion m’a imposé de ne pas avoir même l’idée de discuter». Souvent, poète varie… La jeune Parque sera le premier titre que Daragnès illustra lui-même. Une photographie de Paul Vale!ry est également contre-colle!e en page de garde, ainsi que le papillon rectificatif qui figurait dans la première bibliographie des œuvres de Valéry, donnée par David et Simonson en 1926 : « RECTIFICATION. La Jeune Parque. Gravures sur cuivre de Daragnès. Les eaux-fortes de M. Daragnès pour cet ouvrage sont des compositions personnelles qui diffèrent entièrement des croquis dessinés par M. Paul Valéry. Un exemplaire de l’édition originale de La Jeune Parque avec des croquis du poète figure actuellement dans la collection particulière de M. Daragnès ». Ce précieux exemplaire est également cite par Karaiskakis-Chapon (12C). De la bibliothèques de Jean-Gabriel Daragnès (envoi de Paul Valéry) ; collection privée (vente 2005, Exp. E. de Broglie, n° 388). Exemplaire parfait.

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N° 260

P AUL VAL ÉR Y

800 €

LE CIMETIÈRE MARIN Paris, Émile-Paul frères, 1920. 1 vol. (155 x 214 mm) non paginé, broché. Édition originale. Un des 500 exemplaires sur Mittineague-mill. « Ce toit tranquille, ou! marchent des colombes, / Entre les pins palpite, entre les tombes ; / Midi le juste y compose de feux / La mer, la mer, toujours recommence"e ! » Ces vers comptent parmi les plus ce!le"bres de la poe!sie franc%aise du XXème sie"cle. Qu’en dire ? Qu’il paraissent a" la N.R.F. en juin 1920, puis en volume, donc, et qu’il sera repris dans Charmes (1922). Ensuite, l’on pourra toujours gloser sur l’obse!dante musique du de!casyllabe, l’image de Se"te, de la mythologie et du cimetie"re Saint- Charles (qui prendra le nom de!finitif de « cimetie!re marin » en 1946). Sans se tromper, dire ensuite qu’il s’agit de l’oeuvre la plus lyrique et la moins ce!re!brale de l’auteur, qui rend palpable, avec un art consomme! de l’allite!ration, la sensualite! du paysage, du soleil, de l’azur et de la mer. Bel exemplaire. Karaiskakis & Chapon, Bibliographie des Œuvres de Paul Valéry, 7 A.

N° 261

400 € P AUL VAL ÉR Y TRIOMPHE DE MANET. SUIVI DE TANTE BERTHE Paris, Éd. des Musées Nationaux, 1932. 1 vol. (190 x 260 mm) de 35 pp., demi-maroquin brun à coins, filets dorés sur les plats, dos lisse orné d'un filet d'encadrement doré, titre doré en long, date en pied, tête dorée, couv. cons. (Reliure signée de Semet & Plumelle). Édition originale. Un des 50 premiers exemplaires sur japon super nacré (n°16). À l’occasion du Centenaire d’Édouard Manet, Paul Valéry rédige ce fameux texte, auquel Georges Bataille consacrera des longues pages dans son Manet (1955). Le texte est suivi de Tante Berthe, sublime portrait de Berthe Morisot, arrière petite-nièce de Fragonard, et future tante de l’écrivain Bel exemplaire. Karaiskakis & Chapon, Bibliographie des Œuvres de Paul Valéry, 195 A.

N° 262

5 000 € AL F RE D D E VIG NY SERVITUDE ET GRANDEUR MILITAIRES Paris, Victor Magen, 1835. 1 vol. (225 x 140 mm) de 2 ff. et 460 pp., maroquin rouge à grain long, double filets d'encadrement dorés avec fleurons d'angles, dos à nerfs orné de filets et caissons, large roulette intérieure, doublure et gardes de moire bleue, doubles gardes de papier marbré, tranches dorées sur témoins, couv. et dos cons., étui bordé (Reliure signée de A. & E. Maylander). Édition originale. Envoi signe! a" la mine de plomb : « À Mr Etiennez, te"moignage d’amitie", Alfred de Vigny » Ce texte capital d’Alfred de Vigny est « peut-e#tre le plus beau livre de ce sie!cle […] qu’on devrait imprimer a! l’Imprimerie Nationale aux frais de l’État et faire lire dans toutes les casernes de France ! ». Jugement flatteur et se!duisant, qui e!mane de Barbey d’Aurevilly. Vigny s’e!le"ve avec fermete! contre la doctrine formule!e par Joseph de Maistre, qui exaltait le guerrier comme l’instrument aveugle et prestigieux d’une mission divine. À son contraire, il regarde la guerre comme un fle!au et de!finit la grandeur par l’abne!gation, c’est-a"-dire par l’acceptation vaillante de la servitude : ainsi se de!finit une religion de l’honneur. Au sein d’un monde ou" semble re!gner la fatalite!, cette mystique nouvelle rend a" la vie un sens et atteste l’existence d’une liberte!. Hippolyte Etiennez (1813-1871) de!buta une carrie"re de journaliste a" Paris avant de devenir archiviste a" Nantes dans les anne!es 1840, tout en publiant de courts romans et des pie"ces de the!a#tre. Superbe exemplaire. Il figurait, broché, dans la collection Escoffier. Il fut à sa suite donné à relier aux Maylander. Des bibliothèques Hippolyte Etiennez (envoi), Maurice Escoffier ; Kraft de La Sault (ex-libris). Florin de Duikingberg (ex-libris). Carteret, II, 458-462 ; Vicaire, VII-1062 ; Escoffier, n° 1112 (cet exemplaire).

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N° 263

AL F RE D D E VIG NY

3 000 €

CHATTERTON Paris, Hippolyte Souverain, 1835. 1 vol. (221 x 133 mm) de 3 ff. (dont 1 frontispice), 229 pp. et 1 f., chagrin grain long ébène, filet d’encadrement gras à froid sur les plats, chiffre C.J. frappé à froid au centre du premier plat, dos lisse, titre doré en long, toutes tranches dorées (Reliure milieu du XIXème). Édition originale. Titre-frontispice par Édouard May, gravé à l’eau-forte. Montées en tête, lettres de Virginie Ancelot à Alfred de Vigny, et réponse de ce dernier : « Ami, Ma fille m’a dit que vous pensiez à me procurer les moyens de voir votre admirable Chatterton. Si cela est vrai, voulez-vous que ce soit jeudi ? Vous me feriez bien plaisir. Dans tous les cas écrivez moi un mot qui me dise quel jour je puis compter sur ce bonheur afin que j’aie avec moi des personnes dignes de cette bonne fortune ; votre amie V. Ancelot » « Il est bien rare que je puisse dîner hors de chez moi et demain je reçois moi-même quelques personnes mais dans l’avant-soirée [souligné] où vous attendez m’avez-vous dit, vos amis, j’irais assurément vous voir demain et vous prouver, autant qu’il est en mon pouvoir, que personne au monde ne vous est plus attaché que moi. Tout à vous mille fois. Alfred de Vigny 17 nov. 1838. » Reprenant le thème de Stello, roman philosophique que Vigny lui-même composa trois ans plus tôt, cette pièce est librement inspirée de la vie de Thomas Chatterton, poète anglais qui préfèra se suicider plutôt que d’affronter les accusations de plagiat pesant à son encontre. Mettant en scène cette destinée tragique, Vigny obtient ainsi son premier succès théâtral, et signe l’acte de naissance du héros romantique. Son personnage, intarissable source d’inspiration pour les écrivains d’alors et à venir, est pour Vigny l’occasion de se poser en inventeur du versificateur solitaire et du poète maudit. À l’évidence (!), lui-même s’identifia nettement à ce paria de la société, au drame enduré par l’artiste méconnu, condamné à la misère, l’incompréhension, la solitude, le désespoir. Outre incarner l’esprit romantique tout entier, ce texte, dénonçant le rejet amoureux et social dont est victime le poète, voit pour la première fois la poésie s’opposer avec véhémence à la société. Entrée dans le monde parisien grâce à ses talents de peintre, Virginie Ancelot se révèle très tôt une femme de salon habile, qui épaule avec efficacité son mari, Jacques Ancelot, au sein de la jeune génération romantique sur laquelle s’appuie alors la Restauration. Sa vie se construit donc autour des salons et pendant plus de quarante ans, de 1820 à sa mort, par-delà les bouleversements politiques incessants, elle côtoie et accueille en effet le Tout Paris ; son influence est à son apogée sous la monarchie de Juillet, les personnalités les plus diverses croisent ainsi l’élite littéraire (d’Alfred de Vigny, Victor Hugo, Mérimée, Charles Nodier ou Stendhal jusqu’à Alphonse Daudet, dans les dernières années), artistique (des peintres comme Eugène Delacroix). Elle est l’auteur de vingt-six comédies et de plus de seize romans et nouvelles, sans compter ses articles de presse ; où elle défendra l’indépendance intellectuelle de la femme. « il faut le dire et le répéter, la seule égalité qui existe en ce monde est celle de l’intelligence, de l’éducation et du savoir : jamais un homme ignorant et grossier ne sera l’égal d’un homme instruit et bien élevé, et chacun d’eux sentira la distance qui le sépare de l’autre ; aussi rien n’est plus étonnant à mon gré que de mettre l’égalité dans la loi sans y mettre l’éducation générale. C’est donc à cette égalité de lumière et de vertu que chacun doit contribuer de son mieux… Alors ! […] toute la France ne sera qu’un vaste salon rempli d’égaux qui se tiendront par la main. » Georges Lachaud, son petit-fils, a bien décrit cette vie de salonnière dans Histoire d’une âme, ouvrage consacré à sa mère, Louise Lachaud, la fille unique de Virginie Ancelot : Vigny en fera par ailleurs sa légataire, en mémoire des relations intellectuelles et affectives privilégiées qu’il entretenait avec la famille. Des bibliothèques Émile Henriot et Emmy Joubert, avec ex-libris. Carteret, II, 458 ; Vicaire, VII, 1061.

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N° 264

MAR G UE RI TE Y OU R CE N AR

1 000 €

QUOI ? L'ETERNITÉ Paris, Gallimard, 1988. 1 vol. (147 x 215 mm) de 244 pp., broché. Édition originale. Un des 80 premiers exemplaires (n°37) sur hollande. Dans Les Yeux ouverts (entretiens avec Matthieu Galey paru en 1980), explique le titre de!finitif de ce dernier tome (apre"s Souvenirs Pieux et Archives du Nord) : « […] on ne comprend pas l’e"ternite". On la constate. Le vers de Rimbaud exprime l’e"tonnement e"merveille" devant cette supre#me Illumination». [cf. Alchimie du verbe, in Une Saison en Enfer : « Elle est retrouve"e ! Quoi ? L’e"ternite". C’est la me!re me#le"e au soleil »]. De fait, l’accent est mis sur la poe!sie et la sensualite!, bien moins pre!sents dans les deux premiers volumes. Quoi ? L’e"ternite" a e!te! repris en trois fois, interrompu par des voyages, par la maladie de Jerry Wilson puis par l’ope!ration cardiaque subie par Yourcenar. La construction est e!parpille!e en seize chapitres juxtapose!s, entreme#le!s, me#me si Yourcenar, qui de!ce"de en de!cembre 1987, n’a sans doute pas organisé son re!cit comme elle l’aurait fait si le temps lui avait e!te! accorde!. N° 265

ZO D’AX A

500 €

LES FEUILLES Paris, Sté libre d’édition des gens de lettres, 1900. 1 vol. (160 x 235 mm), demi-maroquin prune à coins, dos à nerfs orné de filets et fleurons dorés, fleurs mosaïquée de maroquin rouge, titre doré, date en pied, tête dorée. Édition originale. Un des 25 premiers exemplaires sur japon. Illustrations de Willette, Steinlen, Hermann-Paul, Léandre, Luce, Anquetin et Couturier.

N° 266

ÉM IL E ZOL A

1 000 € L'ŒUVRE Paris, Bibliothèque Charpentier, 1886. 1 vol. (130 x 190 mm) de 491 pp., demi-maroquin bordeaux à coins, dos à nerfs, titre doré, tête dorée, couv. cons. (Reliure moderne). Édition originale. Un des 175 exemplaires sur hollande. Quatorzième volume de la série, L’Œuvre dresse le portrait d’un peintre maudit, Claude Lantier, dont le personnage évoque celui de Paul Cézanne, grand ami de Zola, qui se brouillera avec l’écrivain après la publication du roman. Bel exemplaire. Carteret, II, 485 ; Vicaire, VII-1211 ; Clouzot, 278.

N° 267

ÉM IL E ZOL A

1 400 € LE DOCTEUR PASCAL Paris, Charpentier, 1893. 1 vol. (144 x 195 mm) de 390 pp., broché, étui-chemise de demi-maroquin rouge ancien, dos à nerfs, titre doré, date en pied (Reliure signée de P.-L. Martin). Édition originale. Un des 340 exemplaires sur hollande. Dernier titre de la série des Rougon-Macquart, qu’il dédie « à la Mémoire de ma mère et à ma chère femme, résumé et conclusion de toute mon œuvre », le Docteur Pascal met en lumière l’intuition de principe que Zola précise dans une lettre à Philippe Gille, critique littéraire au Figaro, du 12 juin 1893 : « J’ai voulu y expliquer et y défendre la série entière, et j’oserais dire que c’est une conclusion scientifique, philosophique et morale, si tous ces grands mots n’étaient pas trop ambitieux. » L’œuvre se termine sur la naissance de l’enfant de Clotilde Rougon, après que les archives complètes de la famille eurent été brûlées dans un grand autodafé. Seul l’arbre généalogique, que Zola publie en annexe en tête de l’édition, sera sauvé. Ultime témoignage d’une fresque sans équivalent. Très bel exemplaire broché, condition rare. Vicaire, VII-1216 ; Carteret, II, 488.

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N° 268

[ÉM IL E ZOL A] ÉTIE N NE C AR JA T

500 €

Paris, La Galerie contemporaine, s.d. (180 x 230 mm), épreuve photographique par la photoglyptie. Ce portrait par Étienne Carjat est reproduit d’après négatif d’une photographie prise en 1862 au collodion humide, contrecollée sur carton imprimé et légendé, telle que parue dans la Galerie Contemporaine des illustrations Françaises (1878). Belle épreuve originale du plus célèbre portrait d'Émile Zola jeune.

N° 269

ÉM IL E ZOL A

1 200 € L’ASSOMMOIR Paris, Javal et Bordeaux, 1931. 1 vol. de texte (215 x 340 mm) de 462 pp., en ff., + 1 vol. pour les deux suites, en ff., l’ensemble sous chemise éditeur. Tirage unique limité à 60 exemplaires sur japon impérial. Un des quelques exemplaires d’artiste. Le texte est illustré de 30 + 30 compositions en couleurs de Dignimont et Courbouleix ; la première avec une suite en noir, la seconde, destinée « à compléter l’illustration de notre édition dans une interprétation différente », en deux états et tirée sur japon impérial, est enrichie du dessin original en couleurs (le n°1) ; elle est signée de Léon Courbouleix. Bel exemplaire très frais. Carteret IV 411 ; Monod 11586.

N° 270

STEF AN ZW EIG DREI MEISTER. BALZAC, DICKENS, DOSTOJEWSKI Leipzig, Verlag Insel, 1921. 1 vol. (130 x 210 mm) de 220 pp., cartonnage éditeur.

1 500 €

Édition originale. Envoi signé à

Partie prenante de l’aventure de la revue Europe, initiée par René Arcos et Romain Rolland, Stefan Zweig confia à celui-ci qu’il se sentait investi, en tant qu’européen, d’une mission : « mon but serait un jour de devenir non un grand critique, une célébrité littéraire, mais une autorité morale » (lettre du 21 janv. 1918). C’est le sens de la série des Bâtisseurs du monde, dont le présent volume forme le titre inaugural. Cet ensemble de triptyques consacrés à divers types de génies qui ont édifié le monde de l’esprit prenaient pour modèle le plan d’ensemble de la Comédie Humaine qu’il vénérait, car « jamais avant [Balzac] n’avait été méthodiquement tentée une entreprise aussi grandiose […], la plus grandiose que puisse trouver une volonté créatrice en marche vers l’inaccessible ». Maximilien Harden avait créé la Die Zukunft, journal dans lequel il critique fortement l’entourage ultra-conservateur de l’empereur Guillaume II. Ses articles lui valurent trois poursuites, sous l’inculpation de lèse-majesté, dont six mois de forteresse pour la dernière : « le tribunal estimait que j’avais dépassé la limite des critiques licites », reconnaissait-il. Quelques accrocs au cartonnage éditeur, sinon bel exemplaire.

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LE LIVRE ANCIEN, L’ESTAMPE ET LE DESSIN S AL O N I NT E RNA T IO NA L D U L I V RE A NCI E N E T MO DE R NE PARIS, GRAND PALAIS, 29 AVRIL - 1ER MAI 2011

STAND N° 9 DÔME CENTRAL Une liste des ouvrages exposés sera disponible à l’ouverture du salon. Les membres « bonnes feuilles » la recevront par fichier PDF quelques jours auparavant : AU TOGRA PH ES , REL I URES , A L AI N GE R BAU L T, F RE D D EU X, SA CH A G UI T RY, JA CQ UE S L A CA N, MA RC E L PR OU ST, E D MOND R OS TA ND, A ND RÉ S UA R È S & G E OR GE S RO UA UL T, G EO RG E S SI M EN ON, P A UL V AL É R Y, V E RC ORS, OR SO N WE L L E S…


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V I I È M E J OU RNÉ E S D U L I V RE A NCI E N E T D E L A BI B LI O P HI L I E D E L OU RMA RI N LOURMARIN, 8 AU 11 SEPTEMBRE 2011

RENSEIGNEMENTS POUR INSCRIPTIONS 06 71 65 26 45

06 86 33 40 50

06 74 25 29 79

LES DOSSIERS DE PARTICIPATION SONT À DEMANDER AUPRÈS DE

A S SOC IA T ION L UBE R ON M ON TA GN E M A GIQU E 58, RUE GRAN DE , 0 31 00 M O NTL UÇ ON

lourmarin2011@free.fr


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