De gré ou de force

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Préface En Moselle, à partir de l’été 1940, l’épreuve de l’expulsion succéda à l’aventure de l’évacuation des cantons frontaliers de septembre 1939 et de mai 1940. Les expulsés furent moins nombreux que les évacués, dont nous avons rappelé l’exil intérieur l’année dernière. Ils quittèrent principalement la partie méridionale de notre département et non sa frontière nord. Surtout ils n’abandonnèrent pas leurs foyers dans les mêmes conditions que les évacués. Ceux-ci avaient été invités par leurs propres autorités à partir pour se mettre à l’abri de bombardements meurtriers. Les expulsés furent chassés par un occupant revanchard. Les nazis, animés par une doctrine haineuse, voulurent se débarrasser de ceux qui ne pouvaient trouver leur place dans le nouvel ordre des choses ; parmi ces réprouvés, on compta plusieurs dizaines de milliers de Mosellans, pour la plupart francophones. Critère médiocre de sélection destiné à masquer une opération de spoliation et à accompagner une rectification de frontières contraire au droit des gens. Nos compatriotes des arrondissements de ChâteauSalins et de Metz furent les plus concernés par ce bannissement, mais on partit de toute la Moselle, de gré ou de force : si ce n’était la France de Vichy, ce serait

la Pologne. Aujourd’hui encore, 65 ans après le retour des derniers expulsés, qui ne connaît l’un d’entre eux dans sa famille ou dans son proche voisinage ? Qui n’a pas entendu l’un ou l’autre évoquer ses quatre ou cinq ans de séjour dans cette France du Midi dont il ignorait tout, une semaine seulement avant d’y trouver un logis de fortune ? Le Conseil général de la Moselle a voulu que cet épisode cruel de l’histoire du Département ne soit pas oublié. A cette fin, un partenariat a été proposé à l’Association pour la conservation de la mémoire de la Moselle de 1939 à 1945 (ASCOMEMO). L’exposition a bénéficié des collections de l’association et des connaissances de son président. Le livre qu’il m’est agréable de préfacer rassemble ainsi les contributions du président d’ASCOMEMO et des collaborateurs du service départemental d’archives. Au sein du chapitre complexe de l’histoire de la Moselle de 1940 à 1945, le moment des expulsions méritait qu’on lui consacre un temps d’étude et de réflexion. Ce sera peut-être la dernière occasion de rencontre entre le témoignage et l’écriture historique : sachons la saisir. Le Président du Conseil général de la Moselle

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