Le vainqueur
TAT Group à tire-d’aile Cinquième entreprise régionale par le chiffre d’affaires mais première à capitaux familiaux, TAT Group se développe autour de son cœur de métier, la maintenance d’avions. La société de la famille Marchais emploie plus de 3 500 personnes à travers le monde, mais conserve son siège discret dans le quartier d’affaires qu’elle a bâti à Tours-Nord.
R
odolphe Marchais, président du directoire de TAT Group, convient que la discrétion de l’entreprise qu’il dirige est inversement proportionnelle à son importance économique : plus d’un demimilliard de chiffre d’affaires et près de 3 500 employés, principalement dédiés à la maintenance aéronautique – regroupée sous l’enseigne Sabena Technics –, mais aussi à deux autres activités, plus récentes, la location d’avions (TAT Leasing) et l’investissement immobilier (TAT Real Estate). De son siège discret de Tours-Nord, au cœur du quartier d’affaires Aéronef dont les 20 000 m2 construits – 10 000 m2 supplémentaires sont programmés – sont loués à quelques grands noms de l’industrie et des services (Coface, In Extenso, KPMG, Banque Accord, Bureau Veritas, etc.), Rodolphe Marchais pilote le groupe créé en 1968 par son père Michel, à l’origine une simple compagnie d’avions-taxis patiemment développée par les rachats successifs de petites compagnies régionales. Le chemin parcouru et les orientations prises à des moments clés témoignent d’une étonnante clairvoyance. Au milieu des années quatre-vingt-dix, le désengagement quasi concomitant du transport de voyageurs et du fret
Président du directoire : Rodolphe Marchais CA 2009 : 557,6 M€ Résultat net : 22,4 M€ Effectif : environ 3 500 salariés
34 La Lettre Valloire - Décembre 2010
– la compagnie TAT a été vendue à British Airways et TAT Express à La Poste – a permis de se recentrer sans heurts sur le marché moins concurrencé de la maintenance. Il fallait alors oser construire l’un des principaux opérateurs indépendants dans un secteur qui était encore dominé par les services ad hoc des grandes compagnies aériennes. « En 1996, quand nous avons décidé de développer cette activité, nous ne réalisions qu’une facturation de 50 M€ auprès de clients comme TAT, que nous venions de vendre, AOM ou Air Liberté. Soit dix fois moins qu’aujourd’hui », se souvient Rodolphe Marchais. Aujourd’hui, Sabena Technics s’appuie sur trois unités principales qui emploient chacune plus de 600 personnes : Bruxelles, hérité du belge Sabena, Dinard, site historique de la TAT, et Bordeaux-Mérignac (l’exSogerma, rachetée en 2007). Le dispositif est complété par des sites de taille moindre. Sur l’avenir de son métier de base, Rodolphe Marchais est serein : « Le taux de croissance annuel de notre marché est de 4 à 5 %, souligne-t-il, et les compagnies low-cost comme les nouveaux entrants (Emirates, Singapore Airlines…) feront de plus en plus appel à des sociétés comme les nôtres. » Pour être au plus près de ses clients, Sabena Technics crée des JV, comme récemment avec Malaysian Aerospace Engineering ou avec l’opérateur de fret néerlandais TNT Airways. Le reste de l’activité se partage entre la location d’avions et, depuis peu, la location d’immeubles de
bureaux. La première a conduit le groupe à investir plus de 200 M€ dans des appareils qui font l’objet de contrats de leasing de cinq à sept ans (avions neufs) ou de trois ans (seconde main). La seconde, plus récente, découle du savoir-faire issu de la première. TAT a déjà investi dans ce domaine 70 M€ dans des immeubles de bureaux à Tours et au Mans et compte bien continuer. Le groupe, détenu à 100 % par la famille Marchais, a décidément des bases solides. FXB