let'smotiv bordeaux n°07

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Bordeaux Cultures et tendances urbaines



Let'smotiv Bordeaux 31-33 rue Buhan - 33000 Bordeaux Tél : +33 556 52 09 95 - Fax : +33 556 52 12 98 redaction.bordeaux@letsmotiv.com Let’smotiv Bordeaux est édité par la S.a.r.l. PUB.L.I.C Membre du réseau Let’smotiv Magazines Directeur de l’édition : Cristian Tripard Rédaction : Marc Bertin - redaction.bordeaux@letsmotiv.com Graphiste : Anthony Michel - graphiste@regie-public.com Publicité : Vincent Filet - vincent@regie-public.com

Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Guillemette Bardinet, Emma Belasco, élisabeth Blanchet, Gautier Blondel, Cécile Broqua, Benjamin "Corleone" Cordazzo, Mathieu Dauchy, Tiphaine Deraison, Nicolas Fleuré, Sèverine Garat, Guillaume Gwardeath™, Nicolas Sergère Tavares Sousa, Nicolas Trespallé, Cyril Vergès Couverture : Brian Walker, www.lickthesun.com

Let’smotiv est une publication d’Urban Press, www.urban-press.com 18 rue des Couteliers - 31000 Toulouse Tél : +33 561 14 03 28 - Fax : +33 561 14 25 22 - info@urban-press.com Directeur de la Publication : Laurent Buoro Directeur du Développement : Loïc Blanc

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Sommaire Let’smotiv - mars 2010 #07

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News 16 événement Garorock

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Portfolio Brian Walker Rencontre Géraldine de Margerie : Danse avec les looks 38 Reportage Une idée fixed 34

© Brian Walker // Mos Def © DR // © Damien Bestieu

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Musique Get Well Soon, Les Femmes S'en Mêlent, Supersuckers...

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Mode Nicolas Fleuré - Dressing Project 74 High Tech 78 Expositions Caroline Sury, Damien Bestieu, Jerome Kevin Everson... 86 Théâtre & Danse Ouaga session, Le Printemps des Poètes...

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Chroniques livres, bd, cd, jeux vidéo 106 Agenda concerts 120 Culture Club 124 Un homme, un lieu

126

Guide restaurants, bars & clubs 130 Billet d'humeur


En bref… 1 minute = 6 contaminés

World Flying Condom Tour, non, il ne s’agit pas de la prochaine tournée de Jean-Michel Jarre. Cette fois la folie des grandeurs sert une cause internationale contre un fléau contemporain : la lutte contre le VIH. Condom fly lance une montgolfière en forme de préservatif, symbole qu’on ne pourra plus louper car la capote, on ne peut pas passer à côté ! Pendant 500 jours, cette montgolfière de 40 mètres de haut sera visible à plus de 40 km. Un tour avec escales : le village de l’association portera son message d’espoir avec des activités de préventions et sensibilisation auprès de toutes les populations. ❥ www.sidaction.org

Ça bourgeonne !

© Anthony Michel

Télex

Bourges, petite bourgade de 100 000 Berruyers, 3e ville de la région Centre et ancienne capitale du Berry est surtout appréciée du 13 au 18 avril. Fleurissant, le festival du Printemps de Bourges s’annonce avec le Chic –M et le Choc rocker : Iggy & The Stooges qui ravira les jolies Émilie Simon et Carmen Maria Vega. Et comme si E. De Crecy et Birdy Nam Nam n’avaient pas suffi à la Rock’n’Beat party 09, Mr Oizo, Crookers, Vitalic, Brodinsky et Pony Pony Run Run remettront le couvert ! Sans parler de Tuung, The Popopopopos, Caravan Palace, Rocé et Wax Tailor et de LA scène Découverte nationale… Trop c’est trop ! ❥ www.printemps-bourges.com

L’armée de l’air américaine a dû retirer une campagne télévisée qui utilisait abusivement un titre des White Stripes. Le duo refuse que « Fell in Love with a Girl » encourage « le recrutement dans une guerre qu’il ne soutient pas », sans préciser s’il s’agit du conflit en Irak ou en Afghanistan.


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FMR Je ne suis pas unique, mon art est pictural et je suis nomade : je suis, je suis ? Multiple ! Le nouveau festival des arts visuels propose du 3 mai au 6 juin une exposition photographique, In situ, du 30 mai au 6 juin, des installations pliables tous les soirs et, les 5 et 6 juin, un parcours d’itinérance un jour et une nuit de la Bastide aux Chartrons en passant par Saint-Éloi. Initié par le photographe bordelais Yogan Muller, qui réitère l’expérience liant visuel et urbanisme et se joint à l’Appart 113 pour donner à ce cheminement interactif toute son intensité. ❥ www.multiples-bordeaux.com

© DR

Prévention

Where is my mind ?

Vous avez l’âme d’un réalisateur fantasmagorique et engagé, mais vous êtes fauché comme les blés ? Utilisez votre portable ! Le concours national VIH Pocket film, initié par le Sidaction, le Crips et le Forum des images, attend des films originaux afin d’alimenter en interactivité la prévention de la maladie. Sur des thématiques de sensibilisation, il faut réveiller la responsabilité et la citoyenneté de tous. Toutes les formes sont libres. Il ne reste plus qu’à bien cadrer ! Envoyez la vidéo sur le site avant le 31 mars. ❥ www.vih-pocket-films.org

N’importe quel ado ou trentenaire connaît par cœur, ce refrain envoûtant. Il faut dire qu’aucun groupe de rock n’aura autant marqué sa génération et que sans eux Nirvana n’aurait pas vu le jour. Qui pourrait dire que les Pixies n’ont pas forgé le rock nineties ? Après la reformation en 2004 et le Doolittle Tour, le groupe de Boston revient en concert à Toulouse le 25 Mai au Bikini. Avant la crise cardiaque sur les premiers accords de Monkey goes to heaven ou Debaser, prenez vos billets en prévente sur le site ❥ www.avosbillets.com !

Qui a dit que le printemps était aux couleurs de l’amour ? À Saint-Étienne, le printemps hurle… d’excitation avec son festival les Printemps Hurlants. Du 17 au 21 mars, on hurle de rire avec Gérard Baste des Svinkels et Didier Super, de rage avec Nosfell et de joie pour la scène extérieure electro, drum’n’bass et hip hop : Barbara Novak, Metastaz ou encore Da Blague Panthers. Le tout en écoute sur : www.lesprintempshurlants.fr


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Bluffant ! De l’élégance d’Arsène Lupin à celle de Jean-Yves Lafesse, c’est à vous de choisir ! Pour la 13e année, l’association C’est par ISIC organise le festival du court métrage Coupé-courts, en collaboration avec le cinéma Utopia. Après l’inauguration le 30 mars, l’association étudiante propose un concours-marathon photo, scénario et courts-métrages autour du fil rouge des « impostures ». Récompenses à l’appui, puis projection de 19 films du 31 mars au 2 avril à partir de 20h30. Tarifs attractifs : 6 euros la séance, 4,50 euros pour les étudiants ou 14 euros le pass 3 soirs. ❥ www.coupe-court.com

© DR

© DR

Joystick

Couleur musicale

Plus grand événement français de jeu vidéo, le deuxième en Europe, le festival du jeu vidéo 2010, du 10 au 12 septembre, unira tous les gamers et fans de Warhammers porte de Versailles. On ne s’endort pas sur sa manette : avant-premières et actualités, décryptage du processus de création d’un jeu, débats et conférences, finale française du World Cyber Games ! Et pour les amoureux de la Megadrive : le musée du Retro-gaming et toute l’histoire (interactive) du jeu vidéo, de 10 à 3 milliards de pixels. Vers l’infini et l’au-delà. ❥ www.festivaldujeuvideo.com

Les grands enfants des arts visuels se retrouvent entre quatre murs. Ces peintres urbains, collaborateurs du label Institubes, exposent jusqu’au 23 avril chez 12Mail à Paris. Dix filles difficiles est une œuvre de JR Étienne et Lola Raban Oliva alias House of Kids. Crayonnées, collées, graphiques et colorées, les pièces sont aussi modernes et surréalistes qu’urbaines. Parfois, c’est la brasse intergalactique d’une pochette du groupe Midnight Juggernauts ou la tête à l’encre de chine de Tekilatex qui donne à voyager dans les pastels. ❥ www.houseofkids.fr

Télex

25 ans de réseau Printemps, c’est 25 ans de découverte de talents ! Un anniversaire qui se fête avec 31 nouveaux talents en tout genre. Janski Beats, Micronologie, Debmaster, Beat Asaillant ou Cabadzi, ça ne vous dit rien ? C’est normal ! Et si comme Anaïs, dans deux ans, l’un d’eux est en haut de l’affiche ? Mettez donc le cap sur le Printemps de Bourges qui voyage cette année en Afrique du Sud avec ses artistes bouillonnants et méconnus.



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L’Islande, nouvel Eldorado ? Le monde du journalisme, en perpétuelle quête de liberté et d’indépendance, aurait-il trouvé son Eldorado en Islande ? Le Parlement islandais réfléchit à la question en examinant un projet de loi (IMMI : Icelandic Modern Media Initiative) visant à renforcer la législation sur les libertés de la presse sur Internet. De facto, il s’agit surtout d’attirer groupes de presse et journalistes étrangers afin de rétablir l’économie du pays, frappé de plein fouet par la crise. Soutenu par le célèbre site de scoops Wikileaks, le texte prônerait, entre autres, une protection accrue des sources sur la toile, ainsi que l’interdiction pure et simple du filtrage. Par ailleurs, Alain Genestar prendrait déjà des cours d’islandais.

© Bar Camp Orlando

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Apéritif digital

Belles lettres

Sous forme d’ateliers participatifs prônant la « non-conférence » - le but étant d’apporter et d’échanger en communauté autour du numérique -, Bordeaux accueille son premier BarCamp du 10 avril au 11 avril, non-stop à l’Hôtel de ville ! L’événement valorisera les talents issus de l’économie créative et « new technology ». Un premier élan vers le Bordeaux Cité digitale : une série de services « branchés » comme l’agenda de la ville en version IPhone, le projet voisins solidaires et le développement d’accès publics à Internet. ❥ www.barcamp-bordeaux.com

Du 6 au 11 avril, l’Escale du Livre conjugue arts, performances, cartes blanches et débats avec une centaine d’auteurs, de libraires et de maisons d’éditions. Un regard sur le monde porté avec un hommage à Camus. Ce « militant » qui refuse le Panthéon aurait apprécié le « non-droit de réserve » de Marie NDiaye, prix Goncourt 2009. «Il n’y a pas longtemps, c’étaient les mauvaises actions qui demandaient à être justifiées, aujourd’hui ce sont les bonnes. » Disait-il. L’auteure, elle, participe avec Véronique Ovaldé à une discussion autour de Figures de femmes… Puissantes ! ❥ www.escaledulivre.com

Télex

C’est la révolution dans les toilettes : un supermarché de Grande-Bretagne commercialise du papier toilette enrichi en cachemire. À 2,60 € pièce, c’est toujours moins cher qu’un pull ! Pas très classe, mais tout confort. // Jusqu’au 14.03, les amateurs de poker peuvent se qualifier en ligne pour la première Coupe de France de poker. www.poker.fr



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Peau de vache Après 58 escales internationales, la Cow Parade s’arrête à Bordeaux du 7 juin au 14 septembre. Drôle et fantasque, ce troupeau en résine recherche artistes afin de se faire rhabiller pour l’été. Peintres, plasticiens, sculpteurs, vous pourrez détourner, designer ou customiser librement ces Meuh délurées ! Un concept qui engage l’originalité, l’enthousiasme et le talent pour une œuvre d’art contemporaine destinée à briller dans la rue. Pour sublimer ce bovidé grandeur nature, déposez votre dossier avant le 15 mars. ❥ www.bordeauxandcow.com

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La danse des mots

Les femmes d’abord !

« Tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler ». La langue, ce lien social et culturel, est perpétuellement en mouvement même si sa grammaire procure parfois de douloureux souvenirs… Du 20 au 27 mars, avec dix mots nouveaux, alambiqués, plurivoques ou dont les origines sont éparses, la francophonie sera fêtée dans toute sa mixité et diversité. Jouer avec les mots, c’est aussi jouer au poète, de rue ou de scène. Le 24 mars « Dismoi dix mots dans tous les slam » sera consacré à la joute du verbe en tournoi et lancé de rimes ! Le tout, autour d’un vers. ❥ www.dglf.culture.gouv.fr

Comment se faire pardonner d’oublier 40 années de lutte pour la parité, depuis le droit de vote à l’avortement, jusqu’à la défense de la contraception ? Cette année, la Journée de la Femme ne passera pas aux oubliettes. Pour Mesdames, Service en tête prévoit menus spéciaux, massages voire strip-tease ! L’opération « Femmes en tête » offrira une rose à toutes les clientes des bars, cafés et restaurants participants. À Bordeaux : le Café des Arts, le Palatium, le Forty Two ou encore le Torito Café participent, alors messieurs ne soyez pas jaloux ! Liste complète sur : ❥ www.service-en-tete.fr

Télex

La 13e édition du festival Chantons sous les pins se tient du 5 au 27 mars et accueillera 31 spectacles professionnels en chanson dans 16 villages des Landes ! L’association Chantons sous les pins est une association qui agit en milieu rural et investit la campagne landaise pour promouvoir les arts vivants en offrant depuis 13 ans, un mois de découvertes de la Chanson. Renseignements www.chantonssouslespins.org



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Un Américain à Paris Alors que l’Agence Magnum vend ses archives pour assurer son avenir, Elliott Erwitt, l’un de ses plus illustres représentants, expose à Paris. Un retour à la maison pour cet Américain de 81 ans, fils d’immigrés russes, né en France. Doté d’un sens de la dérision féroce, Erwitt a été portraitiste de stars, photojournaliste, avant de se distinguer avec de surprenants clichés de chiens. Personal Best, sélection de ses œuvres favorites, met fin à plus de 20 ans d’absence dans la capitale. À voir à la Maison Européenne de la photographie (MEP) jusqu’au 4.04. ❥ www.elliotterwitt.com

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Poney Poney Ride Ride

L’affaire tourne au sale ?

Rompre avec l’académisme des contests de snowboards. C’est dans cet état d’esprit qu’ont débuté en 2002 les Poney Session, sous l’égide des Denjos Brothers. Du 19 au 21.03, St-Lary accueille la 8e édition de cet évènement de la boardculture. La thématique ? Vikings et drakkars sur le snowpark ! Entraînement le vendredi, contest le samedi et Best Tricks le dimanche. Et le samedi, soirée à l’ambiance très funk avec le Bernard’s band (dès 22 h). ❥ 05 62 39 50 81, www.poneysession.com

On savait Tintin un tantinet ethnocentrique, voici que sa famille joue la censure. Les éditions Moulinsart s’acharnent en effet contre Gordon Zola, l’auteur d’une série de romans parodiques intitulée Les aventures de Saint-Tin. À l’issue d’une saga... judiciaire cette fois, le tribunal a débouté les accusations de contrefaçon et de plagiat pour ne garder que le « parasitisme ». L’auteur de L’ire noire, Saint-Tin au Gibet, du Crado Pince Fort ou encore de L’Affaire tourne au sale a fait appel au nom du droit à la parodie. ❥ www.leopardmasque.com

Télex

La Cave Belge change de concept pour donner vie à Culture of Rock, un nouveau genre de boutique que l’ancienne équipe souhaite offrir au public. Sur plus de 250 m2, les visiteurs auront la possibilité de faire leurs emplettes, de se détendre au café, d’apprécier les œuvres exposées, le tout dans une ambiance atypique avec diffusion de concerts sur écran géant et chaque week-end des événements privés (concerts, performances…).



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Gar’o’rock alternatif Dossier réalisé par ¬ Y. Hamelat, B. Ostré, N. Mathé, M. Bertin, G. Blondel, T. Deraison et J. Duquenne

Premier festival de la saison, Garorock propose cette année encore un savoureux mélange des genres issus de la scène émergente, avec du rock bien sûr, mais pas seulement. On ne change pas une formule qui gagne. Alors pour sa 14e édition, le festival Garorock de Marmande ne promet pas la lune, mais de rester fidèle à ses valeurs. À base de rock principalement, mais surtout d’artistes émergents. « On préfère faire découvrir au public plein de groupes surprenants, plutôt que de seulement tabler sur deux ou trois têtes d’affiche », explique Ludovic Larbodie, directeur artistique et fondateur de l’évènement qui attend cette année pas moins de 250 bénévoles, 250 techniciens et 50 000 visiteurs. Excusez du peu. Alors d’Izia, la déjantée fille d’Higelin, au trip-hop des Britan-

niques d’Archive en passant par le pape du reggae ivoirien Alpha Blondy ou le grand retour sur scène des métaleux de Sepultura, pas moins de soixante-dix artistes aux influences parfois diamétralement opposées défileront du 2 au 4 avril prochains sur les scènes de Garorock. Une programmation éclectique, mais pas forcément voulue. « On ne se met aucune barrière de style, témoigne Ludovic. Les groupes qui viennent sont ni plus ni moins ceux qui m’ont marqué sur scène cette année. Parfois il n’y a pas de reggae, cette année oui ; ça dépend du cru ». Ou des disponibilités. Ainsi, alors qu’ils


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Sepultura © DR

« 70 artistes aux influences parfois diamétralement opposées défileront sur les scènes de Garorock. » n’avaient pu honorer l’invitation l’an dernier, les Canadiens de Duchess Says, les Italiens de Crookers ou encore les Australiens de Pendulum ont répondu présents pour cette édition. Mais pour les organisateurs de concerts, la vraie bête noire, c’est surtout l’annulation de dernière minute. Et si ça n’est arrivé à Garorock « qu’une seule fois en trois ans », avec les Rinôcérôse,

l’expérience a bien failli se renouveler l’année dernière avec le chanteur des Babyshambles. « Pete Doherty avait annulé quasiment toutes ses dates, mais il a bien voulu venir à Marmande car on lui a mis à sa disposition un jet privé », se souvient Ludovic. Un caprice qui heureusement pour le budget n’arrive pas trop souvent ! >


CEA © DR


Izia © Julien Mignot

Wax Tailor © Mathieu Zazzo

Miss Platnum © DR

Delinquent Habits © DR


Le pass

de la rédaction

Heavy Trash © DR

Vendredi 2 avril

Heavy Trash [rock’n’roll]

Krazy Baldhead [électro]

www.heavytrash.net

www.myspace.com/krazybaldhead

En vacances prolongées du Blues Explosion, Jon Spencer a déclaré sa flamme rockabilly à Matt Verta-Ray (Madder Rose, Speedball Baby). Trois brûlots au compteur en 5 ans, inutile de dire qu’il ne s’agit nullement d’un sport ni d’un passe-temps. Le duo d’essence rare gomina/Gibson est la réincarnation - stupéfiante de classe - de la flamme primitive rock’n’roll. Amours défuntes, riffs assassins, jupes plissées, hymne au cunnilingus (« Gatorade »), si le monde tournait rond, Heavy Trash serait LA religion œcuménique.

En dépit d’un patronyme emprunté au répertoire de Bob Marley, Krazy Baldhead, 34 ans, natif du sud de la France, néo-parisien, percussionniste, jazzman (10 ans de conservatoire), ingénieur du son d’une radio en prison, goûte peu au reggae, revendiquant pêle-mêle : Chemical Brothers, Bill Evans, A Tribe Called Quest, Joy Division, Gong, Miles Davis ou Prefuse 73 ! Refusant l’étiquette de DJ, il se produit souvent caché derrière son laptop, épaulé par un VJ, bien décidé à défendre son premier opus The B-Suite (Ed Banger Records, 2009).

The Sollilaquists of Sound [hip-hop] www.myspace.com/solilla

Le rappeur Sage Francis, influent musicien de renom, se révèle également un directeur artistique plus que pointu : après C.R Avery et son beatboxing hobo folk, voici sorti de sa casquette The Sollilaquists of Sound. À la croisée des racines et de l’abstraction, leur hip-hop s’inscrit dans une veine funk et new jazz très proche de Fat Jon et de l’esprit japonais. Les quatre d’Orlando viennent témoigner leur désarroi via No More Heroes (Anti/ Epitaph) : il serait temps de s’en rendre compte.


Amanda Blank [groove] www.myspace.com/amandablank

Belle, brune, nasty, Miss Blank n’a pas la langue dans sa poche. Sensuelle, provoc’ et fun, ce poisson nommé Amanda issue de Sweatheart, se place désormais entre Lil’ Kim et Santigold, dynamitant son hip-hop electro en compagnie de Diplo, XXXChange et Dave Siteck (pour la production) pour une poignée de duos avec Ghostface Killah, M.I.A et Yuksek. À 26 ans, Amanda est « hype ». Et alors ? Avant que la magie ne s’échappe, Shame On Me son deuxième album est en passe d’être la B.O de la génération no limit.

Mr Oizo [électro] www.myspace.com/oizo3000

Génie musical (« Flat beat ») et cinématographique (« Steak »), Quentin « Mr. Oizo » Dupieux a terrassé la concurrence avec Lambs Anger, dernier album électroniquement déviant à la pochette surréaliste à souhait. De Sébastien Tellier à Jamelia, en passant par sa collègue de bureau Uffie, l’homme élève en secret un beat des temps modernes, entre parodies robotiques, ambiances funky et groove menaçant… Un inconfort propre à provoquer quelques douleurs cervicales mais absolument uniques. Voire inoubliables.

The Bewitched Hands on The Top of our Heads

[pop] www.nnekaworld.com Sans cet accent français sur le bout de la langue, on aurait presque cru au retour de l’église anglicane. Le groupe au nom le plus imprononçable de l’hexagone viendra témoigner son amour pour les orchestrations à l’anglosaxonne, après une cure de jouvence dans les terres australes. Les noces de l’orgue et du tambourin sur une somme magistrale de chœurs justifient presque le fait de se prendre encore pour un hippie en 2010, à la différence près que leur flower power s’harmonise avec des colliers de crânes humains. >

Mr Oizo © DR

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Samedi 3 avril


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Dimanche 4 avril

Chicks on Speed

Antipop Consortium

www.myspace.com/chicksonspeed

http://www.myspace.com/antipopny

Déjà treize ans que les Munichoises à tendance arty œuvrent au croisement des pratiques, certainement en souvenir de leur séjour à l’école des Beaux-Arts bavaroise. À cheval entre culture pop et avant-garde, le désormais quintet a réussi à durer en dépit d’une volonté assumée de ne jamais faire carrière. Entre couture, art contemporain, performance, dj set, cette éclectique sororité aux nombreux amis, dont Karl Lagerfeld et Jean-Charles de Castelbajac, détourne principes rock et electro à son profit.

L’absence de problème est souvent vecteur de complications : le hip-hop continue ses guéguerres entre adeptes hardcore du revival smurf et surenchères du marché parallèle du diamant. Antipop Consortium, de retour aux affaires avec ses boucles robotiques, vient prouver qu’il reste l’avant et l‘après de l’avant-garde ; sans commune mesure avec la vague incessante des reformations depuis deux ans. « Garo » propose alors un conseil : disposez, car ce qui aujourd’hui paraît obscur fera de vous le branché de demain.

[electro]

[hip-hop]

Mos Def [hip-hop]

www.myspace.com/mosdef

Après le très personnel Black on both sides, le MC de Brooklyn défend son dernier effort en date, The Ecstastic, produit par Mr Flash, french DJ du crew Ed Banger. Mos Def, flow et charisme impressionnants, déroule plus de 10 ans de carrière. Il retrouvera sur scène ses compagnons de longue date De La Soul et Talib Kweli avec lequel il formait Black Star, figures tutélaires d’un certain hip-hop 90’s versant côte est de haute tenue. Partageant son temps entre cinéma et musique, sa venue constitue un événement. /

Mos Def © DR


De la Soul © DR

Infos pratiques ❥ Vendredi 2 Avril Grand Chapiteau : • Popof Live (Fr-Electro) • Pendulum Dj Set (AusElectro/Drum’n Bass) • Crookers (It-Electro) • Raggasonic (Fr-Ragga) • Archive( Uk- Rock/TripHop) • Mickey 3d (Fr - Chanson) • Nouvelle Vague (Fr- New Wave) • Cea (Can-Hiphop, Funk) Hall Expo Digitick : • Le Matos (Can- Electro) • Rootz Underground (Jamaique, Reggae) • Le Peuple De L’herbe ( Frelectro, Rock) • Heavy Trash (Us- Rock Punk) • Izia (Fr, Rock Soul) • Solillaquists Of Sound (Us, HipHop, Electro) • United FOols (Fr, Hip-Hop Jazz) Petit Chapiteau : • Noob (Fr-Electro) • Scratch Perverts (Uk, Electro) • Deliquent Habits (Us-Hip-Hop) • Pony Pony Run Run (Fr-Power Pop, Electro) • Poni Hoax (Fr, Pop Rock) • Krazy Baldhead (Fr-Electro) • Casa Crew (Maroc-Hiphop) • The Jouby’s (FrSoul,Ska)

Samedi 3 Avril Grand Chapiteau : • The Whip (Uk, Electro Rock) • Mr Oizo (Fr, Electro) • Wax Tailor (Fr- Trip Hop) • Ghinzu (Bel, Rock) • Alpha Blondy (Cote D’ivoire, Reggae) • Gizelle Smith & The Mighty Mocambos (Uk, FunK) • Rebelution (Us, Reggae Rock) Hall Expo Digitick : • The Subs (Belgique, Electro Techno) • Don Rimini (Fr, Electro-Techno) • New Politics (Danemark, Rock) • Nneka (All, Soul Hip-Hop) • Java (Fr, Rap Musette) • Danakil (Fr, Reggae) • Hypnotic Brass Ensemble (Us, Hip-Hop Jazz) • X Syndicate (Fr, Punk Rock)

Petit Chapiteau : • Mikix The Cat (Fr, Electro) • Duchess Says (Can, Electro) • Miss Platnum (All, Hip-Hop/ R&B) • We Have Band (Uk, Electro Pop) • Eiffel (Fr, Rock) • The Heavy (Uk, Rock Soul) • ThE Bewitched Hands On The Top Of Our Head (Fr, Pop / Psyché) • Zak Laughed (Fr, Pop/Rock)

Dimanche 4 Avril Grand Chapiteau : • Dj Pone (Fr, Hip-Hop/Electro) • The Bloody Beetroots (It, Electro/Punk) • De La Soul (Us, Hip-Hop) • Mos Def (Us, Hip-Hop) • Sepultura (Brésil, Metal) • Renan Luce (Fr, Chanson) • Alice Russell (Uk, Soul Pop) • The Jessie Rose Trip (Uk, Pop Soul) Hall Expo Digitick : • Doctor Flake (Fr, Hip-Hop/Triphop) • Antipop Consortium (Us, Experimental Hip-Hop) • Alborosie (Jamaique, Reggae) • Chicks On Speed (All-Esp-Us, Electro) • Mass Hysteria (Fr, Metal) • Piers Faccini (Fr, Folk Rock) • Pacovolume (Fr, Pop) Petit Chapiteau : • Le Catcheur Et La Pute (Fr, Electro Rock) • Loo&Placido (Fr, Bootlegs) • Zenzile (Fr, Dub Electro) • Skip The Use (Fr, Disco Punk) • Ce’cile (Jamaique, Dancehall) • Zebra Live (Fr, Bootlegs Rock/ Funk/Big Beat) • Ultra Vomit (Fr, Punk Metal Parodique) • Disiz La Peste (Fr, Rap) • Opium Du Peuple (Fr, Pop Punk)

festival garorock 2010 :

14e Rencontres des Cultures Alternatives Du 2 au 4.04, 30,80 / 35e par soir - Pass 3 jours : 73e (uniquement en prévente), Marmande (47), 05 53 64 44 44, www.garorock.com


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Brian Walker Photographie, graphisme // Australie // www.lickthesun.com

texte ¬ Youness Hamelat

Like a robot À l’ère du numérique, tout semble possible. On « Photoshop(e)® », on agrandit, on retouche, on efface tout et on recommence. Une méthode « tableau magique » qui permet certainement aux pseudo photographes de pulluler. Discerner le bon grain de l’ivraie relève de la haute voltige, mais il y a des indices qui ne trompent pas. Comme chez Brian Walker, qui signe notre couverture, ce mois-ci. L’Australien fustige avec brio, et non sans humour, toute une iconographie populaire autour de la publicité et de l’évolution de la mode. Un peu à l’image de David Lachapelle, dont 1 il avoue s’inspirer. La femme-objet y apparaît sous des angles surréalistes, tantôt poupée, tantôt mannequin ou automate. Réducteur ? C’est normal, le photographe joue la carte de la provocation jusque dans les mises en scène colorées et décalées des corps, souvent peu vêtus, immortalisés dans des postures étranges. Affichée sous un abribus, l’image donnerait de l’urticaire à n’importe quelle Isabelle Alonso. Et pourtant, entre irrationnel et hyperréalisme, derrière ses images parodiques, une dimension féministe ne semble pas exclue. De là à voir Walker comme un chantre de la cause féminine... il n’y a qu’un pas que l’on n’osera guère franchir. /


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❖ 1. Greasy Spoon, 2007 / 2. Send and Receive, 2008 / 3. Redrum, 2007 / 4. Lipstuck, 2007 / 5. Batteries Included, 2006 / 6. Fifty Lashes, 2007 / 7. Noodle Philosophy, 2007


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BOBO

ient style, vier (Mar ty) all Margerie) et Oli e dans une rdr so dé Géraldine (de du sé et sens maîtri décontraction » bon enfant. e casual wear ambiance « barb


Géraldine de Margerie Danse avec les looks Propos recueillis par ¬ Thibaut Allemand Photos ¬ Olivier Marty

Le Dictionnaire Du Look répertorie, avec ironie, les allures d’aujourd’hui, de la caillera au bobo, du teufeur au punk à chien, de l’emokid au bcbg. Un ouvrage qui a divisé la rédaction. « On nous le présente comme de la pop sociologie ? Et puis quoi encore ? Pourquoi pas de la physique quantique à la cool tant qu’on y est !? » s’offusquaient certains. On a donc pris le parti d’en rire, prenant l’ouvrage pour ce qu’il est : une chouette lecture de plage en plein hiver, un livre léger et mordant écrit par des gens sérieux mais pleins d’humour. Puis, on a contacté Géraldine de Margerie. Charmante, sympathique, parfois imprécise, mais enthousiaste. Capable aussi de saillies ultra-parisianistes qui pousseraient l’ironie au stade terminal, si elles n’étaient tristement sérieuses. Converser avec elle, c’est un peu comme s’habiller le matin : il faut trier.

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EMO

re

derriè n mal de vivre Elodie cache so . mment effilée va sa e ch mè une

Comment avez-vous eu l’idée d’un tel livre ? Ayant été mannequin pour des marques comme APC ou Vanessa Bruno, je connaissais l’envers du décor. Et puis, j’ai toujours aimé cataloguer les jeunes, les styles, et je me suis rendu compte qu’il manquait un outil pour comprendre d’où venaient ces différents looks, du port du baggy aux chaussures délacées. Dans les années 1980, Hector Obalk, Alexandre Pasche et Alain Soral avaient signé Les mouvements de mode expliqués aux parents. C’est une véritable bible, beaucoup plus sociologique et uni-

Bling Bling

Manteau de fourrure, cha înes en or, lunettes de marque : le rappeur ST porte sur lui l'équivalent du PIB de la Côte-d'Ivoire.

versitaire que notre ouvrage (ndlr : n’exagérons pas !). Avec Olivier Marty, on voulait la réactualiser. Et créer un herbier du look qui recenserait tous les socio-types, mais de façon détachée et drôle, beaucoup plus ludique. Cet humour, était-ce une façon de vous protéger de vos éventuels détracteurs ? Derrière, il y a quelque chose de sérieux. Cela dit, je voulais que ce soit un peu taquin, car cette recherche du look par les jeunes est touchante. C’est important pour eux et ça l’est aussi pour moi.


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looké-décalé

Alicia ou la Passion de la toile de Jouy, des brillants aux oreilles et des bracelets fantaisie.

sunset beach

ée privée. » « Désolé, c'est une soir

« On voulait créer un herbier du look, drôle et ludique. » Cela m’a replongée dans mon adolescence, où il fallait, chaque jour, choisir ses vêtements pour montrer qui l’on est, s’inventer et exister par ses habits. Aviez-vous fixé un quota de profils pour votre livre ? Au début, j’avais relevé plus d’une centaine de socio-types. J’en ai conservé une cinquantaine, et exclu certains, assez isolés et très

urbains. Il y avait de nombreux profils gays, comme la « coiffeuse », par exemple, qui est le prototype de l’homosexuel de province, avec des mèches, un peu ringardos (rires). Il y avait également « l’hétéronormé », soit un gay qui s’habille comme un hétéro. Comment avez-vous enquêté ? Je suis allée sur le terrain. Je connaissais certains socio-types


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« Le punk à chien n’est pas facile d’approche. » gays ou bobos dans mon entourage. Mais je suis allée à la rencontre des skateurs, des baby-rockeurs ou des emo. C’était très important de passer quelques aprèsmidis avec eux, d’entendre leur façon de s’exprimer. D’ailleurs, d’une tribu à l’autre, un mot ne veut pas dire la même chose – le squat du baby rockeur n’a rien à voir avec celui du punk à chien, par exemple. Pour les emos, je les ai découverts à Bastille, puisqu’ils y passent leurs journées assis sur les marches. Ils étaient heureux de pouvoir rétablir la vérité sur quelques clichés : ils véhiculent une image morbide alors que ce sont des gamins épanouis ! Des clichés que vous entretenez vous-mêmes, en transcrivant leurs citations en langage sms… Oui, mais ils ont tous des blogs, et écrivent tous comme ça. C’est la génération « Kikoolol », ils ne sont pas illettrés, mais écrivent n’importe comment ! Y a t-il eu des tribus plus difficiles à joindre ? Le punk à chien n’est pas facile d’approche, mais un ami bosse dans le milieu associatif, et j’ai pu en rencontrer certains. Bon, j’avoue que pour les cailleras, en

tant que fille, on n’a pas hyper envie d’aller traîner en cité. Et c’est par le biais de Mohamed, qui pose dans la catégorie rappeur bling bling, que j’ai pu faire connaissance avec des amis à lui. Et c’était super, car la caillera qui pose dans le livre est très drôle, avec beaucoup de recul sur sa culture, adorable, gentil et bien élevé (ndlr. incroyable !). Ce sont les deux seuls socio-types que j’ai eu du mal à appréhender. Quel socio-type ne pouvez-vous pas supporter ? Les « sunset beach ». Voir quelqu’un avec une Rolex et des lunettes Dolce&Gabbana, ça m’effraie un peu. C’est très drôle de voir des gens se dire branchés, alors qu’ils ont tout faux. Justement, le no-look n’est-il pas traité avec un peu de mépris ? Pas du tout, c’est de la taquinerie. J’adore le « no-look » aussi. La majorité des gens sur terre est « nolook » et on l’est tous à nos heures. Le « no-look » est plus libre, et ne mise pas sur l’apparence pour exister. On peut évidemment penser, au premier abord, qu’il est sans saveur et sans conversation. Mais chaque personne est merveilleuse (sourire ironique) !


Punk à chien

Luc, jamais sans son chie

n.

Quelles sont vos prévisions pour les six mois ou l’année à venir ? Le filon baby rocker est épuisé, laissant place à d’autres branches du rock. Tout ce qui est redskin, ska ou rockabilly va cartonner. Les redskins et rockab’ d’aujourd’hui ont quarante-cinq ans, mais on voit de plus en plus de mômes de dix-sept ans en Fred Perry et consorts. Je ne parle bien sûr que de modes populaires, sous les projecteurs. Le « looké-décalé » va perdurer, ainsi que « l’ultra classique », ce que les magazines féminins appellent le tradi-branché. Je déteste cette appellation, c’est un mélange entre un look sophis❥

baby-rockeur

mine décoiffée : T-shir t déchiré et ti indemne sor pas st Arthur n'e de son week-end.

tiqué moderne et un classicisme BCBG – comme dans les films de Claude Sautet, en somme ! En conclusion, quelle est la différence entre la mode et le look ? Le look est une réappropriation subjective de la mode ou comment un individu écrit sa propre mode en s'inspirant ou non des tendances du moment. Il a davantage à voir avec une personnalité, un style qu'avec un phénomène de société. La mode est une tendance universelle vestimentaire, matérielle, intellectuelle, à une époque donnée à laquelle on choisit ou non de se plier. /

À lire / Dictionnaire Du Look, Géraldine de Margerie (texte) et Olivier Marty (photos), éd. Robert Laffont


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Un groupe d'amis dans le quartier de Bricklane, dans l'est de Londres.


texte ¬ Elisabeth Blanchet - photos ¬ Gregoire Bernardi - Elisabeth Blanchet

Une idée fixed


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Oubliez les tenues en lycra flashy du tour de France, les dimanches matin à faire du VTT, la mode est au fixie, ces vélos à pignon fixe, sans freins, câbles, ni dérailleur. En provenance de New York, cette nouvelle star du bitume se répand comme une traînée de poudre, semant sur son passage suées et sueurs froides. Pirouette en plein cœur de l'East End londonien, à la découverte d'une nouvelle sous culture.

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scar déboule, perle au front, au Magasin 14, un repaire particulièrement hype de l'East End londonien. À partir de cette enseigne, le quartier autour de la Truman Brewery s'est transformé en véritable « Fixieland ». Les bécanes flambant neuves s'entremêlent. Au milieu d'elles, ce grand adolescent dégingandé retrouve ses potes dans cette toute nouvelle boutique spécialisée dans les fixies. « Pour faire simple, m'explique Oscar reprenant son souffle, un fixie est un vélo qui ne possède pas de roue libre. Son pignon est fixe ». Fièrement, il me désigne le sien, spécialement taillé pour sa passion : les pirouettes à bicyclette. Car, dans le monde du pignon fixe londonien, Oscar est la star du « trickriding », comprenez « sauts à vélo ». Et c'est au Magasin 14 qu'il retrouve les autres kiddies, ces désaxés adeptes des cascades.

Sur les chapeaux de roue Curieuse de voir ce dont l'étoile montante de la scène londonienne est capable, je me laisse entraîner dans un hangar désaffecté. En chemin, nous rencontrons son ami Tom, alias Taliban Tomahawk (surnom dû à sa chevelure et sa barbe proéminentes), qui pratique une discipline cousine sur BMX. Les deux garçons empilent savamment palettes et morceaux de contreplaqué pour bâtir un tremplin de fortune. Le jeu des figures commence. Tom carbure à la Foster. Oscar reste sobre. Mais, tous deux enchaînent des gamelles qui font froid dans le dos. Le ballet des « tricks » se déroule sous mes yeux grand ouverts, jusqu'à ce que sonne l'heure du pub !

Rétropédalage De retour à Brick Lane, je suis attendue par des hordes de fixies, plus trendy les uns que les autres. La mode


Oscar Khan fait ses «tricks » à Brick Lane et discute avec son ami Tom.


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Départ d'une « alleycat », course de coursiers, dans le quartier de Clerkenwell.


Photo en haut : Papillon dans sa tenue de coursière. Photo en bas : les jambes et le vélo de Justina, ex-coursière et toujours Fixie !


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Aidan lors d'un entraînement de Polo Bike à Elephant & Castle, dans le sud de Londres.

« C'est comme si on ne faisait plus qu'un avec la machine. » du vélo à pignon fixe a connu une véritable envolée depuis 2006. À l'origine de cette tendance, les fameux cyclo-coursiers new-yorkais, qui ont progressivement contaminé leurs confrères londoniens. À l'instar de Stéphanie, alias Papillon, qui navigue dans les rues de la capitale britannique depuis 12 ans. « Quand on est coursier, c'est beaucoup plus adapté de rouler en fixie : les vélos sont plus légers, plus faciles à entretenir. » Et puis, il y a les sensations. « Pédaler constamment, être en cadence avec le mouvement de la circulation. C'est comme si on ne

faisait plus qu'un avec la machine », poursuit-elle, triomphale. Cette impression de fusion, relevée de jouissives poussées d'adrénaline (pas de freins, rappelons-le), devait forcément faire des émules.

Réaction en chaîne C'est ainsi que sont apparus, il y a quelques années, ceux que les messengers s'empressent d'appeler les fakengers. « Des faux coursiers », sans message à délivrer – qui transforment le fixie en pratique à la mode et l'assortissent de toute une panoplie tendance : du casque au sac en passant par les chaussures qui se


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Deux utilisateurs de fixies à Shoredich, un quartier branché dans l'est de Londres.

clipsent aux pédales. On est alors en 2006 et les trottoirs de la City deviennent le théâtre d'une guerre sans précédent. Les fakengers ouvrent les hostilités en s'immisçant dans le circuit fermé des coursiers, fréquentant les mêmes pubs, s'incrustant aux fameuses alleycats (courses à thèmes organisées par la profession) et aux Rollapaluza (courses de vitesse sur vélo fixé au sol). Entre flots d'insultes sur la voie publique et répliques cinglantes sur le net, les tensions montent d'un cran. Jusqu'à ce que, finalement, les coursiers old school mettent de l'eau dans leur bière.

Gonflés à bloc « On a toutes sortes de clients ici », confie Aidan, 23 ans, employé du Magasin 14. « La simplicité du vélo,

sa forme épurée attirent beaucoup. On peut choisir les pièces et créer son propre fixie pour moins de £1000. » Le sien, spécialement conçu pour le Bike Polo, traîne dans un coin. Aidan est devenu ces deux dernières années un joueur invétéré. Initié par quelques dizaines de fakengers nonchalants le dimanche après-midi sur une aire de jeux de Brick Lane, le Bike Polo compte désormais plusieurs ligues à Londres, des championnats d'Europe et du monde ! Et Aidan prend ça très au sérieux. Au point de nous fausser compagnie en pleine conversation pour un championnat à Karlsruhe. Tant pis, allons trinquer avec Papillon. Elle a fini sa journée et m'attend à la Foundry, le pub repaire des coursiers et des fixies... hard core. /


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Der Mensch-Maschine texte ¬ Murray Field photo ¬ D. Kovacic

Construisant sa matière avec les mêmes vingt disques depuis 10 ans, trois Kaos Pad, un sampler et une table de mixage, eRikm a redéfini l’art de la platine. Entre Klaus Schulze, Tangerine Dream et Richard Pinhas, il déploie une réelle attitude punk peu commune dans la sphère expérimentale. Depuis 1992, eRikm étend son terrain d’expérimentation artistique sur la scène internationale. Ses origines, entre travaux plastiques, visuels et musicaux (guitariste, il a longtemps pigé pour le trio indus culte Kill The Thrill), l’ont progressivement conduit à la composition puis aux platines. Très vite considéré comme un créatif des tables tournantes et des arts sonores, il traverse les sphères indépendantes comme institutionnelles ainsi que les territoires. Au fil du temps, collaborations et rencontres se multiplient : Luc Ferrari, Christian Marclay, Fennesz, Voice Crack (avec qui il forme poire_z), Akosh S, Mathilde Monnier, Bernard Stiegler, Michel Doneda, FM Einheit… Autant d’heureuses « co-incidences » qui marquent ❥

cette recherche de transmutation, ces jeux sur plusieurs plans. Modernité. Seul ou accompagné, l’Alsacien se déplace pour jouer ou conçoit des œuvres spécifiques, transversales, pour des espaces et des commandes (discographiques, radiophoniques, installations, vidéos...). Reprendre, réemployer, citer, annexer, couper, coller, insérer, détourner, recycler. Autant de modes opératoires propres au platinisme qui, en consistant à officier à partir de sons préenregistrés pour donner forme à une musique, procède à une redistribution des signes, s’insérant dans des pratiques de la modernité artistique. À l’invitation de Sonoris, son étiquette bordelaise, il est au CAPC. Immanquable. /

eRikm, Solo turntables Vendredi 12/03, CAPC musée d’art contemporain Renseignements 05 56 00 81 50 www.bordeaux.fr



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Le teuton

qui pointe texte ¬ Iron Cobra photo ¬ Jens Oellermann

La musique classique : l’apanage du troisième âge ruminant l’aprèsguerre dans un mouroir ? Peut-être. Cette radiographie vieux jeu de l’orchestre symphonique va par contre rendre l’âme sous peu grâce à la précieuse contribution de Mozart l’Opéra Rock ! Vous ne croyez pas ? Rien ne se perd tout se transforme, la vie est ainsi faite. Les « Viva Verdi » résonnaient en boucle dans le caveau funéraire de l’inconscient collectif jusqu’à ce qu’ils se réinventassent grâce à la musique abstraite de Muse. L’histoire omettra la conversion de ces derniers au Freddymercurisme depuis que Queen est devenu la sacro-sainte justification aux pétards mouillés que sont les entreprises de révolutions sonores. Trop souvent, le classique rock, assommant de technique instrumentale et d’envolées lyriques, s’apparente à la sobriété graphique d’un entêtement rococo aux prémices de la 3D. Heureusement, l’arbre généalogique de la musique amplifiée a étoffé son branchage ❥

GET WELLL SOON + MUSÉE MÉCANIQUE Mercredi 17 mars, 21h30, Espace Tatry. Renseignements www.allezlesfilles.com Vexations (City Slang / Cooperative Music)

depuis sa sortie de terre et offre aux pérégrinations baroques une alternative autre que ce ringard de Poséidon en « headbang » avec son trident. Baiser. Get Well Soon, sorte de musicothérapie élaborée par Konstantin Gropper, nourrit une nostalgie de l’enfance dénuée de tout passéisme. Incarnation de l’austérité exaltée à la Van Eyck, ses morceaux sont des perles émotives toute en retenue ; comme un baiser de Magritte. Aller de l’avant, une paire d’yeux dans le cou, la recette a depuis longtemps fait ses preuves. Quoi de plus de normal alors que de célébrer le mariage secret entre Wagner et Interpol ? « Tout devient possible » dirait un parti politique en trois lettres… /



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Reel around

the fountain texte ¬ Edgard Pike photo ¬ DR

Quartet londonien, formé en 2006, Noah And The Whale, deux albums dans la musette et une belle cote d’amour de part et d’autre de La Manche, vient distiller son spleen élégant en ville. Entre Belle & Sebastian, Nick Drake ou Fairport Convention, une des rares formations britanniques dignes d’intérêt. Sans malice aucune, on pourrait croire que ce groupe est abonné aux « malentendus »… Un premier succès, Five Years Times, classé tube de l’été, un deuxième album dont le titre masque mal la tonalité franchement automnale. Rien de surprenant si l’on prend soin de considérer les influences majeures (Bob Dylan, The Beach Boys, Buddy Holly) de Charlie Fink, chanteur, guitariste et compositeur. Ce bon goût est-il à l’origine de leur signature chez Mercury ? Toujours est-il que Peaceful, The World Lays Me Down a fait son petit effet dans le registre indie rock diaphane pourtant bien encombré. Nullement de pâles imitateurs, les gaillards peuvent en effet compter sur l’écriture racée de Fink, ❥

auteur de textes subtils évitant tout écueil emphatique. Heartbreak Hotel. Sauf que la vérité de 2008 n’est plus celle de 2009, puisque Fink et Laura Marling, alors chanteuse et petite amie, se sont séparés, réduisant le combo à un quatuor et laissant son ancien compagnon dans une insondable tristesse, prenant aussitôt pension au Heartbreak Hotel. Aussi, peut-on lire la genèse de The First Days of Spring comme une espèce de thérapie, hautement mélancolique, sur fond de rupture. D’ailleurs, l’album est sorti accompagné d’une version DVD avec un film racontant l’histoire d’un vieil homme contemplant avec amertume le déroulement de sa vie et rêvant d’en réécrire certaines pages. Autoportrait ?

NOAH AND THE WHALE + RICHARD JONES Mercredi 24 mars, 20h30, Rockschool Barbey. Renseignements www.rockschool-barbey.com The First Days of Spring (Cherry Tree/Cooperative Music)



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Light my fire texte ¬ Tiphaine Deraison photo ¬ Jessie Evans © Billy und Hells

Festival des étoiles montantes, Les Femmes s’en mêlent confirme avec sa 13e édition une programmation pointue et raffinée. Au menu de cette célébration du songwriting au féminin : Tender Forever, frenchy touche-à-tout electro-pop ; Men, furieux trio de J.D. Samson (ex-Le Tigre) qui fait transpirer chemises et platines ; et l’overdose de grâce de la fiévreuse Jessie Evans. De prestations underground en performances arty, Jessie Evans écume la scène depuis dix ans au sein de formations décapantes entre punk, garage-goth ou encore new-wave. Des Subtonix à The Vanishing, en passant par Autonervous, souvent au chant et au saxophone, la brunette traverse les décennies musicales, nourrie au sang des générations post-punk et no wave, dans la lignée de Kathleen Hanna, figure glamour et féministe de Bikini Kill puis du Tigre. À voir plus qu’à entendre, la néo-berlinoise se révèle, lors de ses apparitions fantomatiques, d’une furieuse sensualité. Ariba. Créature tombée du paradis dans les sombres ruelles d’un cabaret burles❥

que, elle ne s’est pas endormie sur ses lauriers, dessinant en solo une musique inclassable, perturbante d’extase chaotique sur des rythmiques exotiques. Les percussions tribales y sont pour quelque chose lorsque cette lady des « années folles » cherche à recréer la chaleur d’un paradis où chacun souhaiterait se réfugier. Is It Fire ?, enregistré dans une laverie mexicaine, dessine les contours d’une drôle de carte – electropop, dub et latin-jazz – où les notes d’un saxophone endiablé et sa charmante voix esquissent une hypnotique capture des émotions. Un baiser empoisonné dont même Fritz Lang et John Wayne ne se relèveraient pas. /

LES FEMMES S’EN MÊLENT : JESSIE EVANS + MEN + TENDER FOREVER Mercredi 24/03, 20h30, Espace Tatry Renseignements : 05 56 52 31 69 www.allezlesfilles.com



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Bella e cattiva texte ¬ Tiphaine Deraison photo ¬ Jessie Evans © Billy und Hells

Difficile de définir le genre musical de Naïf, artiste éclectique qui écrit en brassant subtilement italien, français et anglais, tout en mélangeant provocation, subversion et romantisme. Entre pop, funk et touches electro, ses chansons à l’univers poétique la rend totalement inclassable. Née fin 1981 dans la vallée d’Aoste, la jeune Christine Hérin apprend en autodidacte le piano, la guitare puis la basse. Très vite, elle commence à composer des chansons tout en se révélant une chanteuse à forte personnalité enthousiasmant le public à chacun de ses concerts. Accompagnée par de solides musiciens, elle a participé à de nombreux festivals italiens et européens. En 2006, elle est invitée à jouer sur scène avec Maceo Parker au Blue Note de Milan et, lors du Summer Festival de Lucca (2007), elle assure la première partie de Lauryn Hill. Une année qui lui porte chance puisque remarquée par Tommy Barbarella, sideman historique de Prince, elle enregistre quelques chansons dans les studios de Minnea❥

polis en compagnie de Michael Bland et Sonny Thompson du NPG. Just a gigolo. Auteur courtisée par ses homologues transalpins, elle a depuis ses débuts, en 2002, remporté de nombreux prix et figure parmi les 50 artistes choisis dans toute l’Italie pour participer aux sélections finales de San Remo Jeunes 2006 dans les studios de la RAI à Rome. L’an passé, elle a gagné le concours Musicultura pour le prix du meilleur artiste interprète « Live ». Avec Faites du bruit, enregistré avec de prestigieuses pointures (Marc Ribot, Greg Boyer, Dr Fink), elle aborde aussi bien la fable sociale contemporaine que la chanson d’amour et revisite à sa manière les standards (Just a gigolo). Mise en bouche le 24 mars dans Taratata.

NAÏF + LOS VAN VAN mercredi 31 mars, 20h, Espace Médoquine, Talence (33400) Faites du bruit (PIAS), le 22 mars.



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Resurrection

Shuffle texte ¬ Scatman Crothers photo ¬ DR

Auteur du classique soul circa 1973 (I Got) So Much Trouble in My Mind, Sir Joe Quarterman aurait du devenir l’un des chanteurs noirs les plus populaires de sa génération. Or, les aléas de l’industrie musicale lui ont brisé les ailes. Sa première tournée en France relève ni plus ni moins que du miracle. Originaire de Washington D.C, formé comme tant d’autres à l’école du gospel, Joe Quarterman obtient son surnom aristocratique de « Sir » alors qu’il est membre du groupe vocal The Knights au lycée ; un pseudo qu’il conservera toujours. Multipliant les expériences, il fonde Sir Joe & The Maidens au début des années 1960 avant de rejoindre en qualité de trompettiste El Corols. Orchestre pour semi-gloires, la formation n’a qu’un temps. Place ensuite, dans une veine jazz, au Orlando Smith Quintet en 1970, qui donne naissance à Free Soul, la future machine de guerre de cet émule de James Brown. Raw funk. La reconnaissance frappe enfin à sa porte puisque le premier titre – (I Got) So Much Trouble in My Mind – ❥

entre directement dans le classement R’n’B début 1973, augurant d’un futur glorieux, confirmé par les prometteurs I’m Gonna Get You, Thanks Dad ou This Girl of Mine (She’s Good to Me). Publié par le petit label GSF, Sir Joe Quarterman dégage toute la puissance d’un raw funk politique façon Godfather of Soul. Pourtant, alors que le chemin semblait tracé, la signature avec la prestigieuse maison Mercury ne se traduit que par deux singles avant rupture. Ruiné, le combo se dissout, Quarterman retourne à l’université achever ses études d’architecture. 37 ans après, accompagné par The Speedometer (Eddie Bo, Sharon Jones, Marva Whitney, Lee Fields), l’histoire pourrait basculer. /

SIR JOE QUARTERMAN & SPEEDOMETER + AFRODIZZ Jeudi 1/04, 20h30, Espace Tatry Renseignements www.allezlesfilles.com



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The Good Ol’ Boys texte ¬ Perry Winckle photo ¬ Stephanie Neal

Autoproclamés dans un bel élan, bravache et ironique à la fois, « Plus grand groupe de rock’n’roll au monde », The Supersuckers poursuivent depuis 1988, avec une belle application (dévotion ?), leur credo alcool, dope, sexe et satanisme. Comme une série B sans prétention, histoire de rire des clichés. Elle aurait pu avoir un destin digne de Giant Sand, mais bien qu’originaire de Tucson, Arizona, la bande d’Eddie Spaghetti a vite taillé la route pour Seattle, état de Washington, histoire de pouvoir frimer tous les jours en blouson de cuir et bottes Tony Lama. D’ailleurs, après avoir écumé les étiquettes underground (eMpTy, Sympathy for the Record Industry, Lucky), leur signature, en 1992, chez Sub Pop relevait presque du malentendu en pleine dictature grunge. Trop trash, trop rockabilly, trop punk, trop laidback… Une tendance qui, depuis l’augural The Smoke of Hell (habillé par le génial Daniel Clowes), n’a fait « qu’empirer », voyant le combo flirter ouvertement avec l’héritage country & western dès Must’ve ❥

SUPERSUCKERS + FLYING OVER Lundi 5/04, 20h30, Rockschool Barbey. Renseignements www.rockschool-barbey.com

Been High, embarquant en guise de caution le fier outlaw à nattes Willie Nelson. Cowpunk. À vrai dire, cette orientation au goût de cowpunk a scellé à jamais le sort du combo, qui de ce brouet, a priori indigeste, a su faire une réelle marque de fabrique lui attirant plus d’une sympathie et suscitant l’intérêt d’un public fidèle, provenant de toutes les chapelles. Public qui a rapidement compris que le port du stetson relevait non d’une posture redneck mais bien d’un jeu habile sur les codes. Juste un accessoire de music-hall à l’usage de professionnels roués, adorant plus que tout leur style de vie, déroulant avec le même plaisir leur savoir-faire, incarnant une haute idée du cool. /



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texte ¬ Giancarlo Gazzani photo ¬ DR

D’essence 1966 Matrice séminale et soixante du punk, The Sonics ont dépassé le cadre de la légende pour entrer dans l’histoire. Reprenant l’urgence rock’n’roll façon Sun Records, ils ont aussi bien enfanté The Stooges que Nirvana. Reformés pour la gloire, l’argent et le plaisir, ils ne comptent guère faire de la figuration. En 1964, à Tacoma, état de Washington, le terme « nuggets » ne désignait pas encore ces perles obscures à même de ravir les amateurs du binaire primitif. Pourtant, Gerry Roslie, Andy et Larry Parypa, Bob Bennett et Rob Lind – sous influences conjuguées Kingsmen, Wailers, Kinks – gravaient dès 1964 les tables de la loi garage : frénésie, hurlement, violence, amplis dans le rouge, saxophone strident, riffs minimalistes, orgue aigrelet. Un style qui ne tarde pas à faire école au-delà des frontières de Seattle, sur la foi de leurs intenses prestations et du mythique 45T The Witch. Le quintet entrait dans la carrière. Pour l’éternité. Sacrifice. En état de grâce durant deux ans et autant d’albums, Here are the Sonics puis Boom – l’une des pochettes les plus belles et donc des plus éternelles du genre –, le combo file à tombeau ouvert sur des chemins de traverse à peine défrichés, payant son tribut à Little Richard, Rufus Thomas, Chuck Berry tout en offrant en sacrifice une poignée d’hymnes définitifs (Psycho, Boss Hoss, Strychnine, Cinderella, He’s Waitin’). Dans un bel élan suicidaire, la lassitude et l’incompréhension désintègrent ces fils de Prométhée en 1968… Pouvait-il en être autrement ? « Too much too soon » chanteront leurs héritiers glam. Depuis 2007, ils célèbrent ironiquement leur grand retour. Drôle de vie. ❥

THE SONICS + INVITÉS Mercredi 7 avril, 20h30, Espace Tatry Renseignements www.allezlesfilles.com



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texte ¬ N.S.T.S photo ¬ sarah_cass

Fuck art, Let’s act ! « En entrant dans l’avion qui m’amènerait de Paris à Bordeaux, je savais que les choses allaient se compliquer. Après tout, j’étais revenue en France. Le personnel d’accueil salue chacun des passagers qui montent à bord sur le mode souriant du “Bonjour Madame ! Bienvenue Monsieur !” Quand mon tour arrive, l’hôtesse bredouille un “Bonjour M… euh… bienvenue à bord !” Pourquoi fallait-il absolument que je sois ce quelque chose qui est censé nous définir ? Parce ce que j’étais revenue en France. » À peine rentrée de Portland, Oregon, où l’ex-Bordelaise a élu domicile, il y a plus d’un an, Mélanie Valera comprend qu’elle va devoir s’y faire très rapidement. Au charme français. Celui des choses (trop) organisées. Celui des (trop) bonnes manières. Et celui des catégories (trop) nombreuses. Girls and boys* Adepte d’une pop music décomplexée qui ne fait pas de différence entre mainstream et les niches lo-fi / underground, l’artiste Tender Forever applique la même décontraction quand il s’agit de parler de genre sexuel. Après

tout, qui se moque réellement de savoir si tu es une fille ou un garçon, si tu fais du garage ou du rock’n’roll, si ton film est une comédie dramatique ou un drame comique ? Qui, à part les journalistes ? Qui, à part les Français ? En tout cas, personne à Portland (Oregon) ou Olympia (Washington), deux villes parmi lesquelles Mélanie a posé ses valises. Then if im’ weird i want to share** En ce qui me concerne, c’est la première artiste que j’ai rencontrée à m’avoir fait comprendre que quelque chose de différent se passait ailleurs. Elle était partie là-haut pour voir et elle était reve-


nue ici avec plein de noms de groupes excitants (Yacht, The Blow, The Scream Club), des envies de faire des échanges (l’excellent Bordeaux-Pacific Northwest Friendship Alliance avec Calvin Johnson en 2005) et des idées neuves à faire partager à tous les Bordelais assez curieux (L’Assonnette, Total Heaven, El Inca, Squeeze Me I Squeak, Iceberg…). The queerest of the queer*** La force de la théorie queer, c’est qu’on ❥

Tender Forever, So Snare (K Records / Vicious Circle), sortie le 8 mars. En tournée française jusqu’au 14 mercredi avril.

peut l’étendre à d’autres aspect de la vie sociale et culturelle : être queer, c’est refuser la norme, les cases, les classements et préférer la neutralité à tout prix. L’autre (spectateur, auditeur, amant) peut coller une étiquette s’il le souhaite… Ou faire comme dans le Pacific Northwest ! * Blur, Girls and Boys (1994). ** Tender Forever, The Soft And The Hardcore (2006). *** Garbage, Queer (1995). Teresa de Lauretis, Queer Theory : Lesbian and Gay Sexualities (1991).


mode |

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Anaelle : Robe Shyde (chez E2M@), Emeline :Chemise Sophie, Jeans et ceinture Golden Goose Deluxe Brand (GGBD) Charlotte : Pull Superdry, Ceinture Karen Millen


Photographe ¬ Nicolas Fleuré // Stylisme ¬ Nicolas Fleuré et Emmanuel Delpiroux // Maquillage ¬ Charlotte Descouens Coiffure ¬ Rémi Fournier // Modèles ¬ Anne-Sophie, Emeline, Anaëlle, Charlotte et Margaux

Dressing project


AnaĂŤlle : Combinaison Franklin & Marshall


Charlotte : Pull Superdry, Ceinture Karen Millen, Collants New Look


Charlotte : Débardeur Blend She, Salopette en jeans Notify (à l’Atelier)


AnaĂŤlle : Robe Shyde (E2M@), Collants Dim


Anne-Sophie : Cardigan Hurley, Jeans Bershka, Collants Dim, Escarpins Zara


Émeline : Robe Gestuz (chez Lili Léone)


Anne-Sophie : Veste Kulte (Corezone), Chemise Superdry, Jean Carhartt, Talons Zara


Margaux : Doudoune et short Hurley, Collants American Apparel


Univers Technologique sélection ¬ Benjamin Cordazzo

Maousse costaud Retour en force de Sony Ericsson au dernier Mobile World Congress de Barcelone. Il aura fallu du temps (et beaucoup d'argent perdu) à la marque pour laisser de côté la plateforme vieillissante Symbian et présenter 3 modèles tournant sous Android. Le XPeria 10, le grand frère à l'écran de 4» et l'APN de 8Mpx, le XPeria mini et le XPeria Mini Pro, équipé lui d'un clavier coulissant. Une proposition inédite puisque les smartphones grand format ont la côte, à en oublier presque tous les utilisateurs qui ne veulent pas se retrouver avec un écran géant dans leur poche. Petit oui, mais ultra complet. Toutes les fonctionnalités d'Android ont été redessinées à l'occasion par le constructeur de mobile. WiFi, GPS, appareil photo numérique de 5Mpx, tout est bien là pour faire du XPeria une référence. 600€ (sans engagement chez un opérateur) - www.sonyericsson.com

Télex

Après l’électricité, voilà que Google veut devenir fournisseur d’accès en se lançant dans la fibre optique. // Walter Frederick Morrison l’inventeur du frisbee nous a quitté à l’âge de 90 ans. // Le Dalaï Lama est enfin sur twitter. // Sentant le trouble dans la Force, 12 opérateurs mobile se sont réunis pour créer l’Open Handset Alliance, visant à contrer le store le plus rentable de l’ère numérique, l’ITMS d’Apple.


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Petit œil Rétrovision À l'heure de l'extra-fin, de l'extra-HD, de l'extra-convergence et de la 3D, LG sort un téléviseur complètement anachronique, aussi bien dans son design que dans sa technologie cathodique : le série 1. Si son format 4:3 ne vous remet pas tout de suite dans le bain de la RTF, vous pouvez à loisir sélectionner un mode d'affichage couleur, noir et blanc ou sépia.

Après Flip, Kodak, Sony et Hewlett Packard, Samsung vient de présenter son nouveau mini-caméscope HMX. Il propose un zoom optique 3x, un port HDMI en plus de son port USB, la capture d'image en 10 mégapixels et bien évidemment la video 720p pour vos uploads sur YouTube, Vimeo, etc. 250€

215$

Télex

Vous trouverez sur eBay la marche cassée de l’escalier de verre d’un Apple Store, avoisinant 2500$. Pour fans uniquement… // Malgré l’arrivée du nouveau service Buzz de Google, on a pu enregistrer une augmentation exponentielle de tweets en 2010. Plus de 50 millions. // Photoshop a 20 ans. // Le numéro 2 de Nokia a confessé que le tout dernier smartphone de la marque, le N97, n’est de toute évidence pas à la hauteur.


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Boogie Boogie

Azerty

Annulez tout de suite la pré-commande de votre iPad et craquez pour le Boogie Board. Il n'a pas le WiFi, ni de GPS, ni de store online et pas l'ombre d'un APN. Pourtant, c'est notre tablette chouchou du mois. Il s'agit tout bonnement d'une ardoise équipée d'un écran LCD et d'une pile de montre utilisée uniquement pour effacer ce que vous y aurez préalablement noté ou dessiné. À bas le papier, vive les arbres !

Contre toute attente, 2010 voit l'émergence de petits claviers sans fil. Celui de Lenovo est un modèle très pratique avec sa souris/trackball, léger et particulièrement bien fini. 64$ - usb.brando.com

21€ - www.myboogieboard.com

Cache cache Pour ceux qui refusent de défigurer leur bureau orné d'un iMac avec tous ces périphériques tellement disgracieux. Seulement pour iMac ou écrans Apple. 29$ - www.twelvesouth.com

Télex

Josh and Ting Li ont préféré à l’église un temple d’une autre ère, un Apple Store, pour célébrer leur mariage. // Le jour des 55 ans du grand gourou Steve Jobs, l’iTune Music Store a vendu son 10 milliardième morceau de musique. // Madame Hadopi, Christine Albanel, qui protège son ordinateur avec l’anti-virus Open Office, a rejoint le groupe France Telecom. Les Livebox n’ont qu’à bien se tenir.



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La punaise texte ¬ Marc Bertin Illustration ¬ Caroline Sury

Jusqu’au 20 mars, la galerie de La Mauvaise Réputation accueille une sélection des travaux de Caroline Sury. Illustratrice foncièrement rock’n’roll, diplômée de l’école des Beaux-Arts de Bordeaux avant installation marseillaise à la Friche de mai, elle poursuit ses noires et perverses obsessions. Avec sa chevelure blanche, ses bonnes joues et son sourire de petite fille, elle ressemble désormais à Emmylou Harris. Les vétérans se souviennent de sa silhouette furibarde du temps de RWA deuxième époque ; certainement la meilleure. À l’orée des années 1990, non seulement elle terrorisait le milieu musical, mais, en outre, ses premiers dessins, oscillant entre influences expressionnistes et art brut, commençaient à fleurir en ville. Et déjà l’affirmation d’un style foncièrement autobiographique, anticipant le courant du roman graphique, au crayonné faussement naïf voire enfantin. Sérigraphie. Responsable avec son compagnon Pakito Bolino des éditions Le Dernier Cri, elle redonne un souffle ❥

particulier à la sérigraphie à tirage limité, façonnant ainsi une œuvre foisonnante où la notion d’underground se conjugue en mode artisanal. Une belle indépendance qui ne l’empêche pas de publier pour le compte de L’Association ou de Ferraille. Habitée depuis toujours par une certaine représentation de la femme dont elle sublime comme Courbet l’origine du monde, elle porte sur le sexe un regard troublant si ce n’est troublé, magnifiant les poses masturbatoires, les regards extatiques et les coiffures de Gorgones. Récemment versée dans le découpage, elle donne vie à d’étranges figures « ornementales », fascinants monochromes aux motifs inépuisables. Toutefois, le dérangement est toujours à l’œuvre. /

CAROLINE SURY Jusqu’au samedi 20 mars, La Mauvaise Réputation Renseignements 05 56 79 73 54 www.lamauvaisereputation.net



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L’autre cinéma texte ¬ Cécile Broqua & Cyril Vergès Illustration ¬ Captation du film North

Marie Canet, jeune commissaire indépendante, fait son cinéma chez Cortex Athletico où elle programme, sous le titre China Girl, des films indépendants et rarement montrés. Jusqu’au 7 avril, North de l’Américain Jerome Kevin Everson est projeté dans une salle située au fond de la galerie, comme un écran alternatif. « Mes films mélangent des éléments scénarisés et documentaires à travers une exploration formelle. Mon travail s’appuie sur le sens du lieu et des recherches historiques. La répétition des gestes et des tâches générées par les conditions de vie des Africains-Américains issus de la classe populaire ou d’autres individus d’origine africaine constituent le sujet principal de mes films. J’aime observer comment la gestuelle du travail peut être considérée comme une gestuelle artistique, comment la répétition du geste devient savoir-faire. Il s’agit de capter le rythme ou le mouvement des choses comme je pourrais le faire chez un musicien ou un danseur. Le réalisme standard ❥

KEVIN JEROME EVERSON, NORTH Jusqu’au mardi 7 avril. Renseignements www.cortexathletico.com

ne m’intéresse pas. Je préfère utiliser des stratégies qui résument certaines actions du quotidien dans des postures théâtrales. Des gens réels exécutent des scénarios fictifs basés sur leur propre vie où s’entremêlent des observations historiques et des récits contemporains. » Histoire. Kevin Jerome Everson est né en 1965 à Mansfield, dans l’Ohio. Depuis les années 1980, il a réalisé un peu plus de cinquante petits films et trois longs. À partir de remises en scène et d’archives télévisuelles, il réécrit son histoire américaine, en particulier de sa ville natale et de celle où il vit désormais, Charlottesville, en Virgine.



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L’autre cinéma texte ¬ Cécile Broqua & Cyril Vergès Illustration ¬ Damien Bastieu

Du 12 mars au 30 avril, Damien Bestieu investit la galerie Tinbox avec Waterboarding. L’exposition montre un ensemble principalement composé de peintures à l’huile dans une veine figurative, offrant des univers de genre, comme au cinéma, où le décor occupe un rôle déterminant dans la composition et la fabrique des récits. Damien Bestieu écrit, « ma peinture est une image fixe souvent issue d’une séquence vidéo telle un temps suspendu, une amorce à l’imaginaire, au souvenir, au voyage de chacun. Mes tableaux sont des plages, des espaces de projection dans la confusion du réel, ce sont des espaces vacants simples dont le développement est soumis à l’imaginaire du spectateur vers ses propres choix interprétatifs ». L’artiste travaille sur des grands formats comme en témoignent les quatre tableaux réalisés en 2009 issus de la série intitulée Cyanines. Dramaturgie. L’un d’eux, Sans titre (2009, 190 x 150 cm) donne à voir en plongée une fillette nageant la brasse ❥

DAMIEN BESTIEU, WATERBOARDING Du vendredi 12 mars au vendredi 30 avril. Renseignements www.galerie-tinbox.com

dans une piscine, vêtue d’une culotte blanche. Elle semble se rapprocher du bord. La nuit est tombée. L’eau ondule à la surface. Un éclairage la rehausse par endroits de touches turquoise. La dimension de l’œuvre, la densité des couleurs, le traitement de la lumière, le sujet à la fois simple et anachronique – que fait une fillette la nuit dans une piscine ? – confèrent à l’œuvre une dramaturgie, une dimension fictionnelle très forte et cinématographique évidente. Le travail du plasticien enveloppe et absorbe le regard à travers un savoir-faire qui réside en partie dans la mise en place évanescente d’une atmosphère tour à tour poétique, inquiétante et théâtrale.



agenda Philippe Croq

QUI ÊTES-VOUS ? Philippe Croq mène une recherche formelle où les couleurs pastel et les dessins légers évoquant des croquis interrogent le corps en morceaux, en souffrance. À la surface de la toile, les silhouettes apparaissent déchirées, fragmentées. Elles constituent le motif récurrent dans son œuvre et la trame principale d’un récit tourmenté en partie autobiographique. Le peintre aime les grands formats, il se laisse « aveugler », son champ de vision se confond avec la surface peinte. Sa peinture est pour lui une quête, il a « viscéralement besoin de se trouver, de savoir qui il est ». Philippe Croq, Faute de soleil Jusqu’au 27 mars www.galeriedx.com

« L’ENFER, C’EST TOUJOURS LES PEINTRES ! » Ils sont vingt-quatre. Ils sont jeunes. Ils sont artistes. Ils constituent l’école anonyme bordelaise que défend à lui tout seul l’artiste et galeriste Xavier Ferrère. Ils sont réunis à l’occasion d’une exposition de groupe à l’École Nationale de la Magistrature. Une cinquantaine de pièces y sont montrées accrochées sur une structure métallique installée dans la salle des pas perdus. « Une peinture évocatrice d’un écosystème prolifique où l’ennui

www.peravgallery.com

et la rage de l’existence s’éclaboussent en poésie plastique (…) ». La scène picturale bordelaise en attente de jugement… Du 12 mars au 15 avril www.peravgallery.com

ALLER PLUS HAUT Cyriaque Moniez et Matthieu Caussé investissent l’espace de la galerie À suivre… avec Soyez sportif ! Le couple de plasticiens tente de déjouer les impératifs et les injonctions de mobilité généralisés de nos sociétés modernes, « il n’y a plus d’impératifs éthiques de type moderne qui ne soient pas en même temps des impulsions cinétiques. (…) La cinétique est l’esthétique de la modernité ». Sur un mode plutôt ironique, les œuvres revisitent l’univers du sport et la figure du champion qui incarne cette culture de la performance. Cyriaque Moniez et Matthieu Caussé, Soyez sportif ! Du 12 mars au 24 avril www.asuivre.fr

ASPHALTES Des grands espaces de montagne aux interstices urbains, des détails organiques aux matériaux pratiques, le travail de Sébastien Vonier s’inscrit dans une relation étroite avec le paysage.


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Cyriaque Moniez et Matthieu Caussé

Sébastien Vonier

Parfois monumental, parfois brutal, romantique et austère, il relève autant de la sobriété du minimalisme que de la répartition chaotique du chantier et s’organise en familles de pièces au déploiement possible quasiment infini. Matériaux bruts, prélevés et rejoués comme des pièces archéologiques, formes construites avec précision qui miment le dessin d’un objet existant. Sébastien Vonier, Préfabriqué Du 12 mars au 24 avril www.galerieacdc.com

SÉDITION Johann Milh expose au CAPC sept peintures récentes, montrées dans le cadre de la programmation 44°50’54N/0°34’19W. Au sein d’une architecture moderne faîte de verticales et d’horizontales, de béton coloré, de verre et d’acier, un jeune garçon occupe le premier plan des œuvres. Dans une posture qui exprime la tension, le personnage semble hurler sa colère. Il s’agit de la réaction d’un skater donné à voir après la tentative ratée d’une figure. Le skate a disparu de la surface de la toile. Les images de Milh semblent dessiner une parabole sur l’expression de la révolte. Johann Milh, Public Domain Jusqu’au 18 avril www.mairie-bordeaux.fr

Johann Milh

Christian Boltanski

HORS DU TEMPS L’œuvre de Christian Boltanski, L’inventaire des objets ayant appartenu à la jeune fille de Bordeaux 1973 – 1990, sert de point de départ à l’exposition intitulée CAPC ou la vie saisie par l’art, dont le commissariat a été confié à Aurélie Voltz. À travers une scénographie inspirée de celle du musée des arts et traditions populaires, les œuvres (du CAPC, du Frac Aquitaine et d’artistes invités) sont rassemblées par thèmes (la vie, la religion, les portraits, le théâtre…) au-delà des médiums et des courants. CAPC ou la vie saisie par l’art Jusqu’au 22 août www.mairie-bordeaux.fr

DESSINER LA VILLE L’ensap Bordeaux et l’École Technique Supérieure d’Architecture de Saint-Sébastien s’associent autour du thème « projet urbain et architectural ». L’exposition présente au 308 des travaux d’étudiants. Ces exercices leur ont permis d’aborder la question de projet sur un territoire qui leur est propre et sur un territoire à l’étranger. Dans les deux cas, cette réflexion a porté sur la fabrication d’un « morceau de ville », s’intéressant à la fois à l’échelle du projet urbain et à l’échelle du projet architectural. Habiter en ville Jusqu’au 26 mars www.ma-lereseau.org


théâtre

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Souffle d’ailleurs texte ¬ Tiphaine Deraison photos ¬ Concert d’un homme décousu © Antoine Tempé

Du 22 au 27 mars, Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso est à l’honneur à l’occasion du festival OuagaSession, où se mêlent danse, cinéma, peinture et littérature. Au « Pays des hommes intègres », la culture, la scène et même le journalisme occupent une place de choix. Durant une semaine, une espèce d’instantané de la création africaine contemporaine et une bouffée d’humanité prennent d’assaut les planches. Et comme on dit là-bas : « À tout moment ! » Inauguré en 2006, à l’initiative de Salia Sanou et de Seydou Boro, le Centre de développement Chorégraphique de la Termitière est devenu depuis un lieu de création incontournable en Afrique de l’Ouest, véritable vivier de talents, toujours en prise avec la vie locale, accueillant des chorégraphes africains ou d’ailleurs. Soit un geste « gargantuesque » eu égard à la modestie des budgets dédiés à la question culturelle, qui est loin d’être une spécificité propre au Burkina Faso. Véritable hommage au dynamisme culturel de la ville, OuagaSession se déploie entre Saint-Médarden-Jalles, Blanquefort et Artigue-prèsBordeaux tout en se conjuguant avec la 5e édition de la biennale de littérature des pays d’Afrique Noire, organisée par l’Agence de médiation des pays du

Sahel, qui assure la présence, notamment, d’auteurs guinéens. Afro-beat. Bien en vue avec pas moins de 3 spectacles sur 5, la compagnie Salia nï Seydou, créée il y a 15 ans, a su profondément renouveler la danse africaine. À l’image de l’ambitieux Poussières de sang, où sept danseurs, une chanteuse et quatre musiciens proposent une mise en scène éprouvante sur les souffrances humaines. Lorsque le paisible s’échappe, la tempête dérobe toutes les certitudes pour ne laisser que morceaux de vie à rassembler. Sans un mot, les corps démontrent les états de l’être en tension extrême. Concert d’un homme décousu est une grisante invitation à pénétrer dans un « maquis », un de ces bars populaires dont la musique attire depuis la rue, >



Dambë © Antoine Tempé


pour tirer de ce dynamisme une partition pour un soliste et cinq musiciens. Fado, salsa, flamenco, afro-beat (la figure mythique de Fela Kuti est clairement citée) s’y entrechoquent à l’image de chaque être, décousu à sa manière... La tradition frôle le contemporain et (re)découvre avec Dambë le rythme d’une nature au plus près de sa force, de sa violence comme de sa beauté, à laquelle s’ajoute la voix gospel et jazzy de Maaté Keita. Plus qu’une pièce, un solo tentant une nouvelle approche du plateau. Porte secrète vers les entrailles de l’intime universel, largement autobiographique, cette introspection se revendique aussi comme un hommage sincère de Salia Sanou à tout un continent. Loufoque. C’est dans un lieu à la géographie fantaisiste que la compagnie O.P.U.S (Office des Phabricants d’Univers Singuliers) guide les yeux et les oreilles forcément curieux, secondé par le comédien Athanasé Kabré. Griot du village de Kokologo, ce dernier présente avec conviction et un bel enthousiasme la collection pleine d’inventions insolites et autres objets incongrus du musée de Bombana (« bizarrerie » en langue mooré). Absurdes et décalés, certes, ces curiosités sont surtout l’ex❥

pression d’un quotidien où débrouillardise et système D règnent en maîtres. L’Afrique d’aujourd’hui et celle de demain se cache derrière chacune d’elle. Tout à la fois imaginaire et image d’une inventivité humaine inattendue, sommée de surmonter les impasses du quotidien, cette œuvre loufoque dévoile une belle ingéniosité entre trésors, héritage pittoresque et patrimoine culturel. Un observatoire des transformations artistiques où le (malin) plaisir est de débusquer le possible de l’impossible et d’en dévoiler les richesses cachées un autre regard sur l’Afrique. Enfin, on ne saurait trop dissuader de faire l’impasse sur le travail de Koanda Sahab, un artiste pas comme les autres, qui, pour réaliser ses œuvres, fait d’abord… les poubelles ! C’est avec ces matériaux hétéroclites constitués d’un maximum de vieilles ferrailles qu’il confectionne ses sculptures. « Le prince des poubelles » devrait sensibiliser chacun à une autre façon de consommer. Tout aussi immanquable, la journée menée par l’association Les Amis de Boala recréera en musique le quotidien burkinabé avec au menu : saveurs et épices dont le sirop sucré de fleur Bissap. L’invitation au voyage passe toujours par la table… /

OUAGASESSION Du lundi vendredi 27/03, 8/20€ Poussières de sang, mardi 23/03, 20h30 Le Carré, Saint-Médard-en-Jalles (33165). Tourments noirs, mercredi 24/03, 20h30, Le Carré, Saint-Médard-en-Jalles (33165). Dambë, jeudi 25/03, 20h30, CDC-Le Cuvier, Artigues-près-Bordeaux (33370). Concert d’un homme décousu, vendredi 26/03, 20h30, Les Colonnes, Blanquefort (33290). Le musée de Bombana de Kokologo, du mardi 23/03 au vendredi 26/03, 19h, sauf le 24/03 à 17h et 19h, et le 25/03 à 19h et 21h, Salle Fongravey, Blanquefort (33290). Renseignements 05 57 93 18 93 www.lecarré-lescolonnes.fr


théâtre

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En vers et

contre toutes texte ¬ Gautier Blondel photos ¬ DR

Trois siècles de cadavres exquis plus tard que reste t-il ? Un désaveu partiel et un cruel manque de reconnaissance. L'harmonie du phrasé se marginalise et la démagogie tire les grosses ficelles de la sensiblerie. Est-il utile d'opposer Renan Luce et Beaudelaire, si ce n'est pour contempler la charogne des voisines à l'heure où blanchit la campagne. Le thème « Couleur Femme » sous la houlette de Dominique Blanc ça ne s'invente pas ; ni même un festival de poésie à propos du beau sexe s'étalant jusqu'au début de la saison des amours. Le message est simple : ras le bol de Frank Michael, Titien, l'industrie du X et autres viviers du culte de la potiche, car bien conscientes que le plateau de fromage se consommera mieux avec une paire de miches sur le côté de la table, les sirènes du vers sont bien décidées à retirer à la croisière sa muse. Manifestation nationale, chaque ville d'accueil rajoute sa couleur locale à la palette féminine. Paris bien évidemment inaugure en grande pompe en présence de sa marraine et l'extravagante Brigitte Fontaine. D'ailleurs les zazous y sont peut-être pour quelque chose car cette année l'accent sera mis

sur l'œuvre de la grand-mère du garçon coiffeur à la consonne : Andrée Chedid. Matriarche d'une lignée d'artistes, son œuvre accrédite le postulat que les femmes ont également leur place au sein de la création. Bordeaux quant à elle abritera le noble art au théâtre des Tafurs, sous la bannière de « Demandez l'impossible » et joue les prolongations jusqu'au 2 avril. Très impliqué dans la survivance de la poésie à notre époque, il inscrit tout naturellement le festival dans sa programmation, aussi concluons en vers : Feue mère des arts et ami de la musique / Le champ lexical s'abreuve des notes d'un orgue hydraulique / L'époque est à une autre voix et je lance un slam / J'ai laissé la rime pour un grand boiteux qui parle en Jazz / Pardon. /


Le Printemps des poètes Du 8 au 21 mars au Théâtre des Tafurs Renseignements 09 51 22 44 29 www.theatredestafurs.com


théâtre

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Visions de la

solitude texte ¬ Tiphaine Deraison photos ¬ Herman sorgeloos

Après avoir passé au crible l’univers familial avec la trilogie Le Salon, Le Jardin, Le Sous-sol, la compagnie flamande Peeping Tom revient enrichie de nouveaux talents ainsi que d’une double dose d’audace au 32, rue Vanderbranden. Pour mieux s’inviter dans les entrelacs du cerveau humain. À la croisée des arts de la scène, la troupe est né de la rencontre d’un duo de jeunes chorégraphes - Gabriela Carrizo et Franck Chartier - ayant croisé la route d’Alain Platel, le fondateur, à Gand en 1984, des mythiques Ballets C de la B. Depuis une dizaine d’années, leur travail se situe entre danse et théâtre, trivial et mystérieux. Certes, il y a un cadre narratif, fortement déterminé par des décors à la fois réalistes et grotesques, mais les scènes disparates sont véhiculées soit par le théâtre, la danse ou la musique voire un mélange des trois. Dès lors, tracer une frontière entre le comportement humain « normal » et « anormal » se révèle impossible. Destin. Pour sa nouvelle création, le tandem a décidé de se concentrer sur ❥

l’individu et sa solitude dans la société, en s’inspirant très librement de La Ballade de Narayama de Shohei Imamura, Palme d’or au festival de Cannes en 1983. Un thème presque banal si le traitement de Peeping Tom n’assurait un point de vue unique sur l’affaire, un sens théâtral audacieux et une gestuelle tout aussi risquée. Servi par la mezzo-soprano Eurudike De Beul, une contorsionniste hollandaise et six danseurs, le mélange se révèle insolite mais somme toute assez fidèle de notre monde contemporain. Sur des compositions de Stravinsky et de Bach, ils interprètent « une danse de sensation ». Du spectaculaire, de l’acrobatique, de la puissance comme pour échapper au destin. Et aussi beaucoup d’émotion. /

32 RUE VANDERBRANDEN Vendredi 2 avril, Le Carré, Saint-Médard-En-Jalles (33165). Renseignements 05 57 93 18 93 www.lecarre-lescolonnes.fr



agenda Ondine © DR

La géographie du danger © HassanRazak

MORT D’UN COMMIS VOYAGEUR

LE ROI SE MEURT

Du 10 au 27/03 MeS : Dominique Pitoiset

Du 12 au 28/03 MeS : Axel Joucla

Grand succès d’Arthur Miller, récompensé de trois prix dont le prestigieux Pulitzer, cette pièce précéda Les Sorcières de Salem jouée à Broadway. Willy Loman, représentant de commerce et père absent, sillonne les routes et voit peu à peu son rêve de prospérité s’évaporer. Rétrogradé à la commission tel un débutant, Willy, et ses idéaux libéraux, s’enfonce vers une chute inexorable.

Un royaume et roi sont en déclin… Face à la mort que peuvent couronne, sceptre et reines ? La salle du trône tombe en ruine et le roi face à la réalité de la maladie réfute l’inévitable. « Je mourrai quand je voudrai, je suis le roi, c’est moi qui décide. » La peur de la mort questionne le pouvoir et la société au travers d’un classique du théâtre contemporain signé Ionesco.

20h30, sauf les mercredis et jeudis à 19h30, TnBA-Salle Vitez 10/25€, 05 56 33 36 80

ONDINE 12/03 Cie Eugénie Andrin L’œuvre de Jean Giraudoux revisitée par cinq danseurs repérés au festival « Avignon off 2009 ». Rien ne s’y prêtait mieux qu’une création aux limites des ballets romantiques et classiques pour sublimer ce conte moderne et fantastique. Charmante, l’histoire baigne dans le surnaturel de ces créatures aquatiques voulant entrevoir la lumière du jour sur un sol terrestre hostile à l’inconnu. 20h30, L’Entrepôt, Le Haillan (33185) 11/18€, 05 56 97 82 82

21h, sauf le 28/02, à 15h, Théâtre La Pergola 10/18€, 05 56 02 62 04

LA GÉOGRAPHIE DU DANGER Du 16 au 27/03 Cie Hors Série L’identité quand on est exilé de son pays, turc, kurde ou chilien… Peu importe. Tous traversent les continents, laissant au loin leurs familles, parcourent des kilomètres de terreur pour la « terre promise » occidentale. Un paradis devenant enfer pour ces clandestins. Hamid Ben Mahi s’approprie le texte de Hamid Skif et met à l’épreuve de l’enfermement son corps dans une danse hip hop explosive d’engagement du corps et de l’esprit. 20h, TnBA-Studio de création 10/25€, 05 56 33 36 80


PPP © DR

Voyageurs Immobiles © Marc Ginot

P.P.P (Position Parallèle au Plancher) 16/03 Cie Non Nova/Philippe Ménard Un nouveau défi pour l’art de la piste : jongler avec la glace et ses états, une matière en constante transformation, maîtresse du danseur, glissante, brûlante et indomptable. Soit un parcours semé d’obstacles où les brûlures de l’intime viennent briser la glace du secret dans une valse passionnée où l’émotion surgit à la frontière des genres. 20h30, Le Carré, Saint-Médard-en-Jalles (33165) 11/15€, 05 57 93 18 93

VOYAGEURS IMMOBILES 19/03 MeS : Philippe Genty Lewis Caroll, son imagination éblouissante et fantasmagorique, se retrouvent dans ce spectacle hybride où les genres se marient, de la danse à la sculpture en passant par le mime. Une construction flottante de rêveries où le metteur en scène prend l’habit d’illusionniste. Des marionnettes qui donnent vie aux comédiens, le matériel s’achète une âme ; celle de nos folies intérieures et du « tout est possible ». 20h30, Ermitage-Compostelle, Le Bouscat (33490) 15/20€, 05 57 22 26 66

Soirée Flamenco © Marc Ginot

Dambë © Antoine Tampé

SOIRÉE FLAMENCO 19 et 20/03 Pascual Gallo et Salvador Paterna Une rencontre historique, musicale et scénique autour du traditionnel flamenco espagnol aux racines de son métissage arabe. Deux musiciens pour un hommage à Paco de Lucia, chanteur à la « technicité imparable » qui a dédié son dernier album à sa fille Emma. Le spectacle du 20/03 développera des thèmes du patrimoine flamenco avec la participation de la danseuse La Luna. 20h30, Théâtre du Pont Tournant 12/20€, 05 56 11 06 11

DAMBË 25/03 Cie Salia nï Seydou Création 2009 du CDC de Ouagadougou. Salia Sanou et Seydou Boro s’engagent dans une œuvre introspective, artistique et personnelle, aux essences africaines. Décor minimal mais instruments traditionnels, gestuelle et chorégraphie mais voix balançant entre mélodie et complainte, ce spectacle invite au voyage identitaire avec humilité. Le corps du danseur lutte et se révèle, gardien de la transmission des arts et valeurs ancestrales. 20h30, Le Cuvier, Artigues-près-Bordeaux (33370) 10/16€, 05 57 54 10 40

théâtre

& danse |

95


agenda Radeaux © DR

Boomerang © BMPalazon

RADEAUX

BISON RAVI

30/03 Cie l’Œil du Tigre

8 au 24/04 Cie La Moisson

Christian Siméon et Jean-Marie Lejude lient les siècles et les hommes dans cet opéra inspiré de la célèbre toile Le Radeau de la Méduse de Géricault. Entre les réfugiés d’hier et d’aujourd’hui, s’échouant avec leurs bagages de misères et de malheurs, la symbolique ne change pas : celle de ces souffrances communes et hors du temps. La scène recueille ces « naufragés de la peur » par un chant lyrique épousant une musique électro-acoustique.

Cabaret en chanson orchestré par la compagnie girondine en hommage à l’écrivain, chanteur, jazzman et artiste iconoclaste : Boris Vian. Une sensibilité dissimulée dans un langage fantaisiste dont s’inspirent Olivia Lancelot et Christophe Bach. Alliant burlesque et théâtralité aux guitares acoustiques et électriques, le duo remue les travers d’aujourd’hui et cache les larmes à grandes doses de rire, de tendresse et d’humour noir !

20h45, Théâtre des Quatre Saisons, Gradignan (33170) 7/22€, 05 56 89 03 23

BOOMERANG

21h, La Boîte à Jouer, salle 2 12€, 05 56 50 37 37

IN VIVO & TOI ET MOI ET MOI ET TOI

1/04 Théâtre du Voile déchiré

9/04 Compagnie S’Poart

L’homme moderne cherche sa liberté durant les âges et parmi les environnements, il est au cœur d’une évolution naturelle que décryptent ces cinq tableaux de danse urbaine. Un hip hop à la mise en scène classique expérimenté dans Pas de quartier en 2007. La chorégraphie, issue du Bruk up, danse des quartiers populaires jamaïcains, est travaillée par neuf danseurs acrobates.

Formation professionnelle de danseurs passionnés de hip hop et attirés par la scène, cette compagnie travaille au fil des rencontres avec des artistes de cirque, de théâtre ou des musiciens. Le tout forme une identité singulière avec deux réalisations s’inscrivant dans un univers burlesque et poétique. Une recherche légère des richesses individuelle l’être.

20h30, Le Pin Galant, Mérignac (33700) 15/22€, 05 56 97 82 82

20h30, L’Entrepôt, Le Haillan (33185) 13/20€, 05 56 97 82 82



chroniques |

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¡ No pintamos nada ! texte ¬ Porfirio Rubirosa photo ¬ DR

Premier roman de Nicolas Espitalier, plume sportive du journal Sud Ouest distinguée et récompensée (un prix de la fondation Varenne en 2007), Salamanque, œuvre en mode polyphonique, est un éloge mélancolique, très souvent nocturne, de la jeunesse dans le labyrinthe ocre de la vénérable cité castillane. On pourrait sans trop se tromper déceler ici une espèce de portrait en creux de l’auteur qui, une fois ses humanités accomplies, a séjourné en Espagne. On pourrait tout aussi bien lire un chant quelque peu nostalgique d’un trentenaire à l’heure des premiers bilans. Néanmoins, il n’est pas interdit de se plonger, comme on s’enivre, sans retenue et avec gourmandise, dans cette histoire chorale parfumée à la pression et aux pintxos. Soit le parcours de Guillaume/ Guillermo, petit « franchute » négligeant peu à peu ses études au profit d’une belle gloire dans le monde de la nuit. Autour de lui, dans les arcanes de la ville universitaire aux huit siècles, une poignée de destins se croisent : Demetrios, ❥

SALAMANQUE Nicolas Espitalier Éditions confluences

Ulysse immobile, Camacho, limonadier vénal, Svend, statisticien obsessionnel de sa propre existence et Susana, rebelle suicidaire à fleur de peau. Initiation. Des vies aimantées par la même force irrésistible : cette tentation hédoniste propre à la prime jeunesse. Les lois de l’attraction en version espagnole, où tous les verbes se conjuguent à la fête. Autant de portraits pour saisir les vertiges et les pulsions, les nuits sans fin, les amours chiennes, le deuil de la frivolité et de l’innocence. Une histoire d’initiation dans un décor tragique, car, au bout du compte, nul n’est dupe des trahisons, de ses renoncements, ni de la fuite du temps. « Garde, ô ma Salamanque, en toi mon souvenir. » /



chroniques |

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Bd 10 PETITS INSECTES

PIP ET NORTON

Davide Cali, Vincent Pianina | Sarbacane

Dave Cooper, Gavin McInnes | Delcourt

Tête pensante de feu Capsule cosmique, magazine ludique et téméraire cherchant à sortir la BD jeunesse de l’ornière « gros nez », Gwen de Bonneval prolonge aujourd’hui son courageux travail éditorial au sein de Sarbacane, label qui fait la fête à tous les graphismes atypiques et promeut d’inventifs scénarii, souvent gentiment crétins. Dynamitant le fil d’une intrigue transparente, inspirée d’Agatha Christie, les auteurs concilient l’approche déductive débile des héros à la Anouk Ricard et le suspense nonchalant du génialissime Fin de chaîne de Michel Galvin. Au final, un décapant whodunit cinglé, doublé d’un superbe objet conçu tel un cartoon abstractographique bizarroïde évoquant les merveilleuses vieilleries artistico-fauchées du studio UPA. > Nicolas Trespallé

Duo débile dans la grande tradition potache, Pip et Norton met en vedette une créature hyperactive proche d’un cannelloni cocaïné, alias Pip, et un humain cafardeux hydrocéphale en lévitation, Norton. Imaginée par Dave Cooper, auteur du chef-d’œuvre Ripple, et Gave McInnes, éditeur et cofondateur de Vice Magazine, la bande délire sur les fixations de ses héros capricieux obsédés par des projets aussi cruciaux qu’acheter le dernier jouet à la mode, ou emballer une accorte zombie voire Barbara Streisand. Le trait hyper expressif et fourmillant de Cooper tend à ce difficile équilibre entre naïf mignon et crade d’un Crumb de la grande époque lequel fait d’ailleurs un cameo lors du passage explosif des deux gredins au pays de Jean-Pierre Pernaut. > Nicolas Trespallé

MELO BIELO, MÉLODRAME BIÉLORUSSE Besseron, Felder | Desinge & Hugo & Cie Ahurissante aventure fleurant bon l’huile de vidange, la testostérone et la frite graisseuse, Melo Bielo met en vedette un routier sympa, amateur de tennis féminin, chargé de convoyer à Minsk un beluga aux pouvoirs paranormaux. Jusqu’ici rien que de très normal, sauf quand le chauffeur découvre par télépathie qu’il se fait passeur pour un sombre trafic de cigarettes tenu par le sociable quoique bourru Sergeï. Des zones industrielles narbonnaises en restoroutes louches, des quartiers chauds d’Ostende au cirque aquatique de Minsk, ce mélodrame biélorusse, d’un exotisme affûté et dopé à la série d’horreur Z, déride avec ses gags délurés, mitonnés par deux piliers du comique à la française formés à l’école Ferraille : Besseron et Felder. > Nicolas Trespallé



disques WHITE HINTERLAND [POP]

The Ruby Suns [POP]

Kairos | Dead Oceans/Differ-Ant

Fight Softly | Memphis Industries/PIAS

D e r r i è re W h i te Hinterland, se cache Casey Dienel, native de Boston, Massachusetts, 24 ans et déjà trois albums plus un EP. Musicienne accomplie, c’est néanmoins la combinaison magique de son timbre de voix avec des arrangements luxuriants flirtant avec le jazz qui a tôt attiré l’attention, lui valant de flatteuses comparaisons avec Joni Mitchell (période Mingus), Laura Nyro ou Joanna Newsom. Avec Kairos, le changement sans être radical est pourtant notable. Privés de piano, la diva et son complice Shawn Creeden, désormais établis à Portland, Oregon, se sont recentrés sur les possibilités « domestiques » de l’électronique. De cette contrainte, naît une data pop délicate façon Donna Regina. Voluptueux. > Yves Malo

Vraix-faux groupe mené par le Californien Ryan McPhun, insatiable globe-trotter résidant à Auckland, The Ruby Suns s’est d’abord taillé une belle réputation sur la modeste scène néozélandaise avant d’emballer l’Europe comme les États-Unis, signant même sur Sub Pop ! Successeur très attendu de Sea Lion, Fight Softly ne ment pas sur son titre, distillant un charme qui n’est pas sans évoquer les naïves audaces de Tom Tom Club. Dévorant avec le même bel appétit les atmosphères electro 1980 comme les vertus r’n’b contemporaines, McPhun ne livre pas pour autant un recueil groovy, plutôt un essai pop moderne qui ne sacrifie jamais au principe de savoir écrire des chansons. L’alternative à Animal Collective ? > Claude Denjean

Julien Pras [INDIE POP] Southern Kind of Slang | Vicious Circle/Discograph Humble à force de discrétion ou bien discret à force d’humilité, Julien Pras poursuit avec une belle opiniâtreté son parcours de petit orfèvre pop hexagonal. En « vacances » de Calc, le voici donc en version solitaire pour un premier effort que le fan-club savait poindre un jour ou l’autre, au détour d’une discographie aussi vaste que ses multiples projets musicaux. Annoncé comme un disque boisé à souhait, Southern Kind of Slang se pare d’une délicate instrumentation à même de mettre en valeur les mélodies cristallines (sublime Comfortably Stranded) de ce brillant émule d’Elliott Smith. Polis avec une belle application, ces onze titres, flirtant avec le folk racé, confirment tout le talent d’un garçon, dont on se désespère de connaître enfin la consécration. > Marc Bertin


chroniques |

103

CHAPELIER FOU

BROKEN BELLS

613 | Ici d’ailleurs

Broken Bells | Columbia/Sony Music

[GROOVE]

[POP]

Après deux EP et de nombreuses scènes, Louis Warynski, génial bricoleur issu du conservatoire, lâche une « bombe » aux 613 graines et autant de multiples profondeurs colorées, véritable alchimie musicale fraîche, mystérieuse et enchanteresse. Le Chapelier invite au pays des merveilles et incite à y rester. De mélodies mécaniques en tempos décalés, l’homme-orchestre emporte les notes. D’une goutte d’eau surgit un torrent d’émotions ; rarement le mariage classique/contemporain n’a aussi bien fonctionné. Une folle envolée, de ballades lyriques en rythmiques effrénées, embarque dans une course du soleil après la lune. Compositeur d’exception, il se pose en petit frère de Yann Tiersen et Ez3kiel. Une poésie musicale à réécouter (613 fois ?) tant il y a d’horizons à traverser. > Tiphaine Deraison

C’est le marronnier du mois : l’album avec un Danger Mouse caché dedans. Sauf que cette livraison mensuelle du rongeur mûrit depuis une bonne paire d’années. À ses côtés, une vieille connaissance, James Mercer, leader des Shins (auteur du mirifique Chutes Too Narrow, 2003). Une anti-leçon de pop, tant chacun désapprend ici l’art du songwriting. Oh, la qualité est toujours au rendez-vous, et certains réflexes ne sont pas tout à fait perdus : mélodies tombées du ciel pour Mercer, production chiadée pour la Souris. Mais l’on ne saura jamais vraiment qui a le plus apporté à l’autre – preuve d’une union idéale et réussie. Qui n’est pas neuve : Mercer était au générique de Dark Night Of The Soul, grand album fantôme de 2009, coproduit par… Danger Mouse. Sortie le 8.03 > Thibaut Allemand

Toro y Moi [ELECTRONICA] Causers of This | Carpak / La Baleine Il est déroutant, ce premier album. Non seulement à cause du curieux sobriquet de son auteur américain, mais surtout pour ce qu’il contient. Et lorsque les journalistes avancent en terre inconnue, ils posent des balises. On a donc qualifié cette musique de « gloFi », ou de « chillwave ». Si cela ne vous parle pas? C’est normal, ça vient de sortir. En attendant, on se projette dans les 11 courts morceaux de Causers Of This comme dans un flipper : bousculé d’une ambiance à une autre, de l’abstract hip-hop à l’électro-pop, de sonorités organiques à des rythmes synthétiques. Lorsque l’on croit distinguer une influence, on rebondit aussi sec. Toro Y Moi défriche et l’on se précipite dans son sillage sûr d’atteindre de nouveaux horizons musicaux. > Mathieu Dauchy


chroniques

texte ¬ Emma Belasco

Silent Hill - Shattered Memories - Konami | PSP - Wii Silent Hill, série mythique débutée sur Ps One en 99, avait déjà provoqué de nombreux cauchemars. Avec son univers noir, lugubre et inquiétant, elle a vite rejoint le podium des jeux de « Survival horror », s’imposant comme l’un des meilleurs du genre aux côtés de Resident Evil ou du plus récent Bioshock. Avec Shattered Memories, tout commence sur le fauteuil du psychiatre. Notre héros Harry Mason revient sur un douloureux épisode : l’intrigante disparition de sa fille Cheryl, après leur accident de voiture. Un flash-back plus tard, et nous revoilà transportés dans la sombre ville fantôme. Seulement cette fois-ci, les développeurs n’ont gardé de la ville que le nom, Silent Hill. Ici, aucune arme et pas une seule bataille contre des monstres à tête pyramidale, mais une fuite effrénée en quête de souvenirs et d’indices. Parsemé de séances chez le psy et de flash-back, le jeu favorise l’identification avec le héros et ses tourments psychologiques. Cinématiques incroyables et variées selon les actions du joueur, fins alternatives... Silent Hill revient en tête de la course à l’angoisse et n’est pas prêt de vous laisser dormir.


jeux vidéo |

105

Mass Effect 2 - Electronic arts | Xbox 360 Voici un jeu de rôle des plus captivants ! Le premier épisode avait été l’un des plus grands succès de l’année 2007. Quand il ne forme pas ses équipes et ne couche pas avec des subalternes - voire des aliens, le commandant Shepard met ses fonctions bioniques au service de sa mission : sauver l’univers. Interactif, intelligent, ce jeu s’adapte aux décisions stratégiques du joueur. Malgré une prise en main peu évidente, Mass Effect 2 relève le niveau d’un genre en mal de bons scénarios.

Tatsunoko vs Capcom : Ultimate all stars - Capcom | Wii Jeu de baston japonais dans toute sa splendeur, Tatsunoko vs Capcom met une petite torgnole à tous les amateurs de « Street Fighter ». Plus facile que son concurrent et complètement explosif, les supers pouvoirs des personnages sont poussés à l’extrême. Au point qu’écraser son partenaire avec un chien géant devient franchement hilarant. Un peu « trop » sur tous les tableaux, Tatsunoko vs Capcom promet malgré tout de bons fous rires en groupe !

100 livres classiques - Nintendo | Nintendo DSi XL Pour la sortie de sa nouvelle console de poche (mais « de salon »), la DSi XL, Nintendo aborde la littérature de manière ludique grâce à une bibliothèque de 100 classiques. La DSi est agrandie pour le plaisir des yeux et son stylet devient stylo. De Zola, Balzac en passant par Baudelaire et jusqu’à Oscar Wilde, chacun trouvera ici de quoi ressusciter ses souvenirs de collège et appronfondir ses connaissances sur tous ces auteurs légendaires. De quoi faire le bonheur des jeunes étudiants, de leurs parents et de tout amateur de littérature.


agenda |

106

concerts jeu 04.03 The Obits + SSM Bordeaux, Le Saint Ex, 21h, 10e / 8e lun 08.03 Bolchoy Karavay [Musique du monde] La Haillan, L’entrepôt, 10h, 4e, 05 56 97 82 82 Bolchoy Karavay [Musique du monde] La Haillan, L’entrepôt, 14h30, 4e, 05 56 97 82 82 Auxes + Guest [Emocore] Bordeaux, L’Heretic Club, 20h30, 5e, 05 56 87 19 18 mer 10.03 MAKE NOISE FOR TIBET [Soirée de soutient] Bordeaux, L’Apollo, 00h, grat, 05 56 01 25 05

Soma + Be Quiet [Rock] Bordeaux, Le Saint Ex, 21h, 4e

Black Curtains + Follow the Fury + Mutilate the Stillborn [Métal] Bordeaux, PDG, 19h30, 5e

jeu 11.03

Feloche [Folk Cajun] Bordeaux, Espace Tatry, 20h, nc, 05 57 87 05 99

Philippe Parant Trio [Jazz] Bordeaux, Amadeus Song, 20h, nc, 05.56.80.03.86 Punish Yourself + Aqme + Uncommonmenfrommars [Rock] Bordeaux, Rock School Barbey, 20h, 23e / 20e, 05 56 33 66 00 OPEN SWING [Jazz] Bordeaux, Chez le Pépère, 20h30, grat, 05 56 44 71 79 John Sushi & the Bastards + Guest [Rock] Bordeaux, PDG, 20h30, 3e

MUSIQUE DE RU : The Soulflat Foundation + La famille DB [Melting Pot] Bordeaux, CAP’U, 19h, grat Nature [Pop folk] Bordeaux, Amadeus Song, 20h, nc, 05.56.80.03.86 Biotoxx + Watoo Watoo [Néo Métal] Bordeaux, PDG, 20h30, 3e

CANTATE FRANÇAISE SUR MYTHES ANTIQUES [Classique] Bordeaux, Temple du Hâ, 20h30, 20e / 8e

Alan Stivell + Celt-Noz [Tradition Bretonne] Villenave d’Ornon, Espace d’Ornon, 20h30, nc, 05 57 99 52 24 Caroline Grossot Quartet [Jazz] Bordeaux, Amadeus Song, 21h, 10e, 05.56.80.03.86 Thousand [Indie folk] Bordeaux, Funky Burger, 21h, grat, 05 56 81 55 50 Thousand [Indie folk] Bordeaux, Funky Burger, 21h, grat, 05 56 81 55 50 Calin + Guest [Rock] Bordeaux, Le Saint Ex, 21h, 5e Brothers Connection [Reggae] Bordeaux, ZigZag Café, 22h, 3e

ven 12.03

sam 13.03

Black Curtains + Follow the Fury + Mutilate the Stillborn [Métal] Bordeaux, PDG, 19h30, 5e

SECRET EVENT : Thousand [Indie folk] Bordeaux, Living Room, 19h, 5e

Vous demanderez à Jacques Villeret ce qu’il en pense Vendu comme la relève de la scène punk mélodique en France depuis les années 2000, Uncommonmenfrommars n’avait jamais réussi à égaler la fraîcheur de leur premier album jusqu’à ce Functional Dysfunctionality (UFO Prod/Kicking Records) qui propose un retour aux sources en évitant le plus soigneusement possible leur amour trop prononcé pour la MotoCross. Toutefois, quoi qu’on puisse dire de leurs disques, leur réputation scénique les précède et ils offrent toujours un spectacle de qualité. ❥ Jeudi 11 mars, 20h, © DR

Rock School Barbey. Renseignements www.rockschool-barbey.com



agenda |

108

concerts Pierre Guimard [Chanson] Bordeaux, Espace Tatry, 20h, nc, 05 57 87 05 99 White Revolver + PFPB + The Befievens Bordeaux, Le Fiacre, 20h, 5e, 05 40 05 52 43 GOMORAH’S DELIRIUM NIGHT 3 : Nightmare + Cindy Sander + Passe Partout + Inhumate + Tantrum + Destinity + The Four Horsemen + Gomorah’s cover band + Breakdust + Hell in Town [Métal et variété] Bordeaux, Rockschool Barbey, 20h, 30e / 26,90, 05 56 33 66 00 Turner Cody + James Levy [Indie folk] Bordeaux, Bulle de Fabrique’s, 20h30, grat, 05 35 31 15 19

dim 14.03 Said & Done + the Language of Through Hypothesis + Cadillac & Dinosaurs [Hardcore] Bordeaux, L’Heretic Club, 20h30, 6e, 05 56 87 19 18 lun 15.03 Xubung + Guest [Punk] Bordeaux, PDG, 20h30, 4e mar 16.03 SIDE ROAD EUROPEAN TOUR 2010 : Factor + Def3 + Kay the Aquanaut + Zoen [Hip Hop] Bordeaux, L’Apollo, 19h30, grat, 05 56 01 25 05 Richard Bona [Jazz] Bordeaux, Rock School Barbey, 20h, 22e / 18e, 05 56 33 66 00 Pascal Amoyel + Natacha Kurdiskaya [Classique] Talence, Agora du Haut-Carré, 20h30, 15e

Napking’s [Blues] Bordeaux, Amadeus Song, 21h, 5e, 05.56.80.03.86 Teddy Costa & The Thompsons [Rock] Libourne, Le Zinc Authentique, 21h, nc, 05 57 25 34 84

SOIRÉE ANNIVERSAIRE DU KRAKATOA Mérignac, Le Krakatoa, 19h, grat, 05 56 24 34 29 JO et ses toys Bordeaux, Amadeus Song, 20h, nc, 05.56.80.03.86 Jean Michel Jarre [Electronique] Bordeaux, Patinoire Meriadeck, 20h, 79e / 65e / 49e, 05 57 81 43 70 BALÈTI OC [Tradition Occitane] Bordeaux, Chez le Pépère, 21h30, grat, 05 56 44 71 79 Get Well Soon + Musee Mecanique [Pop] Bordeaux, Espace Tatry, 21h30, 18e / 15e / 12e, 05 57 87 05 99 jeu 18.03 Charlaz Trio [Jazz] Bordeaux, Amadeus Song, 20h, nc, 05.56.80.03.86

mer 17.03

Map (Ministère des Affaires Populaires) [Rap] Bordeaux, Le Cat de Bordeaux, 20h, nc, 05 56 39 87 74

Lou Demontis [Rock] La Réole, L’eclectik, 00h, nc, 05 56 71 16 79

Marc Lavoine [Variété] Bordeaux, Patinoire Meriadeck, 20h, 39e, 05 57 81 43 70

Sodome & Gomorrhe Chaque année, la Gomorah Night fait le plein, malgré les avertissements bibliques (Genèse 18:20-2 : « L’Éternel fera tomber une pluie de soufre et de feu », etc.). Appelons ça de l’humour de hardos : faire partager la scène à un groupe de reprises de Metallica, à Cindy Sander, à la showgirl hot Sadisterik Kandi et inviter Passe Partout (oui, de Fort Boyard). Une déco de jungle cannibale, des filles découpées à la scie circulaire : bref, votre soirée standard. ❥ Samedi 13 mars, de 17h à 2h, Rock School Bar© THOT

bey. Renseignements www.gomorahrecords.com





agenda |

112

concerts Cosmopolit’s + Halshimy + Style Trip + Agnos [Pop Rock] Bordeaux, BT59, 20h30, 6e, 09 79 16 98 71 Isotrope + The Soulflat Foundation [Hip Hop Jazz] Bordeaux, PDG, 20h30, 3e The Jouby’s Band + Train’s Tone [Fusion Jamaïcaine] Bordeaux, Rock School Barbey, 20h30, 12e / 10e, 05 56 33 66 00

Lou Demontis [Rock] Bordeaux, Congo Café, 00h, nc, 05 56 92 58 09 SOIRÉE SPÉCIALE SERGE GAINSBOURG [Variété] Bordeaux, Amadeus Song, 20h, nc, 05.56.80.03.86 LB Stock + Majical Jumblies Club [Folk ] Bordeaux, PDG, 20h, 3e

Mariana Ramos [Variété] Mérignac, Le Pin Galant, 20h30, 23e / 20e / 16e

SOIRÉE FLAMENCO [Flamenco] Bordeaux, Théâtre du Pont Tournant, 20h30, 20e / 14e / 12e, 05 56 11 06 11

Vide Grenier [Théâtre musical] Bordeaux, Bulle de Fabrique’s, 21h, grat, 05 35 31 15 19

Frank Michael [Variété] Mérignac, Le Pin Galant, 20h30, 45e

(Kill For) Total Peace + Guest [Rock] Bordeaux, Le Saint Ex, 21h, nc

Pan Pan Master + Santa Cruzadors [Hiphop] Bordeaux, Rock School Barbey, 21h, 4e, 05 56 33 66 00

OPEN SWING [Jazz] Bordeaux, Chez le Pépère, 21h30, grat, 05 56 44 71 79 ven 19.03 Sunflavor [Rock Indé] Bordeaux, La Sorellina, 21h, nc Mad Professor + Feldub & Spragyy [Pop Rock] Bordeaux, BT59, 00h, 15e / 12e, 09 79 16 98 71

LA GUINGUETTE EN GOGUETTE [Populaire] Bordeaux, Chez le Pépère, 21h30, nc, 05 56 44 71 79 The Shaking Heads + Libido Fuzz [Rock] Bordeaux, Le Fiacre, 21h30, 4e, 05 40 05 52 43 Alam [Reggae] Bordeaux, ZigZag Café, 22h, 2e

sam 20.03 Tender Forever [Low-fi] Bordeaux, Galerie bordelaise, 18h, grat Infectious Grooves + 7 Weeks [Funk métal] Bordeaux, Rock School Barbey, 20h, 25e / 20e, 05 56 33 66 00 FESTIVAL «Y’A PAS DE LEZ’ARTS» : Il Faro [Hiphop] Bassens, Quartier Prévert, 20h30, grat SOIRÉE FLAMENCO [Flamenco] Bordeaux, Théâtre du Pont Tournant, 20h30, 20e / 14e / 12e, 05 56 11 06 11 Anne Etchegoyen [Musiue basque] La Haillan, L’entrepôt, 20h30, 20e / 17e / 13e, 05 56 97 82 82 Drone(s)scape/Mue [Drone] Mérignac, Salle de la Glacière, 20h30, nc Micky Green [Pop / Soul] Mérignac, Le Krakatoa, 21h, 25e / 23e, 05 56 24 34 29

50 étoiles dans un bleu de travail Il n’appréciera peut-être pas la comparaison mais tant pis, Turner Cody possède la dégaine de Charly Winston avec un visage de poupon poilu. Si les arrangements des années 1980 caractérisent encore la variété française, il est donc normal que l’americana soit le méridien d’énormément d’artistes nés sous la bannière étoilée. L’âme Midwest dans un pied-à-terre à NYC, il s’imagine sans doute armé d’un banjo dans un rocking-chair au beau milieu des Rocheuses. ❥ Samedi 13 mars, 20h, Bulle de Fabri© THOT

que’s. Renseignements http://bulledefabriques.unblog.fr



agenda |

114

concerts SOIRÉE FLAMENCO [Flamenco] Bordeaux, Amadeus Song, 21h15, 6e, 05.56.80.03.86

Noah and the Whale + Guest [Pop folk] Bordeaux, Rockschool Barbey, 20h, 12e, 05 56 33 66 00

Electric Press Kit + Modules Etranges [New Wave] Bordeaux, Le Fiacre, 21h30, 5e, 05 40 05 52 43

FESTIVAL : «LES FEMMES S’EN MÈLENT» : Jessie Evans + Men + Tender Forever [Electro Low-fi] Bordeaux, Espace Tatry, 20h30, 15e / 13e / 10e, 05 57 87 05 99

mar 23.03 Drone(s)scape/Mue [Drone] Ambarès et Lagraves, Pole Culturel Evasion, 19h, 12e / 6e, 05 56 77 36 26

Pierre Lapointe [Chanson] Pessac, Salle Le Galet, 20h30, 15e / 12e

Eskelina + Château Something [Folk] Bordeaux, l’Antirouille, 20h, grat, 05 57 35 32 32

Revolver + Kid Bombardos [Pop] Mérignac, Le Krakatoa, 21h, 17e / 15e, 05 56 24 34 29

Moomaw [Rock] Bordeaux, PDG, 20h, grat

Alula [Jazz] Bordeaux, Amadeus Song, 21h15, 6e, 05 56 50 97 06

mer 24.03 ACOUSTIC NIGHT FEVER [Acoustique] Bordeaux, L’Apollo, 00h, nc, 05 56 01 25 05 Fada [Fusion Jazz] Ambarès et Lagraves, Pole Culturel Evasion, 19h30, grat, 05 56 77 36 26

jeu 25.03 Bazbaz Camille + Claire Denamur [Chanson Reggae] Bordeaux, Espace Tatry, 20h, nc, 05 57 87 05 99 Kent + Guest [Pop] Bordeaux, Rockschool Barbey, 20h, 15e, 05 56 33 66 00

FINALE RÉGIONALE DE MUSIQUE DE RU Bordeaux, La Mac, 20h30, grat Love and Peace + Guest [World music] Bordeaux, PDG, 20h30, 3e Hangar [Rock] Bordeaux, Le Saint Ex, 21h, grat Bordeaux Big Band [Jazz] Bordeaux, Amadeus Song, 21h15, 8e, 05.56.80.03.86 Soirée Open swing [Jazz] Bordeaux, Chez le Pépère, 21h30, grat, 05 56 44 71 79 ven 26.03 Le gang Dubois Bordeaux, Amadeus Song, 20h, nc, 05.56.80.03.86 Doyle + Last Tango Theatre + Mutilate the Stillborn [Métalcore] Bordeaux, PDG, 20h, 5e Duende [World] Bordeaux, Bulle de Fabrique’s, 21h, nc, 05 35 31 15 19 FESTIVAL LYCÉEN [Rock] Mérignac, Le Krakatoa, 21h, 6e un soir,10e les deux, 05 56 24 34 29

L’Outback Mountain fantasme hétéro Après avoir été la blonde qui fait « Oh ! », Micky Green ne veut pas se résoudre à n’être que la jolie opportuniste d’un tube. Après un White T-shirt plus surprenant dans la forme que dans le fond à cause de son passé de mannequin, elle récidive deux ans et demi plus tard avec Honky Tonk. Plus ambitieuse au niveau des orchestrations et de la qualité de ses compositions, elle chemine tranquillement vers le but fantasmé de tout jeune artiste : l’album de la maturité. ❥ Samedi 20 mars, 20h30, Le Kra© DR

katoa. Renseignements www.krakatoa.org



agenda |

116

concerts Ultimate Serie Z + Monsieur Gadou et sa Secrétaire [Chanson] Bordeaux, Le Fiacre, 22h, 4e, 05 40 05 52 43 sam 27.03 Istanbul Sessions + Ilhan Ersahin [Jazz] Ambarès et Lagraves, Pole Culturel Evasion, 19h, 12e / 6e, 05 56 77 36 26 Salsa Ilegal [Salsa] Bordeaux, Amadeus Song, 20h, nc, 05.56.80.03.86 Mayra Andrade [World music] Bordeaux, Rockschool Barbey, 20h, 20e / 16e, 05 56 33 66 00 The Hoods + Target Tug + Positive Deviance [Rock] Bordeaux, Le Fiacre, 20h30, 4e, 05 40 05 52 43 Cabwaylingo + Sunday Sunday [Pop] Bordeaux, Funky Burger, 21h, grat, 05 56 81 55 50 Olympus Mons + Burden + Atmosfairy [Metal] Bordeaux, L’Heretic Club, 21h, 6e, 05 56 87 19 18

Tom Verlaine + Gary Lucas [Rock] Bordeaux, Le Saint Ex, 21h, 10e / 8e FESTIVAL LYCÉEN [Rock] Mérignac, Le Krakatoa, 21h, 6e un soir,10e les deux, 05 56 24 34 29 lun 29.03 Comptino-book [Jeune public] La Haillan, L’entrepôt, 10h, 4e, 05 56 97 82 82 Comptino-book [Jeune public] La Haillan, L’entrepôt, 14h30, 4e, 05 56 97 82 82 mar 30.03 Comptino-book [Jeune public] La Haillan, L’entrepôt, 10h, 4e, 05 56 97 82 82 Victor Demé [World music] Bordeaux, Rockschool Barbey, 20h, 17e / 13e, 05 56 33 66 00 MISERERE D’ALLEGRI, STABAT MATER DE SCARLATTI [Classique] Bordeaux, Eglise Saint Bruno, 20h30, 15e / 8e

Ritual + Ills + Boredom [Hardcore] Bordeaux, L’Heretic Club, 20h30, 6e, 05 56 87 19 18 mer 31.03 CARTE BLANCHE À ROGER BIWANDU [Multi-pratiques] Bordeaux, L’Apollo, 19h, grat, 05 56 01 25 05 Miss Edith + Guest [Rock] Bordeaux, PDG, 20h30, 3e jeu 01.04 SOIRÉE DE LUTTE CONTRE LE CANCER : Sfaxi & Othello + Des ombres + Laurent Beaumont + Laurence Collins + Kowalsky & Lojay + Mandimby Bordeaux, Amadeus Song, 20h, nc, 05.56.80.03.86 Bernie Bonvoisin [Rock] Bordeaux, Rock School Barbey, 20h, nc, 05 56 33 66 00 Sir Joe Quaterman & Speedometer + Speedometer + Afrodizz [Soul funk] Bordeaux, Espace Tatry, 20h30, 18e / 15e / 12e, 05 57 87 05 99

Elevation don’t go to my head Né Thomas Miller, en 1949, guitariste hors pair ayant fait ses humanités au piano, l’oiseau quitte Willington, New Jersey, pour New York en 1968 avec son ami et bassiste Richard Meyers (futur Richard Hell) dans le but de monter un groupe. Ce sera The Neon Boys puis Television. Le reste appartient au mythe downtown Manhattan sur la foi de Marquee Moon (1977) et Adventure (1978). Dix albums en solo depuis 1979 et toujours la classe. ❥ Samedi 27 mars, 21h Le Saint-Ex, © Stefano,giovannini

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agenda |

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concerts Pegazio + Klimax [Noise powerpop] Bordeaux, PDG, 20h30, 3e Ben & Béné + Le Baron + Rock Street Tappa [Rock] Bordeaux, Le Saint Ex, 21h, 5e ven 02.04 April Skies + London Jack [Pop] Bordeaux, PDG, 20h, 4e Captain Samouraï Flower [Variété] Bordeaux, Patinoire Meriadeck, 20h30, 42,50, 05 57 81 43 70 The Pathfinders [Rock Soul] Bordeaux, Amadeus Song, 21h, 5e, 05.56.80.03.86 La famille DB + Orange Clock [Rock] Bordeaux, Le Fiacre, 21h30, 3e, 05 40 05 52 43 sam 03.04 Burden + Jafly + Patcho + Sonic Spank + Guest [Rock] Ambarès et Lagraves, Pole Culturel Evasion, 20h30, 5e, 05 56 77 36 26 D.I.R.T + Roman Noir + Herein [Rock] Bordeaux, Le Fiacre, 20h30, 5e, 05 40 05 52 43

Stanislas [Variété] La Haillan, L’entrepôt, 20h30, 27e / 24e / 20e, 05 56 97 82 82 SOIRÉE NOUVELLE ORLÉANS : Sweet Dixie [Jazz] Bordeaux, Amadeus Song, 21h15, 6e, 05.56.80.03.86 dim 04.04 Supersuckers + Flying Over [Punk gasoil] Bordeaux, Rockschool Barbey, 20h, 10e, 05 56 33 66 00 Chain & the Gang + Guest [Rock] Bordeaux, Le Saint Ex, 21h, 10e / 8e lun 05.04

mer 07.04 The Sonics [Rock] Bordeaux, Espace Tatry, 20h30, 25e / 23e / 20e, 05 57 87 05 99 Brume Retina + Plebeian Grandstand + Selenites [Hardcore] Bordeaux, L’Heretic Club, 21h, 5e, 05 56 87 19 18 Gaetan Roussel + Guest [Pop] Mérignac, Le Krakatoa, 21h, 25e / 23e, 05 56 24 34 29 jeu 08.04 Contreband [Jazz] Bordeaux, Amadeus Song, 20h, nc, 05.56.80.03.86

Spectrum + Forniks and Son [Rock] Bordeaux, Le Saint Ex, 21h, nc

Nicolas Jules + Urbain Desbois [Chanson] Bordeaux, Rockschool Barbey, 20h, 10e, 05 56 33 66 00

mar 06.04

Juke & Lipton [Variété] Bordeaux, ZigZag Café, 20h, grat

Zero Absolu + Gunfire in a Junk Joint + Guest [Post Rock] Bordeaux, PDG, 20h30, 5e THE LAST KILLERS [Rock] Bordeaux, Le Saint Ex, 21h, grat

Hirsut’ + Rageous Gratoons + Les oiseaux de passage [Rock] Bordeaux, BT 59, 21h, 13e / 11,5e, 09 79 16 98 71

Do you like gospel music ? De Nation Of Ulysses à Cupid Car Club, en passant par Make-Up et autres formations de belle facture (Weird War, Scene Creamers, David Candy), Ian Svenonius a marqué l’internationale indie pop. Animateur radio (Soft Focus), auteur (The Psychic Soviet, 2006), le phénix de l’Illinois renaît aujourd’hui à la barre d’une nouvelle formation, Chain And The Gang, comptant dans ses rangs le fondateur du légendaire label K Records, Calvin Johnson. CQFD. ❥ Dimanche 4 avril, © DR

21h, Le Saint-Ex, http://saintex33.free.fr/



clubbing |

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JOHN DAHLBÄCK, DESIGN SUÉDOIS 13.3 > Le 4Sans

Faut-il invoquer un quelconque atavisme familial dans l’ascension de John Dahlbäck ? Né en 1985, dans une petite communauté non loin de Stockholm, le fait de grandir entouré de musiciens a tôt déteint sur ses envies et son orientation professionnelle : il a quinze ans lorsqu’il enregistre sa première démo après s’être emparé de l’Atari paternel. La suivante sera la bonne le menant vers Route 33, puis un premier douze pouces chez Deep4life. Après Music So Sweet, ses productions © dr sortent en masse sur l’étiquette qu’il a fondé avec son cousin Jesper. Une union prolifique puisque sous alias Hugg & Pepp le tandem se fait rapidement un nom. Créant Pickadoll, le scandinave signe Özgur Can, Sébastien Léger, Dada Life, Zoo Brazil, Robbie Rivera ou Laidback Luke. Oscillant entre house et techno minimale, il est également sollicité pour ses talents de remixeur notamment pour Kleerup et Alanis Morissette. Fort du succès de Blink et de Can’t Slow Down, sa venue devrait aiguiser les appétits. > Jürgen Schwimmbad 23h, Le 4Sans, Swedish House Mafia ! : John Dahlbäck + Finzy, 12€, www.le4sans.com

culture club Bt59

Sites des Terres Neuves, Bègles 05 56 85 82 08 www.bt59.fr sam 13.03, BOXON PARTY INVASION : Wat + Gooseflesh + Dilemn + DJ Cat + D.Vice, 23h, 10e/12e sam 20.03, Le Manège Déjanté + Redux + Maelstrom, 23h ven 26.03, SPIRIT : Redshape + Ianik Oncina + Hypnobot, 23h, 10e/12e sam 27.03, HOW TO KILL THE PARTY : Sterehoes + FFFRRREEEQ + Nouch, 23h

Heretic Club

Rue du Mirail www.hereticclub.com ven 12.03, Ambassador 21 + Cheerleader 69 + DJ Stamba + Dark Line Spectrum + DJ Drone & Mono, 21h, 6e

sam 13.03, ELECTRO «SUPER KLUB» : Pedro Pargade + Guest, 23h, 7e sam 20.03, «AZULI SPRING PARTY» : DJ Junior Felip + Fred Walter + Ian AKA + Guest, 23h59, 8e jeu 25.03, SOIRÉE «HELP HAÏTI» : Les Lacets des Fées + Gator Dash + Feldub meet Spraggy + DJ Stanbul, 20h30, 10e

Saint-Ex

54 cours de la Marne 05 56 31 21 04 http://saintex33.free.fr jeu 11.03, Cassos Club, 22h, 3e sam 13.03, BENIBLA PARTY : Zolito Pro + Faakz + Don Nola + En Dé, 22h, 15e avec un T-Shirt, 5e ven 19.03, Kumpania Beats + Balkan Beat Box, 22h, 4e ven 26.03, Tits & Acid, 22h, 3e



DANTON EEPROM & THE HACKER, DANSEZ FRANÇAIS

clubbing |

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19/03 > 4sans

Plateau de fromages affinés, dûment certifié AOC du sud-est (Aix-en-Provence, Grenoble), la rencontre Dantom Eeprom / The Hacker revêt plusieurs allures : passage de témoin entre générations, état des lieux french touch 2010, jeu de correspondances voire mariage de la carpe et du lapin. Le premier, sensation automnale 2009 sur la foi du très surestimé Yes is more, passé rock’n’roll, remixeur de Simian Disco Mobile, Au Revoir Simone ou Royksopp, Londonien d’adoption, intime de Chloé, chouchou d’Andy Wea© DR therall, amateur de chevaux. Le second, vieux briscard tendance EBM, associé jusqu’à la fin des temps à Caroline « Miss Kittin » Hervé, fan de D.A.F et de Depeche Mode, fondateur du label Goodlife Records et symbole malgré lui de la laideur electroclash. On peut dès lors être en droit de se demander lequel des deux va croquer l’autre : l’ancêtre rave ou le dandy années 00 ? Le Man in black en Doc Martens® ou le De Quincey éthéré ? Audience, choisis ton camp ! > Guido Riva 19.03, 23h, Le 4Sans, Dantom Eeprom + The Hacker, 10€, www.le4sans.com

culture club sam 3.04, Cassos Club, 22h, 3e

zig zag 73 cours de l'Argonne 05 56 92 01 84 www.myspace.com jeu 11.03, Hagar Sound System mix, 22h sam 13.03, Soundtrain + Le Manège Déjanté + SoundLAB Crew + Unda Raia & Sindray + Masta Morevibe, 20h ven 26.03, Dj Poussdisk + Dr Slump + Ground Zero, 22h, 2e

4 Sans 40 rue d’Armagnac 05 56 49 40 05 www.le4sans.com Ven 5/03, Olivier Giacomotto + Mario K. + Finzy, 23h59, 5e

Sam 6/03, Erol Alkan + Leroy Washington, 23h59, 10e Ven 12/03, SWEDISH HOUSE MAFIA ! featuring : John DahlBäck + Finzy, 23h59, 12e Sam 13/03, BPITCH CONTROL NIGHT ! Featuring : Kiki & Sascha Funke, 23h59, 10e Ven 19/03, Danton Eeprom & the Hacker, 23h59, 10e Sam 20/03, D.I.M. + Just A Band + Tom Deluxx, 23h59, 8e Ven 26/03, WTF (WHAT THE F***) ? Featuring : Tuff Wheelz™ + Kamboya + Blitz, 23h59, 3e Sam 27/03, SINOLIVE ! Featuring : Technasia & Dosem, 23h59, 10e



un homme, un lieu |

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Toto en son antre texte ¬ Guillemette Bardinet photo ¬ DR

Dans le nouveau quartier de la ZAC des Chartrons, sorti de terre il y a quelques années mais dont la mayonnaise semble avoir eu du mal à prendre dans un premier temps, Jofo a installé son atelier. L’histoire de cette occupation des lieux n’est pas banale puisqu’elle est le fruit d’un partenariat passé entre l’artiste landais et des partenaires économiques. L’entremise a été assurée par le BRA (agence de développement économique de Bordeaux Gironde). Les partenaires sont très variées : Domofrance, Véolia transports Sud-Ouest, BPSO, gaz de Bordeaux en passant par l’institut Bergonié ou l’Inseec. Les entreprises règlent (avancent) le loyer. En échange, Jofo paye « en nature », de ses idées et de son talent. À savoir en peintures et créations diverses (cartes de vœux, signalétique). Cette initiative inédite entre entrepreneurs et créatifs a trois ans pour faire ses preuves, ce devrait être « finger in the nose » et ça a d’ailleurs plutôt bien démarré. Le plasticien élargit son réseau, pas ballot. « Public ». Revenons aux lieux. Nous sommes à deux pas de la rue du Faubourg des arts au sein de laquelle artistes, artisans et restaurateurs se succèdent sur un îlot au milieu duquel une école crée de la vie. La venue de cet ateliershowroom ressemblant à un aquarium, un brin people, devrait apporter un

second souffle à cet ambitieux projet. La « vitrine » annonce la couleur en rose et vert grâce à deux mots : « Public », car on travaille au vu de tous, et « Pudic » car on a besoin de paix pour créer. Le dosage se fera tout seul. L’espace de création et d’exposition (et même de répétition pour Les Snocs) a été réhabilité, sécurisé : résine au sol, quelques cloisons pour un point d’eau et un espace plus calfeutré pour créer. C’est lumineux, de plain-pied, coloré et exposé. Chai d’Art. Un toto-réador informe qu’à Dax, cet été, Jofo sera à la chapelle des Carmes et un peu partout dans la ville de ses racines. La brasserie du Chai d’Art a remplacé feu le Sélénite et semble ne pas désemplir le midi, la galerie ouverte qui rejoint les quais en lieu et place des anciens chais de Luze prend ses marques juste à côté, un frémissement se fait sentir. Jofo devrait effectuer un travail de coloriste sur l’immeuble qu’il occupe : une collaboration avec les architectes Brochet, Lajus & Pueyo. Une autre devrait également voir le jour avec Buhler. Une installation pragmatique, investie, incarnée et sincère.



| restaurants |

CPP Bdx, 160-162 cours Victor Hugo 05 56 92 56 22

LE BAR DU BOUCHER Bdx, 5 rue du Plt Ste Catherine 05 56 81 37 37

PERDI TEMPO Bdx, 25 quai Richelieu 05 56 81 17 91

Un coin de Toscane dans un décor New-Yorkais ! Le décor d'abord. Signé Jean-François Buisson, il est grandiose est étonnant. La cuisine ? Pasta et Pizza sont à l'honneur bien sûr; mais un simple plat de Linguine aux CPP vous rappellera que la cuisine Italienne est certainement une des meilleures au monde. Venez de notre part, le patron offre l'apéro !

www.barduboucher.com Vous choisirez votre morceau de viande comme chez le boucher, voilà la formule originale et conviviale proposée par l’ancien Hérald’s devenu le Bar du Boucher.Voûtes, arcades et vieilles pierres du 18ème pour un dîner entre amis, grandes tablées, tapas et sangria. Pierre, Noël et Johann, anciens compères du Café Rouge, vous accueillent tous les soirs de la semaine, jusqu’à minuit.

Sur les quais, face à la Garonne, venez déguster un savoureux assortiment d'antipastis préparé par Pasquale, Napolitain de son état, accompagné d'un cocktail concocté avec toute la passion de Washington, le carioca, ou simplement d'un verre de vin de leur sélection... Vernissage tout les mercredis, concerts surprises et dégustations... Un moment convivial à partager entre amis ou en famille.

CHEZ MICHEL'S Bdx, 31 rue du Pas-Saint-Georges 05 56 81 31 56

FERNAND Bdx, 7-8 Quai de la Douane 05 56 81 23 40

LE CAFE ROHAN Bdx, 53 rue Saint-Remi 05 56 44 46 06

On se croirait ici dans un troquet parisien. Au cœur de Saint-Pierre, Michel est devenu le rendez-vous des branchés. La petite terrasse est idéale pour prendre un café, déjeuner ou dîner. Carte changeante et créative au gré du marché, s’appuyant sur les bonnes bases de la cuisine traditionnelle. The place to be ! Menu midi, entre 9€ et 13,90€.

www.fernand-bordeaux.com Dans ce superbe bistrot au décor intemporel on déguste une cuisine bordelaise authentique et généreuse du sud-ouest, ainsi que des fruits de mer de toute fraîcheur. L’accueil y est à l’unisson sympathique et chaleureux. Formule du midi 13,90€. Menus soir, 27,90€ et 37,90 €.

www.lecaferohan.fr Superbe terrasse et vue très agréable au pied de la cathédrale Pey Berland et du Palais Rohan. Le Café éponyme vous accueille tous les jours de 7h30 à 2h00 avec un service brasserie en continu de midi à minuit. Plats de bistrot, vins au verre et cuisine traditionnelle du marché. Formule à 13,50 €.



| bars

& clubs |

L’Azuli 55, Cours d’Alsace-Lorraine 05 56 79 39 46

Le Live Café 14 rue Castelnau d’Auros 05 56 43 27 14

Ice Bar Quai de Bacalan 05 57 00 10 15

Un lieu des plus atypiques dont l'ambiance feutrée et la décoration rococo contrastent avec le style musical résolument électro/house mixé du jeudi au samedi par des DJs résidents. Un cadre décalé et coloré, idéal pour siroter un petit apéritif. Le passage incontournable avant vos virées nocturnes...

Situé à deux pas de la place Gambetta, le Live est une référence an matière de bars electro à Bordeaux. Il vous accueille dans un cadre contemporain quasi lounge, pour des concerts, des afterworks et les jeudis d'été en terrasse pour « l'Apero-Mix Electro » assuré par les meilleurs DJ bordelais. L'innovation de la rentrée : un service de restauration toute la semaine.

Après Paris, Saint-Tropez, Milan, Stockholm, Londres et Copenhague, Bordeaux peut s’enorgueillir de posséder elle aussi son Ice Bar - le plus grand d’Europe ! Dès 19h, après avoir enfilé blouson, moufles et chapka (fournis à l’entrée), on peut, pour 20 euros et environ 25 minutes, déguster dans une ambiance à -10° et un décor uniquement de glace et de jeux de lumières, un cocktail à base de vodka Imperia™ servi dans un verre givré.

PDG 28 rue sainte Colombe Nouveau ! Son nom éveille la curiosité et pour cause : la Pharmacie De Garde a ouvert ses portes avant l'été à côté du Chabi. Doté d'une grande terrasse lounge ouverte sur la rue, l'ex-Inca a viré electro. Bobo 2000 aux platines, la place est chaude et la cave profonde. Le son est bon, la caïpirinha très fraîche. On yretrouve les bonnes têtes du Cafecito.

Calle ocho 24, Rue des Piliers de Tutelle 05 56 48 08 68 Ce bar est une invitation au voyage : destination Cuba, patrie du Mojito ! Au programme : salsa, rap latino, latino house, le tout dans une ambiance festive et colorée. Vous ne débourserez pas plus de 4 euros pour goûter l’un des savoureux cocktails servis par l'équipe de Richard. Commencez à l'apéro si vous n'êtes jamais venu, le depaysement sera moins violent. Cours de salsa tous les jeudi à partir de 21h30.

Le Saint-Christophe 3, rue Saint-James 05 56 44 52 08 Chaque matin, Naji va faire son marché afin de servir un plat de son choix le midi ! Seul à gérer son tout petit zinc, ce roi des échecs et du backgammon accueille la clientèle dans une ambiance intimiste. Pour un café matinal, un apéritif entre potes, une lecture de la presse ou un plat sur le pouce, le Saint-Christophe se pose en digne bistrot de quartier. Une espèce en voie de disparition.


© Getty Images

L’Apollo 19, Place Fernand Lafargue 05 56 01 25 05

Le Café Brun 45, rue Saint-Rémi 05 56 52 20 49

Le CIVB 3, cours du XXX juillet 05 56 00 43 47

Ce bar de quartier (le QG de LM), style bistrot, est un lieu festif où l'ambiance est toujours au rendez-vous. Au soleil la journée sur la place, ou un soir de match devant l'écran géant, le mot d'ordre est convivialité. à tester : les rhums arrangés fait maison.

Dans ce pub à l’allure début du XXe siècle, on ne peut se retrouver qu’entre amis autour d’une bonne gueuze ou d’un cidre pression. Des réclames aux murs, un piano qui attend son heure, une ambiance jazz & blues, un vieux plancher qui grince sans oublier les toilettes qui, cachées derrière une large affiche, en intriguent plus d’un, le Café Brun est le lieu parfait pour « changer d’air »

Pour découvrir les saveurs d’un nouveau cru, être conseillé sur une appellation, un millésime ou simplement déguster un Bordeaux dans un lieu magique dédié à Bacchus, ouvrez grand les portes du Bar à Vin. Toute la palette des Bordeaux - rouges, blancs secs et doux, rosés, Clairets, crémants - s'y savoure dans un cadre propice à vous faire voyager à la découverte des appellations viticoles bordelaises.

Le Saint-Ex 54, cours de la Marne 05 56 31 21 04

Grand Bar Castan 2, quai de la Douane 05 56 44 51 97

Temple du rock’n’roll, le Saint-Ex s’est taillé une belle réputation dans le petit cénacle des salles qui comptent en France. Lounge de luxe au rez-de-chaussée, avec comptoir en bois d’arbre et salon à cheminée de marbre attenant, l’établissement dispose également d’un second bar sans sa légendaire cave moite où les amplis se règlent sur maximum et la bière se boit au kilomètre sur fond de Doobie Brothers.

Ouvert en 1890, c’est l’un des plus anciens établissements bordelais encore en activité. Rénové en 2005, il a retrouvé sa superbe ! Les murs de rocaille, l’imposant lustre ou encore le large auvent y sont sans doute pour quelque chose. Aux premier rayons de soleil, on n’hésite pas, été comme hiver, à profiter de sa terrasse idéalement placée face au quais ! En cas de petite faim, optez pour le croque-monsieur brioché.

Le Milo’s 21, rue du Parlement-Saint-Pierre 05 56 44 81 96 Des 33 Tours collés au plafond, une lumière tamisée et une ambiance années 1970 plongent rapidement dans l’univers du Milo’s. Avec son accueil à la bonne franquette, ce bar atypique de Saint-Pierre est le lieu idéal pour souffler un peu. Impossible toutefois d’apprécier le lieu sans goûter à ses maïs soufflés et dorés : les deux anciennes machines marchent comme jadis et permettent l’assortiment peu commun mais délicieux bière & pop corn !


le mot de la fin |

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texte et photo ¬ Guillaume Gwardeath™

Waiting Room C’est sur un album de Fugazi, ce message fondamental : « Keep your eyes open ». J’y pense parce que, maintenant qu’on va commencer à avoir fait le tour du revival 80’s et que même au Café Pompier ce sera le top du has been de se fringuer à la Cindy Lauper. Je prophétise que le prochain come-back sera celui de l’indie rock 90’s, avec les filles en chemises à carreaux, ceinturons, revers aux jeans et boots (comme Belle des Champs). OK, je relativise, dans la mesure où la dernière fois que j’ai entendu parler de Fugazi, c’était une soirée au Studio 21… Mais « Keep your eyes open », voilà la leçon. La recherche attentive des émotions. Encore plus que pour un buzz sur Gmail, un poc sur Facebook ou un tweet sur Twitter. Dans la froidure de ce début d’année, au hasard d’un lundi soir, à l’Apollo,

Amanda Palmer, des Dresden Dolls, rock star lost in translation, s’était mis en tête d’offrir un ninja show. Brisant les lignes à la Edward Hopper du café, nous vîmes la chanteuse, juchée sur le zinc, sûre et dominatrice, ukulélé en main et voix puissante, fusionner la plus haute énergie punk rock et l’esthétique cabaret la plus sensuelle. « Tout cela est possible grâce à vous », nous dit Arlette Gruss. Alors ouais, c’est sans doute vrai, tout cela est possible grâce à nous. Lemmy Kilmister de Motörhead l’explique au début d’Anvil : « Il suffit d’être au bon moment au bon endroit ». Mais sans doute faut-il aussi garder en tête la préconisation de Fugazi et toujours garder ouverts nos yeux, nos oreilles, et ce genre de petits orifices ? ❥ www.gwardeath.com




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