Dossier Grand Stade

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Grand stade de Lyon Gerland ou DĂŠcines

Histoire d’un projet contre nature V 11-01-30


Avant propos : « L'un des pires démons de la civilisation technologique est la soif de croissance, laquelle est attirée par d'innombrables facteurs institutionnels, allant du prestige international à la promotion immobilière et à d'autres formes de publicités commerciales. »… « Des rapports avec la terre basés exclusivement sur l'utilisation de celle-ci en vue de la croissance économique ne peuvent que mener à sa dégradation, en même temps qu'à la dépréciation de la vie humaine. » René Dubos - 1901-1982 - Les dieux de l'écologie – 1973 1972, René Dubos prépare avec Barbara Ward, le rapport de base de la première Conférence des Nations Unies sur l’Environnement Humain (CNUEH ou « Sommet de la Terre ») de Stockholm (Suède), qui a pour titre « Nous n’avons qu’une terre ». Il sera ensuite à l'origine de la création du Programme des Nations unies pour l'environnement. La CNUEH qui s'est tenue du 5 au 16 juin 1972 à Stockholm a placé pour la première fois les questions écologiques au rang de préoccupations internationales. Ce sommet a donné naissance au Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE). À cette époque, les dirigeants mondiaux se sont engagés à se rencontrer tous les dix ans pour faire le point sur l'état de la Terre. Malgré cela, malgré les engagements que nos dirigeants ont pris aux niveaux : national, régional et territorial d’agglomération, pour ménager notre planète et préserver les capacités d’existence des générations futures, malgré le Grenelle de l’Environnement, certains projets contre nature continuent de voir le jour. N’aurions-nous donc rien appris ? Dans ce projet comme dans beaucoup d’autres, le secteur associatif avec ses faibles moyens s’efforce de montrer le déphasage entre les actes et les discours de ceux qui ont le pouvoir de décider. Pour plus de compréhension de ce projet que les turpitudes de la nature humaine s’ingénient à complexifier, et pour perpétuer l’œuvre d’architectes de génie, j’ai cherché, par cette contribution largement guidée par mon engagement associatif, inspirée et nourrie des productions de ce secteur, à en reconstituer le puzzle afin de démontrer que : faire grandir la ville sur la ville est nécessaire et qu’une autre issue à ce projet est encore possible. Je tiens à remercier mes collègues du secteur associatif qui par leurs engagements et contributions ont permis l’élaboration de ce recueil. Saint-Priest le 30 décembre 2010 Joël Dubos Coordinateur de la CEDRUL Vice-président de DARLY Coordinations membre du Collectif « Les Gones pour Gerland »

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Grand stade de Lyon :

Histoire d’un projet contre nature

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Préambule : - L’objectif du dossier - Le collectif « Les Gones pour Gerland » - La CEDRUL

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Résumé

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I) Historique du projet OL Land 1.1 Chronologie des évènements 1.2 Petites phrases pour un grand stade

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II) Le contexte économique du projet OL Land 2.1 Le modèle économique 2.1.1 Modèle contestable, contesté et à haut risque 2.1.2 Décines ou l’effet d’aubaine pour OL Groupe 2.1.3 Spéculation foncière ou pas ? 2.2 Le choix de l’emplacement du projet OL Land 2.2.1 Les hypothèses envisagées 2.2.2 Le choix du Montout à Décines 2.2.3 Les caractéristiques du site du Montout 2.2.4 Les incompatibilités avec les documents d’urbanisme 2.2.5 L’accessibilité (enjeux, modèle envisagé, défaut du modèle…) 2.3 Les coûts du projet de Décines

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III) Les avatars du projet OL Land 3.1 Sur le processus et mode de décision 3.2 Un défaut d’information des élus sanctionné 3.3 Trois enquêtes publiques et trois avis défavorables 3.3.1 Avis du commissaire enquêteur du 10 juillet 2008 3.3.2 Avis de la commission d’enquête du 19 avril 2010 3.3.3 Avis sur le prolongement du Tram T2 3.4 Une opposition grandissante

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IV) Quels stades pour quels sports ? 4.1 Les valeurs que nous défendons 4.2 L’UEFA et le dossier France 4.2.1 Les exigences de l’UEFA 4.2.2 Le dossier France 4.2.3 L’UEFA et Gerland 4.3 Une autre vision du sport et de l’aménagement urbain 4.3.1 Mesure de l’impact sur le quartier et le stade de Gerland ? 4.3.2 Les enseignements de la mission d’information et d’évaluation 4.3.3 De la construction à l'extension du stade de Gerland 4.4 Un stade dans la ville 4.4.1 Les réalités du stade de Gerland 4.4.2 Les aménagements du stade de Gerland 4.4.3 Un projet avec une accessibilité performante

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V) Conclusions Opportunité d’un tel projet

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Annexes : 1) Liste des associations du collectif « Les Gones pour Gerland » 2) Analyse multicritères comparaison des sites : Gerland/Le Puisoz/Décines 3) Bibliographies des documents consultés 4) Glossaire des termes et abréviations utilisés

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Préambule L’objectif du dossier L’objectif de ce dossier est de retracer l’histoire de ce projet, de montrer une facette de sa complexité et d’en reconstituer autant que possible le puzzle. Il est établi afin d’apporter des éléments concrets, factuels et techniques pour faire contrepoids aux documents et discours officiels des porteurs du projet OL Land à Décines. Il est rédigé à partir d’informations tirées : - des réflexions, études et contributions réalisées par des associations membres du collectif Les Gones pour Gerland : Notamment celles du CAEL, de CANOL, de Carton Rouge, de la CEDRUL, DARLY, Déplacements citoyens… sans oublier le blog « Les Gones pour Gerland », - d’articles de presse, quotidiens, hebdomadaires, mensuels, nationaux et locaux. - ainsi que des nombreux documents, rapports et études réalisés par les cabinets d’études ou d’architectes, services d’urbanisme, de l’administration et par les commissions spécifiques dont la liste figure en annexe. Par leurs contributions, les associations ont souhaité montrer qu’il existe bien une solution alternative cohérente avec les politiques : budgétaire, énergétique, de développement, de mobilité et d’aménagements durables, sur la RUL (Région Urbaine de Lyon). Ce dossier pose également la question qui aurait du l’être dès l’origine du projet : Quels stades pour quels sports ? En effet, si le projet OL Land a connu de nombreux avatars depuis 6 ans, c’est bien parce que cette question n’a pas été mise en débat au plan local. Le projet de grand stade pour l’agglomération lyonnaise s’est développé à partir du désir du Président de l’OL Groupe d’être propriétaire de son stade, à l’instar du modèle anglo-saxon dont on connaît aujourd’hui les effets pervers et l’issue inéluctable d’endettement colossal auquel aboutit la grande majorité des clubs qui ont fait ce choix. Mais au-delà de ce projet, c’est bien de politique sportive, d’aménagement et d’entretien des équipements sportifs dont il s’agit, du modèle économique que la collectivité entend accompagner ou promouvoir afin que soient perpétuées les valeurs du sport, et de l’utilisation pour le plus grand nombre (individus et disciplines) des moyens de la collectivité. Ces idées sont largement défendues par les associations suivantes : Le collectif « Les Gones pour Gerland » : Le collectif « Les Gones pour Gerland » est né du constat que depuis plusieurs années de nombreuses associations de l’agglomération lyonnaises s’opposaient au projet OL Land à Décines, sans avoir proposé une alternative commune. Elles ont souhaité confronter leurs démarches, puis les optimiser afin de faire prendre en considération les objections des citoyens et contribuables que nous

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sommes, ainsi que leurs objectifs d’aménagement du territoire, de bonne gestion des ressources fiscales en phase avec les politiques d’environnement et de déplacements durables sur la RUL (Région Urbaine de Lyon). Ce sont aujourd’hui 30 associations (cf. liste en annexe) dont certaines sont affiliées aux fédérations nationales FNE (France Nature Environnement) et/ou à la FNAUT (Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports). Deux fédérations reconnues d’utilité publique qui ont pris part au Grenelle de l’Environnement. Parmi les associations membres du collectif « Les Gones pour Gerland » figure la CEDRUL (Coordination pour l’Environnement et les Déplacements Durables sur la Région Urbaine de Lyon). La CEDRUL est une Coordination associative qui « fédère » aujourd’hui 20 associations de défense de l’environnement et de promotion des modes de transports autres qu’automobile « en solo ». Elle participe au Conseil du Développement du Grand-Lyon et dans ce cadre à l’élaboration du plan climat énergie du Grand-Lyon ; de même qu’elle est présente au COPIL (COmité de PILotage) du CFAL (Contournement Ferroviaire de l’Agglomération Lyonnaise) sous l’autorité du Préfet de Région, ainsi qu’au groupe de réflexion sur le Nœud Ferroviaire Lyonnais présidé par Madame Marie-Line Meaux Inspectrice générale de l’équipement chargée de mission par Dominique Bussereau ancien-Secrétaire d’État aux transports …. Outre les contributions à ces groupes de travail, les associations de la CEDRUL ont participé au débat public (VRAL) sur la politique des transports dans la Vallée du Rhône et l’Arc Languedocien en 2005 et aux concertations sur les infrastructures routières sur la RUL, et, comme toutes les associations du collectif « Les Gones pour Gerland », aux enquêtes publiques à propos du projet OL Land. La CEDRUL se veut force de proposition à l’échelle de l’agglomération du GrandLyon et de la RUL pour les choix d’aménagement d’infrastructures de transport et/ou d’aménagements urbains d’envergure, indépendamment de tout courant ou d’obédience politique. Elle entend affirmer collectivement les priorités des associations qui la composent, dans l’intérêt général de la collectivité et défendre une utilisation raisonnée, en phase avec le Développement Durable (c’est à dire économique, environnemental et social), de toutes les ressources financières affectées aux grands projets, qu’elles soient publiques ou privées. Après avoir longuement étudié ce dossier, comparé dans une analyse multicritères les trois sites de : Gerland, Vénissieux le Puisoz et le Montout à Décines (cf. annexe), la CEDRUL et le collectif « Les Gones Pour Gerland » soutiennent, l’aménagement du stade de Gerland comme solution à l’Euro2016 et pour le développement du sport dans l’agglomération lyonnaise, car c’est la seule solution qui est à leurs yeux, réellement d’intérêt général !

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Résumé : Comme tout secteur d’activité, le sport et notamment le football a beaucoup évolué au cours des ans ; particulièrement ces 20 dernières années. Alors que les recettes aux guichets représentaient encore l'élément essentiel du budget des clubs jusqu'aux années 1990, l’intrusion de la publicité et de la télévision dans le sport ont totalement bouleversé la structure des budgets des clubs de football. Les droits payés par la télévision, avec la publicité, représentent aujourd’hui entre un tiers et deux tiers des budgets des clubs et constituent le poste le plus important de leurs recettes. La libéralisation des contrats des joueurs conseillés par des agents, qui jouent désormais avec les lois de l'offre et la demande, tire les salaires et le coût des transferts vers le haut. Le mouvement s'est amplifié avec l'adoption de l'arrêt Bosman du 15 décembre 1995 qui a abolit « les frontières footballistiques » dans la Communauté Européenne. Avant cet arrêt, le nombre des joueurs étrangers évoluant en club était fixé par les ligues et les fédérations, entre zéro et trois selon les pays et les époques. Début 2008, on comptait 351 joueurs étrangers en Premier League (Royaume Uni), 213 en Ligue 1 (France) et 191 en Liga (Espagne). Les transferts ont toujours existé dans le football mais leur prix a considérablement augmenté ces dernières années. En 2009 le transfert de Cristiano Ronaldo de Manchester United vers le Real Madrid a coûté 94M€ au Real. Les enjeux financiers sont tels, que les structures associatives des clubs ont été adaptées et transformées en Société Anonyme Sportive Professionnel. Elles favorisent ainsi leur introduction en bourse, pour drainer l’argent nécessaire au financement de projets de grands stades dont les clubs veulent être propriétaires pour diversifier leurs activités et sources de revenus. Le modèle le plus abouti nous vient d’Angleterre et se répand au niveau européen. Mais le risque majeur, réside dans la création d’une « Foot-bulle » financière spéculative dont on ne sait quand elle va exploser. En France, seul le club de l’OL avait tenté l’aventure de l’entrée en bourse en 2003. Mais l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) avait rejeté le dossier en exigeant que 20% au moins des activités du groupe ne soient pas directement liées au football. Confronté à une nouvelle charge financière pour la location du stade de Gerland dans lequel l’OL évolue depuis 1950, son Président Jean-Michel Aulas alors auréolé de sa couronne de triple champion de France, s’est pris à rêver d’un destin européen pour son club, lequel (destin) passerait par la construction d’un grand stade. Ce projet aurait naturellement pu voir le jour selon les dispositions administratives réglementaires, si les enjeux politiques et financiers inhérents à ce genre de dossier ayant trait aux politiques sportives publiques et d’aménagement du territoire n’étaient venus entraver son déroulement.

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En effet, la responsabilité des collectivités locales et des administrations en charge de l’aménagement du territoire est de veiller à la programmation de plan d’aménagement de territoires selon leur vocation ou leur destination d’usage (commercial, agricole, industriel, urbain…)… et Lorsqu’un entrepreneur envisage un programme d’investissement, il devrait, selon une logique formaliste, légaliste, rechercher le lieu, le plus adéquat parmi ceux qui seraient ou pourraient être rendu disponibles en respectant les règlementations et lois d’urbanisme en vigueur. Après en avoir payé le « prix du marché » et obtenu toutes les autorisations nécessaires conformes, il pourrait alors réaliser son projet… Mais dans ce dossier de l’OL Land dont le grand stade n’est que l’arbre qui cache la forêt, il apparaît à l’évidence que les enjeux politiques et financiers sont venus contrarier ce cheminement idéal. Son déroulement a alors emprunté un chemin jonché d’embûches. Mal ficelé, mené en dépit du bon sens, le projet OL Land n’a en fait rien d’une démarche cohérente et structurée qu’auraient du mener (en amont de la décision de faire un nouveau stade) les services techniques et administratifs du Grand-Lyon. Ce projet né du désir et de la volonté d’un homme est, au contraire, la conséquence d’une succession d’opportunités et de renoncements en faveur d’un immense complexe privé dédié aux activités commerciales et aux loisirs sportifs. Il inclurait en effet : le nouveau stade de 60.000 places, le centre d’entraînement de l’équipe professionnelle de ligue1, une boutique OL Store, 7.000 places de stationnement, plusieurs équipements de loisirs et de divertissements : un centre de loisirs de 40.000m², deux hôtels de 150 chambres et enfin 8.000m² d’immeubles de bureaux. En 2005, l’idée du départ de l’OL du stade de Gerland n’enchante pourtant pas grand monde du coté de la Mairie de Lyon. D’abord opposés au départ de l’OL pour ne pas perdre le million d’Euros annuel de la location de Gerland, le Maire de Lyon Gérard Collomb également Président du GrandLyon et son adjoint aux sports Thierry Braillard, finiront par céder aux désidératas et pressions du Président de l’OL à la condition, que son stade ne sorte pas de l’agglomération. L’affaire aurait pu être conclue en 2006 pour une implantation à Vénissieux, sur le site du Puisoz, fort bien située et desservie par les transports en commun, si l’appétit financier et la pingrerie du Président de l’OL ne s’étaient heurtés aux prétentions du propriétaire du terrain. Mis devant le fait accompli, risquant de voir ce projet s’exiler au-delà des limites du Grand-Lyon, Gérard Collomb découvrira, au hasard des recherches de solutions pour un contentieux externe à ce sujet, le site du Montout à Décines. Il se saisira alors du dossier et proposera cette destination à Jean-Michel Aulas sans même avoir consulté le Maire de Décines alors en voyage en Arménie.

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Le principal motif mis en avant par le Président du Grand Lyon pour reprendre à son compte et justifier ce projet serait une opération de prestige par le « rayonnement » qu’apporterait l’équipe de football à l’agglomération lyonnaise, auquel il ajoutera pour mieux le faire passer, le développement économique de l’Est lyonnais. En dehors du fait que les protagonistes de ce projet occultent l’attachement des lyonnais à leur club et au stade de Gerland (où l’OL a glané tous ses titres), qu’ils passent sous silence les possibilités d’aménagement de Gerland et cachent aux lyonnais les études réalisées par deux cabinets d’architectes, ils n’envisagent à aucun moment les difficultés que représente l’accessibilité d’un stade à Décines aussi éloigné du centre ville, ni le niveau des engagements financiers qui seraient nécessaires pour établir un service de transport en commun susceptible de répondre aux exigences de fonctionnement (qui malgré cela resterait plus que médiocre). Jean-Michel Aulas, qui se moque comme d’une guigne de l’endroit, à partir du moment où il n’a pas à payer les voies d’accès, dira « banco » à l’aubaine foncière. L’OL puis le Grand-Lyon tenteront de convaincre du bien fondé de ce projet, mais celui-ci prend rapidement l’eau de toute part. La disparition programmée d’espaces naturels, les graves carences du projet en matière d’accessibilité, les nuisances engendrées par cet équipement et le montant des investissements publics finissent par galvaniser rapidement la contestation sur toute l’agglomération (Cf. p 68 & 69, 64% favorables à Gerland). Octobre 2010 : Après trois enquêtes publiques ayant toutes conduites à des avis défavorables, le projet doit repartir pour la troisième fois pour une nouvelle enquête publique pour la révision du PLU du Grand-Lyon sur la commune de Décines. Ni le Grand-Lyon, ni le Sytral, ni l’OL n’auront réussi à faire la démonstration de l’efficacité des transports en commun (TC) sur le site du Montout. Malgré les sommes qu’il faudrait investir (de l’ordre de 300 à 400 Millions €) le nombre de spectateurs qui utiliseraient les TC et modes doux pour se rendre au stade du Montout serait selon le dossier d’accessibilité du Grand-Lyon (p14) de : 9.000 par le réseau TCL, 1.700 en modes doux soit 10.700. Plus 4.800 supporters de l’équipe adverse transportés par cars. Les 44.500 autres spectateurs pour remplir le stade viendront selon ce schéma en voiture. Ce seront donc au total 49.300 spectateurs sur 60.000 soit 82.2% qui viendront par la route. Alors, affirmer que ce grand stade est nécessaire au rayonnement de l’agglomération, c’est montrer bien peu de considération pour la population du GrandLyon (1,3 million d’habitants) au regard de 60.000 spectateurs, 35 jours par an, en passant sous silence l’indécence dont sait faire preuve le milieu du football professionnel.

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Outre les considérations qui montrent l’incompatibilité du projet OL Land à Décines avec les préconisations et règlements d’urbanisme et de déplacements, élus, associations et citoyens soulignent l’incongruité des investissements publics pour l’aménagement des accès au seul profit d’un investisseur privé, même si certains investissements sont présentés en feignant d’élargir le périmètre opérationnel pour justifier cette aide directe de la collectivité, totalement déraisonnable. Les éléments de ce projet font clairement apparaître que l’opérateur privé (OL Groupe) serait bénéficiaire de plus de 50 hectares de terrains acquis par le Grand Lyon, à son profit, au prix dérisoire du terrain agricole. Qu’il les revendrait ensuite à des promoteurs d’hôtels et de centres commerciaux. Ainsi le bénéfice de l’urbanisation de ce territoire, extrêmement onéreuse pour les collectivités pour 35 jours d’occupation du stade par an, serait exclusivement attribué à l’opérateur OL Groupe. L’abondement au fétichisme du ballon rond dans ce projet est indécent au regard des besoins quotidiens des habitants à qui l’on explique que les programmes d’habitat, de crèches, de santé, de réfection de voiries et de trottoirs, de déplacements quotidiens ne sont pas traités depuis des années faute de moyens financiers, mais qu’en plus, ils vont devoir faire des efforts pour consommer moins d’énergie, émettre moins de CO²… et qu’ils devront payer plus de taxes d’habitation. Il est grand temps de revenir aux investissements nécessaires au maintien et à la création de véritables emplois durables et, de préserver et renforcer les milieux naturels de proximité comme préconisé dans le SCOT. Alors qu’une véritable étude d’impact globale et une étude du caractère d’intérêt général de cette opération aurait du précéder toute décision politique sur la nécessité d’un second stade, sur son statut et le cas échéant sur son lieu d’implantation, c’est une campagne de publicité qui a essayé de convaincre la population que ce projet était inéluctable. Aucune étude d'ensemble ou stratégique n'a été menée par le Grand-Lyon pour déterminer les besoins et la solution d'un grand stade pour l'agglomération, alors que la capacité actuelle du stade de Gerland est tout de même suffisante pour 95% des matchs. Ce type d'études devrait pourtant constituer un préalable à toute décision dans ce domaine. C’est par là qu’il faut reprendre ce dossier d’autant qu’urbanistes et architectes nous ont démontré que l’exigence de faire grandir la ville sur la ville est possible. Projet contre nature, sans mise en concurrence, sans ouverture de procédure de ZAC… projet qui va à l’encontre des politiques de déplacements, de développement durable et d’économies d’énergies… Le dossier présenté par l’OL et soutenu par le Grand Lyon, juridiquement fragile et n’ayant pas reçu de modifications significatives, ne devrait pas recevoir d’avis différents des précédents. Comment dans ces conditions déclarer d’intérêt général pareil projet qui n’est devenu en fait qu’une vaste opération immobilière, pour des activités économiques privées !

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I) Historique du projet OL Land 1.1 Chronologie des évènements Le club de l’OL est, depuis sa création en 1950, utilisateur du stade de Gerland. C’est là que l’OL a conquit ses 7 titres de champion de France. La SASP Olympique Lyonnais (Société Anonyme Sportive Professionnelle) est une des filiales du holding OL Groupe, locataire du stade de Gerland, comme de la plaine des jeux (terrains d’entraînement qu’elle utilise à 70%), du stade Tola Vologe…etc.… 2003 : L’utilisation du stade de Gerland à des conditions avantageuses a, sous la pression de certains élus et citoyens de la ville de Lyon, fait l’objet en 2003 d’une convention d’autorisation temporaire du stade de Gerland. Cette convention avec le club de l’OL (qui n’est pas l’unique affectataire des lieux) est assortie d’une redevance de 600.000€ par an. Après moult vicissitudes juridiques cette redevance sera revue et fera l’objet d’une nouvelle convention entre la ville de Lyon et l’OL pour porter cette redevance à 1 million d’Euros par an pour 26 matchs. Novembre 2003, l’OL fait une première tentative d’appel public à l’épargne. Appel rejeté par l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) qui exige que 20% au moins des activités du groupe ne soient pas directement liés au football. 2004, Estimant sans doute que la baisse des subventions et les conditions de location du stade grèvent trop le budget de son club, Le président de l’OL, alors triple champion de France, se prend à rêver d’un destin européen pour son club. Destin, qui pour concurrencer les clubs de la ligue des champions passerait, impérativement par la construction d’un nouveau stade ultramoderne dont il serait propriétaire, à l’image de l’Allianz Aréna de Munich ou de l’Emirats Arena d’Arsenal alors en cours de construction. Mais il faut le financer et pour cela Jean-Michel Aulas Président de l’OL doit pouvoir faire appel public à l’épargne. 15 juillet 2004, Michel Mercier, alors Président du Conseil Général du Rhône et Sénateur du Rhône, dépose, sans succès, un projet de loi au Sénat tendant à autoriser, sans la moindre condition, l’appel public à l’épargne pour les clubs français. Début 2005, l’idée d’un grand stade hors de Lyon n’enchante pas grand monde. Gérard Collomb Maire de Lyon est le premier à s’interroger dans les colonnes du magazine Le Point (14 avril 2005) « Si Aulas construit son stade, et il en a les

moyens, que ferons-nous de Gerland dont nous sommes propriétaires et que nous avons la charge d’entretenir ? […] Les allemands à Munich ont fait cette erreur. Résultat : l’ancien stade Olympique n’a plus d’utilité ».

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Et son adjoint aux sports, Thierry Braillard enfonce le clou au cours d’une séance du conseil municipal : « Le coût du stade de Gerland pour la ville de Lyon c’est 1,4

M€ par an. Heureusement que nous avons un locataire, ça permet quand même d’équilibrer nos comptes. Si demain, nous n’avons plus de locataire, ça sera une charge nette pour la ville et donc un coût supplémentaire pour le contribuable ». (Ndlr : l’OL paie 1M€ par an, ce qui ne couvre pas les frais de 1,4M€, et reçoit par ailleurs des subventions de la ville de Lyon, du Sytral, du Conseil Général, et ce n’est pas le LOU Rugby avec son budget de 7 M€ qui pourra payer ce loyer là.) Cependant, septembre 2005 sur le site de L’Equipe.fr, le maire de Lyon opère un revirement sur l’aile: « Je veux aller jusqu’au bout afin de voir si l’on peut agrandir le

stade de Gerland. Si nous n’y parvenons pas, je suis d’accord pour faire construire un nouveau stade mais il faut qu’il reste au sein de la communauté urbaine. » Une réserve qui allait prendre toute son importance.

A l’époque, le stade de Gerland pourtant lourdement rénové et mis aux normes à l’occasion de la coupe du monde de 1998 par les pouvoirs publics pour près de 33 millions d’euros, se situe à coté de la plaine des jeux (terrains d’entraînement) qui, elle, est encore partiellement en zone Seveso en raison de la proximité du site Arkéma (il sera déclassé en 2008). Ce qui, sans approfondir les possibilités d’agrandissement et d’aménagement des terrains constructibles à Gerland (22,5 ha), achève définitivement les velléités du maire de Lyon de conserver le club dans sa ville et met le projet OL Land sur les rails. Reste à savoir où construire ce nouveau stade. Un site tient alors la corde : Le Puisoz à Vénissieux, un terrain (22ha) situé entre Lyon 8ème et Vénissieux. Bordé aujourd’hui du métro D, du tram T4 et du boulevard périphérique qui fait le lien entre les autoroutes A7, A42 et A43 et à proximité de la gare ferroviaire de Vénissieux. Le choix est loin d’être idiot. L’affaire paraît dans le sac, au point que Gérard Collomb déclarait à L’Équipe le soir du match Lyon – Toulouse le 27 mars 2006 : «Ce sera le Puisoz parce que ce ne peut-être que là aux yeux de la

municipalité lyonnaise. Du reste, d’ici à quinze jours maximum, l’officialisation du site devrait être faite, histoire que le chantier puisse démarrer le plus vite possible. Si les travaux durent comme prévu entre dix-huit et vingt-quatre mois, l’inauguration pourrait avoir lieu pour la saison 2009-2010. »

Mais c’était sans compter sur les exigences et l’appétit financier du Président de l’OL. Car le propriétaire du terrain, le fond d’investissement new-yorkais Apollo Real Estate Advisors, flairant la bonne affaire, demande le prix fort pour son lopin de terre vénissian. C’en est trop pour le président de l’OL, qui jette l’éponge et menace désormais de s’exiler en dehors du Grand Lyon. Des sites à Pusignan (ville hors du Grand-Lyon) ou Jonage limitrophes de Décines sont alors évoqués sans qu’il soit précisé comment Jean-Michel Aulas compte acheminer 60.000 spectateurs dans ces contrées aussi lointaines du centre de Lyon.

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La menace fait son effet sur Gérard Collomb qui, après avoir dû avaler la couleuvre de voir partir le stade en dehors des limites de sa bonne ville de Lyon, n’envisage pas une fraction de seconde que l’enceinte puisse se construire en dehors de l’agglomération dont il est le président. C’est ainsi, que Gérard Collomb, un jour d’automne 2006 découvrira « par hasard » le site du Montout à Décines (plus de 50 ha de terres agricoles). Jean-Michel Aulas qui se moque comme d’une guigne de l’endroit, du moment qu’il n’a pas à payer les voies d’accès, dit « banco ». 30 décembre 2006, une loi vient modifier le code du Sport en autorisant les SASP (Société Anonyme Sportive Professionnelle) à faire un appel public à l’épargne sous réserve que ces sociétés donnent à l’AMF (l’autorité des marchés financiers) des informations relatives « à leur projet de développement d’activités sportives et d’acquisition d’actifs destinés à renforcer leur stabilité et leur pérennité tels que la détention d’un droit réel sur les équipements sportifs utilisés pour l’organisation des manifestations ou compétitions auxquelles elles participent. De mai 2007 à mars 2008 l’OL tentera de convaincre du bien fondé de son projet en organisant une concertation publique. Mais celui-ci prend rapidement l’eau de toute part. La disparition programmée d’espaces naturels, l’amputation du V vert de l’est-lyonnais, les graves carences du projet en matière d’accessibilité, les nuisances engendrées par cet équipement et le montant des investissements publics finissent de galvaniser rapidement la contestation, pas seulement locale, mais sur toute l’agglomération. 9 juillet 2007 1ère délibération du Conseil communautaire pour la modification N°1 du PLU sur la commune de Décines. 1er Oct – 19 Déc 2007 : Concertation préalable à la révision du PLU. 21 Janvier 2008 : Bilan de la concertation préalable et arrêt de projet. 19 Mai – 25 juin 2008, 1ère enquête publique pour la révision du PLU du Grand-Lyon sur la commune de Décines. 19 Juin 2008, La Tribune de Lyon (n° 132) révèle l’étude des Architectes Favarot – Vella et titre « le grand stade à Gerland c’est possible ». 6 juillet 2008 l‘association Carton Rouge dépose un recours amiable demandant l’annulation de la délibération du 9 juillet 2007. 10 Juillet 2008, 1er avis défavorable du commissaire enquêteur à la révision du PLU. Juillet 2008, Sans réponse du Grand-Lyon à son recours amiable, l’’association Carton Rouge présente un recours en contentieux auprès du Tribunal administratif. 25 août 2008 rejet par le juge du Tribunal Administratif de Lyon de la demande de l’association Carton Rouge d’annuler la délibération du 7 juillet 2008. Mais ils font appel de cette décision le 28 octobre. 23 Septembre 2008 le commissaire enquêteur se rétracte ; et fourni un nouveau rapport avec avis favorable avec réserves.

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24 novembre 2008 la commission "Grands Stades Euro 2016", présidée par Philippe Seguin, a remis son rapport au Premier ministre et à Bernard Laporte. Rapport qui cite comme point fort du stade de Gerland (stade 4 étoiles) : « l’accès (…) facile par les transports en commun». Les oppositions grandissantes et les embuches juridiques commencent à agacer les thuriféraires du projet, à tel point que début 2009, Jean-Michel Aulas a laissé planer une nouvelle menace, en affirmant dans les colonnes du Progrès que « si les

grues ne sont pas sur le chantier en 2010, nous abandonnerons ce projet ».

6 juillet 2009 délibération du Conseil Communautaire sur un nouvel arrêt de projet pour la mise en enquête publique de la révision n°1 du PLU du Grand-Lyon sur la commune de Décines. 16 octobre – 13 novembre 2009, concertation préalable sur le prolongement du tramway T2 depuis la station Les Alizés à Bron jusqu’à Eurexpo. 24 novembre 2009, audience de la Cour Administrative d’Appel. Celle-ci annule l’ordonnance du TA du 25/08/2008, et par là même rend caduque la délibération du Conseil Communautaire du 9 juillet 2007. Le grand-Lyon interjettera appel de cette décision devant le Conseil d’Etat. Du 23 mars au 19 avril 2010 seconde enquête publique pour la révision du PLU sur la commune de Décines. 22 avril 2010 approbation par le Conseil du Sytral de la mise en enquête publique du prolongement du tramway T2 de la station Bron-Alizés jusqu’à Eurexpo (parc des expositions, aussi envisagé comme parking des futurs spectateurs du grand stade). 28 Mai 2010, la France est choisie par l’UEFA pour l’organisation de l’EURO2016. Du 21 juin au 23 juillet 2010, enquête publique sur le prolongement de T2 jusqu‘à Eurexpo, 19 Avril 2010, Second avis négatif des 3 commissaires enquêteurs composant la commission d’enquête pour la révision du PLU sur Décines. 31 août 2010, avis défavorable du commissaire enquêteur sur le prolongement de la ligne de tram T2 jusqu’à Eurexpo (prévue par la suite jusqu’au stade). 11 octobre au vendredi 12 novembre 2010, concertation préalable aux travaux d'aménagement de l'échangeur 7 sur la Rocade Est. Octobre 2010 : trois enquêtes publiques et autant d’avis défavorables plus tard, le projet est toujours au point mort. La 3ème enquête publique pour la révision du PLU sur la commune de Décines, prévue en septembre 2010, a été repoussée en mars 2011. Le dossier de ce projet présenté par l’OL et soutenu par le Grand Lyon, juridiquement fragile et n’ayant pas reçu de modifications significatives, ne devrait pas recevoir d’avis différents des précédents. Comment, dans ces conditions, déclarer d’intérêt général pareil projet qui n’est en fait qu’une vaste opération immobilière, pour des activités économiques privées ! J J D J... D Duuubbbooosss

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Grand stade de Lyon :

Histoire d’un projet contre nature

1.2 Petites phrases pour un grand stade Ou les contradictions des thuriféraires du projet OL Land.

De 2004 à ce jour de décembre 2010, les prises de positions, déclarations et enfin résolutions des principaux acteurs de ce dossier sont d’une inconséquence époustouflante, à en devenir comique si ce n’était l’importance des enjeux financiers, environnementaux...

Gérard COLLOMB Maire de Lyon et Président du Grand-Lyon.

Gérard Collomb Maire de Lyon est le premier à s’interroger dans les colonnes du magazine Le Point (14 avril 2005) « Si Aulas construit son stade, et il en a

les moyens, que ferons-nous de Gerland dont nous sommes propriétaires et que nous avons la charge d’entretenir ? […] Les allemands à Munich ont fait cette erreur. Résultat : l’ancien stade Olympique n’a plus d’utilité ». Cependant, septembre 2005 sur le site de L’Equipe.fr, le maire de Lyon opère un revirement sur l’aile: « Je veux aller jusqu’au bout afin de voir si l’on peut agrandir le stade de Gerland. Si nous n’y parvenons pas, je suis d’accord pour faire construire un nouveau stade mais il faut qu’il reste au sein de la communauté urbaine. » Une réserve qui allait prendre toute son importance. Le choix définitif de Décines : Le 23 octobre 2006, M. Collomb annonce lors de la remise de la légion d’honneur à M. Aulas que le stade de l’Olympique Lyonnais sera construit sur le territoire de la commune de Décines-Charpieu (secteur dit du «Grand Montout») faisant partie du périmètre de la communauté urbaine.

Eté 2007, la position de M. Collomb est désormais assujettie à celle du groupe Olympique Lyonnais comme en témoigne cette déclaration étonnante pour un élu en principe investi d’une mission d’intérêt général (blog Gérard Collomb 10/7/07) : «Vous qui êtes des supporters, je vous demande vous aussi de

vous mobiliser pour soutenir votre club et le grand stade. Car, c’est grâce à ce type de projet que, dans les prochaines années, nous gagnerons la Champion’s league ».

La soumission de la collectivité aux intérêts de l’Olympique Lyonnais est telle que l’élu rapporteur du conseil de la communauté (CR Conseil 9/7/07) n’est pas en mesure d’indiquer l’affectation exacte du futur stade, laquelle est soumise au bon vouloir du club sportif : « Le projet grand stade (…) est constitué de quatre éléments :

- le stade lui-même, qui comportera une capacité de l’ordre de 60.000 à 65.000 places. Deux options sont aujourd’hui encore étudiées par l’Olympique Lyonnais, la mono fonctionnalité ou la multifonctionnalité de l’équipement. L'Olympique Lyonnais conclura son choix dans les prochaines semaines à venir ».

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Le président de la Communauté Urbaine reconnaît implicitement avoir été mis devant le fait accompli lors de la décision d’abandonner le site de Vénissieux (CR débats séance publique conseil de la communauté Gérard Collomb, 15/10/07 p.13) : «On a évoqué le Puisoz. J’accorderai que c’est le site que, personnellement, j’aurais choisi. Mais à partir du moment où, entre le propriétaire du terrain et l’Olympique Lyonnais, il n’y avait pas d’accord, ce site évidemment tombait, il ne pouvait pas être retenu. » A la question de savoir s’il a cédé au président de l’Olympique Lyonnais, M. Collomb répondra (Lyon Mag février 2008 p.67) : « Pas du tout, c’est moi qui ai proposé ce projet (Ndlr: le projet de stade à Décines) à Jean-Michel Aulas, car je pense que c’est l’intérêt de l’agglomération »…. Gérard Collomb tentera même, avec le soutien de Michel Mercier (pas encore Ministre, Garde des Sceaux) de faire passer un projet de loi au Sénat pour déclarer les projets privés d’équipement sportifs d’intérêt général. Cet essai sera voué à l’échec, mais la disposition sera finalement introduite par le Secrétaire d’Etat aux Sports Bernard Laporte sous la forme d’un article « cavalier » (article 28) dans la loi n° 2009-888 de développement et de modernisation des services touristiques adoptée le 22 juillet 2009.

Thierry BRAILLARD Adjoint aux sports de la ville de Lyon :

4 Avril 2005, à propos de l’hypothétique départ de l’OL du stade de Gerland, Thierry Braillard dans la lettre du cadre.fr « Ce serait une catastrophe pour la ville, que ferions-nous du stade si c’était le cas » … et d’enfoncer le clou au cours d’une séance du conseil municipal : « Le coût du stade de Gerland pour la ville de Lyon c’est 1,4 M€ par an. Heureusement que nous avons un locataire, ça permet quand même d’équilibrer nos comptes. Si demain, nous n’avons plus de locataire, ça sera une charge nette pour la ville et donc un coût supplémentaire pour le contribuable ». Automne 2005, M. Braillard prendra acte avec regret du revirement de son « patron » Gérard Collomb qui épouse les intentions de l’Olympique Lyonnais en notant («La tribune de Lyon » 30/9/05) :

«Sans club résident, il y a un risque que le stade (Ndlr : de Gerland) devienne une morne plaine. (…) Au final, c’est le contribuable qui va payer ».

Au mois de décembre 2005, la ville de Lyon entérine purement et simplement à la fois le principe de la construction du futur stade par l’OL mais également son emplacement sur le territoire de la commune de Vénissieux manifestement imposé par la société sportive (« Les Échos », 2/12/05) : «Le projet du futur Grand Stade de l’agglomération lyonnaise s’accélère. Il pourrait voir le jour en 2010 à Vénissieux (…). Le club résident en serait l’Olympique Lyonnais, qui

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estime que les 41.000 places du stade municipal dont le coût d’entretien annuel est de un million d’euros et dont les derniers investissements lourds depuis 1998 ont coûté aux collectivités la bagatelle de 45 millions d’euros, ne sont plus adaptées à ses besoins. »

« Ce choix ne pose plus de problème politique » assure Thierry Braillard, Gérard Collomb y est favorable (…). L’enceinte de 55.000 places (…) serait complétée par une galerie commerciale de l’ordre de 40.000 m2 pour assurer la rentabilité financière de cette opération privée ». Il est frappant de constater que ces choix engageant l’avenir de la communauté urbaine ont été faits sans délibération ou sans la moindre information des élus.

Automne 2007, dans un blog consacré au dossier, Th. Braillard va déplorer ce nouveau revirement imposé aux élus dans les termes suivants (extrait blog Thierry Braillard 16/10/07) : « Ensuite, il y a eu le site du Puisoz. Les deux acteurs privés que sont les fonds de pension américain APOLLO, propriétaire du terrain de l’Olympique Lyonnais n’ont pas trouvé un terrain d’entente. Dommage, car je reste à penser que c’était le BON site. Et puis, le site du Montout a été présenté à Jean-Michel Aulas et à son équipe qui, après avoir conduit différentes études, l’ont définitivement choisi. Faisons confiance à l’Olympique Lyonnais d’avoir pesé (sic) le pour et le contre pour un investissement de plus de 300 millions d’euros. (…) Eté 2008, Th Braillard explique dans quelles conditions la ville de Lyon a été obligée d’abandonner le projet de rénovation du stade de Gerland («La Tribune de Lyon» 19/6/08 p.17, interview T. Braillard) : «Je connais le projet (Ndlr : la rénovation de Gerland) et il est très intéressant car il prévoit 85% de l’affluence habituelle pendant les travaux. Seulement au moment où nous l’avons reçu, Jean-Michel Aulas avait décidé de construire son stade. Le projet était intelligent mais nous avons décidé de le classer sans suite.». Posté le 05/11/2010 à 19:42 Dans l’interview donné à LyonCapitale.fr On refait l'enquête : Grand Stade. Le même Thierry braillard reprend son contradicteur Emmanuel Hamelin à propos du projet de stade à Décines et déclare « le projet de Décines date de 2008 et pas de 2006 » (Curieux une telle méconnaissance du dossier pour l’adjoint aux sports de la ville de Lyon. Cf. annonce G. Collomb du 23-10-2006). Et à propos du projet d’aménagement de Gerland il déclare : « je connais très bien Marc FAVAROT l’architecte qui à réalisé cette étude, c’est un ami personnel, cette étude a été faite au bout d’un comptoir, elle n’avait aucune viabilité… ». (Ndlr : l’auteur de l’étude appréciera, et visiblement Th Braillard n’a aucune notion du travail que représente l’étude d’un tel projet. Le lecteur jugera au chapitre 4.4.2).

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Jean-Michel AULAS Président de l’OL.

Février 2006, J-M Aulas présente comme un avantage la desserte aisée du quartier du Puisoz à Vénissieux (« le Progrès » 20 février 2006) : «(…) c’est la porte d’entrée du Sud de Lyon qui ouvre sur tous les accès. Il y a le tramway et le métro au pied et les parkings seraient en sous-sol. Vénissieux est le meilleur consensus.» Il ajoute comme une menace à l’intention des élus : «Si je n’ai pas la possibilité de construire un nouveau stade, je m’en irai.» Et conclut imprudemment à propos du projet: «… et il ne coûterait rien aux contribuables». (Ndlr : mais il est vrai qu’au Puisoz cette affirmation avait du sens). J-M Aulas, mai 2006, l’accessibilité ne semble plus être une question majeure pour le président de l’Olympique Lyonnais qui déclare («La Tribune de Lyon», dossier «la guerre des stades» 12/5/06) : « Mon objectif n’est pas de choisir le projet en fonction des caractéristiques de sa situation géographique (…) mais de pouvoir être à la base et à l’origine du projet, c'est-à-dire d’avoir la maîtrise sur les évènements. (…) L’enjeu se situe plus au niveau de notre participation active dans la construction et le financement du stade plutôt qu’au niveau du lieu »… « La clé du projet de stade de l’OL au Puisoz, c’est un accord entre les investisseurs et le futur club résident du stade qu’est l’Olympique Lyonnais ». Des discussions serrées sont engagées au printemps 2006 entre l’Olympique Lyonnais et les représentants du fonds d’investissement new-yorkais Apollo Real Estate Advisors pour la cession de droits d’installation et la définition de clés de répartition des bénéfices d’une opération portant sur la création du stade de 60.000 places, de 40.000 m2 de surfaces commerciales et de 4.000 places de stationnement sur une surface totale de 22 ha prévue pour être transformée par la communauté urbaine en zone d’aménagement concerté. La finalité poursuivie par l’Olympique Lyonnais est d’ordre économique et financier comme le note un quotidien («Le Progrès» 22/6/06) : «Jean-Michel Aulas souhaiterait être le maître d’œuvre du projet sur le site du Puisoz à Vénissieux. C'est-à-dire récupérer une dizaine d’hectares afin de construire « son » grand stade, lequel pourrait porter le nom d’un sponsor (…). Être propriétaire de cette nouvelle enceinte permettrait également à l’OL de pouvoir à terme valoriser ses fonds propres avant une éventuelle entrée en bourse. Il aimerait également toucher des royalties sur le centre commercial (…).» Janvier 2007 : Dans le document déposé à l’AMF (Autorité des Marchés Financiers) lors de son introduction en bourse (Janvier/février), le groupe OL indique (p.56) à propos du stade : « Il est situé à proximité du centre ville, bénéficie des réseaux de transports en commun (métro et bus) et d’un nœud de voies routières et autoroutières qui le relient notamment au centre de Lyon, à l’aéroport international Saint-Exupéry et à la gare TGV de Lyon Part Dieu, afin de le rendre très accessible pour l’ensemble de l’agglomération ». J J D J... D Duuubbbooosss

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Janvier 2009 J-M. Aulas dénonce les conditions d’accessibilité du stade de Gerland… pour mieux valoriser celles du futur stade de Décines (« Lyon Capitale ») : « (…) l’accessibilité de Gerland est une catastrophe. Les gens mettent une heure et demie en sortant du stade pour rentrer chez eux. » (…) « A Décines, il faudra une heure. » Et, ce dont les acteurs précédents ne parlent jamais : La surcapacité du stade de Gerland (Ndlr : pour le LOU Rugby) devra être traitée par de nouveaux investissements tendant à la fois à réduire sa capacité d’accueil à 25.000 places et à améliorer la polyvalence des installations initialement consacrées au football (cf. «Le Progrès» 4/1/07). (Ndlr : malgré nos demandes, aucun chiffre du coté du grand-Lyon) Automne 2008, Il est cocasse de constater que le détail du projet de réduction de la capacité du stade et son occupation par le LOU avaient été décrits par J-M Aulas dans une lettre en forme d’injonction adressée au président du Grand Lyon… Alors que dans le même temps, Philippe Seguin président de la Cour des Comptes a exprimé des réserves sur cette solution («20 minutes.fr» 16/09/08): « (…) si l’on prend l’exemple du LOU à Lyon, je ne vois pas comment le club de rugby pourra remplir ses plus de 40.000 places. Or, un stade qui n’est pas rempli, on a tendance à le laisser se détériorer ». Le rapport de la commission Grands Stades Euro 2016 dont Philippe Seguin était Président cite comme point fort du stade de Gerland : « l’accès (…) facile par les transports en commun». Et à propos des stades en France : « Ce panorama général ne serait pas complet si n’était pas évoquée la trop faible multifonctionnalité des grands stades français. Si certaines de nos enceintes servent à plusieurs usages (le Stade de France, le Parc des Princes, la Beaujoire, le Stade Vélodrome), accueillant indifféremment matchs de football et matchs de rugby, concerts ou opéras, il n’en reste pas moins que l’essentiel de nos stades est quasi exclusivement dédié à la pratique du football et du rugby » (page 23)… Mais le véritable problème reste l’accessibilité et les transports publics ». Certains documents officiels se bornent à reprendre purement et simplement les objectifs de l’Olympique Lyonnais notamment en termes de calendrier. Ainsi le document intitulé «projet OL Land présentation des objectifs 13 octobre 2008» indique en page 7 : «L’Olympique Lyonnais assure la maîtrise d’ouvrage de l’aménagement du projet OL Land et la réalisation du stade sur le site de Décines selon la programmation urbaine définie par l’OL GROUPE et validée par délibération du Grand Lyon portant arrêt de projet du PLU en date du 21 janvier 2008 ». 19

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Le plan de mandat de la ville de Lyon publié en décembre 2008 confirme l’option 25.000 spectateurs, consistant à adapter le stade à une occupation future de la SASP LOU Rugby d’ailleurs très réticente quant à cette perspective (Ndlr : le Lou Rugby a déposé un dossier de construction d’un stade de 8.000 places au lieu-dit « Plaine des jeux des Etats-Unis » dans le 8ème arrondissement de Lyon). Il est à noter que les matchs de cette équipe ne parviennent pas à rassembler plus de 5.000. Même si le LOU Rugby a réussi le pari de faire venir 32.000 spectateurs pour la rencontre LOU Rugby – Grenoble le 10 octobre 2010. Il faut savoir que le LOU avait fait une promotion spéciale pour ce derby : 2 places pour le prix d’une. Et, comme à l’accoutumé, un bon nombre de places était acheté par les collectivités. Est-ce à ce prix que le Grand-Lyon entend faire passer son projet ? Alors que le rapport présenté (juillet 2010) par Bernard Despierre en conclusion des travaux de la mission sur les grandes infrastructures sportives vient renforcer l’idée confirmée par le secrétaire général aux sports du ministère grec de la culture, M. Ioannis Pyrgiotis, que : « réaliser des équipements permanents en vue de l’organisation d’une manifestation sportive sans être en mesure d’apporter des garanties sur la pérennité de leur exploitation une fois cette manifestation terminée est une grave erreur. » Et les exemples de lendemain économiques douloureux après l’organisation de grandes manifestations sportives foisonnent malheureusement de par le monde.

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II) Le contexte économique du projet OL Land 2.1 Le modèle économique Le modèle auquel se réfère le président de l’OL, est celui des clubs à l’anglosaxonne. Modèle dépendant majoritairement des droits de retransmissions télévisuels qui fragilisent la structure des comptes des plus grands clubs européens. Le rapport de la commission Grands stades présidée par Philippe SEGUIN ne dit d’ailleurs pas autre chose : « sur la télé-dépendance page 33» L’analyse du modèle économique des principaux championnats européens est à cet égard éclairante. La Ligue 1 se caractérise par sa dépendance vis-à-vis des droits TV, qui assuraient pour la saison 2005-2006, jusqu’à 57% des ressources des clubs, les autres produits (billetterie, sponsoring, produits dérivés) totalisant seulement 43% des recettes, la part de chacun d’entre eux oscillant entre 10% et 18 % maximum de cellesci. Si les clubs français ont bénéficié de l’envolée du prix des droits TV depuis le début des années 90, ils apparaissent, aujourd’hui, à la merci d’un retournement du marché et se trouvent, à tout le moins, en position de faiblesse face aux opérateurs médias, tributaires de l’évolution du paysage audiovisuel. La situation actuelle, qui fait de la Ligue 1 – avec la Série A italienne – la ligue la plus télé-dépendante au monde – n’est pas saine. Elle fragilise déjà nos clubs et pourrait à l’avenir compromettre leur équilibre structurel. En effet, le premier des revenus de la planète football qui se chiffrent en milliards d’euros est : les droits de retransmission versés par les télévisions du monde entier. Tous les niveaux de la structure du football professionnels sont concernés. Le chiffre d’affaires 2009 de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association) est de 1,059 milliard de dollars US et un résultat de 196 millions de dollars US. Un taux de marge remarquable (18,5%), qui a de quoi faire beaucoup d’envieux et attirer les « entrepreneurs » qui se sont frottés aux marges de l’industrie. La commercialisation des droits de diffusion télévisée (650 millions US$, 61,4% du CA) et des droits marketing (277 millions US$, 48% du CA) constitue la plus grande source de revenus de la FIFA. (Extrait du rapport annuel 2009 de la FIFA, présenté en 06-2010). La Fédération Française de Football s’inscrit dans le même schéma. Voir ci-après la répartition des retombées financières sur l’ensemble de la structure.

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La FFF (Fédération Française de Football) Répartition des recettes des droits télévisuels en France

Les spectacles offerts par les rencontres de football ne sont plus de nos jours que le support visible de l’iceberg financier de la planète du foot business. Ces activités, fondées sur la notoriété du football lui-même et de celle des clubs, sont très volatiles, parce que construites sur les victoires et les premières places dans les différents classements nationaux, européens. Elles fragilisent l’équilibre financier de la plupart des grands clubs. L’OL n’échappe pas à la règle et cherche même à accroître cette part de son business. Cet appétence au sport spectacle, qui se caractérise par la diversification de ses activités, est visible dans la structure de société et à l’analyse de son bilan (Cf. organigramme ci-dessous).

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Déjà dans son fonctionnement la billetterie ne représentent que 15% des recettes du groupe OL. Si sa notoriété permet à l’OL d’avoir : sponsors, partenaires, produits dérivés, rétributions télévisuelles, son activité économique, à la différence de la FIFA, repose aussi sur les produits réalisés sur les cessions de contrats des joueurs. Tableau extrait de la présentation de l’OL Groupe en Assemblée Générale du 28/11/2008 sur les plus values latente sur les cessions de contrats des joueurs.

On comprend mieux l’assurance qu’affichent à ce moment là les dirigeants de l’OL envers la capacité du Groupe à financer leur projet OL Land. Mais ces plus values latentes ne peuvent se réaliser que lorsqu’il y a une demande de transfert. Le marché est devenu exigu et très volatil. Les aléas du sport, des mercatos, la surenchère sur les montants des contrats de transfert et sur les salaires des footballeurs plombent les comptes des clubs, et pour beaucoup durablement. L’OL n’est pas épargnée par ces mésaventures qui se traduisent par des exercices négatifs. L’exemple 2010 n’est pas qu’un incident de parcours, mais la suite de plusieurs années en régression. Extraits du rapport d’activités de l’OL au 30/06/2010 En M€ 30/06/2010 30/06/2009 Var. en % Billetterie Partenariats – Publicité Droits TV Produits de la marque Produits des activités hors contrats joueurs Produits des cessions des contrats joueurs

Total des produits des activités 23

En M€ Variation 30/06/2010 en %/Total 2010/2009 24,8 15,48% + 10,7% 14,7 9,18% - 31 % 78,4 48,94% + 15,1% 28,2 17,60% + 1,4% 146,1 91,20% 14,1 8,80% - 73,1 %

160,2

- 16,6% J J D J... D Duuubbbooosss


2.1.1 Un modèle contestable, contesté et à haut risque Le football devenu une véritable industrie lourde en termes de capitaux n’a pas su contrôler la spirale inflationniste des cessions de contrats et des salaires des joueurs. Les deux tableaux suivants sont éloquents sur le sujet. Le TOP20 des clubs de football les plus riches est résumé sur ce graphique issu de l'étude faite par Deloitte :

[Source : Le Figaro.fr, graphique réalisé à partir de l'étude du cabinet Deloitte ] Certes les clubs les mieux placés au niveau européen sont ceux qui ont les plus gros budgets, mais en examinant plus en détail leurs comptes, on constate que ce sont aussi les plus endettés et que le mal est endémique et structurel. On s'aperçoit que les droits télévisuels sont, pour tous ces clubs, devenus la principale ressource de revenus : (chiffres 2008/2009) 160 millions d'euros pour le seul real Madrid, 68 millions pour l'Olympique lyonnais (à comparer aux 22,4 millions de la billetterie pour l'OL...), plus de 600 millions d'euros par an pour les championnats français (soit 58 % des recettes des clubs). Mais tous ces revenus cachent mal l'endettement excessif de la plupart des clubs. Selon une étude de l'UEFA, près de la moitié des clubs européens sont déficitaires, et un club sur cinq est dans une situation financière préoccupante. Ainsi, on découvre par la bouche même du président de la Fédération anglaise, que la dette cumulée de Manchester United, Arsenal, Chelsea et Liverpool atteignait 1,3 milliard d'euros, c'est-à-dire un tiers de la dette totale des clubs anglais ! Ceci n'étant que le résultat d'un "marché" des joueurs où les transactions atteignent des sommes vertigineuses (94 millions d'euros pour le transfert de Ronaldo), et des salaires qui grèvent durablement les comptes des clubs !

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Les principales dettes des clubs européens :

Dans sa mission d’évaluation portant sur la compétitivité du football professionnel français Eric Besson fait le même constat : Extrait du rapport Besson sur l’accroissement de la compétitivité de clubs de football français. « Les clubs français, comme la majorité des clubs européens, ont été déstabilisés par les conséquences de l’« arrêt Bosman ». La création du « marché » européen du football professionnel qui en résultera, provoquera une augmentation vertigineuse des investissements et des coûts, une inflation non maîtrisée des salaires et une surenchère pour attirer les meilleurs talents. Le « modèle anglais » qui domine incontestablement le football professionnel européen (et dont la crise financière vient de révéler les failles potentielles) est-il reproductible et « soutenable » en France et dans l’ensemble des pays européens ? Beaucoup d’observateurs ou d’acteurs avertis du monde du football – à l’instar de Michel Platini ou Karl-Heinz Rummenigge – en doutent et plaident au contraire pour une régulation européenne, qui viserait à harmoniser les règles de la concurrence et l’instauration d’un « fair-play financier » ».

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Alors, où trouver l'argent pour continuer dans cette spirale du sportspectacle hors de prix ? Sur les marchés financiers bien sûr ! Et l'Angleterre reste à ce titre le modèle le plus abouti de football financiarisé, la majorité de ses clubs étant cotés en Bourse. L'absurdité avec ces introductions en Bourse est évidemment - au-delà du côté immoral de financiariser un sport - qu'il est quasiment impossible d'estimer les flux financiers futurs comme pour une entreprise de production. Justement parce que le bilan d'un club tient d’abord et surtout à son palmarès sportif qui, même avec les meilleurs joueurs de la planète, peut être mauvais : une élimination en coupe d'Europe, et c'est tout le bilan sportif et financier qui est impacté ! A défaut de pouvoir renégocier les droits de retransmission à la hausse il faut donc chercher de l’argent du coté de la bourse. En France, l'Olympique lyonnais est le seul, pour l'instant, à être entré en bourse depuis 2007. Et on se souvient encore de Jean-Michel Aulas, président du club, qui expliquait aux plus réticents que c'était "une entreprise de divertissement sportif" qu’il introduisait en Bourse. Subtile nuance pour justifier qu'OL Groupe (structure qui chapeaute le club) désirait de la sorte trouver le financement pour l’OL Land devenu un vaste complexe de loisirs sportifs avec une tête de gondole, le grand stade de 60.000 places. Or, bien avant la crise actuelle, les parcours boursiers des clubs européens ont été désastreux. La crise n’a fait qu’aggraver un peu plus une situation en contraignant les conditions de transferts des joueurs et les revenus des droits de retransmissions télévisuelles. Si bien qu’aujourd’hui, ici comme ailleurs, les clubs annoncent des pertes. L’OL Groupe annonce un résultat net de - 35 millions d'euros sur l'exercice 2009-2010. L’aventure boursière n’est pas sans risque, Le groupe OL le reconnait même dans sa note d’opération pour l’émission d’obligations type OCEANE du 10 décembre 2010. Extrait de la note d’opération page 3 :

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Les petits porteurs qui ont cru au mirage du foot business lors de l’introduction en bourse de l’OL en sont aujourd’hui pour leurs frais. Au 8 décembre 2010, le cours a perdu -77% de sa valeur en passant de 24€ à 5.40€ et pourtant, la footbulle n’a pourtant pas encore éclaté. Evolution du cours de bourse du titre OL Groupe

2.1.2 Décines ou l’effet d’aubaine pour l’OL Groupe La réalisation du complexe OL Land sur le site du Montout à Décines ne tient pas uniquement au vœu du Président de l’OL de devenir propriétaire de son grand stade et de bâtir ses annexes commerciales. L’opportunité lui est offerte par le grand-Lyon de réaliser à moindre frais ce complexe commercial de divertissements sportifs. En effet, La superficie des terrains maitrisés par le Grand-Lyon plus de 50ha, comme la possibilité donnée aux collectivités territoriales par l’article 28 de la loi n° 2009-888 du 22 juillet 2009 a suscité de nouvelles convoitises et ambitions du coté de l’OL Groupe. En effet, la loi de développement et de modernisation des services touristiques : « donne pouvoir aux collectivités territoriales de réaliser ou concourir à la réalisation des ouvrages et équipements nécessaires au fonctionnement et à la desserte des enceintes sportives figurant sur une liste fixée par arrêté du ministre chargé des sports, destinées à permettre l’organisation en France d’une compétition sportive internationale ou à recevoir, à titre habituel, des manifestations sportives organisées par une fédération sportive délégataire au sens de l’article L. 131-14 du code du sport ou une ligue professionnelle au sens de l’article L. 132-1 du même code sans condition de discipline et de capacité, ainsi que les équipements connexes permettant le fonctionnement de ces enceintes, dès lors qu’ils sont déclarés d’intérêt général, quelle que soit la propriété privée ou publique de ces installations ». (Seuls les stades

Bollaert et Tassette de Lens et le stade Aréna92 de Nanterre sont déclarés d’intérêt général au 8 décembre 2010). 27

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La Foncière du Montout pourrait donc acquérir plus de 50ha de terrains au prix de la terre agricole et voir l’aménagement des accès (voiries et dessertes en transports en commun) du site financé par les collectivités, permettant ainsi à l’OL Groupe (via sa filiale Foncière du Montout) de dégager une plus value substantielle sur l’acquisition des terrains affecté au football et sur la revente des terrains pour financer son stade. Mais le projet OL Land est contraire aux orientations générales d’aménagement et de déplacements définies dans les documents opposables comme le SDAL (Schéma Directeur de l’Agglomération Lyonnaise encore opposable à tout projet jusqu’en décembre 2010), le PDU (Plan de Déplacements Urbains) pour le territoire du Grand-Lyon… et désormais le SCOT. En effet, le SDAL fixe les orientations pour répondre aux besoins d’aménagement des territoires et aux évolutions de consommation des ménages par un développement adapté de l’appareil commercial, en volume, en rythme et en formes de commerces. Alors que « Ce développement doit s’organiser en veillant à renforcer l’offre de commerces et de services de proximité dans le cadre de l’organisation multipolaire de l’agglomération. », Le Président de l’OL soutien, lui, le 8 juin 2007, le projet d’agrandissement du centre commercial du propriétaire du Leclerc sur Décines, en écrivant au Président de la CNEC pour lui signifier que ce projet de centre commercial s’inscrivait totalement dans le projet OL Land de l’Olympique Lyonnais. Confirmé dans la plaquette de présentation du projet OL Land de novembre 2007 p10.

Quant au PDU, un de ses objectifs prioritaires est de faire des transports en commun une réelle alternative à la voiture par la création de lignes fortes de surface et par une amélioration globale du réseau, pour promouvoir une autre image de la ville pour y privilégier la qualité de vie et en y organisant une coexistence harmonieuse entre tous les usagers, automobilistes, piétons, deux roues et en recherchant la qualité de l’espace urbain. Nous verrons dans un chapitre propre comment les orientations et préconisations de ces documents d’urbanisme sont contournées.

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2.1.3 Spéculation foncière ou pas ? Si en mars 2006 le projet OL Land pouvait tenir sur le terrain de 22 ha du Puisoz à Vénissieux, pourquoi nécessiterait-il 50 ha sur Décines en 2007 ? Après avoir envisagé de réaliser son projet sur 22ha au Puisoz, le Président de l’OL Groupe a saisi l’opportunité qui lui était offerte de le concrétiser sur 50ha sur Décines. J-M Aulas ira même jusqu’à ironiser sur la nécessité d’avoir 75ha pour son œuvre. (Cf. son interview au Progrès du 21 décembre 2010 « Ça mérite 50 à 75 hectares »). En fait, l’explication est à chercher dans le rapport annuel 2006-2007 de l’OL Groupe, qui indique page 28 comment est envisagée la « spéculation » foncière. « Le Groupe, bien que n’ayant pas arrêté sa décision, privilégie l’hypothèse de travail suivante : dans un 1er temps, le Groupe se porterait acquéreur de l’intégralité des terrains nécessaires à la construction d’OL Land à Décines. Puis, alors qu’il conserverait la propriété du stade et de son terrain, il pourrait, dans un second temps, étudier différents types de partenariats avec des investisseurs privés pour la construction du centre commercial et des autres composantes d’OL Land ». Selon ce rapport, le coût d’acquisition des terrains serait de 15 à 20 Millions €, ce qui compte tenu de la superficie de 50ha, met le coût d’acquisition, essentiellement auprès de la communauté urbaine du Grand-Lyon, à 30 ou 40€ le m², alors que le prix du mètre carré constructible à Décines dépasse généralement les 250€/m². Pour mener à bien cette « gestion » du foncier, le groupe OL a créée le 26 juin 2007 la société « Foncière du Montout » filiale à 100% de l’OL Groupe et dont l’objet est : « de procéder aux acquisitions foncières, au remembrement, à l’aménagement, à la gestion et à la revente des terrains sur le site du futur stade » (rapport OL Groupe 2006-2007 page 42). Après la péripétie du Puisoz, on comprend mieux le choix de Décines. C’est ce qu’a d’ailleurs relevé la commission d’enquête dans son rapport du 19 avril 2010 sur la révision du PLU sur la commune de Décines : - Il existe une forte suspicion que les 50ha de terrains reclassés en zone à urbaniser, suite à la modification du PLU soient bradés à l’OL, - Seuls 20ha seront utilisés pour ses besoins propres, les 30 autres ha, valorisés par la présence du stade pourraient être vendus d’une manière très lucrative et ne serviront pas à construire des parkings dont l’OL se défausse sur la collectivité.

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2.2 Le choix de l’emplacement du projet OL Land 2.2.1 Les hypothèses envisagées De 2004 à fin 2006 les contraintes fixées tour à tour par le Président de l’OL et le Président du Grand-Lyon ont lourdement pesé sur le choix final du site. C’est ainsi qu’au fil du temps et des péripéties de ce projet, différents sites ont été envisagés (cf. carte page 33). Celui qui tiendra un temps le haut du pavé est Le terrain urbanisable du Puisoz sur la commune de Vénissieux, un terrain de 22ha situé entre Lyon 8ème et Vénissieux. Bordé aujourd’hui du métro D, du tram T4 et du périphérique qui fait le lien entre l’A7 et l’A43, le choix était loin d’être idiot. Il fut jugé comme le site idéal, mais trop cher pour le Président de l’OL. Puis ce sera le site de Pusignan (40ha) plus éloigné (30 kms de Lyon, près de l’aéroport Saint-Exupéry ce site sera rejeté par Gérard Collomb car il est en dehors du périmètre de la communauté urbaine), tout comme Jonage (42ha) bien que dans l’agglomération et limitrophe de Décines. Mais après avoir dû avaler la couleuvre de voir partir le stade en dehors des limites de Lyon (ville dont il est maire), Gérard Collomb, ne pouvait envisager une fraction de seconde que le grand stade puisse se construire en dehors de l’agglomération dont il est le président. Ne se résignant pas à laisser partir le grand stade hors de l’agglomération, ce seront les sites de Meyzieu (9ha), Saint-Priest (9ha) et Chassieu au sud d’Eurexpo (39ha), Vaulx-en-Velin (Carré de Soie, 17ha) qui seront examinés. Mais là, différentes raisons seront évoquées pour exclure ces options : « Soit la maîtrise foncière serait mal assurée (par le Grand-Lyon), soit les terrains appartiennent totalement au privé, soit ils sont trop petits ou contraints par les servitudes de dégagement aéronautique et en zone d’exposition aux bruits de la piste d’atterrissage de l’aéroport de Bron. » ((Ndlr : ce sont ces arguments qui ont été présentés aux conseillers communautaires le 29 novembre 2010 dans le dossier d’arrêt de projet et de mise en enquête publique, alors qu’ils n’avaient jamais été présentés aux élus et au public auparavant. (Cf. versions du dossier de révision du PLU antérieures dont celle de juillet 2010 retirée.)).

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On notera que le site de Gerland n’est donné que pour une superficie de 8ha dans le dossier d’arrêt de projet et de mise en enquête publique présenté aux conseillers communautaires le 29 novembre 2010 (fig. 1), alors que le dossier de la commission d’information et d’évaluation (janvier à juillet 2009) nous permet d’évaluer les terrains disponibles sur Gerland à 41,6ha (fig. 2 : 1+2+3+4+5 = Stade de Gerland, plaine des jeux, stade Tola Vologe1, Palais des sports, parkings et Tola Vologe2), et 22,5ha sans la plaine des jeux (aire n°2) (Cf. détail du foncier au chapitre 4.4 sur les possibilités sur le site de Gerland). Fig. 1

Fig. 2

Fig. 3 Site du Montout 50ha (contour en rouge) Dossier de mise en révision du PLU 2009

Devant de telles disparités de superficies des parcelles envisagées et les surenchères de la part du Président de l’OL Groupe, on est en droit de s’interroger sur le niveau de définition du projet OL Land au moment du choix du site du Montout sur la commune de Décines !

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Carte de l’agglomération lyonnaise

Localisation géographique de la commune de Décines-Charpieu et du site du Montout

Gerland

Champs d’action du SYTRAL Il correspond au Périmètre des transports urbains (PTU) : les 57 communes de la Communauté urbaine de Lyon. Le réseau TCL dessert également 7 communes limitrophes hors PTU. Le PTU représente 515 km² et 1 300 000 habitants.

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Carte des sites envisagĂŠs :

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2.2.2 Le choix du Montout à Décines Ce jour d’automne 2006 Gérard Collomb, « découvre par hasard » le site du Montout en passant sur la rocade Est en voiture. Plus de 50% des terrains agricoles sont propriété de la commune de Décines ou du Grand-Lyon. Il n’en faudra guère plus pour que le sort du stade soit réglé. Après avoir écarté toutes les autres hypothèses de délocalisation, sans avoir approfondi l’hypothèse Gerland, ni même envisagé que l’accessibilité sur ce site si éloigné du centre de l’agglomération poserait problème, Gérard Collomb fera se ranger l’OL et le grandLyon derrière son choix et cherchera par tous les moyens à le justifier et à tenter de le rendre compatible avec les documents d’urbanisme et règlements en vigueurs.

Ce sera donc le Montout à Décines, plus de 50 ha de terres agricoles du V Vert Nord de l’Est lyonnais, en bordure de la rocade Est déjà très surchargée (100.000 véhicules /jour alors qu’elle était prévue pour 70.000), mais sans aucun moyen d’accès par les transports en commun. La totalité du site représente une surface totale de 70 hectares dont 21 appartiennent à la communauté urbaine, 6 à la ville de Décines, 24 au propriétaire de deux grandes surfaces qui souhaite y développer un centre commercial de 24.000 m2 (hypermarché de 9950 m2 sous l’enseigne franchisée Leclerc, galerie marchande de 50 boutiques, librairie, jardinerie,...) le reste, soit une vingtaine d’hectares, constituant des terrains agricoles répartis entre plusieurs propriétaires-exploitants. Le choix de ce site (hormis la plus value foncière pour l’OL Groupe) n’a donc rien de rationnel. Il ne découle pas d’une réflexion sur l’aménagement du territoire de l’Est lyonnais. Tout ce qui s’est passé avant cette date le démontre. La commission d’enquête dans son rapport du 19 avril 2010 parle elle d’amateurisme « Le site retenu n’est pas

l’aboutissement d’une réflexion amont concertée et construite ». J J D J... D Duuubbbooosss

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Alors, pourquoi le choix du Montout ? 2.2.3 Les caractéristiques du Montout à Décines Le site du Montout s’inscrit dans l’extrémité Nord de l’espace naturel sensible du V-Vert branche Nord de l’Est lyonnais. Espace à vocation principalement agricole désigné comme le poumon vert de l’est de l’agglomération lyonnaise. Les sensibilités écologiques sont donc fortes du fait de la présence sur ce territoire du corridor écologique et d’espèces protégées. Ces terrains sont perméables et à l’aplomb des nappes fluvio-glaciaires de l’Est lyonnais destinées à l’alimentation en eau potable d’une grande partie de l’agglomération. Ils présentent donc une sensibilité importante à l’infiltration des eaux de pluie et de ruissellement d’autant qu’ils sont situés à l’aval de collines agricoles fortement imperméables. Rocade Est

Le tissu urbain environnant a une forte hétérogénéité de formes et de fonctions (zone pavillonnaires, de petits collectifs, lycées, zone d’activité…) Exemple : Résidences « Chantalouette », lotissement du Montout, zone pavillonnaire de la rue Marceau, les lycées Becquerel et Al Kindi… Les sensibilités riveraines sont donc importantes du fait de la proximité de ces habitations du site envisagé.

Carte de situation du stade sur le Montout, à proximité de la Rocade Est et du réseau de voiries mais sur la branche Nord du V Vert de l’Est lyonnais.

2.2.4 Incompatibilités du Montout avec les documents d’urbanisme Par rapport au SDAL, SAGE, DOG et SCOT : Le SDAL (Schéma Directeur de l’Agglomération Lyonnaise) élaboré en 1992 par le SEPAL (Syndicat mixte d’études et de programmation de l’agglomération lyonnaise) n’est pas obsolète jusque fin 2010, et continue d’être juridiquement opposable à tout projet tant que le SCOT (Schéma de COhérence Territoriale) n’est pas adopté. Et, le SCOT du Grand-Lyon soumis à enquête publique durant l’année 2010 viendra renforcer la notion d’aménagement équilibré de l’agglomération en privilégiant le développement des centralités des territoires et la protection de l’environnement. Il est d’ailleurs précisé dans le dossier du SCOT soumis à enquête publique :

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« l’élaboration du SCOT est une occasion de réinterroger le modèle de développement autocentré de ces deux dernières décennies et de s’accorder sur une logique d’aménagement durable qui prenne en compte la réalité du bassin de vie des habitants de l’aire urbaine », - tout comme la sauvegarde des espaces ‘’fragiles’’ et la mise en

cohérence avec une politique nationale de lutte contre les diverses sources générant des gaz à effets de serre !. (réf : SCOT Grand-Lyon).

Le projet de centre commercial et stade sur le site du Montout à Décines décidé par le président du Grand-Lyon et le président de l’entreprise « OL Groupe » serait justifié, selon ses deux auteurs, par le fait que les terrains concernés sont inclus dans un « site stratégique » inscrit au Schéma Directeur de l’Agglomération Lyonnaise (SDAL) approuvé en 1992. Le SDAL avait en effet institué cette notion en tant que « potentiel de développement en acte ou en gestation (page 241) » à une époque où la taxe professionnelle était la principale ressource des communes, avant la péréquation de cette taxe puis sa suppression récente, et avant la promulgation de lois renforçant la nécessité de préservation des espaces naturels (continuité, couloirs écologiques) et aussi avant la loi sur l’eau. Cette possibilité d’urbanisation, qui n’est pas une obligation, a été portée au SDAL sans considération des principes législatifs intervenus ultérieurement (les auteurs ne pouvaient les imaginer) et sans étude préalable notamment de topographie et hydrogéologie. Aucune étude d’impact n’a précédé le choix géographique de ces sites stratégiques. En ce qui concerne le site du Montout-Peyssilieu, la note de présentation, pages 262 et 263 du SDAL, est plus que succincte, elle ne tient compte que du fait d’espaces libres autour d’une « rocade Est », devenue l’A 46, sans relation avec les zones d’habitation et en l’absence de toutes considérations topographiques et hydrogéologiques. Le SDAL avait par ailleurs préconisé la préservation d’un « V Vert » dont la branche nord concerne des terrains allant de Bron à Meyzieu et Décines, et précisé, page 239, « de ne pas laisser ces espaces disponibles se colmater au coup par coup.. ». Le PLU (Plan Local d’Urbanisme) approuvé en 2005 a classé une partie de ce site en zone AU3 sans plus de considération de topographie et d’hydrogéologie, en arguant simplement que ce classement n’est pas incompatible avec les dispositions du SDAL. Le SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) de l’Est Lyonnais approuvé par les Préfets du Rhône et de l’Isère le 24 juillet 2009 comporte des dispositions plus précises sur le « V Vert » nord. Le périmètre du « V Vert » nord est fixé par le règlement en page 16 et inclut les terrains du Montout ainsi qu’une partie de Peyssilieu. J J D J... D Duuubbbooosss

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Carte du V Vert branche Nord de l’Est lyonnais

Emprise du projet sur le V vert Nord

L’article 10 du règlement du SAGE est spécifiquement dédié au « V Vert » nord. Il stipule que : « Article 10 – Projets d’infrastructure ou d’aménagement du « V vert » nord voir aussi fiche action n°R11 Pour tout projet éventuel d’infrastructure ou d’aménagement touchant le « V vert » nord (au sens de l’espace naturel sensible), les dossiers loi sur l’eau mettent en avant des mesures de conception, de réalisation, d’entretien permettant d’assurer une protection des eaux souterraines vis-à-vis des risques de pollution diffuse et accidentelle, et une gestion économe de la ressource. Le dossier propose également un plan d’alerte (et actions associées) à mettre en place en cas de pollution accidentelle. Recommandation / prescription R11 – Maintien du « V vert » non urbanisé règlement article 10 + fiche action n°R11 Le secteur du « V vert » (nord) se situe en amont hydraulique des champs captants de Crépieux-Charmy. Son maintien paraît essentiel pour la protection de la ressource et peut contribuer à relever le défi de "laisser de la place à l’eau". La CLE (Commission Locale de l’Eau) recommande de maintenir le V vert nord (au sens de l’espace naturel sensible) non urbanisé et non constructible, sur la base de son extension physique actuelle. A défaut, les dossiers loi sur l’eau des éventuels projets d’infrastructure ou d’aménagement mettront en avant des mesures de conception, de réalisation, d’entretien permettant d’assurer une protection des eaux souterraines vis-à-vis des risques de pollution diffuse et accidentelle, et une gestion économe de la ressource.

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Le dossier proposera également un plan d’alerte (et actions associées) à mettre en place en cas de pollution accidentelle (ce paragraphe est éligible au règlement du SAGE). Les documents d’urbanisme locaux participeront à la mise en œuvre de cette recommandation. » Orientation 2 : Reconquérir et préserver la qualité des eaux Objectif 9 : Appliquer des principes d’urbanisation optimisée Recommandation/Prescription n°R11 Description : « Recommander de maintenir le V vert nord (au sens de l’espace naturel sensible) non urbanisé et non constructible, sur la base de son extension physique actuelle. A défaut, les dossiers loi sur l’eau des éventuels projets d’infrastructure ou d’aménagement mettront en avant des mesures de conception, de réalisation, d’entretien permettant d’assurer une protection des eaux souterraines vis-à-vis des risques de pollution diffuse et accidentelle, et une gestion économe de la ressource. Le dossier proposera également un plan d’alerte (et actions associées) à mettre en place en cas de pollution accidentelle (ce paragraphe est éligible au règlement du SAGE). Les documents d’urbanisme locaux participeront à la mise en œuvre de cette recommandation. » LOCALISATION : Secteur du « V vert » nord NIVEAU D’IMPACT ATTENDU -(faible moyen à fort) : fort COÛT ESTIMATIF Pas de coût direct ACTEURS PRESSENTIS - Maître d’ouvrage : structure chargée de l’élaboration du SCOT Agglomération lyonnaise (SEPAL), services d’État - Partenaires potentiels : communes concernées, gestionnaires d’aménagements - Financeurs potentiels : CALENDRIER : Année N à N+10 Intervention Indicateurs de suivi : Superficie et affectation des terres du « V vert »

Les recommandations du SAGE, et son règlement qui reprend les principaux objectifs, s’imposent, notamment celles du « V Vert » nord, aux documents d’urbanisme qui doivent à minima être compatibles avec ces objectifs. Les seules possibilités « d’aménagement » dans le « V Vert » nord sont celles qui respectent son intégrité de zone naturelle. Les projets de zone commerciale et de stade avec les voies de raccordement qui sillonnent le « V Vert » nord sont totalement incompatibles avec le règlement du SAGE dont les études ont commencé en 1997 (soit 5 ans après la loi sur l’eau) et ont été poursuivies pendant 12 ans. Il s’agit donc de règles solidement étayées. Le SDAL est incompatible avec le règlement du SAGE, il en est de même du PLU en ce qui concerne la zone AU3.

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Le projet de SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) arrêté le 14 décembre 2009 témoigne de l’embarras sur ces projets : Exemple (page 13) du DOG (Document d’Orientations Générales) du SCOT : « L’inversion du regard : Le Document d’Orientations Générales fait des espaces naturels et agricoles et des espaces en eau – dénommés « armature verte » et « réseau bleu » – des éléments structurants et prioritaires du développement de l’agglomération. Les territoires qui les composent, par nature et par destination, ne sont pas urbanisables. Ils doivent former à terme un réseau cohérent d’espaces. Des préconisations sont formulées pour les réunir (notion de « liaisons vertes »). DES RÈGLES DE PROTECTION FORTES POUR L’ARMATURE VERTE Les espaces constituant l’armature verte sont localisés sans en fixer les limites de manière précise. Ces espaces font l’objet de prescriptions de différentes natures en fonction de leur valeur économique, écologique, récréative ou paysagère.

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Assurer une activité de production, agricole ou forestière, constitue un élément déterminant pour le maintien de ces espaces et l’approvisionnement de l’agglomération. Utiliser ces espaces comme support de découverte pour une meilleure compréhension, un respect de leur fonctionnement et de leurs usages constitue un élément déterminant de leur préservation. Les liens entre ces espaces sont mentionnés et localisés. Ils peuvent faire l’objet ponctuellement d’une description détaillée, soit dans le texte, soit au niveau de la cartographie. Ils peuvent être délimités avec précision lorsque cela se justifie. »

La carte sur le tertiaire (page 18) du DOG (Document d’Orientations Générales) du SCOT ne comporte pas de « pôle commercial » au Montout alors que les documents présentés aux enquêtes publiques précédentes sur le même site montrent des capacités de 1 million de m² de planchers commerciaux dans l’enceinte du projet OL Groupe et la révision récente du document d’équipement commercial encourage à l’extension du supermarché Leclerc sur Peyssilieu, à proximité immédiate du Montout. On retrouve par contre le centre commercial caché sous une autre appellation (page 30) : « site économique métropolitain projeté » ou (page 32) sous encore une autre appellation: « enveloppe foncière économique »… et pour finir (page 40) sous les termes : « offre commerciale de l’agglomération ». Il faudra sans doute au commun des mortels un cours de sémantique ou du discours politique pour traduire ces définitions. A noter que ce site est (page 50), complètement « désagrafé » de l’agglomération. Le texte de la page 41 décrit les principes à appliquer à tous projets d’implantation commerciale et grands équipements : « Pour les nouveaux projets d’implantations commerciales et l’évolution des grands pôles commerciaux, le DOG fixe les orientations suivantes : « - veiller à une meilleure insertion urbaine, environnementale, architecturale et paysagère des équipements commerciaux et améliorer la performance environnementale des nouvelles constructions, - rechercher une proximité urbaine et plus de mixité fonctionnelle. Par conséquent, la localisation de pôles commerciaux dans des zones d’activités, surtout lorsqu’elles sont éloignées des tissus urbains et des centres, ne doit, en règle générale, pas être autorisée, - tendre vers une plus grande compacité des sites (surfaces de vente et espaces de stationnement), - prévoir l’accessibilité en transport collectif des grands pôles commerciaux, - répondre aux besoins de stockage et de fonctionnement du commerce en ligne, - favoriser le développement d’une offre logistique de proximité pour la livraison des marchandises en ville. Ces orientations doivent faire l’objet de traductions appropriées dans les PLU. »

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Or dans le projet de SCOT, le développement des transports en commun est fortement marqué (page 20) par les lignes A7 et A8 (autrefois T7 et T8 c’est-àdire des lignes de Tram), en rocade dans les milieux urbanisés denses, alors que le Grand-Lyon, pour le projet OL Land, préfère orienter les investissements en transports en commun sur de longs linéaires, pour certains dans l’armature verte, afin de desservir un centre commercial et un stade (durant quelques heures, 35 jours par an selon le dossier). Par ailleurs (page 54), le DOG décrit les principes nécessaires au positionnement d’un centre commercial et équipements de polarité urbaine : « Pour la mise en œuvre de cet objectif de solidarité dans la répartition des équipements, le Dog fixe les orientations suivantes : - les équipements de transport – Réseau express de l’aire métropolitaine lyonnaise et réseau de transports collectifs d’agglomération – desservent les polarités urbaines et les sites de projet, - les équipements à réaliser dans le domaine du sport, de l’éducation, de la santé et de la culture sont localisés de manière préférentielle au sein des polarités urbaines, - des équipements structurants d’échelle d’agglomération ou métropolitaine peuvent être localisés en dehors du bassin de vie Centre (Lyon - Villeurbanne), dans les secteurs bien desservis par le Réseau express. A cette fin, les politiques publiques veillent à la répartition équilibrée des équipements à l'échelle des bassins de vie et à permettre l’implantation d’équipements structurants au sein des polarités urbaines et dans les secteurs proches des principaux points d’interconnexion du Réseau express. » Ces conditions n’existent pas pour le Montout, elles n’étaient même pas envisagées dans le PDU révisé en 2005 où tout est à réaliser pour atteindre les objectifs du SCOT. Suit le chapitre relatif aux liaisons vertes (page 83) :

LES « LIAISONS VERTES » : METTRE EN RÉSEAU LES COMPOSANTES DE L’ARMATURE VERTE

« Les « cœurs verts », la « couronne verte » et la « trame verte » ne représentent pas des entités séparées ; ces espaces tirent leur force et leur valeur du fait qu’ils sont reliés entre eux et qu’ils constituent un système. Ce système fonctionne grâce aux « liaisons vertes ». Ces « liaisons vertes » accueillent plusieurs fonctions : écologiques, paysagères, agricoles, de loisirs et de découverte. Parmi ces liaisons vertes, le Scot distingue : - les « liaisons vertes» participant au fonctionnement écologique de l’agglomération, dénommées « corridors écologiques » - des « liaisons vertes » destinées à la détente et aux modes doux dénommées « cheminements de loisirs et de découverte ». Certaines parties de ces liaisons vertes jouent un rôle de coupure ou sont précisées par la DTA.

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Elles sont dès lors identifiées et délimitées par le Dog dans la partie 3 sous l’appellation « coupures vertes ».

Le « V Vert » nord soudain appelé « Plaine du Biézin » (page 84) est mentionné au futur SCOT comme « parc d’agglomération », ce qui ne répond à aucune des appellations énoncées ci-dessus…

Mais le même territoire se retrouve page 86 avec des « coupures vertes » intitulées D « de Biézin » et M « Biézin Sermenaz », dans lesquels seraient seulement admis : « Les aménagements possibles au sein de l’armature verte : Les PLU peuvent autoriser, en fonction des conditions locales, les constructions et les aménagements nécessaires aux fonctions environnementales, productives (agricoles ou sylvicoles), de loisirs et de découverte compatibles avec la vocation et la fragilité des espaces localisés au sein de l’armature verte. Afin de limiter les conflits d’usage et de permettre le développement de l’activité agricole, le changement de destination des bâtiments agricoles situés en zone agricole ne doit pas porter atteinte à la pérennité des exploitations avoisinantes ou entraver la reprise de sièges et de bâtiments d’exploitation. » Le projet de centre commercial et stade, sur l’emplacement de la coupure verte « M », ainsi que les liaisons proposées au travers du « V Vert » nord vont totalement à l’encontre des objectifs affichés par le projet de SCOT. Le projet détourne le corridor écologique nord-sud entre le « V Vert » nord et le parc de Miribel (page 92). De même, le principe de « cheminement de loisirs et de découverte d’agglomération » (page 94) devient totalement illusoire. Les grandes déclarations (pages 102) deviennent vides de sens avec le projet de centre commercial qui crée une énorme coupure, ainsi que les voies pour le desservir : « Créer un grand paysage dans l’est de l’agglomération Le Dog désigne comme une action prioritaire la création d’un grand paysage dans l’est de l’agglomération, compte tenu de la volonté, exprimée dans le PADD (Plan d’Aménagement et de Développement Durable), de valoriser ce secteur. Pour y parvenir, le Dog recommande : - la constitution d’une charpente paysagère dans l’est de l’agglomération à partir du « V Vert », dont le principe était déjà inscrit dans les Schémas directeurs précédents, - la protection des liaisons vertes du Biézin et de la plaine d’Heyrieux, éléments forts de la charpente paysagère, de manière à ce qu’elles relient les points attractifs du territoire, - l’aménagement des liaisons vertes en vue de la constitution d’un maillage local d’itinéraires et de promenades, - la protection et la reforestation des points hauts et des côtières de manière à créer la trame paysagère de l’Est lyonnais, - la préservation et le renforcement de la trame bocagère et le traitement paysager des limites d’urbanisation. » J J D J... D Duuubbbooosss

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Sans doute serait-il plus judicieux de se conformer au principe inscrit dans le PADD du projet de SCOT (page 41) : « Le réseau maillé des espaces naturels et agricoles Le Scot de l’agglomération fait le choix de rompre avec le modèle passé, où les espaces naturels et agricoles périurbains étaient plus ou moins considérés comme des réserves d’urbanisation pour l’avenir et où la maîtrise de l’extension urbaine était garantie par des limites réglementaires sans cesse révisées. Il souhaite faire de ces espaces pérennisés une composante intrinsèque d’un nouveau modèle urbain attractif et d’un mode de développement multipolaire économe en espaces. » Le projet de centre commercial et de stade au Montout montre que les objectifs du PADD du futur SCOT sont oubliés avant même l’application du document. Par rapport au PDU (Plan de Déplacement Urbain) Le PDU approuvé par le SYTRAL en octobre 1997 (Syndicat des Transports de l’Agglomération Lyonnaise), autorité organisatrice des transports collectifs urbains, après avis de la Communauté Urbaine de Lyon, du Département du Rhône, de la Région et de l’Etat, a défini trois grands objectifs : « - réduire les nuisances, c’est à dire les accidents de la circulation, le bruit routier et la pollution atmosphérique, chercher à améliorer la qualité de l’espace urbain ; - maintenir l’accessibilité de tous les secteurs de l‘agglomération, améliorer l’équité, renforcer la sécurité notamment dans les transports publics ; - ambitionner un renversement de tendance dans la répartition des déplacements entre les différents modes. » La révision du PDU engagée en 2003 fera l’objet d’une évaluation dans laquelle on peut y lire ceci : Une augmentation de l’offre des transports collectifs urbains : L’offre en transports collectifs structurants a progressé sensiblement depuis 1997 dans l’agglomération : la ligne de métro B a été prolongée au stade de Gerland en 2000, deux lignes de tramway ont été ouvertes en 2001, la ligne T1 Perrache - la Doua et la ligne T2 Perrache - Bron Université, cette dernière sera prolongée à Saint-Priest fin 2003. Ces deux lignes sont les deux premières réalisations du programme de onze lignes fortes de transports en commun décidées dans le PDU, et à réaliser sous dix ans. Parmi les autres lignes fortes, six seront effectivement réalisées ou engagées d’ici 2006, c’est à dire à l’horizon prévu par le PDU : - le prolongement de la ligne de tramway T1 à Montrochet (A6) ; - le tramway Lea sur la ligne du CFEL, entre la Part-Dieu et Meyzieu ZI (A9) ; - une ligne de tramway entre la Part-Dieu et les Minguettes (A4 Sud) ; - les lignes Vaulx-en-Velin - Saint-Paul (A3), et Part-Dieu - Caluire / Rillieux (A5), assurées par des trolleybus articulés, circulant en grande partie en site propre, avec priorité aux feux ; - le prolongement de la ligne B du métro à Oullins (A10).

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Les lignes de rocade A7 et A8 ont fait l’objet d’études préliminaires, mais ne seront pas lancées d’ici 2006, de même que la ligne A2 (Francheville), dont la réalisation est conditionnée au projet du bouclage du périphérique. - Le prolongement de la ligne A à La Soie, non défini au PDU, est maintenant décidé et démarrera d’ici fin 2006. Pourtant un certains nombre de grands projets d’agglomération sont venus se rajouter à ceux connus en 1997 comme Gerland, Porte des Alpes, l’hôpital Mère-Enfant à Bron (ouverture prévue en 2006)…, et leur desserte par les Transports en Commun envisagée ; mais ils avaient cette particularité d’être (comme souhaité dans le PDU) localisés en zones urbaines denses et souvent assurés d’une desserte de proximité par des axes forts de transport collectif. Exemples : - l’extension de la Cité Internationale, avec la salle 3000 ; - le projet Confluence, avec le musée et le projet de pôle de loisirs, - les grands pôles de loisirs de Vaise et du Carré de Soie à Vaulx-en-Velin. -

Ces objectifs du PDU revus en 2003 seront confirmés lors de sa révision en 2005. Mais aucune ligne nouvelle n’est venue compléter ce schéma déjà imposant par le nombre de projets. Il n’est en particulier nulle part question du prolongement du tramway T2 de la station des Alizés à Bron jusqu’à Eurexpo (puis jusqu’au site du Montout), ni de la desserte du grand stade. Un Comité Consultatif des Déplacements réunissant les 5 partenaires ci-dessus, plus les représentants de la société civile : les associations s’intéressant aux déplacements (DARLY, UDAF, Lyon Métro), la Chambre du Commerce et d’Industrie de Lyon, le Groupement interprofessionnel lyonnais-MEDEF et la Chambre des métiers du Rhône a été mis en place. Il devait suivre annuellement la mise en œuvre des actions du PDU, mais fut très peu sollicité, et ne s’est pas réuni sur la période post-révision 2005-2010. Conformément aux documents d’urbanisme en vigueur, aucun moyen d’accès n’était envisagé au PDU révisé en 2005 sur la zone du Montout puisque le lieu d’implantation du projet OL Land n’était pas arrêté, et que d’après les documents d’urbanisme en vigueur, son implantation en ces lieux était et demeure toujours impossible (cf. cartes ci-après).

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Carte du PDU 1997 révisé 2005 :

Projet OL Land

(Ndr : Emplacement du projet OL Land rajouté par nos soins)

2.2.5 L’accessibilité au site du Montout à Décines Les enjeux en matière de déplacements transports : L’enjeu principal pour ce projet est l’acheminement aux heures de pointes (de 17 à 21h, 35 jours par an) des 60.000 spectateurs que contiendrait le stade les soirs de matchs. Les solutions techniques envisageables ne doivent pas masquer l’incohérence des investissements en infrastructures de voiries et de transports nécessaires avec les orientations et projets définis dans les documents d’urbanismes et de déplacements urbains. Retour sur les documents d’urbanisme SCOT, PLU et PDU: En matière de transports et déplacements, le SCOT précise :

« La hausse des prix des énergies fossiles et des biens « d’environnement » est une tendance qui se confirme (et elle s’amplifiera à l’avenir). La demande en faveur d’un environnement respectueux de la santé des habitants et contribuant à l’agrément de leur cadre de vie ne se dément pas. Le Scot constitue le

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premier jalon d’un renouvellement des logiques d’aménagement anticipant les ruptures qui se nouent autour des questions énergétiques et de santé publique. » Cela implique notamment de réduire les nuisances et les émissions liées aux déplacements motorisés dans nos villes comme envisagé lors des réflexions et propositions du groupe de travail sur le plan climat énergie du conseil de développement du grand-Lyon auquel participe la CEDRUL.

Le Scot fait le choix de privilégier le principe de la «courte distance» pour les déplacements quotidiens et des «circuits courts» pour la distribution des marchandises. Si, comme indiqué dans les documents du SCOT et du plan climat du Grand-Lyon, l’agglomération fait le pari d’une ville propre, économe en ressources, « décarbonée » (pour respecter les objectifs de forte réduction des gaz à effet de serre) et, de l’amélioration de la santé publique et de l’environnement une de ses orientations prioritaires (amélioration de la qualité de l’eau, de l’air, réduction du bruit, programmation d’équipements de santé), elle ne peut pas dans le même temps proposer un projet qui fait une large place et incite à l’usage de l’automobile comme celui de l‘OL Land. Pourtant, c’est ce que le Grand-Lyon envisage en continuant de faire la sourde oreille aux appels des populations au respect des textes d’orientation et aux engagements de l’Etat (Kyoto), et de l’Europe (décision du CE du 08/03/2007) et des collectivités Grand-Lyon (Vote en conseil communautaire du 18/12/2007) d’ici 2020: - réduction des GES (gaz à effet de serre) de 20%, - réduction des consommations d’énergies de 20% - Consommation d’énergie issue à 20% des énergies renouvelables. De l’importance et de l’inconstance de la politique des transports : Pour atteindre les objectifs ci-dessus, le grand-Lyon se doit d’avoir une politique ambitieuse en matière de transports en commun, car le transport est le secteur d’activité le plus important en matière de consommation d’énergies et d’émissions de GES. Un seul scénario « transports et déplacements » parmi ceux envisageables pour le plan climat permettrait d’atteindre cet objectif. Il nécessite une poursuite des efforts sur les axes forts de transports en commun prévus au PDU, mais également une augmentation notable des capacités de TC en périphérie tels les axes A7 et A8, dans les zones à fortes densités d’habitat. Le PDU faisait surtout état jusqu’au nouveau plan de mandat (2008/2014) du développement des lignes de transports en commun existantes, illustrant la logique d’efficacité recherchée dans le maillage du réseau. Le PDU en vigueur révisé en 2005 ne fait aucunement état des prolongements des lignes de tramway T3 vers le stade et de la ligne T2 jusqu’à Eurexpo (puis de son prolongement jusqu’au site du Montout). J J D J... D Duuubbbooosss

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Par contre, il prévoit bien : - Les lignes fortes en rocade A7 = Gerland/Villeurbanne et A8 = Vénissieux/Vaulx-en-Velin dont les études n’ont toujours pas été finalisées. Ces axes forts ont été identifiés comme nécessaires pour une bonne partie de la population habitant en 1ère couronne lors « d’enquêtes ménages » (enquêtes sur les déplacements de personnes). - Le prolongement de la ligne A du métro jusqu’à la Soie (réalisé) et de la ligne B du Métro jusqu’à Oullins (en cours de réalisation). Or, les engagements du Président du Sytral dans le protocole des partenaires de l’OL (du 13 octobre 2008) ne figuraient pas non plus dans le PDU et risqueraient de grever durablement les investissements en TC sur l’ensemble de l’agglomération. Pourtant Bernard Rivalta Président du Sytral a engagé celui-ci en ces termes : « Dès lors qu'un intérêt général permettant l'aboutissement des procédures de déclaration d'utilité publique nécessaire aura été vérifié, LE SYTRAL s'engage à assurer : - La réalisation des aménagements de la ligne T3 nécessaire à l'optimisation de la ligne : - débranchement de la ligne et aménagement d'une gare à Décines, - aménagement des services, - modification des stations Part Dieu/la soie/ZI Meyzieu. - Le prolongement du tramway T2 à EUREXPO et la mise à l'étude de sa prolongation future jusqu'au site du Montout et de son bouclage avec la ligne T3. - La mise en œuvre des modalités d'exploitation pour assurer la desserte en transports en commun en relation avec l'Olympique Lyonnais (fourniture, maintenance et exploitations des navettes bus). - La mise en œuvre d'une billettique combinée avec l'OL. » Et bien que l’intérêt général permettant l'aboutissement des procédures de déclaration d'utilité publique n’ait pas été vérifié, le Président du Sytral a déjà engagé des études et enquête publique pour engager le prolongement de la ligne de tramway T2 vers Eurexpo (cf. page suivante : carte extraite du dossier de recevabilité de T3 de janvier 2009). Pendant ce temps, le président de l’OL demandait lui le soutien de l’état pour accélérer la réalisation du prolongement de la ligne de tramway T2 jusqu’au Grand-stade, et Gérard Collomb suggérait (lors de la conférence des grands projets du 6 novembre 2010 dans les salons de l’Hôtel de ville) « le prolongement de T2 d’Eurexpo jusqu’au Montout (pour boucler la boucle avec T3) en passant par le site propre envisagé dans la révision du PLU sur Décines, » entre le V Vert et la zone d’habitat pavillonnaire de Chassieu et un peu plus au Nord, le V Vert et la Rocade Est.

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Tracé de la nouvelle voie en site propre projetée (en orange)

Liaison T2 – T3 au grand stade page 30 dossier de recevabilité de T3 de janvier 2009

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On est en droit de se poser la question de la rentabilité d’un pareil investissement s’il devait être réalisé ; 7 km de tram passant à proximité d’une zone agricole à préserver et d’une zone d’habitat pavillonnaire pour desservir un stade pendant 35 jours par an ? Où est la densité nécessaire à la rentabilité de ces investissements lourds? Ces interventions illustrent une fois de plus le manque de cohérence de la démarche d’aménagement de ce territoire, l’entêtement et la fuite en avant dans la recherche de solution « plus écologique » d’accessibilité à ce site. Cela confirme malheureusement ce que nous craignions : un risque potentiel d’engagements financiers exorbitants des collectivités détournés pour la réussite financière d’un projet strictement privé, et le risque de voir le V Vert livré à l’urbanisation. Le modèle d’accessibilité envisagé Priorité donnée à l’automobile : Réseau des accès au grand stade de Décines et parkings relais (En bleu les axes routiers majeurs, en vert les TC, en orange les dessertes bus)

Ce grand-stade sur la commune de Décines serait un important générateur de déplacements (1.500.000 spectateurs pour environ 35 évènements par an, plus de 800.000 clients à l’année pour les activités commerciales du groupe OL (dossier OL Groupe)). Selon les études réalisées pour le Sytral, 46.300 spectateurs viendraient en automobile soit près de 17.400 véhicules (cf. étude du Cete de Lyon avril 2008). 49

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Pour ce faire, contrairement à l’affirmation du SCOT de limiter l’artificialisation des sols, 7.000 places de parking seraient créées sur le site du Montout, 4.000 places de parking de surface créées à Meyzieu (en plus des 1.340 places existantes) et 5.000 places utilisées sur le site d’Eurexpo. 9.000 spectateurs seulement viendraient par le Tram et 1.700 viendraient par les modes doux (à pied ou à vélo) (Données page 12 du dossier de concertation préalable du novembre 2010, sur l’échangeur N°7 de la Rocade Est. Dossier piloté par l’Etat). Autrement dit : ce serait 49.300 spectateurs (82%) sur 60.000 qui viendraient par la route, pour se garer sur place ou sur les parkings relais à proximité. Les spectateurs qui arriveraient aux parkings relais seraient transportés par bus à moteur thermique. 86 bus articulés : 1 toutes les 30s depuis Eurexpo, 1 toutes les 50s depuis Meyzieu (répondant seulement à la norme EURO2 alors que nous en sommes à EURO4) ou bien ce seraient 124 bus standard : 1 toutes les 20s depuis Eurexpo, et 1 toutes les 30s depuis Meyzieu. Cette solution de parkings déportés cumule tous les défauts possibles sur le plan de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire. Elle ne participerait pas à la réduction des émissions de GES [engagements de la France aux accords de Kyoto signés le 11 décembre 1997 lors de la 3e conférence annuelle de la Convention (COP 3) et en référence à la loi POPE du 13 juillet 2005 dite « Facteur 4 », de réduction par 4 des émissions de GES à l’horizon 2050]. Elle ne règlerait pas non plus les problèmes d’écoulement du trafic, mais elle les multiplierait à plusieurs endroits. Le modèle d’accessibilité envisagé contribuerait à l’augmentation de la pollution et laisse augurer d’une bien triste évolution de la qualité de l’air déjà médiocre dans l’Est lyonnais (cf. les observations de COPARLY sur Le site www.atmorhonealpes.org ). Carte de la qualité de l’air sur l’agglomération lyonnaise, situation 2009

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Par comparaison, le stade de France à Saint-Denis dispose d’une desserte adaptée avec notamment deux lignes de RER (B et D), une ligne de métro à proximité immédiate et seulement 5.000 places de stationnement soit une place de stationnement pour 16 spectateurs alors que le projet de stade à Décines disposerait de 7.000 places soit une pour 8,6 spectateurs sur le site, auxquelles s’ajoutent 10.340 places à Meyzieu et à Eurexpo. Les infrastructures envisagées : La liste des infrastructures figurant au protocole des partenaires du 13 octobre 2008 atteste de la priorité donnée à la route. Ce protocole engage l’Etat, Le Grand-Lyon, le Département du Rhône, le Sytral, la ville de Décines-Charpieu et l’OL Groupe. Ce protocole fait état des travaux engagés pour lesquels il faut veiller au respect du calendrier. Ceux-ci seraient utiles au plan d’accès au grand stade. Il liste les infrastructures de voiries et de transport en commun à créer ou à aménager pour compléter le schéma d’accès. Ces travaux sont confirmés dans le dossier « Accessibilité au projet de Grand Stade version définitive 27 du 21 octobre 2009 » dont les principales opérations de voirie sont listées par secteur, ci‐dessous :

LES OPERATIONS DE VOIRIE DESTINEES AUX VP (Véhicules Particuliers) Secteur Décines‐Montout : - requalification de l’avenue Jean Jaurès (actuelle RD317) au droit du Stade (ouvrage d’art) et de l’échangeur n°6 de la Rocade Est, - création d’un mail reliant la RD317 au stade, - requalification de la rue Marceau, au droit des voies d’accès au stade (ouvrage d’art), - modification de l’échangeur n°7 de la RN346 (Rocade Est) : ajout d’une 4ème branche desservant le stade, - création d’une voie Nord‐Sud reliant l’échangeur n°7 au stade, - création d’une voie tangentant le stade par l’Est, reliant la rue Sully, le mail Nord du stade et la rue Marceau, - création et/ou requalification d’une voie contournant Décines par le Sud (prolongation d’Elysée Reclus), Secteur Meyzieu‐Panettes : - création d’un parking de 4000 places sur le terrain des Panettes, - création de deux carrefours à feux sur la RD302, permettant d’accéder à ce parking, - aménagement des giratoires de la RD302 avec les RD147 et 317, en vue d’augmenter leurs capacités d’écoulement du trafic, - création de la déviation Nord de Pusignan, aménagement de son giratoire avec la RD302 en vue d’augmenter sa capacité d’écoulement du trafic, - création de la suite du contournement Est de Meyzieu (en direction de Jonage), Secteur Chassieu‐Eurexpo : - création d’une voie reliant la RD306 à Eurexpo (LY12), aménagement du carrefour RD306 dans un objectif de satisfaction de la demande VP, - réorganisation interne des circulations d’Eurexpo, permettant l’optimisation de l’utilisation des poches de parking Sud,

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LES OPERATIONS DE TC Les principales opérations portant sur les transports collectifs sont listées par secteur, ci‐dessous : Secteur Décines‐Montout : - création d’un débranchement de T3, reliant cette dernière au mail du stade (y compris la création d’un franchissement à niveau de la Route de Jonage et d’un franchissement dénivelé de l’avenue Jean Jaurès ‐ RD317), - création de 4 quais dédiés sur le mail Nord (2 pour Meyzieu, 1 pour la Soie, 1 pour la Part‐Dieu), - création d’une gare bus de 16 quais, entre le stade et la rue Marceau, - création d’un site propre à usage événementiel reliant le Stade à Eurexpo en contournant Chassieu par le Nord, - création d’une liaison entre ce site propre et la RD302, en franchissement de la RN346, Secteur Meyzieu‐Panettes : - création d’un débranchement de T3 desservant le parking, équipé de 3 quais et 4 voies de garage, - création d’une gare bus de 6 quais, connectée en tourne à droite (en entrée et en sortie) sur la RD317, - aménagement de la RD302 en vue d’augmenter sa fluidité, Secteur Chassieu‐Eurexpo : - création d’une gare bus de 10 quais au plus près des parkings (le flux piéton ne devra pas couper le tram), connectée à la RD29 par le réseau de voirie existant d’Eurexpo, Autres secteurs : -

création de quais supplémentaires à la Part‐Dieu et à la Soie,

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Carte des opérations à mettre en œuvre (page 25 du document de synthèse d’accessibilité au projet de Grand Stade – 21/10/2009)

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Ligne de tramway T3, saturation assurée, sur la ligne et autour ! Le seul transport en commun lourd prévu pour desservir le grand stade emprunterait la ligne existante du tramway T3 depuis la gare de la Part-Dieu jusqu’à Meyzieu. Tracé de la ligne de tramway T3 (double trait bleu)

Sur «l’Extension de la ligne T3 pour la desserte du grand stade » : Il s’agirait de créer un débranchement de quelques centaines de mètres se détachant de l’actuelle ligne T3 au niveau du secteur du Montout pour assurer exclusivement la desserte du projet privé OL Land. Débranchement T3 sur le grand stade

Le SYTRAL n’a donné aucune explication dans les dossiers de concertation sur la façon dont les services de transport pour le grand stade s’intégreront dans le trafic T3 et Rhônexpress sans les perturber (fréquences, vitesses…) au droit de ce débranchement. Pas plus qu’il n’a donné d’éléments sur comment seraient réalisés l’embranchement et le débranchement sur T3 de la desserte du grand stade (nombre de voies, emprises…). Ces informations sont pourtant particulièrement importantes, même primordiales, car c’est à ce point que se croiserait un maximum de rames (49 rames dans chaque sens).

Hors, cette ligne déjà bien chargée par les services réguliers de cette ligne T3 et par le service de desserte de l’aéroport de Saint-Exupéry RhonExpress, traverse un secteur urbain et routier dense. Son parcours ne compte pas moins de 30 intersections avec le réseau routier dont 19 avec passage à niveau.

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Le Sytral devra donc faire cohabiter les services réguliers de cette ligne T3 (14,7 km, vitesse moyenne 34km/h, vitesse maxi 70km/h, fréquence 8mn, capacité d’une rame 200 voyageurs) avec les services Rhônexpress depuis la gare de la PartDieu vers l’aéroport Saint-Exupéry; vitesse de pointe 100 km/h (vitesse commerciale 49km/h, fréquence 1/4h) et devrait en plus accueillir les services de desserte du Grand-stade projeté au Montout. Les fréquences annoncées par le Sytral, pour l’ensemble des services avec desserte du stade seraient d’une rame environ toutes les 2mn dans chaque sens, soit 52 rames par heure comme annoncé par le Sytral. Ce cadencement ne permettrait d’apporter qu’un service relativement médiocre puisque la capacité potentielle ne serait que de 6.400 voyageurs/heure, et ne permet d’envisager de transporter que 9.000 spectateurs (cf. étude du CETE de Lyon d’avril 2008 ou dossier du Sytral sur la concertation T3 sur le site du Sytral http://www.sytral.fr/fileadmin/template/images/user_upload/PUBLICATIONS/LIGNES_FORTES/T3_GR AND_STADE/Dossier_concertation_T3_GrandStade_bd.pdf

).

Mais la fréquence et le nombre de rames, n’est pas de bon augure pour la circulation routière à proximité de cette ligne et des 19 intersections avec passage à niveau dans ce secteur très fréquenté aux heures de matchs. Ces conditions extrêmement tendues, les temps de parcours et les ruptures de charges, cumulées aux ruptures de service dues aux accidents sur le parcours et d’éventuelles grèves des TCL, conduiraient les spectateurs du grand stade à se rabattre sur l’usage de la voiture pour accéder au plus près du stade. Les conséquences seraient très préjudiciables à la circulation automobile dans le secteur de la RD 302 ainsi que sur la rocade Est déjà très surchargée. Par ailleurs, la multiplication des services sur cette ligne T3 hypothèquerait définitivement le prolongement de la ligne T3 sur le Nord-Isère (Pont-de-Chéruy, Crémieu inscrit au SCOT) qui nous paraît plus important, eu égard à la population concernée (~ 50.000 habitants) et aux enjeux des Plans Climat Territoriaux. L'agglomération de Pont-de-Chéruy/Crémieu n'est pas suffisamment inscrite dans un réseau d'infrastructures pour devenir une agglomération secondaire structurante comme souhaité dans le PADD (Projet d’Aménagement et de Développement Durable) de l’agglomération du Grand-Lyon. Les autorités organisatrices de transport et les gestionnaires d'infrastructures doivent intégrer cette préoccupation dans leurs réflexions pour des liaisons vers Lyon et les liaisons vers l'agglomération Nord iséroise.

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Sur l’extension de la ligne de Tramway T2 vers Eurexpo L’objectif majeur annoncé de ce projet d’extension de la ligne de tram T2 est la desserte d’Eurexpo par un mode lourd, comme indiqué dans l’intitulé du dossier soumis à enquête publique. Le dossier présente les objectifs de ce prolongement de T2 en ces termes (p.12 du dossier d’enquête publique) : ‘’faciliter l’accès d’Eurexpo, augmenter

l’attractivité des communes traversées et, accompagner la vitalité économique et le développement de l’Est lyonnais’’.

Tracé du prolongement de T2 soumis à enquête publique

Cette antenne prévue par le SYTRAL passerait sur la commune de Bron par les avenues du Maréchal De Lattre de Tassigny, François Mitterrand et la rue du Chêne, et sur Chassieu par le boulevard de l’Europe. Ces objectifs nous ont été présentés dans un but de justifier la desserte d’Eurexpo par un mode lourd, et, avec en arrière pensée, à moyen terme, de prolonger cette ligne jusqu’au Grand-stade que l’OL Groupe projette de réaliser à Décines sur le site du Montout. Ce dernier objectif a été confirmé en séance du Conseil du Sytral le 8 juillet dernier lors de la présentation de la délibération N° 10-091 intitulée : "Extension de la ligne de tramway T2 à Chassieu, Rond-point René Cassin — programmations et procédures", où a été évoqué le prolongement de cette ligne jusqu’au grand stade sur le site du Montout à Décines. Il est par ailleurs inscrit dans le protocole des partenaires signé par le Président du Sytral. On comprend dès lors que, sans le but de desservir le grand stade à terme, la desserte d’Eurexpo, n’aurait pas été envisagée par le Sud, et que ce n’est qu’accessoirement que le SYTRAL en profite pour desservir la commune de Bron, mais c’est loin d’être l’objectif principal !!!

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Les orientations du PDU ne sont pas respectées Le PDU (Plan des Déplacements Urbains), édition révisée en 2005. (p.9) n’est cité au dossier que dans ses orientations les plus générales. Sa durée étant pourtant prévue pour 10 ans, il aurait dû s’imposer aux collectivités, indépendamment des alternances politiques pouvant survenir pendant la période. Ce qui aurait renforcé d’autant son rôle. Comme signifié page 3 de la révision du 2 juin 2005 : « Une politique de

déplacements se bâtit forcément sur le long terme. La révision entend donc confirmer les orientations prises dans le plan de 1997, basées sur un scénario volontariste en faveur des modes doux et des transports collectifs. Elle doit compléter ces orientations pour définir la politique de déplacements de l'agglomération pour les dix ans à venir », « Elle (la révision 2005) n'apporte pas de projets lourds supplémentaires, contrairement au PDU précédent qui avait déjà décidé du réseau de lignes fortes ». Cela n’a pas échappé au commissaire enquêteur qui traite ce point en ces termes dans ses conclusions du 31 août 2010 : "Constatant, • Que cette liaison de tramway n'est pas évoquée au PDU, qui, par contre, indique que la desserte d'Eurexpo se fera en site propre depuis la gare de la Soie et mentionne aussi que la ligne de rocade A8 fait l'objet d'études préliminaires, toutes choses que ce projet ne prend pas en compte, • Que l'unique proposition de tracé présentée dans le dossier d'étude (enquête ?) préalable à la déclaration d'utilité publique parait de nature à contrarier l'organisation des transports dans l'Est lyonnais telle que l'envisage le PDU révisé en 2005. Pour ces raisons et celles détaillées et expliquées dans l'analyse jointe le commissaire enquêteur donne un avis défavorable au projet présenté dans sa forme actuelle." Ces contradictions ont également été relevées par l’autorité environnementale. Page 1 de ‘avis de l’autorité environnementale :

Page 3 de l’avis de l’autorité environnementale :

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Carte du réseau TC d’agglomération inscrit au plan de mandat 2009-2014 et présentée dans le dossier d’enquête publique sur le prolongement de T2 vers Eurexpo

2.3 Les coûts du projet OL Land Si le projet de construction du stade serait financé par l’OL Groupe, l’ensemble des créations et aménagements des voiries et infrastructures de transports resterait à la charge des collectivités. Ces investissements seraient d’un montant bien supérieurs aux 188M€ annoncés par le Grand-Lyon. Les chiffres que nous avançons ont été collectés dans les documents officiels de la Communauté Urbaine de Lyon, et du SYTRAL, ou sont des extrapolations prudentes établies à partir d’investissements similaires précédemment réalisés dans l’agglomération de LYON. Le tableau de synthèse ci-dessous est, à notre connaissance, le seul sur ce sujet rendu public à ce jour. Précisions préalables : Au point 1.1 de tableau suivant, la première tranche du prolongement de T2 jusqu’à Eurexpo n’est qu’un moyen d’amorcer la liaison complète jusqu’à OL Land. En effet, il est montré par ailleurs que le prolongement du tram T2, hors l’argument marketing, ne présente qu’un intérêt très marginal pour la desserte du parc des expositions. Toutes les études montrent que cette desserte serait plus performante et efficace par la station La Soie et par les 7 chemins. La reconversion du stade de Gerland entraînera des investissements qui jusque là sont complètement passés sous silence. Tout ceci n’est que des estimations, dont nous avons déjà constaté pour un petit bout du projet (T3) que la note a bondi, selon un barème auquel nous sommes malheureusement habitués (55/36 = plus de 50%). J J D J... D Duuubbbooosss

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Le poste réseaux sera sans doute financièrement très important en ce qui concerne les travaux qui ne seront pas portés au débit d'OL Groupe, car la cuvette du site du Montout restera une cuvette de tout le bassin versant et d'une bonne partie des routes (A46, contournement Meyzieu ...etc). Compte tenu de ces remarques et des chapitres qui n’ont pas été chiffrés, il n’est pas exagéré de situer l’enveloppe globale des investissements requis de la part des finances publiques dans une fourchette de 400/500 M€. 1. Transports en commun (maîtrise d’ouvrage Sytral)

millions € Tout / stade

1.1 - Tram T2 bis de Bron à Eurexpo (3,8 km) Estimation initiale du Sytral du 29/01/09, réévalués selon le dossier de concertation publique d’octobre 2009. Desserte Bron 365j / 1,7km rames simples, Eurexpo 100j et, 35j par le stade sur 2,1km avec rames en grappes = 50% 78 1.2 - Tram T2 ter d’Eurexpo (déjà desservi par navettes) à Décines-Montout (env. 7 km) : Estimation 15 millions €/km (= 50% du coût en zone urbaine dense) Fortement envisagé, même si on ne sait pas quand cela se ferait 105 1.3 - Décrochement ligne T3 pour la desserte du stade Estimation initiale du Sytral du 29/01/09, réévalué lors de la réunion de concertation à Décines le 4/02/10, puis en conseil du Sytral du 25 novembre 2010 délibération 10-165 34 1.4 - Aménagements pour stockage de rames T3 (La Part Dieu, Soie, Meyzieu) Estimation initiale du Sytral du 29/01/09 réévalués lors de la réunion de concertation à Décines le 4/02/10, puis en conseil du Sytral du 25 novembre 2010 délibération 10-159. 21 1.5 - Rames de tram supplémentaires pour tenter de faire face les soirs de match : 12 rames de tram de 40 m annoncées le 4/02/10 estimées à 4M€/unité Pour pallier aussi à l’augmentation de la fréquentation de T3 et des autres lignes 48 1.6 - Construction d’un 3ème centre de maintenance de tram Estimation Sytral du 29/01/09) 16 17 - Création de gares bus pour les navettes “Grand Stade” inclus prolongement T2 et Parkings Panettes (10 quais à Eurexpo, 6 aux Panettes, 16 entre rue Marceau et stade) ____ Sous-total = 302 2. Dépenses voiries d’accès au stade et parkings 21. Accès routiers Sud du Stade (délibération du Grand Lyon du 17/12/09) 73 22. Accès routiers Nord du Stade délibération du Grand Lyon du 17/12/09) 29 23. Parking 4000 places à construire à Meyzieu les Panettes Z.I (Délibération du Grand Lyon du 17 décembre 2009) Nécessité d’augmenter la capacité du parc relais de Meyzieu de 500 places/4.000 28 24. Viabilisation des terrains (eau, gaz, électricité, télécom etc.) ? 25. Echangeur à construire par l’Etat sur la rocade Est, entre Le stade et l’échangeur n°7 (réunions concertation du 2/03/10 et 2/04/10) 30 à 40 26. Contournements de Pusignan et Est de Meyzieu (Conseil Général) Nécessaires et prévus de toute façon, avec ou sans stade ? 27. Aménagement des giratoires situés sur la RD 302 entre le parking de Meyzieu- Les Panettes et l’échangeur N°7 de la rocade Est (Conseil Général) idem ? Sous-total =

Total M€ : des investissements publics dont directement pour le stade

59

160/170

39

105

34

21

36 16 ___ 251 73 29

24 ? 40

166

367/472M€ 312/417M€

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III) Les avatars du projet OL Land 3.1 Sur le processus et mode de décision Nous l’avons vu dans les chapitres précédents, le déroulement de ce projet n’a rien d’une démarche cohérente et structurée. Elle est au contraire une succession d’opportunités et de renoncements. L’OL Groupe, le Grand-Lyon, le Sytral ont assuré jusque là le minimum requis en matière d’information et de consultation des populations. Les « concertations » qu’ils ont organisées sont des obligations définies par la loi. Ils n’ont (l’OL Groupe, le Grand-Lyon, le Sytral) pas souhaité jusqu’à présent remettre ce dossier « à plat » comme le demandent les élus et les citoyens opposés à ce projet. Il ne s’agit pas, pour eux, de débattre de l’ensemble des hypothèses envisageables pour un projet de cette envergure, mais de faire valider leurs choix. Les dossiers soumis à la concertation ne peuvent évoluer qu’à la marge, cela a été affirmé par un des Vice-président du Grand-Lyon lors de la séance d’information débat du 22 octobre 2009 au Conseil du Développement du Grand-Lyon « Le choix d’accompagner ce projet de grand stade, son emplacement et le financement des accès sont actés et non négociables » ; Au point que des marchés de Maîtrise d'œuvre de réalisation sont déjà passé et des terrains achetés alors même que la révision du PLU n’est pas actée. Peuvent-ils continuer ainsi à se jouer de l’avis des élus et des populations des communes directement impactées par ce projet ? Peuvent-ils passer outre les avis des commissaires enquêteurs désignés par le Tribunal Administratif ? Faire des propositions de loi pour contourner les embuches procédurales ? Ou encore, faire voter des projets non prévus aux documents d’urbanisme et mettre en conformité lesdits documents une fois les projets réalisés ? Voilà une bien curieuse façon de procéder ! Pourtant certains élus du Grand-Lyon n’hésitaient pas à déclarer en 2008 :

« Chers collègues, je voudrais rappeler à mon tour avec force le contexte de crise économique et financière dont nous ne pouvons pas prévoir, à ce jour, le calendrier et l’issue, crise qui va se traduire par une grave crise sociale pour beaucoup de nos concitoyens et va impacter nos politiques. Cela nous impose des exigences encore plus fortes en termes d’équité et de justice, de solidarité, d’efficacité de nos actions, de démocratie et de transparence. Cela nous impose un renforcement des priorités que nous avions dégagées dans le dernier mandat autour du droit au logement, du droit à la mobilité et à l’accès aux transports, du droit à un emploi, du droit à un environnement sain et préservé, du droit à une agglomération dynamique et équilibrée. Cela nous imposera sans doute dans deux ans un temps d’adaptation à la réalité de ce moment… »

Et pourtant, ils votèrent pour le projet de grand stade à Décines.

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Grand stade de Lyon :

Histoire d’un projet contre nature

Pourquoi ce projet n’a reçu que des avis défavorables ? Mal ficelé, mené en dépit du bon sens, le projet OL Land n’a rien d’une démarche cohérente et structurée qu’auraient menée (en amont de la décision de faire un nouveau stade) les services techniques et administratif du Grand-Lyon. Ce projet né du désir et de la volonté d’un homme est au contraire une succession de renoncements et d’opportunités pour un immense complexe privé d’activités commerciales de loisirs sportifs. Il inclurait le nouveau stade de 60.000 places, le centre d’entraînement de l’équipe professionnelle, les bureaux du siège d’OL Groupe, une boutique OL Store, 7.000 places de stationnement, plusieurs équipements de loisir et de divertissement, deux hôtels de 150 chambres, un centre de loisirs de 40.000 m²) et enfin 8.000m² d’immeubles de bureaux. Bien plus qu’un grand stade de football destiné uniquement aux footballeurs professionnels de ligue1, c’est un centre d’affaires à des fins privées. Projet contre nature, sans mise en concurrence, sans ouverture de procédure de ZAC… qui va à l’encontre des politiques de développement durable et d’économie d’énergie… pour lequel l’administration ne dispose pas d’outils réglementaires pour exiger des participations à son bénéficiaire.

3.2 Un défaut d’information des élus sanctionné Le premier de ces avatars est une conséquence de l'absence de transparence et de démocratie dans la conduite de ce dossier : L'arrêt de la Cour Administrative d'Appel de Lyon du 10 décembre 2009 a annulé la délibération du conseil communautaire du Grand Lyon de juillet 2007 qui avait lancé la première procédure de mise en révision du Plan Local d'Urbanisme de Décines. L’arrêt de la CAA sanctionne en effet l'insuffisance d'informations dont les élus du Grand Lyon ont été les victimes (cf. jugement du 10 décembre 2009). 3.3 Trois enquêtes publiques et 3 avis défavorables Les trois autres avatars sont directement liés au peu de crédibilité des dossiers soumis à enquête publique et à l’incohérence de ces projets avec les documents d’urbanisme. Il s’agit des trois avis défavorables des commissaires enquêteurs nommés par le Tribunal administratif de Lyon dans les trois seules opérations directement liées au projet décinois de Grand Stade : - deux, respectivement en juillet 2008 et en avril 2010, sur les deux tentatives du Grand-Lyon de réviser le Plan Local d'urbanisme de Décines, le deuxième avis étant particulièrement sévère et motivé. - un troisième avis négatif du commissaire enquêteur a été rendu en septembre 2010 sur le projet d’extension de la ligne de tram T2 (Bron – 61

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Eurexpo) présenté par le Sytral : il s'agit en fait du premier tronçon, de 4 km, d'une ligne de tramway Bron-Stade de Décines, qui devrait en comporter 11. Ce projet figure en toutes lettres dans le protocole signé le 13 octobre 2008 par les partenaires de l'OL et page 30 du dossier de recevabilité de T3 de janvier 2009 sous le titre « Liaison T2 – T3 au grand stade ». Tout est donc aujourd'hui à reprendre à zéro, à commencer par une troisième tentative de révision du Plan Local d'urbanisme de Décines. Les “partenaires de l'OL” ont identifié lors de leur réunion du 23 septembre 2010, qu'il leur restait la « bagatelle » de 13 enquêtes publiques à conduire (en plus de celle sur le tram Bron-Eurexpo, qui, comme cela vient d'être indiqué, s'est traduite par un avis défavorable du commissaire enquêteur. Mais les élus responsables du Sytral n’en ont cure, ils passeront outre ces avis. Que disent les commissions d’enquête ? 3.3.1 Avis du commissaire enquêteur du 10 juillet 2008

Le commissaire enquêteur après avoir étudié les observations du public portées aux 79 registres déposés en Mairies des 57 communes du Grand-Lyon et des 9 arrondissements de Lyon : 808 avis dont un neutre répartis ainsi : Révision du PLU de Décines-Charpieu : favorables = 8, défavorables =223 Construction du grand stade (OL Land) : favorables = 54, défavorables = 522 Les oppositions à cette révision faisaient ressortir : - Les effets de nuisances sonores causées par les manifestations dans le grand stade. - La circulation automobile sur la rocade Est déjà bruyante et saturée, - L’argent public qui doit financer tous les accès au grand stade ainsi que l’extension des transports publics et la création de deux parkings de 5.000 places. Déclare que son avis personnel doit tenir compte exclusivement des avis du public sur la révision N°1 du PLU de Décines-Charpieu et non de ceux portant sur la construction du grand stade. Et, Compte tenu du résultat de l’enquête public, donne un avis défavorable à la révision N°1 du PLU de Décines-Charpieu. 3.3.2 Avis de la commission d’enquête du 19 avril 2010 Pour cette seconde enquête publique de révision du PLU sur la commune de Décines, le Tribunal Administratif avait nommé une commission d’enquête composée de trois commissaires. Après avoir été reçu par le maître d’ouvrage et s’être fait remettre le document essentiel du dossier, un des commissaires enquêteurs dut se rendre à plusieurs reprises dans les locaux du Grand-Lyon pour mieux cerner la question de l’accessibilité au site, peu développée dans le dossier. J J D J... D Duuubbbooosss

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Grand stade de Lyon :

Histoire d’un projet contre nature

Dés sa mise en place, la commission s’est interrogée sur la façon d’appréhender l’objet de l’enquête. Et elle est rapidement parvenue à la conclusion qu’il lui était impossible de se limiter à la seule modification du zonage du PLU sans tenir compte du projet de grand stade auquel faisait largement allusion le dossier présenté à l’enquête. Une des particularités relevée par la commission d’enquête réside dans le fait que le grand stade serait le premier équipement sportif de cette importance en France réalisé par un opérateur privé, pour son propre compte en l’occurrence l’OL Groupe. Elle relève également que les activités annexes prévues sur ce site seraient pour certaines réalisées aussi par l’OL Groupe et pour d’autres par des opérateurs privés non connus au moment de l’enquête. L’intérêt du public pour ce dossier était évident et quasiment uniquement orienté vers la question du grand stade. 7.000 personnes et de nombreuses associations ont participé à cette enquête. La commission a estimé que le dossier présenté ne permettait pas au public d’appréhender toutes les conséquences du projet, notamment sur la question de l’accessibilité au site pour laquelle les projets d’infrastructures évoqués n’étaient pas décrits, alors même que les éléments d’information existaient dans les services du Grand-Lyon. 72% des avis recueillis étaient défavorables et concentraient majoritairement leurs critiques sur trois aspects du projet : l’accessibilité, le financement et le non respect de l’environnement ; et dans une moindre mesure, mais de manière significative sur trois autres aspects : le choix du site, les nuisances liées aux manifestations sportives et le non respect des règles et des textes au sens large. Résumé des critiques formulées par la commission d’enquête : Synthèse du rapport de 80 pages et des conclusions de 13 pages de la commission d’enquête. Les termes utilisés sont ceux de la commission d’enquête. A) Une condamnation sans appel du choix de Décines 1°) L’absence de transport lourd et la saturation de la rocade Est, conduisent à un repli sur des solutions très compliquées et d’une fragilité extrême mettant en péril le fonctionnement futur du scénario d’acheminement des spectateurs, et conduisant à des risques de dysfonctionnement à répétition. 2°) Les parcs relais déportés, un aveu d’échec de la capacité d’accueil et d’acheminement sur le site; ils conduiront à emprunter la Rocade Est et les voies secondaires des communes riveraines, ils ne sont pas une garantie contre le stationnement sauvage. 3°) Le stationnement sauvage conséquence de la mauvaise qualité de la desserte est totalement ignoré dans le dossier. Il conduira également à des nuisances sonores inévitables dues aux supporters. 4°) Les infrastructures d’accès sont sans aucune utilité pour les habitants des communes concernées et même auront un impact négatif sur leur cadre de vie. Pourtant leur temps d’utilisation sera de 8jours/an en heures cumulées. 63

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5°) La pollution atmosphérique sera aggravée du fait que 85% des spectateurs viendront par la route. 6°) La nuisance visuelle engendrée par un édifice de 60m de haut en zone résidentielle à dominante pavillonnaire. 7°) La continuité urbaine entre Décines et Meyzieu, contrairement aux affirmations, ne pourra en rien être renforcée. 8°) Les atteintes à l’environnement ne seront pas masquées par quelques atours tels que panneaux photo voltaïques (qui rapporteront 700K€/an), ou l’entretien écologique des espaces verts. Au total 100ha de terres agricoles sont sacrifiées, le V vert est écorné, le bilan CO² est aggravé par l’accès fait majoritairement en voitures individuelles. - Sur l’inadéquation de ce projet aux politiques et engagements pris au niveau local et national.

« La lecture attentive du rapport d’enquête publique, permet de relever les problèmes majeurs posés en termes d’environnement. L’article 4.2.1.2 du rapport d’enquête intitulé « Atteintes à l’environnement » est, on ne peut plus clair. Sont relevés : Le non-respect de l’article 1

de la loi Grenelle 1, le non-respect de la préservation de l’environnement prévu à l’Agenda 21 voté par le Grand Lyon, le bilan carbone lié aux déplacements par voitures catastrophique en comparaison de l’utilisation du stade existant de Gerland, le risque de pollution de la nappe aquifère, seconde source d’approvisionnement en eau de l’agglomération lyonnaise, les risques d’inondation des terrains de la zone… ». B) Des accusations accablantes à l’égard du maître d’ouvrage (Le Grand Lyon et le Sytral)

1°) Amateurisme Le site retenu n’est pas l’aboutissement d’une réflexion amont concertée et construite : la seule problématique de l’acheminement est une gageure quasi insurmontable et totalement liée au choix du site. Le Grand Lyon et le Sytral n’ont pas adopté les dispositions permettant de garantir l’accessibilité dans des conditions suffisantes. 2°) Information lacunaire, opaque, orientée, biaisée, mensongère Aux questions posées des réponses restées très évasives. Les opérateurs privés autour d’OL Land ne sont pas connus. La présentation des questions d’urbanisme est peu transparente ; Le dossier ne permettait pas au public de voir toutes les conséquences du projet. Le problème de Gerland a été ignoré : le Grand Lyon n’a pas donné suite à une rencontre proposée avec les architectes des bâtiments de France. Le budget d’entretien du stade actuel couvert aux 2/3 par l’OL restera à l’entière charge du Grand Lyon. Le Maître d’ouvrage n’a fait aucun effort pour le bon déroulement de l’enquête, il a trahi son devoir de neutralité par une vaste campagne d’affichage en faveur du projet et des interventions dans la presse locale et nationale affirmant que l’enquête n’était qu’une formalité, et que l’inauguration aurait lieu le 8 décembre 2013 3°) Dénis et Contradictions Le projet se place en totale contradiction avec les principes et les objectifs

affichés par le Grand Lyon.

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Histoire d’un projet contre nature

Le projet s’efforce de nier les risques de saturation des voiries principales mis en évidence par l’étude du CETE d’Avril 2008.

4°) Loi orientée et règlements bafoués L’introduction d’un article de loi en juillet 2009 par les soins du sénateur Collomb

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autorisant les collectivités à soutenir financièrement la réalisation de grands équipements sportifs. Au plan de l’urbanisme réglementaire : 2 points jugés inadmissibles, une zone d’habitat diffus proposée pour être inclus dans le périmètre destiné au grand stade, et des coefficients d’emprise au sol donnant droit à des volumes de construction ouvrant la voie à des plus values indécentes.

5°) Abus de biens sociaux ? Le financement exclusivement à destination du stade, au détriment de la -

-

population locale pose un problème de fond. Le montant de 180 millions € annoncé est sensiblement sous évalué et des dépenses omises (ex ; assainissement, coûts d’entretien induits de ces investissements) Tout cela au profit d’un projet privé relève au minimum de la cour des comptes, voire de l’abus de biens sociaux.

C) La dénonciation implicite d’une spéculation foncière Au bénéfice du promoteur du projet OL Land

- Forte suspicion que les 50ha de terrains reclassés en zone à urbaniser, suite à la modification du PLU, soient bradés à l’OL. - Seuls 20 ha seront utilisés pour ses propres besoins, les 30 autres, valorisés par la présence du stade pourraient être vendus d’une manière très lucrative et ne serviront pas à construire des parkings dont l’OL se défausse sur la collectivité. D) Les arguments intéressés ou incantatoires des partisans du projet

- Le maire de Décines défend le projet à raison des recettes pour son budget. A l’encontre des arguments en faveur du projet :

o Les emplois (en fait surtout pendant la période de construction) o La nécessité d’un tel investissement pour l’OL o La notoriété pour Lyon et sa région La commission oppose le fait qu’ils sont indépendants du lieu choisi pour sa réalisation.

3.3.3 Avis sur le prolongement du Tram T2 Ce dossier d’ampleur et d’impact plus limité puisqu’il était présenté comme non lié au grand stade a malgré tout mobilisé 240 personnes, Le commissaire enquêteur analyse les données du dossier selon les 3 objectifs majeurs définis par le maître d’ouvrage : Sur la desserte d’Eurexpo

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Ce parc d’exposition dispose actuellement d’une surface de 120.000 m² pour à peu près 1.300.000 visiteurs par an. Quand bien même Eurexpo envisage de s’agrandir, le nombre de jour d’ouverture (environ 100 à 120 j/an), les salons qui y sont organisés, majoritairement des salons professionnels avec une clientèle qui privilégie l’avion ou le train, ces conditions ne sont pas suffisantes pour envisager un potentiel de clientèle suffisant pour un tel investissement. Tout en reconnaissant que l’arrivée d’un tramway à Eurexpo serait de nature à améliorer l’image de ce parc d’exposition, il fait le constat que l’arrivée de T2 ne réglerait en rien l’accès des visiteurs à ce grand équipement d’agglomération, car les performances de T2, ne semblent pas en mesure de remettre en cause le système de navettes en bus depuis la station de Métro La Soie, et à fortiori de nature à concurrencer la voiture. Le commissaire enquêteur estime que les prévisions de transports par les TC sont largement surestimées en regard des fréquentations des navettes actuelles et des besoins d’Eurexpo.

Il rappelle également l’avis de l’autorité environnementale « s’agissant de l’adéquation du projet au regard des besoins, étant donné la fréquentation attendue, un bus à haut niveau de service électrifié en site propre aurait pu faire le même parcours pour des coûts de construction, d’exploitation et des nuisances environnementales bien inférieurs à ceux d’un tramway. » Il suggère également de replacer cet aménagement de ligne de tramway dans le contexte de l’organisation des transports de l’Est lyonnais qui ne peut être uniquement dédiée à Eurexpo, et de replacer celui-ci dans le cadre du PDU révisé en 2005. Il propose pour cela de modifier le tracé de ce prolongement de T2 pour lui faire emprunter sur une partie un parcours correspondant au tracé de la ligne forte A8 en passant par le carrefour des 7 chemins, conférant à ce dernier une fonction multimodale et permettrait de passer d’un réseau en étoile à un réseau en toile comme indiqué dans le SCOT. »

Pertinence du prolongement du tram T2 ? Le tableau ci-dessous montre : - qu’à partir de la gare ferroviaire de la Part-Dieu (ligne 6) T2 serait totalement disqualifié pour accéder à Eurexpo. - qu’à partir de la gare ferroviaire de Perrache (ligne 2) T2 n’offrirait que l’avantage d’une absence éventuelle de rupture de charge. Le temps serait sensiblement équivalent à la solution métro+navette (ligne 1). - que seul l’accès depuis la gare ferroviaire de Jean Macé donne un avantage à T2 (ligne 4). Mais les voyageurs grandes lignes arrivant par le train à Lyon débarquent pour la plus grande part à la Part-Dieu, beaucoup moins à Perrache, très accessoirement à Jean Macé. Le voyageur venant en TGV de Paris qui voudrait aller jusqu’à Perrache pour prendre T2 allongerait ainsi leur temps d’accès à Eurexpo de 15 minutes.

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Notons que la rupture de charge à la Soie est rapide et confortable : navette en stationnement sur le quai d’arrivée du tram ; fréquence de départ toutes 2 min et demi pour les salons à haute fréquentation.

Parcours initial

1 Gare Perrache - La Soie 2 Gare Perrache - Les Alizés 3 Gare Jean Macé-la Soie 4 Gare Jean Macé-les Alizés 5 Gare Part Dieu- La Soie 6 Gare Part Dieu- Les Alizés

Moyen transport Correspondance en commun Metro A Tram T2 Métro B+A Tram T2 Tram T3 Metro B + T2

Temps minutes . données TCL

Temps total Parcours y c. Total ruptures final corresp. Temps de Accès charge Eurexpo estimé

direct direct

23 27

Navette T2

13 10

36 37

1 0

Ch.; Hernu

23

navette

13

36

2

direct direct

23 11

T2 Navette

10 13

33 24

0 1

J. Macé

31

T2

10

41

2

Le prolongement de T2 à Eurexpo ne répond pas aux attentes des usagers visiteurs d’Eurexpo, il ne répond en fait qu’à deux objectifs : un argument commercial en faveur d’Eurexpo une première étape pour le prolongement de T2 vers l’OL Land de Décines 3.4 Une opposition grandissante : Les oppositions à ce projet n’ont cessé de grandir au fur et à mesure que les données de ce projet étaient dévoilées. Ces oppositions transcendent les courants politiques et les intérêts particuliers pour privilégier l’intérêt général. L’opposition associative : Les Gones pour Gerland 30 associations sur la RUL; L’opposition d’élus « locaux » de tous bords : Le Vice-président PCF du Sénat Guy Fischer, Les députés UMP Philippe Meunier, Philippe Cochet, Patrice Verchère,… Le Député PCF André Gerin, L’ancien Ministre, Conseiller général du Rhône Dominique Perben, Le maire UMP de Meyzieu Michel Forissier, Le Maire PS de Chassieu Alain DARLAY, Le Maire UMP de Genas Daniel Valéro, La Maire PS du 1er arrondissement de Lyon Nathalie Perrin-Gilbert, Des conseillers municipaux UMP dont Emmanuel Hamelin… De l’ancien Ministre Michel Noir, Du groupe des Verts à la ville de Lyon (avec entre autre Etienne Tête Conseiller Municipal et Régional), et au Grand-Lyon avec notamment Béatrice Vessiller élue à Villeurbanne et au Grand Lyon, La fédération du Rhône du PCF, Nawel Bab-Hamed Conseillère Communautaire…. D’autres élus, de plus en plus nombreux tel le député Michel Havard resté longtemps muet sur la question, parce que plutôt favorable à un projet de grand stade, pris entre deux feux, a pris finalement position en faveur de l’aménagement du stade de Gerland en ces termes. 67

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« Il est maintenant urgent de proposer un projet consensuel, qui réponde aux attentes de l’OL, aux impératifs d’utilisation d’argent public, et surtout maintenant, au calendrier que nous impose l’Euro 2016 », écrit-il dans un communiqué. » Et de conclure : « il est maintenant impératif de remettre sur la table des discussions le projet de Gerland. L’économie de 300 à 500 millions d’euros d’argent public nécessaire au projet de Décines, rencontre un écho favorable auprès de l’opinion publique. » L’opposition de l’opinion publique Une opinion publique qui majoritairement (61%) souhaite que le projet de Grand Stade de l'OL à Décines soit abandonné en faveur d'une réhabilitation et d'un agrandissement de Gerland.

Sondage OpinionWay publié par LyonCapitale.fr

Sondage réalisé sur LyonCapitale.fr /21.800 personnes - décembre 2010

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Histoire d’un projet contre nature

Sondage réalisé par LyonPlus / 11.000 personnes - 18 janvier 2010

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Clairement donc, la question des modes de construction et de gestion des stades doit être fondamentalement repensée. D’autant que si les clubs résidents sont désormais prêts à participer financièrement à leur construction, non seulement sous forme de loyer mais aussi de capital, pour autant, le coût des dessertes en transport public, parkings, entretien des locaux et sécurisation des rencontres demeure principalement supporté par les collectivités publiques.

IV) Quels stades pour quels sports ? A force de parler d'argent dans le football et dans le sport en général, n'a-t-on pas dévoyé la finalité du sport pour n'en conserver plus qu'une logique marchande (vente de produits dérivés, paris en ligne,...) ?

4.1 Les valeurs que nous défendons Le sport nous affecte tous, il impacte notre développement comme individu et comme peuple. Il nous enseigne le respect de l’autre, la justice et l’équité, le sens de l’engagement physique, de la persévérance, du travail acharné et de l’effort. Il procure équilibre, bien être et liberté. Le sport est aussi l’occasion de débordements, de joie, d’euphorie qui soulèvent et unissent dans un même élan ceux qui croient et partagent ces valeurs. La mauvaise pratique du sport ne peut à contrario causer que de la déception. Elle peut être négative et manquer de bon sens, diviser… Les comportements trop souvent constatés dans certains sports professionnels, ne sont pas des exemples à suivre. L’actualité en témoigne malheureusement chaque jour, et nous avons tous en mémoire le triste exemple de l’équipe de France de football lors de la dernière coupe du monde (depuis les matchs de sélection et la main de Th. Henri, jusqu’à la « grève de l’entraînement des bleus »). La France compte près de 172.000 clubs et associations sportives et treize millions de licenciés, toutes disciplines confondues ces dernières années ; et parmi eux, une infime minorité de professionnels. Les structures sportives font de plus en plus appel au bénévolat, avec un maître mot pour tous, la passion… Hors le bénévolat, prolongement de ces valeurs, fusse dans un club ou dans une association sportive, était souvent une suite logique d’une carrière de sportif. Le sport et ses valeurs sont une réponse à la violence de la société, ce sont aussi des outils pour une meilleure compréhension entre les être humains. Mais ces valeurs sont menacées. L’argent, le dopage, la corruption en sont des preuves évidentes, trop souvent constatées et toujours présentes. Les valeurs du sport ne resteront saines que si les politiques pour le contrôle et la régulation de ces débordements, l’éducation de la jeunesse aux vraies valeurs du sport le restent aussi.

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4.2 L’UEFA et le dossier France Le dossier présenté par la France suggérait 12 villes pour un minimum de 9 stades nécessaires à l’organisation de l’Euro2016. Parmi celles-ci figuraient : Bordeaux, Lens, Lille, Lyon, Marseille, Nancy, Nice, Paris, Saint-Denis, SaintEtienne, Strasbourg et Toulouse. (A ce jour Strasbourg a retiré sa candidature), reste donc 11 villes pour 9 stades. La France a été retenue pour sa culture du football, sa capacité à organiser de grandes manifestations sportives, ses infrastructures de communications très développées et son attrait touristique qui permettent d’entrevoir une grande réussite pour le football européen. 4.2.1 Les exigences de l’UEFA Ce que l’UEFA impose ce sont : 2 stades de 50.000 places, plus 3 de 40.000, plus 4 de 30.000 places et, éventuellement 3 stades de remplacements. Mais avec de préférence pour 1 stade de 60000, 3 stades de 40000 places, 4 stades de 30000 places aux normes de l’UEFA. Les exigences du cahier des charges de l’UEFA relatives aux espaces dédiés aux partenaires économiques et aux médias imposent à la France d’adapter l’ensemble des stades en liste : dépose minute de 500 m2, aire de régie TV de 6.000 à 7.000m2, des espaces hospitalité VIP compris selon les stades entre 700 et 1.600m2, entre 400 et 800 places en loges, des salons 6.750 m2 pour le club UEFA plus 11.700m2 pour les entreprises pour les matchs de groupes, allant jusqu'à 9.000m2 et 18.000m2 pour un quart de finale et respectivement 36.000m2 et 40.500m2 pour la finale, entre 4 et 6 studios de télévision avec vue sur le terrain, une zone mixte de 300m2 minimum… En outre toutes les places sont en tribune couvertes, les stades devront tous être équipés d'un système de contrôle d'accès électronique, de vidéo surveillance interne-externe (avec caméra couleur), ... A ces exigences s'ajoutent en outre celles relatives aux transports, à l'accueil des équipes, des spectateurs. Tout doit être fait pour qu’une très grande majorité des spectateurs accèdent aux stades par des transports en commun sobre en émissions de Gaz à Effets de Serre afin de limiter l’empreinte carbone... 4.2.2 Le dossier FRANCE A part le Stade de France, aucun des stades construits ne répond entièrement au cahier des charges de l’UEFA. La France retenue, nombreuses sont les villes qui ont fait le pari de rénover ou de mettre simplement aux normes de l’UEFA leur stade existant (Lens, Marseille, Nancy, Paris, Saint-Etienne, Strasbourg et Toulouse). 71

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A noter que Jean-Marc Ayrault le Maire PS de Nantes, un moment candidat pour l’Euro2016 a préféré jeter l’éponge à cause des contraintes du cahier des charges de l’UEFA qui lui auraient coûté 80M€ pour mettre son stade aux normes, et après avoir déclaré "On est dans la démesure totale avec le cahier des charges de l'UEFA. On est dans un autre monde. Le jeu n'en vaut pas la chandelle." Les villes de Bordeaux, Nice, Lille et Lyon ont opté pour de nouveaux stades. Celui de Lille fait l’objet d’un PPP (Partenariat Public Privé), il est en cours de construction. La 1ère pierre a été posée par Martine Aubry Maire de Lille en octobre dernier. Il pourra accueillir plus de 50.000 spectateurs à partir de juillet 2012 et sera doté d’un toit mobile à la charpente d’acier. L’ensemble de la toiture, d’un poids de 7.400 tonnes au total, soit 100 tonnes de plus que la tour Eiffel, sera assemblé au sol puis hissé en une seule fois 35 mètres plus haut. Sur les 4ha de couverture, réalisés en membrane PVC blanche, 192 leds illumineront le stade de nuit. Coût de l’opération, 324M€ dont 282M€ pour le stade. Celui de Bordeaux devrait connaître son dénouement dans les prochains jours, malgré l’opposition des élus du PS, des Verts, du PCF… : « Nous avons fait des

calculs qui nous donnent à penser que, pour 165 millions d’euros, on peut avoir un stade de 45.000 places qui soit moderne sans être luxueux, un stade qui nous convienne et qui soit conforme aux règles de l’UEFA », a assuré le maire de

Bordeaux, citant le stade de Nice comme étant d’un prix comparable. Le futur stade devrait notamment accueillir les matchs des Girondins, actuellement 9ème de L1. Le club a prévu d’apporter 100 millions d’euros au nouveau stade, l’Etat 20, la région, la communauté urbaine et la ville chacune 15 millions d’euros. Celui de Lyon à l’instar de Nice doit faire face à une forte opposition, à la différence qu’à Lyon c’est le Maire PS Gérard Collomb également Président de l’agglomération qui soutient ce projet privé contre son opposition UMP, Verts, Modem plus quelques élus du PCF, du PS… alors qu’à Nice, le Maire UMP Christian Estrosi également Président de Nice Cote d’Azur doit faire face à l’opposition Socialiste, Verts, PCF… Dans les deux cas la localisation est en cause. A Lyon pour des raisons d’accessibilité par transports en commun, financières et d’environnement. A Nice, d’abord, pour des raisons liées à la culture des villes du sud. La place des stades dans les villes du sud de l’Europe est en cœur de ville. C’est le cas de toutes les enceintes des grands clubs de l’arc latin, à l’exception de la Juventus de Turin. Bernard Tapie lui-même avait voulu faire sortir le stade Vélodrome de Marseille en 1993 pour en construire un flambant neuf du côté de l’Estaque. Il y avait renoncé sous la pression des supporters.

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A Nîmes il y avait un stade en cœur de ville (le stade Jean Bouin). Il a été remplacé par le stade des Costières situé en dehors de la ville et le club ne s’en est jamais remis. A Cannes il y avait un stade en cœur de ville « les Hespérides». Le stade a été reconstruit à La Bocca et peu à peu le club a décliné. Enfin un des grands clubs référence du sud de l’Europe, la Juventus de Turin, a fait construire un stade à l’extérieur de la ville (le Stadio delle Alpi) aujourd’hui elle songe à racheter son « vieux » Stadio communal pour revenir y jouer parce qu’elle a perdu 25.000 spectateurs en moyenne et le club ne tient plus les premiers rôles européens. Cela signifie que dans les villes du sud de l’Europe, le rapport à la ville est différent de celui des pays anglo-saxons ou du Nord de l’Europe. Changer l’identité du club représente un vrai danger. Il ne s’agira pas du même public, ni des mêmes supporters, on entre dans un club à influence territoriale supposée plus importante. Ce ne sont plus des supporters mais des spectateurs. Cette hypothèse n’a pas du tout été envisagée ni pesée par les Présidents de l’OL et du Grand-Lyon. Ils continuent de soutenir contre vents et marées ce projet de stade qui va devoir tenter de passer le cap de sa troisième enquête publique pour la révision du PLU, plus 13 autres enquêtes publiques courant 2011, pour espérer voir le jour. Quant bien même serait-il construit, verrait-il le jour à temps ? Avec onze villes encore en liste, la France à de quoi répondre aux exigences de l’UEFA, encore faut-il tenir compte des contraintes financières, environnementales et sociales qui se sont fait jour depuis l’acte de candidature de la France à l’organisation de l’Euro2016. D’autant que l’UEFA recommandait également aux candidats, lors de la procédure de candidature, de faire preuve de modération fiscale et d’éviter toutes dépenses relatives excessives.

4.2.3 L’UEFA et Gerland Si le cahier des charges de l’UEFA est certes contraignant, la réalisation du stade à Décines n’est ni une nécessité, ni une fatalité. Monsieur MARZELLO ALLECA, responsable de l’Euro2016 à l’UEFA, que nous avons directement interrogé sur la question de savoir si Lyon serait exclu des compétitions au cas où Décines ne se réaliserait pas, a eu cette réponse rassurante : « les lieux des

rencontres pour l’Euro2016 sont choisis sur toute une série de critères. Les installations sportives n’en sont qu’un élément parmi d’autres. Si un changement devait intervenir, c’est à la fédération du pays hôte, en l’occurrence la FFF qu’il appartient de le soumettre aux instances internationales. » Le grand stade de Décines n’est donc pas indispensable pour l’Euro2016 ! Compte tenu de sa capacité, de son positionnement, GERLAND compte donc parmi les grands stades éligibles pour l’euro 2016. C’est ce stade rénové, mis aux normes et éventuellement agrandi qui serait pour Lyon la seule alternative pour participer à cette fête du football européen en 2016. 73

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4.3 Une autre vision du sport et de l’aménagement urbain 4.3.1 Mesure de l’impact sur le quartier et le stade de Gerland ? L’évocation (en 2005) du projet d’agrandissement du stade puis du départ éventuel de l’OL du quartier de Gerland aurait logiquement du appeler à une réflexion sur l’état, les conditions d’exploitation, et de réaménagement des structures sportives sur ce secteur et, conduire à mesurer l’impact de ces activités sur le quartier tout entier avant même de s’engager dans l’accompagnement puis le soutien sans faille d’une partie des élus de la ville de Lyon, qui ont entrainé le Grand-Lyon dans ce projet. Le Maire de Lyon et son adjoint aux sports nous disent aujourd’hui : « mais nous

avons tout étudié et d’ailleurs, nous avons mis en place une mission d’évaluation des grands équipements de Gerland, et à laquelle ont participé des élus de toutes les tendances. »

Si cette mission d’information et d’évaluation sur le devenir des grands équipements de Gerland a été installée par de la Ville de Lyon, à la demande expresse de deux groupes politiques en septembre 2008 (Lyon Démocrate – Modem et Ensemble pour Lyon UMP), et elle n’a été mise en place qu’à la seconde demande en janvier 2009. Second constat regrettable que l’on peut faire à la lecture du rapport de cette mission d’information et d’évaluation, c’est qu’aucune mission « propositionnelle » sur l’opportunité de réaliser un grand stade sur ce site (ou ailleurs) n’avait été confiée à la dite mission. En fait, elle n’avait pour rôle essentiel que : de faire un état des lieux, en auditionnant les différents acteurs de ce quartier (+ de 40 contributions), mais surtout sans poser la question : quels stades pour quels sports dans la ville de Lyon et dans l’agglomération ? D’ailleurs, Th Braillard le rapporteur de cette commission considérait déjà dans sa contribution comme acquis le «départ de l’OL de Gerland (p 146 du rapport). A noter que seulement six des treize participants à cette commission ont livré une contribution à l’issue de cette mission ; et que certains ont pu envisager de transformer le Stade de Gerland pour accueillir le LOU Rugby et l’organisation de spectacles, alors que l’OL réfute cet emplacement au prétexte qu’il serait dans une zone à risque. Pourtant, l’étude de ces contributions est riche d’enseignement sur la construction des relations socioculturelles et économiques d’un quartier et de son attachement au stade, mais aussi au club et aux matchs de niveau national et européen. C’est tout l’esprit du quartier construit autour et à l’image de l’OL, le club de Lyon, que les Gerlandais veulent préserver, alors que les révélations de cette mission sont tout aussi intéressantes lorsqu’il s’agit de l’état des lieux et du potentiel du complexe sportif de Gerland.

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4.3.2 Les enseignements de la mission d’information et d’évaluation A la lecture de son rapport, on y apprend notamment que : - Le stade de Gerland n’est pas en zone Seveso. En 2004, seule la plaine des jeux était concernée par le PPRT (Plan de Prévention des Risques Technologiques) d’Arkéma Pierre-Bénite. Zone déclassée depuis 2008, ce qui rend même la plaine de jeux aujourd’hui constructible pour des ERP (Établissements Recevant du Public). Le rapport dit ceci :

« Un voisinage qui n'est toutefois plus classé en zone Seveso et qui n'empêche pas l'OL de jouer actuellement à Gerland. »

- Que le Stade n’est pas classé monument historique, mais qu’il est inscrit à l’inventaire supplémentaire des bâtiments historiques depuis octobre 1967, ce qui n’a pas empêché les modifications et évolutions de 1985 (rénovation des tribunes Jean Jaurès et Jean Bouin) et de 1997 (rénovation des tribunes des virages Nord et Sud) pour la coupe du monde 1998 ! - Que sur le parc original de Gerland (100ha à sa création par Tony Garnier en 1914) > Classé en Zone UL : Il s’agit d’une zone spécialisée, destinée à recevoir des équipements sportifs, de loisirs, culturels, de superstructure ou de plein air localisés dans un environnement urbain.

Hors parc de Gerland et autres parcelles (recevant des activités universitaires, en location (Laboratoires Aguettant) ou propriété de la CNR (Compagnie Nationale du Rhône) et des VNF (Voies Navigables de France)), il reste 41,6ha dédiés aux activités sportives. Et que, hors plaine des jeux, ce sont ~22,5ha où il n’est absolument pas interdit de construire si les bâtiments envisagés sont dans le prolongement de l’activité sportive et respectent l’esprit de l’architecture de Tony Garnier ! (c’est l’équivalent en superficie à l’emprise du site du Puisoz à Vénissieux, tant convoité (en son temps) par le Président de l’OL) - Que la plaine des jeux (17,8ha) est aujourd’hui utilisée à 70% par l’OL. (Elle vient de faire l’objet d’un BEA (Bail Emphytéotique Administratif) entre la ville de Lyon et l’OL afin que celui-ci puisse entretenir les terrains synthétiques qui posent quelques soucis d’usure prématurée… !). - Que le stade Tola Vologe (32.547m²) fait déjà l’objet d’un bail emphytéotique au bénéfice de l’OL qui y a construit son siège ! - Que les zones mixtes (les grandes structures modulaires, les tentes et Algéco … installations provisoires) peuvent être pérennisées dans le cadre d’un projet, sous la forme de structures en dur de petite ampleur, comme l’avait envisagé Tony Garnier (cf. illustration page 77) !

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- Que les travaux pour réduire la jauge (le nombre de places) du stade de Gerland pour la mettre au niveau du raisonnable pour le LOU, n’ont pas fait l’objet d’évaluation, ni technique, ni financière ! - Que le LOU (budget de 7M€, équipe de rugby pressentie pour jouer à Gerland à la place de l’OL) ne réunit actuellement que 5.000 spectateurs par match et que l’équipe de rugby de Toulouse, qui a le plus gros budget en Europe (14M€), ne fait que 15.000 spectateurs en moyenne (alors que la moyenne nationale « top 14 hors Stade Français » tombe à 9.000 spectateurs) ! (Le LOU a déposé son dossier pour la construction courant 2011 de son nouveau stade de 8.000 places dans la plaine de jeux du quartier des Etats-Unis dans le 8ème arrondissement de Lyon). - « Que selon les professionnels du concert, on ne peut imaginer organiser à Lyon plus d’un ou deux concerts par an réunissant 40.000 spectateurs. » (Th Braillard p 146). Ce qui contrarie sérieusement les projets de ceux qui envisageraient une reconversion de ce stade et augure d’un bien triste avenir pour les finances que la ville de Lyon aurait à supporter pour la modification du stade et son entretien. - Que la présence de l’OL et l’organisation de matchs de rugby ne sont pas considérés comme un handicap ou une gêne. (Th Braillard p 145) - Que toute l’activité économique de proximité (notamment de restauration) serait forcément fortement impactée et donc à reconstruire avec les hypothétiques nouveaux locataires du stade, Etc., etc.… On voit donc que l’emballement pour ce projet de second grand stade (pour l’OL et pour Lyon), et l’accompagnement par le Grand-Lyon du départ de l’équipe professionnelle de l’OL du stade de Gerland a été mené sans avoir pesé toutes les conséquences, financières, environnementales, socio-économiques et culturelles… Alors que toute l’activité économique qui serait générée par le grand stade sur Décines profiterait essentiellement à l’OL Groupe. Et que deux études d’aménagement de Gerland étaient réalisées et connues des élus. 4.3.3 De la construction à l'extension du stade de Gerland : C’est vers 1910 qu’Edouard HERRIOT alors Maire de Lyon a eu l’idée de construire un complexe sportif pour la Ville, avec le stade athlétique de Gerland. La mission d’études et de construction est confiée à l’architecte Tony GARNIER en 1912. Sa construction commença en 1914 avec l’espoir d’être terminée pour l’exposition internationale de 1914. Mais la 1ère guerre mondiale vint interrompre sa construction qui ne se terminera qu’en 1920. Le stade sera inauguré par Edouard HERRIOT en 1926. Tony Garnier est l'auteur d'une utopie urbanistique richement illustrée proposant une ville idéale s'appuyant sur une séparation des fonctions urbaines et des activités, qu'il présente comme mémoire final au grand prix de Rome. J J D J... D Duuubbbooosss

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Ses projets font largement appel au mode de transport en plein développement à l’époque, le tramway, dont on remarque la présence sur l’illustration ci-dessous (présence des rails et d’une voiture de tram en bas à droite).

T. Garnier conçoit ce complexe comme un vaste espace de sports d’athlétisme sur 100 ha :

Sa conception du stade athlétique d’inspiration romaine se caractérise par l’édification d’une galerie périphérique posée sur un talus végétal et monumentalisée par 4 grandes portes symboliques. D'une capacité d'accueil initiale d'environ 30.000 personnes, il a été à plusieurs reprises remanié. Des suppressions, comme les anciennes pistes d'athlétisme et de course cycliste, et des ajouts, comme les tribunes latérales, ont ainsi changé la physionomie du stade et modifié sa capacité. 77

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La rénovation du stade de Gerland pour la coupe du monde 1998 (Ce qu’en dit encore aujourd’hui la ville de Lyon)

La Coupe du Monde en 1998 a offert l’occasion de poursuivre la rénovation du stade. Finesse et légèreté ont été les maîtres mots de la conception architecturale. Et cela essentiellement pour que le "stade des sports athlétiques" puisse recouvrer sa transparence initiale, voulue par Tony Garnier. Cette volonté a été confortée par le souci d'obtenir une visibilité accrue pour les spectateurs et un rapprochement des gradins. Cette adéquation mise en œuvre a en effet libéré un généreux parvis. Il en résulte un dégagement avantageux pour la galerie périphérique qui, enfin, recouvre une nécessaire respiration et, de fait, un attrait oublié. Les quatre portes néoclassiques de l'enceinte, inscrites à l'inventaire des monuments historiques depuis 1967, bénéficient de cette exploitation de l'espace. Les deux virages ont été ainsi rapprochés et couverts. L'élément couvrant a été voulu léger et aérien. S'il a nécessité de nombreux calculs minutieux, il offre aux spectateurs trois niveaux de lecture : du plus lourd au plus léger : du béton pour les piliers et les gradins, du métal pour les fléaux et les attaches de la couverture et de la toile pour la couverture proprement dite. Entièrement restructurée, la tribune Jean Jaurès répond aux exigences actuelles d’un stade international : vestiaires réaménagés, création d’un étage de loges, installation de nouveaux sièges individuels... De même, les équipements d’éclairage, de sonorisation, d’affichage et de vidéosurveillance ont été mis aux normes pour la Coupe du Monde de 98. Enfin, avec la restructuration de la tribune Jean Bouin et la recomposition des abords, le site de Gerland trouve ainsi sa vraie dimension et offre la sécurité nécessaire aux manifestations nationales et internationales accueillies. Tous ces aménagements mettent en évidence la capacité incluse dans le projet de Tony Garnier, de s’adapter à la modernité. Le stade de Gerland, conçu par Tony Garnier est le plus grand stade municipal de

Lyon. Il accueille l’Olympique Lyonnais depuis 1950. Son record d’affluence a été établit le 9 septembre 1980 avec 48.552 spectateurs (il comptait alors 50.000 places) pour le derby entre l’Olympique lyonnais et l’AS Saint-Étienne en 1982. La capacité d’accueil et remplissage actuel du stade de Gerland : La capacité totale de Gerland est de 41 842 places individuelles, couvertes et

numérotées qui se répartissent ainsi : Tribune Jean Jaurès : 8 544 places Tribune Jean Bouin : 9 777 places Virage Tony Garnier : 12 429 places Virage Coubertin : 12 301 places Cette répartition a son importance, car on voit qu’en cas de travaux sur une tribune, il reste toujours plus de 30.000 places disponibles.

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Vues du stade actuel Le stade de Gerland est aujourd’hui utilisé à 98% par le club de football Olympique Lyonnais, qui ne fait le plein que « 6 fois dans l’année ». Analyse de l’occupation de Gerland de 2000 à 2009

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Certes la billetterie peut battre des records comme le 20 février 2008, lors de la 8ème de finale de la Champion's League à Gerland où L’OL était opposé à Manchester. L’OL Groupe a réalisé un chiffre d’affaires « billetterie et hospitalités » record ce jour là. Plus de 200.000 personnes souhaitaient pouvoir se rendre à Gerland pour cette 8ème de finale et ce sont 39 250 spectateurs qui purent suivre cette rencontre très disputée qui opposait l’Olympique Lyonnais au futur vainqueur de la Champion's League 2007/2008 (rapport d’activité 2007/2008 du groupe OL). Faut-il pour autant augmenter la capacité d’accueil de 50% pour la ville de Lyon et son agglomération, pour quelques matchs dans l’année? Si la question mérite d’être posée, elle doit l’être surtout dans le cadre de l’aménagement agrandissement du stade de Gerland, car le club de l’Olympique Lyonnais, tout en souhaitant s’émanciper de la charge financière de Gerland, est installé durablement sur ce secteur. Dans le projet OL Land, seule l’équipe professionnelle devrait aller à Décines si celui-ci se réalisait, et pourtant, ni la Ville de Lyon, ni le Grand-Lyon n’ont évoqué les conditions financières du maintien des autres activités sur Gerland comme, le centre de formation, les autres équipes de l’OL, le siège du groupe… Un nouveau centre de formation La construction de ce nouveau bâtiment ultra moderne de près de 2.000m2 bénéficiant du standard HQE (Haute Qualité Environnementale) a été achevée en juillet 2008. Il accueille 140 jeunes dont une trentaine de stagiaires. Avec ce centre de formation, OL Groupe confirme sa place de club formateur d’élites à vocation internationale. De nombreux jeunes joueurs sont ainsi issus du centre de formation de l’OL.

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Et la présence de l’OL sur la plaine des jeux vient d’être confirmée. Un BEA (Bail Emphytéotique Administratif) sur une grande partie de la plaine des jeux de Gerland (~70%) vient d’être passé entre la Ville de Lyon et l’OL Groupe. D’où l’urgence et la nécessité de traiter cette question de quels stades pour quels sports dans Lyon et son agglomération, en mettant tout à plat.

4.4 Un stade dans la ville 4.4.1 Les réalités du stade de Gerland Quelles sont les caractéristiques et possibilités sur le site de Gerland ?

(Données du rapport de la mission d’information et d’évaluation)

Périmètre du site de Gerland Dans ce périmètre qui représente 61,6ha, 20ha sont dédiés au parc public de Gerland et 41,6ha aux activités sportives.

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Répartitions foncières des parcelles du site de Gerland

1 Stade et piscine d’été : Parcelle CI 6 - Superficie : 151.273m2 Propriétaire : Ville de Lyon 2 Plaine des jeux : Parcelle CL 4 - Superficie : 178.215m2 - Propriétaire : Ville de Lyon 3 Stade Tola Vologe 1 : Parcelle CK 87 et CK 89 - Superficie : 32.547m2 Bail Emphytéotique - Bénéficiaire : Olympique Lyonnais - Durée initiale : 20 ans à compter du 07/12/2006 4 Palais des sports : Parcelle CK 10 - Superficie : 13.814m2 - Propriétaire : Ville de Lyon 5 Parking et Tola Vologe 2 : Parcelle CK 47, CK 72 - Superficie : 40.109m2 - Propriétaire : Grand Lyon 6 Bail Emphytéotique - Bénéficiaire : Laboratoire Aguettant - Durée initiale : 40 ans à compter du 01/04/1978 -Superficie : 13.600m2 7 Parc de Gerland : Parcelles : 20 parcelles - Superficie : 20 hectares - Propriétaire : Ville de Lyon, Voies Navigables de France, Grand Lyon

4.4.2 Les aménagements du stade de Gerland Quels équipements, quels aménagements sont nécessaires ? Si la mission d’information et d’évaluation a bien identifié la nécessité de conserver à ce site son caractère consacré aux activités sportives et aux loisirs, compte tenu de la proximité du centre ville, des services qui y sont délivrés et des possibilités d’implantations d’espaces d’affaires sur le quartier de Gerland, il est plus que raisonnable pour la collectivité d’étudier l’aménagement avec agrandissement du stade de Gerland et le mode de cession à son locataire principal qu’est l’OL Groupe. Les projets déjà établis par deux cabinets d’architectes montrent qu’il est possible de porter sa capacité du stade à 54.000 ou 55.000 places si nécessaire et de répondre aux exigences du club de l’OL, tout en conservant l’esprit du projet de Tony GARNIER et en valorisant les quatre portes monumentales.

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Le premier projet réalisé par le Cabinet d’Architectes Constantin, à la demande de l’OL Groupe n’a été révélé au public qu’en mars 2010 par le mensuel MAG2Lyon qui avait titré son dossier spécial « GERLAND, Les plans secrets ». Le Cabinet Constantin réputé pour avoir participé à de nombreux grands projets sur Lyon s’était déjà distingué en rénovant le stade de Gerland pour la coupe du Monde en 1998. Dans son dossier MAG2Lyon nous révèle un certains nombre de plans qui illustrent bien les possibilités d’aménagement et prouve si cela était encore nécessaire qu’agrandir Gerland c’est possible. Données de ce projet : 54.000 places, espaces VIP, 50.000 m² de locaux commerciaux annexes, 5.000 places de parking. Coût de l’opération : 150M€ pour l’agrandissement du stade et 100M€ pour les annexes. Total 250M€ Vues en perspective de l’étude du cabinet Constantin

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Le second projet est une étude non commandée, réalisée dans le second semestre 2005 par les architectes Favarot – Vella (mais, pas sur un bout de comptoir contrairement à ce qu’affirmait Thierry Braillard à Lyon Capitale 05/11/2010). Cette étude conforte l’idée que l’on peut répondre à l’augmentation de capacité d’accueil du stade, en répondant aussi aux besoins de surfaces annexes et commerciales tout en préservant 95% de la capacité du stade pendant les travaux. Cette étude fut révélée au public par La Tribune de Lyon n° 132 du 19 juin 2008. Données de ce projet : 55.000 places, dont 1.000 places en loges, et 3.000 en « business seats », espaces presse, 2.500m² de salons restaurants, 15.000m² de locaux commerciaux annexes, 2.000 places de parking supplémentaires sur les 15ha de la parcelle (N°1) CI 6. Coût de l’opération : 130M€. Vue en perspective tribune Jean-Jaurès

Vue en plan du stade, des parvis et espaces de séminaires et administratifs

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Vue en coupe de l’aménagement des tribunes Jean Jaurès et Jean Bouin

Vue en coupe du stade aménagé dans le respect de Tony GARNIER

Cette alternative Gerland, connue du Grand-Lyon, souvent évoquée mais trop vite écartée, n’a jamais vraiment été approfondie. Elle a même été cachée pendant 1 an et 1/2 aux lyonnais et aux membres de la commission d’information et d’évaluation. Pourtant les réponses apportées par les architectes qui ont travaillé sur le sujet contredisent tous les arguments des défenseurs du projet de Décines. Notamment les soi-disant écueils de Gerland comme : le manque de place, la mauvaise desserte des transports en commun, le risque Seveso… Mais il est vrai qu’en juin 2008, Thierry Braillard martelait déjà « Il existe la solution du bail emphytéotique où l’OL

paierait les travaux d’agrandissement, mais elle n’est pas d’actualité puisque le stade se fera à Décines », surtout parce que l’OL ne veut pas de cette solution à Gerland. Sur le manque de place, nous avons vu qu’il y a de l’espace (au moins autant qu’au Puisoz), même en ne considérant pas les terrains contigus au stade que la CNR (Compagnie Nationale du Rhône) « serait » prête à céder ; le risque Seveso a été levé en 2008, la contrainte des Monuments historiques n’en est pas une, resterait l’accessibilité.

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4.4.3 Un projet avec une accessibilité performante Nous avons souvent entendu les partisans du projet de Décines dire : « que ble ». Gerland était dans un cul de sac, que l’accès en transport en commun est exécrable « Décines est 5 à 10 fois mieux desservie par les TC que Gerland », « Gerland est un entonnoir, on ne peut sortir que par l’Est ou par l’Ouest », ce qui est faire peu de cas de la réalité et oublier les infrastructures existantes et que, les voies à l’Est et à l’Ouest de Gerland sont l’autoroute A7 et le boulevard périphérique. Comparatif d’accessibilité Gerland / Décines : Dessertes des sites : En comparant de plus près les dossiers de Décines et de Gerland, le stade actuel de l’Olympique Lyonnais se révèle être plus qu’un très bon challenger Le stade de Gerland bénéficie d’une position unique dans l’agglomération lyonnaise, tant du point de vue de la proximité du centre ville que de la desserte en transports en commun, ce qui est primordial pour un grand stade de classe internationale (cf. cahier des charges de l’UEFA). Cependant, acheminer 50 à 60.000 personnes en moins de deux heures reste un vrai casse-tête, qui nécessite plusieurs moyens de transports lourds et à fort débit comme : le train, le métro, le tramway. Gerland dispose déjà d’une offre transport en commun complète mais qui sera améliorée par les extensions en cours et envisagées.

Gerland

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Grand stade de Lyon :

Histoire d’un projet contre nature

Desserte Gerland : Non seulement le stade de Gerland bénéficie d'une bonne desserte en métro et en bus, mais il se trouve à 2km de la gare ferroviaire Jean-Macé et sera d’ici 2014 à 10mn à pied de la station Debourg de la ligne de tramway T1. Les liaisons centre ville et gares SNCF (Jean Macé, Part-Dieu se font par la ligne de métro B, et Gare de Perrache-Gerland se fera par le prolongement du tramway T1 jusqu’à la station Debourg). Cette interconnexion des réseaux proche de Gerland offrira une capacité de desserte par transports en commun sans commune mesure avec celle qui pourrait être mise en place à grands frais sur le site de Décines, sans jamais pouvoir l’égaler. Actuellement, sans politique particulière d’encouragement pour inciter les spectateurs à prendre les transports en commun plutôt que la voiture, le métro achemine jusqu’à 10 000 spectateurs par soir de match à Gerland (soit 25% des spectateurs). Alors que le potentiel actuel de la ligne est de 8.000 voyageurs/h dans le sens centre ville / Gerland. Cette ligne de métro B en cours de prolongement jusqu'à la gare d’Oullins permettra de rabattre les spectateurs en provenance de l’Ouest et du Sud-ouest lyonnais (~2.000 voyageurs). La mise en service de ce prolongement est prévue en 2013). Par la suite, cette ligne de Métro, optimisée et automatisée offrira dans un premier temps un potentiel horaire d’environ 16.000 voyageurs/h dans un sens (165 voyageurs * 3 voitures/rames * 32 rames/h). Et à moyen terme, sa capacité pourra être encore augmentée en rajoutant une quatrième voiture aux rames actuelles composées de trois voitures. La capacité potentielle horaire passerait ainsi à 21.000 voyageurs/h dans le sens centre ville / Gerland (165 voyageurs * 4 voitures/rames * 32 rames/h). L’ensemble de ces modes de transports en commun couplé à la politique des parcs relais aux abords de Lyon (prévue au PDU) et à l’engagement du Sytral avec l’OL pour la mise en place d’un système de billetterie performant, devrait permettre d’atteindre rapidement le potentiel 15 à 20.000 voyageurs/h en TC. Les investissements ainsi réalisés serviraient au stade 30 à 35 jours par an, et à l’ensemble des lyonnais 365 jours par an.

Desserte de Décines : Comme nous l’avons vu, le plan d’accessibilité présenté (p14 du dossier d’accessibilité du Grand-Lyon version définitive 21 octobre 2009) prévoit d’acheminer 10.700 spectateurs par match accédant en TC ou en modes doux, ce seront donc 49.300 spectateurs sur 60.000 soit 82.2% qui arriveraient sur site ou à proximité par la route. Mais dans le projet OL Land, ce sont également 800.000 clients par an, en plus des 1.500.000 spectateurs, qui sont espérés par l’OL Groupe. Etant donné que les services de transports en commun vers OL Land ne sont envisagés que les jours de matchs, ce serait environ 2.000.000 de personnes par an qui accèderaient par voies routières au site de Décines.

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Cela provoquera une augmentation de la circulation dans cette zone déjà très surchargée, alors que les politiques de déplacements doivent encourager l’usage et le développement des TC. Comment dans ces conditions, espérer que le bilan carbone de ce projet à Décines soit meilleur qu’à Gerland ?

Comparatif d’accessibilité Gerland / Décines par les TC : métro + Tram à Gerland contre Tram à Décines Gerland

Décines

Capacité horaire actuelle par sens, mode dégradé (maxi de pers)

11.000

2.100

Capacité disponible pour les besoins “stade” (côté centre ville)

8.000

1.400

Potentiel côté périphérie, après prolongement. Oullins,

3.000

1.000

11.000

2.400

Potentiel horaire total (Capacité horaire actuelle par sens) ÉVOLUTIONS PROGRAMMEES D’ICI 2015 Situation actuelle plus prolongement Gare d’Oullins

Gerland 11.000

Nouvelles disposition sièges métro Tram T1 prolongé de Confluent à la station Debourg

1.000

Tram Debourg-Gr Blanche-Villeurbanne Ligne A7

2.000

Décines 2.400

1.500

Navettes tram supplémentaires. sur T3

2.500

Liaison T2/Montout

1.500

Potentiel horaire possible 2015 Autres améliorations de capacités : Potentiel horaire hypothèse 2015 Automatisation conduite métro horizon 2020

15.500 Gerland 15.500

Décines 6.400

4.000

Prolongement T2 jusqu’à Décines

Potentiel horaire possible 2020

6.400

19.500

2.400 8.800

Le potentiel des transports en commun sur Gerland est plus de 2 fois supérieur à celui de Décines, mais cela n’intéresse pas le Président de l’OL Groupe.

V) Conclusions : L’opportunité d’un tel projet : Outre les considérations précédentes qui montrent l’incompatibilité du projet OL Land à Décines avec : les politiques et préconisations en matière de : déplacements, d’aménagement et de développement durable, de protection de l’atmosphère, d’économies d’énergies, il est important de rappeler l’incongruité du montant des investissements publics envisagés (3 à 400M€) pour l’aménagement des accès au seul profit d’un investisseur privé.

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Grand stade de Lyon :

Histoire d’un projet contre nature

Même si certains investissements sont présentés en feignant d’élargir le périmètre opérationnel pour justifier cette aide directe de la collectivité totalement déraisonnable, ils ne pourront jamais égaler l’efficacité et la rentabilité qu’auraient ces mêmes investissements sur le site de Gerland plus proche du centre ville. Les éléments de ce projet font clairement apparaître que l’opérateur privé (OL Groupe) serait bénéficiaire de plus de 50 hectares de terrains acquis par le Grand Lyon, à son profit, pour un prix dérisoire (de 30 à 40€/m²). Qu’il les revendrait ensuite à des promoteurs d’hôtels et de centre commerciaux au prix du terrain viabilisé (~250€/m²). Ainsi le bénéfice de l’urbanisation de ce territoire, extrêmement onéreuse pour les collectivités pour 35 jours d’occupation du stade par an, serait exclusivement attribué à l’opérateur OL Groupe. Le principal motif mis en avant par le Président du Grand Lyon est une opération de prestige par le « rayonnement » qu’apporterait une équipe de football à l’agglomération lyonnaise. C’est montrer bien peu de considération pour la population lyonnaise (1,3 million d’habitants) au regard de 60.000 spectateurs, 35 jours par an, en passant sous silence l’indécence dont sait faire preuve le milieu du football professionnel, et nous pouvons douter du rayonnement qu’apporterait à Lyon et son agglomération une « Aréna xxx » sur la commune de Décines. L’abondement au fétichisme du ballon rond dans ce projet est indécent au regard des besoins quotidiens des habitants à qui l’on explique que les programmes d’habitat, de crèches, de santé, de réfection de voirie et de trottoirs, de déplacements quotidiens ne sont pas suffisamment traités depuis des années, faute de moyens financiers, mais qu’en plus, ils vont devoir faire des efforts pour consommer moins d’énergie, émettre moins de CO²… et qu’ils devront payer plus de taxes d’habitation. Il est grand temps de revenir aux investissements nécessaires au maintien et à la création de véritables emplois durables et, de préserver et renforcer les milieux naturels de proximité comme préconisé dans le SCOT. La solution Gerland est plus qu’un aménagement de stade, il s’agit de la préservation et de l’enrichissement d’un patrimoine cher aux lyonnais qui satisfera le plus de monde. Non seulement elle permet de répondre aux besoins et aux attentes du club de l’OL, (qui n’a plus la trésorerie suffisante pour assurer le financement du projet de Décines), mais elle satisfera aussi les supporters qui sont attachés au stade de Gerland. Cela donnera au Grand-Lyon une formidable occasion de transformer cette partie du quartier de Gerland, pour conforter son caractère de zone d’activité et de loisirs sportifs, et de l’ouvrir davantage sur la ville par le développement d’axes de déplacements pour modes doux et en TC. Cette valorisation du site de Gerland permettra de lui donner un nouveau souffle et de l’inscrire durablement dans le patrimoine lyonnais, comme cela a été fait pour les quartiers Saint-Jean, Saint-Georges… et de réorienter les investissements du GrandLyon vers les infrastructures de transports en commun prévues au PDU ; elles en amélioreront l’accessibilité et profiteront au plus grand nombre en contribuant aux objectifs du plan climat énergie du Grand-Lyon.

Puissions-nous être entendus ! 89

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Annexes 1) collectif « Les Gones pour Gerland »

Contacts : http://lesgonespourgerland.unblog.fr/

CEDRUL : Joël DUBOS Coordinateur CEDRUL / Vice-Président DARLY courriel : jodubos@wanadoo.fr site Internet : www.darly.org Les associations de la CEDRUL : http://www.darly.org/content/category/4/89/101/ (Coordination pour l’Environnement et les Déplacements Durables en Région Urbaine de Lyon) : ADTLS (affiliée FNAUT) ALTERN’INFO ARPAC ASTER – (Association de sauvegarde du Territoire et de l’Environnement Rural) CDAFAL 69 (Conseil Départemental des Associations Familiales laïques du Rhône) DARLY (affiliée FNAUT, FNE, partenaire AEDTF) Déplacements Citoyens Droits du piéton ADQVEEP Eyzin-Pinet environnement FAP (Fédération des Associations du Plateau) FAPPO (Fédération des associations opposées au projet de périphérique Ouest) FRAPNA Rhône LVV la ville à vélo Lyon Métro Transports Publics (affiliée FNAUT) Lyon-Tramway (affiliée FNAUT) MNLE 69 – (Mouvement National de Lutte pour l'Environnement) Saint-Genis Sud SCJ (Sauvegarde des Coteaux du Jarez) SCL (Sauvegarde des Coteaux du Lyonnais) (affiliée FNAUT) SEVDOR (Sauvegarde des Espaces Verts des Monts d'Or) Le Furet (Asso Franchevilloise des usagers du rail, de la route et de tous moyens de transports) L’ARDHIL7 : Claude JEANDEL Président claudem.jeandel@voila.fr Chassieu environnement : Michel POËT Président http://chassieuenvironnement.blog4ever.com chassieu.ecologue@yahoo.fr Carton Rouge : Franck BURONFOSSE Président http://www.carton-rouge-decines.fr/ cartonrouge@hotmail.fr Chassieu-solidarité-citoyenne : Didier PANAVILLE Président http://www.chassieu-solidarite-citoyenne.fr panaville.didier@wanadoo.fr DEPLACEMENTS CITOYENS: Jean MURARD Président Murard3735@wanadoo.fr

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L’ADDEL : Joëlle PERCET Présidente http://addel.assoc.free.fr/wordpress/, addel.assoc@free.fr Le CAEL : Rémy Petiot Collectif des Associations de l’Est Lyonnais,

http://collasso.estlyonnais.free.fr/dotclear/index.php/Agenda

collasso.estlyonnais@free.fr CANOL : Michel VERGNAUD Président www.canol.fr canol@wanadoo.fr Le CRURE : Marc PAGANO Président Collectif des Riverains et Usagers de la Rocade Est lyonnais. riverains.rocade@laposte.net Le CORA : Romain CHAZAL http://coraregion.free.fr/spip.php?rubrique13 cora69@wanadoo.fr

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Grand stade de Lyon : Annexe 2 Analyse Puisoz/Décines

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Histoire d’un projet contre nature

multicritères

comparative

des

sites :

Gerland/le

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Grand stade de Lyon :

Histoire d’un projet contre nature

Annexe 3 Bibliographie des documents de référence : Rapport Seguin : commission grands stades Euro2016. 24 novembre 2008 Rapport Besson sur l’accroissement de la compétitivité de club de football français, Novembre 2008 Rapport Douillet L’attractivité de la France pour l’organisation de grands évènements sportifs Rapport de la mission sur les grandes infrastructures sportives (juillet 2010) Dossier de la commission d’information et d’évaluation (janvier à juillet 2009) Document de synthèse de l’accessibilité au projet de grand stade du 21/10/2009 Mission d’information et d’évaluation sur le devenir des grands équipements sportifs de Gerland de janvier à juin 2009 Protocole des partenaires du 13 octobre 2008 Dossiers d’arrêt de projet et de mise en enquête publique du 21 janvier 2008, 6 juillet 2009, novembre 2010, Aménagements de la ligne de tram T3, dossier de recevabilité janvier 2009 Accord cadre pluriannuel 2009-2014 ADEME Olympique Lyonnais Plan de Déplacements Urbain de l’agglomération lyonnaise révision 2 juin 2005 Directive Territoriale d’Aménagement de l’aire métropolitaine lyonnaise d’octobre 2006 Projet d’Aménagement et de Développement Durable 14 décembre 2009 Rapport des commissaires enquêteurs sur : - la révision N°1 du PLU de la communauté urbaine de Lyon sur le territoire de la commune de Décines : des 10/07/2008, 23/09/2008, 19/04/2010, - Rapport d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique concernant le prolongement de la ligne de tramway T2 jusqu’à Eurexpo 31/08/2010 - Rapport d’enquête publique relatif au projet de SCOT septembre 2010 Dossiers de concertations ou d’enquêtes publiques sur : Les opérations d’accessibilité mars-avril 2010 Aménagements de la ligne T3 avril-juin 2010 Prolongement de T2 à Eurexpo Echangeur N°7 Médias : Articles de presse Mensuels : Lyon Capitale, Mag2 Lyon, La Tribune de Lyon, Hebdomadaires : Les Potins d’Angèle, Quotidiens : Le Progrès de Lyon, Les Echos, Contributions des associations : CAEL, CANOL, Carton Rouge, CEDRUL, DARLY, Déplacements citoyens… et du blog « Les Gones pour Gerland »…

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Annexe 4 Glossaire des termes et abréviations utilisés AMF = Autorité des Marchés Financiers CAA = Cour Administrative d’Appel annule l’ordonnance CEDRUL = Coordination pour l’Environnement et les Déplacements Durables sur la Région Urbaine de Lyon CNUEH = Conférence des Nations Unies sur l’Environnement Humain COPIL = COmité de PILotage CFAL = Contournement Ferroviaire de l’Agglomération Lyonnaise Débat public VRAL = débat public sur la politique des transports dans la Vallée du Rhône et l’Arc Languedocien (2005) DOG = Document d’Orientation Général DTA = Directive Territoriale d’Aménagement de l’aire métropolitaine lyonnaise FFF = Fédération Française de Football FIFA = Fédération Internationale de Football Association FNAUT = Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports FNE = France Nature Environnement PADD = Projet d’Aménagement et de Développement Durable 14 décembre 2009 PDU = Plan de Déplacement Urbain 1996 révisé en 2005 PLU = Plan Local d’Urbanisme PNUE = Programme des Nations Unies pour l'Environnement RUL = Région Urbaine de Lyon SAGE = Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux SASP Olympique Lyonnais = Société Anonyme Sportive Professionnelle de… SCOT = Schéma de COhérence Territoriale décembre 2010 SDAL = Schéma Directeur de l’Agglomération Lyonnaise mai 1992 SEPAL = Syndicat Mixte d’Etudes et de Programmation de l’Agglomération Lyonnaise Sytral = SYndicat mixte des Transports pour le Rhône et l'Agglomération Lyonnaise, Autorité organisatrice des transports en commun sur l’agglomération lyonnaise TA = Tribunal Administratif TC = transports en commun UEFA = Union des Associations Européennes de Football

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