ECRI016-04 Jacques Dalmon " Le Cri des Etoiles "

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Le Cri des Etoiles

22 Sam Aza se moque de la solitude. Il philosophe beaucoup sur la création, mais a-t-il réussi sa vie de créateur ? Ou n’était-il que spectateur ? Voyeur de sa propre vie et de la vie des autres ? Quel cerveau ! Comment arrive-il à de si hautes pensées ? Le mélange bière-alcool-sirop, ainsi que les longues stations sur le trottoir, devant le drugstore, y sont pour beaucoup. Ces ingrédients incitent à la réflexion sur l’absurdité du destin. « Pas tellement absurde, après tout, se dit Aza, puisque le mécanisme fonctionne... je suis unique, je suis Dieu, comme tout le monde. Je m’appartiens et j’appartiens à l’univers. Je suis une entité dans une entité plus grande que moi. Nous sommes tous Dieu, contenants et contenus. Nous entrons l’un dans l’autre, comme des poupées russes, du microscopique au macrocomique. Nous fonctionnons pareils, nous sommes copiés l’un sur l’autre, à l’image de Dieu et lui à notre image. Pas étonnant : nous l’avons inventé. — Joyful, Joyful, se lamente le black, que reste-t-il de tes beaux muscles d’airain, de ton poil noir et luisant ? Que restet-il du splendide l’animal ? Le grand black se répond à lui-même : — La matière, ça, ce n’est pas du vent. Nous ne pouvons pas disparaître. Nous sommes ici de toute éternité et pour toujours. Nos atomes ne se perdront pas. La seule chose embêtante, c’est que nous n’avons pas la Mémoire. Quel gâchis ! Folie je vous dis. Dieu est fou, tu as raison Nono. Et

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