La peinture est dans la peinture - Al Martin, François Tresvaux, Arnaud Vasseux

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La peinture est dans la peinture Du 7 décembre 2017 au 21 janvier 2018

Al Martin, François Tresvaux, Arnaud Vasseux Commissaire de l’exposition : Sylvie Turpin

Le pays où le ciel est toujours bleu



Photographie : Pierre ALAIN


Vue de l’exposition

Double page précédente : Arnaud Vasseux Photographies de la réalisation de Sans titre (Cassable), POCTB, 2017


Le processus est un aspect fondamental dans mon travail et dans le choix des artistes pour mes commissariats, à double titre : - d’une part il est, au sens strict du terme, ce qui se déploie et prend corps suite à une action sur la matière. C’est le temps propre à la technique, une technique au service de la forme qui est en train de se faire ; - d’autre part, et dans un second temps, le processus est ce que je considère dans le libre essor de ses propriétés, sa chimie et sa physique, et que je n’avais pu prévoir. Ce temps d’observation est essentiel car il induit une sorte de ligne de déviation qui, soit agrandit et étend mon geste, soit s’y oppose et le retient. L’œuvre est l’intervalle mouvant entre ces deux pôles qui se côtoient, s’affrontent, s’allient, par frottements ou par chocs, et ainsi rendent indécises les frontières du sujet et de l’objet. J’ai choisi trois artistes 1 : - Al Martin recouvre ses toiles de 365 couches de peintures pour ensuite les creuser, faisant apparaître des formes stratifiées (Les peintures inversées) ; - François Tresvaux agit directement sur le négatif figuratif par morsure de la gélatine et sur le tirage au gélatino-bromure d‘argent ; - Arnaud Vasseux déploie dans le vide une matrice souple en plastique qu’il pulvérise de plâtre avec une tyrolienne, arrimée au sol cette fine paroi de plâtre auto-portée exploite les limites des possibilités physiques de ce matériau (Cassables). Sylvie Turpin

1 - Le travail de Sylvie Turpin est présenté dans l’Espace projet de la galerie du POCTB en parallèle à l’exposition La peinture est dans la peinture.



Arnaud Vasseux Sans titre (Cassable), POCTB, 2017 Plâtre non armé, 280 x 280 x 45 cm


François Tresvaux Trans-figuration, 2016 Tirage au gélatino-bromure d’argent, mordançage, 24 x 17,5 cm



François Tresvaux Trans-figuration, 2016 Tirage au gélatino-bromure d’argent, mordançage, 20 x 13,5 cm



Arnaud Vasseux Sans titre (transfert), 2016 Plâtre armÊ, encre carbone, 20 x 26 x 1 cm


Arnaud Vasseux Sans titre (Encre flottante), 2014 Goudron, papier pour impression par jet d’encre, dessin encadrÊ, 34 x 26 cm


Arnaud Vasseux Sans titre (Cassable), POCTB, 2017 Plâtre non armé, 280 x 280 x 45 cm



Al Martin Au premier plan : Moules au pinacle, 2001/2002 365 couches d’acrylique poncées, 35 x 24 cm

Al Martin Madame Eurydice Revient Des Enfers, 2003/2004 365 couches d’acrylique poncées, 35 x 27 cm




Al Martin Ocelle légèrement poivrotte, 2007/2008 (détail) 365 couches d’acrylique poncées, 41 x 33 cm La femme barbecue, 2014/2015 183 couches d’acrylique poncées, 35 x 24 cm



Turpin, Martin, Tresvaux, Vasseux, au POCTB

Sylvie Turpin Pousse et toiles, 2017 Pigments, plâtre polyester, toile et acrylique, 124 x 86 cm

Sylvie Turpin Dessin au plâtre, 2015 Pigments et plâtre polyester, 32 x 32 cm Tranche et toiles, 2015 Pigments, plâtre polyester, toile et acrylique, 166 x 21 cm

L’exposition commissionnée par l’artiste Sylvie Turpin au POCTB est, disons-le d’emblée, une réussite. Pourquoi ? Il y a trois facteurs à cette réussite. Le premier, c’est le « parti-pris ». Ce parti-pris, d’abord, c’est de proposer une exposition cohérente, de bout en bout. Les œuvres de chaque artiste sont toutes singulières et, cependant, elles tiennent et sont reliées dans l’espace conceptuel de la galerie par l’art, justement, de savoir monter une exposition ; et cet art tient autant à l’œil du commissaire qu’à son expérience en cette matière. Le deuxième facteur, c’est d’avoir axé le choix des artistes en fonction de leur ouvrage processuel ; chacun expose des œuvres issues de processus ; or le processus, c’est ce qui intéresse Turpin au plus haut point. Que veut dire ici « processus » ? Cela veut dire que les artistes en question (mais aussi tous ceux qui pourraient être inclus dans cette famille) ont un rapport à leur œuvre qui tient compte du propre développement, de la propre évolution de l’œuvre ; c’est-à-dire qu’ils choisissent de ne pas tout maîtriser, de laisser la matière, les matériaux, agir entre eux suivant leur nature, leur « sentir », dirait Whitehead, car aucun matériau n’est


inerte, puisqu’il agit dans son environnement ; et qu’il est encore moins inerte à l’intérieur. Encore une fois, c’est Whitehead qui nous dit que si une pierre renvoie une image d’immobilité absolue, sa partie microscopique est agitée par de violents mouvements de molécules. Les artistes réunis au POCTB donnent donc à voir des œuvres dont les matériaux ont pu profiter d’un espace de liberté pour s’exprimer à leur manière. Cette expression « espace de liberté » pourrait sembler d’une banalité affligeante si, justement, le terme d’ « espace » n’était qu’une adjonction superfétatoire au terme de « liberté ». Or il ne l’est pas. Nous sommes ici dans une topologie, une topologie de l’expression des formes ; dans un résultat négocié entre l’artiste et l’objet-œuvre. Et c’est cette négociation qui est au cœur du processus tel que défendu, en tant que position esthétique et pratique, par Turpin, et par les artistes. Il y a donc liberté laissée au matériau, et, de fait, prise et conquête d’espace dans le plan de l’œuvre. Le troisième facteur, c’est la beauté. Tout simplement. Toutes les œuvres sont belles ; voire, en sus, extraordinaires. Une fois que nous avons réuni ces trois facteurs dans un même lieu, alors s’ajoute une dimension supplémentaire, que l’on ne rencontre pas dans tous les accrochages ; celle de la profondeur temporelle. C’est elle qui nous permet, aussi, de re-tenir l’œuvre, là où, ailleurs et souvent, l’œil ne fait que glisser. P.-S. Il ne faudrait pas conclure que les processus dont on parle pourraient renvoyer à l’ « art processuel », ou ‘art process’ (l’exposition commissionnée par Szeemann en 1969, ou encore à l’usage que fait Paul Ardenne du terme « processuel »). Il semble qu’il faudrait peut-être proposer une nouvelle expression qui tiendrait compte des enjeux et pratiques de cette manière de faire de l’art. Léon Mychkine art-icle.fr


Sylvie Turpin Dessin au plâtre, 2015 Pigments et plâtre polyester, 32 x 32 cm


En savoir + Al Martin François Tresvaux Arnaud Vasseux

www.galeriepascalgabert.com/almartin.html www.simago.org www.documentsdartistes.org/vasseux

Sylvie Turpin

www.sylvieturpin.com

Le POCTB Le pays où le ciel est toujours bleu, POCTB - collectif d’artistes, est un label de création et de diffusion dans le domaine de l’art contemporain. Ce label propose une programmation dans son espace d’exposition situé à Orléans et hors les murs avec La borne, microarchitecture de création et de monstration itinérante en région Centre - Val de Loire. Direction artistique : Sébastien Pons / Laurent Mazuy

Le pays où le ciel est toujours bleu Quartier Carmes - 5 rue des Grands-Champs à Orléans - 02 38 53 11 52 - www.poctb.fr

Graphisme : Sébastien Pons

Avec le soutien de


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