LA VIE SELON DEBORAH LEVY
Ses autobiographies pleines d’humour sont une arme contre le chagrin. La romancière britannique est l’invitée d’honneur du festival.
ment pour saisir ce qu’on me demande. La plupart du temps, ce sont simplement des personnes perdues qui cherchent leur chemin. Mais, à ma grande surprise, parfois les gens qui m’abordent sont des lecteurs qui m’ont reconnue…
Vos livres explorent de nouvelles formes pour exprimer le chagrin avec élégance et légèreté. J’écris pour essayer de donner du sens au chagrin. J’aime beaucoup cette phrase de Marcel Proust : « Les idées sont les succédanés des chagrins ; au moment où ceux-ci se changent en idées, ils perdent une partie de leur action nocive sur notre cœur. » L’écriture est idéale pour ce processus de transformation de notre peine, par ailleurs si difficile à mettre en œuvre au quotidien. Je m’intéresse à la façon dont le chagrin imprègne imperceptiblement les corps ou les objets, comme la brosse de mon père. Femmes et hommes, nous avons tous été élevés avec cette injonction à serrer les dents, à faire bonne figure partout, à l’école, au travail, dans le bus… Nous avons pris l’habitude de déployer une énergie folle pour réprimer la plupart de nos sensations, car ainsi va la vie, on ne peut pas faire autrement pour vaquer à nos occupations courantes. Exprimer ce qu’on ressent profondément reste très douloureux, et j’ai beaucoup de compassion pour les personnes qui ne le peuvent pas. Mes livres sont de leur côté.
Vous êtes née en Afrique du Sud, et la question de l’engagement a été très tôt portée à votre conscience.
La lutte pour la démocratie et les droits de l’homme coule dans mes veines comme dans l’encre de mes livres. Comment pourrait-il en être autrement ?
COUVERTURE
Même si ça semble de bien grands mots…
Changer le monde, la vie des gens :
y pensez-vous en écrivant ?
Pas du tout. Ce que j’ai voulu faire, c’est dire la réalité. Cette réalité dont je suis dépositaire en tant qu’être humain, en tant que femme. C’est impérieux en moi, depuis toujours : il fallait que je
Lorsque j’écrivais mon premier livre, Les Armoires vides (1974), où il est question de l’avortement, je militais aussi au Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (Mlac), mais les deux choses étaient séparées dans mon esprit. Quant à L’Événement (2000), il s’agit certes d’un livre sur l’avortement, mais aussi sur la mémoire, sur l’écriture et le besoin de trouver les mots pour rendre compte au plus juste de quelque chose qui a eu lieu.
Propos recueillis par Nathalie Crom | Retrouvez l’ensemble des lectures, rencontres et projections consacrés à l’œuvre d’Annie Ernaux sur lemarathondesmots.com.
Voilà trois ans que Deborah Levy est entrée dans nos vies, avec sa trilogie autobiographique : Ce que je ne veux pas savoir, Le Coût de la vie et État des lieux. En attendant le quatrième tome, voici que paraît La Position de la cuillère, recueil d’une mirifique intelligence, féministe, politique, intimiste, fantaisiste. À son image.
Mesurez-vous à quel point vous êtes aimée en France ?
Je vis maintenant la moitié du temps à Paris, et souvent on m’arrête dans la rue. Comme je suis en train d’apprendre le français, je me concentre longue-
VOIR
Le Coût de la vie
Lecture par Lolita
Chammah
le 24 juin à 16 h 30.
Chapelle des Carmélites, 8 €.
À propos de Francesca Woodman
Rencontre avec Deborah
Levy et Bertrand Schefer
le 24 juin à 19 h.
Librairie Floury Frères.
J’avais 5 ans quand mon père a été emprisonné à cause de son militantisme anti-apartheid. Je suis alors restée sans voix, au sens propre. Je me suis mise à parler quasiment en chuchotant, avec un timbre presque éteint. Imaginez ce que peut ressentir une petite fille qui vient d’apprendre à lire et qui part à la conquête du monde, avide de déchiffrer tout ce qu’elle peut autour d’elle. Les titres des livres de la maison, la liste de courses de sa maman, les enseignes des magasins… Et soudain, l’inscription suivante : « Ce banc est réservé aux Blancs ». Puis, plus loin : « Cette plage est accessible à la race blanche seulement ». Je venais d’acquérir une compétence censée m’ouvrir le monde, au lieu de quoi les mots me révélaient l’horreur du monde. Devenir écrivaine m’a permis de me réapproprier le langage. En toute conscience, en toute liberté.
Propos recueillis par Marine Landrot I La Position de la cuillère, et autres bonheurs impertinents, de Deborah Levy, traduit de l’anglais par Nathalie Azoulai, éd. du sous-sol, 208 p. 18,50 €.
3 2 LE MARATHON
DES MOTS
L’ÉMOTION SHEILA BURNETT
Deborah Levy.
Photo Jérôme Bonnet pour Télérama
À
TEXTES À RETROUVER SUR TÉLÉRAMA.FR
Dans toute la métropole toulousaine, lectures et rencontres rediront la force des livres d’Annie Ernaux, prix Nobel de littérature.
MYTHOLOGIES POÉTIQUES
WARREN ELLIS ET SES ÉNERGIES POSITIVES
Tous les vieux chewing-gums se vaudraient ? Erreur. Il en existe un au plus extraordinaire des destins. Celui que Nina Simone a collé sur son Steinway le 1er juillet 1999 à Londres, lors d’un concert donné à l’invitation de Nick Cave. Et que l’inséparable complice musical de ce dernier, Warren Ellis, s’est empressé de récupérer. Un geste irréfléchi de fan, que le musicien a gardé pour lui des années durant, à l’instar de la relique, remisée au fond d’un sac plastique.
EILEEN MYLES, UN RÉCIT DÉBORDÉ
À 25 ans, Eileen Myles ressemblait à « un charmant jeune garçon ». En témoigne le visage androgyne, sur la photo en noir et blanc datant des années 1970, et signée Robert Mapplethorpe, qu’affiche en couverture Chelsea Girls, son livre le plus connu.
Un récit d’apprentissage par fragments, mêlé d’un portrait de la vie de la communauté artistique underground de New York, il y a près de cinq décennies de cela. Paru une première fois en 1994, l’ouvrage a connu un deuxième élan vingt ans plus tard, lors de sa réédition à l’occasion de la prestigieuse publication des Selected Poems (« Poèmes choisis ») d’Eileen Myles. Qui se dit aujourd’hui non binaire, « trans, lesbienne, queer », et explique : « Chelsea Girls est le récit de mon apprentissage, à la fois dans la vie et dans la poésie, mais, paradoxalement, c’est aussi l’ouvrage par lequel je suis devenu un auteur de prose, en trouvant la manière et le langage pour raconter des histoires. Parce qu’il y est question de nuits blanches, de sexe, de lesbianisme, de drogues, d’alcool, de mise en danger de soi, quand il est paru pour la première fois, mes éditeurs avaient l’impression d’avoir entre les mains le livre d’une sorte de Bukowski au féminin. C’est vrai que l’exemple et les écrits de Bukowski m’ont donné une certaine liberté, quelque chose comme la permission d’écrire de la façon tout sauf académique que je cherchais. Mais, selon moi, plus que de débordements en tous genres, Chelsea Girls parle avant tout de vocation, d’écriture, de création poétique. »
Jusqu’à ce jour où l’objet s’est doté d’un étrange pouvoir lorsque, en 2020, Cave, dans la confidence, l’incorpora à l’exposition consacrée à son œuvre à Copenhague. L’histoire du chewing-gum s’est alors révélée la troublante clé du parcours artistique de Warren Ellis, fait de hasards, de passion, de fétichisme, pour devenir la matière d’un passionnant récit. Celui d’un jeune garçon australien, poussé par des forces invisibles, et des rencontres bien réelles, à se laisser transfigurer artistiquement, en captant dès l’enfance les énergies positives émanant d’un vieil accordéon trouvé sur une décharge, suivies de bien d’autres objets soigneusement collectés. Jusqu’au chewing-gum imprégné de l’esprit de l’intransigeante et combative diva. « Il faut tomber amoureux d’un objet pour pouvoir le laisser vivre sa vie », écrit Ellis, qui se découvre un talent d’auteur, en fouillant sa mémoire, en touillant ses émotions qui, avec le recul, donnent un sens à une existence qui semblait en manquer. — Hugo Cassavetti
I Le Chewing-gum de Nina Simone, de Warren Ellis, traduit de l’anglais par Nathalie Peronny, éd. La Table ronde, 224 p., 28,50 €.
À VOIR
Chelsea Girls
I Rencontre avec Eileen Myles le 23 juin à 16 h. Librairie Floury Frères.
I Lecture par Eileen Myles et Constance Debré le 23 juin à 19 h. Chapelle des Carmélites. Aftersun
Soirée poésie avec Warren Ellis, Deborah Levy, Laura Vazquez, etc., le 24 juin à 21 h 30. Salle du Sénéchal.
Le Chewing-gum de Nina Simone
— N. C.
I Chelsea Girls, d’Eileen Myles, traduit de l’anglais (ÉtatsUnis) par Héloïse Esquié, éd. du sous-sol, 288 p., 23 €.
Rencontre avec Warren Ellis et Deborah Levy
le 25 juin à 11 h.
Librairie Ombres blanches.
Au sein de la longue bibliographie de Didier Eribon, philosophe et sociologue, spécialiste de Pierre Bourdieu et de Michel Foucault, un ouvrage rayonne : Retour à Reims, dans lequel il raconte son parcours de transfuge de classe. L’enfant des milieux populaires, né en 1953, devenu professeur d’université, y mêle autobiographie et approche sociologique pour réfléchir à son itinéraire, embrasser son monde social d’origine et ce qui désormais l’en sépare. Il publie aujourd’hui Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple, dans lequel il revient sur l’existence de sa mère et son décès, en 2017, quelques semaines après avoir quitté son domicile pour résider dans un Ehpad de la Marne.
Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple constitue-t-il le second volet d’un diptyque ouvert avec Retour à Reims ?
J’ai publié Retour à Reims en 2009, après la mort de mon père, mais je n’avais pas imaginé que j’entreprendrais un jour d’écrire sur la mort de ma mère. Je poursuivais ma réflexion sur la question politique de la parole dans l’espace public : qui peut se constituer comme un groupe et dire « nous », dans une sorte de mobilisation, d’affirmation collective ? Dans le même temps, je repensais à ma mère, installer sa mère dans une maison de retraite n’est jamais une chose facile. Et quand, en plus, elle meurt au bout de sept semaines, on éprouve une profonde culpabilité : pourquoi n’a-t-on rien vu venir ?
Je me souvenais des messages qu’elle laissait sur mon répondeur, disant qu’on la maltraitait, qu’on lui interdisait de se doucher. Quand j’appelais le médecin de l’établissement, elle m’expliquait que, pour emmener ma mère à la salle de bains, il fallait mobiliser deux aides-soignants, or il n’y avait pas assez de personnel. Comment cela était-il possible ? J’ai commencé à lire des ouvrages sur les Ehpad – celui d’Anne-Sophie Pelletier notamment, Ehpad, une honte française (2019) – et j’ai pris la mesure de la maltraitance systémique qui règne dans ces établissements.
En fait, les messages que ma mère laissait sur mon répondeur étaient politiques, puisqu’elle protestait contre la situation qui lui était faite. Mais sa protestation restait cantonnée dans l’espace privé. La parole des personnes âgées peut-elle accéder à l’espace public ? La réponse est, dans une large mesure : non.
C’est pour cela que vous avez écrit ce livre : parler à la place de votre mère ? Oui. J’ai conçu Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple comme un ouvrage en dialogue avec un livre magnifique de Simone de Beauvoir qui s’appelle La Vieillesse (1970). Beauvoir y explique que, les personnes âgées étant exclues de la visibilité sociale, elle va « faire entendre leurs voix ». Constituer une parole et la porter dans l’espace public. Comme Beauvoir, j’estime qu’il incombe aux écrivains, aux artistes, aux intellectuels de donner des travaux et des récits qui montrent la réalité de la vie des personnes âgées. C’est un collectif qui souffre et ne peut pas le faire savoir. Alors je m’en fais le porte-parole. Propos recueillis par Nathalie Crom I Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple, de Didier Eribon, éd. Flammarion, 336 p., 21 €
À VOIR
Retour à Reims (Fragments)
Présentation par Didier Eribon du documentaire de Jean-Gabriel Périot le 26 juin à 20 h 30. Salle du Sénéchal. Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple Rencontre avec Didier Eribon le 27 juin à 18 h. Librairie Ombres blanches.
5 4 LE MARATHON DES MOTS REMY ARTIGES | SHAE DETAR | LAURA STEVENS | PASCAL ITO
À Toulouse et alentours, les soirées d’été du festival célébreront les mots et plus encore la poésie du monde entier.
DIDIER ERIBON : DE L’INDIVIDUEL AU POLITIQUE
Retour sur l’œuvre du sociologue qui sait si bien donner une dimension politique à son parcours personnel.
NOUVELLES VOIX
Anthony Passeron et Laura Vazquez plongent tous deux dans l’intime.
ANTHONY PASSERON, PREMIER ROMAN
Fêtes de famille et voitures tout droit sorties des années 1980 : les photos aux couleurs passées qui figurent sur la couverture vont revivre dans les pages de ce premier roman. Anthony Passeron y réussit la prouesse de mêler l’histoire intime d’une famille à la « grande » histoire – celle des Trente Glorieuses, qui s’achèvent dans un village de l’arrière-pays niçois –et celle d’un virus inconnu, pas encore nommé VIH, qui commence ses ravages sur la planète. L’auteur déroule ainsi la vie de son oncle Désiré, le fils préféré du boucher du village, premier bachelier de la famille, qui travaille chez le notaire et écume les boîtes de nuit. Il aime la fête et les excès et deviendra un de ces « enfants endormis », ces jeunes qu’on retrouve au matin écroulés dans la rue, une seringue dans le bras. Un toxicomane, accro jusqu’au bout, puis malade, dans un village où tout se sait et à une époque où le sida est une marque d’infamie. Par un minutieux travail d’archéologie dans les archives familiales où tout a été enfoui, Anthony Passeron restitue le déni puis la combativité de sa grand-mère (mère de Désiré), le silence du grandpère, la colère de son père (frère de Désiré), sa terreur à lui, enfant, face à l’inexorable avancée de la maladie, à la mort. La mise en parallèle, très documentée, de ce qui se passe dans les hôpitaux parisiens et américains, où la bataille fait rage pour identifier le virus et trouver de premiers traitements, souligne encore l’écart entre les enjeux que révéla le sida et la façon dont une famille les vécut dans sa chair. — Stéphane Ehles
I Les Enfants endormis, d’Anthony Passeron, éd. Globe, 288 p., 20 €.
P.O.L, 40 ANS DE LITTÉRATURE
LES ARCHIVES DE MATHIEU LINDON
À VOIR
Les Enfants endormis
I Rencontre avec Anthony Passeron le 24 juin à 19 h.
Librairie L’Autre Rive.
I Lecture par Pierre Rochefort et Anthony Passeron le 25 juin à 16 h 30. Chapelle des Carmélites. Le Livre du large et du long
I Rencontre avec Laura Vazquez le 24 juin à 18 h 30. Librairie Ombres blanches.
I Lecture performance de Laura Vazquez le 25 juin à 15 h 30. Salle du Sénéchal.
LES POÈMES FLEUVES DE LAURA VAZQUEZ
Toujours, elle porte une casquette fuselée sur sa tête haute. Un crâne pareil se protège, se dorlote, se fête. C’est une grotte, une cathédrale, un vaisseau spatial qui a vu naître en son sein des phrases inouïes comme : « Par ennui j’inversais mes yeux / Je faisais sortir le droit et le gauche je faisais / rentrer le droit et le gauche / Et qui s’en rendait compte ». De la poésie sous forme de roman, qui dépasse vraiment tout entendement.
Donc la trentenaire qui s’avance en legging et baskets, féline, tonique, altière, avec des yeux noirs qui brillent, jaugent et dardent, est celle qui a écrit La Semaine perpétuelle et Le Livre du large et du long, deux poèmes fleuves aussi fracassants que majeurs ? Non, pas du tout, les deux femmes n’ont rien à voir l’une avec l’autre. Laura Vazquez est formelle : « Elles n’ont pas le même corps, pas les mêmes organes, pas la même pensée. Dans la vie, je suis une personne avec des opinions, des relations, des peurs, des joies. Dans l’écriture, ma dépense est totale, je ne garde rien en réserve. Je suis débarrassée de moi, je disparais, je suis prête à mourir. » Elle aimerait aussi écrire des chansons et, dans son ordinateur, elle a des enregistrements d’elle chantant ses compositions, « un peu post-punk, un peu rap ». Mais c’est vraiment tout petit, assure-t-elle, à côté de la poésie, « plongée infinie », passion de sa vie. — M. L.
Ce n’est pas un hommage, pas un monument, pas un tombeau, pas un linceul de papier. Non plus qu’un geste de révérence ou de piété filiale. Qu’est-ce alors ? « Une archive », dit simplement le titre de ce très beau récit. Comprenez : une collection de traces, de souvenirs, de choses vues, entendues, pensées – un ensemble qui n’est pas sans rapport avec la description que Michel Foucault faisait de l’archive : « Cette masse extraordinairement vaste, complexe, de choses qui ont été dites dans une culture. » Foucault, on y pense bien sûr, puisqu’Une archive semble le pendant d’un autre livre de Mathieu Lindon : Ce qu’aimer veut dire (2011), consacré au philosophe et à l’amitié qui les liait quand il avait 25 ans.
Dans Une archive, centré sur Jérôme Lindon, son père, mythique patron des éditions de Minuit, il s’agit cette fois pour Mathieu Lindon d’ouvrir sa mémoire comme on ouvrirait un classeur débordant afin d’y puiser la matière d’un roman familial. Un roman dans lequel s’entremêlent son enfance, la figure de son père et cette maison d’édition si spéciale. « Ma vie dans les livres depuis le premier jour », écrit Mathieu Lindon au seuil du récit, où l’on croise Samuel Beckett, Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Marguerite Duras, Pierre Vidal-Naquet… Une archive contient aussi de très belles pages sur l’éditeur de Mathieu Lindon, Paul Otchakovsky-Laurens, autre figure majeure de l’édition française, fondateur des éditions P.O.L, mort il y a cinq ans. — N. C. I Une archive, de Mathieu Lindon, éd. P.O.L, 240 p., 19 €.
À VOIR
Une archive
Rencontre avec Mathieu
Lindon et Frédéric Boyer
le 24 juin à 11 h.
Librairie Ombres blanches. La Douleur
De Marguerite Duras, avec Dominique Blanc, de la Comédie-Française, mise en scène
Patrice Chéreau et Thierry Thieû Niang, les 26 et 27 juin à 20 h. ThéâtredelaCité, 25 €.
DOMINIQUE BLANC SUR SCÈNE
Seule sur le plateau noir, assise derrière un pauvre bureau, gilet de laine serré sur une jupe sans forme, le visage pâle à mourir, Dominique Blanc-Marguerite Duras attend désespérément son homme, expédié par les nazis à Dachau. On est en avril 1945. Elle le croit mort. Mais elle attend. En ne cessant de vider son sac, de ranger, déranger, reranger ses crayons et ses cahiers. Dérisoires artifices pour tuer le temps. L’actrice va nous conduire peu à peu audelà. Dans un no man’s land de souffrance absolue, d’espérance absolue, et d’humanité essentielle. Comme une prière laïque. Une invitation à la conscience et au dépassement de l’épouvante… Au moment de la publication de ce texte, en 1985, sous le titre La Douleur (P.O.L), Duras avait affirmé avoir oublié ce journal tenu au cœur de la guerre et déposé dans une armoire. Et elle s’interrogeait sur cet invraisemblable oubli d’un épisode atroce de son existence : l’absence d’un homme capital pour elle, son effrayant retour et sa lente renaissance. Comment peut-on effacer pareille douleur ? Elle se retrouvait dans la peau de certaines de ses héroïnes amnésiques, anéanties par un passé indicible jusqu’à la folie ou le crime. La tragique Marguerite de La Douleur, elle, ne mourra pas de chagrin. Portée par Dominique Blanc, c’est une femme forte. Parce qu’elle est à nu et nue d’illusions. Dominique Blanc a la grâce de nous parler du tangible, du matériel, du malade avec un infini respect. La Douleur se fait ode déchirante à l’amour de la vie. Contre l’horreur nazie. Contre l’atrocité ordinaire.
— Fabienne Pascaud
7 6 LE MARATHON DES MOTS
I Le Livre du large et du long, de Laura Vazquez, éd. du sous-sol, 432 p., 22 €.
De nombreuses rencontres pour célébrer la prestigieuse maison d’édition.
JESSICA JAGER | DANIELE MOLAJOLI | HELENE BAMBERGER/POL | ROS RIBAS
SÉLECTION TÉLÉRAMA
TOULOUSE MÉTROPOLE 22-27 JUIN 2023
JEU 22 JUIN 18 h 30. Pavillon blanc HenriMolina, Colomiers Le Premier Lieu / Baptiste Beaulieu, Jimmy Boury et Julie Chareunphol
20 h. Théâtre Sorano, Toulouse Brûler dans la ville / Simon Johannin et Jardin
20 h 30. Parvis de la mairie, Aigrefeuille Beyrouth-sur-Seine / Sabyl Ghoussoub et Dominique Pinon
21 h. Salle du Sénéchal, Toulouse Attaquer la terre et le soleil de Mathieu Belezi / Tchéky Karyo
VEN 23 JUIN 15 h 30. Chapelle des Carmélites, Toulouse Lettres à Monsieur Germain d’Albert Camus / Boris Terral
19 h. Chapelle des Carmélites, Toulouse Chelsea Girls / Eileen Myles et Constance Debré
20 h 30. Théâtre des Mazades, Toulouse Relectures / Renan Luce et Christophe Cravero
20 h 30. Maison des associations, Saint-Orens-de-Gameville Rencontre avec Brigitte Giraud
21 h. Chapelle des Carmélites, Toulouse Gatsby de Francis Scott Fitzgerald / Louis-Do de Lencquesaing
21 h 30. Salle du Sénéchal, Toulouse Chien 51 de Laurent Gaudé / Jacques Bonnaffé
SAM 24 JUIN 15 h. Salle du Sénéchal, Toulouse Pur sang de Franck Bouysse / Pierre Rochefort
15 h. Librairie La Renaissance, Toulouse Rencontre avec Dany Laferrière
15 h. Médiathèque Mémo, Montauban Rencontre avec Laurent Gaudé
15 h 30. Auditorium SaintPierre des Cuisines, Toulouse Grand entretien avec Douglas Kennedy
18 h. Auditorium Saint-Pierre des Cuisines, Toulouse
La Maladie de Sachs de Martin Winckler / Dominique Reymond
20 h 30. Chapelle des Carmélites, Toulouse De grandes espérances de Charles Dickens / Bruno Putzulu
21 h 30. Salle du Sénéchal, Toulouse Aftersun
DIM 25 JUIN 11 h. Chapelle des Carmélites, Toulouse Le Secret de Sybil de Laurence Cossé / Marie-Christine Barrault
15 h 30. Auditorium SaintPierre des Cuisines, Toulouse Remise du Prix Marguerite
Yourcenar-Scam à Patrick Chamoiseau / Denis Lavant
16 h. Médiathèque José-Cabanis, Toulouse New York Andy Warhol Factory / Maxime Taffanel, Elias Dris et Théo Cormier
18 h 30. Chapelle des Carmélites, Toulouse Rencontre avec Victor Dixen
20 h. Salle du Sénéchal, Toulouse Boudin Biguine Best of Banane / Rébecca Chaillon
LUN 26 JUIN 16 h 30. Salle du Sénéchal, Toulouse Le Jeune Homme d’Annie Ernaux / Marianne Denicourt
MAR 27 JUIN 20 h. ThéâtredelaCité, Toulouse La Douleur de Marguerite
Duras / Dominique Blanc
20 h 30. L’Escale, Tournefeuille Une femme d’Annie Ernaux / Fanny Cottençon
20 h 30. Espace Diversités Laïcité, Toulouse Hervé Guibert, isola de Elba, poste restante / Teddy Bogaert
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