Le Kuriboh Farceur 2

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Le Kuriboh Farceur 2


1 Edito 2 Journal d'un homme de moins


Edito A la hache, au canif, à l'alumette ou au couteau le kuriboh abat le boulot ! Gratte l'écorce, machonne les feuilles et vous lvire ce "Journal d'un homme de moins" en référence au "Journal d'un homme de trop" de Ivan Tourgurniev. Bonne lecutre et à bientôt.


1 J'aspire à l'idiotie M'asseoir sous un arbre et parler aux fantômes Vous comprendrez ce que je veux dire si Comme moi Vous venez de ce pays où l'on mange de la nourriture en plastique gonflée d'eau chaude Sandwich pain moi et boeuf reconstitué Ce pays j'y vis J'y vis et j'y vis et j'y évolue comme une ballerine torchée à la bière de shlag

JE SUIZUNE (hips, beurps)


DANSEUZETOILE ZAVE (hips beurp) ZAVE PIGE ? 2 Le type qui m'avait embauché Pour servir dans con cirque de cible au lanceur de couteau Aiguiser les sabres de l'avaleur Me faire découper par le magicien Et surtout Pour passer le balais après le spectacle M'a laissé sur le bord de la route Après que l'écouyère m'a


brisé le coeur Quand je l'ai surprise en compagnie du dompteur et de ses lions On m'a laissé sur le bord de la route Sourire figé yeux grands ouverts un goulot vissé dans la bouche Vide comme un jouet cassé Je n'ai plus une goutte de magie A faire tomber de mes yeux Déséspérément secs. 3 L'esprit c'est de l'air : il faut qu'il circulee t puisse aller où il veut. Il doit pouvoir siffler, chuinter,


hululer, chuchoter, gifler, se faire chaos, se faire musique, se faire Kaomusiq... Il doit pouvoir se charger d'eau, de terre, de feu et revenir à son état premier. Si l'esprit est enfermé il devient vicié et malsain. 4

Court les rues ! Court, court petit et bat des pieds sur le sol ! Court, court et court car le monde est tout autour ! Un bar le soir le bar de mon quartier. Tout petit ya qu'eux et moi là-dedans.


Eux ? C'est pas lourd, pas bezef et à peine plus que walou. Moi ? C'est un peu moins. Je fais tourner ma bière bien jaune y regarde les reflets de leurs conversations. Au début Les premiers jours Ils me regardaient un peu de travers Un tout petit peu trois fois rien Puis bon Je paye toujours je ne fais pas de bruit Et je ne prends que très peu de place La télévision diffuse sans le son les infos ou des documentaires animaliers. Le


son est réservé aux matchs de foot. La loi dit qu'on ne fume pas dans les bars. Si la loi rentrait ici, elle mourrait asphyxiée. Le quartier est trop mort, trop gris, trop pluvieux et trop moche pour intéresser les promoteurs et autres gentrificateurs. Ils ont essayé et parfois ils essayent encore mais la carne est trop dur l'écorce trop épaisse pour qu'ils aient accès à la chair. On a qu'à balayer les poussières de leurs dents cassés, petites quenottes fragiles de buveurs de compotes de graines. On a vu un bar à sushis tenter sa


chance et s'éteindre, tout vide. Un immeuble de bureaux tout vitrifié à poussé là comme une plante grasse. Il y est encore et ses occupants passent à heure fixe à côté de nous en gobant leur salive, l'oeil tremblant comme un bloc de gelée. 5 6h00 du matin naissance du temps C'est la théorie du ding-dong Levé tôt le réverbère Se reflète dans le café noir Un petit matin poisseux comme une gueule de bois J'ai fait un rêve hier. Le


monde entier avait brûlé. Moi, je marchais dans les collines l'herbe était rousse et les buissons carbonisés. Un air d'automne qui aurait trop duré. Je vois passer dans la rue une poignée de filles en train de chahuter sur le chemin de l'école. J'ai le temps de reprendre un café et j'en ai besoin. J'ai voulu me faire charmeur d'oiseaux pour pacifier mes relations avec les horloges Ca n'a pas très bien marché Depuis, un vingtaine de pigeons m'escortent en permanence. J'ai voulu leur faire porter des messages


mais ils n'entravent que pouic à la poésie. Quand on fait mon genre de travail matinal, lourd et froid pour gagner sa vie en plus du reste, le sang dans vos veines se changent en café. On ne peut même plus penser au reos; à un refuge paisible loin de cette agitation permamente. Votre chaos intérieur s'accord au chaos extérieur, une forme d'harmonie avant la chute. 6 Partout autour de vous Autour des yeux mornes des


yeux bleux javel des passants S'étend et fleurit le cimetière des talents gachés Esprits cassés concassés en poussière De la fumée partout quand brûlent les chefs-d'oeuvres jamais créés Pendant ce temps les iimposteurs 3

Sinistres cabots qui lèvent la patte sur des trophées en toc Ils sont ces chiens qu'on couvre d'amour à Noël et qu'on abandonne en été au bord de la route des vacances Peluches vivantes promises à la perdition 7 Achats du jour : un paquet de


tabac à rouler et un magasine porno. Je revendrais mes livres à la pesée pour payer le café. Des miettes de tabac froid sur des seins retouchés et des verges titanesques. La pornographie, c'est de la viande morte recouverte d'une couche de plastique. Tout est sale. De mon cerveau au trottoir en passant par mes poumons. On ne peut vivre dans la crasse qu'en s'encrassant soimême pour s'accorder au décor quitte à ne plus faire qu'un avec lui. 8 J'étais dans les hauteurs de la ville (les vieux quartiers) à la


recherche de la Rose Mystique et de l'Etoile du matin. Mais dans ce quartier, les églises et chathédrales ne sont que des amas de cailloux et il n'y souffle pas plus d'esprit que dans les mannequins des magasins de vêtements Elles sont des gares sans trains où se croisent des touristes, des fantômes animés par l'ahbitude et une poignées d'âmes aux abois. 9 Dans mo quartier Il y a une chappelle minuscule presque oubliée au milieu des entrepots désaffectées, des épiceries


sans horaires et des boulangeries Il n y a que le sex shop qui la dépasse en discrétion ce sont mes deux lieux de repli Le monde extérieur n'y pénètre pas et le silence y règne Le sex shop est un petit carré de béton une sorte de garage aménagé avec des étagères qui débordent de DVD pornos. A l'entrée, une petite table élégante 4

présente quelques annonces sous forme de cartes de visite. Invariablement, un masseur homosexuel d'âge mur vous propose ses


services. L'une d'elle se termine par ces mots : "Je serais votre fantasme". Il y a de quoi regretter d'être hétéro. La tenancière fume cigarette sur cigarette, un énorme chien de troupeau, patou bonnasse et roi fainénant, ronfle à ses côtés et se lève quelquefois faire son tour dans l'habitacle. Il se dirige vers la porte qu'il ouvre d'un coup de patte et sort faire son tour dans le quartier.


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