MASNAÂ # 4 - Booklet "Cellules dormantes" Exhibition (FR)

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Saïd Afifi Cellules Dormantes

Untitled #1 - 2016 Photographie laminée sur aluminium 150x83 cm

Untitled #2 - 2016 Photographie 30x60 cm Untitled #3 - 2016 Photographie 38x60 cm

Institut Français de Casablanca 121-123 bd Zerktouni - Casablanca T +212 522779870 - www.if-maroc.org/casablanca


Biographie Nous sommes arrivés à l’ile d’Örö le 14 décembre 2015. Nous avons été immédiatement fascinés par les constructions militaires russes des première et deuxième guerres mondiales: nous étions là bas pour une résidence de création, l’artiste suédoise Hanna Nielsen et moi-même. L’île est caractérisée par des architectures militaires assez brutalistes, des bunkers, des abris militaires, des stations de systèmes de défense et des radars de localisation à distance. Actuellement, l’armée finlandaise exploite encore le lieu pour ses activités d’entrainement, mais de moins en moins. Le gouvernement et l’opinion publique veulent faire du lieu un complexe touristique et naturel, mais aussi humain et culturel. Une grande partie du patrimoine architectural militaire avait été construit par des prisonniers chinois au début du siècle précédent. Nous nous trouvons devant les traces de la violence et de drames perpétrés, encore une fois, par des hommes. Les abris militaires étaient conçus pour procurer aux soldats une certaine sécurité. Paradoxalement, ce n’est pas ce qu’on ressent face à ces vestiges. L’exposition «Cellules dormantes» revisite ces lieux dans une optique entièrement singulière et fantasmée, voire même science-fictionnelle, traverse l’architecture à caractère militaire et des images d’après la disparition de l’Homme. C’est une sorte de dystopie banalisée, qui interroge l’absurdité des hommes que nous sommes. Saïd Afifi

Diplômé de l’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan au Maroc en 2008 et de l’école Cégep de Matane en production numérique et jeux vidéo, je développe depuis 2012 une recherche autour de l’architecture postmoderniste, en l’augmentant d’une dimension d’ordre à la fois chaotique et utopique. Les nouvelles technologies sont omniprésentes dans ma pratique artistique, notamment par l’utilisation des outils 3D. Ainsi, j’interviens sur les images (fixes ou en mouvements) avec pour finalité d’effacer et de détruire l’identité distinctive de certains clichés et de dessiner les contours d’une esthétique froide et aseptisée annonçant une potentielle ère future. Sans résister au changement et à une évolution nécessaire du monde tout en conservant une position d’observateur, proche du constat, je tente de questionner de façon métaphorique les circonstances politiques, sociales et économiques ayant engendré l’avènement de l’architecture ultra-moderniste. Cet intérêt vers l’architecture fantasmée et impossible est justifié par le chaos que connaît le tissu urbain au Maroc. Je suis très angoissé par l’état des lieux de nos cités presque dramatique, une rencontre improbable, entre un domaine du beau (l’architecture) et la férocité des systèmes économiques et politiques qui ne tiennent pas compte de la notion d’esthétique, à cela s’ajoute la résistance de notre société face à la modernisation en opposition au traditionalisme. Cette question me parait intéressante, il s’agit de la traiter à travers une approche humaine et sensible, en faisant référence à ce qu’est la contemporanéité. Mon écriture singulière et fantasmagorique, celle d’un monde parfait, reflète à mon sens, un monde où je suis maître.

Alban Corbier Labasse, directeur de l’Institut Francais de Casablanca David Ruffel, directeur artistique du Festival Masnaâ, Anne Laurence Sowan et Mehdi Hadj Khalifa de la galerie GVCC ont le plaisir de vous inviter au vernissage de l’exposition

Cellules Dormantes Saïd Afifi

12 05 16 - 05 06 16 Vernissage jeudi 12 mai à 19H00 Commissaires de l’exposition : ismaël . David Ruffel . Anne Laurence Sowan

Örö Nous sommes arrivés sur l’ïle d’Örö le 14 décembre 2015. L’exposition de Said Afifi commence par une phrase. Une opération narrative. Une phrase fiction. L’image est celle d’un bateau accostant sur une île au sud de la Finlande un après midi d’hiver ensoleillé. Deux artistes y débarquent comme dans un monde sauvage, un monde préservé de la guerre des hommes. Très vite les choses se renversent. Ce monde en miniature, comme dans cet autre récit insulaire et totalitaire qu’est W de Georges Perec, où de vigoureux athlètes se révèlent peu à peu être les prisonniers agonisants d’un camp de concentration, laisse apparaître un ensemble de baraquements, de canons, de bunkers, de douilles, vestiges de deux guerres d’un autre temps mais étrangement préservés, entretenus par la volonté de l’État finlandais de faire à l‘avenir de ces lieux un parc touristique et culturel. C’est alors comme si le monde surréel que Said Afifi construit depuis plusieurs années, ce monde poétique et inquiétant prélevé sur l’architecture de la guerre moderne trouvait là sa traduction dans le monde réel. Comme si ses images avaient toujours été là, qu’elles l’attendaient sur l’île d’Örö, dans un étrange ready made. Très vite, l’artiste prend des clichés, rapproche ses photos de ses propres images, La Quadrature du cercle, Screen Shot. Des dessins naissent, des schémas, des maquettes, des réflexions et des notes. Et si l’État Islamique lui même était sensible à cette architecture ? Et si les bunkers d’Örö étaient les cellules dormantes d’une autre utopie ? La fascination de Said Afifi pour la beauté de l’architecture brutaliste est irrécupérable. Elle se situe au-delà de la morale politique. Dans l’art. L’île d’Örö est un jardin. Un jardin où se fabriquent ses images suspendues, des images sans hommes mais où trouver une forme de sublimation. David Ruffel

Cellules dormantes - 2016 Dessin graphite sur papier 100x70 cm


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