Le Brassartiste - Edition 1 - Le Voyage

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L'AGORA

Le meilleur ami du Parti À

l’occasion de la sortie du nouveau film de l’artiste engagé Ai Weiwei Human Flow portant sur les conditions de vie des migrants ainsi que de leur traitement par les pays d’accueil, j’ai décidé de me pencher sur le travail de l’artiste, faire découvrir ou redécouvrir un artiste profondément engagé, un artiste n’hésitant pas à donner de sa personne pour porter ses idées. Fils du poète Ai Qing, il fut confronté très jeune à l’injustice du gouvernement de son pays, en effet son père considéré comme « droitard » par le gouvernement de Mao fut envoyé en camp de travail puis condamné à l’exil lui et sa famille lors de la campagne des cent fleurs en 1957, Qing fut humilié et déshonoré. Ai Weiwei vécu donc avec ses proches dans des conditions de vie misérables toute sa jeunesse. En 1976, le tout jeune Ai Weiwei est accepté à l’université de cinéma de Pékin et en 1981 il parvient à partir vivre à New-York et étudie brièvement à la Parsons The New School for Design. C’est là-bas que son « déclic artistique » eut lieu, il découvre l’œuvre de l’artiste

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français Marcel Duchamp qui changea sa vision de l’art à tout jamais. Artiste subversif et corrosif, son art dérange et démange, surtout le gouvernement Chinois à vrai dire, c’est un interminable combat qui opère entre ce dernier et l’artiste, en effet Ai Weiwei remet constamment en cause son comportement et met en lumière ce qu’il essaie de cacher, par exemple après le tremblement de terre du Sichuan en 2008, alors que le gouvernement tentait de minimiser les dégâts et le nombre de victimes, Ai Weiwei lui arpenta le pays à la recherche du nom de chacune des victimes du désastre pour les coucher sur papier avant de les afficher, un film sera tourné à l’occasion suivant l’artiste dans sa quête de vérité, il découvrira que le gouvernement grappillait de l’argent sur la mise aux normes sismiques des bâtiments publics, notamment les écoles, causant la mort de milliers d’écoliers, il rendra hommage à chacun des 5000 enfants morts dans son œuvre Snake Ceiling. Son travail d’investigation lui causera un passage à tabac par la police, et ce ne sera pas le seul

malheureusement … Ai Weiwei fut arrêté le 3 avril 2011 pour « évasion fiscale », en vérité une énième tentative de le faire taire, il sera incarcéré dans un lieu inconnu durant 81 jours dans des conditions infernales, une chambre d’hôtel aux murs recouverts de ruban adhésif, surveillé 24h/24 par deux policiers, lumière constamment allumée et aucune intimité … Libéré le 22 juin 2011 grâce à la vague d’indignation mondiale qui fit pression sur le gouvernement Chinois poussant ce dernier à libérer l’artiste, liberté toute relative compte tenu de son assignation à résidence suivant sa libération, néanmoins malgré son interdiction de quitter la Chine l’artiste parvint à faire sortir du territoire de manière clandestine son installation dénommée S.A.C.R.E.D qui se compose d’un ensemble de 6 énormes boîtes de métal contenant chacune un petit diorama hyperréaliste mettant en scène Ai Weiwei dans diverses scènes représentant son quotidien durant ces quatre mois d’enfer ininterrompu. Installée à la biennale de Venise en 2013 cette œuvre fut exposée en présence de


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