Le 13 du Mois n°5

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ÉDUCATION

CES CLASSES QUI FERMENT Le magazine indépendant du 13e arrondissement N° 05 — Mars 2011 | www.le13dumois.fr | En vente le 13 de chaque mois

3,90 €

INSOLITE

LE BUSINESS DES MORDUS DE REPTILES

PORTRAIT LE ROBUCHON CHINOIS

ENTRETIEN P.20

DIX ANS APRÈS TOUBON LA DROITE EST-ELLE MORTE ?

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R 28895 - 0005 - F : 3.90 €

REPORTAGE

MA CABANE AU PIED DES TOURS


VIVRE ICI

UN MUSÉE DU SPORT IGNORÉ DE TOUS... SAUF DE LA COUR DES COMPTES Par Emmanuel Salloum Photographie Mathieu Génon

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a « vitrine » de 750 mètres carrés abritée par le ministère des Sports, avenue de France, présente 350 objets insolites, tous chargés d’histoire : on y trouve les gants de Marcel Cerdan, la raquette de Yannick Noah ou le ballon d’or de George Weah. Assez pour ravir les enfants que nous croiserons sur le site, mais « trop peu pour un musée national ! », selon plusieurs commentaires rageurs laissés sur le livre d’or. Le nombre d’objets exposés est en effet dérisoire en comparaison des 150 000 pièces – la deuxième collection au monde – qui dorment sous les tribunes du Parc des Princes faute d’espace disponible. Dans un rapport remis en février, la Cour des comptes épinglait les travers de ce « musée largement virtuel ».

DÉBOIRES EN SÉRIE Dès sa création, en 1979, l’institution n’a pas eu la vie facile. Un bail de 30 ans lui conférait alors un vaste espace d’exposition sous les tribunes du Parc des Princes. Il a fallu une décennie avant qu’il ne soit ouvert au public. Dix ans plus tard, la rénovation de l’enceinte pour la Coupe du monde de football a eu raison du musée. Les galeries ont fermé et seuls les services administratifs et les salles de réserves en ont réchappé. Puis, vide sidéral jusqu’en 2005, où l’on décide d’ouvrir une vitrine au rez-de-chaussée du ministère des Sports, pour « redonner une visibilité au musée ». Elle ne sera inaugurée qu’en 8

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Dans son rapport annuel, la Cour des comptes épingle le discret Musée national du sport, qui n’expose dans le 13e qu’une infime partie de sa collection, pourtant l’une des plus vastes au monde. De fermetures en déménagements, l’institution cherche un second souffle. juin 2008 : les travaux accusent deux ans de retard et près d’un million d’euros de surcoût. En 2011, la Cour des comptes solde 30 ans de déboires en critiquant une « gestion défaillante » et une « tutelle ministérielle déficiente ». Mais ne manque pas de noter quelques « avancées notables ».

TOP, (NOUVEAU) DÉPART ? L’équipe dirigeante renouvelée, un véritable projet scientifique et culturel a été initié. Des visites guidées et des ateliers pédagogiques ont été mis en place, les expositions temporaires soignées. Encore insuffisant pour attirer le public en masse : le musée recense à peine plus d’une cinquantaine de visiteurs par jour, malgré de modiques droits d’entrée (1). « C’est normal ! se défend Cyril Melin, secrétaire général de l’établissement public. Nous avons un budget annuel total de 900 000 euros, alors nous faisons des campagnes de communication limitées… C’est trop peu pour concurrencer les grands musées, qui peuvent se permettre de coller des affiches partout et longtemps. » Sur place, Canelle, étudiante en sport à l’université de Créteil, dit avoir découvert le

lieu par hasard, en passant devant : « Dans ma fac, personne ne connaît ! », s’exclame-t-elle. « Dommage, il mériterait mieux », poursuit son père Jean-Marc. Lui a beaucoup apprécié les pièces « originales et amusantes », et « la simplicité du musée, qui contraste avec le côté ampoulé et pédant des grandes expositions parisiennes ». Seul carton jaune : « Trop peu de basket, de rugby, de hand... » Les fillettes du centre de loisirs d’Athis-Mons (Essonne) déplorent elles aussi l’hégémonie du football : « Pas de danse, de natation, de patinage ! » Mais avec si peu de place, il a fallu choisir. « Cela va changer », assure Cyril Melin. Sacré changement en perspective : rien moins qu’un autre transfert, prévu en septembre 2013, au sein du futur stade de Nice. Avec 5 200 mètres carrés, le musée devrait enfin bénéficier d’un espace suffisant pour exhiber la majeure partie de ses pièces. Quant à la vitrine du 13e, le bail arrivera à échéance fin 2012. Qu’en adviendra-t-il ? Flou total. La glorieuse incertitude du sport ? (1) 2 euros pour les adultes, gratuité pour les moins de 18 ans.


LES « POSTIERS » UKRAINIENS DU BOULEVARD BLANQUI

Tous les week-ends, des camionnettes ukrainiennes chargées de marchandises stationnent sur un parking du boulevard Blanqui. Rencontre avec ces hommes à la fois livreurs de colis et vendeurs à la sauvette.

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oilà un an qu’un flux croisé de marchandises s’est mis en place entre le 13e arrondissement et l’Europe de l’Est. Jusqu’à six fourgonnettes sont visibles les samedis et dimanches sous la station de métro aérien Corvisart. Le phénomène date de cinq à six ans en région parisienne : auparavant, on pouvait trouver ces Ukrainiens en Seine-SaintDenis, où des travaux les auraient contraints à gagner Paris - l’Italie et l’Espagne figurent également parmi leurs destinations. Inna, une jeune Ukrainienne croisée sur les lieux, dit venir s’approvisionner en graines de tournesol et surtout confier en retour bonbons, parfums, vins et fromages français à destination de sa famille. Les transporteurs du boulevard Blanqui sont en quelque sorte des postiers internationaux chargés, via les forums internet et le bouche-à-oreille, de transmettre des colis de particuliers entre l’Ukraine et Paris, dans les deux sens. À l’arrière de la majorité des camions, on trouve également des marchandises proposées à la vente - alcools, poissons séchés, bocaux de cornichons, gâteaux secs en provenance d’Europe orientale, autant de produits introuvables dans les échoppes parisiennes. Ceux qui pratiquent cette dernière activité accueillent le curieux par de sonores claquements de portière. Impossible de recueillir la moindre information auprès de ces gaillards, qui se savent sur la sellette. Pour cause, ils

Par Jérémie Potée Photographies Mathieu Génon

sont de temps en temps contrôlés par des patrouilles de police et contraints de fermer boutique. Pas assez aux yeux de la municipalité (voir encadré) qui pointe des problèmes d’hygiène et de sécurité.

« JE PROFITE D’UN VIDE JURIDIQUE » Ioura est l’un de ces transporteurs. Contrairement à beaucoup de ses congénères, il se limite à de l’expédition de colis et se montre beaucoup plus communicatif – si tant est que l’on parle russe ou ukrainien. Il explique être un travailleur indépendant en lien avec une agence spécialisée de la ville de Tchernovtsi, à l’ouest de l’Ukraine, et assure être parfaitement dans son droit. « Je profite d’une niche, d’un vide juridique entre la zone Schengen et mon pays », nous apprend-il en montrant rapidement une simple autorisation de stationnement qui lui permettrait d’obtenir un visa de travail. Derrière les portes arrière de son van s’amoncellent de volumineux sacs cabas, tous soigneusement étiquetés au nom de leurs destinataires et visés par les douanes polonaises ou allemandes. À côté de son véhicule, une balance est prête à évaluer le poids des marchandises qui lui sont confiées par ses 200 clients parisiens. Ioura dit même marquer régulièrement un arrêt à l’église ukrainienne de Saint-Germain-des-Prés pour récupérer des colis destinés aux orphelinats du pays. Le lendemain, il prendra la route pour un jour et demi de voyage à travers l’Europe.

Boulevard Blanqui, le 26 février.

UN TRAFIC QUI DÉRANGE Certains commerçants du marché Blanqui voient d’un mauvais oeil la présence des vendeurs ukrainiens, qui ne disposent d’aucune licence, et s’en sont plaint au maire d’arrondissement. Jérôme Coumet, s’il déclare qu’« il n’y a pas mort d’homme », n’en a pas moins alerté préfecture, douanes et ministère de l’Intérieur, sans résultat. Une tolérance « étonnante » au sens du maire, qui a décidé de passer le flambeau au député Serge Blisko.

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VIVRE ICI

Le 13e de…

MARC FITOUSSI C’est à L’Alouette, un troquet de la rue de la Glacière proche de son domicile, que le réalisateur de Copacabana nous accueille. Celui qui a dirigé Denis Podalydès, Sandrine Kiberlain et Isabelle Huppert habite le 13e depuis sa naissance. Marc Fitoussi y a découvert le cinéma et réalisé ses premiers tours de manivelle.

Le 13 du Mois : Dans quel coin du 13e vivez-vous ? Marc Fitoussi : J’habite à l’angle de la rue de la Glacière et du boulevard Arago. C’est un quartier méconnu du grand public. Quand je dis que je vis dans le 13e, on me demande instantanément si j’habite dans le quartier chinois ! Mon quartier, limitrophe du 5e et du 14e, est à la fois paisible, résidentiel et commerçant. L’acteur Denis Podalydès, héros de mon premier long métrage La vie d’artiste, qui habitait les Gobelins à l’époque, m’avait confié trouver que ce coin du 13e, avec le grand boulevard Arago et ses marronniers,lui rappelait Versailles, où il est né. Je partage son avis.

Quels quartiers vous inspirent en tant que réalisateur ? Le 13e est très cinégénique. La rue des Gobelins, pas l’avenue, est une vraie rue de cinéma, avec ses pavés. S’il fallait choisir un arrondissement emblématique de Paris, ce serait le 13e, qui contient à la fois des immeubles haussmanniens et des constructions des années 1970. J’y ai tourné tous mes courts métrages car on trouve ici tout ce dont on rêve en tant que réalisateur. Et puis l’écriture est une part importante de mon travail et j’adore le faire dans le jardin partagé de mon immeuble. Il y a d’ailleurs beaucoup de cours intérieures et de jardins cachés dans l’arrondissement.

Vos premiers souvenirs ? J’ai toujours vécu dans le 13e. Mes parents habitent également sur le boulevard Arago. J’ai été à l’école maternelle rue de Croulebarbe, à l’école primaire du boulevard Arago et au lycée Rodin, rue de Corvisart. Et aujourd’hui, j’habite dans ce quartier que je n’ai jamais cherché à quitter. J’y suis attaché car il est lié à de nombreux souvenirs. Quand mes amis et moi séchions les cours, on aimait bien atterrir au centre commercial Italie 2. À l’époque, on allait glander chez un disquaire, avant que la Fnac ne s’installe. J’ai aussi vu fermer le cinéma La Fauvette (devenu Gaumont) et le Grand Écran. C’est déprimant et ahurissant qu’un cinéma high-tech comme celui-là soit à l’arrêt et depuis si longtemps. J’aime aussi beaucoup l’Escurial. C’est là où j’ai découvert le cinéma en dehors de la télé ou des vidéocassettes. Ce lieu m’a rendu cinéphile. J’ai été très ému quand, quelques années plus tard, l’un de mes courts métrages y a été projeté.

Vos bonnes adresses ? Côté gastronomie, il y a de nombreuses adresses exotiques dans le 13e. J’adore le restaurant éthiopien Entoto, rue Léon-Maurice Nordmann ou - plus classique - l’Ourcine, rue de Broca. Au bout de la rue de la Glacière, il y a la boulangerie-pâtisserie de Gérard Mulot et celle du chef pâtissier Laurent Duchêne, meilleur ouvrier de France. C’est marrant de se dire que dans cette partie méconnue du 13e, il y a des adresses comme celles-ci !

Vos coins préférés ? Le quartier où je vis : le boulevard Arago, la rue de Broca, les Gobelins. À contrario, je connais mal Chevaleret qui me parait extrêmement loin ! Sinon, j’ai beaucoup de mal avec la Butte-aux-Cailles. J’ai le souvenir de soirées de pochtrons. Pour moi, c’est un lieu où on va boire des coups, point. Je préfère la Cité fleurie, boulevard Arago, avec ses petites maisons pleines de charme et plus authentiques que le quartier bobo de la Butte. 10

Par Caroline Vaisson Photographie Mathieu Génon

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SON ACTU Après le succès de Copacabana avec Isabelle Huppert, - 300 000 entrées en 2010 - Marc Fitoussi est encore en pleine tournée des festivals. Le film sera bientôt projeté à Budapest dans le cadre du « Panorama du cinéma français », puis à New-York courant mars et en Chine en avril. Par ailleurs, le réalisateur a d’ores et déjà terminé le scénario de son prochain film, encore en phase de financement. Le tournage devrait débuter en septembre prochain. Il s’agira d’une comédie policière autour du personnage d’une maquettiste de revue de faits divers, incarnée par Sandrine Kiberlain. À l’affiche également, Guy Marchand et l’Italien Filippo Timi.


— « Le 13e est très cinégénique » —

FILMOGRAPHIE 1999 : Ma vie active (court métrage) 2002 : Sachez chasser (moyen métrage) 2004 : Illustre Inconnue (court métrage) 2005 : Bonbon au poivre (moyen métrage) 2007 : La Vie d’artiste 2010 : Copacabana

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ANALYSE(S) Éducation

CARTE SCOLAIRE : LA RENTRÉE 2011

La carte scolaire de la rentrée 2011 est en préparation. Ouvertures et fermetures de classes, suppressions de postes : révision générale dans le 13e avant examen définitif du rectorat.

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n vent de protestation souffle à nouveau sur l’Éducation nationale. Le 19 mars, les professeurs manifesteront dans toute la France. En cause, les 50 000 emplois supprimés depuis 2007 par le gouvernement dans l’enseignement, dont 16 000 en 2011. Dans une académie de Paris qui prévoit 568 élèves supplémentaires dès septembre prochain, 77 postes vont pourtant disparaître : 31 remplaçants, 27 « Rased » (Réseaux d’aide aux élèves en difficulté) et 19 intervenants en langue étrangère. Concernant les classes, le 13e arrondissement s’en sort plutôt bien, avec cinq ouvertures pour quatre fermetures. Les créations concernent toutes la nouvelle école polyvalente Grands Moulins qui verra le jour près de la Bibliothèque nationale.

Mais, dans le contexte actuel de rigueur budgétaire, impossible de créer des emplois pour pourvoir la nouvelle école : « Je n’aurai pas un seul poste de plus », explique Gérard Duthy, inspecteur d’académie chargé du premier degré. « D’ailleurs, précise-t-il, le nombre global de classes dans Paris sera identique ». Il a donc fallu compenser les ouvertures par des fermetures. 12

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EFFECTIFS SCOLAIRES : LA DÉLICATE SCIENCE DES PRÉVISIONS Ainsi, dans le 13e, les écoles Vandrezanne, Lahire, Arago et Balanchine, perdront chacune une classe. Le rectorat les a choisies en présageant la baisse de leurs effectifs en 2011, qui passeraient sous le « seuil de fermeture » fixé à une moyenne de 24 élèves par classe. « On racle les fonds de casserole », déplore le directeur d’une des écoles concernées, qui, comme tous les autres, a souhaité conserver l’anonymat par devoir de réserve. « C’était prévisible, même inéluctable », regrette un autre. « Nous perdons en effet des élèves. Selon la logique parisienne, la fermeture d’une de nos classes n’a donc rien de scandaleux », estime, résigné, un troisième. Tout l’enjeu de la carte scolaire se situe donc dans ces prévisions, une « science inexacte », selon Annick Olivier, conseillère chargée des écoles à la Mairie du 13e. Parents d’élèves, directeurs, rectorat : chacun y va de son petit calcul dès l’hiver, et chacun aboutit à des résultats très différents. Une seule constante : le sentiment, partagé par tous les autres, que l’académie a une fâcheuse tendance à la sous-estimation. « Ils ont sorti des chiffres qui n’existaient pas », affirme un directeur.

Par Emmanuel Salloum Photographie Mathieu Génon

« Ils font des arrangements comptables pour que les effectifs atteignent le seuil de fermeture », soutient Kaïs Idriss, président de la section locale de la FCPE, la fédération de parents d’élèves. Pourfendeur de cette « guerre des chiffres », il regrette que l’école soit devenue « un Bricorama ».

COMBIEN D’ÉLÈVES PAR CLASSE ? Bien entendu, le rectorat récuse toute manipulation de chiffres, mais admet une marge d’erreur inhérente à cet « exercice difficile ». Pour justifier la sévérité dans le calcul de 2011, Gérard Duthy met en avant un relatif laxisme en 2010 : « Toutes les écoles du 13e auraient alors pu subir la fermeture d’une classe », assure-t-il avant de préciser que dans l’arrondissement le taux d’encadrement est resté stable sur 10 ans, avec à peine plus de 25 élèves par classe. Cette moyenne cache en réalité bien des disparités, selon les écoles et les niveaux. Si certaines classes comptent peu d’enfants, d’autres en sont surchargées ou le deviendront en 2011. Ainsi, l’école maternelle Lahire affichera un taux moyen de plus de 30 élèves par classe. Cette situation, « très rare » selon l’inspecteur, tend inévitablement à le devenir de moins en moins.


Enfin, les instituteurs déplorent que la carte scolaire n’épargne pas les maîtres dits « Rased ». Après en avoir perdu 11 en 2009, le 13e en perd trois autres en 2011. Au total, il n’en restera qu’une vingtaine pour les 64 écoles de l’arrondissement. « Bien trop peu », estime Annick Olivier, qui déplore le sacrifice fait sur ces « points d’appui très importants pour les enfants ».

« De toute façon, c’est important qu’il y ait une émulation, argue-t-il. En zone rurale, certaines classes comptent sept ou huit élèves, et je ne pense pas que l’enseignement y soit de meilleure qualité. » Une vision que conteste le corps enseignant : « Au-delà de 27 élèves c’est beaucoup moins viable », témoigne un directeur.

LES REMPLAÇANTS ET LES AIDES SCOLAIRES EN FORTE RÉDUCTION La colère des enseignants concerne également la suppression de 31 postes de remplaçants. « C’est inacceptable, s’insurge Jérôme Lambert,

secrétaire départemental du Snuipp-FSU, syndicat majoritaire du 1er degré. On n’a pas vu ça depuis 20 ans ! » Gérard Duthy, quant à lui, assure que les effectifs seront suffisants pour couvrir les besoins. Pas de quoi rassurer le corps enseignant qui reconnaît pourtant qu’il n’y aura pas eu de gros problèmes de remplacements en 2010. Mais d’aucuns se disent très soucieux pour 2011. Annick Olivier, qui partage cette inquiétude, témoigne de cas très délicats vus cette année dans le 13e : « Il y a une classe qui en est à son 9e enseignant ! »

Une fois encore, tout autre son de cloche à l’académie : Gérard Duthy promet que les Rased ne manqueront pas. Pourtant, certaines écoles de quartiers plutôt favorisés n’en bénéficient déjà plus depuis quelques années. « C’est que les réseaux n’y sont pas nécessaires », rétorque l’inspecteur. Le directeur d’une de ces écoles y voit une forme de « discrimination positive » : « Les parents d’ici paient autant d’impôts que les autres, leurs enfants ne devraient pas être privés de ce service. » Entre juin et septembre, l’académie de Paris réévaluera ses prévisions d’effectifs et décidera de neuf créations de classes. Deux écoles du 13e (173, rue du Château des Rentiers et 33, place Jeanne d’Arc), qui devraient atteindre le « seuil d’ouverture », pourraient en bénéficier. Si ces demandes n’aboutissent pas, le 13e aura finalement vu ses moyens diminuer dans les mêmes proportions que les autres arrondissements.

2 QUESTIONS À ANNICK OLIVIER, CONSEILLÈRE DE PARIS, DÉLÉGUÉE AUX ÉCOLES Quel regard portez-vous sur la carte scolaire 2011 dans le 13e ? Sur le plan comptable, le 13e s’en sort plutôt bien avec cinq nouvelles classes. Seulement, elles ont lieu dans le cadre de la création d’une école. Nous en perdons quatre en contrepartie. Toute ouverture est gagée par une fermeture : je regrette cette vision comptable. Les enfants ne sont pas des boîtes de petits pois… Et l’équité voudrait que l’on donne plus de moyens là où il y en a besoin. Or des classes sont déjà surchargées

dans des quartiers qui nécessiteraient qu’on leur donne plus d’attention. A-t-on une visibilité à plus long terme ? C’est un arrondissement en pleine expansion. À terme, l’école des Grands Moulins comptera neuf classes. Et nous préparons l’ouverture d’une autre école à l’horizon 2014, dans le même quartier, justifiée par la création de nouvelles habitations sur la rive gauche de la Seine.

Photo Emmanuel Nguyen Ngoc, Mairie du 13e. www.le13dumois.fr — Mars 2011

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DOSSIER Dix ans, jour pour jour, après le départ de Jacques Toubon de la Mairie du 13e, état des lieux d’une droite à l’agonie.

S R MA

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R A M

Chronique sociologique du déclin irrémédiable de la droite, avec le socialiste Serge Blisko, l’homme qui a fait tomber Toubon.

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Mars 2011 — www.le13dumois.fr

Par Ornella Guyet Photographie Mathieu Génon


N O B U O ? T E S T I È O R R P D A A S L N E A É X S S DI A P T S E OÙ

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n 2001, la gauche parisienne conquiert à la fois la Mairie de Paris et celle du 13e, après plusieurs dizaines d’années de domination de la droite. Jacques Toubon, maire depuis 1983, quitte son poste au profit du socialiste Serge Blisko. Ce dernier

raconte : « Quand j’ai gagné aux législatives de 1997, on a dit dans la presse que j’étais “le socialiste inconnu qui a battu le numéro deux du gouvernement” ! En 2001, c’était autre chose : il n’était que numéro deux sur la liste municipale derrière Françoise Forette. »

La gauche attendait depuis longtemps cette conquête : « Six arrondissements étaient passés à gauche en 1995, le 13e aurait dû faire partie du lot mais Toubon y était encore trop bien implanté », se souvient le socialiste. ¤ www.le13dumois.fr — Mars 2011

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DOSSIER

Entretien - Jacques Toubon Par Jérémie Potée & David Even Photographies Mathieu Génon

Le 13 n’était plus «la priorité de l’UMP » e

Dix ans jour pour jour après avoir perdu la Mairie du 13e, Jacques Toubon n’a plus de mandat électif. Président de la Cité de l’immigration, il vient de coordonner les manifestations du cinquantenaire des indépendances africaines. De son bureau du Quai d’Orsay, il donne quelques leçons de politique à l’UMP parisienne qui, à l’en croire, a commis l’erreur « fondamentale » de le mettre à l’écart. Le 13 du Mois : Voilà dix ans que vous avez quitté la Mairie du 13e. Votre regard se pose-t-il encore sur l’arrondissement ? Jacques Toubon : Oui, j’essaye d’en suivre les évolutions parce que ça m’intéresse de voir ce que deviennent les projets que j’ai mis en œuvre. Mais je ne suis pas non plus fétichiste. Comment jugez-vous l’action de la majorité actuelle ? Ce n’est pas tellement mon rôle mais je trouve franchement que par rapport à ce que nous avons fait, ils sont petits bras. Quand je suis arrivé en 1983, j’ai annoncé que le 13e devait devenir l’arrondissement du livre et de l’image et être un arrondissement central. Il ne devait plus, ce qui était le cas à l’époque, être un morceau de banlieue à l’intérieur du périphérique. Le 13e a atteint grâce à notre action un des meilleurs niveaux d’équipement à Paris. Il n’y a donc plus autant à faire, compte tenu de ce qui a déjà été réalisé. Si votre bilan est tellement bon, comment expliquer la suprématie de la gauche aujourd’hui ? Le 13e est sociologiquement plutôt à gauche et toutes les transformations que j’ai réalisées ne l’ont pas été, si j’ose dire, pour créer des électeurs de droite. Or il ne faut pas oublier qu’à la fin des années 1990, avec la cohabitation et le départ de Jacques Chirac de l’Hôtel de Ville en 1995, on était dans une situation où l’affrontement politique partisan était beaucoup plus marqué qu’avant. Les voix que je pouvais attirer du fait de ma simple personne permettaient de compenser la tendance à gauche de l’arrondissement. Et puis, c’est tout simple, mais les gens voulaient changer de tête. N’estimez-vous pas avoir mal préparé votre succession ? Après la défaite de 2001, j’ai essayé, dès les législatives de 2002, de favoriser l’émergence de successeurs. Ensuite, aux élections législatives de 2007, j’ai voulu faire venir dans l’arrondissement des personnalités susceptibles de faire le même chemin que moi, comme Jean-François Lamour [président du groupe UMP au Conseil de Paris et ancien ministre des Sports, ndlr]. Mais finalement personne n’a voulu relever le défi du 13e, aussi bien en 2007 qu’aux municipales de 2008. J’ai alors très clairement dit à Françoise de Panafieu et aux gens chargés des investitures que je pouvais conduire la liste si cela était considéré comme le mieux. Étiez-vous le mieux placé dans la mesure où Françoise de Panafieu déclarait déjà en 2007 que vous étiez « quelqu’un d’encombrant pour la droite » ? Cette position a été l’erreur fondamentale du RPR, puis de l’UMP, entre 20

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2001 et 2008. En m’empêchant, par exemple, d’être tête de liste en 2001 et en mettant Françoise Forette en première position. Il est clair que c’était un handicap considérable. Si on avait eu Toubon en un et Forette en deux, cela aurait été beaucoup plus productif sur le plan électoral. Et puis la reconquête du 13e n’était plus un objectif de l’UMP. Alors que moi, naturellement, si je souhaitais me présenter en 2008, c’était pour gagner. Or aujourd’hui, la présence de la droite dans le 13e s’est réduite comme peau de chagrin... En 2008 on a atteint le score le plus bas possible. Il faut désormais reconstruire. Pour cela il faut des gens qui sont sur le terrain depuis des années et aussi des personnalités nouvelles. Mais c’est toujours le même problème : les personnalités ne souhaitent se présenter que là où l’élection est déjà assurée. Quand je me suis lancé en décembre 1982, j’étais député du 15e, dans une circonscription très confortable, à plus de 60%. J’avais la perspective, très facile, d’être maire du 15e arrondissement. Mais j’ai préféré aller là où il fallait combattre. À l’époque on disait que s’il ne devait rester qu’un arrondissement à gauche, ce serait le 13e. Or j’avais acquis une certaine notoriété au Parlement, j’étais un des éléments moteurs du RPR tout juste devenu, avec Chirac, le fer de lance de l’opposition contre Mitterrand. J’ai investi ce capital dans la conquête du 13e. J’ai quitté une situation dans laquelle j’aurais été élu et réélu ad vitam aeternam jusqu’à 98 ans. Pour 2014 il faut un mélange entre ceux qui sont sur le terrain depuis très longtemps et une locomotive. Qui verriez-vous jouer ce rôle ? Je n’en ai aucune idée. Vous peut-être ? (Rires) Non ! Je suis membre du bureau politique de l’UMP au plan national, mais très franchement, au niveau de Paris, j’ai pris mes distances depuis 2007. Ce qui a été malheureux en 2007-2008, c’est que la campagne a été faite non pas dans la continuité de l’œuvre que j’avais accomplie, mais dans la rupture avec celle-ci. C’était une grande erreur, qu’on le veuille ou non. Rupture avec une politique, qui selon vos propres termes n’a pas « créé d’électeurs de droite ». L’UMP n’était-elle pas en mesure de vous le reprocher ? Ce que je peux moi reprocher à la droite, c’est qu’elle n’a comme ambition que de garder les arrondissements de droite. Or, si on veut gagner, il faut réinvestir l’est de Paris. Soit délibérément, soit par lassitude, on a abandonné le terrain. Je ne crois pas que l’électeur parisien soit profondément partisan. Il est politisé, certes, pas partisan. D’où l’importance d’avoir la bonne stratégie.


— « Mes réalisations n’ont pas créé d’électeurs de droite » —

Laquelle ? Ceux qui impriment la direction au sein de l’UMP parisienne, se résolvent pour l’instant à conserver ce qu’on a. Mais nous ne sommes qu’en 2011, les élections municipales sont en 2014. Il va y avoir des élections présidentielles, le vrai débat et la vraie stratégie apparaîtront à l’automne 2012 quand la situation nationale sera stabilisée. Là on peut imaginer que l’UMP adopte, ce que je souhaiterais moi, une stratégie de reconquête.

Moins de deux ans pour passer d’une écrasante majorité de gauche à une victoire de la droite, ça paraît court… Non, je ne pense pas. Les évolutions électorales peuvent être rapides. Le scrutin municipal est très personnalisé. Les choses bougent beaucoup plus vite que lors d’autres élections. Tout peut se jouer sur une attitude, sur une stratégie. Si je repense aux élections de 1983, 1989 et 1995, je constate que ma crédibilité était supérieure à celle de mes adversaires de gauche alors que tendanciellement, il y avait probablement plus d’électeurs de gauche. www.le13dumois.fr — Mars 2011

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13e ŒIL Port de Tolbiac

L’éclairage du site a été confié au plasticien Franck Franjou. Les couleurs choisies suivent les saisons : plus froides l’hiver, rougeoyantes l’été. 22

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PHOTOREPORTAGE —


— PHOTOREPORTAGE

Par David Even Photographies Mathieu Génon

QUAND L’INDUSTRIE S’OUVRE À LA VILLE Le port de Tolbiac, au pied du nouveau quartier Paris Rive-Gauche, est l’un des trois ports du 13e avec ceux d’Austerlitz et de la Gare. L’établissement public des Ports autonomes de Paris gère depuis 1970 ces trois sites ainsi que les 67 autres répartis sur plus de 500 kilomètres de voies navigables dans toute l’Île-de-France. La particularité du port de Tolbiac est d’être entièrement dédié à l’industrie du béton et au stockage de granulats. Deux des plus gros producteurs mondiaux - le suisse Holcim et le mexicain Cemex se partagent les concessions d’exploitation. Le port a connu un important lifting entre 2008 et 2010, pour se fondre au mieux dans le nouveau paysage urbain environnant. Aujourd’hui, ce n’est plus seulement un espace de production mais aussi un lieu ouvert, chaque soir à partir de 19 heures, à la promenade des piétons. www.le13dumois.fr — Mars 2011

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— PHOTOREPORTAGE

Quatre autres silos servent au stockage du ciment. Comme l’ensemble des unités de production, ils reposent sur pilotis. Cela permet de diminuer de 40% l’emprise au sol, de limiter les nuisances en cas de crues de la Seine et de faciliter les 2h30 de nettoyage quotidien de l’espace, nécessaires à la circulation des piétons le soir. www.le13dumois.fr — Mars 2011

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— PHOTOREPORTAGE

Une fois tous les « ingrédients » rassemblés par des tapis-peseurs , ils tombent dans un immense malaxeur, situé dans le même bloc que les bureaux. Cette opération dure 35 secondes pour 7,5 tonnes de béton, quantité nécessaire pour remplir un camion.

75 000 mètres cubes de béton par an

Malaxé, le béton coule directement dans les camions toupies, soigneusement nettoyés à chaque passage. Le recyclage des eaux de lavage et du béton fonctionne en circuit fermé. L’unité de production Cemex, inaugurée en novembre 2010, est d’ailleurs la première unité HQE (Haute qualité environnementale) de ce type en France, favorisant le maintien de cette industrie en ville. www.le13dumois.fr — Mars 2011

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13e ŒIL

REPORTAGE —

MA CABANE AU PIED DES

TOURS S’

il était devant la mer, il n’aurait besoin de rien. C’est Ahmed qui le dit, recroquevillé sur une chaise de récupération dans sa petite « maison » encombrée d’une quantité ahurissante d’objets soigneusement rangés. Bâtie de ses mains, sa cahute est lovée dans un recoin de béton non loin de l’entrée du parking souterrain d’un immense ensemble HLM de l’arrondissement - le site dit « WatteauRubens-Banquier-Hôpital », qui compte près de 500 logements. À bientôt 60 ans, ce Marocain occupe sans titre un local inutilisé de Paris Habitat, l’office en charge des logements sociaux de la Ville, qui menace de l’en expulser. Ahmed a débusqué l’endroit voilà quatre ans, alors qu’il était sous une tente sur le quai d’Austerlitz. Le sans-abri découvre un espace à claire-voie jonché de déchets et de déjections fréquenté par des revendeurs de haschich et des clochards de passage. Il y voit aussitôt un toit à se mettre sur la tête et se retrousse les manches.

FACE AU RISQUE D’EXPULSION, LES VOISINS SE MOBILISENT Bientôt, il dresse une fine cloison de bois pour fermer cette enceinte triangulaire de sept à huit mètres carrés, qui se rétrécit à l’endroit où se situe désormais son lit. À l’extérieur, une « terrasse » décorée d’une multitude de plantes et de bibelots en tous genres – maquettes de bateau, marionnettes... – et d’une toile striée de noir pour le protéger de la pluie. « Je fais collection de choses qui me plaisent et je les expose », confie Ahmed, qui a gagné l’estime de ses voisins en veillant à la propreté de son environnement. Suprême réalisation du monsieur, un étroit jardin en terrasses accolé ¤ 28

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— REPORTAGE

Tranches de vie d’un homme de la rue qui s’est construit un abri au pied des HLM.

Par Jérémie Potée Photographies Mathieu Génon

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— REPORTAGE

restauration, ce père de quatre enfants n’a eu de cesse depuis très jeune de quitter Agadir et le foyer familial pour voir du pays, au Maroc d’abord puis à l’étranger. Ahmed a vécu la dernière décennie du 20e siècle dans de nombreux États du Maghreb et des Proche et Moyen-Orient, au gré des contrats conclus par l’intermédiaire de l’office du tourisme marocain. Quant à la raison profonde de son départ du Maroc, il commence par avancer sa curiosité pour l’Europe, dont il ne connaissait que les récits des touristes croisés dans sa profession. Avant de révéler, du bout des lèvres, un lourd secret. Il parle du suicide d’un fils, appris sur le tarmac d’un aéroport alors qu’il était prêt à s’embarquer pour un énième contrat en Libye. Il concède que c’est « à 50 % » ce qui lui a donné envie de partir, « pour oublier ». En 2001, il refuse une dernière mission, renonce à sa petite pension de retraite - 150 euros - et atterrit en France. Quelques jobs au noir dans la restauration entre Nanterre, Nice et Marseille lui permettront de survivre. « S’ils m’avaient fait des contrats, j’aurais déjà des papiers », déplore-t-il. Faute de pouvoir régulariser sa situation, il n’échappe pas à la rue et se réfugie rapidement dans le 13e, à proximité des foyers et des associations d’aide aux sansabri qui y pullulent plus qu’ailleurs à Paris. Ahmed finit par devenir brocanteur de rue, « biffin », s’approvisionnant en objets de récupération qu’il revend à même le trottoir porte de Montmartre, pour des revenus mensuels de l’ordre de 200 à 300 euros. Son aménagement intérieur en témoigne. C’est une véritable caverne d’Ali Baba où l’on trouve de tout : bagages, vêtements, petit électroménager, le tout en dizaines d’exemplaires qu’il ne peut se résoudre à jeter, « ça peut toujours servir à quelqu’un ».

PROFESSION : BIFFIN Sa maison-entrepôt illustre une vie à peu de choses près routinière. Sur un miroir, un pense-bête indique les dates limites de renouvellement de son Pass Navigo gratuit et de son coupon alimentaire, qui lui permet

Vers 18 heures, quand arrive l’électricité. de déjeuner chaque jour à Chevaleret. Tous les soirs, il sort laver ses légumes pour le dîner du lendemain. « Je le fais la nuit pour éviter qu’on me voit pendant la journée », dit-il. Il emprunte l’eau dont il a besoin chez un garagiste dont l’atelier se situe à l’entrée du parking adjacent. Il s’efforce d’entretenir les meilleurs rapports possibles avec ce voisin immédiat. Un rétroviseur cloué sur sa porte permet à Ahmed de surveiller les allées et venues sur la rampe d’accès. Jean-Philippe, le gardien de nuit en titre du parking, passe d’ailleurs de temps en temps prendre de ses nouvelles. « Il n’emmerde personne, et si c’est propre ici, c’est grâce à lui, témoigne t-il. Si on le virait, tout redeviendrait comme avant. J’ai été dans la police, j’en ai vu des squatteurs, et, croyez moi, ils n’étaient pas comme Ahmed ! » Ahmed a bon espoir, avec le soutien des locataires, d’obtenir un logement HLM dans ce 13e arrondissement qu’il ne veut plus quitter.

Pour parvenir à ses fins, l’homme compte sur une attestation de ressources promise par les associatifs en charge du « Carré des biffins » (voir encadré) de la porte de Montmartre. Il a en effet obtenu le droit de travailler les dimanches et lundis sur ce marché en principe réservé aux résidents des 17e et 18e arrondissements. Chaque week-end, il traîne ses valises lourdement lestées de marchandises de seconde main à travers les couloirs et les escaliers du métro pour rejoindre le nord de Paris. Avant de commencer à travailler, il doit se rendre dans le vieux bus à impériale de l’association Aurore qui stationne à proximité des biffins installés sous le périphérique. Aujourd’hui samedi, il n’a en principe pas la priorité, mais une petite liste d’attente lui permet d’obtenir rapidement une bâche qui lui garantit l’accès à l’un des cent emplacements disponibles. Fouzia, salariée de l’association, lui remet justement son attestation de « travail » ¤ www.le13dumois.fr — Mars 2011

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13e ŒIL

REPORTAGE —

– un document sans réelle valeur juridique – sur lequel Ahmed compte tant pour trouver à se loger. Sésame en poche, il se fond dans la masse des revendeurs étroitement surveillés par les policiers municipaux et déballe son chargement de chaussures. Les meilleurs jours, il repart avec 30 euros de bénéfice. Juste assez pour se nourrir et envoyer un pécule à sa fille, thésarde en droit au Maroc. L’éloignement lui pèse, mais il n’est pas question pour Ahmed de revenir sans argent. Il a des terres du côté d’Agadir et veut être en mesure d’en assumer l’exploitation. Pour cela, il lui faut obtenir une carte de séjour, ce qui lui est désormais possible après dix ans de présence sur le territoire français. Il parle de voyager ailleurs en Europe une fois ses papiers en main. À presque 60 ans, les rêves ne l’ont pas quitté et c’est pas à pas, comme il collectionne les objets, qu’Ahmed compte tracer sa route.

Au « Carré des biffins » de la porte de Montmartre. 32

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Boulevard de l’Hôpital, en route pour le marché aux biffins.

LE COMBAT DES BIFFINS Le « Carré des biffins » est né de de six années d’action pour la régularisation des marchés de fortune installés aux portes de la capitale. Le site de la porte de Montmartre, autorisé en septembre 2009,

est à l’heure actuelle le seul du genre. 200 biffins munis d’une carte d’adhérent délivrée par l’association Aurore occupent désormais le pavé et s’engagent à n’y vendre que des objets de seconde main.


RÉTROACTU

IL Y A 140 ANS, LA COMMUNE DE PARIS Paris commémore cette année les 140 ans de l’insurrection populaire dite de la « Commune ». Une partie des événements se sont déroulés dans le 13e.

L

a guerre déclenchée par la France contre la Prusse au cours de l’été 1870 a débouché sur l’unité allemande et la fin du Second Empire de Napoléon III. La situation dans la capitale assiégée depuis le 19 septembre est critique et la nourriture commence dramatiquement à manquer. Cependant, la population parisienne, très patriote, entend résister, et se sent trahie par le gouvernement, présidé par Adolphe Thiers, et ses velléités capitulardes. Un premier soulèvement a lieu le 31 octobre alors que Thiers négocie un armistice, et un deuxième le 22 janvier pour empêcher l’annonce de la capitulation de Paris. L’armistice est finalement signé le 28 janvier 1871. Il proclame la reddition de Paris, livre les forts entourant la ville à l’ennemi et comprend nombre de dispositions humiliantes pour la France. Les monarchistes, favorables à la paix, emportent les élections organisées dans la foulée. Adolphe Thiers, considéré comme un traître par les républicains, prend la tête du gouvernement. Le Traité de Versailles, qui scelle la défaite, est signé le 26 février. Le même jour, les Parisiens enlèvent les canons de la Garde nationale qui ont été promis aux Allemands, afin de continuer le combat.

3 MARS 1871 : DANS LE 13e, L’INSURRECTION QUI MONTE

En mars, une avalanche de mauvaises nouvelles et de provocations exaspère les Parisiens : le siège de l’Assemblée nationale est fixé à Versailles, le projet de loi Dufaure sur les échéances et les loyers en retard annonce la faillite de 50 000 commerçants

Le 13e, un des arrondissements les plus pauvres, a durement souffert durant le siège de la ville. Il fait partie de ceux qui seront à l’origine du soulèvement communard. Le 3 mars, alors que les Prussiens entrent dans la capitale pour défiler symboliquement sur les Champs-Élysées, sa population est déjà en

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Inscriptions des gardes nationaux à la mairie du 13e arrondissement. et artisans parisiens. Cinq journaux hostiles au gouvernement sont suspendus. Les gardes nationaux insoumis voient leur solde supprimée.

DR.

insurrection contre le gouvernement et prend possession du stock de cartouches entreposé dans la manufacture des Gobelins, qui sert d’entrepôt pour les munitions depuis le début du siège. Place Jeanne d’Arc, les gardes nationaux constituent un parc d’artillerie avec des canons pris aux fortifications. Émile-Victor Duval, un ouvrier fondeur adhérent de l’Association internationale des travailleurs, s’autoproclame « Commandant supérieur des gardes nationaux du 13e ». Il rapporte 26 canons des fortifications de Paris et les dispose devant la mairie et installe son poste de commandement


Transfert des canons de la Mairie du 13e vers l’école du Moulin-des-Prés. au 5 de l’avenue d’Italie. Pendant ce temps, Léo Meilliet prend en charge la Mairie de l’arrondissement à la place de Jules Pernollet, resté fidèle à Thiers.

18 MARS 1871 : LE SOULÈVEMENT COMMENCE Les troupes de Thiers investissent Paris et tentent de s’emparer des 171 canons de la Garde nationale. Mais, à l’appel des femmes qui leur demandent s’ils vont oser tirer sur leurs frères, les soldats fraternisent avec la population. Leur chef, le général Lecomte, est fusillé par ses soldats. Thiers et son gouvernement quittent Paris pour Versailles : le peuple est maître de la capitale. La Commune de Paris commence, sa tragédie aussi...

Construction d’une barricade.

DR.

Le 13e arrondissement se mobilise rapidement. Le canon des Gobelins sonne l’appel à l’émeute. Duval recrute des jeunes pour construire des tranchées et une barricade rue Godefroy. Les commissariats de police sont investis par des détachements de fédérés et leurs responsables incarcérés. La section des Gobelins et les hommes du 13e, dirigés par Duval, occupent le Panthéon, tiennent la préfecture de police et contrôlent une bonne partie de la rive gauche.

26 MARS 1871 : LE TEMPS DES ÉLECTIONS Le Comité central organise des élections dans chaque arrondissement. Léo Meilliet est élu maire du 13e, suivi de très près par ÉmileVictor Duval, Jean-Baptiste Chardon et Léo

DR.

Fränkel. Ce dernier est hongrois et fait partie des quelques responsables de la Commune d’origine étrangère.

4 AVRIL 1871 : DUVAL FUSILLÉ Le 3 avril, Duval est nommé général. Poussé par les gardes nationaux, il dirige l’offensive désastreuse des fédérés contre Versailles. Arrêté sur le plateau de Châtillon, il est fusillé au Petit-Clamart, le 4 avril 1871, lors de son transfert à Versailles.

AVRIL-MAI 1871 : LES ÉGLISES EN PÉRIL, DES DOMINICAINS EXÉCUTÉS La Commune est fortement anti-cléricale et, début avril, elle confisque les biens de l’Église, décrète sa séparation avec l’État, et supprime le budget des cultes. Léo Meilliet, qui a eu par le passé des démêlés avec le prêtre de la Chapelle Bréa situé dans le 13e, soutient sa démolition. Elle en réchappera de justesse, mais verra ses biens vendus aux enchères publiques au début de la « Semaine sanglante », qui verra l’écrasement de la Commune. L’« affaire des Dominicains d’Arceuil » constitue un épisode tragique de cet anticléricalisme. Le 17 mai, soupçonnés de trahison pour avoir permis aux troupes versaillaises de prendre un poste avancé à Arcueil, cinq moines dominicains sont arrêtés à l’école Albert-LeGrand où ils enseignent et enfermés au Fort de Bicêtre par Léo Meilliet. L’enquête prouve leur innocence mais ils sont tenus en captivité jusqu’à leur transfert ¤ www.le13dumois.fr — Mars 2011

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SPORT Par-dessus le périph’ : US Ivry Handball

FUTURES ÉLITES DU HAND : ÇA COGITE DUR SUR LES

PARQUETS

Le centre de formation de l’US Ivry Handball, qui compte plusieurs champions du monde à son actif, propose un double apprentissage sportif et scolaire. Reportage sur un système réputé mais fragile.

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INSOLITE

LA FERME TROPICALE :

UN BUSINESS DE MORDUS Par Ôna Maiocco Photographies Mathieu Génon Un python vert.

Avis aux amateurs d’exotisme, aux curieux de tous poils et aux passionnés de bêtes à sang froid : la Ferme Tropicale a des arguments pour séduire, convaincre et instruire. Entre passion et business, visite d’un commerce atypique.

O

n peut vivre à côté de la Ferme Tropicale et ignorer son existence, alors que le commerce attire des passionnés venus de la France entière. À deux pas du boulevard de l’Hôpital, ce grand terrarium passe quasiment inaperçu. Surtout depuis que le couple d’iguanes cornus d’1,50 m, gardien du sanctuaire et attrape-passants, a déménagé. Avant, il fallait contourner les dragons et s’enfoncer dans l’allée d’immeubles pour rejoindre la boutique. Désormais, la vitrine est vide et c’est une fois franchie la double porte - il faut garder la chaleur, il doit y faire 29°C - que le royaume du reptile s’offre à nous, avec ses 650 mètres carrés de dépaysement sur deux étages : chaleur, moiteur et stupeur. Les puits de lumière dans les terrariums de verre révèlent une panoplie exceptionnelle de NAC (nouveaux animaux de compagnie) couverts d’écailles, de carapaces et de couleurs bariolées, à peine dissimulés derrière des plantes factices. Les visiteurs les plus attentifs remarqueront quelques vifs 40

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petits lézards en liberté qui s’ébrouent dans un massif végétal.

À DEMANDE EXOTIQUE, OFFRE EXHAUSTIVE Lézards mais aussi serpents, tortues, grenouilles, tritons et quelques invertébrés : entre 200 et 500 espèces différentes, soit plusieurs milliers de spécimens, sont hébergées à la Ferme. Le premier prix est un phasme à 3 euros tandis que la perle rare, un lézard australien nommé « scinque pomme de pin », dépasse les 4 500 euros. Mais le prix à l’achat, aussi élevé soitil, ne dispense pas des frais d’entretien, puisque les animaux doivent être nourris, chauffés, éclairés, etc. La Ferme répond à ces besoins à grands coups de grillons et de vers grouillants, de souris, de rats morts ou vifs, de granulés minéraux ou végétaux, de lampes à UV et autres thermostats. Le slogan ne ment pas, le « professionnel du reptile » pense à tout. On est loin du

petit bocal de notre enfance dans lequel se dandinait la tortue de Floride gagnée à la fête foraine, et dotée d’un palmier de plastique en guise de biotope. Les samedis après-midi sont denses : jusqu’à 700 visites et 300 passages en caisse. « Les gens s’attendent à rencontrer ici des marginaux percés de partout », explique Teddy Moncuit, responsable du management. « Mais en réalité, notre clientèle est extrêmement variée. Il y a beaucoup de femmes et de cadres supérieurs. » Un personnel dynamique et professionnel renseigne le badaud : « À la base, tous les vendeurs sont des passionnés autodidactes », nous explique Charlie, employé à la Ferme depuis 2004. On nous prévient que la particularité de la maison est plus souvent de refuser la vente que de l’accorder. Ainsi, en flânant un moment dans la boutique, on comprend qu’il s’agit davantage de ramener les néophytes à la réalité en leur proposant des espèces dites « faciles ». ¤


PORTRAIT Te Ve Pin

LE ROBUCHON CHINOIS Te Ve Pin est un cuistot truculent qui se fait fort de proposer une cuisine inimitable et bon marché, remarquée par les plus grands chefs français.

«I

ci, pour moins de dix euros, on mange bien ! » s’exclame Te Ve Pin avec une fierté non dissimulée. Cet extravagant Vietnamien de 55 ans est issu d’une famille de restaurateurs depuis cinq générations. En 1968, il arrive en France où il passe un diplôme de cuisinier avant d’ouvrir son premier restaurant dans le quartier de Belleville. Le bouche à oreille opérant, il compte déjà quelques stars parmi sa clientèle, mais c’est lorsqu’il ouvre un restaurant rue de Longchamp situé juste en face du célèbre Jamin - où Joël Robuchon a obtenu sa troisième étoile au guide Michelin en 1984 - que sa réputation parmi les V.I.P explose. Il se souvient avoir reçu par exemple Johnny Hallyday ou Gérard Depardieu. Il donne des cours de cuisine asiatique à l’Unesco et aurait même délivré certains de ses secrets à quelques-uns de nos chefs étoilés français, bien en peine de rendre les crevettes « croustillantes » à la mode asiatique… Est-ce pour cette raison qu’Alain Ducasse, dans son nouveau livre J’aime Paris, le surnomme le « Robuchon chinois » ?

CHEF SANS CHICHI En 2002, Te Ve Pin quitte le 16e pour s’installer en plein Chinatown. Quand on l’interroge sur ce radical changement de décor, il raconte qu’il a simplement « pris sa retraite » car il était fatigué et que son actuel petit restaurant est parfait « pour ne pas rester à s’ennuyer à la maison ». Cette explication un peu trop sage surprend de la part d’un personnage aussi volubile, mais nous n’en saurons pas plus... Toujours est-il qu’au Pho Tai - comme à son 44

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faux jumeau le Pho Tai Tai, situé sur le trottoir d’en face - Te Ve Pin continue de délecter sa clientèle d’habitués et de connaisseurs d’une cuisine authentique et raffinée. « Je fais beaucoup de plats originaux que personne ne peut copier », se targue le chef, toujours malicieux. La passion de la cuisine passe tout entière dans son regard. Elle déborde aussi des plats qui envahissent les tables à l’heure du déjeuner. En témoignent les parfums envoûtants d’une marmite de gambas à la sauce pimentée ou d’un poulet croustillant au gingembre frais, son plat préféré, « qui donne de l’appétit et n’est pas très gras », nous explique-t-il simplement de sa voie tonique. Chez Te Ve Pin, pas de chichis. Si vous n’êtes pas à l’aise pour le pliage des rouleaux de printemps au bœuf tiède, le chef ou sa pimpante épouse cambodgienne surgissent de derrière votre épaule et mettent la main à la pâte de riz pour vous montrer le bon geste, intarissables en explications décomplexées.

UN BOURLINGUEUR QUI EXIGE LE MEILLEUR Avec son allure de baroudeur - chemisettes à fleurs et boucles d’oreilles en or - le chef est un vrai touche-à-tout, un gourmet avide de découvertes et de saveurs lointaines. Il parle couramment dix langues - dont quatre dialectes chinois, « indispensables dans le 13e », et s’en sert pour voyager loin. Le bœuf d’Argentine et son cousin de Kobé n’ont d’ailleurs plus de secret pour son palais exigeant. C’est pourtant en France qu’on trouve les meilleures viandes, d’après lui. Quand on lui demande s’il est possible de faire de la bonne cuisine asiatique ici, il répond qu’elle

Par Ôna Maiocco Photographie Mathieu Génon

est même meilleure car « en Asie la viande a un goût trop fort, et les coqs se bagarrent, leur chair est dure. » Ses explications sont toujours ponctuées d’un humour déroutant, grands gestes à l’appui. Cela ne fait pas de lui un patron léger. Côté salle, tout est impeccable et il y tient. Même les bouteilles de sauces en libre service sont étincelantes, plutôt rare dans le quartier. « Les gens trouvent que le restaurant ressemble à un sous-marin à cause des aquariums. Mais une fois installés, ils se sentent en sécurité », se félicite-t-il, un brin paternaliste. Il nous raconte les vertus du travail en famille et l’on flaire la déception quand il avoue qu’aucun de ses cinq enfants n’est attiré par la restauration. Il nourrit néanmoins l’espoir d’envoyer la petite dernière, encore lycéenne, apprendre l’art du chou fermenté pimenté, le kimchi, en Corée. Les bonnes choses ne quittent décidément jamais ses pensées !

QUELQUES DATES 1956 : NAISSANCE AU VIETNAM. 1968 : ARRIVÉE EN FRANCE. 1981 : OUVERTURE DE SON PREMIER RESTAURANT, RUE LOUIS BONNET, DANS LE QUARTIER DE BELLEVILLE. 1983 : OUVERTURE D’UN RESTAURANT RUE DE LONGCHAMP, DANS LE 16E, FACE AU JAMIN DE JOËL ROBUCHON. 2002 : OUVERTURE DU PHO TAI, RUE PHILIBERT LUCOT, DANS LE 13e.


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LOISIRS

PAR MICHÈLE LION McNALLY —

Bon plan resto - Cacio e... Peppe !

MIAMMA MIA ! Ce ristorante haut en couleur est devenu la cantine italienne des journalistes du Monde. Chez Cacio e... Peppe! vous attendent un décor chaleureux, des assiettes authentiques et un patron enthousiaste, devenu amoureux du 13e.

D

epuis le métro Glacière, il vous faut remonter le boulevard Blanqui et, juste avant le siège du Monde, prendre rue de Vulpian sur la gauche. Dirigez-vous ensuite vers la jolie façade couleur brique à petits carreaux du restaurant. Son nom fait référence à une recette très simple, originaire du Latium – la région de Rome -, à base de pâtes, de fromage et de poivre : la cacio e pepe. Mais c’est aussi un clin d’œil du patron Ludovic Palomba adressé à son oncle Peppe qui est à ses côtés depuis la création de l’établissement voici cinq ans. L’accueil de Ludovic est des plus chaleureux, plus encore quand le soleil illumine la salle aux tons ocre et que les tables commencent à se remplir d’une clientèle d’habitués. « Americano, americano ! », entend-on les clients commander. Ici, tout est italien : boissons, nourriture sans oublier le patron, bien sûr, mi-Romain, mi-Sarde.

la Toscane, la Vénétie, les Pouilles, l’ÉmilieRomagne et la Sicile. Ne passez pas à côté de l’envoûtante burrata, un délicieux fromage de 300 grammes des Pouilles et son jambon cru à 19 euros : une très belle assiette gourmande.

Mais, comme il n’est nulle perfection en ce bas monde, nous avons connu une petite déception avec le dessert cappuccino al cucchiais, une crème cuite au café, assez fade, sans la saveur et la puissance que l’on aurait pu attendre.

RÉSOLUMENT « 13e »

Voici donc un bel endroit, sémillant et simple, à la cuisine ensoleillée et vibrante. La musique, également italienne, contribue également à la bonne ambiance de l’établissement, avec, entre autres, un album « Jazz al dente », produit par Bonsaï Music, label implanté dans le 13e. Et voilà qui signe définitivement la cohérence du lieu. Vous comprendrez alors les derniers mots du patron à mon départ : « Et vive le 13e ! »

Le rêve de Ludovic Palomba, celui d’ouvrir un restaurant à son image, s’est réalisé dans le 13e, sans préméditation ni calcul, mais par le fruit d’un concours de circonstances et d’une immédiate attraction : l’arrondissement l’a séduit sur-lechamp. Il s’y épanouit désormais en compagnie de son oncle Peppe, tantôt derrière le bar à prêter main forte, tantôt en Italie où il produit de l’huile d’olive - à l’honneur, cela va de soi, dans tous les plats de la maison. Le jeune chef, Michaele, natif de Toscane, a dès le début de l’entreprise pris les rênes de la cuisine. Le binôme formé par Ludovic et Michaele semble fonctionner à merveille.

ANDIAMO A ROMA ! Au déjeuner, une formule à 13,50 euros : en entrée, des grastini (très fines tranches de pain grillé arrosées d’huile d’olive) recouverts de tapenade, de crème de thon et tomate. Une introduction simple mais très goûteuse. Puis vient une belle assiette gourmande de pâtes à la lotte et aux courgettes, très équilibrée dans les saveurs, pouvant être accompagnée d’un verre de Bianco Salento de la région des Pouilles, fruité à souhait, au prix raisonnable de 3,50 euros. La carte est définitivement orientée vers des plats romains tels que la très typique queue de bœuf à la romaine (codda alla vaccinara), ainsi que d’étonnants raviolis farcis au poulpe (crestoni al polpo) accompagnés de pommes de terre à la tomate et aux herbes (patate alla marina) sans oublier, bien sûr, le vitello tonnato, une viande de veau cuite dans un bouillon, servie froide avec du thon. Pour les amateurs de poisson, il y a le tagliata di tonno, thon au sésame sauce balsamique, servi cru sur un lit de haricots blancs. Le soir, à la carte, compter entre 35 et 40 euros, vins compris. Ceux-ci mettent à l’honneur 48

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Le patron, Ludovic Palomba.

Cacio e... Peppe!, 16, rue Vulpian, 01.45.87.37.00 – Possibilité de réserver deux salles de 10 et 14 couverts pour les groupes.


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