Le 13 du Mois n°21

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N°21 13 Septembre → 13 Octobre | www.le13dumois.fr | En vente le 13 de chaque mois | 3,90 €

↓DOSSIER

FINI LES VACANCES

GALÈRE

Métro - Travaux - Bouchons - PV et autres joyeusetés

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Le plan com' d'un éditeur pour réussir la RENTRÉE LITTÉRAIRE

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Sur la trace des Yamakazi INSOLITE POMPES FUNÈBRES POUR CHIENS * BON PLAN RESTO LE PÈRE FÉCTO * SORTIES


SOMMAIRE

Septembre 2012 — www.le13dumois.fr

J

PHOTOREPORTAGE Libres comme l'air — p.28

J

INSOLITE

Mon chien est un homme comme tout le monde — p.46

MÉTRO I

Dans le terminus technique de la 14 — p.44

L BON PLAN RESTO Le Père Fécto — p.54

REPORTAGE J 4

Il était une fois une petite troupe de théâtre devenue grande — p.34


N°21 — SEPTEMBRE 2012 Édito Courriers Billet - Franck Évrard Billet - L'inconnu-e du 13 L'image du mois

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SOMMAIRE

03 06 43 57 58

POLITIQUE Entretien : Jean-Marie Le Guen Brèves

08 09

SOCIÉTÉ L’été dramatique des SDF vu par la Mie de Pain Les débuts laborieux du Conseil représentatif des Asiatiques de France

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CULTURE Rentrée littéraire chez Belfond : Autopsie d'un plan com' Sélection sorties

14 48

14 La rentrée littéraire 2012, c’est 646 romans français ou étrangers et presque autant de campagnes promotionnelles auprès des médias. Le 13 du Mois s’est rendu chez Belfond, l’un des nombreux éditeurs du 13e, pour y suivre la promotion d’un écrivain inconnu en France.

NOTRE DOSSIER

FINI LES VACANCES DE RETOUR

DANS LA

GALÈRE

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13e ŒIL Photoreportage : Des Yamakazi aux Olympiades Reportage : La compagnie des 3 Chardons

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PORTRAIT Pascal Abdourahamani, la fringue 100% Olympiades

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MÉTRO MON AMOUR, MA HAINE Dans l'atelier de maintenance de la 14

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INSOLITE Au bonheur des chiens

18 La rentrée parisienne donne l’impression de replonger dans une pétaudière : dans le métro, où les mauvaises odeurs et l’affluence n’ont pas disparu, comme sur la voirie, où pervenches, feux rouges et bouchons échauffent les nerfs. La rentrée en douceur n’existe pas, la preuve.

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LOISIRS Culture culinaire : Mangez du thé ! Bon plan resto : Le Père Fécto

52 54

BON PLAN Kit de survie pour pisser heureux

S’ABONNER COMMANDER LES ANCIENS NUMÉROS Photographie de couverture Mathieu Génon

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40 03 11

Responsable des achats dans un grand hôtel le jour, Pascal Abdourahamani est la nuit patron d’OKP, une toute jeune marque de streetwear. Sa griffe : l’esprit des Olympiades de sa jeunesse. 5


CULTURE

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Rentrée littéraire chez Belfond

AUTOPSIE PLAN COM’ D’UN

Par Virginie Tauzin Photographies : Sébastien Vixac

La rentrée littéraire 2012, c’est 646 romans français ou étrangers et presque autant de campagnes promotionnelles auprès des médias. Pour un article, une brève ou une simple citation, la stratégie de communication des maisons d’édition se révèle déterminante. Le 13 du Mois s’est rendu chez Belfond, l’un des nombreux éditeurs du 13e, pour y suivre la promotion d’un écrivain inconnu en France. Une stratégie bien étudiée sur fond de jeu de séduction entre attachés de presse et journalistes... 14


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L’

attachée de presse regarde sa montre. 12h30, il faut filer. Héctor Tobar a beau être en train de se livrer à une sympathique conversation lors d’un pot organisé en son honneur par Belfond, sa maison d’édition, il sait que l’agenda est serré. Prochaine étape : un déjeuner avec un critique littéraire du Figaro Magazine qu’il ne faut surtout pas faire attendre. L’auteur remercie chaleureusement pour l’accueil, le champagne, les « douze interviews en trois jours », et s’acquitte de sa tâche. Ces 2, 3 et 4 juillet, Héctor Tobar est en tournée à Paris pour promouvoir son roman. Printemps barbare ne sort que le 23 août mais, depuis plusieurs semaines déjà, Belfond prépare le terrain. En l’absence de ses têtes d’affiche, la maison mise sur cet Étasunien d’origine guatémaltèque totalement inconnu en France. Elle en fait même l’auteur phare de sa rentrée littéraire. Un cas de figure qui nécessite la mise en route d’une importante machine promotionnelle, orchestrée par le service de presse de la maison d’édition. Il faut dire que la stratégie n’est pas la même lorsque l’on sort un inconnu comme Tobar ou une vedette comme Murakami. L’année dernière, Belfond a eu l’ « aubaine » de publier le deuxième tome de la trilogie 1Q84 de l’écrivain japonais qu’elle édite depuis une dizaine d’années et dont chaque parution est un événement dans le monde littéraire. « Pour lui, nous n’avons pas besoin de faire de la pub, explique Brigitte Semler, attachée de presse chargée de la promotion de Murakami, mais davantage d’instaurer une stratégie visant à ne pas donner le livre à lire trop tôt aux journalistes, qui publieraient leurs articles bien avant la sortie. » UNE PORTE OUVERTE AUX OUTSIDERS Si ce n’est qu’il bénéficie de la « marque » et des moyens Belfond, Héctor Tobar, lui, part de zéro. Tout comme les quatre autres auteurs (voir encadré), également étrangers, que la maison d’édition a choisi de promouvoir pour cette rentrée littéraire. « Notre travail consiste à mettre un livre en valeur, poursuit Brigitte Semler, à faire en sorte qu’il se voie. » En d’autres termes, que Printemps barbare et les autres soient non seulement sur le bureau du critique littéraire, mais

CULTURE

Faute de Murakami cette année, Belfond mise sur un inconnu au-dessus des colonnes de livres qui l’encombrent. En jeu : une critique, une ligne dans les coups de cœur d’une rédaction, éventuellement une simple citation du titre de l’œuvre et du nom de l’éditeur. Car si rivaliser avec Roth, Djian, Ben Jelloun et leurs puissants bienfaiteurs Gallimard, Grasset ou Stock est, en termes de représentation médiatique, mission impossible, la porte reste tout de même ouverte aux outsiders, pourvu que l’on sache s’y prendre. La chose est entendue : réussir la promotion d’un auteur tient principalement au carnet d’adresse de son attaché de presse. Après l’envoi de l’ouvrage aux rédactions, en général dès le mois de juin - et ce dans l’ordre suivant : parutions mensuelles, hebdomadaires, pour finir par les quotidiens, les télés, les radios et les sites Internet -, viennent les premiers coups de téléphone et les premières invitations à déjeuner. Pour Brigitte Semler, qui affiche 22 années chez Belfond, « nous sommes là pour influencer les journalistes de façon intelligente et efficace, pour orienter leurs choix ». Au fil du temps, ses relations avec certains critiques sont devenues plus intimes : « Mieux les connaître est un atout, il sera ainsi plus facile de cibler leurs goûts. » Par exemple, Diane du Périer, l’attachée de presse en charge de la promotion de Printemps barbare qui relate le sort d’une domestique latino à Los Angeles, visait particulièrement une journaliste de L’Express : « Je savais qu’elle avait vécu au Mexique et que le livre pouvait l’intéresser. » Bingo : la critique et l’auteur se sont rencontrés lors de la tournée de Tobar, début juillet. HEUREUX JOURNALISTES QUI VOYAGENT GRÂCE AUX ÉDITEURS Si des journalistes, tel André Clavel, critique à Lire et à L’Express, refusent de se laisser influencer en faisant la connaissance des auteurs, Diane du Périer l’affirme : « Une rencontre → 15


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FINI LES VACANCES DE RETOUR

DANS LA

GALÈRE Par David Even, Jérémie Potée et Emmanuel Salloum Photographies : Mathieu Génon

La rentrée parisienne a ceci de pénible qu’elle donne l’impression de replonger dans une pétaudière : dans le métro, où les mauvaises odeurs et l’affluence n’ont pas disparu, comme sur la voirie, où pervenches, feux rouges et bouchons échauffent les nerfs, la capitale n’a pas changé d’un iota. La rentrée en douceur n’existe pas, la preuve.

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22,

REV’LÀ LES PERVENCHES

De 7h à 20h, le 13e est sillonné chaque jour par 90 ASP dont 70% sont des femmes. Elles ont pour mission de passer dans chaque rue au moins une fois le matin et l’après-midi. Environ cinq millions de PV sont dressés par an à Paris. Le pactole est empoché par la Mairie de Paris, qui les rémunère.

Avec la rentrée reprend une nouvelle saison de cueillette de prunes. Le 13 du Mois est allé arpenter les rues du 13e avec deux agents de surveillance de Paris (ASP), pour tenter de comprendre comment ces fonctionnaires mal-aimés accomplissent leur besogne.

L

a parenthèse enchantée est derrière nous. Si le mois d’août donne enfin l’occasion de pouvoir sortir sa voiture dans Paris sans nourrir l’odieuse machine à fric, à peine le temps de s’y habituer que septembre arrive déjà. Et le spectaculaire ballet des pervenches reprend pour une saison. Dans la capitale, la verbalisation des infractions de stationnement représente un véritable jeu du chat et de la souris, une guéguerre perpétuelle que

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se livrent fonctionnaires implacables et automobilistes près de leurs sous. Des bisbilles qui prennent souvent l’allure de psychodrame tant les ASP cristallisent toute la fureur des usagers de la route. Leur mauvaise réputation transparaît dans les sobriquets dont on les a toujours affublés : « aubergines » puis « pervenches » ou encore « lustucru » au gré de leurs changements d’uniforme. Et la haine qu’ils suscitent parfois se mesure aisément. On croise souvent ces

fonctionnaires de la ville de Paris violemment pris à partie par des contrevenants hurlant à l’injustice. IMPERMÉABLES AUX INSULTES « Ils râlent toujours, c’est normal, on leur prend de l’argent, témoigne Édith, ASP avec vingt ans de métier dans le 13e. Et les insultes, c’est notre quotidien. Au début, c’était difficile à supporter, mais, à force, on s’habitue. On se forge une carapace. » Il n’y a pas que les insultes. Au rayon des


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Le coup de gueule façon Le Parisien

Boulevard Saint-Marcel

Ces feux rouges qui rendent

« A

berrant », « épouvantable », « mal conçu », « pas pratique », « dangereux » : les usagers et commerçants du boulevard Saint-Marcel sont unanimes pour vomir la circulation dans cette rue unique en son genre, à la jonction du 13e et du 5e. Deux contre-allées, une double voie de bus et taxis d’un côté de la route, une double voie pour les voitures de l’autre, et une multitude de feux rouges. Dix, très exactement, entre les 850 mètres qui séparent les Gobelins de la Pitié-Salpêtrière. Pas la peine de passer la seconde, les feux ne sont pas coordonnés : il faut s’arrêter quasiment à chaque carrefour. D’où les bouchons incessants. « Les feux triphasés sont impossibles à synchroniser ! », explique Jérôme Coumet. À l’époque du projet, au début des années 2000, Denis Baupin est aux manettes de la voirie de Paris et Coumet est adjoint du 13e à la voirie. Il se souvient d’un débat houleux : « Nous avions deux choix possibles : casser tout, couper les

dingue !

arbres et aménager de façade à façade, ou bien conserver les arbres et les contre-allées. C’est ce que nous avons choisi, mais alors il n’y avait plus assez de place pour un couloir de bus de chaque côté, il fallait un couloir central unique. Et il y a eu un bras de fer avec la préfecture de police, qui a imposé une sécurité maximum à chaque carrefour, c’està-dire avec des feux à triple phase. » Le résultat est plus que mitigé. Les bus, eux, ont tout de même augmenté leur régularité de 50%. Mais les taxis râlent d’être « mariés » aux cars, qu’ils ne peuvent doubler. Les piétons critiquent les klaxons incessants et s’inquiètent du danger que représente une quatre-voies. Et les voitures rongent leur frein. « Il faut bien l’avouer, c’est un échec », reconnaît le maire du 13e. Pour autant, il ne faut rien espérer à court terme. Un projet de réaménagement du boulevard, esquissé depuis quelques années, a été définitivement enterré en janvier dernier en conseil de Paris. Patience… " E.M.

Marre des travaux ?

Delanoë vous exauce

E

n plein été, l’adjoint aux finances de Paris, Bernard Gaudillère, a demandé aux maires d’arrondissement de « limiter le nombre et l’importance des travaux de voirie », rapporte Le Parisien du 14 août. Officiellement, il s’agit de soulager des administrés fatigués par les gros chantiers de République ou du tram. Or, comme nous le rappelle le maire du 13e, Jérôme Coumet, une incitation similaire avait été émise à la veille des dernières municipales. Cette manière de « réduire la gêne des usagers », comme l’indique la missive reçue par les édiles locaux, permettra sans doute d’augmenter à proportion la bonne disposition des Parisiens à l’égard de l’équipe sortante. L’enveloppe budgétaire dédiée à la « rénovation des espaces publics » en prendra donc un coup. « Ce ne

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sont pas de petits travaux, nous indique Jérôme Coumet, on parle de chantiers qui peuvent flirter avec le million d’euros ». Parmi les travaux qui risquent de passer à la trappe, des engagements pris auprès des conseils de quartier le turlupinent au premier chef. En compensation, Jérôme Coumet envisage de reporter ces sommes au budget des parcs et jardins, à condition que l’argent reste disponible. À lire entre les lignes, il se pourrait que le report espéré subisse les conséquences d’un « contexte budgétaire particulier, qui succède à d’énormes chantiers de voirie ». Les maires d’arrondissement, reçus un par un en mairie centrale, sont donc en pleine négociation. Il s’agit pour eux de limiter la casse d’ici au 24 septembre, date du prochain conseil de Paris. " J.P.


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Tribune

RAS-LE-BOL du

« Grand Paris »

Voici le pavé dans la mare de jeunes urbanistes qui plaident pour un « Petit Paris ».

L’

Île-de-France est la plus pourrie de toutes nos régions. 200 000 personnes la quittent chaque année, soit un taux d’émigration nette considérable. Le plus élevé du pays, devant la Champagne-Ardenne. C’est dire la gravité de la situation. À ce niveau-là, on devrait plutôt parler de fuite ou d’exode. Pourtant, en dépit du bon sens, l’État a demandé à la fine fleur des architectes-urbanistes d’imaginer un Grand Paris. Une métropole à la croissance présumée viable, capable d’attirer toujours plus d’habitants et contrainte de construire toujours plus. Sans doute leurrés par un solde naturel exceptionnel et par l’arrivée massive de 18-30 ans sur Paris, qui font passer la métropole pour attractive, ces architectes-urbanistes ont relevé le défi. Preuve de l’ineptie ? Une fois repassé entre les mains des décideurs, il n’en est ressorti qu’un projet de super métro pour relier tout ce bouzin. Les stars de la profession ne se sont pas aventurées sur une autre voie, beaucoup plus cohérente avec la « répulsivité » de la métropole. Celle consistant à réduire la taille de notre capitale, à tendre vers un Petit Paris (mais pas celui de l’équipe MVRDV). PARIS PLUS PETIT, PARIS PLUS VIVABLE Paris est répulsif. Tout le monde le sait au fond de soi. N’avez-vous jamais rencontré un Parisien évoquant, comme premier atout de Paris, le fait de pouvoir voyager à son aise ? La première des qualités de Paris, c’est donc que l’on peut s’en barrer très facilement. Ce dont ne se privent d’ailleurs pas les Parisiens, qui n’aiment rien tant que de se tirer un week-end sur deux en Normandie ou dans les Alpes. Pour ceux condamnés à rester en Île-de-France, même le week-end, les urbanistes du Grand Paris ont proposé d’accueillir de nouveaux habitants avec

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Par Mathieu Zimmer et Florian Rodriguez, urbanistes (1) qui partager leur bonheur le samedi et le dimanche. Alors que pour beaucoup de gens, vivre mieux se traduirait plutôt par « ne pas avoir de voisins supplémentaires ». Comme si, au-delà d’un certain seuil, le trop-plein devenait contre-productif, en saturant des infrastructures, en générant encore plus d’emmerdes. Évidemment, ces gens ne connaissent rien aux subtilités de l’urbanisme. Sans doute comme nous, qui voulons réduire Paris pour le rendre plus vivable. Avec un mot d’ordre : arrêtons d’investir autant de pognon pour rendre un tout petit peu plus tolérable la vie de merde de millions de Franciliens. Utilisons-le plutôt pour gérer le rapetissement. PAUVRES PÉRIPARISIENS, PAUVRES JEUNES Les futures victimes du Grand Paris qui nous font le plus de peine sont ceux que l’on pourrait qualifier de « Périparisiens », ceux qui ne vivent guère qu’en banlieue et ne fréquentent jamais le Paris des cartes postales. En témoigne le film Tout ce qui brille, au synopsis effarant, qui décrit la ville de Puteaux comme une banlieue « populaire », où l’on a honte d’habiter et où l’on a la malchance de vivre « à 10 minutes de tout ». Bien que douteux, le scénario nous semble la parfaite démonstration que l’agglomération parisienne est une plaie pour l’immense majorité de ses habitants. D’où la question devenue notre leitmotiv : à quoi bon condamner à la vie parisienne encore plus de gens ? Une frange précise de la population symbolise l’absurdité de la situation : celle des jeunes de province qui sont les premiers à migrer vers l’Île-deFrance. Dans certains secteurs d’activité, c’est un passage obligé qui vous condamne à Paris pour 5 à 10 ans. Au nom d’un moyen détourné, « l’expérience professionnelle », on a trouvé la manière de désarmer cette classe d’âge indomptée en la


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Vox Populi

LA COMPLAINTE DU CYCLISTE Pour clore les hostilités, parlons vélo avec un cycliste local fort d’un demi-siècle d’expérience du pavé parisien.

« Dans les zones 30, nous cyclistes servons de boucliers humains pour faire ralentir les voitures ! »

«

Au début des années 70, j’ai dû arrêter de prendre mon anti-voiture a indéniablement décuplé le nombre de ces petites vélo, tellement c’était dangereux. Les automobilistes cylindrées désormais concurrentes supplémentaires dans la ouvraient volontairement leur portière au passage des bataille de la chaussée… et des trottoirs. Parce qu’un scooter ça se vélos, c’était la guerre entre nous », se souvient Jean- gare n’importe où - c’est d’ailleurs le côté pratique de la chose - et Claude Picard, citoyen hyper actif, bien connu des élus comme les parkings à vélo sont aussi rares à Paris qu’un faux plat comme des conseils de quartier. C’est que l’ancien prof de maths en dans la Beauce, tous se retrouvent posés au pied des immeubles, là connaît un sacré rayon sur la pratique du vélo à Paris. Cela fait 50 où devraient circuler les piétons. Voici le casse-tête de la gestion de ans qu’il pédale quotidiennement dans la capitale et n’hésite pas la voie publique : donner à l’un c’est piquer à l’autre. Sauf peut-être dans les nouvelles « zones 30 », où l’on a à faire entendre sa voix auprès des services compétents quand la donné aux vélos sans prendre aux voitures. Depuis deux ans, politique du vélo déraille. Aujourd’hui, la hache de guerre est en partie enterrée. L’homme les vélos peuvent ainsi progressivement circuler dans certaines rues en sens inverse avoue volontiers que la situades voitures, limitant du tion s’est améliorée. La chasse même coup la vitesse maxià l’auto menée par la Ville male de ces dernières à 30 depuis dix ans, le doublement km/h. du nombre de pistes cyclables plus de 370 km aujourd’hui - et Place d’Italie : C’est certainement ce qui se fait de mieux dans le La Ville croit tenir là l’idée du le système Vélib’ ont mis deux coin en termes de dangerosité. Si vous êtes téméraire et un brin siècle pour faire rouler tout le fois plus de vélos sur les routes. vététiste vous pouvez emprunter, à pleine vitesse obligatoirement, monde en même temps, aux Les automobilistes n’ont pas le rond-point central dont les pavés, rajoutés au flux désordonné mêmes endroits et moins vite. eu d’autre choix que de s’y des voitures, n’ont pas grand-chose à envier au parcours de Paris- Elle s’en félicite même sur son habituer. Conséquence directe : Roubaix. Les plus raisonnables se rabattront sur la piste cyclable site Internet : l’utilisation et moins d’accidents, mortels sur- « officielle » qui zigzague dangereusement entre voitures, passants, la satisfaction des utilisateurs seraient en hausse, et tout. Ainsi en 2010 à Paris, sur manège pour enfants ou le cortège des mariés devant la mairie. les 43 personnes décédées dans Le long du tram : L’idée d’aménager une piste cyclable le long du l’accidentologie minime. Jeanun accident de la circulation, tram des Maréchaux était excellente. Seulement, la transformer Claude Picard y voit surtout deux seulement étaient à vélo - en montagne russe l’était beaucoup moins. Pour permettre aux un moyen pervers pour limiter contre 18 à pied, 17 en scooter et voitures - encore reines ici - de circuler tranquillement entre leur la vitesse des voitures : « Les 6 en voiture. garage et la route, vous devrez sans cesse user du frein pour passer automobilistes ralentissent automatiquement en voyant les nombreux trottoirs. MOINS DE BAGNOLES, PLUS DE SCOOTS L’axe Charléty - 5e arrondissement : Où sont donc les pistes des vélos débouler en face « C’est bien beau d’avoir viré cyclables sur les rues de l’amiral Mouchez et de la Santé, pourtant d’eux. Facile après de dire que des milliers de voitures de suffisamment larges et surtout directes ? Au lieu de cela il faut c’est une zone 30. En fait nous Paris mais les gens ne se sont passer par des chemins détournés, deviner le parcours lorsque [les cyclistes, ndlr] servons de pas rabattus sur le vélo pour la signalisation disparaît subitement : rien que pour rejoindre la boucliers humains pour faire autant », grogne Jean-Claude place d’Italie, l’itinéraire conseillé passe par la Butte-aux-Cailles, le ralentir les voitures ! » Vu comme ça, mieux vaut mettre qui a désormais les scooters Tourmalet du 13e. un casque. " D.E. dans le viseur. La politique

C’EST LÀ QUE ÇA MOULINE

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LIBRES COMME L’AIR

Avec Bercy et la Défense, la dalle des Olympiades, grâce à ses reliefs de ciment, est un des trois spots les plus prisés de Paris pour le « parkour », pratique spectaculaire révélée au grand public par le film Yamakasi. Rencontre en images avec l’un de ces groupes d’acrobates qui s’émancipent de l’oppression urbaine par la maîtrise du béton.

Par Emmanuel Salloum Photographies Mathieu Génon

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13e ŒIL

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S

ur les hauteurs de la dalle des Olympiades, les riverains ne leur prêtent plus vraiment attention. Seuls les gamins qui les croisent s’arrêtent un instant. Ils font presque partie du paysage. On les rencontre en groupes, affublés de joggings amples et de baskets archi usées. Ce qui les différencie des autres bandes de jeunes squattant d’ordinaire la place, c’est l’intérieur de leurs mains, usé, sali, gonflé de callosités. Des mains de personnes âgées bien que certains d’entre eux ne dépassent pas la vingtaine. Des mains de « traceurs ». C’est comme cela que l’on appelle les adeptes du « parkour », également désigné par l’expression Art du déplacement (ADD) qui rend mieux compte de la dualité de cette étonnante activité à mi-chemin entre le sport et l’art. La valeur artistique, on la comprend en mesurant la fluidité des gestes. Toujours en mouvement, les traceurs évoluent dans le mobilier urbain avec une extrême élégance, une grâce qui les apparente à des danseurs. On oublierait presque qu’ils voltigent souvent loin, très loin du sol. La performance sportive vaut le détour : on ne parle pas de simplement sauter un barrière… Les meilleurs peuvent se hisser en haut d’un parapet deux fois plus haut qu’eux, bondissent de mur en mur parfois distants de plusieurs mètres, en profitent parfois pour finir sur un petit salto, pour le fun. La finalité : adapter ses mouvements au mobilier urbain pour être en mesure de franchir tous les obstacles sur sa route le plus rapidement et avec le plus de fluidité possible. →

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Les 3 Chardons / La Cachette

Il était une fois

Par Virginie Tauzin Photographies : Mathieu Génon

Avec ses livres, ses spectacles dans les écoles ou dans son théâtre de La Cachette, avenue d’Italie, la compagnie des 3 Chardons s’est construit une jolie place dans le milieu de la culture enfantine. C’est une entreprise efficace qui, depuis 40 ans, s’appuie sur un dispositif bien ficelé. En voici la recette.

une petite entreprise devenue grande...

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Lors de la représentation de Monsieur le Vent, en juin, la Cachette a fait salle comble.

R

oland Bouvet entre dans la pièce et lance, l’air embêté : « On va jouer dans un mouchoir de poche. » La salle est petite, mais le comédien en a vu d’autres, alors il ne s’agace pas pour si peu. Et il ne traîne pas : il faut dégager l’espace, disposer les bancs, filtrer la lumière et faire émerger L’Arbre roux des malles acheminées ce matin de la Cachette, dans le 13e arrondissement, jusqu’à cette école maternelle de Thiais, dans le Val-de-Marne. Il est 9 heures en cette fin d’année scolaire et, tandis que les petits impatients se mettent en rang dans le couloir, Roland Bouvet transforme en quelques minutes la pièce en théâtre, décors, personnages et éclairages calés au millimètre. Si la mécanique est aussi bien rodée, c’est que Roland Bouvet monte et démonte son décor deux fois par jour, dans deux écoles différentes. Ainsi va la vie de chacun des vingt-cinq comédiens de la compagnie des 3 Chardons : sillonner en solitaire les routes de France, quand ce ne sont pas celles de l’Europe ou du monde, pour jouer aux écoliers l’un des dix-neuf spectacles créés par la compagnie depuis 1973. Ici, pas d’équipe aux tâches bien réparties, mais un seul artiste, tout autant conteur et marionnettiste que monteur, régisseur et costumier. SPECTACLES, TOURNÉES ET PRODUITS DÉRIVÉS Pitou l’enfant-roi, Leïla et la baleine ou encore Anga fils du feu ont été joués des milliers de fois devant de petits spectateurs âgés de 2 à 8 ans, dans les écoles maternelles et primaires, ou à

13e ŒIL

la Cachette, cette salle de spectacle de 180 places ouverte il y a douze ans. Située dans le centre névralgique des 3 Chardons, vaste bâtiment du 124 avenue d’Italie, la Cachette accueille, les mercredis, samedis, dimanches et vacances scolaires, des centres de loisirs, des crèches ou des familles. Et pour compléter le tableau, chaque histoire se décline en livre accompagné d’un CD. « La Cachette est une vitrine, cela permet de faire connaître l’étendue de notre activité », indique Jean-Pierre Idatte, fondateur et directeur de la structure, mais aussi créateur des spectacles (voir encadré). Il défend depuis toujours un concept associant représentations intimistes et large diffusion. La capacité de la compagnie à se diversifier fait de La Cachette l’un des lieux culturels destinés à la jeunesse les plus connus de Paris. Il est de loin le plus fréquenté de l’arrondissement. Un succès fondé sur ces histoires indémodables aux messages humanistes qui mettent en scène enfants, animaux et forces de la nature. « Il y a quelques temps, alors que je jouais Pitou l’enfant-roi à La Cachette, j’ai entendu rire des trentenaires dans la salle, raconte le comédien Gérard Chevalier. À la fin du spectacle, ils sont venus me voir pour me dire qu’ils avaient grandi avec cette histoire. Aujourd’hui, ils la transmettent à leurs propres enfants. » DEUX ANS DE TRAVAIL POUR UN SPECTACLE Pour la saison 2012-2013, alors que quatre spectacles différents tourneront à la Cachette (1), Galou le Berger fera son grand retour dans les écoles de France et d’Europe. Pour relancer la machine après plusieurs années dans les cartons, décorateurs et comédiens s’activent. Sur scène, Gérard Chevalier pilote les répétitions. Figure historique des 3 Chardons, à la fois comédien et directeur artistique, il connaît parfaitement les rouages de chaque spectacle. « On ne s’en rend pas forcément compte, dit-il, mais → 35


PORTRAIT

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SES DATES

1963 Arrivée en France de ses parents depuis les Comores

1982 Naissance à Paris 13e sur le palier de son appartement des Olympiades

1994 Création de l’appellation Old Kings Partners (OKP)

2011 Lancement de la marque Old Kings Partners

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PORTRAIT

Pascal Abdourahamani

Coup de

griffe

Par Virginie Tauzin Photographie : Mathieu Génon

Responsable des achats dans un grand hôtel le jour, Pascal Abdourahamani est la nuit patron d’OKP, une toute jeune marque de streetwear. Sa griffe : l’esprit des Olympiades de sa jeunesse.

Old Kings Partners, bien avant d’être une marque de streetwear, est le nom que s’est donné cette bande de potes qui a grandi aux Olympiades, qui communiquait d’immeuble en immeuble en sifflant par-dessus la dalle

À l’occasion des 40 ans des Olympiades, Le 13 du Mois vous propose jusqu’à la fin de l’année une série de portraits dédiée aux habitants de la dalle. Le mois prochain, ce sera au tour du prix Goncourt Michel Host.

S

urprise au premier coup d’œil. Ce ne sont pas seulement les cent quatre-vingt douze centimètres et demi, il y tient - qui frappent, mais aussi le fait que sa bobine nous soit inconnue. Pascal Abdourahamani n’est pas spécialement célèbre, mais pour avoir visionné tout ce qu’Internet consacrait à sa marque de fringues, de la page Facebook aux clips vidéos, on s’attendait à voir débarquer l’un de ces gars qui s’en tapent cinq en arborant fièrement les tee-shirts OKP. Il a la carrure idoine mais le créateur de la marque se planque pour laisser à ses « frères » le soin de la personnifier devant les objectifs. OKP pour Old Kings Partners, qui signifie... « C’est un secret qui a trait à notre vécu aux Olympiades », lance Pascal Abdourahamani. Indice supplémentaire : « C’est par rapport à des histoires raciales, entre Noirs et Blancs. » L’expression sur son visage dit « stop », comme si une phrase de plus trahirait ce pacte entre copains. Car Old Kings Partners, bien avant d’être une marque de streetwear, est le nom que s’est donné en 1994 cette bande de potes née et grandie aux Olympiades, qui communiquait d’immeuble en immeuble en sifflant par-dessus la dalle. Et on ne peut être plus précis quand on dit que Pascal est né là : sa mère a accouché sur son palier. BASKETS ET CHAUSSURES POINTUES Au pied de la tour Grenoble, le jeune homme, 30 ans cette année, lève les yeux vers l’appartement qu’il a quitté il y a huit ans. Ses parents y sont arrivés en 1963, après un long périple depuis l’archipel des Comores. Sa mère vit toujours là, alors il passe souvent, salue ses anciens voisins, échange quelques mots avec la jeune génération, qui a pris la relève sur les bancs et dans les cages d’escalier. « Les jeunes m’appellent l’ancien maintenant, et quand ils me voient, ils me disent : “T’as réussi, toi”. » Il faut dire que le look américain qu’il nous propose, jeans noirs, grosses chaussures rouges de basketteur → 41


MÉTRO MON AMOUR,

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MA HAINE

Ligne 14

ÇA PASSE PAR LÀ OU ÇA CASSE Par Raphaëlle Peltier Photographies : Mathieu Génon

Toutes les rames de la ligne 14 sont entretenues dans un atelier souterrain high tech situé entre la station Olympiades et l’avenue d’Italie. Ici, pas d’erreur permise pour les techniciens, sous peine de gros dégâts.

Les rames de la 14 subissent un examen mensuel ultra minutieux : avec une vitesse de pointe de 80 km/h, le moindre pépin serait gravissime.

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A

u 97 de l’avenue d’Italie, seul un petit sigle de la RATP fixé à une porte de garage attenante à l’entrée d’un banal immeuble d’habitation peut mettre sur la piste de l’atelier souterrain. Une fois dans le hall, il faut prendre un ascenseur pour, cinq étages et trente mètres plus bas, se retrouver dans l’atelier de maintenance des rames de métro de la ligne 14, à quelques centaines de mètres de son terminus, la station Olympiades. Deux cents mètres de long, vingt de large, une hauteur sous plafond à donner le vertige, murs blancs barrés de lignes aux couleurs primaires, sols gris, lumière artificielle… L’ambiance est surréaliste. Si ce n’est pour les hits rock en fond sonore, les lieux ont tout d’une base secrète façon Roswell, Nouveau Mexique. DES VÉRIFICATIONS EN UN TEMPS RECORD À moins d’une panne nécessitant une intervention d’urgence, les vingt-et-une rames de la ligne 14 retrouvent l’atelier toutes les cinq semaines en moyenne pour la révision des 15 000 kilomètres. Les équipes de sept agents ont alors à peine quelques heures, entre 9 heures et 17 heures, pour venir à bout d’une check-list longue


INSOLITE

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MON CHIEN

EST UN HOMME COMME LES AUTRES

Tout est bon dans le toutou. Tellement bon que de nombreuses entreprises ont flairé le filon en investissant dans les services aux animaux de compagnie.

À

Par Raphaëlle Peltier Photographies : Mathieu Génon

la fin du mois d’août, au cimetière d’Asnières-surSeine, loin des regards, feu Pousse est mis en terre. Son maître, qui n’a pu se libérer, lui manque cruellement. Mais Pousse aura comme les autres sa petite sépulture pour qu’il vienne se recueillir. Asnières-sur-Seine abrite l’un des deux cimetières pour animaux d’Île-

Pour une incinération individuelle, la prestation peut atteindre les 300 euros, urne et convoi du domicile au crématorium compris. Pour une inhumation, elle peut facilement grimper jusqu’à 500 euros en pleine terre et 1 500 en caveau, avec transport et cercueil. de-France - l’autre est à Villepinte. Des espaces bien plus grands que de simples lopins de terre, et dont le coup d’œil peut 46

valoir son pesant de croquettes. Ici gisent en paix Qualie la tortue ou Mélanie du Petit Mas le yorkshire, mais aussi des cadors comme Rintintin, la vedette de ciné, ou Barry, le Saint-Bernard qui « sauva la vie à 40 personnes ». Il y a également le caniche Tipsy, dont la tombe a été profanée en début d’année pour un collier de diamants estimé à 9 000 euros que sa riche maîtresse aurait enterré avec lui... Chez les pompes funèbres Animémoire, dans le 13e arrondissement, l’inhumation coûte jusqu’à 500 euros en pleine terre et 1 500 en caveau. Les incinérations, plus fréquentes - une par jour en moyenne - sont facturées 300 euros. Le service comprend la fourniture de l’urne et le convoi du domicile à l’un des deux crématoriums spécialisés de la région situés à Nogent-sur-Marne et Guyancourt. Olivier Fu et Cédric Malin, les fondateurs, ont investi le marché pour répondre à une demande en croissance constante. Pour leurs clients, les bêtes sont des membres de la famille, voire des


LOISIRS

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En collaboration avec le blog culinaire de Philippe Bui Do Diep - www.canardumekong.com

Culture culinaire

ALORS,

ON SE LE MANGE,

CE

THÉ ? En Asie, les feuilles de thé peuvent se manger et servir d’aromates dans la préparation de nombreux plats. Tour de reconnaissance, recette à l’appui.

B

oisson millénaire devenue universelle, le thé est né en Chine. Sa consommation se répand rapidement dans tout le continent asiatique avant de toucher le reste de la planète à partir du 17e siècle. Pour souligner son importance dans son pays d’origine, rappelons le célèbre aphorisme de Wu Zimu, un écrivain chinois du 13e siècle : « Il y a huit denrées essentielles pour la vie d’une famille : le bois de chauffage, le riz, l’huile, le sel, le vin, la sauce de soja, le vinaigre et le thé. » Ce breuvage parfumé, légèrement astringent est obtenu à partir des feuilles d’un arbre, le théier, et il en existe plusieurs variétés selon leur fermentation. Seul le thé vert, la boisson de base, échappe à 52

ce traitement : ses feuilles sont séchées avant oxydation. VIETNAM, BIRMANIE, JAPON : LE THÉ À TOUTES LES SAUCES Dans la Birmanie voisine, le thé est même considéré comme de la nourriture lorsque les feuilles sont mises à mariner avec du vinaigre pour être ensuite incorporées dans une délicieuse salade parfumée, le laphet thoke. Dans certaines régions d’Asie, on consomme quelquefois les feuilles fraîches ou infusées en salade mais, généralement, le thé est plutôt perçu comme un aromate. Au Vietnam, on ajoutera quelques feuilles au poisson mijoté ca kho ou bien, comme au Japon, on mariera riz et thé vert.

EN CHINE, DU CANARD FUMÉ... AU THÉ, PARDI ! En Chine, c’est l’un des ingrédients principaux d’un plat de légende dans la province gourmande du Sichuan : le canard fumé au thé zhangcha. Nous allons vous en proposer une version simplifiée à base de poulet. Si, en France, le fumage est conçu davantage comme un moyen de conservation des aliments, en Chine cette technique est bien souvent utilisée pour obtenir des saveurs particulières en complément d’un autre mode de cuisson


LOISIRS

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Par Emmanuel Salloum

Bon plan resto - Le Père Fécto

L’Italie au bistrot peinarde

À deux pas de la place Jeanne d’Arc, ce troquet sert des plats de pâtes copieux à des prix imbattables. Moins de deux ans après son ouverture, jeunes et vieux s’y pressent et confèrent à l’endroit une atmosphère vraiment chaleureuse. À découvrir absolument.

A

vant que Didier François ne reprenne l’affaire, ça s’appelait « Le village ». Lui qui habitait le coin depuis quelques années, et avait auparavant écumé les bistrots d’ambiance de tout Paris, se désolait de ne pouvoir en trouver un digne de ce nom dans les alentours un peu mornes de la place Jeanne d’Arc. Ce sera le sien. Un troquet, un vrai, qui transpire la chaleur humaine et la bonne bouffe. Pour le nom, il en voulait

´ ÉTUDIANTS DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS AU BISTROT !

À n’en pas douter, l’arrivée du Père Fécto participe à la cure de rajeunissement en cours dans le 13e. En cette rentrée universitaire, nous le recommandons aux étudiants de Tolbiac et Diderot, puisque le bistrot se situe à mi-chemin des deux facs. Signalons l’existence de deux autres établissements du même acabit déjà distingués par nos soins : — L’Âge d’Or, rue du Docteur Magnan près de la fac de Tolbiac, lequel fait presque figure de doyen du genre malgré une poignée d’années d’existence. Certes, les prix sont plus chers - les assiettes sont aussi plus élaborées, les menus révisés chaque jour - et le décor un rien hype, mais la fraîcheur de l’accueil en fait un bistrot parfait pour tromper l’ennui entre deux cours. — Le Caminito Cabaret, rue du Dessous des Berges, un peu à l’écart des Grands Moulins. Ouvert il y a un an à peine, on y vient pour boire, manger ou voir un concert en sous-sol. Tout indiqué pour échapper aux grandes chaînes sans caractère qui règnent à Paris Rive-Gauche.

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Tous les détails dans nos bons plans restos en ligne sur www.le13dumois.fr

Didier, ex-steward reconverti en patron de bistrot et son cuistot, Ajanthan.

un qui évoque cet esprit de quartier. Mais « Le lien » était déjà pris. Alors il a fait primer son amour des motos anciennes, et le Père Fécto est né. Un bistrot, donc. Dans un angle de cette petite place coincée derrière les Olympiades, entre des immeubles pas franchement folichons, le Père Fécto détonne. Par l’enseigne, hommage à Jacques Tardi, dessinateur de BD qui réside dans le coin. Par la vitrine aussi, ornée de grands dessins en couleurs des personnages de Corto Maltese et Kebra. D’ailleurs, toute la déco respire la légèreté, depuis l’espace enfants jusqu’au bar, orné d’une large fresque en papier marouflé bigarrée où se côtoient mille personnages de comics. Bref, un îlot de fantaisie très reposant, idéal pour se mettre à l’aise. MILLE ET UNE PÂTES Puis on se met à table. Ici, pas de menu, on travaille à l’ardoise - « seule garantie de fraîcheur ! » -, qui affiche à chaque service cinq ou six plats différents. Bistrot oblige, on y sert un plat du jour « franchouillard », entendez un bon plat de chez mamie : un confit, une lasagne d’aubergine, une flammenküche, un poisson ou des fruits de mer le vendredi. Et puis la salade du jour, préparée « avec ce qu’il y a dans le frigo » mais non moins pantagruélique, manquant de déborder de l’assiette. Par exemple, aujourd’hui c’était jambon de pays, brie de



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