Le 13 du Mois n°15

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Février 2012 — www.le13dumois.fr

explique Isabelle, qui a accouché il y a trois ans et demi d’une petite Apolline et qui attend à 44 ans son deuxième enfant pour avril prochain : « C’est une relation à deux, et quand le bébé est là, à trois. Françoise est disponible à 100%. » UNE PHILOSOPHIE DE VIE Pour cette mère une naissance à la maison est « empreinte d’harmonie, de simplicité et de respect ». Elle apprécie aussi que cette démarche laisse selon elle une plus grande place au père « trop souvent intimidés en milieu hospitalier. Or, c’est très important d’être ensemble. » Le suivi se déroule en trois étapes : suivi prénatal, accouchement proprement dit et suivi post-natal, incluant la rééducation périnéale. Pendant la grossesse, les futurs parents

13e ŒIL

dates à l’accouchement à domicile. Une idée partagée par Chamssia, 23 ans, qui a accouché pour la deuxième fois avec Françoise fin janvier dans son appartement de Trappes. La jeune mère garde un souvenir « traumatisant de l’expérience impersonnelle de l’hôpital lors d’une précédente fausse couche et lorsque mon premier enfant risquait de naître prématurément. » UNE QUÊTE DE SENSATIONS Chamssia nous confie avoir beaucoup douté avant son premier accouchement à domicile : « Deux jours avant, j’ai pleuré, je me demandais si j’en étais capable. » Finalement, tout s’est bien passé, Françoise est arrivée juste à temps, après la perte des eaux. « En une matinée j’ai accouché. Finalement ce n’était pas plus grave que des règles

Les femmes peuvent accoucher sur le dos, accroupies, sur le côté ou encore dans une petite piscine gonflable emplie d’eau.

A

près avoir exercé dix ans en hôpital, Françoise Bardes a décidé il y a quinze ans d’accoucher les femmes à domicile, déçue par les « cadences » hospitalières qui empêchent de suivre les futures mères sur la durée et de « s’occuper correctement d’elles et de leurs enfants ». La sage-femme reçoit dans son cabinet de la rue de la Providence. L’ambiance y est feutrée et relaxante, propice aux confidences. « Ici on se sent en confiance. Notre relation avec Françoise ne s’établit pas autour d’un bureau, mais assis sur un canapé »,

se rendent au moins une fois par mois au cabinet de Françoise pour échanger pendant près d’une heure. Françoise observe que ses patientes n’ont « pas de profil sociologique particulier ». Elle suit aussi bien des patientes bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU) que des femmes plus aisées. Si des impératifs spirituels poussent certaines communautés religieuses - juives, musulmanes et protestantes - à faire appel à ses services, d’autres femmes, en revanche, y recourent par pure conviction. Ce sont des patientes qui considèrent leur corps et leur santé comme n’étant pas des objets médicaux et de fait, beaucoup de femmes, selon Françoise Bardes, déçues par le système hospitalier se tourneraient désormais vers elle. Aussi n’hésite-t-elle pas à qualifier l’hôpital « d’excellent pourvoyeur » de candi-

douloureuses », se souvient-elle. Qui dit accouchement à domicile, dit accouchement sans péridurale. Ces mères disent être à la recherche de sensations pour vivre « vraiment » leur accouchement : une vision très particulière de la parturition qui tend à faire de l’expérience de la douleur un progrès appréciable. La sage-femme est principalement là pour les assister et, finalement assez en retrait, elle se contente de les conseiller sur leur position favorite : sur le dos, accroupie, sur le côté ou encore dans une petite piscine gonflable emplie d’eau... À chacune sa position, cela permettrait de diminuer la douleur et les risques d’épisiotomie. Une fois l’enfant né, la sage-femme reste sur place plusieurs heures, toujours dans un souci de contrôle et de soutien. Elle reviendra les jours suivants pour s’assurer de la bonne santé de la mère et du nouveau-né. → 37


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