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Un soleil à Solidays
Solidays
SOLIDAYS FÊTE SES 25 ANS ET REMET AU CENTRE DES QUESTIONS L’ENGAGEMENT DE LA JEUNESSE. ET QUELLE ARTISTE AUTRE QUE KALIKA POUR INCARNER LA PROGRAMMATION ÉCLECTIQUE DU FESTIVAL PARISIEN QUI PERMET DE FINANCER DE NOMBREUX PROGRAMMES DE LUTTE CONTRE LE VIH ? ELLE EST UNE FEMME DE SON TEMPS, DROITE DANS SES BASKETS, QUI S’INSPIRE DE LA JEUNESSE ET QUI N’A PAS PEUR DE L’OUVRIR — UNE MANIÈRE PEUT-ÊTRE DE PRENDRE SA REVANCHE SUR LA PETITE FILLE EFFACÉE QU’ELLE ÉTAIT ET QUI RÊVAIT DÉJÀ EN GRAND. DANS ADIEU LES MONSTRES, SON PREMIER ALBUM PARU CE MOIS DE MAI, ELLE SE DÉBARRASSE DE SES DÉMONS, S’ÉMANCIPE ET FÉDÈRE LES MARGINAUX… ET LES AUTRES.
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CETTE ANNÉE,
ADIEU LES MONSTRES ABORDE LE HARCÈLEMENT, LA MORT, L’AMOUR TOXIQUE… UNE MANIÈRE DE VERBALISER LES PROBLÈMES POUR MIEUX LES ACCEPTER ?
Une manière en tout cas de crever l’abcès, casser le tabou, se réapproprier ses souvenirs, les raconter à sa façon et les transformer en quelque chose de beau. C’est aussi pour se sentir moins seule parce qu’on n’ose pas parler des choses intimes et après coup on se retrouve avec des gens qui ont des expériences de vie similaires, ce qui prouve qu’on a les mêmes problèmes, on peut s’entraider et c’est cool.
C’EST UNE PARTIE MALHEUREUSE DE TON ENFANCE QUE TU ESSAIES DE LAISSER DERRIÈRE TOI AVEC CE DISQUE ?
C’est un pansement que j’essaie de mettre sur cette partie de ma vie, c’est cathartique. Pendant toute mon enfance, je n’ai pu prendre aucune place, c’étaient mes parents et ma famille qui la prenaient, je n’avais pas le droit de l’ouvrir, je devais m’adapter. Ce disque est un retour de bâton, à mon tour de l’ouvrir et de m’imposer !
DANS “SARAH ET STÉPHANE”, TU CHANTES L’AMOUR PASSIONNEL ET VIOLENT DE TES PARENTS. COMMENT ON GRANDIT ET COMMENT ON SE CONSTRUIT UNE IDENTITÉ EN TANT QUE PETITE FILLE DANS CET ENVIRONNEMENT ?
Ça a été compliqué, je n’avais pas vraiment d’identité, elle était un point d’interrogation. J’étais un tampon entre mes parents, je ne pensais pas à moi, les seuls moments où je me retrouvais c’était quand j’écrivais dans mon journal intime, que je chantais ou que je dansais. C’est à mes 18 ans, quand j’ai quitté ma famille et que j’ai fait une dépression, que j’ai découvert qui j’étais. Mais en relisant mon journal intime récemment, je me suis rendu compte que j’avais déjà un sale caractère et que ça avait réveillé mon côté féministe : la manière de mon père de se comporter avec ma mère me révoltait déjà ! Je pense aussi à ma grand-mère avec qui j’ai passé beaucoup de temps, qui était une femme très indépendante, elle a eu 3 maris et 50 mecs, elle a été patronne de bar, je faisais les marchés avec elle, elle m’a appris à vendre tout et n’importe quoi, des strings, des roses, du fromage… Ça a forgé qui je suis devenue, j’étais timide et elle voulait que je m’exprime et que je me connecte aux autres.
C’EST UNE FORCE AUJOURD’HUI D’ÊTRE UN PETIT MONSTRE, D’ÊTRE EN MARGE ?
Quand le démon est dompté, oui, parce que j’ai des choses à dire et de l’expérience de vie qui font que je me sens comme une fucking guerrière et que personne ne peut m’atteindre. Et parfois je retombe dans mes problèmes, parce que les traumas restent pour toujours même quand on pense être guérie. Mon challenge, c’est de les transformer et que ça devienne ma propre matière. C’est ça la résilience totale, ce que je fais à travers mon art.
TU RÊVAIS DE QUOI QUAND TU ÉTAIS PETITE ?
Justement je faisais beaucoup de cauchemars avec des monstres, je n’arrivais pas à dormir, j’avais toujours peur que ça dérape alors je restais éveillée pour que ma mère aille bien. C’est resté aujourd’hui, si je suis seule je ne m’endors que quand le soleil se lève parce que la nuit me fait peur. Sinon, quand j’étais petite je voulais être une popstar, je mettais la musique à fond, je chantais du Britney Spears ou du Shakira, je me dessinais des tenues… C’est toute cette petite zone créative qui me sauvait du réel.
ADIEU LES MONSTRES / CINQ7
Kalika Retrouver Solidays
DU 23 AU 25 JUIN 2023
SOLIDAYS.ORG
