Le Défi Quotidien - Vendredi 18 octobre 2013
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47. C’est le nombre de dépositions qui ont été consignées contre Rama Valayden à la police. Entre l’affaire Kaya, en passant par ses prises de position sur la dépénalisation du gandia, l’ancien Attorney General est un homme qui ne finit jamais de faire parler de lui.
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Thierry Laurent - t.laurent@defimedia.info
n politicien en avance sur son temps ». C’est en ces termes que feu père Henri Souchon décrivait Rama Valayden. Ses prises de position – aussi révolutionnaires qu’elles pouvaient l’être – n’ont jamais fait l’unanimité. Que ce soit sur la dépénalisation de la sodomie ou du cannabis, l’enfant terrible de Stanley – ainsi le surnomme-t-on dans son entourage – aura à maintes reprises défrayé la chronique. C’est très tôt que Rama Valayden s’engage socialement et politiquement. Il se laisse gagner par la contagieuse fièvre mauve des années 70 et se positionne au premier front lors de la grève estudiantine de 1975. Parallèlement, il s’engage pour d’autres causes, à l’instar de la création de l’Office municipal d’animation globale (OMAG) dans la ville de Beau-Bassin/Rose-Hill, le but étant de promouvoir le sport auprès des jeunes de la ville. Années 80. Rama Valayden, il s’envole pour Londres pour entamer des études en droit. De retour à Maurice, c’est aux côtés de sir Gaëtan Duval qu’il entame son apprentissage. Le premier tournant de sa vie politique sera la création du Mouvement Républicain (MR), le 23 août 1996. Au cours de la même année, il surprendra toute la sphère politique lors des élections municipales. Il vient quelque peu bousculer la suprématie du Mouvement Militant Mauricien (MMM) en se faisant élire dans l’arrondissement de Stanley. Score finale : 23-1, Rama Valayden sera le seul conseiller municipal de l’Opposition face à la machine mauve. Commence alors l’animosité Valayden-MMM.
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Rama Valayden, ce sont surtout ses prises de position sur de nombreux sujets sensibles ou tabous. Il évoque le sida, un danger qu’il juge imminent à Maurice, encourage la population à utiliser les préservatifs. « Ce qui lui aura valu le sobriquet de Capote Boy », se souvient Varen Andee, un de ses proches. « J’ai également été l’une des premières personnes à évoquer le droit de vote à 16 ans », confie l’ancien Attorney General. Son nom est aujourd’hui indissociablement lié à l’affaire Kaya, le chanteur arrêté pour avoir admis avoir fumé du gandia lors d’un concert pour la dépénalisation de cette herbe en 1999. Concert organisé par le MR. Kaya fut arrêté quelques jours plus tard. Il mourra en cellule policière le 19 février. « Mais il est faux de dire que c’est la faute à Rama Valayden», martèle Varen Andee. « Nous avions à l’époque réuni l’argent de la caution, mais nous n’avions pu la régler, la faute aux lenteurs administratives », se défend-il. La mort de Kaya provoquera peu après les tragiques émeutes de 1999. Un rapport rédigé par le juge Kishore Matadeen sur
LE MR BLÂMÉ
Cet homme ne laisse pas indifférent. ces émeutes avait sévèrement blâmé le MR. Nous voilà dans les années 2000. Le MR a, entretemps, sympathisé avec le Mouvement socialiste militant (MSM). Son leader nourrit l’espoir d’obtenir une investiture dans la circonscription No 17 (Curepipe/Midlands) sous la bannière de l’alliance MSM/MMM. Hélas, Paul Bérenger impose son veto, nous confie VarenAndee. Sunil Dowarkassing est du coup préféré à Rama Valayden. Cette décision entraînera par la même occasion un rapprochement MR-PTr en 2001. Rama Valayden gagne la confiance du leader des rouges, Navin Ramgoolam, qui lui offrira un ticket en 2005 dans la circonscription No19 (Stanley/Rose-Hill). Certes, il se fera battre mais sera tout de même nommé Attorney General. Son passage ne passera pas inaperçu tant pour des réformes novatrices que pour des déclarations controversées. On se souvient de sa prise de position contre la force policière. Il avait notamment déclaré que ce sont « les créoles qui sont les plus souvent victimes de brutalités policières », ou encore de sa déclaration : « Lorsque les policiers aperçoivent un rasta, ils croient voir enn pied gandia ». De son mandat d’Attorney General, on retiendra également l’affaire Subutex, qui impliquait Cindy Legallant et Sada Curpen. Son appel téléphonique aux autorités policières, pour venir en aide au bouncer Bernard Joly, également soupçonné de complicité, avait provoqué l’ire des membres du
IL DEVIENT ATTORNEY
MMM, en particulier celui de Paul Bérenger.Attaqué de toutes parts, Rama Valayden finira par soumettre sa lettre de démission au Premier ministre. Navin Ramgoolam finira toutefois par le convaincre de demeurer à son poste. C’est en 2010 que Rama Valayden subira les conséquences de ces propos. Il se fait battre à plate couture lors des élections dans la circonscription No 19. « Il était persuadé d’avoir abattu un bon travail et était confiant d’être élu. J’ai pourtant tenté de l’en dissuader et de renoncer, mais Rama, c’est aussi un grand naïf », admet Varen Andee. Blessé politiquement, il prend ses distances. Il dissout le MR - intégré au PMXD qui redeviendra le PMSD - et prend un congé sabbatique. L’avocat se consacrera exclusivement à sa profession. Retour gagnant.Après sept semaines de procès dans l’afaire de l’assassinat de l’Irlandaise Michaela Harte, le jury relaxera à l’unanimité Avinash Treebhowoon et Sandip Moneea, défendus par Me Valayden. Un jugement qui serait la cause de tous ses maux aujourd’hui. « Ce jugement est-il la source de mes ennus aujourd’hui?», se demande-t-il. En 2013, Me Valayden fait de nouveau parler de lui après la rédaction d’un rapport intitulé « Wrongfully Convicted ». Ce document de 213 pages, fruit de six mois d’enquête, démontrerait l’innocence d’Abdool Naseeb Keramuth, Shafick Nawoo et des frères Sumodhee Sheik Imran et Khaleel Oudeen. Ces derniers purgent une peine de 45 ans de prison depuis novembre 2011, pour l’incendie de la maison de jeu L’Amicale.