Le Défi Quotidien 912

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Economie Supplément

Le Défi Quotidien - Mercredi 16 octobre 2013

OPINION

YASH RAMCHURN :

« Avancez l’âge de la retraite pour libérer les postes »

P

our Yash Ramchurn, Chairman de Smart Mauritius, les jeunes se sentent très concernés par les défis économiques auxquels l’île Maurice fait face actuellement, car les décisions prises aujourd’hui affecteront leur futur. « Le Budget national donne une indication de la qualité de la vie à venir. Pour moi, la jeunesse, l’éducation, l’emploi, la justice, la sécurité et l’éradication de la pauvreté doivent être les priorités du Budget 2014 », dit-il. Il avance qu’il faut aussi développer davantage le secteur informatique, à travers des mesures incitatives et encourager le partenariat public-privé. « Nous avons un taux élevé du chômage et un déficit budgétaire. Il est donc important de

restaurer la confiance parmi les acteurs économiques, les investisseurs et les entrepreneurs. Je propose que l’âge de la retraite soit rétabli à 60 ans afin de libérer des postes au profit des jeunes. Notre société regorge de jeunes talents et de jeunes intellectuels et on doit pouvoir les intégrer dans la vie économique en leur offrant toutes les conditions nécessaires », poursuit-il. « Le nombre de bourses octroyées aux étudiants pauvres doit être augmenté. » Il conclut que la politique et l’économie sont étroitement liées. « Bien que ce gouvernement n’est pas 100 % parfait, on espère que ses actions portent des fruits incessamment. »

Ameeksha Devi Dilchand.

Ashutosh Khemraz.

de rivaliser entre eux. » Au sujet de l’exportation et du tourisme, elle pense que le Budget 2014 annoncera plus de mesures pour encourager l’exploitation des marchés émergents comme la Chine et l’Asie. Finalement, elle estime que le projet d’État-océan deviendra un pilier économique important si on arrive à le faire décoller. « La République de Maurice contient plus de mer que de terre. Par conséquent, l’« ocean economy » a un fort potentiel. Pour être en mesure d’exploiter pleinement ce secteur, il est impératif que nous identifions des personnes hautement qualifiées pour gérer ces dossiers. Cela aura un grand impact positif sur d’autres activités, par exemple le port, l’aquaculture et la pêche. La sensibilisation de la population mauricienne a déjà commencé en attendant une bonne planification et exécution des projets. Le Budget doit prévoir des mesures pour un bon partenariat entre le secteur privé et le secteur public de sorte que l’économie de l’océan devienne une réussite. »

Zohra Gunglee.

Zuleikha Abbasakoor.

AMEEKSHA DEVI DILCHAND :

« Quel que soit le Budget, chaque famille doit voir ses priorités »

L

a Miss Mauritius 2011, Ameeksha Devi Dilchand, pense qu’un exercice budgétaire ne peut tout régler. « C’est impossible de rendre tout le monde heureux, ou de satisfaire plusieurs objectifs à la fois. C’est la même situation à travers le monde, et la crise économique globale n’arrange pas les choses. Il est vrai que les gens craignent que la situation s’empire, d’où la nécessité de définir ses priorités. Par exemple, au niveau des dépenses, nous devrons donner priorité aux nécessités de base, ensuite les produits de luxe. Je souhaite surtout qu’il n’y ait pas une escalade de prix après le Budget. »

La tragédie de nos jeunes gradués

Ils sont nombreux les gradués chômeurs qui ont voulu saisir l’occasion pour s’exprimer. Il est intéressant de noter que ces jeunes n’ont pas vraiment de grandes attentes, certains semblent même coupés de la réalité quotidienne. Ils ne veulent pas nécessairement des subsides ou des gratuités, leur souci premier étant de trouver un job. Las d’attendre un emploi approprié, équivalant à leurs qualifications, et récompensant les années d’efforts et de sacrifices, certains ont fini par accepter des menus boulots comme télé-agent, secrétaire administratif ou vendeuse de magasin. D’autres se sont inscrits pour des études avancées, histoire de reporter leur arrivée sur le marché du travail, tout en espérant d’augmenter leurs chances en obtenant d’autres diplômes. Malgré l’existence des programmes comme le YEP (Youth Employment programme) ou le STMP (Service to Mauritius Programme), certains jeunes peinent à se faire embaucher. Ils semblent aussi que des employeurs sont réticents à employer des gradués pour des jobs destinés à des ‘HSC holders’. Du coup, certains gradués évitent de mentionner leurs diplômes sur leur CV quand ils postulent pour des postes pour lesquels ils sont ‘overqualified’. À la question pourquoi ils ne se laissent pas tenter par l’entrepreneuriat, en profitant des nombreuses facilités mises à leur disposition par l’État, à savoir le MBGS (Mauritius Business Growth Scheme) ou les services de la SMEDA, du BoI ou d’EM, ils indiquent qu’ils ont été formés pour être employés et non pas pour entreprendre, n’ayant aucune notion de création d’entreprise. La situation risque de se corser davantage avec l’arrivée d’autres gradués produits par la soixantaine d’institutions tertiaires nouvellement implantées à travers le pays et les futurs étudiants étrangers ayant le droit de travailler à temps partiel. De quoi donner un frisson au tandem Duval-Manraj pour répondre aux aspirations de ces jeunes, inquiets de leur sort. L’autre point relevé par nos interlocuteurs est le fait que des personnes ayant atteint l’âge de la retraite sont maintenues en poste, ce qui offre peu d’opportunités aux jeunes talents. Des jeunes ont émis certaines idées si innovantes à faire pâlir nos institutions de promotion. Une analyse de certaines réponses révèle également un sentiment de frustration parmi des jeunes, à l’instar de celui qui a dit que « de nos jours, nul besoin d’un diplôme ou d’études supérieurs pour progresser. J’ai passé toute ma vie à apprendre, à courir pour les leçons particulières du CPE, du secondaire, puis suivi des cours tertiaires pour ensuite me contenter d’un job moyen, alors que certains, sans sacrifice aucun, se sont vus propulser à d’importantes postes de responsabilités ou encore obtenu des facilités grâce à leurs bons carnets d’adresses… » À bon entendeur… Shaffick Hamuth


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