Lcff magazine n°46

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Agence O Cédille - Photo © Getty Images

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La chaîne culturelle francophone mondiale


Édito

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Florence Teste, rédactrice en chef

En ces temps de grands bouleversements, sources de tant d’inquiétude et d’insécurité, on assiste partout dans le monde à un retour à des valeurs ancestrales. Un moyen de retourner à l’ «Ancien temps», le temps où, parce que nous étions des enfants, nous nous sentions sereins face à un avenir qui apparaissait plein de promesses, accompagnés par des façons de vivre et de penser qui avaient fait leurs preuves et qui semblaient immuables et sécurisantes. Aujourd’hui, les centres d’attraction ont changé : d’une opposition est-ouest, nous sommes passés à un antagonisme nord-sud ; les guerres, même si elles ne portent pas clairement ce nom, sont devenues des guerres de religion ; l’écart entre les riches et les pauvres s’accroît tous les jours ; et la planète sur laquelle nous vivons se révèle plus fragile que ce que l’on croyait devant les agressions que l’Homme fait subir à son eau, à son air, à ses animaux, à ses forêts. Ce sont ces (tristes) constatations qui nous ont donné envie de vous proposer un numéro sur les traditions. Ce retour aux sources vous permettra de connaître les comptines que tous les enfants français chantent, de cuisiner les légumes d’antan, ainsi que les escargots et les grenouilles. Vous en apprendrez plus sur la façon dont nous célébrons les armistices des deux Guerres mondiales, sur les grandes orgues qui ornent beaucoup de nos églises, sur les sports traditionnels du Pays basque. Vous visiterez le Berry et l’Ukraine. Enfin, vous apprécierez les traditions qui nous tiennent à cœur et lirez des légendes qui viennent de Belgique et du nord de la France. Le mois prochain, nous vous réservons un numéro sur le sport. N’oubliez pas que les pages de notre rubrique Correspondants sont ouvertes à tous ceux qui ont envie d’écrire en français afin de partager leurs centres d’intérêt avec nos cent mille lecteurs mensuels dans deux cent trois pays à travers le monde. Bonne lecture !

LES GRANDES ORGUES MUSIQUE

UN CONTE DE NOËL CINÉMA

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LA FABRIQUE DU MONDE

LITTÉRATURE FRANCOPHONE

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une touche de magie pour votre sapin de NoĂŤl !

Š2016 Disney


LAROUSSE

AVOIR MAILLE À PARTIR AVEC QUELQU’UN LIVRE

LE TOUR DE FRANCE SOCIÉTÉ

A L’ÉCOLE D’ANTAN

TOURISME

LE BERRY, UN SECRET BIEN GARDÉ SPORT

LA FORCE BASQUE

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IMAGIER

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CONTES

LÉGENDES DU NORD CHANSON

LES CHANSONS ENFANTINES TV5 MONDE

APPOLONIA AGITOX CUISINE

ESCARGOTS ET GRENOUILLES

JEUX

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RÉALISER UN PHOTO-REPORTAGE PHOTO

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LES FÊTES

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HISTOIRE

LES CÉLÉBRATIONS DES ARMISTICES DES DEUX GUERRES

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LES TRADITIONS EN FRANCE VIVRE EN FRANCE

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LA VINOK UKRAINIENNE

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TRADITIONS

Les articLes sont adaptés à des niveaux B1 à c2. La difficuLté de L’articLe est représentée par Le pictogramme en forme de Livre en haut de La page.

Les

articLes qui comportent ce

pictogramme existent en version audio

LE GRAND RETOUR DES LÉGUMES D’ANTAN PRODUIT RÉGIONAL


© MBZT

Les grandes orgues Musique Connaissez-vous en français un mot qui est masculin au singulier et féminin au pluriel ? Il y en a seulement trois dans toute la langue française (heureusement !) : délice, amour et orgue. C’est ce dernier qui nous intéresse aujourd’hui car il a une place non négligeable dans la musique que l’on peut écouter dans de nombreuses églises en France.

© BastienM

Qui, en visitant une église, n’est pas resté admiratif en regardant une grande façade souvent haut perchée, garnie de majestueux tuyaux savamment alignés ? Les façades des orgues sont magnifiques et lorsque l’instrument joue, le plaisir devient complet. Laissez-moi vous expliquer comment il est fait : un buffet1 composé de dizaines de tuyaux, une soufflerie et une console, lieu où se trouvent toutes les commandes ainsi que les claviers. Le buffet peut se

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trouver posé en « tribune » ou accroché en « nid d’hirondelle » ; il est souvent composé d’une grande façade de grands tuyaux à laquelle est rattaché un buffet plus petit. Parfois au pied des tuyaux de la grande façade, se trouvent d’autres tuyaux disposés en éventail et à l’horizontale : on les appelle tuyaux de chamade2, ce sont généralement des jeux d’anches3, trompette ou clairon selon leur longueur. Ils permettent de donner un son plus percutant. Les artisans qui ont édifié ces instruments sont des « facteurs d’orgues ». L’Europe possède un patrimoine exceptionnel de grandes orgues. Les pays les mieux fournis sont l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie mais on en trouve aussi ailleurs, y compris dans les deux Amériques. En France, on trouve des instruments datant du XVIe siècle jusqu’aux constructions les plus contemporaines. On peut classer les orgues en quatre grandes catégories qui suivent la chronologie. Tout d’abord, les orgues classiques, de taille moyenne, possèdent une composition sonore équilibrée et leur fonctionnement est uniquement mécanique. Les sonorités sont très typées. Ils datent principalement des XVIe et XVIIe siècles. Il faut par exemple voir les orgues de Saint-Germain-en-Laye (orgue Clicquot, joué par la dynastie du célèbre François


Si les orgues ont servi le culte dans les églises, les salles de concert apprécient d’avoir de tels instruments. On peut d’ailleurs en voir dans de nouvelles salles, comme celle de la Philharmonie de Paris, l’auditorium de Radio-France, ou encore l’auditorium Maurice Ravel de Lyon.

© Jean-Pierre Dalbéra

Couperin) ; et celles de Saint-Maximin-en-Provence (orgue Isnard, d’un modèle typiquement conforme à la description faite dans L’art du facteur d’orgue, le livre du moine bénédictin Dom Bedos de Celle, qui est une sorte de bible pour les spécialistes). Les orgues symphoniques, ou romantiques, proposent une composition de timbres4 rappelant la masse sonore de l’orchestre. On peut appeler des groupes de timbres ou « jeux » par une seule commande. Leur fonctionnement peut être assisté par une machinerie pneumatique ou électro-pneumatique. Ils datent du XIXe siècle. Cette époque a été fortement marquée par le facteur d’orgue Aristide Cavaillé-Coll : à Paris, la cathédrale Notre-Dame-deParis et l’église Saint-Sulpice ; à Marseille, l’église Saint-Joseph ; ou encore à Toulouse, la basilique Saint-Sernin. Les orgues néoclassiques, elles, disposent leur composition dans le but de corriger les excès de l’orgue symphonique en revenant à l’orgue classique mais elles gardent la possibilité de jouer les œuvres romantiques. Leurs commandes peuvent être électropneumatiques ou électriques. Il s’agit plutôt d’instruments du XXe siècle. On les trouve par exemple dans les cathédrales de Reims et de Chartres. Enfin, les orgues contemporaines peuvent jouer tous les styles mais avec un retour à la traction mécanique pour les touches des claviers et des commandes électriques ou assistées par ordinateur pour appeler les jeux. Les buffets abandonnent la boiserie5 traditionnelle pour laisser voir les rangées de tuyaux. La traction est électrique, permettant ainsi le déplacement de la console qui peut alors être vue du public lors des concerts. Un dispositif informatique permet d’enregistrer à l’avance les diverses combinaisons de timbres que l’organiste appelle d’un simple appui sur un bouton.

En dehors des concerts, on peut entendre résonner ces instruments lors des offices religieux. Les enregistrements sur CD sont nombreux de la part d’interprètes talentueux et variés qui remettent parfois au goût du jour6 des compositeurs oubliés ou méconnus pour le plus grand plaisir des mélomanes. Gageons7 que, lors vos prochaines visites, vous verrez ces grandes orgues d’un autre œil … !

Lexique

MT

1. buffet (n. m.s.) : meuble en boiserie qui contient les tuyaux et

4. timbres (n. m.p.) : types de sons différents

l’ensemble de la mécanique

5. boiserie (n. f.s.) : meuble en bois

2. chamade (n. f.s.) : roulement de tambour

6. au goût du jour : à la mode

3. anches (n. f.p.) : lamelles qui produisent le son de certains instruments

7. gageons (v. gager) : parions, soyons sûrs

à vent

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© Les Films de Mon Oncle

Un conte de Noël Arnaud Despleschin Cinéma Ce mois-ci sur le thème des traditions, j’ai sélectionné pour vous un film qui montre les fêtes de Noël. Bien entendu, ils sont nombreux ! Mais le film Un conte de Noël, de Arnaud Despleschin, nous montre comment une famille bourgeoise de Roubaix, les Vuillard, respecte les traditions… à sa manière !

Ivan, son mari, se connaissent réellement depuis l’enfance ; ils ont vécu et travaillé ensemble quand ils étaient de jeunes adultes. Et puis il y a le couple d’acteurs Mathieu Amalric (Henri) et Emmanuelle Devos (Faunia, son amie) qui ont l’habitude de jouer ensemble depuis leur premier film avec A. Desplechin, Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle), en 1996. Quand on sait cela, le jeu est plus attachant et on comprend pourquoi il est si élaboré1 !

Tout d’abord, ce film sorti en 2008 respecte une première tradition : il rassemble une famille d’acteurs, c’est-à dire des personnes qui se connaissent, qui ont l’habitude de jouer ensemble, un peu dans la tradition des acteurs de théâtre du siècle dernier. En effet, Chiara Mastroianni (elle est la fille de Marcello Mastroianni et de Catherine Deneuve, également actrice dans ce film), qui interprète Sylvia, et Melvil Poupaud, qui est

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© JC Lother- Why Not Productions

Comme je vous l’ai déjà dit, la famille Vuillard respecte une grande partie des traditions de Noël mais à sa façon : Une tradition païenne2 : le sapin de Noël ! C’est Sylvia et son futur amant, Simon, le cousin d’Ivan, qui apportent le sapin ensemble dans la maison. C’est Henri et le même cousin qui le décorent en parlant d’un sujet dramatique : Henri voudrait savoir pourquoi sa sœur, Elisabeth Dédalus, le déteste et pourquoi elle l’a chassé de la famille.


Une famille déchirée par le conflit se retrouve et se soutient pour sauver l’un de ses membres, un

© JC Lother- Why Not Productions

Des traditions catholiques : la messe de minuit ! Paul y va avec Henri, son oncle, qu’il suit partout et Junon, sa grand-mère ; ils discutent des évangiles comme on parle de littérature, on se demande s’ils sont vraiment catholiques ! Les enfants d’Ivan et de Sylvia attendent avec impatience que le « petit Jésus » arrive dans la crèche3… Mais ils ne sont pas étonnés quand leur père dit qu’il ne viendra pas et qu’il n’existe pas. Les traditions sociales : le rassemblement de la famille ! C’est la première fois depuis six ans ! Car Junon a un cancer et tous ses enfants ont fait un test pour savoir s’ils peuvent lui faire un don de moelle osseuse. De plus, Paul, le petit-fils, qui a quelques problèmes psychologiques, a insisté pour que toute la famille se rassemble et reste soudée4. Comme beaucoup de familles en France et dans le monde, les Vuillard-Dédalus regardent le film à la télé après le repas, il y a un spectacle des enfants, chacun prend des photos pour se souvenir de ce moment ! Même la météo respecte la tradition : il neige le matin du 25 !

membre fondateur : leur mère et grand-mère. Les enfants sauvent la femme qui leur a donné la vie. Car Noël, c’est aussi l’histoire d’une naissance. Avec ce film, nous découvrons toute la mythologie de cette famille française, provinciale, grande-bourgeoise, cultivée et artiste… en crise. A noter que l’on peut retrouver le nom de Paul Dédalus dans un film de Desplechin antérieur (Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle)) ainsi que dans un film postérieur (Trois souvenirs de ma jeunesse). Chaque fois, Mathieu Amalric joue le rôle de Paul adulte … Acteurs et réalisateurs fidèles comme dans une famille !

Patricia Favreau

Lexique 1. élaboré (adj. m.s.) : bien construite 2. païenne (adj. f.s.) : non religieuse

3. crèche (n. f.s.) : petite reproduction du lieu où est né Jésus 4. soudée (adj. f.s.) : groupée, solidaire

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La fabrique du monde Sophie Van der Linden Francophonie Chaque mois, je cherche dans les rayons des bibliothèques des romans qui vous permettent de vous évader. Je voudrais partager avec vous, ce mois-ci, la jolie découverte que je viens de faire d’une auteure que je ne connaissais pas encore : Sophie Van der Linden. Dans son roman La fabrique du monde, elle se met dans la peau de Mei, une jeune ouvrière chinoise de dix-sept ans. Son horizon se résume à l’usine dans laquelle elle travaille durement toute la semaine. Ce n’est pas une vie et pourtant, elles sont des millions qui vivent, dorment et travaillent à une cadence1 effrénée2 pour tenir les délais des commandes textile. Tout cela pour le plaisir des consommateurs occidentaux. En donnant la parole à l’une de ces anonymes, c’est à toutes les ouvrières chinoises que l’auteure offre une tribune3.

Elle ne se fait pas beaucoup d’illusions sur ses chances de changer de vie mais elle aime rêver et s’imaginer une autre destinée. Et c’est de façon tout à fait inattendue que Mei goûte à l’amour et à une vie plus décente. Alors que tout le monde est rentré chez soi pour les fêtes du Nouvel an, Mei est obligée de rester seule à l’usine. Du moins, elle croit être seule. Car Cheng, le nouveau contremaître y reste également. C’est le début d’une liaison entre eux dont on espère qu’elle va bien finir. Ce premier roman donne directement la parole à Mei et permet au lecteur de se mettre à sa place. Dans une langue simple et poétique à la fois, Mei nous livre ses sentiments, ses espoirs et son goût d’absolu. A son goût de la culture, à sa finesse d’esprit, s’oppose la marche du monde. Les êtres ne sont plus que des machines, incapables de se révolter tant la fatigue est grande. Alors : « Est-ce qu’il vous arrive de penser à eux ? ». J’espère que la lecture de ce livre atteindra ses deux objectifs : un dépaysement et une plongée dans des traditions éloignées de nos traditions occidentales, mais aussi une prise de conscience des méfaits4 d’une société de consommation qui néglige les droits humains.

Lexique 1. cadence (n. f.s.) : rythme 2. effrénée (adj. f.s.) : très rapide, démesurée

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Christelle Ducrot

3. tribune (n. f.s.) : lieu où l’on est autorisé à parler 4. méfaits (n. m.p.) : inconvénients


Avoir maille à partir avec quelqu’un Expressions françaises Lui et moi, nous avons un sacré différend ! Notre centime d’euro, actuellement la pièce de la plus faible valeur dont nous disposons, est composé d’un cœur d’acier recouvert de cuivre. Quand le Capétien Philippe le Bel régnait sur notre pays (de 1285 à 1314), la plus petite monnaie en circulation était la maille. Elle était frappée dans un alliage de cuivre, d’étain et de zinc, et équivalait à la moitié d’un dernier, lui-même égal au douzième du sou.

Distribution des coups

« Partir», dans l’expression, ne doit pas être pris au sens courant de « s’en aller ». « Partir « ici est pris pour « départir « : attribuer en partage. La maille était une telle menue monnaie que la partager se serait avéré d’une extrême difficulté, d’où l’idée de différend entre les parties concernées.

En partenariat avec



Le tour de France Livres

Pour mieux connaître les traditions françaises, je vous propose ce mois-ci trois ouvrages qui proposent un tour de France original. Tout d’abord, la bande dessinée Le tour de Gaule d’Astérix. Dans cet album, les héros créés par Uderzo et Goscinny sont enfermés dans leur village par les Romains. Ils se mettent alors en tête de provoquer leurs ennemis en faisant le tour de la Gaule pour ramener un produit typique de chaque endroit visité. L’histoire permet de connaître quelques villes françaises et leurs spécialités, surtout dans le domaine de la gastronomie, mais pas seulement. Paris est représentée comme une ville très engorgée1 par le trafic (déjà !), et à Marseille, les habitants jouent à la pétanque avec l’accent du midi ! C’est drôle et tellement vivant ! Voici un documentaire qui donne à voir une France variée, avec des traditions qui ne le sont pas moins. On peut passer d’une ambiance et d’un paysage à un autre

au hasard. Il s’adresse aux plus jeunes à l’origine, mais il plaira à tous. Mon Atlas de France, de Sonia Goldie aux éditions Mila, est le livre idéal pour rêver et s’imaginer en promenade dans toute la France. Après quelques généralités sur le pays, chaque région fait l’objet d’une description magnifiquement illustrée. On y voit des monuments, des animaux, des paysages, des objets typiques. La gastronomie n’est pas en reste2 et le livre se termine avec des recettes régionales faciles à réaliser par les petites mains ! Un autre coup de cœur pour tous les âges : La France en sac à dos : 6000 kilomètres pour découvrir ses trésors, d’Aurélie Derreumaux et Laurent Granier, aux éditions Belin Jeunesse. C’est un journal de bord richement documenté qui mêle textes, photos et dessins. A chaque jour ou presque, un détail découvert sur la route. Anecdotes3, portraits, métiers, traditions et cultures locales alternent avec le récit de voyage à la première personne de ces deux Français qui souhaitaient mieux connaître leur propre pays. Cette belle initiative donne à tous le sentiment de voyager en restant tranquillement dans son fauteuil !

Lexique 1. engorgée (adj. f.s.) : bloquée 2. n’est pas en reste : n’est pas oubliée

Christelle Ducrot

3. anecdotes (n. f.p.) : courts récits d’un fait curieux

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© Guillaume Larrue

A l’école d’antan Société Quand on regarde ce qu’est l’école aujourd’hui, les personnes de ma génération (nées dans les années soixante) ne peuvent pas s’empêcher de ressentir de la nostalgie. Tout est si différent en ce XXIe siècle ! Bien sûr, nous trouvons toujours que c’était «mieux avant», comme tout le monde. Quand nous étions jeunes, pleins d’énergie, quand la vie était tout entière devant nous. Mais il faut dire qu’il ne s’agit pas uniquement de cela : outre1 les conditions de vie, la philosophie même de l’enseignement était différente.

A la petite école

Je vivais avec mes parents et mes frères et sœurs dans un petit village du sud de la France. J’allais à l’école primaire, qu’on appelait à l’époque « la petite école ». Il y avait l’école « laïque » (c’est-àdire publique et non religieuse), mais moi, j’allais à l’école catholique privée, où mon père était également professeur d’espagnol. Les garçons et les filles n’allaient pas à la même école. Tous les enfants portaient une blouse bleue par-dessus leurs vêtements. Pour ne pas se salir mais aussi pour qu’on ne voie pas les disparités2 entre les différentes couches sociales (fils de paysans, de commerçants, d’employés, de patrons, etc). La mixité sociale était une réalité. Dans chaque classe, il n’y avait qu’un seul enseignant pour toutes les matières : écriture, dictée, récitation, géographie, histoire, morale, calcul (on ne parlait pas de mathématiques, à cette époquelà), leçon de choses (on ne parlait pas non plus de 14

sciences), dessin, musique, travaux manuels. Au coin droit de chaque petit bureau en bois, il y avait une place occupée par un encrier3 en porcelaine blanche, rempli lui-même d’une encre d’un bleu profond. Nous y trempions soigneusement nos porte-plume4 et nous nous appliquions5 pour ne pas faire de pâté6, la main appuyée sur un buvard7 rose. Nous avions de beaux cahiers de papier blanc avec de petites lignes et une grande marge à gauche qu’il fallait bien respecter pour que la maîtresse puisse écrire ses commentaires et ses notes. Chaque cahier portait un protège-cahier de couleur différente et les livres, recouverts de papier craft, arboraient8 une belle étiquette bordée d’un liseré9 bleu sur laquelle ma mère avait noté mon nom de sa belle écriture calme. J’adorais l’école ! Et je crois que cela ne m’a jamais quitté puisqu’à mon âge, je continue à y aller. Mais cette fois-ci, c’est moi le professeur !


Lorsque je suis entré en première année de collège, nous étions en septembre 1973 et c’est le président Pompidou qui figurait sur les photos officielles. J’étais très désireux d’apprendre. Parmi mes préférences, il y avait l’Histoire mais le programme de « sixième » n’évoquait que l’Antiquité, période qui ne me passionnait guère10, sauf à me prendre pour Ulysse. Heureusement, l’enseignant nous commentait l’actualité et de ce côté-là, nous étions à la fête. Le monde vivait en pleine « guerre froide », drôle d’expression pour dire que les deux superpuissances (URSS et Etats-Unis) s’opposaient partout dans le monde, avec un risque permanent de conflit nucléaire. Il nous parlait régulièrement de la guerre du Vietnam ou du coup d’état au Chili et dès le mois d’octobre, il nous fit suivre en direct la guerre « israélo-arabe » du Kippour qui venait d’éclater. Je me prenais alors pour un vrai journaliste ! L’autre cours qui me plaisait beaucoup, c’était la géographie ! On y apprenait par cœur le palmarès des principales productions des grands pays (l’acier, le charbon, le blé, l’électricité,…) et cela nous semblait naturel de voir la France parmi les cinq puissances mondiales. Je me doutais pourtant que les choses changeaient car, dans ma petite ville grise du nord-est, la sidérurgie11 et le textile commençaient à licencier suite au « choc pétrolier ». Ce cours me faisait rêver et grâce à lui, je me promenais sur une

© Bebsy

Mon entrée au collège

plage californienne, au bras d’une Drôle de dames, la série américaine qui faisait fureur12 à l’époque. Les cours de français et de latin offraient moins de divertissement car l’imparfait du subjonctif continuait à nous chagriner tandis qu’une version latine m’assoupissait13 rapidement. La matière nouvelle, c’était l’anglais et même si je dialoguais laborieusement devant la classe, je savais que c’était mon passeport pour rencontrer un jour Farrah Fawcett dont j’étais follement amoureux ! Nous suivions plus sérieusement l’instruction civique qui nous expliquait le fonctionnement de la Ve République. A cette époque, l’école chère à Jules Ferry nous ouvrait les portes du monde par son aptitude à nous faire croire que tout était possible à force de mérite… Florence Teste Philippe Jeanmichel

Lexique 1. outre (prép.) : en plus de 2. disparités (n. f.p.) : différences 3. encrier (n. m.s.) : récipient dans lequel on mettait de l’encre liquide 4. porte-plume (n. m.p.) : outil d’écriture formé d’une plume métallique et d’un . long corps en bois 5. nous appliquions (v. s’appliquer) : nous faisions de notre mieux 6. pâté (n. m.s.) : tache

7. buvard (n. m.s.) : papier absorbant 8. arboraient (v. arborer) : montraient 9. liseré (n. m.s.) : ligne fine qui entoure 10. ne ... guère (nég.) : ne ... pas beaucoup 11. sidérurgie (n. f.s.) : industrie de l’acier, du fer et de la fonte 12. faisait fureur : avait beaucoup de succès 13. assoupissait (v. assoupir) : endormait

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LAROSA ~ SÈTE 8 ~ 18 DÉCEMBRE

bazr-festival.com


© Daniel Jolivet

Le Berry

Un secret bien gardé Tourisme

Le Berry est le cœur géographique de la France. Cette belle province rurale, qui s’étend sur les départements du Cher et de l’Indre se trouve au sud de la région Centre-Val de Loire. Loin des sites touristiques surpeuplés, le Berry renferme pourtant bien des trésors qu’il dévoile aux visiteurs attentifs, sachant observer et écouter. Il faut prendre le temps de parcourir ses chemins tranquilles à travers champs, rivières et vignobles, menant ici à une église romane ou là, à un château caché dans les bois. Seulement alors, vous pourrez découvrir l’âme de ce territoire, où croyances populaires et traditions campagnardes font encore partie du quotidien. Nous vous invitons à nous suivre en pays berrichon, entre nature, culture, folklore et superstitions.

Naturelle et surnaturelle, terre de sorcellerie La sorcellerie existe depuis la nuit des temps et dans chaque civilisation. Pourquoi donc le Berry a-t-il, plus que d’autres endroits en France, cette réputation d’être le repaire des sorciers ? Déjà à l’époque gauloise, les druides1 le considéraient comme un lieu sacré. Les vibrations transmises par les champs magnétiques terrestres seraient ici particulièrement puissantes. Certaines personnes, plus réceptives que d’autres aux bonnes ou mauvaises ondes, auraient, dit-on, un rapport privilégié avec les esprits et l’audelà. Dans les campagnes isolées, certaines croyances subsistent2 plus longtemps qu’ailleurs. C’est peutêtre pour cela qu’au Moyen-Age et durant les siècles suivants, de spectaculaires procès en sorcellerie se sont tenus dans la région. Il faut dire aussi que le lieu stimule l’imaginaire. Au petit matin ou à la tombée du jour, dans ces paysages de brumes, d’étangs et de forêts obscures, le paysan superstitieux peut aisément voir des signes surnaturels. Le passage d’animaux champêtres, le vol d’un hibou ou d’un corbeau sont autant de bons ou de mauvais présages3. Parfois même, on peut croiser une

« birette » (fantôme ou lutin4 farceur5) ou le redoutable « meneur de loups ». On prétend également que si des croix sont dressées aux carrefours des routes, c’est pour chasser les sorcières qui avaient pris l’habitude de se rassembler là. Au XIXe siècle, dans chaque village, voire6 chaque famille berrichonne, on trouve un « rebouteux » ou guérisseur. C’est le médecin du pauvre. On le sollicite pour « barrer » (arrêter) le feu d’une brûlure ou une maladie de peau. Il approche ses mains de la personne souffrante tout en récitant une prière et en s’aidant parfois d’une image pieuse ou d’un chapelet. Le don se transmet de génération en génération. 17


© Jean-Christophe BENOIST

A voir, à faire dans la région Côté Cher : A Bourges, suivez les pas de Jacques Cœur (un des compagnons de Jeanne d’Arc) dans son incroyable palais gothique et visitez la cathédrale. A Aubigny-sur-Nère, découvrez le château des Stuart, témoignage de l’alliance franco-écossaise établie durant la Guerre de cent ans. Contemplez des siècles d’histoire en l’abbaye cistercienne14 de Noirlac, fondée en 1136 et parmi les mieux conservées de France, à l’abri dans son écrin15 de verdure16. Côté Indre : Ne manquez pas le majestueux château de Valençay, propriété du prince de Talleyrand, ministre de Napoléon. Respirez dans le parc naturel de la Brenne, pays des mille étangs17. Explorez les villages classés de Gargilesse, au charme romantique cher à George Sand, situés dans « la vallée des peintres », ou de Saint Benoît-du-Sault qui vous transporte au Moyen-Âge. Partout dans le Berry : goûtez aux fromages de chèvre, au vin de Sancerre et au pâté berrichon.

© Manfred Heyde

© Frederique Voisin-Demery

Mais qui peut faire le bien peut aussi faire le mal. A une époque pas si lointaine, il n’était pas rare de trouver une chouette7 morte clouée8 sur la porte d’une étable9 ou d’une grange10 dans l’intention de décimer11 un troupeau ou de ruiner une récolte ! La romancière George Sand, dont la superbe propriété se visite à Nohant-Vic dans l’Indre, a largement contribué à la réputation mystérieuse du Berry, notamment dans La mare au diable (1846) ou La petite Fadette (1849). Dans la seconde moitié du XXe siècle, des conteurs régionaux ont remis au goût du jour12 les histoires fantastiques transmises oralement par les Anciens. Elles ont ravivé13 l’intérêt pour la province et participé à sa légende. La sorcellerie a même son musée, à Blancafort dans le Cher. Aujourd’hui, le rationalisme a pris l’avantage sur les superstitions, mais en discutant un peu avec les habitants, vous verrez que des phénomènes inexpliqués se produisent encore en Berry...

Marie-Laurence Meckler-Leluc

Lexique

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1. druides (n. m.p.) : prêtres celtes

10. grange (n. f.s.) : construction pour conserver les végétaux

2. subsistent (v. subsister) : restent, durent

11. décimer (v.) : tuer, éliminer

3. présages (n. m.p.) : signes qui annoncent le futur

12. au goût du jour : à la mode

4. lutin (n. m.s.) : petit personnage magique

13. ont ravivé (v. raviver) : ont redonné de la vie, de l’énergie

5. farceur (adj. m.s.) : qui agit de manière drôle, qui se moque

14. cistercienne (adj. f.s.) : qui appartient à l’ordre religieux de Cîteaux

6. voire (adv.) : ou même

15. écrin (n. m.s.) : jolie boîte qui sert à présenter

7. chouette (n. f.s.) : oiseau de nuit

16. verdure (n. f.s.) : végétation

8. clouée (adj. f.s.) : attachée avec un clou (petite pointe en métal)

17. étangs (n. m.p.) : petites étendues d’eau non salée

9. étable (n. f.s.) : construction pour abriter les vaches


U patrimoniu vivu

LE PATRIMOINE VIVANT ESSE e

TRASMETTE ÊTRE et

TRANSMETTRE

MUSÉE DE LA CORSE CITADELLE DE CORTE 2 3 J U I L L E T > 3 0 D É C E M B R E 2016 Sous le patronage de

Informations : 04 95 45 25 45

www.musee-corse.com

Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture

Patrimoine culturel immatériel

Conservatoire Botanique National


© CHR

La force basque Sport Un pays à l’extrême sud-est de la France qui traverse les Pyrénées et arrive jusqu’en Espagne, un pays où l’on parle une langue très ancienne et unique au monde, un pays touristique qui reste pourtant authentique, un pays où vous pouvez visiter un musée célèbre à l’architecture splendide, un pays où vous pouvez nager puis bronzer sur des plages magnifiques, un pays où vous pouvez manger de succulents fruits, légumes, viandes et poissons, un pays où les habitants sont fiers de tout cela, un pays qui fête chaque année les dons de la nature et le travail de ses hommes et femmes. Alors ? vous devinez ? Et bien oui, il s’agit du Pays basque !!! Dans ce numéro de LCFF, je vais vous parler de ces événements qui célèbrent la fierté et le travail persévérant du peuple basque : LA FORCE BASQUE ! La force basque regroupe un ensemble de jeux qui sont organisés en été, ils sont devenus touristiques mais ont gardé leur signification ; en effet, ils sont basés sur des traditions rurales car les travailleurs de la ferme, du bâtiment, de la forêt et des champs avaient l’habitude par fierté de se lancer des défis d’un village à l’autre. Ces défis sont basés sur la capacités physiques et l’endurance. Ils mettent en jeu l’honneur personnel et celui de toute la communauté. Pour les présenter, j’ai classé ces jeux en différentes catégories : les jeux où il faut

Le lever de charrette1 (orga joko) Le joueur doit soulever une charrette de 350 kg et la faire pivoter2 sur le timon3. Le jeu est terminé quand une roue touche le sol. Le lever d’enclume (ingude altxatzea) Le joueur doit soulever une enclume4 de 18 kg un maximum de fois. Lever de pierre (harri jasotze) Le joueur doit lever des pierres un maximum de fois. Lever de paille (lasto altxatzea) Le joueur doit hisser5 un maximum de fois une botte de paille de 45 kg à 7 mètres de hauteur 20

© Mourenx

Soulever


Transporter Le transport de bidons6 (txingas) Le joueur doit transporter 2 bidons de 40 kg chacun. Quand un bidon touche le sol, le jeu est fini. La course au sac (zaku lasterka) Le joueur de chaque équipe doit parcourir 120 m avec un sac de blé ou de maïs sur les épaules le plus vite possible. C’est une course individuelle ou de relais.

La coupe à la hache (aizkola) Le joueur doit couper le plus de troncs possible et le plus rapidement possible. Cela peut être aussi une course individuelle ou de relais. La coupe à la scie (sega) Une équipe de 2 joueurs doit faire 10 coupes sur une bille de bois7 de 1,10 m de circonférence en un minimum de temps.

Tirer Le tir à la corde (soka tira) C’est un jeu très ancien qui est pratiqué dans différents pays. Depuis 1964, il existe une fédération internationale de tir à la corde. Il faut 2 équipes de 8 joueurs qui s’accrochent à la corde chacune d’une côté. Chaque équipe doit tirer l’autre dans son camp.

© Alberto Cabello

Couper Ramasser/ lancer Le ramassage des épis ( buskail biltzea) Le joueur doit ramasser 50 épis de maïs sur le sol tous les 1,25 m et les apporter un à un dans un panier. Le lancer des bottes de paille (lasto botatze) Le joueur doit faire passer une botte de paille de 12 kg au-dessus d’une barre horizontale. Pour gagner, il ne faut pas faire tomber la barre. Aujourd’hui, il y a une fédération mondiale des jeux locaux, mais si vous voulez assister à ces jeux, je vous conseille plutôt de visiter l’étonnant Pays basque !

Patricia Favreau

Lexique 1. charrette (n. f.s.) : véhicule à deux roues, tiré par l’homme

ou l’animal 2. pivoter (v.) : tourner

5. hisser (v.) : soulever 6. bidons (n. m.p.) : récipients fermés 7. bille de bois (n. f.s.) : tronc d’arbre

3. timon (n. m.s.) : pièce de bois qui permet de tirer une charrette 4. enclume (n. f.s.) : masse métallique très lourde sur laquelle

on tape le métal

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AGUILA Cecile DOMENS


© Cecile DOMENS

Réaliser un photo-reportage Photo Chaque mois, « L’œil du photographe » vous propose des conseils pour progresser en photographie et observer le monde différemment. Un article présenté par les photographes de l’agence Aguila Voyages Photo. Au-delà de la réalisation d’une belle série de photographies, la mission du photo-reporter est de savoir raconter une histoire à travers l’image. Nous sommes tous mis en situation de « reporters » dans notre vie quotidienne : pour photographier le mariage d’un ami, un week-end en famille, une fête ou un événement traditionnel pendant nos vacances… Nous allons dans cet article vous donner les clés pour construire un photo-reportage réussi !

© Cecile DOMENS

Organisation et préparation

Qu’il s’agisse du mariage d’un membre de votre famille ou d’un événement sportif ou culturel de grande envergure, la préparation est essentielle dans le succès de votre photo-reportage. Rendez-vous si possible sur les lieux de l’événement en amont1 pour y effectuer ce que l’on appelle un « repérage ». Profitez-en pour déterminer l’angle que vous allez donner à votre histoire : c’est lui qui va apporter toute la cohérence à votre photo-reportage. Repérez les endroits depuis lesquels vous allez pouvoir photographier. Prenez connaissance des horaires et des conditions d’accès. Enfin, n’oubliez pas de lister tous les moments importants de l’événement à ne pas manquer.

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les classer de façon chronologique ou thématique, en fonction de l’angle que vous aviez déterminé pour votre projet. Inspirez-vous des reportages de presse pour y parvenir. Vous verrez qu’un bon photo-reportage multiplie les formats tout en gardant un équilibre, un fil conducteur du début à la fin. Montrez votre travail à vos proches et observez les réactions !

À vos appareils photos !

© Cecile DOMENS

Raconter une histoire Le jour J, photographiez de façon successive l’ensemble des étapes que vous aviez listées durant votre repérage. Multipliez les points de vue et alternez les cadrages : portraits, paysages, plans larges, gros plans, zooms sur des détails, etc. Laissez également un peu de place à l’improvisation : les résultats sont parfois surprenants ! Assembler votre photo-reportage Voici la dernière étape, tout aussi importante que les précédentes. Une fois en possession de toutes les images capturées durant l’événement, il faut être capable de choisir les meilleures d’entre elles et de

Aguila Voyages Photo propose des stages et des voyages photo tous niveaux, pour découvrir les régions et les traditions de France et du bout du monde, accompagnés d’un photographe professionnel.

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Lexique 24

1. en amont : avant, au préalable


Photographie : Š Christophe Stramba-Badiali / Haytham Pictures

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#lesarcsfilmfest


© Juliancolton

Les traditions en France Vivre en France

La rubrique « Vivre en France » vous propose chaque mois un article sur la vie quotidienne à la française. Découvrez le portrait de la société d’aujourd’hui grâce à des faits, des chiffres et des anecdotes réunis par INSITU. En France, qui dit décembre dit fêtes de fin d’année pour presque tout le monde. Neuf Français sur dix célèbrent Noël et trois sur quatre font la fête pour le Nouvel an. Vous voulez en savoir plus ? Voici les coulisses du mois de décembre à la française.

Des fêtes, mais à quelles dates ?

© aleksey teksomolika

Fête familiale par excellence, Noël se fête en général le 24 décembre au soir par un dîner (c’est le Réveillon de Noël) et le 25 à midi par un déjeuner. Selon les familles, les mêmes convives1 partagent ces deux repas… ou pas. Parfois, on profite d’avoir deux dates pour résoudre l’équation2 des rassemblements familiaux en allant chez les uns le 24 au soir et chez les autres le 25 à midi. Chez les couples mariés dont les familles habitent dans des régions différentes, l’habitude est d’alterner : une année dans la famille de Monsieur, la suivante dans la famille de Madame.

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Pour les familles recomposées, l’équation est plus difficile ! En effet, il est souvent impossible de faire coïncider les calendriers des uns, des autres et des ex3. Et c’est ainsi que Noël est aussi fêté avant et après la date officielle. Et pour cause : pour les Français, les fêtes de fin d’année sont avant tout synonymes de retrouvailles4 familiales. Rares sont ceux qui partent en vacances loin de leur famille. En revanche, le Nouvel an ne se fête qu’une seule fois (majoritairement avec des amis et parfois dans une autre ville ou dans un autre pays) : et oui, les douze coups de minuit ne retentissent qu’une seule fois !

Les incontournables des fêtes Le critère de fêtes réussies ? Pour 88% des Français, c’est la composition d’un menu spécial avec en priorité le foie gras, les coquilles St-Jacques, le saumon et bien sûr la bûche de Noël, vendue à dix millions d’exemplaires chaque année. Pour les fêtes, on met les petits plats dans les grands5 et on cherche à faire plaisir à ses invités. Ainsi, près d’un Français sur deux n’imagine pas servir des plats surgelés, même de qualité. Autres habitudes ancrées6 : décorer son logement et se mettre sur son trente-et-un7, qu’on invite ou qu’on soit invité (ce


que les Français aiment à égalité). Bien sûr, les cadeaux sont au rendez-vous. Ils représentent un budget de quatre cents euros en moyenne. Les deux tiers des Français les offrent plutôt le soir tandis qu’un tiers les découvre le matin à son réveil – les enfants particulièrement, qui en moyenne croient au Père Noël jusqu’à l’âge de sept ans ! Les petits Français sont chanceux : ils reçoivent en moyenne huit ou neuf cadeaux chacun, ce qui représente soixante-et-un millions de jouets. Les adultes ne sont pas en reste8 : neuf millions et demi de produits high tech sont achetés pour Noël dont plus de deux millions de smartphones. Les cadeaux sont en tous cas placés sous le sapin (présent dans les trois quarts des foyers) à côté d’une crèche9 de Noël (la moitié des familles respecte cette tradition catholique). Et si le cadeau ne plaît pas ? 57% des Français excluent l’idée d’échanger ou de revendre ce qu’ils ont reçu ! En revanche, plus d’un tiers des Français se déclare prêt à offrir des cadeaux de Noël en janvier pour bénéficier des bonnes affaires.

Les fêtes, ce cauchemar ! Et oui, si les fêtes sont attendues par de nombreux Français, d’autres les redoutent. 8% des Français ne fêtent ni Noël ni le Nouvel an et 13% trouvent que c’est une période angoissante. Pourquoi ? Un tiers de Français mentionne tout d’abord le stress : les courses dans les magasins bondés10, les embouteillages… Ensuite les excès : les repas de fin d’années sont nombreux… et riches ! Trop de gras, de sucre, d’alcool : certains anticipent même les excès en se mettant au régime début décembre (mais on se met plus généralement à la diète11 à partir du 1er janvier).

Les fêtes sans surconsommation La diète ne concerne d’ailleurs pas que la nourriture : un nombre croissant de Français se sentent concernés par l’environnement et décident de rendre plus « vertes » les fêtes de fin d’année. Comment ? Par des menus de fête plus frugaux, des cadeaux immatériels (par exemple une place à un spectacle plutôt qu’un livre) ou encore des gestes « écolos », comme la location d’un sapin qui sera replanté après Noël. Les villes optent12 également pour des solutions responsables en troquant13 les ampoules classiques des décorations de Noël contre des led. Elles réduisent ainsi fortement le coût énergétique et financier des guirlandes14. A Paris, la Mairie a même installé des vélos et des tapis de marche sur les Champs Elysées pour inciter les visiteurs à participer à l’éclairage de l’avenue !

© aleksey teksomolika

Bref, si les fêtes de fin d’année sont avant tout synonymes de traditions et de valeurs sûres, on observe qu’elles sont un bon révélateur des tendances sociétales du moment !

Lexique 1. convives (n. m.p.) : invités

Elodie Ressouches www.bonjourinsitu.com +33 (0)6 28 04 44 09

8. ne sont pas en reste : ne sont pas oubliés

2. résoudre l’équation : trouver une solution

9. crèche (n. f.s.) : représentation miniature de l’endroit où est

3. ex (n. m/f.p.) : personnes avec qui on a eu des relations

né Jésus

amoureuses qui sont à présent terminées 4. retrouvailles (n. f.p.) : moments où l’on se retrouve 5. met les petits plats dans les grands : on fait des efforts pour rendre le moment plus beau, plus solennel 6. ancrées (adj. f.p.) : solides, qui ne changent pas 7. se mettre sur son trente-et-un : s’habiller de manière recherchée

10. bondés (adj. m.p.) : où il y a beaucoup de monde, surpeuplés 11. diète (n. f.s.) : régime alimentaire 12. optent (v. opter) : choisissent 13. troquant (v. troquer. part. prés.) : échangeant 14. guirlandes (n. f.p.) : décorations qui forment une longue ligne

souple

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© Prostooleh

La vinok ukrainienne Traditions L’Ukraine est un pays qui fait partie de l’Organisation international de la francophonie (OIF) depuis 2006 en qualité d’état observateur. Environ trois cent mille personnes y parlent français. Pour ce numéro sur les traditions, j’ai voulu partager avec vous l’amour pour les fleurs que les habitants de ce beau pays démontrent à l’occasion de leurs fêtes tout comme au quotidien.

La couronne ukrainienne a une place de choix dans le costume national. Elle se compose de douze fleurs différentes, fixées par des rubans. Chaque fleur a sa propre signification : l’achillée millefeuille symbolise l’insoumission2, l’immortelle la santé, la fleur de cerisier et de pommier l’amour maternel, la viorne la beauté féminine, la marguerite l’amour, la tendresse et la fidélité ; la pervenche est l’une de plus importantes puisqu’elle est symbole de l’immortalité de l’âme et du mariage heureux. Au début, la vinok avait une signification religieuse et rituelle. La couronne de fleurs est devenue ensuite le symbole de la jeune fille, qui était la seule à avoir le droit de la porter, symbole du soleil, de la victoire,

© Women’s Movement

Tout d’abord, il faut dire qu’il y a une grande variété des fleurs en Ukraine. Elles sont un élément omniprésent1 dans les tenues, les bijoux et les ornements traditionnels. Considérées comme un cadeau de Dieu, elles sont utilisées pour protéger, soigner et embellir. L’exemple le plus significatif est la vinok, la couronne de fleurs.

du bonheur, de la sainteté, de la chance, de la paix, du pouvoir, de l’innocence et de la jeunesse. Une vieille légende raconte l’histoire d’une jeune fille portant la vinok qui allait chercher des baies de viorne obier (arbuste qui joue un grand rôle dans la tradition slave et qui est l’un des symboles ukrainiens). En chemin, elle a rencontré un jeune homme très beau qui lui a promis de l’épouser si elle ôtait sa vinok. La jeune fille n’a pas résisté au charme du bel inconnu. Lorsqu’elle a retiré sa couronne, le jeune homme s’est transformé en diable et a enlevé la jeune fille. Voilà pourquoi cette couronne de fleurs est aussi un charme3 de protection grâce aux fleurs qui la composent. 29


© Dynam0tv

Les traditions distinguent plusieurs sortes de couronnes : de mariage, d’amour, religieuse, d’espoir, d’engagement, de séparation, … Évidemment, la plus connue et répandue est celle d’amour, faite par les filles à partir de treize ans et jusqu’au mariage. Auparavant, la couronne d’engagement était tressée à partir de bleuets et de livèches que les jeunes filles offraient à leur amoureux pendant la séparation, lorsqu’ils partaient pour un voyage. Le jeune homme gardait cette preuve d’amour dans son mouchoir, ainsi il savait qu’il était aimé et qu’il restait dans la mémoire de sa promise7. Les couronnes de mariage sont également une tradition importante. La future mariée cueille les fleurs avec ses amies en chantant et la veille du mariage, elles décorent la maison et les arbres du jardin avec des couronnes de fleurs. Les fleurs blanches constituent la base auxquelles elles ajoutent parfois des plumes, des fils, etc.

© Marek Silarski

Les rubans, quant à eux, sont coupés à la longueur des tresses4 (coiffure traditionnelle slave) et sont entrelacés5 avec la natte4. Comme les fleurs, la couleur des rubans a une signification particulière : le vert symbolise le printemps, la jeunesse et la beauté ; le bleu représente le ciel ; le blanc la pureté et le rouge l’amour. Les douze couleurs des rubans protègent également la jeune fille contre le mauvais œil6.

Les coutumes ukrainiennes sont principalement liées aux attributs8 païens9 de l’Ukraine ancienne. La fête d’Ivan Kupala ou de Saint-Jean en est un exemple : il s’agit d’une célébration traditionnelle des peuples slaves qui est célébrée la nuit du 6 au 7 juillet. A cette occasion, les jeunes filles font toujours des couronnes qu’elles déposent ensuite sur les eaux de la rivière qui les apportent à leurs futurs époux. Dans l’ouest du pays, les jeunes filles en font cadeau à leur amoureux en signe de fiançailles. Lors de cette cérémonie, la fiancée porte la couronne et après les noces, c’est sa belle-mère qui la lui ôte pour qu’elle la garde toute sa vie. Aujourd’hui, la vinok reste un bel ornement utilisé aussi bien lors des fêtes et des cérémonies traditionnelles que dans la vie de tous les jours. De manière générale, les fleurs restent l’élément principal d’embellissement des femmes de tous les âges.

Laura Tejeda Meza

Lexique 1. omniprésent (adj. m.s.) : présent partout 2. insoumission (n. f.s.) : fait de ne pas accepter l’autorité 3. charme (n. m.s.) : moyen, outil magique 4. tresses (n.f.p.), natte (n. f.s.) : coiffure (trois mêches de cheveux sont entrelacées)

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5. sont entrelacés (v. entrelacer. Passif ) : sont tressés, emmêlés 6. mauvais œil : mauvais sort, mauvaise chance 7. promise (n. f.s.) : fiancée 8. attributs (n. m.p.) : éléments caractéristiques 9. païens (adj. m.p.) : relatifs aux anciennes croyances



© La Rue Montorgueil - Claude Monet

La célébration des armistices des deux guerres Histoire Parmi les traditions importantes en France, la volonté d’honorer ceux qui ont perdu la vie lors des guerres a débuté à la suite de la guerre franco-allemande de 1870. Celle-ci avait déjà eu pour conséquence la construction de neuf cents monuments dans tout le pays et donné l’occasion de nombreuses fêtes républicaines destinées à rappeler la mémoire des morts. La Guerre de 1914-1918

© Anna Fox

La Grande guerre est sans aucune commune mesure1 : elle a entraîné la mort d’un million quatre cents mille soldats. Il faut y ajouter des millions de blessés et de handicapés qu’on a surnommé les « gueules cassées ». Pour rendre hommage à l’effort sans précédent de la nation, trois volontés ont émergé2 : la première consistait à ériger3 un monument dans chaque commune de France en mémoire des morts de la « Der des Ders ». La deuxième a souhaité célébrer les soldats morts même s’ils n’avaient pas été identifiés. Une loi permet, depuis le 11 novembre 1920, de déposer sous l’Arc de triomphe à Paris la dépouille4 d’un soldat inconnu. Trois ans plus tard, y a été allumée une flamme qui depuis, ne s’est jamais éteinte.

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La troisième volonté visait à rendre fériée la journée du 11 novembre par une loi de 1922 pour en faire le Jour du souvenir. Chaque commune organise depuis cette date une cérémonie durant laquelle la population, les élus et les anciens combattants marchent en procession5 jusqu’au monument aux morts du village. Le maire y lit alors un discours, dépose une gerbe6 de fleurs tandis que les enfants des écoles entonnent7 l’hymne national. Les noms des défunts8 sont lus à voix haute puis résonne la Sonnerie aux morts avant que chacun ne respecte une minute de silence. La mort du dernier « Poilu » français, Lazare Ponticelli, en 2008, et du dernier combattant toutes nationalités confondues en 2011, l’Australien Claude Choules, ont conduit à élargir l’hommage à tous les soldats « morts pour la France ». Aujourd’hui, le rituel de ce jour amène le Président de la République à déposer une gerbe tricolore devant la statue de Georges Clémenceau, surnommé le « Père la Victoire » et symbole de la victoire de la Grande guerre ; puis il remonte les Champs-Elysées escorté9 par les cavaliers de la Garde républicaine, passe les troupes en revue10 sur la place Charles de Gaulle puis se recueille11 sur la Tombe du soldat inconnu sous l’Arc de triomphe. Depuis quelques années, le « bleuet de France » a été retenu pour incarner la fleur du Souvenir.


La guerre de 1939-1945

La commémoration de la fin de la Seconde guerre mondiale est célébrée par trois anniversaires distincts : le 8 mai marque la fin de la guerre contre le IIIe Reich sur le front occidental suite à la capitulation de l’Allemagne signée à Reims. C’est cette date

traînant un cessez-le-feu et des négociations qui ont abouti au Traité de paix de Versailles, signé le 28 juin 1919. La question des commémorations s’est très vite posée. Fallait-il retenir une seule date pour célébrer les victoires de 1918 et de 1945 ou mettre en place une cérémonie propre à la Seconde guerre mondiale ? La loi de mai 1946 fixe au 8 mai la commémoration de la victoire de 1945 et il est décidé en 1953 que cette date devienne un jour férié.

qui est retenue en France. Le 9 mai 1945, c’est la fin de la guerre sur le front oriental de l’Europe suite à la capitulation signée à Berlin. Enfin, le 2 septembre 1945 commémore la fin de la guerre dans le Pacifique suite à la capitulation du Japon signée à Tokyo. Il convient de noter ici que pour la Seconde guerre mondiale, on ne parle pas d’armistice mais de capitulation, c’est-à-dire que l’un des belligérants12 s’est tout simplement rendu13. En revanche, pour ce qui est du 11 novembre 1918, il s’agit bien d’un armistice : une convention qui suspend le conflit sans mettre véritablement fin à l’état de guerre, en-

Aujourd’hui, la mémoire de ces deux dates fait débat. En effet, en cette période de centenaire de la guerre de 1914-1918, beaucoup s’interrogent sur la suppression au bout d’un siècle de la commémoration du 11 novembre 1918. Quant à la célébration de 1945, elle peut apparaître comme un obstacle à la réconciliation franco-allemande. Enfin, la multiplication des célébrations de toutes natures affaiblit la portée14 de ces événements. Reste la nécessité morale de rendre hommage aux « morts pour la France », y compris aux victimes civiles des attentats. Peut-être à l’occasion d’une journée unique du Souvenir dans l’année ?

© Binnette

Et aujourd’hui ?

Philippe Jeanmichel

Lexique 1. sans aucune commune mesure : sans comparaison possible 2. ont émergé (v. émerger) : ont apparu 3. ériger (v.) : construire 4. dépouille (n. f.s.) : corps d’un mort 5. procession (n. f.s.) : marche religieuse 6. gerbe (n. f.s.) : grand bouquet de fleurs à déposer au sol 7. entonnent (v. entonner) : commencent à chanter

8. défunts (n. m.p.) : morts 9. escorté (adj. m.s.) : accompagné 10. passe en revue : inspecte 11. se recueille (v. se recueillir) : prie 12. belligérants (n. m.p.) : parties en guerre 13. s’est rendu (se rendre) : a reconnu qu’il avait perdu 14. portée (n. f.s.) : importance, façon de considérer

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© Geraardsbergen

Légendes du nord Contes

es légendes qui entourent la statue du bambin1 en train d’uriner au-dessus d’une fontaine de Bruxelles sont nombreuses. Il s’agit toujours d’un garçon qui soulage un besoin pressant mais ce sont les conditions de son acte qui différent ! Pour certains, parfois surpris par une sorcière ou par un ermite2, il fut transformé en statue de pierre en expiation3 de son impudeur4 mais fut sauvé par un vieillard qui échangea les statues. Pour d’autres, il s’agit d’un garçonnet qui, alors que la ville était assiégée5, urina sur la mèche6 d’une bombe qui menaçait d’exploser, sauvant ainsi les habitants qui lui élevèrent une statue en reconnaissance de cet acte héroïque. On trouve une variante évoquant un enfant suffisamment courageux pour uriner au passage d’une troupe de soldats ennemis en signe de défi7. Ou alors, c’est Sainte Gudule qui, pour se venger d’un homme qui voulait la séduire, a condamné le fils de cet homme à ne plus grandir et à faire pipi pour toujours.

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© Pbrundel

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Les légendes du Manneken-Pis

Reste enfin l’histoire du jeune duc de Lotharingie, Godefroi III. Alors qu’une bataille faisait rage8, le bébé dont on avait pendu le berceau à un arbre prit la célèbre pose qui galvanisa9 l’armée et la mena à la victoire. Ce récit justifierait le nom de la rue où se trouve le Manneken-Pis : la rue du Chêne. Quelle que soit l’origine de cette légende, le Manneken-Pis représente l’humour et la farouche10 volonté d’indépendance de la courageuse nation belge.

La légende de la dentelle

l était une fois, en Flandres, une petite fille qui s’appelait Jauke. Elle vivait dans un petit village avec ses parents, un couple de paysans. Jauke gardait les bêtes dans les champs et filait le lin11. Un jour, un violent orage s’abattit sur les champs qui se trouvèrent tous détruits, la récolte était perdue. Jauke était vraiment désespérée. Soudain, une belle jeune femme, qui était une jolie fée, apparut à la petite fille. Surprise, cette dernière eut d’abord peur. Mais elle finit par écouter les paroles de la belle dame qui voulait lui révéler un secret.

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© unsplach

C’est alors que survint un nouvel orage. La fée disparut et Jauke courut vers le bois pour se mettre à l’abri. Alors que l’on était en plein été, les arbres du bois se retrouvèrent tout d’un coup sans une seule feuille, le froid se fit ressentir. De petites fleurs de givre12 se fixèrent sur les branches des arbres et des fils s’y croisèrent dans tous les sens, si bien que la forêt ressembla bientôt à une grand toile d’araignée, formant de magnifiques dessins. Le spectacle était si beau que Jauke décida de reproduire ce décor avec les fils de sa quenouille13 et en quelques minutes, un superbe ouvrage sortit de ses petites mains.

La légende de l’abbaye d’Anchin

ohier, le sire de Loos et de Courcelles, et Gautier, le seigneur de Montigny-en-Ostrevent étaient des ennemis depuis toujours. D’ailleurs, leurs pères se battaient déjà. Un jour, Sohier se perdit dans la campagne. La nuit arrivant, il vit un château et décida d’y demander un abri pour la nuit. Il ne savait pas que c’était le château de Gautier. Gautier le reconnut mais il décida de l’accueillir tout de même suivant les règles de l’hospitalité. Le lendemain au réveil, ils se racontèrent qu’ils avaient fait tous les deux le même rêve : un cerf blanc qui les tirait tout autour d’une petite île proche du château. Etonnés,

ils décidèrent d’aller voir ce qui se passait sur l’île. Ils y virent le cerf blanc de leur rêve. Ils décidèrent alors d’arrêter de se battre et ils firent construire à cet endroit une abbaye, l’abbaye d’Anchin, qui prit pour armoirie un cerf constellé15 d’étoiles et qui existe encore aujourd’hui.

Lexique 1. bambin (n. m.s.) : enfant 2. ermite (n. m.s.) : religieux qui vit en solitaire 3. expiation (n. f.s.) : réparation d’une faute 4. impudeur (n. f.s.) : manque de discrétion, de honte 5. était assiégée (v. assiéger. Passif ) : était entourée par les ennemis 6. mèche (n. f.s.) : petite élément (ficelle) qui permet d’allumer

un explosif 7. défi (n. m.s.) : provocation

© Adrien de Montigny

S

La fée se présenta de nouveau à Jauke et admira le travail de la petite fille. Elle lui demanda de se présenter au couvent14 tout proche et de montrer son travail aux sœurs. Jauke suivit ce conseil. Les sœurs le recopièrent et l’améliorèrent en inventant le «point de cloître» et le « point monastique ». Puis la fée lui dit d’aller voir la dame du château. La châtelaine fut émerveillée par le travail fait par la petite fille et se mit aussitôt à dessiner de nouveaux motifs. Ce furent le « point à l’aiguille » et le « doux filet ». La fée lui dit alors de se rendre au palais pour montrer son ouvrage aux seigneurs et aux dames. Ceux-ci le confièrent aussitôt à leurs artisans qui inventèrent alors le « point de Malines », la « guipure » et la « dentelle aux fuseaux ». Et c’est ainsi que naquit la dentelle...

Philippe Jeanmichel Florence Teste

8. faisait rage : se manifestait avec une extrême violence 9. galvanisa (v. galvaniser) : poussa, donna de l’énergie 10. farouche (adj. f.s.) : très forte 11. lin (n. m.s.) : plante qu’on file pour produire des tissus 12. givre (n. m.s.) : glace 13. quenouille (n. f.s.) : outil pour filer le lin, la laine 14. couvent (n. m.s.) : bâtiment qui abrite les religieuses 15. constellé (adj. m.s.) : couvert

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© HEIDIMARIA

Les chansons enfantines Chanson Florence Teste

On appelle ces chansons des comptines. Beaucoup de ces chansons ont été créées au XVIIIe siècle et sont attachées à un événement historique sans que les petits chanteurs ne le sachent vraiment. Parfois, par exemple, elles ont servi à se moquer du roi ou de la reine, comme c’est le cas pour Le bon roi Dagobert qui symbolisait le roi Louis XVI. Elles sont parfois accompagnées de gestes spécifiques : on chante Je te tiens par la barbichette à deux, chacun tenant le bout du menton de son partenaire dans sa main. Et le premier qui rit... reçoit une (petite !) tape sur la joue de la part de l’autre. Certains chanteurs contemporains ont enregistré des versions de ces chansons qui s’adressent aux enfants, comme Alain Souchon (J’ai lié ma botte) ou encore Francis Cabrel (Colchique dans les prés).

Le bon roi Dagobert

© Freepik

Le bon roi Dagobert A mis sa culotte à l’envers ; Le grand saint Éloi Lui dit : Ô mon roi ! Votre Majesté Est mal culottée. C’est vrai, lui dit le roi, Je vais la remettre à l’endroit.

Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette ; Le premier de nous deux qui rira aura une tapette !

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J’ai lié ma botte J’ai lié ma botte Au bois voisin l’y a des violettes De l’aubépine et de l’églantier Au bois voisin l’y a des violettes De l’aubépine et de l’églantier refrain: J’ai lié ma botte avec un brin de paille J’ai lié ma botte avec un brin d’osier

Pomme de reinette et pomme d’api Pomme de reinette et pomme d’api D’api d’api rouge Pomme de reinette et pomme d’api D’api d’api gris.


Colchiques dans les près Colchiques dans les près Fleurissent, fleurissent Colchiques dans les près C’est la fin de l’été La feuille d’automne Emportée par le vent En rondes monotones Tombe en tourbillonnant Nuage dans le ciel S’étire, s’étire Nuage dans le ciel S’étire comme une aile La feuille d’automne Emportée par le vent En rondes monotones

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Au clair de la lune Au clair de la lune, Mon ami Pierrot, Prête-moi ta plume Pour écrire un mot. Ma chandelle est morte, Je n’ai plus de feu ; Ouvre-moi ta porte, Pour l’amour de Dieu. Au clair de la lune, Pierrot répondit : « Je n’ai pas de plume, Je suis dans mon lit. Va chez la voisine, Je crois qu’elle y est, Car dans sa cuisine On bat le briquet

Il pleut bergère Il pleut, il pleut bergère, Rentre tes blancs moutons. Allons à la chaumière Bergère vite allons. J’entends sous le feuillage L’eau qui tombe à grand bruit. Voici venir l’orage, Voici l’éclair qui luit.

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Alouette, gentille alouette Alouette, gentille alouette, Alouette, je te plumerai. Je te plumerai la tête. Je te plumerai la tête. Et la tête ! Et la tête ! Alouette, Alouette ! refrain Je te plumerai le bec. Je te plumerai le bec. Et le bec ! (bis) Et la tête ! (bis) Alouette ! (bis) refrain Je te plumerai les yeux. Je te plumerai les yeux. Et les yeux ! (bis) Et le bec ! (bis) Et la tête ! (bis) Alouette ! (bis)

J’ai du bon tabac J’ai du bon tabac dans ma tabatière, J’ai du bon tabac, tu n’en auras pas. J’en ai du fin et du bien râpé, Mais ce n’est pas pour ton vilain nez ! J’ai du bon tabac dans ma tabatière, J’ai du bon tabac, tu n’en auras pas.

Il était un petit navire Il était un petit navire (bis) Qui n’avait ja- ja- jamais navigué (bis) Ohé ! Ohé ! Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots Il partit pour un long voyage (bis) Sur la mer Mé- Mé- Méditerranée (bis) Ohé ! Ohé ! Refrain Au bout de cinq à six semaines, Les vivres vin- vin- vinrent à manquer Ohé ! Ohé ! Refrain On tira à la courte paille, Pour savoir qui, qui, qui serait mangé, Ohé ! Ohé ! Refrain

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Destination francophonie

DE, c TV5MON e v a t ia r a s plus En parten ouverte de c é d la à s gue parton our la lan p s e v ti ia belles init de ans le mon française d /df

Appolonia

o w w w.t v 5 m

n d e.c o m

Le français, langue de l’archéologie en Albanie Si vous entrez à l’Institut archéologique de Tirana en Albanie, vous aurez un choc : tous les archéologues albanais parlent français. Mais vous aurez un deuxième choc en allant sur le site d’Appolonia à quelques heures de la capitale. Là aussi, tous les archéologues parlent français. Une tradition de près d’un siècle née avec la venue en Albanie d’un archéologue français, Léon Rey, qui a découvert cette immense cité grecque dans les années 1920. Depuis, des générations et des générations d’archéologues albanais sont partis se former en France. Une histoire étonnante qui continue encore aujourd’hui grâce au soutien de l’Ambassade de France qui a financé toute la signalétique en français de ce site archéologique

exceptionnel. Si vous visitez ce très beau pays francophile qu’est l’Albanie, passez par le site d’Appolonia, vous rencontrez des archéologues qui vous feront découvrir ses merveilles tout en français.

Ivan Kabacoff

Répondez aux questions suivantes avant de regarder la vidéo. 1

Où se trouve Appolonia ?

3

en Grèce en Macédoine en Albanie

2

Qu’est-ce que l’archéologie ? l’étude des personnes âgées l’étude de l’histoire de l’humanité l’étude de la construction des bâtiments

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Que signifie le mot « vestiges » ? un vêtement d’homme les restes de civilisations la peur du vide

4

Dans la mythologie grecque, qui était Appolon ? le dieu de la musique le dieu de l’architecture le dieu de l’agriculture


Vérifiez la réponse aux questions précédentes, regardez la vidéo puis répondez aux questions suivantes.

5

Combien de temps s’est écoulé entre la fondation de la cité et sa découverte ?

Accédez à la vidéo h t t p : / / w w w. t v 5 m o n d e. c o m / c m s / c h a i n e francophone/Revoir-nos-emissions/DestinationFrancophonie/Episodes/p-31594-lg0-DestinationApollonia.htm

9

Où se trouvent la plupart de ces objets ? ........................................................................................

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6

Quel est l’objectif de l’archéologie dans ce pays ? ........................................................................................ ........................................................................................ ........................................................................................

10 Quelle aide l’Institut français apporte-il ? ........................................................................................ ........................................................................................ ........................................................................................

11 Pourquoi est-il aussi facile pour ces 7

Choisissez la bonne orthographe pour la phrase prononcée par Ivan Kabacoff :

chercheurs d’entretenir des relations avec la France ?

«Tous les archéologues parlent français ; une

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tradition de ...

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prêt d’un siècle prés d’un siècle près d’un siècle

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12 Pourquoi les chercheurs préfèrent-ils

rédiger leurs publications en français ? Quels types d’objets ont été retrouvés à Appolonia ?

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Florence Teste

© Pudelek

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Agitox, la gazette FLE-Édu du site Agito sort chaque vendredi avec des actus, une rubrique pour s’informer, des ressources pour enseigner, des outils pour se former et un coup de coeur. Retrouvez le Best of Agitox chaque mois dans LCFF !

J’organise une fête « J’organise une fête » est une activité dynamique pour faire interagir nos apprenants. Après avoir imaginé leur fête, ils devront motiver le plus de participants possibles dans la classe ! Une activité clé en main avec des variantes rigolotes à la fin. http://bit.ly/Agitox25

Révisez la conjugaison française avec plaisir (jeux et musique) ! Réviser la conjugaison est une étape nécessaire dans l’apprentissage du français mais ce n’est pas la plus amusante. Nathalie donne donc ses conseils pour réviser avec des jeux et des chansons. On retrouve deux sites pleins de ressources et un jeu à télécharger sur PC ou mobile. http://bit.do/agitox26

FramaSoft présente Framemo Framasoft nous présente un nouvel outil : Framemo. Le concept est simple : un tableau blanc virtuel que l’on peut segmenter en différentes colonnes et des postit colorés à répartir. Simple et donc parfait pour une utilisation en classe : soit pour un remue-méninge, soit en le détournant pour en faire une sorte de quiz en préparant colonnes et mémos à l’avance. http://bit.do/agitox27

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EXPOSITION

14 OCTOBRE 2016 29 JANVIER 2017

PHILHARMONIEDEPARIS.FR 01 44 84 44 84 PORTE DE PANTIN

MÉCÈNE PRINCIPAL

John Baldessari, Beethoven’s Trumpet (with Ear), opus 131, 2007, Los Angeles County Museum of Art, Gift of Margo Leavin © courtesy of John Baldessari.

Conception graphique : BETC Réalisation graphique : Neil Gurry Imprimeur : Ouest Affiches Licences ES : 1-1041550, 2-041546, 3-1041547.

P H I L H A R M O N I E D E PA R I S

LUDWIG VAN L E M Y T H E B E E T H OV E N


© Larisa-K

Escargots et grenouilles Cuisine

Connaissez-vous le surnom des Français en Grande-Bretagne ? On les appelle les Froggies (frog veut dire grenouille !). Certaines personnes ne peuvent pas imaginer que nous mangions les grenouilles et les escargots (mais nous ne sommes pas les seuls à travers le monde !). Alors voici quelques recettes pour accommoder ces drôles d’animaux.

La première chose à faire peut être très amusante : on attend que la pluie s’arrête, on enfile son imperméable et ses bottes en plastique et on part à la chasse aux escargots dans la campagne mouillée. Les escargots sont de sortie ! Quand on en a ramassé suffisamment (on compte en général une douzaine d’escargots par personne), on les met dans une boîte en bois. Pendant quatre ou cinq jours, on les nourrit avec du son1 puis on les laisse jeûner2 pendant une semaine afin qu’ils rendent toute leur bave3. Ensuite, on les lave soigneusement dans de l’eau à laquelle on a ajouté du sel et du vinaigre et on brosse la coquille. On ne garde pas ceux qui sont recroquevillés4 au fond de leur coquille.

La cuisson des escargots Plongez d’abord les escargots pendant 5 mn dans de l’eau bouillante, puis sortez chaque escargot de sa coquille. Enlevez le tortillon5 (si l’escargot est gros ; sinon, vous pouvez le laisser).

1 oignon 1/2 bulbe de fenouil 1 branche de céleri 1 bouquet garni 20 cl de vin blanc 1/2 l de bouillon de volaille

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Mettez les escargots dans une casserole et ajoutez-y tous les légumes coupés en gros morceaux ainsi que le bouquet garni, le vin et le bouillon de volaille.

© olivier gendrin

Les escargots

Portez doucement à ébullition et laissez cuire 1 heure pour des petits escargots (Petits-gris) et 2 heures pour des escargots de Bourgogne. Laissez refroidir dans le liquide toute la nuit.

Le beurre à l’ail 10 g d’ail 30 g d’échalote 1 bouquet de persil 250 g de beurre sel poivre noix de muscade Sortez le beurre du réfrigérateur afin qu’il ramollisse6. Coupez finement l’échalote, pressez l’ail, ciselez le persil. Mélangez tout d’abord le beurre et l’ail, ajoutez l’échalote et le persil, ainsi qu’un peu de sel, de poivre et de noix de muscade. Il faut obtenir la consistance d’une pommade7.


La préparation et le dressage des escargots Sortez les escargots du bouillon et égouttez-les bien. Remettez-en un dans chaque coquille et fermez-la avec une grosse noix de beurre à l’ail. Déposez les escargots dans un plat allant au four, ou mieux, sur une assiette à escargots qui comporte des creux. Veillez à ce que l’ouverture soit bien vers le haut afin que les escargots ne perdent pas leur beurre lorsqu’il va fondre. Faites griller au four pendant 8 à 10 mn et servez immédiatement.

Les grenouilles Attention, on ne mange pas toutes les grenouilles : certaines espèces sont extrêmement toxiques ! En France, en général, on achète uniquement les cuisses des grenouilles, soit fraîches, soit congelées. La manière la plus simple de les cuisiner est de les rouler simplement dans la farine et de les faire cuire quelques minutes à la poêle en y ajoutant de l’ail et du persil. On peut également les paner : on les roule d’abord dans un œuf battu puis dans de la chapelure8. Ensuite, on les fait cuire à la poêle, on sale, on poivre et on peut aussi ajouter un filet de jus de citron juste avant de servir.

Les cuisses de grenouilles au vin blanc

© Kai’ Oswald’ Seidler

30 paires de cuisses de grenouille 50 g de beurre 50 g de farine 15 cl de vin blanc (type Sylvaner) 4 gousses d’ail 200 g de crème fraîche du sel, du poivre 1 petit bouquet de ciboulette 1/2 citron de la noix de muscade

Roulez les cuisses de grenouilles dans de la farine, salez et poivrez, puis faites-les dorer légèrement à la poêle dans un peu de beurre. Faites chauffer le vin blanc dans une casserole et ajoutezy l’ail écrasé, laissez cuire jusqu’à ce que le vin se soit évaporé. Ajoutez la crème fraîche et faites épaissir sur feu doux. Rectifiez l’assaisonnement. Ajoutez la ciboulette, le jus de citron et la noix de muscade. Placez les cuisses de grenouilles dans cette sauce et faites encore cuire 2 ou 3 minutes à feu doux. Servez bien chaud, accompagné de riz blanc.

Les cuisses de grenouilles à la tomate 30 paires de cuisses de grenouille 1 pincée de gingembre 1 pincée de quatre-épices 1 pincée de piment 1 pincée de girofle 5 cl de vinaigre balsamique 5 cl d’huile d’olive

du sel et du poivre 40 g de beurre 60 g d’échalote 1 c à s d’ail haché 200 g de tomate 15 cl de vin blanc sec 1 c à s de persil haché

Mélangez le quatre-épices, le piment, le girofle, le gingembre, le vinaigre balsamique, du sel, du poivre et un peu d’huile d’olive. Mettez les cuisses de grenouilles à mariner dans cette sauce pendant une heure. Egouttez les cuisses de grenouille et faites-les cuire 3 mn dans le beurre. Ajoutez l’ail, l’échalote et les tomates et faites cuire encore 3 mn. Ajoutez le vin blanc et laissez cuire 3 mn de plus. Saupoudrez de persil haché et servez immédiatement.

Lexique 1. son (n. m.s.) : enveloppe du blé (céréale) 2. jeûner (v.) : ne pas manger 3. bave (n. f.s.) : substance produite par les escargots

Florence Teste

6. ramollisse (v. ramollir) : devienne mou 7. pommade (n. f.s.) : crème 8. chapelure (n. f.s.) : poudre réalisée avec du pain sec mixé

4. recroquevillés (adj. m.p.) : repliés sur eux-mêmes 5. tortillon (n. m.s.) : extrêmité interne de l’escargot, la plus serrée

sur elle-même

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© Jean-Pierre Dalbéra

Le grand retour 1 des légumes d’antan Produit régional

Topinambours, crosnes, panais, rutabagas, pâtissons, potimarrons, radis noirs, salsifis, etc., je pourrais citer une très longue liste de ces légumes anciens qui sont de nouveau à la mode depuis quelques années. Comme un nombre grandissant de Français, j’appartiens à une association pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP). Il n’est pas rare que je découvre dans les paniers de légumes distribués chaque semaine certains légumes rares. Je devrais plutôt dire que je les redécouvre car leurs noms ne m’étaient en fait pas complètement inconnus. Ce retour en force de légumes longtemps méprisés, jugés trop rustiques3 ou associés par les plus 46

anciens à l’époque des restrictions de la Seconde guerre mondiale, s’explique de plusieurs manières. Tout d’abord, ces légumes ont rencontré l’engouement4 de certains grands chefs, comme Alain Passard, qui les cultivent dans leur potager5 et les introduisent avec créativité dans leurs menus. Cela leur permet en effet de diversifier les plats proposés avec un choix de légumes d’hiver plus large que celui des légumes qu’on trouve habituellement, à cette époque, sur nos tables. De plus, les qualités nutritives de ces produits sont particulièrement bonnes et en font des produits intéressants à introduire dans notre alimentation. Ainsi, ils permettent de faire le plein6 de fibres, de vitamines et de minéraux tout en étant une source de bienfaits pour la santé, puisqu’ils sont cultivés, en général, avec moins de pesticides. Enfin, pour certains, ce retour en force des légumes oubliés s’explique par une volonté de consommer des légumes locaux, produits en France, à qui les consommateurs accordent leur confiance.

© Jérôme Choain

© Levork

Pendant un temps oubliés ou mis de côté, les légumes de nos grands-parents reviennent sur les marchés et dans nos assiettes, particulièrement quand arrive l’automne ou l’hiver. Une expérience gustative2 à ne pas manquer !


© Pezibear

La plupart des légumes oubliés sont des légumes très anciens, les premiers à avoir été cultivés par l’homme. On sait ainsi que le chou-rave était déjà cultivé à la préhistoire, que le cardon et le salsifis étaient très appréciés à l’époque de la Rome antique tandis que le panais était l’équivalent de la pomme de terre au Moyen-Age. Pour la plupart, ils appar-

tiennent à la catégories des légumes-racines, qui présentent l’avantage d’être résistants au gel et aux insectes mais aussi de bien se conserver une fois ramassés. D’un goût plus prononcé que les carottes, les courgettes ou encore les pommes de terre, je dois admettre que ces légumes-racines demandent quelques efforts pour être cuisinés. Je n’hésite jamais à demander conseil à ma grand-mère ou à feuilleter7 quelques livres de recettes pour trouver des idées originales pour déguster mes légumes d’antan. Râpés, braisés8 ou mélangés dans une purée, il suffit d’un peu d’ingéniosité9 pour se régaler et faire entrer dans sa cuisine de nouvelles saveurs, de nouvelles couleurs et de nouvelles textures. C’est l’occasion de redécouvrir ce que mangeaient nos aïeux10 et de faire un formidable voyage culinaire dans le temps. Un exemple avec ce velouté de topinambours au curry qui permet une entrée originale pour réchauffer un dîner hivernal.

Velouté de topinambour au curry Temps de préparation : 15 minutes Temps de cuisson : 30 minutes

© Alpha

500 g de topinambours 1 petite cuillère à soupe de miel de Provence 1 cuillère à café de curry en poudre 2 cuillères à soupe d’huile d’olive 1 litre de bouillon de volaille 25 cl de crème fraîche liquide 50 g de parmesan râpé sel, poivre 1. Lavez, grattez les topinambours avec une petite brosse (pour enlever toute la terre) et épluchez-les grossièrement. 2. Coupez-les en dés et faites-les cuire quelques minutes dans une cocotte avec de l’huile d’olive. 3. Ajoutez le miel pour les faire légèrement caraméliser, puis le curry. 4. Mouillez avec le bouillon, portez à ébullition, ajoutez la crème et laissez cuire une demi-heure à petits frémissements. 5. Retirez du feu, mixez, goûtez et rajoutez du sel et / ou du poivre si besoin. 6. Au moment de servir le velouté bien chaud, saupoudrez de parmesan râpé pour lui donner encore plus de saveur.

Petit plus : faites attention à ne pas trop saler, car le parmesan est un fromage déjà assez fort en goût et salé.

Lexique 1. antan (adv.) : autrefois 2. gustatives (adj. f.p.) : relatives au goût 3. rustiques (adj. m.p.) : bruts, peu sophistiqués 4. engouement (n. m.s.) : admiration, goût pour 5. potager (n. m.s.) : jardin où on cultive des légumes

Axelle Négrignat

6. faire le plein (v.) : emmagasiner, accumuler 7. feuilleter (v.) : tourner rapidement les pages d’un livre 8. braisés (adj. m.p.) : cuits à feu doux 9. ingéniosité (n. f.s.) : inventivité, créativité 10. aïeux (n. m.p.) : ancêtres

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Jeux de mots Charlotte Kleineidam

Solutions des jeux page 51 1. Dictée Retrouvez les fautes d’orthographe de la lettre de Damien.

Bonjour père Noël. pas trop froid. Je J’ai sept ans. J’espère que tu va bien et que tu n’as bonnes note à l’école pense avoir était très sage cette anné : j’ai eu de te sœur. Pour Noël, et je ne me suis pas souvent disputé avec ma peti mon copain Paul, j’aimerai recevoir une voiture télécomandée comme p aller me promener j’aimerais aussi un vélo parce que j’aime beaucou balon de foot avec mon papa. J’aimerais aussi recevoir un nouveau et aussi des nouvelles pour pouvoir jouer avec mes amis à la récréation de voir les cadeau baskets parce que les mienes sont cassées. J’ai hâte biscuits préférés et du que tu m’apporteras. Je te promets de préparer tes chocolat encore cette année. se cacher dans le Fais attention à Chouchou mon chat, il aime bien sapin ! Bisous. Damien

2. ANAGRAMMES Retrouvez les noms dont les lettres ont été mélangées. PANIS TDRTAIOINS EQUPOE TISHOIER GLEDENE OCAISOCN VRELEILON LAFMILE XAEDAUC

___________ ___________ ___________ ___________ ___________ ___________ ___________ ___________ ___________

3. VIRELANGUE Entraînez-vous à prononcer le plus vite possible ! Lèche et cache ces chaussettes séchant sur une souche sèche. Je veux et j’exige d’exquises excuses. Va chercher ce chat chez ce cher Serge. Angèle et Gilles en gilet gèlent. 49


Réponses TV5Monde (page 40) 1. En Albanie

8. Dans le musée archéologique du site.

2. L’étude de l’histoire de l’humanité

9. Des temples, des fontaines, des statues, des objets de grande valeur.

3. Les restes de civilisations 10. Il donne des bourses de thèse. 4. Le dieu de la musique 5. La ville d’Appolonia a été fondée en 625 avant J.-C.Elle a été découverte en 1924 => 2549 ans 6. Mettre en valeur le patrimoine historique et touristique 7. Près d’un siècle

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11. Il y a des similitudes dans les modèles universitaires : mêmes programmes, mêmes structures 12. Parce qu’elles leur permettent de toucher plus de monde.


Solutions des jeux de la page 49 JEU 1 - Dictée

Edition

Langue et Cultures Françaises et Francophones ISSN : 2267-4705 n° CPPAP : 1018 K 91889 SIRET : 799 544 846 00022 Siège : 17, rue Durand 34000 Montpellier contact@lcf-magazine.fr

Directrice de publication

Florence TESTE - direction@lcf-magazine.fr

Directeur artistique Rémi ORZALESI

Bonjour père Noël. J’ai sept ans. J’espère que tu vas bien et que tu n’as pas trop froid. Je pense avoir été très sage cette année : j’ai eu de bonnes notes à l’école et je ne me suis pas souvent disputée avec ma petite sœur. Pour Noël, j’aimerais recevoir une voiture télécommandée comme mon copain Paul, j’aimerais aussi un vélo parce que j’aime beaucoup aller me promener avec mon papa. J’aimerais aussi recevoir un nouveau ballon de foot pour pouvoir jouer avec mes amis à la récréation et aussi des nouvelles baskets parce que les miennes sont cassées. J’ai hâte de voir les cadeaux que tu m’apporteras. Je te promets de préparer tes biscuits préférés et du chocolat encore cette année. Fais attention à Chouchou mon chat, il aime bien se cacher dans le sapin !

Rédactrice en chef Florence TESTE

Comité de relecture Florence TESTE Khiem TRAN-DINH

Assistante de publication Michèle LESEL

Lecture audios Marion PREITE

Rédacteurs AGITOX Christelle DUCROT Patricia FAVREAU Stéphanie GROUSSET-CHARRIERE Philippe JEANMICHEL Charlotte KLEINEIDAM Marie-Laurence MECKLER- LELUC Axelle NEGRIGNAT Rémi ORZALESI Elodie RESSOUCHES MT Laura TEJEDA MEZA Florence TESTE Anita VIEL

JEU 2 - Anagrammes SAPIN TRADITIONS EPOQUE HISTOIRE LEGENDE OCCASION REVEILLON FAMILLE CADEAUX

Maquette

Charlotte KLEINEIDAM

Promotion et communication

Audrey LIBOIS - promotion@lcf-magazine.fr

Impression

Impact Impression 483, ZAC des Vautes 34980 Saint-Gély-du-Fesc

Routage

Sud Routage 110, route de Rouquairol 30900 Nîmes

Remerciements

Richard BOSSUET - TV5 MONDE Audrey BRY - Editions LAROUSSE Ivan KABACOFF - TV5 MONDE

En produisant sa version papier, LCFF Magazine veut participer à la protection de la planète. Pour cela, nous avons choisi de faire confiance à un imprimeur qui travaille dans le respect des labels écologiques :


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MONTPELLIER

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