Générations solidaires 2023

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Générations

PROJETS CITOYENS POUR

Découvrez les 15 nominés de la 7e édition de l’appel à projets Générations solidaires. Une source inspirante d’optimisme !

SU PP LÉMENT RÉ D A CTIO N NEL A U JO U RNAL DU 2 9 JUIN 2 02 3
s o l i d a i r e s
DEMAIN

La coopérative Cera croit à la force de la participation et de la collaboration : avec nos quelques 400.000 coopérateurs et des centaines d’organisations partenaires, nous déployons la force et l’engagement du collectif pour créer une société qui vise la prospérité et le bien-être, aujourd’hui et demain. Notre contribution sociétale inspire, motive et met en action nos coopérateurs et le grand public. Car, ensemble, nous réalisons ce que nous ne pouvons accomplir seuls.

Notre vision : tous les uns pour les autres

Nous croyons à la force de la participation. Tous unis à travers Cera, nos coopérateurs soutiennent des projets pertinents sur le plan sociétal qui incitent à construire une société dans laquelle chacun peut être la meilleure version de lui-même. Ensemble, nous créons des liens, de l’impact et du changement. Vers une société durable, solidaire et forte, dont tout le monde bénéficiera en fin de compte. Parce que le bien-être est le moteur de la prospérité.

Rejoignez-nous sur :

Tout le monde mérite le respect et devrait avoir accès aux droits fondamentaux. Chacun peut contribuer à la société. Même ceux qui se heurtent aux limites des défis physiques ou psychologiques, à la pauvreté ou à la solitude. Avec nos 400.000 sociétaires et des centaines d’organisations partenaires, nous voulons être la voix de tous les publics. Parce que, ensemble, nous sommes plus audibles, plus grands et plus forts.

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Une contribution sociétale qui inspire, motive et met en action.

Partenaire de Générations solidaires, la Fondation Roi Baudouin fait du soutien de proximité l’une de ses priorités.

Trois questions à Françoise Pissart, directrice à la Fondation.

Quel regard portez-vous sur cette nouvelle édition ?

Cette année encore, Générations solidaires a fait le plein de dossiers de candidatures. Cela en dit long sur la vitalité et la résilience de ceux et celles qui animent les associations après les différentes crises qui ont touché et touchent encore notre société. On ne peut que s’en réjouir. Au regard de la qualité des projets proposés au jury (organisé par la Fondation), nous sommes fiers d’être, cette année encore, partenaire de Générations solidaires ! Un large éventail de préoccupations très variées, allant du décrochage scolaire à la précarité alimentaire en passant par les discriminations LGBTQIA +, montre l’importance des besoins, aux quatre coins de la Wallonie et de Bruxelles.

Les initiatives sélectionnées agissent le plus souvent au niveau local. Est-ce important ? Oui, car pour une part importante de la population, c’est au niveau local que se forgent les identités, se tissent les réseaux, voire se déroule l’activité

professionnelle.

C’est aussi à ce niveau-là que les solidarités battent leur plein. Nombreux sont les citoyennes et les citoyens qui s’engagent au niveau local, souvent bénévolement. Quel que soit l’objectif, la satisfaction est démultipliée chez eux par le fait de pouvoir observer dans leur environnement immédiat l’impact de leur action.

Comment la Fondation Roi Baudouin agitelle au niveau de la solidarité locale ?

L’efficacité des réponses aux défis d’un territoire donné repose sur une bonne connaissance des publics et du contexte local.

Aussi, lorsque nous soutenons des organisations actives au niveau local, nous essayons de ne pas être trop prescriptifs et de donner une large marge de manœuvre à ceux et celles qui les portent.

L’opération « Vis mon village ! » en est un bel exemple. À la Fondation, la philanthropie de proximité est en plein boum également. Nous aidons des donateurs locaux à exprimer leur générosité pour des activités d’intérêt général qui se déroulent dans la région de leur cœur.

Et dans les années à venir, nous voulons encore améliorer notre proximité avec les acteurs locaux et les citoyens qui s’engagent. Soutenir l’engagement et la solidarité, en respectant les besoins et les sensibilités de chacun, fait partie de l’ADN de la Fondation Roi Baudouin !

Les cyniques auraient tort de la sous-estimer… La vitalité citoyenne fait des émules ! Point de rêves de bisounours niais. Mais des actions concrètes, porteuses d’espoir et de changements sur le terrain !

Je l’observe avec enthousiasme depuis 7 ans : les 750 initiatives locales portées par des associations, comités de quartier, écoles, maisons de jeunes, services d’aide à la jeunesse, maisons de repos, qui ont déjà participé à notre appel à projets Générations solidaires font la différence. Ces femmes et hommes de l’ombre se rassemblent, réfléchissent ensemble, inventent de nouvelles réponses pour faire face à la précarité croissante. Fruits de ces réflexions intenses, des initiatives solidaires se multiplient : épiceries sociales, food truck solidaire, rencontres

intergénérationnelles, bibliothèque humaine, actions concrètes vers les plus précarisés. Et cette évidence constatée sur le terrain : ce souvent ceux qui se sont relevés d’épreuves pénibles qui aident les autres, à leur tour.

Cette année, nous avons battu un record de participation pour cette 7e édition de l’appel à projets Générations solidaires avec 139 dossiers reçus contre 83 en 2022.

Après la crise sanitaire, les liens se sont resserrés. Générations solidaires se veut avant tout un tremplin de visibilité pour ces milliers de citoyennes et citoyens solidaires. Modestement, à notre échelle, nous permettons à ces solidaires d’exception de faire entendre leurs voix. Toutes les voix. Des seniors actifs aux ados des maisons de jeunes, des élèves du fond de la classe aux enseignants qui changent des vies. Voici les 15 nominés du jury de Générations solidaires. Bonne lecture !

U n e in iti a t i v e d e en collaboration
avec
Par Françoise Pissart
« Soutenir l’engagement et la solidarité au niveau local »
Françoise Pissart Directrice de la Fondation Roi Baudouin Frank Toussaint
éditorial de Katel Fréson
La vitalité citoyenne déplace des montagnes !
-
Katel Fréson Coordinatrice de l’ASBL Générations solidaires

«Les rois de la débrouille» de la maison de jeunes 404

« Le p’tit lopin » de la maison des jeunes « Le 404 » à Couvin sème de la convivialité dans la cité.

N«ous sommes les rois de la débrouille ! », sourit Willy. Ce vendredi soir, Manon, Naoly, Myriam, Amalya, Wendy et leurs amis nous accueillent avec chaleur dans leur futur « P’tit lopin », le jardin partagé qu’ils aménagent avec les habitants du quartier. Nichée au cœur de la cité sociale La Résidence Émile Donnay à Couvin, la maison de jeunes « Le 404 » aide des jeunes de 6 à 26 ans à concrétiser des projets participatifs. Après avoir planté des arbres fruitiers, aménagé une citerne de récupération d’eau de pluie, les adolescents s’apprêtent à construire des bacs pour y faire pousser aromates, courges et potirons.

« Nous allons aussi semer des fleurs qui attirent les papillons », glisse une maman. Les Amis de la terre vont offrir des semences et des graines. Les légumes pourront être distribués aux personnes précarisées de la cité. Et servir de base aux ateliers culinaires, très appréciés par le public de la MJ. « Nous faisons très attention au recyclage, à éviter le suremballage », précise la maman d’Amalya. Manon lui répond avec fierté : « C’est clair qu’ici, la transition écologique est en marche ! Même si, il faut bien l’avouer, nous avons déjà mangé toutes les groseilles. Il n’en restait pas pour les confitures », plaisante-t-elle.

Dans cette cité de 230 logements modestes, Stéphanie Degroote, la coordinatrice de la MJ « Le 404 », et son équipe ont réussi à construire une dynamique collective, toutes générations confondues. Christine, une bénévole investie à l’école de devoirs, Myriam qui milite au sein des « Amis de la terre », Willy, le voisin amateur de jardinage, et une vingtaine de bénévoles soutiennent les jeunes dans leurs projets. Tous subissent la crise économique de plein fouet. « Je connais beaucoup de personnes du quartier qui n’ont plus les moyens d’acheter des fruits et des légumes, confie une maman. Nous devons nous entraider. Seuls, nous n’y arriverons pas ! »

Pour éviter de rester en vase clos dans la cité, les animateurs de la maison de jeunes « Le 404 » ont imaginé des ateliers originaux : les jeunes ont ainsi mis en place un atelier graff avec les jeunes du centre Fedasil voisin. Par ailleurs, deux petites filles d’Ukraine, accueillies dans des familles à Couvin, participent aux sorties culturelles. Autre ouverture importante : la sensibilisation aux droits des femmes. La lutte contre le harcèlement à l’école et sur internet reste une préoccupation constante.

Si l’équipe de la MJ souhaite encore développer davantage ses ateliers culinaires, d’autres imaginent réaliser une cabane en saule. Le jardin du 404 recèle un autre trésor : un four à pizzas, construit avec le Collectif Youth. Ce collectif rassemble toutes les maisons de jeunes de la Botte du Hainaut et de l’arrondissement de Philippeville, et propose notamment une soirée sur une thématique bien précise. La dernière soirée en date était consacrée à la prévention du harcèlement. Au cours de celle-ci, les jeunes de l’atelier danse du 404 ont réalisé une chorégraphie et remporté le prix Coup de cœur. « Le travail en commun, la solidarité, ce sont des marques de fabrique que nous mettons tous en pratique au quotidien ! », conclut Stéphanie Degroote.

Jacques Duchateau Jeudi 29 juin 2023 4 -
Stéphanie Degroote, la coordinatrice de la MJ « Le 404 ». Un mélange de générations autour du potager collectif. FOCUS

La Petite Ferme de Roloux crée des liens solides dans le village

Des personnes en situation de handicap vont préparer des soupes pour des familles précarisées avec les légumes du potager collectif.

Q«ui veut donner le biberon à l’agneau ? » Vingt petites mains enthousiastes se lèvent. Les enfants s’en donnent à cœur joie, ce mercredi après-midi ensoleillé, à la Petite Ferme de Roloux.

Ce coin de paradis pour les amoureux de la nature a été créé par Cécile Mattina et Hugues Evrard, en 2010. Le couple a rénové une ancienne ferme avec l’aide d’amis tous actifs dans le secteur social et éducatif, dans le hameau de Roloux à Fexhe-le-HautClocher. Cécile, institutrice maternelle, a décidé de quitter l’école il y a 5 ans pour se consacrer entièrement à sa ferme d’animation. Hugues, éducateur dans un service d’accrochage scolaire, va la rejoindre à mi-temps.

C’est que ce paradis des animaux nécessite des soins constants. Chevaux, poneys, chèvres, moutons, poules, coqs et autres canards font le bonheur des enfants des écoles de toute la province de Liège, des scouts, des bénéficiaires de l’abri de nuit à Liège, des adolescents de services de l’aide à la jeunesse…

Tous viennent se reconnecter à la nature, construire des abris, nourrir les animaux, traire les chèvres, cueillir les pommes pour préparer de délicieux jus et participer à différents ateliers à thème. Mais les joyeux drilles de la Petite Ferme de Roloux, soutenus par une cinquantaine de bénévoles, ne s’arrêtent pas en si bon chemin. Ils souhaitent relancer leur projet « Les Jeunes Pousses », en accentuant encore le volet social de leur ferme.

Ce potager collectif va impliquer des enfants et des adultes du village, des élèves des écoles de la région liégeoise, des usagers du CPAS de Fexhe mais aussi des jeunes en situation de handicap du Haut-Regard à Waremme. Ce lieu de vie et d’activités pour des adultes présentant une déficience intellectuelle légère ou modérée vise l’inclusion et l’autonomie de ses bénéficiaires. Pauline, une des résidentes, vient déjà une fois par semaine aider les animateurs de Roloux lors des activités avec les enfants.

« Nous voulons proposer aux résidents de cultiver le potager mais aussi de préparer des soupes avec les légumes récoltés à l’usage des familles précarisées du village », explique Nathalie Borremans, directrice du service Haut-Regard. Trente familles en difficulté ont déjà été identifiées par le CPAS de Fexhe. Les seniors des maisons de repos de Flémalle et Jemeppe-sur-Meuse, déjà des habitués de la Petite Ferme, seront aussi invités à participer au potager collectif. Cette émulation joyeuse crée des liens durables entre les habitants du village. « Les enfants qui sont venus en stage nous aident maintenant à la ferme, sourit Cécile Mattina. Devenus adultes, ils se sentent ici chez eux. »

Un dimanche par mois, la Petite Ferme de Roloux ouvre ses portes gratuitement pour permettre à tous de profiter des animaux. La confection du pain dans le four à pain communautaire rencontre beaucoup de succès. Les activités autour des ruches attirent aussi petits et grands : découverte du métier d’apiculteur et de ses ustensiles, réalisation de bougies à partir de feuilles de cire, création de savons à base de miel, dégustation de différents miels, bricolages en partant des alvéoles de la ruche, cours de couture. « Chacun vient ici avec ses compétences et ses envies », confie Cécile Mattina.

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Nourrir un agneau au biberon rencontre un succès fou ! Les enfants sont ravis. Un paradis pour les enfants et les animaux ! FOCUS

« Un toit, un cœur » pour sortir de la rue

Dans ce service d’accueil de jour, une aide sociale précieuse pour les personnes sans-abri. Pour surmonter la honte et reprendre pied dans la société.

Basculer dans la rue n’arrive pas qu’aux « autres ». Pour Louis (67 ans), la chute a été brutale. Ce sympathique sexagénaire a toujours travaillé. Il perd son boulot de cuisinier lors de la crise sanitaire. La dépression le guette. Il n’arrive plus à payer les factures. Son épouse le met à la porte. C’est la dégringolade. Louis se retrouve du jour au lendemain à dormir dans sa voiture. Sans logement, il lui est impossible d’accueillir ses deux enfants. Persuadé qu’il n’a droit à aucune allocation, il survit grâce à l’aide d’amis et perd 15 kg en 4 mois. Deux ans après cette rupture de vie, Louis a remonté la pente. Il a trouvé dans les locaux de l’association « Un toit, un cœur » une écoute bienveillante et une aide concrète pour retrouver ses droits. Il a aussi rencontré de nouveaux compagnons de route.

Autour de Louis, d’autres visages burinés par les privations, le chagrin, les assuétudes parfois. Du lundi au vendredi, de 9h à 16h, Stéphanie Seutin, coordinatrice de l’ASBL, et Cécile Herbeuval, assistante sociale, organisent un accueil des personnes sans abri.

« Nous sommes le seul service d’accueil de jour du Brabant wallon, avec celui de Nivelles, explique Stéphanie Seutin. Nous acceptons les chiens, sinon les personnes ne rentreraient pas chez nous. »

Dans la petite cuisine du container abritant les locaux de l’ASBL, en plein cœur du campus de l’UCL, Angela (84 ans) prépare des repas chauds : « J’ai perdu mon mari récemment. Ici, les personnes ont été très chaleureuses avec moi. Je me retrouve parmi eux comme chez moi ! Cela fait 8 ans que je viens aider. »

Des étudiants de trois kots à projets se relaient sur place. « Ici, nous sommes contre la charité. Chacun paie 1 euro la douche et 2 euros le repas chaud. Nous aidons chacun à se remettre en ordre pour avoir droit à une allocation du CPAS ou de la mutuelle, à un logement, une formation ou un emploi », précise Stéphanie Seutin.

FOCUS

Si Stéphanie Seutin et Cécile Herbeuval jonglent avec une multitude de tâches, elles ont clairement besoin de renfort. Le service psychiatrique mobile assure une permanence de deux heures par semaine. Une infirmière bénévole vient aussi prêter main-forte à l’équipe. Mais les ressources humaines sont trop limitées. Un renfort masculin serait bienvenu pour compléter le travail social accompli par Stéphanie Seutin et Cécile Herbeuval. Reste à trouver le financement de cet emploi. Quant aux femmes sans abri, l’équipe les dirige vers le collectif « Violences plurielles ».

La plupart des bénéficiaires de l’accueil de jour, des hommes âgés de 18 à 75 ans, ont cumulé maltraitances depuis l’enfance et lourds accidents de vie (décès d’un enfant, d’un conjoint…). « Ils sont d’une grande vulnérabilité émotionnelle », explique Cécile Herbeuval. Pour prêter main-forte à Stéphanie et à Cécile, l’aide des bénévoles est essentielle. « Je viens aider à préparer les repas, sourit Louis. J’ai retrouvé un logement et des meubles. Et je peux reprendre mes enfants un week-end sur deux. Ici, on essaie de garder une bonne ambiance. Je connais la honte de se retrouver dans la rue. Chacun a besoin d’être écouté sans jugement et d’être bien conseillé. »

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Les personnes à la rue et mal logées reçoivent aide sociale et écoute. Angela, une fidèle bénévole, et Cécile Herbeuval entourent Stéphanie Seutin.

Retrouver le plaisir d’apprendre grâce à « Out of the box »

Des jeunes en décrochage scolaire reprennent confiance en eux et construisent leur projet d’avenir. Ce programme éducatif résolument créatif fait des émules en province de Luxembourg mais aussi en France !

Q«uand j’ai débarqué ici, je n’avais plus envie de vivre. Je me sentais bonne à rien », se confie Lexie (15 ans). « Pour la première fois, je suis à ma place ! », enchaîne son amie Yasmina (17 ans). Toutes deux ont retrouvé du sens et des objectifs en s’impliquant dans le programme éducatif créatif de « Out of the box ». Diane Hennebert a lancé cette initiative en 2015 à Bruxelles. Depuis lors, elle a affiné sa méthode, s’entourant de professionnels passionnés. « Nous cultivons le plaisir d’apprendre sans cadre scolaire contraignant et compétitif, explique-t-elle. Pour moi, la vraie question à se poser est simple : comment donner envie, à chaque adolescent, de sortir de sa couette le matin pour venir ici et apprendre ? »

Les 28 élèves originaires de Bruxelles mais aussi du Brabant wallon et de la région namuroise se retrouvent chaque matin pour partager un petit déjeuner, dans une belle maison nichée à Etterbeek. « Les adolescents que nous accueillons ici, âgés de 15 à 19 ans, ne vont plus du tout à l’école depuis au minimum une année, précise la fondatrice de « Out of the box ». 85% de ces jeunes sous certificat médical de longue durée ne sont pas comptabilisés dans les statistiques du décrochage scolaire en Fédération WallonieBruxelles. Or, notre expérience le démontre : pour 1 adolescent sur 3, l’école n’est plus adaptée dans son fonctionnement actuel. » Les témoignages de nombreux adolescents renforcent ce constat : « J’ai toujours senti que l’école n’était pas faite pour moi, raconte Louka (19 ans). Les profs me rabaissaient, m’humiliaient. Je suis resté un an chez moi. C’était impossible pour moi de retourner à l’école. » Ses copains détaillent, eux aussi, une spirale infernale : isolement, harcèlement, dépression, tentative de suicide, internement en hôpital psychiatrique.

Lexie, Yasmina, Louka, Maxime, Lena, Charles, Anaïs, Oriana et leurs copains s’initient à l’économie, à la philosophie, aux neurosciences, à l’histoire, à la photographie, au cinéma… Tous suivent aussi des cours d’anglais, de boxe, de yoga, de selfdéfense et participent à la préparation des repas du midi.

À « Out of the box », pas de points, pas de bulletins, pas de punitions mais une évaluation en continu, tous les trois mois. Chaque élève s’auto-évalue et évalue chaque enseignant. Quant aux parents, ils doivent prendre une part active au processus au travers d’ateliers. « Certains jeunes suivront une préparation au jury central pour entamer une formation, monter leur projet. Ils savent qu’ils ne seront pas seuls. Nos anciens élèves reviennent ici expliquer leur parcours aux nouveaux et leur redonner espoir. »

Cours d’anglais résolument ludique et captivant !

Les résultats de « Out of the box » sont épatants. Chaque jeune repart, bien outillé, avec une idée de projet pour l’avenir. « Nous travaillons chaque projet avec le jeune en coaching individuel », explique la directrice

Diane Hennebert. Yasmina a décidé de suivre des cours d’esthétique. Lexie souhaite voyager après le jury central avant d’entamer des études de médecine. Ce programme éducatif résolument créatif fait des émules. Une antenne « Out of the box » pourrait s’ouvrir dans la province du Luxembourg mais aussi à Lyon et à Nice !

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FOCUS Lexie, Louka et Yasmina ont chacun un projet bien précis pour l’an prochain !

« Garden palettes » pour dépasser le « frein » du handicap

Des citoyens porteurs de handicap et des enfants créent ensemble des espaces extérieurs adaptés et attrayants pour l’école de Mesnil-Saint-Blaise.

«Vous avez goûté notre jus de pommes ? Il est bon ! », lance Aline. Cette super ambassadrice est une habituée du service « Second souffle » de l’ASBL « Souffle un peu ». « Second souffle », un centre d’activités citoyennes, accueille 21 personnes porteuses de handicaps moteurs, mentaux et/ou sensoriels légers à modérés, âgées de 18 à 65 ans. Méline, Cédric, Joris, Augustin, Axel, Cédric et leurs amis sont tous désireux de se rendre utiles. Installé dans des containers sur l’ancienne base militaire allemande de Baronville (entité de Beauraing), le centre « Second souffle » multiplie les coups de main aux associations, services publics et écoles (lire ci-dessous). « Nous avons créé ce service pour pallier un manque : proposer des occupations citoyennes qui ont du sens à des personnes porteuses de handicap. Nos bénéficiaires ont besoin d’autre chose que l’occupationnel. Mais ils ne seraient pas épanouis dans une entreprise de travail adapté », précise Anne Detinne, co-directrice de l’ASBL « Souffle un peu ». Ce service d’accompagnement reconnu par l’AViQ fait partie de l’ASBL « Souffle un peu » qui comprend également un service « de répit » à Yvoir (lire ci-dessous). « Lors de nos activités, nous veillons particulièrement à la récupération et au recyclage. La défense de l’environnement est vraiment notre fil rouge. »

« Garden palettes », porté par les bénéficiaires et Adrien Piron, éducateur et passionné de menuiserie, développe l’atelier bois. « Nous sommes en train de créer du matériel extérieur adapté pour les enfants de l’école de Mesnil-Saint-Blaise », explique Adrien Piron. La « cuisine des petits chefs » et un « mini-marché » en bois seront installés avec les enfants dans la cour de cette école maternelle et primaire de Houyet. Seul bémol : « Second souffle » a besoin de fonds supplémentaires pour financer l’achat du bois et des machines nécessaires.

Aline, Luca, Méline, Axel, Joris et leurs copains, tous bénéficiaires du centre « Second souffle » de l’ASBL « Souffle un peu », sont très actifs au restaurant du cœur de Fernelmont. Ils aident aussi à l’épicerie solidaire de Houyet et de Beauraing : préparation de colis alimentaires pour des familles précarisées, accueil des clients à l’épicerie, ramassage des pommes pour du jus solidaire, reconditionnement des champs bleus du personnel soignant d’hôpitaux. Par ailleurs, l’ASBL accueille des personnes polyhandicapées, enfants et adultes, dans sa « Maison de répit » à Yvoir, le temps pour leurs proches de « souffler un peu ».

« Ce qui nous motive le plus est le fait de prouver à la société que le handicap n’est pas un frein aux échanges, à la création, s’enthousiasme Anne Detinne. Le fait de réunir les personnes adultes en situation de handicap et les enfants fait tomber les barrières et les tabous. Le travail du bois est très valorisant car il permet l’exposition d’un résultat concret et utile. » Ce travail d’équipe porté par Adrien Piron est soutenu par les co-directrices Anne Detinne, Céline Degaudinne et Bérengère Hannard, et les autres éducateurs, Cindy Durinck et Elise Hogge.

« Une fois ce projet clôturé, nous espérons pouvoir le mener ailleurs, dans une autre école, une association… », conclut Anne Detinne. Une initiative citoyenne déjà largement entamée, solidaire et réplicable !

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Jacques Duchateau Jacques Duchateau Adrien Piron, éducateur, initie Aline au travail du bois. Une partie de la joyeuse bande du centre d’activités citoyennes « Second souffle ». FOCUS

Oser vivre son attirance et pouvoir en parler

Le Refuge Bruxelles et Tels Quels organisent des rencontres intergénérationnelles entre jeunes et seniors LGBTQIA +.

I«ci, je me sens enfin en sécurité », sourit Yanis (prénom d’emprunt). Ce jeune demandeur d’asile de 28 ans a été contraint de fuir l’Algérie, persécuté en raison de son homosexualité.

Il a pu poser son baluchon au Refuge Bruxelles, une maison d’accueil pour personnes LGBTQIA + (personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, queers, intersexuées, asexuelles et autres minorités sexuelles) à Bruxelles.

Le Refuge Bruxelles héberge des Belges sans logement, chassés par leur famille en raison de leur orientation sexuelle, mais aussi des demandeurs de protection internationale, parfois menacés de mort dans leur pays. « Nous les hébergeons en moyenne pendant 4 mois tout en les accompagnant dans leurs démarches pour trouver un logement, auprès du CPAS, de la mutuelle et/ou pour entamer une formation », explique Marc Bouteiller, directeur du Refuge Bruxelles.

Le Refuge Bruxelles fait des émules aussi en Wallonie. Un hébergement d’urgence vient d’ailleurs de s’ouvrir à Charleroi. Par ailleurs, un nouveau projet baptisé « Comment le dire ? » a été conçu conjointement par Le Refuge Bruxelles et l’association Tels Quels (défense et protection des droits et des libertés des personnes LGBTQIA +).

Le principe : organiser des rencontres intergénérationnelles entre des jeunes du Refuge Bruxelles tels que Yanis et des seniors du cercle des aînés mis en place par Tels Quels.

Pour Yanis, qui a révélé son homosexualité à ses parents à l’âge de 14 ans, l’horizon s’est enfin ouvert après des années de souffrance. Il poursuit des cours de français avant d’entamer des études d’assistant social fin « d’aider comme il l’a été ». « J’ai été battu par mon père qui me disait que j’avais choisi de lui faire honte. Ma maman me disait que j’étais malade. Elle m’a demandé de quitter notre village en Algérie. En Belgique, j’ai moins peur. Personne ne connaît mon histoire. Je ne suis plus insulté. Je ne me sens plus surveillé en permanence. » Travailleur social dans l’âme, Yanis aide déjà des amis rencontrés au sein du Refuge Bruxelles en les accompagnant dans leurs démarches à la commune, chez le médecin…

« Beaucoup de seniors LGBTQIA + souffrent de solitude. Ils se sentent encore davantage invisibilisés en raison de leur âge », explique Marine De Tillesse, chargée de projets chez Tels Quels. Sa collègue, Manon Vleminckx, enchaîne : « Le culte du jeunisme dans la communauté gay notamment isole encore davantage les personnes dès l’âge de 40 ans. » Ces rencontres, qui seront organisées dès septembre, permettront de discuter de réalités de vie communes aux différentes générations. « Certains seniors LGBTQIA + ont été ou sont toujours en couple et mènent souvent une vie d’hétérosexuels, précise Manon. Ils ont souvent besoin d’en parler à leur conjoint(e) mais ils craignent d’être rejetés s’ils font leur coming out. Par-dessus tout, ils refusent de faire souffrir l’autre en raison de leur attirance romantique et/ou sexuelle, et/ou de leur identité de genre. Nous observons beaucoup de honte intériorisée. » Pour enfin dépasser la peur du rejet et mener une vie plus épanouie.

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Le Refuge Bruxelles et Tels Quels mènent, ensemble, ce projet. Yanis (prénom d’emprunt), de dos, explique son parcours à Michaël Daman, du RCR2. FOCUS

bien plus qu’une assiette pour tous !

Ce restaurant social à Tournai soutient les citoyens en difficulté pour ne plus dépendre de l’aide alimentaire

J«e viens ici tous les jours depuis que je suis pensionnée. Ce n’est pas bon de rester trop longtemps seule. On finit par avoir des idées noires ! Pendant le confinement, c’était très dur de rester enfermée à la maison. » Marie-Christine fait partie des nombreux habitués de « L’Assiette pour tous », un restaurant social implanté à Tournai. Des citoyens de 18 à 75 ans s’y croisent autour d’un repas chaud de qualité.

« Nous accueillons des personnes âgées avec de petits revenus, des personnes isolées, un public sans abri ou mal logé », explique Olivier Catoire, coordinateur de l’ASBL.

En effet, un recensement récent a dénombré 400 personnes sans logement à Tournai. Chaque midi de la semaine, 75 repas sont donc préparés par l’équipe de l’association soutenue par une douzaine de bénévoles en alternance mais aussi des « articles 60 » de la commune, de futurs assistants sociaux et éducateurs en stage et des personnes prestant un travail d’intérêt général.

En hiver, le restaurant social a ouvert ses portes dès 7h pour accueillir en priorité les personnes à la rue. « Nous nous sommes rendu compte que cet accueil du matin était vraiment nécessaire car la précarité s’est encore renforcée depuis la crise sanitaire. Le fait de déjeuner, pour les personnes qui ont des problèmes de santé mentale, leur permet de prendre leur traitement dès le matin. Le petit déjeuner structure la journée. Nous n’avons pas de permanence sociale spécifique mais l’accompagnement social se fait en fonction des besoins et des demandes. Nous dirigeons les personnes vers les services de seconde ligne pour les aider à se mettre en ordre au point de vue administratif, pour une consultation médicale, une aide au logement… Quand une personne est rayée de la commune, elle perd ses droits en termes d’allocation du CPAS, de la mutuelle, etc. »

Dans les locaux de « L’Assiette pour tous », les bénévoles s’activent sans relâche, préparant les repas, lavant la vaisselle, nettoyant les tables tout en discutant avec les habitués.

Dans certains cas, ce sont parfois des personnes elles-mêmes en difficulté qui apportent leur soutien à des personnes plus précarisées qu’elles. « Je viens aider ici depuis 10 ans, pour l’ambiance et pour être utile, confie Georges. Je m’entends bien avec tout le monde. D’ailleurs, je n’ai jamais été absent. “L’Assiette pour tous”, c’est ma seconde résidence ! »

Au fil des ans, des amitiés précieuses se sont tissées autour de tables du grand réfectoire. Un quatuor de retraités du quartier se retrouve chaque midi : « On va boire un café l’un chez l’autre. On partage les problèmes et les bonnes nouvelles, raconte MarieChristine. Cela permet de se distraire et de s’entraider ! »

L’équipe de « L’Assiette pour tous » travaille activement au sein du Réseau social urbain de Tournai comprenant notamment les éducateurs de rue de la Ville, le CPAS, la Croix-Rouge, Infirmiers de rue, la banque alimentaire, l’abri de jour Le Brasero, l’abri de nuit Auxiliis, le Relais Santé, le Dimo, la Maison des familles, l’ASBL Citadelle… Si « L’Assiette pour tous » permet à des personnes précarisées de se nourrir à petit prix, elle vise aussi à favoriser les rencontres et à relayer l’information sur les différentes aides existantes. L’objectif ? Aider les citoyens à sortir des difficultés qui les ont amenés à dépendre d’une aide alimentaire.

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Les bénévoles fournissent une aide précieuse à l’équipe sociale. Olivier Catoire, coordinateur de l’ASBL, avec Georges et Marie-Christine.
Jeudi 29 juin 2023 10
FOCUS

BACHELIER CONSEILLERENGESTIONDECRISE

En collaboration avec l'Institut Provincial de Formation Sociale

Nouveau bachelier unique en FWB pour répondre aux besoins actuels et futurs de la société, face à l'émergence de nombreuses crisesdedifférentstypes

wwwhepn.be

OUVERTURE EN SEPTEMBRE 2023

RENSEIGNEMENTS&INSCRIPTIONS

adsecretariat@hepnprovincenamurbe 081775865

LE JEU D’ÉNIGMES

du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Une découverte moderne et amusante de votre Parlement

Informations et inscription : enigmes@pfwb.be www.pfwb.be/enigmes

« The Social Food Truck »

Cette distribution de nourriture est assurée par la section belge de l’ONG ADRA. Le but ? Répondre à la précarité alimentaire croissante en région bruxelloise.

L«es personnes qui arrivent ici ont vraiment faim…

C’est un besoin primaire qu’il faut combler ! L’urgence alimentaire a augmenté de 30 % depuis la crise sanitaire et économique, explique d’emblée

Alicia Lepage, la coordinatrice du projet pour ADRA en Belgique. Le Social Food Truck est donc une solution mobile permettant aux populations les plus précarisées d’avoir accès à une nourriture de qualité et plus respectueuse de l’environnement. »

ADRA International fournit de l’aide humanitaire d’urgence notamment en Ukraine lors des inondations provoquées par l’explosion du barrage de Kakhovska, mais aussi en Turquie et en Syrie suite au séisme meurtrier.

À Bruxelles, ADRA a décidé de compléter l’offre proposée par Rolling Douche et La Bulle, la laverie mobile (lire ci-dessous).

Dès lors, depuis novembre 2022, Alicia Lepage, la coordinatrice du Social Food Truck, soutenue par des bénévoles, propose un choix de repas végétariens savoureux (burgers ou hotdogs, dahl de lentilles, chili con carne…), visant le zéro déchet. 150 repas sont préparés lors de la distribution hebdomadaire du vendredi, à la sortie de la gare du Midi. « Chacun paie son repas en fonction de ses moyens. Ce prix libre, c’est le prix de la dignité. Certains donnent 1 ou 2 euros, d’autres n’ont parfois rien.

Peu importe ! », témoigne Alicia Lepage.

« ADRA a l’habitude de gérer les urgences. Nous avons préparé des repas pendant la crise sanitaire, aidé les secours lors des inondations en 2021… Face à l’augmentation de la précarité alimentaire, nous militons pour l’accès à une alimentation de qualité pour tous, précise Jonathan Lo Buglio, directeur de la section belge de l’ONG ADRA. La vente de street food, via le Social Food Truck, à des entreprises permet de financer les repas des personnes plus précarisées. »

Sur le parvis de la gare du Midi, lors de notre rencontre avec Jonathan, Alicia et plusieurs bénéficiaires, se croisaient un grand-père avec ses petits-enfants, des personnes sans abri, de jeunes Belges en squat, des MENA (mineurs étrangers non accompagnés) en errance…

Dans le petit village solidaire formé par les camionnettes de Rolling Douche, de Bulle et de ADRA, l’ambiance semblait plutôt paisible. « Des conflits peuvent survenir mais les habitués gèrent les autres. Ce village associatif permet à chacun de sociabiliser, de se poser dans un lieu sûr et de pouvoir souffler, le temps de se nourrir, de se laver, de laver ses vêtements. »

Au-delà des besoins primaires, les personnes en souffrance sont redirigées vers un service psychosocial, une assistance médicale… « Notre food truck solidaire se veut aussi attractif avec un concept interpellant. Lorsque nous nous déployons sur l’esplanade de la gare du Midi pour la distribution alimentaire d’urgence, de nombreuses personnes viennent poser des questions et sont intéressées par notre démarche. Navetteurs, riverains, autres associations, autorités publiques, etc. Autant de rencontres sur le terrain qui mêlent curiosité, sensibilisation et engagement ! », conclut Jonathan Lo Buglio.

ADRA compte passer de 1 à 3 distributions de street food par semaine.

ADRA s’est associée à Rolling Douche, qui propose une douche dans le mobil-home, des vêtements de rechange et une pause-café. Rolling Douche a d’ailleurs remporté le prix Coup de pouce de Générations solidaires en 2018. ADRA collabore aussi avec La Bulle, la laverie mobile, épinglée par le jury de Générations solidaires parmi les 10 associations nominées en 2020. Après 6 mois de fonctionnement, ADRA tire un bilan positif et projette de passer de 1 à 3 distributions de street food par semaine en rejoignant ses partenaires Rolling Douche et La Bulle.

ÉdA
Mathieu Golinvaux
Jeudi 29 juin 2023 12
ÉdA Mathieu Golinvaux Alicia Lepage, coordinatrice du Social Food Truck à Bruxelles. FOCUS

Vous êtes aidant·e proche ?

Nous sommes à vos côtés !

Partenamut accorde des avantages spécifiques aux aidant·e·s proches reconnu·e·s :

• Aide familiale/ménagère (courses, ménage…) : jusqu’à 350 €/an

• Garde au domicile de l’aidé (pour maladie ou handicap) : jusqu’à 1.000 €/an

• Séjour de convalescence et répit (pour aidant et aidé) : jusqu’à 980 €/an (max. 35 €/jour)

Toutes les infos et conditions sur : www.partenamut.be/aidants

E.R. : Partenamut, Mutualité Libre, Boulevard Louis Mettewie 74/76, 1080 Bruxelles. N.E 0411.815.280. Vous pouvez trouver les statuts de la mutualité sur www.partenamut.be/informations-juridiques. En cas de plainte, nous vous invitons à vous adresser au service de plaintes de Partenamut (plaintes@partenamut.be).
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« Les jardins d’Hamptia », l’agroécologie

grandeur nature

Sur leur terrain au pied de l’abbaye de Floreffe, Evelyne, Georges Bourdon et leurs enfants ont créé un écosystème transposable et modélisable pour éveiller les consciences.

L«es Jardins d’Hamptia, c’est notre projet fou, celui de deux retraités et de leurs enfants de créer un jardin pédagogique en agroécologie qui serait un lieu d’échange, de partage et de convivialité, sourit Georges (surnommé ‘Jojo’) Bourdon. Nous avons été vite dépassés par l’intérêt suscité ! Ainsi est née notre ASBL Hagronam – Hamptia, agroécologie en namurois. »

Evelyne, ancienne aide familiale et Georges, ancien responsable informatique et cartographie à la Ville de Namur, ont souhaité donner du sens à leur retraite. Ces amoureux de la montagne, fans d’escalade au sein du club alpin belge ont observé de près les conséquences des changements climatiques. « Nous avons vu des pans de falaise se détacher. Et les inondations dramatiques de l’été 2021 en sont une preuve évidente et dramatique ».

Dès lors, Eveleyne et Georges expérimentent et partagent leurs trouvailles dans leur laboratoire grandeur nature, un terrain de 40 ares, niché au pied de l’abbaye de Floreffe, en bordure de la réserve naturelle d’Hamptia. Ils ont récréé un écosystème en plantant des haies, des arbres fruitiers, des ruches, un potager et en aménageant une mare… « Quand vous prenez une poignée de bonne terre, vous avez, dans vos mains, l’équivalent de 7 milliards de (micro) habitants ! ».

Pour parfaire ses connaissances, Georges s’est formé à la faculté d’Agronomie de Gembloux et de Montpellier mais aussi à l’université du penseur philosophe Pierre Rabbi. Ensuite, le couple, aidé de la famille, de sympathisants de Floreffe et des environs, a commencé les plantations en suivant les conseils de la division nature et forêts de Natagora. Le président de la centrale alimentaire de Namur, d’autres ingénieurs agricoles et même un médecin, passionné de jardinage, les ont rejoints dans l’aventure. Depuis 2017, ils organisent des visites sur le terrain avec des écoles et des cercles horticoles de la province de Namur dont les guides composteurs de Malonne. « Nous formons et donnons des conférences. Nous souhaitons réaliser sur le terrain de Hamptia des parcours pédagogiques adaptés à l’âge et aux intérêts des participants ».

Les Jardins d’Hamptia ont déjà accueilli de nombreux particuliers et élèves mais aussi des jeunes en réinsertion via le projet Imagine. Le surplus de légumes est donné à l’association « Balance ta courge » qui collabore avec les Restos du cœur à Namur. Les Jardins d’Hamptia participe au Festival de l’agriculture sociale, à des donneries de graines et de semences dans le cadre de Floreffe en transition mais aussi à des activités organisées par l’ASBL « Esperansa », « Un Notre Monde »…

De nombreux ateliers sont organisés pour les écoles du Namurois.

« Nous partageons nos réussites et nos échecs. Personne n’a la science infuse. Quand vous voyez une attaque de pucerons, il faut parfois attendre que les coccinelles arrivent et règlent le problème. L’étude de cet écosystème est tout simplement passionnante ! », conclut Georges Bourdon. Nous voulons mettre en place une démarche intergénérationnelle pour créer les conditions de l’émerveillement. Il s’agit d’inspirer adolescents et adultes aux réalités d’un nouveau modèle de société.

vincent lorent vincent lorent
Les habitants de Floreffe participent avec enthousiasme !
Jeudi 29 juin 2023 14
FOCUS

La Brèche, un journal passeur de voix

Cette revue papier et web rassemble analyses critiques, témoignages, expressions poétiques et artistiques sur l’univers carcéral.

«Notre idée, c’est de faire passer les voix de l’intérieur de la prison vers l’extérieur et vice-versa, explique d’emblée Louis Périlleux. Il s’agit donc d’ouvrir une porte sur le monde carcéral. Et de permettre à chacune et à chacun de l’observer, de questionner son fonctionnement qui interroge notre société, d’écouter les personnes incarcérées. Activer des échanges entre le dedans et le dehors. Car quand une grève survient en prison, les médias vont interroger la direction, les gardiens. Qui va interviewer les détenus ? » Louis mais aussi Léonor Laloy, Lola Massinon, Loïc Manche et une dizaine d’autres jeunes de 18 à 31 ans, tous issus d’universités différentes, composent le comité éditorial du journal La Brèche.

Cette revue papier et web, de grande qualité, se veut avant tout une courroie de transmission des voix de celles et ceux qui sont incarcérés. « Nos contributrices et contributeurs sont bien sûr des détenus mais aussi leurs familles, leurs proches, des personnes portant un bracelet électronique qui témoignent de ce qu’ils vivent. Des universitaires fournissent aussi leurs analyses du système carcéral », poursuit Louis Périlleux.

Le comité éditorial soigne La Brèche, au contenu de qualité, illustré de dessins, photos et textes poétiques. Le 5e numéro compte 115 pages. Si les premiers numéros ont été mis en prêt dans les bibliothèques des prisons, ils sont aussi proposés dans certaines librairies et cinémas alternatifs au prix conseillé de 10 euros. Le dernier (double) numéro a été cofinancé par la COCOF et la Région de Bruxelles-capitale. Bruxelles Laïque prend en charge les coûts de distribution aux personnes détenues et à leurs proches. Mais le comité éditorial doit chercher les fonds nécessaires pour la mise en page, le graphisme, l’impression alors que le coût du papier s’est envolé.

La Brèche a été créée par la section bruxelloise du Genepi Belgique, une association d’intervention en prison née en France, en 1976. La section locale bruxelloise du Genepi Belgique est très proche de l’Observatoire International des Prisons. Elle a notamment mené une campagne pour le droit de vote en milieu carcéral. La Brèche s’adresse donc aux personnes détenues mais aussi aux travailleurs des prisons, aux fonctionnaires de la justice, aux centres fermés, aux IPPJ (centres pour mineurs ayant commis un délit grave), aux centres psychiatriques. « Notre public est très diversifié, d’un magistrat à la voisine d’une prison belge ».

Le prochain numéro portera sur la santé mentale dans les lieux d’enfermement (annexes psychiatriques, IPPJ, hôpitaux, etc.). Le comité éditorial a souhaité donner à voir ces lieux souvent très fermés et cachés. Mais aussi soulever le débat sur des pratiques, des choix politiques et donner la parole aux oubliés.

« Finalement, nous voulons montrer que nous n’oublions pas ce qui se passe derrière les portes fermées de nos prisons, conclut Leonor Laloy. Nous soutenons les personnes détenues et leurs proches. Nous espérons participer de la sorte à une société plus inclusive, conviviale et bienveillante ».

EdA
Mathieu Golinvaux EdA Mathieu Golinvaux Leonor, Loïc, Lola et Louis, une partie du comité éditorial de La Brèche. FOCUS

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La « bibliothèque humaine » d’Henallux renverse les clichés

Les étudiants infirmiers vont rencontrer des seniors pour lutter contre les stéréotypes liés à l’âge et améliorer les comportements envers les personnes âgées.

J«’ai complètement changé de point de vue sur les personnes âgées. Je me suis rendu compte que les seniors ne sont pas tous malades, loin de là ! Et que l’on peut être âgé, joyeux et en forme ! », sourit Julie. Cette jeune étudiante commente une expérience pilote lancée par Milena Jarosik, coordinatrice pédagogique de la section sage-femme de la Haute École Henallux à Namur. Cette enseignante a imaginé la mise en place d’une bibliothèque humaine en section sage-femme sur le thème des parcours professionnels inspirants.

Selon le principe d’une bibliothèque traditionnelle, les 40 étudiantes lectrices de 4e année, étaient invitées fin mars à « emprunter » 3 livres vivants sur 7 présents à la séance pour écouter et engager le dialogue avec des sages-femmes durant une trentaine de minutes. Celles-ci se sont présentées, ont décrit leur parcours et partagé leurs expériences avec les étudiantes. Milena Jarosik s’est inspirée de la « Human Library » créée il y a 20 ans, à Copenhague, pour mettre en place ce dispositif. Elle a été soutenue par Maria Pilar Carilla, une enseignante de l’Athénée royal Simone Veil de Beaumont qui a déjà organisé une bibliothèque humaine dans le cadre d’un projet ERASMUS +.

Dès l’année scolaire prochaine, la « bibliothèque humaine » sera lancée en section soins infirmiers du département paramédical de la Henallux pour impliquer 180 étudiants de 1re année et des seniors actifs. « Les soignants ont des personnes âgées une image tronquée de personnes malades, note Milena Jarosik. Or, 92 % des seniors vivent chez eux sans problème de santé majeurs ». À l’issue de ces rencontres intergénérationnelles, les étudiants décriront, par écrit, ce qui les a marqués pour en discuter ensuite en classe.

Avec ses collègues, Marie-Paule Lobet, chargée du cours de Soins à la personne âgée et Stéphanie Laffut, bibliothécaire, elles souhaitent donner la possibilité aux étudiants infirmiers de 1re année de mettre à l’épreuve les stéréotypes liés à l’âgisme, en organisant des rencontres intergénérationnelles selon le principe d’une bibliothèque humaine. Les « livres humains » sont les aînés très actifs de l’ASBL Maison des Seniors. Les étudiants pourront dialoguer en petits groupes avec le « livre humain » de leur choix sur base d’une 4e de couverture, durant un moment consacré à ces rencontres.

« Il s’agit vraiment de montrer une vision positive des seniors dans le but d’améliorer les comportements envers la personne âgée et la prise en soins dans la future pratique professionnelle », conclut Milena Jarosik.

Pour Rosetta Flochon, coordinatrice de la Maison des seniors, ces échanges intergénérationnels s’avèrent cruciaux pour améliorer la compréhension mutuelle. « Avec le Covid, les clivages se sont encore renforcés tels que : à cause des vieux, les jeunes ne peuvent plus mener leur vie, regrette-t-elle. On oublie de parler des seniors actifs ! ». Elle détaille donc, avec satisfaction, les activités des membres âgés de 65 à 92 ans : initiation au maniement du smartphone, yoga du rire, cours de stretching, bar à soupe…

Jacques Duchateau Jacques Duchateau
Milena Jarosik, sa collègue, Rosetta Flochon (Maison des seniors), et des élèves. Des rencontres intergénérationnelles riches ! FOCUS

Bonnescauses.be : vos plus belles expériences de solidarité

Sur bonnescauses.be, vous trouverez des informations fiables sur plus de 6.000 associations et fondations en Belgique, mises à jour quotidiennement. Elles proviennent de différentes sources officielles ainsi que des organisations elles-mêmes.

Parcourez cette base de données pour trouver en toute confiance plus d’informations sur l’association ou la fondation que vous voulez soutenir par un don ou en proposant vos services comme bénévole.

Les associations et fondations peuvent s’y inscrire gratuitement en quelques minutes. Elles bénéficient de trois avantages : transparence, visibilité et inspiration.

Bonnescauses.be est un site de la Fondation Roi Baudouin.

Les enfants reporters donnent de la voix !

Les élèves de l’école Notre-Dame de Bonne-Garde à Yvoir se mobilisent contre la pollution au travers du projet « Le son d’enfant ». Cet apprentissage de la citoyenneté est soutenu par l’ASBL Geomoun.

«Recycle, c’est magique. Les bouts de plastique qui nous étouffent deviendront de beaux oreillers pour nous faire rêver ! ». En écoutant cette chanson de Dominique Dimey, Alyson, Joulya, Nolan, Christian Maëlys et leurs copains rigolent en douce. Les élèves de Madame Cécile Schram en 3e et 4e année primaire à l’école Notre-Dame de Bonne-Garde à Yvoir préparent l’émission radio qu’ils vont enregistrer sur la Radio Universitaire de Namur, Run Radio. « Ce n’est pas compliqué de recycler, sourit Claudia. Moi, je garde mes papiers en poche puis je les mets dans la bonne poubelle. La jaune ! ».

Au sein de cette classe métissée, Logan, un enfant déficient visuel et plusieurs enfants vivant dans des centres d’accueil de demandeurs d’asile dans la région ont pleinement trouvé leur place, épaulés par une enseignante attentionnée. « Le fait de participer au projet Le Son d’enfants, proposé par l’ASBL Geomoun me permet de valoriser chaque enfant autrement. Je les découvre au fur et à mesure du projet », se réjouit Cécile Schram. La classe a choisi comme thème le respect de la nature, en accord avec leur classe jumelle (elle aussi inclusive) située à Saint-Louis au Sénégal. Les deux classes communiquent en s’envoyant des audios et des photos et échangent leurs expériences. Les apprentis reporters ont interviewé un garde forestier, l’échevin de l’Environnement, une écoconseillère et réalisé un micro-trottoir sur le thème de la pollution.

FOCUS

Deux autres écoles primaires ont participé à l’appel à projets Générations solidaires. Un club d’enfants reporters a été créé pour lutter contre la pauvreté au sein de l’école de la Gare de Court-Saint-Étienne. Autre projet dans le cadre du « Son d’enfants » : la création du club d’enfants reporters à l’école primaire Victor Horta, une école à discrimination positive. Les enfants sont accompagnés par l’ASBL Geomoun, l’AMO La Chaloupe et Louïz Radio, la radio associative de Louvain-la-Neuve. Chaque classe a choisi démocratiquement un thème de citoyenneté : « La pauvreté » pour la classe de Madame Eloïse et « la pollution » pour la classe de Madame Samia. Leurs émissions radio seront diffusées sur Radio Alma.

« Les élèves ont choisi démocratiquement un thème de citoyenneté. Ils sont en train d’analyser ce qui fonctionne et ce qui peut être amélioré en termes de respect de la nature, explique Nathalie Delbar, coordinatrice de Géomoun. Ce projet vise à encourager le respect de soi et de l’autre. Le projet est solidaire car il fédère les élèves. Il leur apprend à exprimer leur avis et à écouter celui des autres autour d’un thème de citoyenneté. Le projet valorise l’engagement citoyen des enfants au sein de leur communauté et de la société. » Et les enfants participent avec un enthousiasme communicatif à ce projet qu’ils ont construit étape par étape. « Dans notre micro-trottoir, on a interviewé une dame qui fabrique son savon elle-même, explique Cristofer. Une autre dame nous a montré comment moins acheter moins de plastique ».

« Nous pensons que la recherche d’un monde meilleur doit passer par le mouvement collectif, poursuit Nathalie Delbar. Il faut montrer aux enfants un monde en devenir et faire le choix d’un optimisme stratégique. Pour encourager l’action, elle doit être valorisée et diffusée ! ».

Jacques Duchateau Jacques Duchateau Montrer aux enfants des leviers d’action très concrets ! Madame Cécile Schram et ses élèves et Nathalie Delbar (ASBL Geomoun).
SEPHORAH LUX
BOULANGERIE

La cellule citoyenne des Daspasiens

Des MENA, élèves de l’institut Redouté Peiffer à Anderlecht, multiplient les coups de pouce à des associations.

Mariana, Ali, Ivan, Nichita et leurs amis partagent le même vécu : un exil souvent forcé pour fuir un pays en guerre ou des circonstances de vie violentes, la séparation avec leurs grands-parents, leurs parents, leurs frères et sœurs et une route migratoire dangereuse, semée d’embûches. Originaires des quatre coins du monde (d’Ukraine mais aussi de Syrie, du Cameroun, de Moldavie, du Brésil, du Maroc…), âgés de 12 à 18 ans, ces MENA (mineurs étrangers non accompagnés), se sont adaptés, en quelques mois, à une nouvelle langue et une nouvelle culture en Belgique. Ces élèves primo-arrivants d’une des 5 classes DASPA (lire ci-dessous) de l’institut Redouté Peiffer à Anderlecht souhaitent maintenant se rendre utiles.

Cécile Content, la dynamique enseignante de l’institut Redouté Peiffer à Anderlecht, cheville ouvrière du projet « Les Daspasiens solidaires », souhaite encore étendre cette cellule citoyenne afin que ses élèves transmettent ce type de projets vers d’autres jeunes. « L’essence même de notre projet est la solidarité et l’entraide. Ce projet se veut être une conscientisation à l’importance d’être solidaire et d’aider son prochain et ce, même quand on se trouve soi-même dans une situation compliquée ! ». La professeure de français compte aussi mettre sur pied une chorale regroupant élèves et enseignants pour lancer des concerts caritatifs.

« Quand on arrive dans un pays, on a besoin d’aide. Maintenant, ce sont eux qui veulent aider d’autres », sourit Cécile Content, professeur de français à l’initiative avec ses élèves du projet : Les Daspasiens solidaires. Ces jeunes sont d’une résilience, d’un courage incroyables ! ». Soutenue par plusieurs collègues dont la logopède Géraldine Boël et la coordinatrice pédagogique Wafae Garti Moulki, Cécile Content a planché avec ses élèves sur un programme d’actions solidaires. Les élèves sont allés, à cinq reprises, aider au Hub humanitaire (site de Tour &Taxis) en déchargeant des camions et en triant des vêtements. Les adolescents ont aussi fabriqué, au cours de sciences, du savon liquide pour les personnes à la rue qui viennent se laver chez DoucheFlux. Ils ont également préparé des soupes à base des légumes récoltés par les élèves de la section horticulture de leur école. Soixante litres de soupe ont été distribués à des personnes sans-abri, dans le métro bruxellois, via l’Opération Thermos. Les « Daspasiens solidaires » ont tenu aussi à nettoyer les rues et parcs du quartier de leur école en collaboration avec Bruxelles Propreté. Enfin, le 28 mai dernier, un groupe de 14 courageux s’est fait parrainer lors des 20 km de Bruxelles au profit de Doucheflux, de l’opération Thermos et de la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés. « À l’aide d’un carnet de bord du citoyen solidaire, nous réalisons en classe un débriefing et un débat axé sur une chanson engagée après chaque action réalisée au profit des autres. Grâce à cela, nous allons créer des affiches, notre propre chanson engagée, notre clip vidéo que nous diffuserons dans notre école afin de sensibiliser les autres élèves », conclut Cécile Content.

Cécile Content (en bleu à gauche) avec ses élèves d’une des cinq classes DASPA.

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FOCUS

Un Écodôme végétal pour un apprentissage plus ludique

Les élèves de l’athénée royal de Quiévrain ont construit entièrement une classe extérieure afin de pouvoir suivre certains cours dehors ! Une manière de se connecter à la nature tout en resserrant les liens entre eux.

L«’Écodôme, c’est vraiment un projet créé par des élèves pour d’autres élèves, explique, avec enthousiasme, Perrine Delattre, élève en 6e année de l’athénée royal de Quiévrain. C’était une période compliquée pendant le Covid. Nous cherchions le moyen de suivre les cours mais à l’extérieur pour pouvoir retirer les masques. Nous avons travaillé en groupe, ce qui a créé plus de liens entre nous ».

Les élèves, guidés par leur professeure de français Adélaïde Richard et un architecte, ont tout d’abord préparé un terrain à l’abandon, jouxtant la cour de récréation. Les élèves ont planté des saules en cercle afin de former un dôme puis construit des tables et chaises d’appoint avec des rondins de bois. Cet espace extérieur baptisé « L’Écodôme » s’est étoffé : outre la classe partagée, un potager, un espace de plantations fleuries, une fresque en graffiti et une exposition sur le graffeur tournaisien, Amty, qui les a épaulés, composent l’ensemble.

Cet espace de travail à l’extérieur, qui sera surmonté d’un dôme végétal le temps de la pousse des saules (voir la vidéo), se veut partagé par toutes les classes en fonction de leurs activités. L’écoteam de l’athénée royal de Quiévrain, constituée d’élèves et de membres du personnel, se charge de la sensibilisation au respect de la planète (biodiversité, propreté…) au sein de l’école. Cheville ouvrière de l’Écodôme, Adélaïde Richard est heureuse de l’engouement suscité par l’Écodôme auprès des adolescents : « Il est indispensable que tout un chacun se reconnecte à la nature. La seule terre que nous ayons est en cours de dépérissement sans que bon nombre d’entre nous ne se sentent particulièrement impliqués. Les derniers rapports du GIEC sont pourtant très alarmistes. Il est primordial que nous repensions nos modes de vie. L’inculquer aux plus jeunes semble particulièrement logique puisqu’ils seront les acteurs et architectes de demain. Ensuite, les mentalités évoluant, les méthodes d’apprentissages se doivent de faire écho. Notre projet a également cette ambition : apprendre autrement, en impliquant les étudiants et en favorisant l’interdisciplinarité. Enfin, apprendre et enseigner dans un cadre propice est bénéfique pour les étudiants et les enseignants ! ». Perrine et les autres élèves partagent cette satisfaction : « Notre grande fierté, c’est que les prochaines classes pourront encore plus en profiter quand tout aura bien poussé ! ». L’Écodôme, planté en 2020, sera inauguré le 1er septembre, avec un concert acoustique d’Antoine Armedan qui poursuit sa tournée « zéro carbone sous les comètes » (en train et à vélo), une visite guidée du lieu et de l’exposition sur le graffeur AmtyOne…

« J’aime proposer à mes élèves de se dépasser et de mener à bien un projet concret, confie Adélaïde Richard. J’ai besoin de sentir une jeunesse engagée qui collabore et de lui prouver qu’elle peut mener à bien ses propres projets, à l’école ou ailleurs. Le côté moins académique de l’enseignement en extérieur est plus expérimental et plus ludique. Cela permet, de ce fait, de réconcilier les jeunes qui n’aiment pas forcément l’école. Notre athénée devient un lieu à la rencontre des élèves mais aussi des arts, des préoccupations environnementales et de la modernité en pédagogie ».

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L’écodôme végétal en saule pousse à vue d’œil !
Jeudi 29 juin 2023 22
FOCUS

assumer sa différence pour aider les autres

« Des journées pas comme les autres » à l’institut communal professionnel des Polders, école d’enseignement spécialisé.

N«ous, on ne veut plus que les personnes âgées se sentent seules, lance Noah. On veut les inviter dans notre école. Leur proposer des activités mais aussi écouter leurs histoires, leurs passions ». C’était en février dernier. Elisa, Mariana, Victoria, Chara, Enzo, Noah, Nabilay, Mourad et l’autre Noah m’expliquaient leur projet, mis en place suite à l’appel à projets Générations solidaires.

Dans cette école secondaire d’enseignement spécialisé, à l’institut communal professionnel des Polders, ICPP, au cœur d’un quartier populaire d’Uccle bien loin des quartiers chics, l’équipe éducative s’emploie à redonner à chaque élève confiance en elle/en lui.

Le chemin semble long après des années à cumuler des problèmes d’apprentissage. Au fil de la conversation, les visages des adolescents, âgés de 13 à 15 ans, se détendent et les idées fusent.

Cheville ouvrière du projet, Ciettina Lombardo, enseignante de la section « Service aux personnes », passionnée par son métier et par son école depuis 28 ans à l’institut communal professionnel des Polders : « Nous réfléchissons ensemble à des activités à proposer aux personnes isolées du quartier pour créer des liens qui se renforcent au fur et à mesure des mois ».

Les objectifs sont atteints : valoriser les élèves et leur démontrer qu’ils sont capables de mener des projets solidaires utiles à d’autres. « Les riverains connaissent notre marché aux plantes de la section horticole, précise Ciettina Lombardo. Mais c’est parfois tout. C’est important, pour nous, de faire connaître les sections de notre école. Et de casser les préjugés. Tous nos élèves, qui présentent un handicap de type 3, trouvent du travail en sortant de l’école ! Nous aidons nos élèves à accepter le fait qu’ils ne sont pas ‘comme les autres ‘ et qu’ils doivent apprendre à accepter leurs différences ».

Lors de notre nouvelle visite à la mi-juin, les élèves et leur enseignante n’étaient pas peu fiers de nous raconter leurs premières activités. Cette après-midi-là, les élèves organisaient une balade au Bempt avec des riverains, accompagnés par Madame Lombardo et sa collègue logopède, Julie Willemart. En raison de la chaleur, il a finalement été décidé de discuter à l’ombre dans le jardin de l’école avec Marc et son épouse Shjin, Bernadette, Lucy, Louise et d’autres riverains de l’école. « Que je suis contente d’être ici avec vous, lance Lucy. Je n’attendais qu’une chose. C’est de revenir ! J’ai été reçue avec beaucoup de gentillesse par les élèves et leurs professeurs. Des enseignantes extraordinaires ! » À ses côtés, Bernadette, une ancienne éducatrice, apprécie, elle aussi, le contact avec les jeunes. Surmontant leur timidité, les élèves font visiter leur école aux nouveaux venus. Les 4 premières après-midi avec les habitants du quartier ont rencontré pleinement les objectifs de l’équipe éducative : valoriser les élèves avant tout et leur démontrer qu’ils sont capables de mener des projets solidaires utiles à d’autres. Mais aussi dépasser le cliché parfois misérabiliste associé à l’enseignement spécialisé.

Des rencontres intergénérationnelles très appréciées de part et d’autre.

ÉdA
Mathieu Golinvaux EdA Mathieu Golinvaux Ciettina Lombardo, Julie Willemart, leurs élèves et plusieurs riverains ravis ! FOCUS

L’Avenir. On le lit, il nous lie

On a tous envie de savoir ce qui se passe près de chez nous, et dans le monde.

Ça nous passionne, nous émeut, nous indigne parfois. Alors on le partage, on le commente, on en débat.

C’est ça qui nous lie.

Papote entre Clara et Aline dans le 81 entre Namur et Hannut.

On a tous en commun
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