METEORE

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réalité piquée, griffée, déformée et diffuse perse du halo quasi opaque de la nuit. A moins que ce ne soit celui de la lumière ? La réalité alentour et l'environnement sont « nettoyés » de l'image par la nuit. L'essentiel est dévoilé par cet îlot lumineux. Les vides chromatiques, noirs, s'ouvrent sur le néant ou sur le caché, la lumière occultant par contraste. De cette béance s'extrait le sujet, d'où germent les ombres planantes et la lourdeur sombre. La trainée qui résulte du mouvement s'estompe dans le noir. Cette forme informe, cette forme non contenue et non maitrisée s'échappe. Est-ce les limites de la machine qui ne peut témoigner de l'entièreté de l'instant, les limites du réel qui se dévoilent dans le ralentit extrême ou les limites de notre perception qui font tendre l'image vers l'abstraction ? Cette métamorphose du réel résulte-t-elle d'une transformation visuelle ou d'une transformation cognitive ? Les surfaces en décomposition, les surfaces partielles et fragmentées contiennent les signes de l'altération. Le grain, le bruit, s'organisent en cosmologie. Comme si la machine tentait de recréer cette ouverture sur le cosmos que la lumière artificielle a fait disparaître dans son aveuglement. ¹ Levaillant Jean. Paul Valéry et la lumière. In: Cahiers de l'Association internationale des études françaises, 1968, N°20. pp. 179-189.


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