Diagnostics territoriaux de l'intégration

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FASILD / CAHC – Diagnostic intégration / discrimination – Rapport final

extrait du Guide méthodologique des Schémas locaux d’intégration en région Nord-Pas-deCalais(1993) : « Faut-il traiter ensemble ceux qui le sens commun agglutine ? Faut-il traiter à part un public dont une minorité et non la totalité subit des exclusions, celles-ci étant les mêmes que celles vécues par de nombreux Français dits de souche ? (…) Les personnes issues de l'immigration ne sont pas en soi une catégorie de l’action publique. Ne sont concernées ici que les personnes qui subissent des mécanismes d’exclusion. Reste la question : y a-t-il une spécificité de l’exclusion des personnes issues de l'immigration qui justifie le maintien, à défaut de programmes spécifiques, d’une veille spécifique ? A cela il est répondu qu’il n’y a pas d’exclusions spécifiques mais bien une spécificité des exclusions pourtant communes à d’autres publics. Cette spécificité tient non pas dans la nature du handicap (…) mais dans la combinaison de handicaps sociaux généraux avec des mécanismes d’ethnicisation du handicap (discrimination raciale mais aussi transformation du stigmate en emblème conduisant à des attitudes de défi et/ou d’auto-exclusion)… renforcées par des phénomènes de relégation et de ségrégation urbaines provoquant des difficultés particulières (…). De ce fait, une politique en direction des personnes issues de l'immigration de l’immigration ne saurait être que fortement associée à la politique de la ville ».

La fusion ainsi préconisée avec l’approche territoriale de la politique de la ville n’était guère propice à une pleine reconnaissance de l'enjeu des discriminations, ni même à une réelle prise en compte des questions d’intégration. Dans sa contribution aux Orientations stratégiques de l’État en matière de politique de la ville (2000), le FAS notait « un déficit de prise en compte des difficultés spécifiques des personnes issues de l'immigration et de la problématique globale de l’intégration dans les politiques publiques locales, faute de volonté politique ou de ressources locales identifiées sur l’intégration ». Après avoir évoqué un contexte de « précarisation des cités minières » où « le processus local d’intégration apparaît en panne », ainsi qu’un « sentiment d’exclusion et de relégation d’autant plus ressenti qu’il est renforcé par des questions d’identité, le cumul de situations discriminantes et les réactions parfois xénophobes de la population locale », le FAS dressait dans ce même document la liste des orientations à mettre en œuvre. Dans l’ensemble des dimensions thématiques relevant de la « lutte contre les exclusions et de l’intégration des populations issues de l'immigration », un court paragraphe était consacré à la lutte contre les discriminations « à l’accès à l’entreprise, la fonction publique ou la formation ». Deux outils étaient suggérés : les « réseaux de parrainage » et la lutte à mener avec l’Éducation nationale et les CIO « contre l’ethnicisation dans la répartition des tâches et des métiers ». D’autres services de l’État (DDTEFP, DDASS et Éducation nationale) ont apporté aussi leur contribution sur ces sujets. Mais de façon symptomatique, les « conclusions départementales » sur les orientations de l’État ne pipaient mot de l’intégration, ni a fortiori de la lutte contre les discriminations... Localement, le « Diagnostic partagé du district de Hénin-Carvin » élaboré la même année était tout aussi évasif. L’enjeu de l’immigration n’était nulle part mentionné, sinon pour dire « qu’il avait été souligné à plusieurs reprises la nécessité de la tenue d’une réflexion sur l’intégration » et que le FAS 68


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