lectures buissonnières rentrée littéraire 2015
littérature francophone Mā d’Hubert Haddad
Éditions Zulma, 246 pages, 18 €
« La marche à pied mène au paradis ; il n’y a pas d’autre moyen d’y parvenir, mais il faut marcher longtemps. » Ainsi s’ouvre magnifiquement Mā, roman envoûtant qui entraîne le lecteur sur les pas de Santōka, le dernier grand haïkiste, cheminant lui-même sur ceux de l’immense Bashō et de son maître Saigyō. Un cheminement sur la voie du détachement où l’art poétique et l’art de vivre fusionnent en se sublimant. La prose d’Hubert Haddad est magique, elle magnifie la langue française, enchante le roman et réjouit le lecteur ! Manuel Rencontre avec Hubert Haddad le mercredi 30 septembre à 17 heures.
Corps désirable d’Hubert Haddad
Éditions Zulma, 176 pages, 16,50 €
Imaginez un instant que l’on transplante votre tête sur le corps d’un autre ? C’est ce qui arrive à Cédric Allyn-Weberson après avoir perdu l’usage de son corps. Peut-il encore être lui-même ? Et quels désirs peut éprouver Lorna, celle qui l’aime intensément ? Ce roman au sujet troublant et fascinant sonde notre monde contemporain à l’extrême, creusant les questions les plus intemporelles qui soient : l’amour, le désir, l’identité. Tendu par un suspense continu, il est porté par une écriture fabuleuse qui donne à éprouver les sensations et les émotions les plus subtiles de ses personnages. Manuel Rencontre avec Hubert Haddad le mercredi 30 septembre à 17 heures.
Une plaie ouverte de Patrick Pécherot
Éditions Gallimard, série noire, 269 pages, 16,90 €
Trente ans après le sanglant épisode de la Commune de Paris, Marceau recherche toujours Dana qu’il côtoyait alors sans vraiment le connaître. Qui était-il ? Un communard sincère, un infiltré versaillais, un escroc profitant du chaos, assassin de surcroît ? Aurait-il fui vers le Nouveau monde ? Brouillant les codes traditionnels du roman policier, Patrick Pécherot n’a pas d’égal pour restituer les atmosphères de cette turbulente époque, de part et d’autre de l’Atlantique. Dans une belle mélancolie, il rend à chacun de ses personnages la complexité, les troubles et les paradoxes qui les animent. Manuel Rencontre avec Patrick Pécherot le samedi 17 octobre à 17 heures.
littérature francophone Les gens dans l’enveloppe d’Isabelle Monnin
Éditions JC Lattès, 370 pages, 22 €
Un roman, un cahier de photographies, une enquête et un CD réunis en un seul volume : c’est extra ! Isabelle Monnin a le don de raconter des histoires et de très bien le faire. Le roman élaboré à partir d’une série de photographies anonymes achetées sur internet est marqué d’une très belle empathie, identique au déroulement de l’enquête qui suivra. L’auteure sait rester discrète, imagine, observe, et rend ses personnages, imaginaires ou réels, fort sympathiques. La lecture terminée, vous êtes imprégnés d’une certaine douceur et tendresse, heureux d’avoir rencontré ces gens le temps d’un livre. Betty Rencontre avec Isabelle Monnin le samedi 28 novembre à 11 heures.
D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan
Éditions JC Lattès, 478 pages, 20 €
Le titre pose déjà le trouble. Le trouble de la réalité et de la fiction qui s’enroulent l’une sur l’autre jusqu’à se confondre. Par des effets de réel, l’auteure se met en scène dans l’incapacité d’écrire après l’immense succès de son roman précédent. Tombée sous l’emprise de « L. », une femme qui prétend vouloir son bien mais la vampirise, elle tente de se défaire de cette dangereuse présence… Dans ce roman tendu, Delphine de Vigan interroge habilement la création romanesque, et trouble le lecteur dans son rapport au « vrai » et à « l’imaginé », propageant une véritable onde de choc. Manuel Rencontre avec Delphine de Vigan le samedi 5 décembre à 11 heures.
Juste avant l’Oubli d’Alice Zeniter
Éditions Flammarion, 286 pages, 19 €
Ce roman fascine par ses facettes multiples et les interprétations tout aussi variées qui en découlent. C’est un roman sur l’amour, entre Émilie et Franck, l’amour d’une auteure pour ses personnages et inversement, la dévotion possible consacrée à un auteur même fictif. Le cadre des îles Hébrides accentue l’isolement de chacun, autorise l’expression de la solitude d’un être face à l’autre, l’affirmation de soi acharnée contre vents et marées. Ce roman très inventif parcourt les frontières de la fiction, explore les limites de l’amour juste avant l’Oubli et joue prodigieusement avec le lecteur. Betty
littérature francophone La Terre qui penche de Carole Martinez
Éditions Gallimard, 367 pages, 20 €
La Terre qui penche est un fabuleux voyage au cœur d’une contrée abrupte tissée de secrets, un voyage au pays de l’enfance dessinant l’apprentissage du monde adulte et de la cruauté des hommes. Fable d’amour, fable de l’enfance, fable initiatique, La Terre qui penche est un enchantement littéraire, une immersion dans les courbes et les boucles de la Loue, dans le cœur de Blanche, jeune enfant vulnérable et rebelle du Moyen-Âge. Betty
Titus n’aimait pas Bérénice de Nathalie Azoulai
Éditions P.O.L., 314 pages, 17,90 €
Tout commence, à notre époque, par une rupture. Titus quitte Bérénice. Pour continuer à vivre, cette Bérénice contemporaine entreprend de relire les tragédies de Racine, voulant faire de l’auteur du XVIIe siècle, son « frère de douleur ». Au fil des lectures de la jeune femme, Nathalie Azoulai nous entraîne de Port-Royal à Paris, en passant par Uzès et décrit avec brio comment le jeune Jean devient l’immense Racine. Ce même Racine qui, quelques siècles plus tard amènera la moderne Bérénice à découvrir que « vouloir comprendre ce qu’on appelle l’amour c’est vouloir attraper le vent ». Dominique Geneix
Le secret de l’empereur d’Amélie de Bourbon Parme
Éditions Gallimard, 318 pages, 20 €
Quel mystère pousse l’empereur Charles Quint, homme le plus puissant de son époque, à renoncer à tous ses pouvoirs pour aller vivre dans un monastère ? Porté par une écriture sobre et douce, ce roman dresse le portrait d’un homme en quête de lui-même, aspirant à la tranquillité loin des éblouissements du pouvoir, mû par sa passion des horloges, à la recherche des secrets de la vie et des mystères de l’univers. Paradoxal voyage initiatique d’un vieil homme, ce beau roman est aussi le voyage de la dépossession et du dépouillement vers les voies de la sagesse et de la connaissance. Manuel
littérature francophone 2084 : la fin du monde de Boualem Sansal
Éditions Gallimard, 273 pages, 19,50 €
L’Abistan est un pays gouverné par une religion unique et totalitaire, guerrière et vindicative qui n’admet rien, sauf elle-même et sa surpuissance. Et lorsque le doute s’insinue dans l’esprit d’Ati, jeune homme tuberculeux, naïf et curieux, le monde en est soudainement bouleversé. Le dogme religieux est remis en cause. Le concept de liberté lui fait entreprendre le chemin de la connaissance. 2084 est un roman fabuleux, une expérience littéraire intelligente et furieuse qui par le biais de la fable apocalyptique et futuriste dénonce l’emprise de la religion sur les masses ignorantes et dociles. Betty
La dernière nuit du Raïs de Yasmina Khadra Yasmina Khadra nous plonge dans l’esprit torturé de Kadhafi, une dernière nuit avant le néant au cours de laquelle remontent les souvenirs d’une vie entièrement guidée par la cruauté et le sang. C’est fort, passionnant et diablement bien écrit. Bertrand
Éditions Julliard, 207 pages, 18 €
Le Français de Julien Suaudeau
Éditions Robert Laffont, 210 pages, 18 €
Et si une mauvaise rencontre pouvait changer votre vie… Le Français est un roman fort, dur, avec une belle narration. L’auteur nous emmène au Mali, en Syrie sur les traces d’un homme ordinaire, un Normand qui au fur et à mesure de ses rencontres se transforme en bourreau, en monstre de violence. L’auteur tente inéluctablement de choquer son lecteur avec un sujet extrêmement sensible et compliqué à aborder. On peut regretter une utilisation un peu facile de clichés et peut-être un manque de connaissance de la complexité de cette « nouvelle guerre » contemporaine. Benjamin Fenestre
littérature francophone Ressources inhumaines de Frédéric Viguier
Éditions Albin Michel, 280 pages, 19 €
Avec « Elle », chef de secteur textile d’un hypermarché, Frédéric Viguier dresse une figure romanesque emblématique de notre époque. Plongeant le lecteur au cœur du système marchand, il en dévoile les rouages absurdes et la mécanique glaciale qui rythment le quotidien de ceux qui y travaillent, annihilés par le miroitement des promotions hiérarchiques et la menace d’humiliantes relégations. L’être disparaît sous le paraître, avili par un système pervers qui le vide de toute substance. Ce premier roman implacable, d’une grande force narrative nous offre une lecture édifiante et salutaire. Manuel
La saison des Bijoux d’Éric Holder
Éditions du Seuil, 312 pages, 18,50 €
Il y a des livres qui se contemplent. La saison des Bijoux, plus qu’une narration est une fresque. Certes le sujet est original, une saison de camelots sur les bords de l’Atlantique. Mais ce qui emporte le lecteur c’est la puissance des descriptions. Sous le pinceau d’Eric Holder, toutes les nuances du soleil et de la lune, du vent et de la plage, des gens et des caractères, et surtout toutes celles de la femme, deviennent grâces. Au-delà de l’écrivain, il y a un artiste. Guillaume Houdan
Après le silence de Didier Castino
Éditions Liana Lévi, 224 pages, 18 €
Roman de l’intime et de l’universel étroitement liés. Roman social et familial qui réveille avec discrétion mais non sans éloquence le noyau ouvrier ébranlé, fissuré, démantelé après l’accident mortel. Les paroles du père et du fils s’entremêlent pour tenter de comprendre l’incompréhensible et briser le silence. Obstinés, l’un et l’autre révèlent leur propre vérité, leur propre sagesse à une époque où la fierté et la grandeur étaient dans le travail et le labeur incessant. Un premier roman à lire, absolument. Betty
littérature francophone Le métier de vivant de François Saintonge
Éditions Grasset, 253 pages, 18 €
Magnifique roman d’amitié, d’amour et d’aventures, qui traverse la période de l’avant-guerre de 14-18 jusqu’au Blitz en septembre 1940. Une très belle écriture, élégante, qui s’appuie sur une documentation historique. Ce récit narratif et romanesque nous fait revivre cette période à travers les évolutions différentes d’un trio d’amis. En partageant leur existence, le lecteur est amené à se questionner sur le sens et le but d’une vie. À lire absolument ! Régine Jourdain-Brière & Laurence Fenestre
Il était une ville de Thomas B. Reverdy
Éditions Flammarion, 272 pages, 19 €
Ville abandonnée, désertée, livrée à elle-même, à une végétation obscure qui reprend ses droits, Detroit en faillite est devenue ce nouveau terrain de jeu où la pègre locale et des multinationales tout aussi douteuses persistent dans leurs illusions dérisoires, outrancières, infatigables. Eugène, jeune ingénieur s’astreint, avec une pointe de désarroi à l’élévation d’un nouveau chantier. Charlie de son côté, jeune adolescent fragile et rêveur tente de s’émanciper sur un nouveau terrain de jeu. Le danger les guette. L’éphémère côtoie bientôt le sordide et l’absurde. Betty
La maladroite d’Alexandre Seurat
Éditions du Rouergue, 128 pages, 13,80 €
S’emparant d’un fait divers, la mort de Diana, maltraitée de sa naissance jusqu’à sa mort à l’âge de huit ans, Alexandre Seurat donne la parole à ceux qui l’ont connue, côtoyée, ont eu charge d’elle : parents, enseignants, médecins, assistants sociaux, gendarmes. Sans juger personne, il révèle la mécanique sournoise de la maltraitance, révèle les effets de la violence physique et psychologique, révèle l’impuissance des adultes à sauver l’enfant, souligne aussi une certaine indifférence. S’attachant aux faits, avec retenue, pudeur et distance, il n’en livre pas moins un texte fort et émouvant. Manuel
littérature francophone Les Prépondérants d’Hédi Kaddour
Éditions Gallimard, 459 pages, 21 €
Les années vingt. Un village imaginaire du Maghreb. L’équilibre dominant-dominé des autochtones et des Français. Les réserves et traditions musulmanes. Les quant-à-soi et certitudes des colons. Tout semble en équilibre. L’arrivée d’une équipe de cinéma américaine va bousculer la vie tranquille de ce petit monde. On apprend à se connaître, on s’envie, on s’étonne, on se scandalise, on s’aime, on se déchire. Les traditions sont remises en question. On essaye de nouvelles idées. Entre fascisme et bolchevisme, chacun espère un avenir meilleur… Une passionnante analyse vivante des comportements humains et des choix politiques et sociétaux qui ont fait l’Histoire du XXe siècle. Ghislaine Mesnil
Une forêt d’arbres creux d’Antoine Choplin
Éditions La fosse aux ours, 115 pages, 16 €
Dans le ghetto de Terezin où ils sont enfermés par les nazis, l’artiste Bedrich Fritta et ses compagnons dessinent chaque jour clandestinement la réalité brutale du camp. Résistants par l’art et la création, ils témoignent et affirment ainsi la part irréductible de leur humanité que la barbarie cherche à nier et à détruire. Avec pudeur et retenue, avec sobriété et douceur, Antoine Choplin pose un regard touchant et émouvant sur ces hommes, révélant leur courage et leur force d’âme face à la violence qu’ils subissent. Une beauté bouleversante. Manuel
Monarques de Sébastien Rutés et Juan Hernández Luna
Éditions Albin Michel, 375 pages, 21,50 €
Roman épistolaire, d’amour, d’aventure, d’histoire, Monarques est tout cela à la fois. Un livre foisonnant d’idées et de personnages, imaginaires et réels qui s’entrecroisent. Jules Daumier, titi parisien plein de gouaille et des rêves plein la tête, Augusto Solis, dessinateur mexicain fou amoureux de Loreleï Lüger, femme mystérieuse et insaisissable, unissent leur destin au cœur des années trente, lorsqu’Hitler découvre, ébahi, « Blanche Neige et les sept nains », le film de Walt Disney, étonnant fil rouge du roman. Bertrand
littérature francophone Les amygdales de Gérard Lefort
Avec une écriture foisonnante et un grand sens du détail, Gérard Lefort nous entraîne dans la vie et les pensées d’un jeune garçon. Son regard sans complaisance sur le monde qui l’entoure est tour à tour drôle, nostalgique mais aussi cruel et dérangeant. Ce roman ne vous laissera pas indifférent. Sophie Serreau Éditions de l’Olivier, 283 pages, 18,50 €
Petit Piment d’Alain Mabanckou
Éditions du Seuil, 273 pages, 18,50 €
Petit Piment est un savoureux mélange de joyeuseté et de gravité. Alain Mabanckou y déploie toute son habileté littéraire dans les rues de Pointe Noire au Congo avec le personnage de Petit Piment, jeune orphelin dégourdi et malicieux. C’est une relation à l’Afrique grave, facétieuse et lumineuse qui stimule l’imaginaire du lecteur. C’est un enchantement littéraire fait de situations cocasses, insolites et drôles. Petit Piment est un personnage attachant, épris de liberté et d’affection sachant toujours rebondir, plein de vivacité et de lumière. Betty
Le beau temps de Maryline Desbiolles
Éditions du Seuil, 228 pages, 17,50 €
Ce roman raconte la courte vie de Maurice Jaubert, le créateur de la musique de cinéma moderne. Né avec le XIXe siècle, il sera l’homme des nouveautés, de l’alpinisme à la création musicale en passant par l’écriture engagée dans la revue « Esprit ». Maryline Desbiolles nous raconte sa vie comme si elle était assise dans le fauteuil à côté de nous devant un bon thé. À chaque chapitre, on suit avec elle son enquête faite de rebondissements, de rencontres et de surprises. Véronique Mingot
littérature francophone La septième fonction du langage de Laurent Binet
Éditions Grasset, 494 pages, 22 €
Partant du tragique accident dont fut victime Roland Barthes en 1980, Laurent Binet laisse éclater son imagination et semble se délecter de jouer ainsi avec l’Histoire. C’est un roman d’une originalité folle, aux idées lumineuses, traversé d’humour et porté par un culot qui égratigne bon nombre de personnalités de l’époque. Après HHhH, prix Goncourt du premier roman 2010, Laurent Binet passe avec brio le cap très attendu du deuxième roman. Bertrand
La petite femelle de Philippe Jaenada
Éditions Julliard, 706 pages, 23 €
L’histoire de Pauline Dubuisson est passionnante : une enfance particulière, avec un père autoritaire et une mère soumise. La guerre et les contacts qu’elle a entretenus avec les Allemands, sur les conseils de son père, ont fait basculer sa destinée dans le désarroi le plus complet. Amours impossibles, humiliations, études sans cesse perturbées… Ce mal vivre est-il suffisant pour en venir au crime ? Sa mauvaise éducation nous aide à comprendre ses comportements et sa souffrance permanente. Ce roman, au titre dérangeant, est intéressant malgré quelques longueurs. Marie-France Buquet
Eva de Simon Liberati
Éditions Stock, 277 pages, 19,50 €
Une puissante déclaration d’amour de Simon Liberati à l’égard d’une femme qui l’a hanté toute sa vie. Une femme à la destinée étrange, folle et malheureuse. Tour à tour documentaire et poétique, le livre dit tout : les photos et les films scandaleux, les folles nuits parisiennes et new-yorkaises et cette terrible emprise d’Irina Ionesco sur sa fille. Et au milieu de tout cela, l’amour, pur et salutaire. La toute dernière phrase du livre est tout simplement magique… Bertrand
littérature francophone Méfiez-vous des femmes exceptionnelles de Claire Delannoy
Éditions Albin Michel, 262 pages, 18 €
Dans cet agréable roman, se dévoilent cinq destins de femmes qui se connaissent depuis l’adolescence. Elles sont devenues artiste, femme d’affaires, mère de famille, sont restées féministes et surtout amies. À l’aube de la cinquantaine, un bilan s’impose à elles avec pour chacune sa vérité, son combat, son mensonge… Le récit se scinde en deux périodes marquantes et c’est le décès du mari de Diane qui dévoilera quelques secrets. Beaux portraits de femmes et d’amitiés ! Sophie Lheureux-Raulin
Crans-Montana de Monica Sabolo
Éditions JC Lattès, 248 pages, 19 €
Dans les années cinquante, une station de ski suisse : CransMontana. Des garçons observent, sans jamais oser les aborder, trois jeunes filles qui les fascinent. Nous les suivons, tout au long du récit, en vacances d’été et d’hiver, à la piscine, sur les pistes, dans les night-clubs. Les années passent, leurs souvenirs les poursuivent, les voix des filles et des garçons se succèdent, chacun cherchant la vérité et l’amour. Sous l’apparence d’une jeunesse dorée, leur destinée porte le secret de leurs parents et des générations précédentes. Christine Maquin
Le renversement des pôles de Nathalie Côte
Éditions Flammarion, 189 pages, 16 €
Arnaud, Claire, Vincent, Virginie, la quarantaine, ont des enfants, des désirs, des ambitions, des envies de réussite affective, matérielle… Ils ont quitté leur banlieue pour les vacances et se rencontrent dans le sud, voisins de résidence. Le temps des vacances va être celui de la crise. Nathalie Côte, dans une écriture naturaliste, allègre et fine, avec beaucoup d’humour aussi, à travers ces personnages qui nous sont proches, nous parle avec réalisme et justesse, du mal de vivre dans une société peu humaniste. Un roman-miroir. Babette Collignon
littérature francophone Les loups à leur porte de Jérémy Fel
Éditions Rivages, 434 pages, 20 €
Il y a Loretta, Martin, Mary Beth et beaucoup d’autres, qui sont à un moment de leur vie où tout bascule dans le drame, parce que le présent est insupportable ou que resurgit un passé violent qu’on voulait oublier. Autant d’histoires singulières et pourtant toutes liées entre elles, qui racontent avec beaucoup de force la complexité de l’âme humaine et qui nous captivent tout au long de ce beau roman. Catherine Haas
L’inconstance des démons d’Eugène Green Captivant et cinglant, ce roman se lit comme un vrai polar. Après la disparition de son fils et la mort de sa femme, un jeune neurologue ira à la rencontre d’un jeune adolescent possédé par un démon. Ce livre vous emportera au cœur du Pays Basque en plein procès de sorcellerie. Un vrai suspense et une lecture agréable. Emmanuel Corblin Éditions Robert Laffont, 226 pages, 18 €
La logique de l’amanite de Catherine Dousteyssier-Khoze
Éditions Grasset, 220 pages, 17 €
Dans l’attente de sa mort, un vieil homme muré dans son château livre ses souvenirs. Ce ne sont même pas des confessions. Comment un enfant précoce, élevé avec amour dans un domaine entouré de bois a-t-il pu devenir ce chasseur de précepteurs, cet éliminateur d’intrus ? Comment un passionné de littérature et de mycologie s’est-il mué en méthodique assassin ? Ça et là, dans son récit, les incises nous alertent, et les digressions nous plongent dans les divagations d’un esprit égaré, rongé par une haine qui au final n’a plus de cible. Christine Gaudin
littérature francophone La Source d’Anne-Marie Garat
Éditions Actes sud, 378 pages, 21,80 €
Dans ce roman captivant, la narratrice arrive au Mauduit village de Franche-Comté où elle est accueillie par Lottie, nonagénaire au caractère affirmé qui vit seule dans l’extravagante demeure des Ardenne. Chaque soir, souvenirs, mémoire des êtres, des lieux et faits anciens constituent la trame d’un puzzle familial où chaque personnage évolue au gré de la récitante. Se compose-t-elle un rôle pour faire croire à son auditrice, déjà perturbée par l’énigme de son passé familial, à ce récit enivrant qui les entraîne en Afrique, au Tonkin et dans les contrées de l’Ouest canadien ? Christina Gigou
Sœurs de miséricorde de Colombe Schneck
Éditions Stock, 209 pages, 18 €
Azul a grandi à Chuqui-Chuqui en Bolivie où elle a appris de sa mère à être exigeante avec elle-même et généreuse avec les autres. Fuyant le gouvernement du général Banzer, elle part pour Rome puis Paris, laissant derrière elle ses enfants. Devenue bonne, elle apporte le monde entier à ses patronnes bourgeoises, faisant émerger la vérité dans ces familles où tout le monde se ment à soi-même et aux autres. Combattante, personne libre, d’une bonté exemplaire, elle offre une très belle leçon de courage. Ce roman d’une extrême beauté est un chef-d’œuvre à lire absolument et sans modération ! Dominique Lemercier
L’envers du feu d’Anne Dufourmantelle
Éditions Albin Michel, 342 pages, 20,90 €
Alexeï, l’un des héros principaux de cette histoire haletante, nous emmène chez sa psychanalyste pendant douze matins et douze après-midi. Il veut comprendre pourquoi la mort d’une jeune femme qu’il connaît à peine le bouleverse à ce point. Entre Brooklyn, Paris et une ville du Caucase qui n’existe peutêtre pas, l’auteur nous fait voyager dans les tréfonds de l’âme humaine. Isabelle Gandanger
littérature étrangère francophone Délivrances de Toni Morrison
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Christine Laferrière. Éd. Christian Bourgois, 180 pages, 18 €
À travers le personnage de Bride, jeune adulte noire superbe de beauté et de réussite portant en elle le poids infini de la culpabilité d’être et d’avoir menti pour séduire, Toni Morrison confirme sa puissance narrative magistrale sur la société américaine contemporaine et les injures faites aux exclus, aux faibles, aux enfants. La rédemption n’est peut-être jamais si éloignée. Le cycle de la vie, de la survie perdure. Il est permis d’exister dans le regard de l’autre et dans le regard de soi. Délivrances est un roman grave, lumineux et réaliste. Betty
Une Antigone à Kandahar de Joydeep Roy-Bhattacharya
Traduit de l’anglais (Inde) par Antoine Bargel. Éditions Gallimard, 361 pages, 21,50 €
Nizam, Antigone moderne mutilée, veut récupérer le corps de son frère tombé sous les balles afin de lui donner une sépulture. Sa présence et sa requête auprès des forces de la coalition vont troubler et déstabiliser tous ces soldats, les poussant à s’interroger sur les vraies raisons et sur la légitimité de leur présence dans ce conflit. Au milieu de ce monde d’hommes en guerre, c’est la femme qui tient la place primordiale, celle de pousser l’homme dans ses retranchements les plus sombres afin qu’il prenne conscience de son inhumanité. Corinne Jouen
L’Ange de l’oubli de Maja Haderlap
Traduit de l’allemand (Autriche) par Bernard Banoun. Éditions Métailié, 233 pages, 20 €
Roman du trouble et du silence, de la douleur de la minorité slovène persécutée incessamment par les Autrichiens et par les Allemands. Avec sobriété, tout en colère retenue, réfléchie et justifiée, la narratrice évoque la résistance de son peuple, la fermeté des gens de la terre, du labeur âpre et continu, la folie insidieuse qui opère dans les esprits et les silences résolus. Sa voix s’élève, magnifique, brise les bulles de silence rendant plus douce et poétique la campagne montagneuse, plus tragique la douleur des familles et les persécutions de la guerre. Betty
littérature étrangère La neige noire de Paul Lynch
Traduit de l’anglais (Irlande) par Marina Boraso. Éditions Albin Michel, 299 pages, 20 €
Exsangue après l’incendie de son étable qui a provoqué la mort de son ouvrier agricole et de toutes ses bêtes, Barnabas Kane tente de refaire surface, en sollicitant l’aide de ses voisins. Mais dans ce village irlandais où la rudesse est de mise, celui qui est revenu des États-Unis est considéré comme un fauxpays, un horsain. Pourtant, Kane s’acharne, s’obstine face à une sournoise adversité au risque de faire sombrer toute sa famille. Porté par un souffle littéraire intense, ce roman rural aux allures de tragédie grecque, marque profondément du sceau de sa beauté narrative. Manuel
Un amour aussi grand que le désert de Gobi vu à travers une loupe de Tilman Rammstedt
Traduit de l’allemand par Brice Germain. Éditions Piranha, 195 pages, 17 €
Keith, le narrateur, est désigné par sa fratrie pour accompagner son grand-père grincheux et excentrique de 80 ans en Chine. Mais le petit-fils préféré prend la tangente, dilapide l’argent du voyage tandis que son grand-père est retrouvé mort quelques jours plus tard… C’est alors que Keith, englué dans le mensonge, imagine une correspondance fabuleuse à l’attention de ses proches. Et nous voilà embarqués en Chine dans le sillage des pérégrinations fictives d’un duo familial étonnant et dans des histoires à dormir debout ! Un roman tragi-comique, au style enlevé et plein d’humour. Isabelle Melin
Funny girl de Nick Hornby Funny girl rend bien compte de l’atmosphère légère et insouciante du Londres qui rayonnait sur le monde culturel des années soixante. Sophie Straw, jeune actrice, est une allégorie de ce « swinging London » par l’attraction irrésistible qu’elle provoque sur ses proches comme sur son public. Un joli roman, tendre et plein de charme. Bertrand Traduit de l’anglais par Christine Barbaste. Éditions Stock, 417 pages, 23 €
littérature étrangère francophone Les Transparents de Ondjaki
Traduit du portugais (Angola) par Danielle Schramm. Éditions Métailié, 357 pages, 21 €
À Luanda, capitale de l’Angola, l’eau et le pétrole sont au cœur des préoccupations de dirigeants malhonnêtes et incompétents. Dans cette ville marquée par la guerre, la pauvreté et le désordre, ce sont pourtant la poésie et la fantaisie qui semblent régner, incarnées dans un étrange immeuble presque vivant où coule sans cesse une eau aux vertus mystérieuses, véhiculées par une galerie de personnages étonnants, une langue imagée, des péripéties souvent drôles et parfois magiques. Jusqu’à ce que pour certains la « saudade » l’emporte et que tous aient à payer l’inconséquence de quelques-uns. Un très beau roman plein de surprises. Sylvia Couvez
Le dernier vol du flamant de Mia Couto
Traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodrigues. Éd. Chandeigne, 205 pages, 20 €
Une petite ville du Mozambique est le théâtre d’étranges disparitions : des casques bleus se volatilisent, ne laissant derrière eux que leur membre viril. Massimo Risi, inspecteur de l’ONU enquête accompagné d’Estevao Jonas, un traducteur qui ne parle pas l’italien ! Avec des personnages hauts en couleur, Mia Couto fait palpiter ce village africain. Jubilatoire, empli de poésie, d’humour, d’inventions, de beauté narrative, de merveilleux et de rêveries, le roman sait aussi être féroce et acerbe, déstabilisant les idées reçues, déplaçant les regards. Une voix magique de la littérature africaine. Manuel
Dans les eaux du lac interdit de Hamid Ismaïlov
Traduit de l’anglais par Héloïse Esquié. Éditions Denoël, 150 pages, 12 €
Fable contemporaine au charme slave, poétique, musicale, rude et tragique. Derrière l’immensité et la beauté des steppes kazakhes se dissimule la beauté miroitante et glaçante du lac funeste, celui de la Zone… Dans cette contrée imaginaire, presque surnaturelle, mais ô combien réelle, le lecteur est fasciné, troublé. Le rêve et la poésie s’emboîtent, glissent vers le drame avéré. La folie exacerbée des hommes l’emporte toujours sur la candeur et les rêves de l’enfance. Petit bijou littéraire de cette rentrée. Betty
littérature étrangère francophone Les Nuits de laitue de Vanessa Barbara
Traduit du portugais (Brésil) par Dominique Nédellec. Éditions Zulma, 222 pages, 17,50 €
Ce premier roman frais et cocasse, à l’humour décalé, présente une belle galerie de personnages, tous aussi loufoques les uns que les autres : du jeune pharmacien obnubilé par les hallucinants effets secondaires des médicaments au facteur dont la distribution aléatoire du courrier dépend de la chansonnette du jour, ces doux dingues sont attachants et font preuve d’une émouvante solidarité. Il plane dans « Les nuits de la laitue » un vent de fraîcheur pimenté d’une réjouissante folie douce brésilienne ! Manuel
Avant la fête de Saša Stanišić
Traduit de l’allemand par Françoise Toraille. Éditions Stock, 360 pages, 22 €
Avant la fête est un livre d’histoires (avec un s), ponctué de fables et de faits divers tirés de l’histoire locale. Un livre qui parle de guerre, de pillages, de renards et de poules, de folie et de sagesse, d’amour et d’espoir. Saša Stanišić réveille un lieu à la vie en décrivant sa beauté, ses tragédies, sa force et son abandon. Dédié à l’homme, à l’animal et à la nature, le livre est servi par un style impeccable, dépouillé et précis et par un humour empreint de finesse et de respect. Un petit bijou… Marceline Putnaï
L’homme-tigre de Eka Kurniawan
Traduit de l’indonésien par Etienne Naveau. Sabine Wespieser éditeur, 255 pages, 21 €
Le jeune Margio est-il responsable du crime bestial de son voisin, l’élégant Anwar Sadat, ou n’est-ce pas le tigre qui est en lui le coupable ? Cette belle et dépaysante découverte romanesque nous plonge au cœur d’un village indonésien, à l’étonnante galerie de personnages où se mêlent légendes et croyances animistes, vies familiales et conjugales, relations de voisinage. Après un premier chapitre ébouriffant où l’humour narratif répond à un profond tragique, la réjouissante narration d’Eka Kurniawan remonte le fil de la vie de Margio à la découverte du tigre blanc qui est en lui… Manuel
littérature étrangère francophone Tout ce qui est solide se dissout dans l’air de Darragh McKeon
Traduit de l’anglais par Carine Chichereau. Éditions Belfond, 423 pages, 22 €
L’auteur nous passionne à travers l’histoire de quatre personnages dont les vies sont bouleversées par la catastrophe de Tchernobyl, révélatrice des pesanteurs inhumaines et absurdes de l’État et symbole de la faillite du régime soviétique. Avec un formidable talent littéraire, appuyé sur des connaissances exceptionnelles dans leur diversité, ce premier roman d’un jeune auteur irlandais est une magnifique découverte humaine et littéraire. Régine Jourdain-Brière & Laurence Fenestre
J’ai vu un homme d’Owen Sheers
Traduit de l’anglais par Mathilde Bach. Éditions Rivages, 350 pages, 21,50 €
Mickaël, un jeune écrivain anglais perd son épouse journaliste en reportage en Afghanistan. Cet événement va lier le destin dramatique de trois hommes et leur famille. Les thèmes abordés dans ce roman sont graves et profonds : le couple, l’amour, le deuil, le mensonge, l’amitié… J’ai vu un homme est écrit comme un thriller : le lecteur est tenu en haleine, il est emporté par le récit et jamais ne sombre dans l’ennui. Valérie et Patrice Villers
Vie et mort de Sophie Stark d’Anna North
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean Esch. Éditions Autrement, 375 pages, 22 €
Sophie est une étoile filante insaisissable, lumineuse et secrète. Autour d’elle gravitent des personnages qui ont un jour croisé sa vie. Pour le meilleur ou pour le pire, ils ont essayé de pénétrer dans son monde mais n’ont jamais totalement réussi à l’apprivoiser. Un joli roman sur une jeune femme, réalisatrice de films alternatifs, qui tente de se trouver au travers de ses images parfois douces, souvent violentes mais toujours intenses et déroutantes. Un chapitre, une personne, telles des scènes d’un film auquel vous assistez en tant que spectateur passionné. Nadine Charrier
littérature étrangère francophone Fable d’amour d’Antonio Moresco
Traduit de l’italien par Laurent Lombard. Éditions Verdier, 124 pages, 14 €
Fable d’amour évoque les méandres du sentiment amoureux, une étrange histoire d’amour entre un vieil homme solitaire, reclus du monde et une jeune femme merveilleuse dans sa splendeur, sa féminité et sa vitalité. Après La petite lumière, l’auteur explore les affres de l’âme humaine confrontées à un sentiment impérieux, celui de l’amour, celui du désir, de la nécessité absolue d’être reconnu, perçu, aimé au-delà de la vie et de la mort. C’est une belle fable, aussi lumineuse que mélancolique exprimant toute la lucidité de son auteur face aux humains, à leurs souhaits, à leurs renoncements. Betty
Le rêve du retour d’Horacio Castellanos Moya
Traduit de l’espagnol (Salvador) par René Solis. Éditions Métailié, 155 pages, 17 €
Dans un hallucinant flot narratif et sous une prose inflexible et mordante, Horacio Castellanos Moya explore brillamment les effets de la guerre civile et de la violence incrustés au plus profond d’un homme, Erasmo Aragón, journaliste salvadorien exilé au Mexique, rêvant d’un retour au pays. Remontant les blessures de l’enfance puis les grandes et petites lâchetés de l’âge adulte, il décante le processus qui pousse un homme au bord du précipice, rasant le fil continu de ses peurs et de ses angoisses. Manuel
Les folles espérances d’Alessandro Mari Roman ample, foisonnant, ambitieux et délicieusement érudit qui embarque littéralement et littérairement le lecteur en Italie, celle du début du XIXe siècle, lors des prémices de l’unification nationale. Alessandro Mari propose une grande et belle aventure romanesque sur son pays natal : c’est brillant et enchanteur comme le furent les grands romans du XIXe siècle. Betty Traduit de l’italien par Anna Colao. Éditions Albin Michel, 983 pages, 27 €
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