L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés pour compte cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, etc. Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné à la vente - sur la rue ! - par des personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, reprendre un certain pouvoir sur leur vie.
L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des services d’accompagnement communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche d’un logement par le biais de son service Accroche-Toit.
Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.
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Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de mai : Deuil
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Les camelots font 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier.
Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 109
Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.
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Illustration : Sarah Arnal (arnalsarah@yahoo.fr)
Conception graphique : Megan Martel
ÉDITEUR
Archipel d’Entraide
ÉDITEUR PARRAIN
Claude Cossette
RÉDACTRICE EN CHEF
Francine Chatigny
DIRECTRICE DE L’INFORMATION
Valérie Gaudreau
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Isabelle Noël
CHRONIQUEUR.SE.S
Maurane Bourgouin, Martine Corrivault, Claude Cossette et Marc Émile Vigneault
JOURNALISTES
Gabrielle Cantin, Émeline Gibert, Philippe Fortin, Maria Juneau, Magnolia Komsky, Mélodie Langevin, Gabrielle Pichette et Manon Prat
AUTEUR.E.S
Michel Brisson, François Gagnon, MAD ÂME M, Judy Miller, Renée Perron, Yves Potvin, Bernard St-Onge et Jade Valronne
AUTEUR DU JEU
Jacques Carl Morin
ILLUSTRATEUR.RICE.S
Sarah Arnal et Benoit Gingras
PHOTOGRAPHE
Alexandre Gilbert
BÉDÉISTE
Martine Lacroix
RÉVISEUR
Benoit Arsenault
INFOGRAPHISTE
Megan Martel
IMPRIMEUR
Imprimerie STAMPA inc. (418) 681-0284
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La Quête, Québec, Canada, 2014
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DÉFICIENCE INTELLECTUELLE
Le thème de ce mois a été proposé par Cécile Bellemare qui martèle, à qui veut bien l’entendre, que les étiquettes vont sur les pots et non sur les personnes. Elle souligne avec force, dans son court témoignage ci-dessous, que les personnes qui ont une déficience intellectuelle (DI) ont le droit de mordre dans la vie à pleines dents comme tout le monde.
Et heureusement, aujourd’hui, c’est possible pour les personnes avec un DI d’avoir une vie normale, de travailler et d’avoir un logement bien à eux et des activités sociales.
Mais la lecture de la chronique de Claude Cossette nous rappelle qu’il n’y a pas si longtemps, les personnes déficientes intellectuellement étaient non seulement stigmatisées, mais aussi euthanasiées.
Horreur !
Il aura fallu un long travail de sensibilisation et de défense des droits pour que ces personnes trouvent leur place dans la société. « J’ai ma place » est d’ailleurs l’angle retenu par la Société québécoise de la déficience intellectuelle qui tiendra du 17 au 23 mars 2024 sa 36e campagne annuelle de sensibilisation pour faire du Québec une société toujours plus inclusive.
Étiquette
Quand je suis venue au monde, le médecin m’a mis une étiquette : déficiente intellectuelle. Les gens ont beaucoup de préjugés concernant la déficience intellectuelle. Plusieurs pensent que c’est une maladie, mais c’est un état.
Heureusement, il y a des organismes comme le mouvement Personne d’Abord qui dénoncent les préjugés et organisent une semaine de sensibilisation à la Di. Ça a lieu au mois de mars. Il y a 10 mouvements Personnes d’Abord au Québec.
Moi, j’ai été vice-présidente pendant 10 ans de Personnes d’Abord du Canada. Cet organisme défend les droits des personnes qui vivent avec une Di. Les plus grands dossiers touchent le droit de vivre dans la communauté, l’accessibilité au travail et l’inclusivité dans l’éducation.
Pendant mon mandat, j’ai, entre autres choses, diffusé une bande dessinée à Winnipeg. Je suis allée en Saskatchewan, à Calgary et j’ai beaucoup voyagé au Canada pendant mon implication.
Il y a trois types de déficience. Pour certains, la vie est plus difficile. Pour ceux qui ont une
Aux dires des collaborateurs qui ont élaboré ce dossier, il suffit de côtoyer les personnes avec un DI pour tomber sous leur charme : ces gens sont nés « pour nous apprendre à aimer ».
La section Pour le plaisir
Dans cette section, vous trouverez, en autres, Je récidive qui fait partie d’une série de témoignages de Bernard St-Onge. Cet enjoliveur du quotidien nous entraîne dans les hauts et les bas de son vécu de « tripolaire ». Dans cette édition, vous pourrez lire le 6e épisode.
Publication posthume, Vivre et laisser vivre : un idéal dépassé ? est l’un des nombreux articles que m’a fait parvenir Nicole Moreau. Je n’ai parlé qu’une seule fois à cette dame, mais dans notre court entretien, j’ai entendu l’urgence de nommer, de décrire, d’écrire les choses importantes de sa vie. Je ne savais pas à l’époque que pour elle, le temps était compté. Nous publions ce texte à titre d’hommage.
Bonne lecture,
FRANCINE CHATIGNY
déficience légère ou modérée, cela ne les empêche pas d’avancer dans la vie.
On a le droit de vivre nos rêves comme tout le monde. Moi, je veux faire de la musique et voyager beaucoup.
CÉCILE BELLEMARE
ourtoisie:Claude Cossette
AIMER LES CŒURDIOLOGUES
Pendant longtemps, j’ai agi comme accompagnateur d’une jeune personne qui ne présentait pas l’apparence standard. Il m’arrivait de me faire arrêter, dans un centre commercial, par exemple, par une inconnue qui me faisait part de sa curiosité : « C’est triste à voir. Qu’est-ce qu’il a ? » Je répondais : « Parlez-lui ! Guillaume a un grand cœur. Il aime beaucoup les gens ». Et j’ajoutais : « Comme son physique, il a simplement un cerveau différent ».
DES CERVEAUX LENTS
Le fameux Manuel Merck décrit la « déficience intellectuelle » comme ceci : « Le déficit intellectuel correspond à des fonctions intellectuelles très nettement en dessous de la moyenne ». Naguère, on appelait ces personnes des « retardés mentaux » quand on ne les traitait pas tout simplement d’idiots ou de fous.
Dans les années 1970, la physiothérapeute québécoise Louise Brissette est frappée, par le sort que l’on réserve à ces enfants. Ils ont le cerveau lent, peut-être, disait-elle, mais ce sont également des cerfs-volants : ils nous entraînent à voler haut. La femme a fini par adopter légalement trente-sept de ces enfants. Ils sont sa famille. « Ce sont simplement des cadeaux mal emballés », dit-elle aujourd’hui.
Au début du 20e siècle, Karl Binding et Alfred Hoche propagent en Allemagne les idées de « semi-humains » et « esprits morts ». Les deux auteurs, respectivement juriste et psychiatre, publient un bouquin qui fait parler : Le droit de détruire la vie dénuée de valeur. Citant des philosophes, ils défendent l’idée qu’il existe des « semi-humains » qui mènent des « existences superflues ». Ils proposent tout simplement de « supprimer les malades incurables et les fous ».
Ils sont convaincants, car dans les années 1940, les Nazis déclenchent l’opération Aktion T4 qui vise l’extermination des adultes handicapés physiques et mentaux. Les Allemands sont efficaces : ils tuent ainsi, tout à fait légalement et démocratiquement, de 70 000 à 80 000 personnes. « Si l’on se fie aux recherches les plus complètes sur l’euthanasie, on est plutôt frappé par le degré d’acceptation dans la profession médicale », écrit l’historien Édouard Husson. La stérilisation est une autre procédure qui est appliquée par les Nazis. On estime que plus de 350 000 individus ont été stérilisés de force en Allemagne. Beaucoup de nations occidentales ont souscrit à ce courant d’idées. Si incroyable que cela puisse paraître, la Suède a pratiqué ce genre de stérilisation jusque dans les années 1970.
Le raisonnement était vicieux, mais le drame a contribué, dans les décennies suivantes, à éclairer les débats sur les
droits de l’homme, l’éthique médicale et la dignité humaine tels qu’ils sont compris aujourd’hui au Québec.
Ainsi, en 1978, l’Assemblée nationale adopte la Loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées en vue de leur intégration scolaire, professionnelle et sociale. Les mesures prises doivent, par exemple, respecter les caractéristiques particulières des personnes handicapées, favoriser un plus grand développement de leurs capacités, adapter le milieu à leurs besoins, et même leur permettre une participation à part entière à la vie sociale.
PROFESSEURS DE L’ART D’AIMER
Ainsi, dans une ville comme Québec, il existe aujourd’hui des services de dépistage et d’évaluation des jeunes atypiques. Nos leaders promeuvent l’éducation inclusive et on s’efforce d’intégrer dans les écoles ordinaires les jeunes atteints de déficience. Nos fonctionnaires envisagent des mesures pour rendre nos infrastructures, nos transports et nos espaces publics plus accessibles aux personnes atteintes de déficience intellectuelle. Il y existe des programmes de formation et d’emploi adaptés aux personnes qui en sont atteintes.
Plusieurs organisations offrent du soutien aux personnes touchées par cette déficience. Des groupes de soutien leur proposent des activités de loisir et des espaces de socialisation.
En dehors des lois et des initiatives citoyennes, il existe également des organismes caritatifs au plein sens du mot, des foyers de complicité qui témoignent de la dignité des personnes touchées par cette déficience en établissant avec elles des relations intimes, en réalité de type familial, où la compassion, mais aussi l’amitié, voire l’amour inconditionnel, tissent les liens qui les rassemblent. C’est le cas des Communautés de l’Arche fondées en 1964 et qui accueillent dans un esprit de famille des personnes ayant un handicap mental.
Mère Teresa de Calcutta, prix Nobel de la paix en 1979, a mis sur pied une immense œuvre caritative pour soulager les plus démunis, dont les enfants handicapés que l’on retrouve dans les rues de l’Inde. En 1986, elle visitait la communauté de L’Arche de Québec. J’étais présent. Je me demandais depuis longtemps quel pouvait bien être le rôle sur Terre de ces retardés affectueusement démonstratifs qui nous encerclaient.
La question lui fut posée et sa réponse fut flamboyante : « They are professors of love ». Ils nous apprennent à aimer. N’est-ce pas un rôle essentiel pour l’avenir du monde ?
CLAUDE COSSETTE
LE DEUIL DE L'ENFANT PARFAIT
Chaque naissance est une promesse d’amour et d’aventures inexplorées.
Mais que se passe-t-il lorsque cette nouvelle vie s’accompagne d’un défi particulier ? Accueillir un enfant avec une déficience intellectuelle (DI) transforme la parentalité en une aventure unique, tissée de défis, de persévérance et de découvertes.
En 2015, Julie Normandin et son conjoint Sébastien Hélie apprennent la venue d’une petite fille. Au long de la grossesse, la taille du fœtus inquiète légèrement les médecins. C’est surtout à la naissance que le couple remarque des difficultés. Anaève était incapable de boire et n’accordait aucun contact visuel.
« Anaève a été hospitalisée quand même rapidement puisqu’avec son problème d’alimentation, elle perdait énormément de poids », explique Julie. L’Hôpital Sainte-Justine de Montréal accueille la petite et ses parents pour faire de nombreux examens.
Trois ans plus tard, le diagnostic tombe. Anaève est atteinte du syndrome Kabuki, une maladie congénitale rare associée principalement à un retard psychomoteur. « C’était un peu un soulagement d’enfin pouvoir mettre un mot sur ce qui se passe et de pouvoir enfin commencer un traitement approprié », raconte la mère d’Anaève.
Pendant les nombreux mois d’attente, le couple fait ses recherches sur la maladie et ses symptômes. Ils réalisent rapidement qu’Anaève coche toutes les cases.
Le syndrome Kabuki est souvent caractérisé par une déficience intellectuelle (DI). Au-delà des difficultés d’apprentissage, les enfants ayant une DI ont également de la difficulté à fonctionner de façon autonome.
À la suite du diagnostic, le couple prend la décision de n’avoir qu’un seul enfant. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que Julie est déjà enceinte de jumelles. Cette deuxième grossesse n’était teintée que de bonheur malgré
le syndrome d’Anaève. « Je savais que ça se passerait bien, je n’étais pas inquiète du tout ».
UNE JOURNÉE À LA FOIS
« Le plus difficile pour nous, c’est vraiment le manque de sommeil. Anaève est une enfant qui ne dort pas vraiment, elle n’a pas besoin de sommeil comme nous ». Les familles de Julie et de Sébastien s’occupent de la petite quelques nuits par mois pour permettre au couple de passer du temps ensemble et de rattraper leur sommeil.
La patience, la compréhension et un ajustement constant sont les critères importants pour faire face aux défis quotidiens selon Julie. Anaève demande des soins plus spécifiques et une attention de tous les instants.
vaillé pour la maison de répit de l’organisme durant presque quatre ans.
Julie conseille aux nouveaux parents ayant un enfant avec une déficience intellectuelle de prendre la vie un jour à la fois. « Quand le diagnostic nous tombe dessus, on a l’impression que c’est la fin du monde, mais le temps arrange bien les choses. On a plein de ressources qu’on ne connaît pas et qu’on développe au fur et à mesure des choses ».
Le fait d’avoir un enfant différent, c’est de l’adaptation. Il faut réaliser que chaque étape de la vie sera différente pour lui. « Le deuil de l’enfant parfait ce n’est pas quelque chose qui se fait du jour au lendemain. Ça se fait chaque jour ».
Julie Normandin sensibilise les gens sur sa page Facebook aux défis de la déficience intellectuelle et au sujet du syndrome Kabuki. Pour elle, ce n’est pas un sujet tabou, c’est sa normalité.
LE TEMPS D’UN RÉPIT
Frédérique Pomerleau commence son parcours en tant que travailleuse sociale chez l’Association d’entraide communautaire La Fontaine, à Sainte-Marie-de-Beauce. Elle a tra-
La Fontaine offre des services pour les parents et les enfants avec une déficience intellectuelle ou physique. Les intervenants sont disponibles en tout temps pour aider les familles et offrent des activités pour les enfants.
« C’est beaucoup de défis, ce n’est pas évident d’avoir des enfants avec des besoins particuliers. On se retrouve souvent avec des parents à bout de ressources », observe Mme Pomerleau.
La charge mentale des familles avec un enfant ayant une DI est énorme. C’est épuisant autant pour le parent que pour la personne elle-même. Mme Pomerleau explique que la majorité du temps les parents doivent eux-mêmes demander de l’aide auprès des travailleurs sociaux ou des psychologues.
« Nous on accueille les enfants une fois par mois, mais ces parents-là sont 24 h sur 24 avec leur enfant ayant des besoins particuliers et qui parfois demande une surveillance constante. »
GABRIELLE PICHETTE
Courtoisie : Julie Normandin
Anaève et ses deux soeurs.
UNE COMMUNAUTÉ OÙ S'ÉPANOUIR
ses classiques musicaux préférés.
« Fouillez-moi pourquoi, j’ai le cœur qui s’ouvre spontanément avec eux autres », partage d’emblée Erik Pirro, le directeur général de l’Arche de la Capitale-Nationale. Cet organisme de la basse-ville accueille l’unicité des personnes touchées par une déficience intellectuelle et leur propose des environnements de vie favorisant un esprit de communauté.
Les valeurs familiales occupent une place centrale dans l’approche de l’organisme. M. Pirro constate au quotidien les bienfaits de cette philosophie. Leur façon de vivre ensemble crée en lui un attachement très fort : « C’est un lieu où
la relation humaine est simple. Ce n’est pas plus compliqué que ça. C’est le gros secret de l’Arche. »
L’Arche est un milieu de vie dédié aux personnes vivant avec une déficience intellectuelle. Enraciné à Québec, cet organisme fait partie d’une vaste communauté internationale présente dans plus de 160 localités à travers le monde.
Déficience intellectuelle
Lorsqu’un individu présente des altérations marquées à la fois dans son fonctionnement intellectuel et dans ses habiletés adaptatives, il est question de déficience intellectuelle. La trisomie 21, le syndrome du X fragile, l’alcoolisme fœtal, ainsi que divers autres diagnostics sont regroupés sous cette appellation. Cela peut entraîner des difficultés dans l’exécution de certaines activités du quotidien, ainsi que poser des défis du côté de l’intégration sociale. Déficience physique
La déficience physique est marquée par des limitations permanentes qui touchent les capacités auditives, visuelles, du langage ou de la motricité. Une voire plusieurs de ces aptitudes peuvent être affectées, et ce, à la naissance comme plus tard.
Trouble du spectre de l’autisme
Le trouble du spectre de l’autisme est présent chez ceux qui manifestent des difficultés dans la communication et les interactions sociales. Ce sont des individus qui présentent également un vif engouement pour certains centres d’intérêt particulier ainsi que des comportements récurrents.
Beaucoup de zones grises
Que ce soit dans le contexte du trouble du spectre de l’autisme, de la déficience intellectuelle ou de la déficience physique, chacun de ces états peut se manifester à des degrés variés d’intensité. Chaque profil est unique et peut présenter une ou plusieurs de ces déficiences. Pour certains, les diagnostics sont clairs. Pour d’autres, comme Erik Pirro prend le soin de le préciser, il y a beaucoup de zones grises.
L’Arche de la Capitale-Nationale est composée d’un centre de jour et de quatre résidences (le Croissant, l’Étoile, l’Éclaircie et le Goéland) toutes situées dans le quartier Saint-Sauveur. Une vingtaine de personnes y résident et la stabilité est grandement valorisée : « Quand quelqu’un déménage à l’Arche, si tout va bien, elle y reste jusqu’à la fin. C’est sa maison, c’est sa chambre. Il n’y a pas une grosse rotation », précise Erik Pirro.
Source : CIUSSS
UN OASIS POUR TOUS
La formule a évolué depuis 1976, mais certains éléments fondamentaux ont bravé l’épreuve du temps. C’est le cas de l’esprit de famille qui se dévoile dans chaque détail, de la préparation et du partage collectif des repas à la répartition des tâches. Il transparaît également dans la conception d’activités de loisirs inspirées des intérêts des résidents.
Passionné de musique, Nicolas contribue à égayer les journées d’activité de l’Arche par une sélection de
Les ateliers de bricolage sont une opportunité pour les résidents de laisser aller leur créativité dans des projets amusants et valorisants.
Photo : Alexandre Gilbert/ La Quête
Photo : Alexandre Gilbert/ La Quête
L’Arche rassemble une diversité de profils. Certains résidents parlent avec fluidité tandis que d’autres s’expriment en langage des signes. Les espaces sont adaptés à la mobilité variable des résidents qui peuvent présenter une déficience à la fois intellectuelle et physique. « La moitié d’entre eux ont besoin de soins pour prendre la douche, s’habiller, tout ça. Ce sont des moments très privilégiés, très intimes, mais aussi très drôles. C’est tous les petits clins d’œil de complicité. » Comme le décrit Erik Pirro, la dimension médicale, quoiqu’inévitablement présente, est conjuguée avec une envie de permettre aux résidents d’évoluer dans un milieu humain. Tous collaborent de façon volontaire à faire de ce lieu un oasis chaleureux et convivial.
DES CRÉATIONS QUI
UNISSENT
Les résidents des quatre maisons fréquentent le centre de jour quelques fois par semaine, en alternance avec le travail et l’école pour certains. Ils sont rejoints par leurs pairs qui retournent dans leur milieu familial à la fin de la journée.
Sur place, ils produisent des tabliers, des peluches, des œuvres d’art et des macarons. Ces créations sont ensuite vendues dans la boutique adjacente au centre de jour et située sur la rue Saint-Vallier, et permettent ainsi le financement des prochaines activités.
UNE RELATION DE PARTAGE
Pour Erik Pirro, il est évident que les personnes atteintes de déficience intellectuelle ont beaucoup à offrir à la communauté qui les entoure : « Au niveau relationnel, ils sont très forts. On apprend beaucoup en étant avec eux. Ils sont d’une chaleur humaine et d’une authenticité bou-
leversante ». L’Arche facilite cette connexion en mettant en valeur l’implication de ses résidents dans leur communauté. Des collaborations de longue date avec le Musée national des beaux-arts du Québec et le Pentathlon des neiges illustrent cette volonté d’allier la réalité des personnes atteintes de déficience intellectuelle avec celle de leur communauté.
Pour Erik Pirro, l’ensemble de la communauté aurait beaucoup à gagner à interagir davantage avec l’Arche et ses résidents. Une dynamique d’inclusion et d’ouverture est nécessaire de part et d’autre pour assurer l’établissement de relations mutuellement bénéfiques. Il présente les connexions qu’il entretient avec les personnes atteintes de déficience intellectuelle comme une déferlante d’authenticité et de sincérité : « Je pense que ça ferait du bien à beaucoup de monde une piqûre d’amour comme ça. »
GABRIELLE CANTIN ET MARIA JUNEAU
Les murs de l’Arche sont garnis d’œuvres d’art créées par ses résidents. Celles-ci ont été créées en collaboration avec un artiste du Musée national des beaux-arts du Québec.
Joseph, un des résidents qui fréquente l’Arche, présente fièrement la collection de peluches réalisées par ses confrères et consœurs.
Photo : Alexandre Gilbert/ La Quête
Photo : Alexandre Gilbert/ La Quête
«
CONFIANCE EN LA VIE »
Intégrer le marché du travail peut représenter un défi en soi. Tenter d’y faire sa place avec des limitations physiques ou intellectuelles relève souvent de l’exploit. Il existe toutefois des histoires inspirantes comme celle du Groupe TAQ et de son président-directeur général, M. Gabriel Tremblay qui, d’un ton inspirant et passionné, nous fait découvrir ce qui le motive depuis toutes ces années.
Le Groupe TAQ compte 450 salariés, dont 350 ayant des limitations physiques ou intellectuelles. Pour Gabriel Tremblay, il s’agit d’une entreprise dont le « rôle est essentiel dans la région de Québec. » Le but du Groupe TAQ, explique-t-il, est « d’offrir du travail à des personnes handicapées qui ont du mal à intégrer le marché du travail régulier en raison de leurs capacités qui sont plus limitées. »
Durant l’entretien, M. Tremblay fait référence à une étude lorsqu’il dit que la première barrière à l’emploi pour les gens handicapés est souvent eux-mêmes. « Mais il ne faut pas hésiter à se lancer le défi de travailler et de réaliser des projets concrets, il faut avoir confiance en la vie »
ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL ADAPTÉ
Au sein de l’entreprise, « les employés ayant des limitations se voient offrir un environnement de travail adapté qui respecte leurs capacités », souligne M. Tremblay. En jumelant ainsi les efforts de chacun, ils arrivent à offrir des produits et des services concurrentiels. Ils profitent aussi d’un accompagnement de quatre agents d’intégration. Ces agents font le pont entre la production et les ressources humaines et accompagnent chaque employé dans son parcours selon ses propres besoins.
Avec fierté, le PDG indique que des 61 employés de soutien, un seul a démissionné en 18 mois. « Il y a un effet “wow” de travailler chez Groupe TAQ.
On change la vie des gens et c’est ce qui me motive tous les jours. »
Grâce à la sous-traitance de ses partenaires d’affaires, le Groupe TAQ a été en mesure de se rendre où il en est aujourd’hui. Parmi ses principaux alliés, les Biscuits Leclerc jouent un rôle central. D’autres gros joueurs, tels que Bennera, HiTAQhi, Familiprix et Chocolat Favoris, profitent aussi de l’expertise du Groupe TAQ quant à leur offre de services aux entreprises.
« La rareté de la main-d’œuvre a été un facteur de promotion pour nous », résume le PDG. Mais le Groupe TAQ n’est pas à l’abri du contexte économique actuel alors qu’on « sent qu’il y a un ralentissement et que les entreprises commencent à rapatrier des travaux qui nous avaient été donnés. »
QUAND LA BUREAUCRATIE S’EN MÊLE
Serait-il possible pour le Groupe TAQ d’augmenter sa production et son nombre d’employés ? M. Tremblay, sans hésitation, affirme que oui. « Dans la région de Québec, il y a environ 8000 personnes avec des limitations qui vivent de prestations d’aide sociale. Parmi elles, il y en a de 5 à 10 % qui sont en mesure de travailler. » Mais pour y parvenir, le Groupe TAQ aurait besoin de plus de partenaires, mais surtout d’une oreille plus attentive en provenance des acteurs gouvernementaux.
Le Groupe TAQ se voit dans une position où il est presque victime de son
succès. M. Tremblay brosse un portrait d’une réalité administrative et d’une lourdeur gouvernementale décevante. « On reçoit des subventions par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale pour compenser le manque de compétitivité des travailleurs et c’est limité à un nombre fixe par années. Il n’y a pas de volonté d’augmenter cette limite. » Du point de vue de l’administration publique, « la région de Québec a trop de personnes handicapées qui travaillent comparativement à d’autres régions du Québec, ils favorisent donc d’autres régions. », se désole M. Tremblay. « C’est dommage parce que ça nous freine dans nos efforts de créer plus d’emplois pour eux. »
Limité ainsi par ces contraintes, M. Tremblay connaît bien la rigidité et la complexité qui vient avec les programmes de prestations du provincial. « Il serait tellement simple d’envisager de transformer des prestations d’aide sociale en subventions pour ce type d’emplois. Mais ce sont deux ministères différents et c’est plus compliqué. »
Après plus de 30 ans à travailler au développement de l’emploi pour les personnes handicapées, Gabriel Tremblay tient à préciser qu’il en retire, encore aujourd’hui, plus que ce qu’il y met. « Ils souhaitent qu’on les respecte. C’est une dynamique énergisante et c’est clair pour moi que ces gens-là me le rendent bien. »
PHILIPPE FORTIN
« Les gens d’affaires de Québec sont toujours impressionnés quand ils découvrent l’environnement dans lequel nos employés travaillent. » M. Gabriel Tremblay, PDG chez Groupe TAQ.
Crédit
photo : Philippe Fortin
UN APPARTEMENT À SOI !
Bonne nouvelle pour les adultes vivant avec une déficience intellectuelle (DI) ou l’autisme : le nombre d’unités d’habitation inclusive pouvant répondre à leur soif d’autonomie va augmenter d’ici juillet 2025. L’Association pour l’intégration sociale de Québec (AISQ) qui a accueilli ses premiers locataires au printemps 2022 dans les Habitations Marie-Clarisse de Limoilou offrira plus d’une centaine de loyers supplémentaires au cours des prochains mois grâce aux partenariats qu’elle a développés.
L’AISQ favorise le mieux-être et la qualité de vie des personnes vivant avec une déficience intellectuelle et de leurs proches. Elle propose notamment un répit à domicile et une large gamme de services-conseils, du soutien et de l’accompagnement. Le volet Habitations est le plus récent service développé. « Je suis contente qu’on soit rendu là comme société », commente Laurie-Alex Morency, intervenante en soutien communautaire à AISQ.
Les locataires bénéficient de bonnes conditions de location.
Leur bail est renouvelable, donc il est possible de demeurer longtemps dans leur logement. Les appartements de trois pièces et demi pour une personne sont non meublés et des salles de lavage sont disponibles dans l’immeuble.
Pour être admissible à ces logements, la personne doit remplir les conditions évaluées par le comité de sélection, notamment être assez autonome et apte à respecter les consignes de sécurité. À cet effet, il est intéressant de savoir que l’AISQ accompagne
les aspirants locataires dans leur projet. La méthode d’intervention prisée est l’autodétermination soit un accompagnement pour aider la personne à fixer elle-même ses objectifs et décider des réalisations espérées. L’AISQ offre aussi, en collaboration avec la Maison des adultes de Charlesbourg et le Centre Louis-Jolliet, une formation préparatoire à la vie en logement. La cuisine, l’entretien ménager et autres habiletés de base pour la vie en logement y sont abordés.
Les Habitations ne proposent pas de logements supervisés proprement dits, mais des intervenants de l’AISQ assurent une présence de jour et de soir et interviennent en cas d’urgence. Ils stimulent aussi la vie communautaire. L’immeuble est doté d’un salon communautaire où les locataires, peu importe leurs conditions, sont invités à organiser des soupers-partage, des ateliers de tricots, la projection de films, etc.
UN LOCATAIRE HEUREUX !
Carl Morneau a obtenu un appartement au Marie-Clarisse en mai 2022. Il est l’un des premiers locataires à avoir intégré les Habitations. « Pour la première fois [de ma vie], j’ai pu avoir un logement. En plus, le logement est subventionné, je peux sauver de l’argent », raconte l’enthousiasme locataire. En effet, les locataires sont admissibles à une subvention de l’OMHQ. Le locataire paie son loyer à hauteur de 25 % de son revenu annuel.
Carl apprécie la mixité sociale de son milieu de vie. « Je côtoie du monde semblable et d’autres
personnes différentes. Il y a des gens qui viennent de l’immigration, des mères monoparentales, d’autres sont de simples locataires qui paient un loyer régulier. »
Parmi les aspects qu’il apprécie moins de sa vie en logement, il note le manque de services à proximité. « Je dois prendre l’autobus régulier (RTC) puisque je n’ai pas d’auto. Mais je peux aussi prendre le vélo, le taxi (etc.) ». Enfin, le milieu de vie n’est pas exempt d’accrochages entre locataires. La vraie vie, quoi.
DES CONSTRUCTIONS EN COURS
Quatre projets similaires aux Habitations Marie-Clarisse sont présentement en construction et seront livrés au cours de l’année 2024 : Les Habitations Charles IV à Charlesbourg (25 unités), les Habitations Père-Lelièvre (35 unités) dans l’arrondissement des Rivières et les Habitations L’Albédo (10 unités pour les plus de 50 ans). Les Habitations Pie XII à SainteFoy (44 unités, dont 14 pour anglophones) pourront accueillir leurs premiers locataires en 2025.
Les personnes avec DI qui intégreront ces immeubles bénéficieront des services cliniques du CIUSSS-CN en plus des services de soutien offerts par le personnel de l’AISQ.
On ne peut être que d’accord avec Laurie-Alex Morency. Il était temps qu’on puisse offrir un vent de liberté aux personnes vivant avec une déficience intellectuelle légère.
MAGNOLIA KOMSKY ET FRANCINE CHATIGNY
Faites vite !
Pour les personnes intéressées, il est grand temps de s’inscrire aux différents projets. Les informations et formulaires sont disponibles sur le site de l’Association pour l’intégration sociale de Québec (https://aisq.org).
ESPRITS SAUVAGES : DÉFICIENCES EN LUMIÈRE
Alors que ce numéro aborde la question complexe de la déficience chez les humains, une interrogation tout aussi captivante émerge : qu’en est-il de la déficience intellectuelle chez les animaux ? Loin d’être une simple curiosité, cette question a conduit les scientifiques à plonger dans le monde fascinant de la biologie comparative, explorant les mystères de l’intelligence animale et révélant des similitudes surprenantes avec les humains.
Les animaux, souvent considérés comme dépourvus de complexité intellectuelle, se révèlent être des sujets d’étude riches et intrigants. Contrairement à la perception commune, la recherche récente suggère que certaines espèces animales partagent des traits cognitifs avec les humains, ouvrant ainsi la voie à une compréhension approfondie des déficiences intellectuelles chez nos compagnons. Les déficiences intellectuelles chez les animaux sont diverses, allant de problèmes de mémoire à des difficultés d’apprentissage et de résolution de problèmes. Les primates, les cétacés, les éléphants et même les corbeaux ont été au centre de nombreuses études en raison de leurs comportements complexes et de leur proximité génétique avec les humains. Ces recherches révèlent que les animaux peuvent présenter des troubles cognitifs similaires à ceux des humains, remettant en question la perception traditionnelle de l’intelligence animale.
Les avancées scientifiques dans ce domaine ne se limitent pas à la simple observation des comportements. La recherche sur la déficience intellectuelle chez les animaux a également ouvert des portes cruciales pour la compréhension des maladies neurologiques. Des études ont révélé que certains animaux, dont les singes, développent des maladies neurologiques similaires à la maladie d’Alzheimer chez les humains. Cette similitude offre des avantages essentiels pour le développement de modèles animaux permettant d’étudier ces maladies et de tester de nouvelles approches thérapeutiques.
L’absence de modèles animaux valides au cours du XXe siècle a longtemps entravé la recherche sur la maladie d’Alzheimer, retardant tout progrès significatif depuis la découverte des caractéristiques neuropathologiques par le Dr Alois Alzheimer en 1906. Cependant, depuis les années 1990, l’avènement de modèles animaux a propulsé la compréhension de la maladie.
LES ATOUTS DES MODÈLES ANIMAUX
Les avantages de l’utilisation de modèles animaux sont multiples. Tout d’abord, ils permettent la compression du temps, essentielle pour une maladie évoluant lentement sur plusieurs décennies chez l’homme. En s’affranchissant de l’extrême lenteur du vieillissement humain, les chercheurs peuvent observer rapidement les effets de manipulations telles que des régimes alimentaires sur les troubles neurodégénératifs.
Deuxièmement, les modèles animaux offrent un potentiel expérimental étendu. Des expériences invasives, impossibles éthiquement chez l’homme, peuvent être réalisées sur des animaux, permettant d’établir des relations causales et de tester des approches thérapeutiques. Par exemple, l’injection d’amyloïde dans le cerveau de rats a démontré la toxicité du pep-
tide Aβ, principal constituant des plaques séniles.
En outre, les modèles animaux offrent un contrôle sur de nombreux paramètres, tels que le régime alimentaire, l’activité physique, l’entraînement cognitif, et l’exposition au stress, tous susceptibles d’influencer l’apparition des symptômes de type Alzheimer. Cette maîtrise du temps permet également de détecter précocement les signes de déclin cognitif.
DÉFIS
ET VALIDITÉ DES MODÈLES ANIMAUX
Cependant, certains peuvent être sceptiques quant à la pertinence des modèles animaux pour étudier une maladie qui se manifeste chez l’homme par des altérations cognitives spécifiques. Néanmoins, la continuité biologique entre les espèces et la possibilité de générer des hypothèses mécanistiques compensent cet écart cognitif.
Concernant la validité des modèles animaux, trois critères sont généralement retenus : la validité de construction, d’apparence et de prédiction. Malgré les limitations, divers modèles animaux, tels que les singes âgés et les souris transgéniques, ont contribué significativement à la compréhension de la maladie d’Alzheimer. En fin de compte, la recherche sur la déficience intellectuelle chez les animaux offre une perspective unique sur la complexité de l’intelligence animale. Alors que les scientifiques continuent d’explorer ce domaine émergent, il est clair que ces découvertes ne sont pas seulement cruciales pour la compréhension de nos compagnons de planète, mais qu’elles ouvrent également des portes vers des avancées médicales et éthiques qui pourraient avoir un impact durable sur notre relation avec le monde animal.
MÉLODIE LANGEVIN
Image par
Cornelia Schneider-Frank de Pixabay
AGRICOLOGIE* HRONIQUE C
ourtoisie:Martine
Toujours choqués par les hausses de prix des aliments à l’épicerie ? Tannés d’entendre dire que c’est la faute aux changements climatiques et aux intempéries, aux importations de produits étrangers vendus moins chers que ceux de chez nous, à l’organisation de l’industrie agroalimentaire qui s’en met plein les poches et aux gouvernements trop soumis aux grands capitaux qui dictent lois et décisions ?
Consolez-vous, vous n’êtes pas les seuls à grogner. Même les sondages préviennent les politiciens et les décideurs. Les comptoirs d’aide multiplient les appels à l’aide : leurs réserves s’épuisent et la demande dépasse l’offre. Et on s’étonnera de voir revivre la petite criminalité ! Les tentations sont fortes quand on a faim et n’arrive pas à obtenir de l’aide, quand on a froid et que le loyer est en retard, quand on risque de se retrouver à la rue. Même dans un pays riche, débuts et fins de mois sont redoutables quand les ressources manquent pour satisfaire et répondre aux besoins de base. Le retour des Nordiques n’y changerait rien.
On a vu, en janvier et février derniers, des images de colonnes de tracteurs agricoles sur les routes de France, suggérant que tout ne tourne pas rond non plus, au pays du Camembert et de la baguette. Partout, l’accumulation des irritants quotidiens mène à la révolte contre la gestion bureaucratique dont la main gauche ignore ce que fait la main droite, quand l’une feint d’ignorer les conséquences des choix de l’autre. La bêtise n’a pas de frontières.
Quand le politique signe des accords internationaux qui font que des produits étrangers, libres des contraintes imposées aux productions locales, viennent les concurrencer sur leur marché à coût moindre, peut-on blâmer le consommateur de ne pas convaincre son estomac d’être plus patriote que le gouvernement qui permet cet état de choses ?
Dans tous les pays du monde, celui qui a faim achète ce qui coûte moins cher sans se soucier d’où ça vient.
« Et tant pis pour les politiques d’achat local ! », lance l’amie Valentine. « Les différences de prix existent aussi entre les produits d’ici. Deux pains de même composition et de même poids, fabriqués au Québec, mais sous des marques différentes et vendus dans le
* Néologisme autour du Panier bleu
même rayon de l’épicerie, ne coûtent pas toujours le même prix ! »
Sans même essayer d’invoquer les lois du libre marché ou le pouvoir d’achat plus important de la grande marque comparé à celui du produit local, j’opte pour la corde sentimentale. L’autosuffisance alimentaire locale a, un temps, nourri la fierté de ceux qui cultivaient la terre et élevaient des bêtes pour nourrir leurs concitoyens. La vie moderne impose désormais ses codes et ses règles que martèle la publicité. Même la ferme familiale est devenue une entreprise soumise aux lois d’un marché qui, progressivement, lui échappe, alors que les conditions de production évoluent et exigent des équipements qui nécessitent d’importants investissements.
« Je sais tout ça, interrompt Valentine, mais mon frère ne va pas, comme mon père le faisait, porter à la porte de chaque client, sa pinte de lait non pasteurisé, marquée de son nom et du slogan De la ferme à votre table durant la nuit. De nos jours, un camion-citerne fait le tour des producteurs et transporte le lait en vrac vers l’usine qui l’achète et le traite pour le mettre en marché… Tout a changé il y a 75 ans, quand le gouvernement a fait des lois qui imposaient des règles sanitaires strictes à tout ce qui partait de la ferme. Et à chaque changement venaient des factures à payer… »
Pour reprendre la ferme paternelle, le frère de Valentine a dû s’endetter pour investir dans de nouveaux bâtiments et de nouveaux équipements. Par chance, la mère de ses enfants s’occupe aussi de la bureaucratie et des contrôles qui laissent peu de place au romantisme bucolique. La réalité doit aussi résister aux intempéries, aux épidémies et aux moustiques qui n’émeuvent pas plus les banquiers que ne le font les changements climatiques.
Devenue citadine, Valentine s’est habituée au lait homo et grogne elle aussi devant la hausse des prix des produits laitiers, des céréales, des viandes et des « vieux œufs » à l’épicerie… Mais elle sait que c’est encore le consommateur, maillon ultime, qui devra payer le prix de toute la longueur de notre chaîne alimentaire.
MARTINE CORRIVAULT
Corrivault
Empathie pour la différence
J’ai demeuré dans un immeuble où il y avait trois personnes vivant avec une déficience sur mon étage. Avec chacune d’elles, j’ai vécu de belles expériences.
Il y en avait une qui avait une déficience intellectuelle. Sa mère venait faire son ménage et lui cuisinait de petits plats. Cette mère devait se battre continuellement pour que sa fille puisse rester dans son logement. Même si elle avait des difficultés à s’exprimer, elle défendait ces droits. Parfois, elle venait cogner chez moi, pour savoir comment s’écrivait un mot.
Elle voulait toujours en faire plus pour aider sa fille. Ainsi, elle a voulu devenir administratrice au CA. Le conseil savait que cela serait difficile pour elle. Un voisin, qui siégeait au CA s’est porté garant de l’aider.
Elle savait se faire des alliés. Lors d’un souper communautaire, elle m’a invité. J’ai connu un peu plus sa fille. Peu à peu, je suis devenue la protectrice de sa fille quand elle sortait. Nous étions au troisième
Aidons-nous !
Je voudrais vous parler de la différence intellectuelle. C’est un sujet qui nous touche tous, de près ou de loin, et que nous évitons d’aborder.
Lorsque j’étais au Cégep, j’avais un ami qui avait une légère déficience intellectuelle. Il avait un emploi d’emballeur au supermarché et il craignait de ne pas obtenir son diplôme de secondaire 5, car il n’avait pas les notes qu’il fallait en français. Comme je me débrouillais assez bien en français, je me suis porté volontaire pour l’aider. Il devait composer un texte en respectant la gram-
étage, et quand elle voulait aller s’asseoir dehors, elle m’appelait pour que je l’accompagne. Je la rassurais. Un jour, elle s’est chicanée avec une personne ayant une déficience visuelle. Je suis alors intervenue en leur suggérant de se mettre l’une à la place de l’autre. Ça a arrêté le conflit !
UN ENFANT AUTISTE
Un ami et sa conjointe ont eu un bébé. Ils étaient très heureux d’avoir un enfant. Rapidement, ils ont constaté sa différence. Lorsqu’ils reçoivent le diagnostic d’autisme, ils savent que leur enfant aura besoin d’eux toute sa vie. Quand il est chez son père, l’enfant peut demander 10 fois : « Papa, est-ce que je peux prendre une douche ? ». Patient, le père lui répond chaque fois. L’enfant est exigeant. C’est pourquoi son père lui demande affectueusement : « Bon, que veux-tu mon petit boss ? »
« L’Enfant » de 22 ans joue encore avec ses petites autos… À l’approche de la soixantaine, son père
s’inquiète de ce que sera la vie de son grand garçon quand il ne sera plus là !
ABUSER DES AUTRES
Il y a du bon monde dans la vie, mais il y en a qui ne pensent qu’à abuser. Une locataire en bas de chez moi vit avec une déficience. Pendant que son mari est parti faire du bénévolat, elle fait une crise de panique. Elle demande alors à un voisin de garder son chien Moka. Étant en crise, elle lui remet 200 $ pour s’occuper du chien pendant à peine une heure. Le voisin ne lui a pas remis l’argent… il a vraiment abusé d’elle.
MEILLEUR AVENIR
Aujourd’hui, on respecte plus les personnes avec une déficience intellectuelle. Même la loi reconnaît mieux leurs droits et la société se veut plus inclusive. Il existe quand même encore des tabous… Accepter la différence fait la différence.
maire et l’orthographe. Je l’ai donc guidé dans sa démarche, sans corriger son orthographe. Malgré de nombreuses fautes d’orthographe, il a passé son cours de français et a obtenu son diplôme de secondaire 5.
Mon père n’avait pas beaucoup d’instruction. Il savait à peine lire, écrire et compter. Il avait malgré tout un bon emploi. Mais après quelques années de travail, son employeur lui demande d’obtenir sa septième année. J’étais enfant à l’époque, mais je me souviens qu’il lui fallait passer son cours de français. Le fils de notre voisin
était venu pour l’assister et mon père a finalement passé son cours de français. Je ne crois pas que mon père avait une déficience intellectuelle, car plusieurs connaissances de mes parents n’avaient pas beaucoup d’instruction.
Pour ma part, je crois que nous ne devons pas exclure les moins nantis. Je pense que nous sommes tous reliés les uns aux autres comme une chaîne et que la solidité de cette chaîne dépend de la solidité du maillon le plus faible. Nous devons donc aider les plus faibles comme nous le pouvons.
MICHEL POTVIN
CHRISTINA FOISY
MON AMOUREUSE, MON ANGE
J’ai eu une blonde qui avait une légère déficience. Élisabeth était une femme souriante, un ange ! Elle était très sensible aux propos durs… Quand son père manifestait des émotions négatives, cela l’affectait beaucoup. Elle m’a raconté qu’un jour, alors qu’elle l’aidait dans les travaux de la terre, elle lui a frappé un doigt avec la masse. Il était très fâché et lui a dit qu’elle ne réussissait jamais à bien faire les choses. Des années plus tard, elle pleure encore en racontant cette histoire. Je l’ai consolé et lui ai expliqué que son père était très perfectionniste, et un peu imbu. Je lui ai aussi souligné que son père avait aussi des commentaires méprisants envers les autres enfants de la famille et même envers sa femme quand ces derniers le contredisaient.
J’ai expliqué à mon amoureuse que son père était quelqu’un qui aimait pavaner et qu’il n’utilisait pas toujours ses talents d’orateur pour dire des choses agréables, mais qu’il n’était pas vraiment méchant. Malgré cela, elle préférait
rester à l’écart pour se protéger. Très enthousiaste, elle s’emballait parfois lors des fêtes et des occasions spéciales. Cela gênait parfois sa famille qui devenait alors très contrôlante. L’équilibre dans leurs relations s’avérait difficile à trouver : ils ont beau dire qu’il aime leur sœur, il n’accepte pas qu’elle ne fasse pas, ou ne pense pas comme eux.
Je trouvais désolant de constater que cette famille, pour qui le paraître était très important, contrôlait mon amoureuse. Croyant tout connaître, ses parents ne demandaient jamais l’avis d’Élisabeth. Cette manière de faire est contraire à ma conception. Élisabeth a un bon jugement et quand on prend le temps de lui expliquer les situations, elle fait des choix judicieux. Nos visions opposées n’ont pas facilité mes relations avec sa famille et, pendant sept ans, j’ai eu beaucoup de conflits avec eux.
J’ai dû intervenir plusieurs fois pour faire respecter les désirs d’Élisabeth et lui permettre de
se réaliser. Grâce à l’aide d’organismes, elle a trouvé un emploi chez TAQ, où elle a travaillé plus de 10 ans. Son vœu de vivre en logement a aussi été exaucé.
Nous ne sommes plus en couple depuis longtemps, mais je suis vraiment fier de ses réalisations et content pour elle. À mes yeux, elle est un ange de la vie qui fait maintenant ses propres choix et les assume.
Je félicite tous les gens et tous les organismes qui ont facilité sa liberté de choix et qui lui offrent le bonheur personnel auquel elle aspirait légitimement.
Je conserve de très bons souvenirs des sept années que nous avons partagés. Cet Ange m’a offert un amour désintéressé ! J’ai d’ailleurs constaté que c’est le cas de plusieurs personnes ayant une déficience intellectuelle… peutêtre que les gens dits « normaux » devraient les imiter : on arriverait peut-être à avoir un monde meilleur !
BERTRAND CYR
La folle du logis : une colocataire indélogeable de Marc Émile Vigneault
La folle du logis s’est installée dans ma tête sans y avoir été invitée. Malgré son apparence hideuse, j’ai réussi à faire de cette colocataire indélogeable, une alliée dans le processus de mon rétablissement et à redéfinir l’homme que je suis. Originaire de Rouyn-Noranda, bachelier en psychoéducation de l’UQTR et retraité du CIUSSSCN, où j’ai œuvré pendant 35 années.
À paraître aux Éditions l’Hybride le 5 avril prochain.
J’ai lutté toute ma vie pour sortir de ce sentiment d’insignifiance qui m’habitait. Lors de mon internement en psychiatrie, j’ai choisi la vie. Cette vie que j’ai créée à coup de montagnes russes, plongeant jusque dans les abîmes de mon être.
En partageant avec le lecteur ce témoignage expérientiel, je souhaite surtout faire résonner l’espoir.
AU CUBE
DES RENCONTRES INOUBLIABLES !
Pendant plusieurs années, j’ai eu le plaisir de faire partie d’un groupe de personnes appelé Les amis de la musique. Nous avions pour habitude de nous rendre au Centre de jour l’Arche, Étoile* à Québec pour une offrande musicale avec les usagers. Une rencontre avait lieu dans le temps de la Saint-JeanBaptiste et une autre juste avant Noël.
Le principe était simple. Les responsables et les bénévoles regroupaient les usagers des quatre foyers d’accueil de l’Arche de Québec au Centre de jour et après un souper, la fête commençait. Nous chantions et nous dansions avec ces personnes aux handicaps multiples qui sont tellement attachantes. Leurs sourires, leurs cris de joie, leur plaisir à chanter et à danser avec nous, ça valait de l’or. Mon cœur débordait d’amour, j’étais dans l’abondance.
Au début, lorsque le responsable du groupe Les amis de la musique m’avait proposé d’aller chanter pour ces personnes délaissées et souvent oubliées par le système social dans lequel nous vivons, je croyais que j’allais poser une bonne action. À ma grande surprise, ce sont eux qui m’ont appris l’accueil et la bienveillance, l’amitié sincère et l’amour inconditionnel. Chaque fois que j’ai participé à ces soirées d’offrande musicale, j’en suis ressorti grandi, plus riche de rencontres sincères vécues en toute simplicité. Ces personnes nous offraient tellement de reconnaissance et d’enthousiasme que, chaque fois, je sortais de là transformé.
J’ai eu le privilège de développer une relation significative avec certains de ces jeunes comme je les nommais gentiment même si quelques-uns avaient presque mon âge. Les souvenirs des chansons Mamie Blue et de La Dame en bleu refont surface chaque fois que je pense à eux. Lorsque je les croise en promenade sur le sentier pédestre de la rivière Saint-Charles, il y en a toujours un ou deux qui sortent du groupe pour me saluer cordialement et chaleureusement. Si je passe devant le Centre de jour et qu’ils m’aperçoivent, je vois les sourires sur leurs visages et mon cœur se réchauffe instantanément.
FIN DU BON TEMPS
Lorsque la pandémie est arrivée, il nous est devenu impossible de les visiter. Certains sont décédés. Les responsables ont changé, les bénévoles ont changé. J’y suis retourné pour chanter une fois post-pandémie. Il a été impossible de reproduire cette ambiance chaleureuse des soirées d’avant. Les personnes ne se touchaient plus, plus de poignées de main, plus de câlins, plus de contact physique en fait. Pour ces personnes, c’est comme si on les avait privées de leurs bras. Les jeunes nous écoutaient, assis sur leur chaise. Quelle tristesse de constater ces changements ! Il y avait bien quelques un qui m’ont reconnu, mais il fallait garder nos distances. Ce contact chaleureux qui avait toute son importance avant la pandémie, il n’existait plus. Les nouveaux responsables nous ont expliqué qu’il n’était pas très chaud à l’idée de regrouper les quatre foyers dans l’espace du Centre de jour, question d’espace cube. Alors, j’ai fait un autre deuil, j’ai cessé de fréquenter le centre l’Arche. Pour moi, le changement a été trop grand, je ne m’y reconnaissais plus. C’est comme ça la vie, ça change. Par contre, tous ces magnifiques souvenirs que j’ai emmagasinés pendant les années auxquelles j’ai fait partie des amis de la musique eux ne disparaîtront pas. Ils sont gravés dans mon cœur pour toujours. Heureusement, il y a quand même une relève. Un ancien membre du groupe Les amis de la musique a proposé une nouvelle formule d’animation musicale au Centre, avec des groupes restreints, une ou deux fois par mois. Il se dit très heureux de la formule. J’en suis bien content pour les jeunes et j’espère que chacun continue d’y trouver son petit bonheur.
Toutes ces belles rencontres que j’ai eu le privilège de vivre au cours de ces années avec ces personnes intellectuellement handicapées forment un trésor inestimable. Je souhaite à chacun d’entre vous, qui avez la capacité de lire ceci, de rencontrer une personne comme celles que j’ai eu l’honneur de côtoyer au Centre de jour l’Arche Étoile de Québec.
Simplement,
MARC ÉMILE VIGNEAULT
LA QUÊTE DES MOTS
PAR JACQUES CARL MORIN CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 À L’AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE CASE GRISE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT…
Verticalement :
1- Plaisir que l'on goûte pleinement.
20- Étendue de la surface terrestre sur laquelle vit un groupe humain.
Horizontalement :
1- Pays insulaire des Caraïbes. Celles d'Augias n'ont jamais été nettoyées. Crédule.
2- Vœu des moines. Modèle légal (OETANL). Indifférent.
3- Habituel. Fable. Disperser au hasard.
4- Élément chimique de symbole IR. Livre de messe. Faire des lois.
5- Nominés. Agave. Jour de la semaine.
6- Fenêtre de sous-sol plus large que haute (PLAISIROU). Lave-mains. Fleur
7- Assertion (ITRAINOFFAM). Arbre cultivé pour son bois recherché en ébénisterie et ses fruits. Drôle.
8- Ensemble de 9 musiciens. Étapes. Plat grec de brochettes de viande.
« La soupe aux légumes est bien bonne aujourd’hui. »
Misère ! J’ai en horreur les conversations de vieux. Une fois arrivé à la dernière étape de l’existence, l’humain n’aurait donc plus rien d’intéressant à dire. Quant aux résidences pour personnes âgées (je déteste cet euphémisme qui voudrait éliminer le mot vieux du vocabulaire), j’ai toujours eu l’impression que ces établissements équivalaient à un terminus ou à l’antichambre de la mort.
« La soupe aux légumes est bien bonne aujourd’hui. »
On aura donc vécu frénétiquement toutes ces décennies, on se sera lancé dans l’aventure de la vie pour en arriver à ça. Quel naufrage ! Je sais de quoi je parle puisque j’ai déjà travaillé aux cuisines de ces résidences où j’ai trop entendu ce genre de conversation. Que sont donc devenus les élans de passion, les accomplissements, les espoirs, les luttes acharnées, ces instants où la rage de laisser une marque indélébile de notre passage sur Terre nous obscurcissait si délicieusement le jugement ? Que la jeunesse ne dure pas, je comprends, mais que tout s’efface et que notre personnalité disparaisse pour devenir un vieux ou une vieille, là je ne comprends pas. On devient donc une personne quasi anonyme, interchangeable, résignée à son insignifiance, qui en attendant la mort ne peut plus que s’habiller en vieux, avec des idées de vieux et des conversations de vieux.
Pourtant, je suis moi-même devenu vieux et je ne veux surtout pas qu’on me dore la pilule à grand renfort d’euphémismes. Je ne suis pas une personne âgée, ou quelqu’un qui a atteint le bel âge. Non, je suis vieux et je reçois ma pension de vieillesse depuis déjà quelques années. Longtemps, je n’ai éprouvé qu’un profond mépris devant ces sourires de satisfaction pour un enjeu aussi secondaire que la soupe aux légumes.
Je me rappelle les propos d’un ami de mon grandpère qui disait que s’il ne pouvait plus grandir physiquement, il comptait grandir en sagesse. En y repensant, je conçois qu’apprécier les joies simples n’est pas un enjeu si secondaire. Maintenant que
l’âge m’a rattrapé, j’apprécie mieux l’instant présent, les instants de calme, et toutes ces petites joies qui parsèment le quotidien. Une partie de moi s’y oppose, voyant là un genre de recul ou de négation de qui j’étais. En mettant ces idées noires de côté, je me dis que tous les âges ont leurs bons moments. C’est pourtant difficile d’admettre de vieillir, mais quand on accepte l’inévitable, on comprend qu’on puisse trouver des instants de bonheurs dans des joies simples.
Déterminé à cueillir ces instants de bonheur, je me suis cuisiné une soupe aux légumes avec des ingrédients que j’ai ajoutés pour en rehausser le goût. J’ai été agréablement surpris du résultat, mais j’ai surtout été surpris de constater comment un plaisir aussi simple pouvait m’émouvoir. Aussi, je me dis que quand ce sera à mon tour d’être remisé en résidence j’espère que la cuisine sera à la hauteur de mes attentes et que je pourrai dire à qui veut l’entendre : « La soupe aux légumes est bien bonne aujourd’hui. »
YVES POTVIN
Photo : Pixabay
JE RÉCIDIVE 6
Après s’être rencontré à Demi-Lune et avoir mangé à la Brûlerie Limoilou, G. et moi sommes allés à CKRL FM à 8 h, à l’ouverture au public, où j’ai acheté une casquette, un t-shirt et cinq C.D. à 5 $, en plus de renouveler ma carte de membre, parce que c’était la troisième journée du Radiothon annuel.
Comme j’ai sheeré solide de samedi 29 avril à dimanche le 30, ils ont devancé, de mardi à lundi, mon rendez-vous avec la nouvelle (pour moi) psychiatre de l’équipe du TIBD. J’ai dû m’expliquer. Je lui ai dit que j’étais un artiste et un écrivain qui avait beaucoup d’inspiration la nuit. Elle m’a confronté. Elle exige que je dorme la nuit de façon continue au moins 6 h sur 24 h. Moi, je l’obstinais que la médication ne comptait que pour 25 % du traitement. Que le reste était bio-psycho-socio-environnementale. Elle m’a répondu que pour la manie, les médicaments comptent pour 50 % du traitement, le reste c’est bio-psycho-sociologique. Elle a vu dans
le dossier que j’ai vécu 22 hospitalisations depuis 1985. Elle veut me protéger. Monter moins haut pour descendre moins bas ensuite. Elle ne veut pas que je descende jusqu’au noyau. « Le noyau… » que je lui demande ? « Celui du centre de la Terre », qu’elle me répond. Vraiment, je n’ai pas le monopole de la métaphore !
Plus tard, j’ai acheté, à la librairie usagée Laforce, ma voisine sur la rue Saint-Jean, trois livres illustrés pour C. (la petite fille de 6 ans de mon best S.). Deux de la collection Larousse, un sur la mer et un sur la terre, et un troisième qui raconte Maurice Richard aux enfants.
Je voulais m’acheter un nouvel ordinateur et une nouvelle imprimante, mais A.C. du TIBD m’a dit d’attendre. Elle a bien raison. En manie, on a tendance à faire de gros achats non réfléchis. C’est une de mes raisons de vivre et de surmonter tous les obstacles de la vie ou de mon handicap. (À suivre ?)
Comme la psychiatre a augmenté les dosages de ma médication, mon pouls est passé de 93 à 113. Elle m’a dit d’aller consulter mon médecin de famille pour mon pouls et pour mon diabète qu’elle trouve élevé. J’y suis allé le 11 mai, accompagné et reconduit par A. infirmier-chef d’équipe du TIBD. Mon doc a dit que mon diabète était très bien contrôlé à 7,3 et 7,4 lors de mes deux dernières prises de sang, hémoglobine glyquée qui remonte deux mois en arrière. Mais mon pouls accéléré l’a convaincu d’agir. Il m’a prescrit des bêta-bloqueurs pour corriger la situation. Cela a fonctionné. Mais moi, je me sentais coupable de fumer. M. M. du TIBD m’a dit que ce n’était peut-être pas le temps d’arrêter de fumer alors que j’avais tant de choses à gérer pour me rétablir de ma rechute de high.
Mais le 20 mai, je récidive.
J’arrête de fumer avec l’aide de timbres de nicotine.
(À suivre ?)
BERNARD ST-ONGE
Photo : pxhere.com
Verseau
Il y a un an, tu prenais place
Roulais doucement vers le cocon
Déjà, tu occupais l’espace
Faisant de mon corps ta maison
J’ai attendu, j’ai pris sur moi
Neuf mois que c’est long quand on aime
Admirant chaque jour l’exploit
D’un ventre aux proportions extrêmes
Cette angoisse qui m’a saisie
Quand j’ai appris ta perfection
De moi seule dépendait ta vie
En étais-je capable ? Un garçon
Dans la nuit noire, je m’affolais
Après des heures sans surveillance
Mon cœur chaque fois s’emballait
Jusqu’à la reprise de ta danse
Un matin d’hiver à neuf heures
Ta bulle a éclaté d’un coup
Impatiente, je n’avais pas peur
D’honorer notre rendez-vous
Passées les vagues de douleur
Ne restait que l’excitation
Un goût d’exceptionnel, stupeur
Ton crâne comme une apparition
Au contact du monde ton cri
Apaisant mes pires craintes
Le souvenir, douceur infinie
De notre première étreinte
Je porte encore en moi la trace
De ton passage en flottaison
Et même éloigné, rien ne casse
Cette invisible connexion
JADE VALRONNE
Ce poème de Jade Valronne a été publié dans l’édition de février, mais un problème technique a rendu sa lecture presque impossible. Voici pourquoi nous le reproduisons. Toutes nos excuses à l’auteure.
Bourbier
Envahie par l’acrimonie
Ce qui avait transcendé la réalité
Et permuté mon sourire
Contre un mécontentement volubile
Tout semblait être un grand désappointement
Immense confusion acérée, défilant en accéléré
Pesante acuité, tenace, acharnée et fourbe
Qui ne cessait de me tenailler
Cette douleur m’avait emmaillée dans ses filets
J’étais alors encastrée
Dans l’impuissance absolue de mon mal-être exhaustif
De ne rien avoir à portée de main
Pour accéder aux possibilités de solutionner ce mal
Arrivant généralement inopinément, sournoisement et brusquement
Causant cette agonie douloureuse
Incontestablement laborieuse
Me sentant complètement capturée
Littéralement enrobée, assurément assiégée
La douleur est pourtant censée être temporaire
Et la souffrance facultative
Mais elle est malheureusement inévitable.
Lucidité
Se tuer de transparence à jouer de blessures d’égratignures à virevolter dans les dédales de l’âme aux impossibles songes
De nœuds troués
Et puis, amortir la chute
De vaines détresses
Reprendre son pas
Lourd du baluchon des souvenirs
Le déposer sur la roche lisse
Où glisse l’eau de la délivrance
Reprendre son pas Léger et serein à effleurer sa folie
L’apprivoiser
Repartir au premier jour
Libre à ne plus vaciller de peurs à en toucher l’inconscient
Et, revêtir sa lucidité Être l’arbre
En deçà de ses feuilles
Se couler dans la sève à mûrir l’imaginaire
RENÉE PERRON
MAD ÂME M
Photo : Pixabay
Platon
Comment on s’attache
À une personne
Et qu’on en vient à l’aimer
Si tu lis Platon
Le banquet Il explique que
Le zipper de l’amour
Son ADN
Nous rend vertueux
Et plus audacieux
C’est pour cette raison
Que j’ai pris le téléphone
Pour qu’on se revoie à nouveau
FRANÇOIS GAGNON
Éloi
L’enfant garçonnet
Sur le bord du fleuve, était
Mots ne disaient
Sa fragilité seule, parlait Être, aux frontières du normal
Son regard fuyait
Son visage nous questionnait
Une grande sœur l’animait
Une mère présente, l’aimait
Prunelle de ses yeux, sur littoral
MICHEL BRISSON Rocher Blanc, Rimouski
Illustration de Benoit
Gingras
Photo de Francine Chatigny
Les souliers
Je me sens seule
Malgré la force du groupe
Je me sens à l’envers
Et contre tous
Quelqu’un voudrait-il
Se glisser dans mes chaussures
Et monter la colline
Marcher un kilomètre dans mes semelles
Un kilomètre de ma solitude
Un kilomètre de ma peine
Simplement pour savoir de ce qui brûle
Sous ma poitrine
Après seulement, pourrais-je avoir droit à votre sollicitude
Si vous saviez ce que c’est
Que de marcher les fesses serrées
Je suis craintive, les raisons se cachent sous mes dialectiques
Alors l’ego s’en mêle et tout se complique
Je me sens en cage
Comme un pauvre animal
Même parmi la meute, un loup solitaire
Serais-je soutenue par-delà nations étrangères
Y a-t-il quelqu’un pour accueillir
Mes angles morts, mes zones grises
Qui m’ouvrira les bras
Qui me permettra d’être moi
J’ai une seule envie, aller à mon rythme, à ma guise
Honorer ma sensibilité, mes limites
J’ai juste besoin d’être comprise
Incluse comme deux piles
Le simple besoin de ressentir votre solidarité à ma cause
Ne pas être reléguée à la trouble-fête
Par sa propre faute
J’ai juste besoin de douceur
À l’abri du sarcasme
Il n’est pas si compliqué de me froisser le cœur
Une feinte d’abandon suffit pour m’embrayer sur la défensive
Percevant soudain l’œil défiant du mépris
La dent coupante du conflit
Alors je me sens traquée
Je repère l’arnaque du cœur blindé
Qui ne veut rien savoir
De porter les souliers d’un autre
JUDY MILLER
Illustration
Vivre et laisser vivre : un idéal dépassé ?*
D’aussi loin que je me souvienne, mon idéal était de vivre et de laisser vivre. Cet idéal exigeant a été pour moi, tout au long de ma vie, le fondement de mes choix, choix professionnels, choix sociaux, choix amicaux.
Cet idéal suppose le respect des autres, peu importe leurs différences et leurs origines. Chacun a le droit d’exister, de s’exprimer et de vouloir se réaliser. Personne n’a le droit de choisir pour les autres leur destin.
Cet idéal peut être associé également au respect de la vie et de la nature qui nous entoure, du plus petit des éléments que l’on retrouve sur terre au plus grand : chaque être a son utilité et son importance. Nous sommes tous interreliés. Vivre et laisser vivre s’applique aux humains, mais aussi aux animaux, aux arbres, aux fleurs, etc. Que serait la vie sans les arbres, sans les fleurs et leurs couleurs, sans les animaux.
Cet idéal était fondé, à mes yeux, sur des politiques d’égalité des chances. Nous ne partons pas tous dans la vie avec les mêmes chances… Adopter des politiques visant à diminuer, voire éliminer les écarts entre les groupes constitutifs de la société, est un idéal auquel je crois encore, mais je suis assez réaliste pour constater que l’on s’en éloigne chaque jour davantage. L’égalité des chances, qui, parmi les décideurs, croit encore à ce concept ? J’avoue que je n’en sais rien et je trouve ça très dommage. L’égalité des chances est fondée sur l’importance du partage et de la solidarité, des valeurs en lien étroit avec le respect de chacun.
Mais, on vit maintenant dans une société — je sais que ce n’est pas exclusif au Québec — marquée par un individualisme féroce, par une agressivité étonnante, par des
*Publication posthume
reproches incessants envers chaque groupe de la société, des récriminations, ce qui rend la vie difficile pour de plus en plus de gens. On peut tous sentir un climat social qui se détériore.
D’où la question, est-ce que l’idéal exprimé par les mots suivants : « vivre et laisser vivre » est dépassé ? Est-ce que le concept d’égalité des chances est dépassé ?
En parcourant les médias, on peut penser que c’est le cas, que cet idéal semble dépassé pour le plus grand nombre considérant que la colère l’emporte bien souvent sur le respect, que l’humanisme associé à cet idéal est en voie de déperdition.
Je ne peux que m’inquiéter pour l’avenir des générations qui suit la mienne. Vers quel monde entraînons-nous les plus jeunes ? Certains politiciens estiment qu’il est plus facile de reconstruire si tout a déjà été détruit, est-ce à ça que nous assistons à l’heure actuelle ?
Je souhaite, pour ma part, une société fondée sur le respect, la solidarité et le partage. À mes yeux, il est plus simple d’améliorer quelque chose qui existe déjà que de tout recommencer, et ce, sans guides pour l’action, sans projet de société fondée sur un humanisme plus grand, un respect des différences entre les personnes, peu importe leur statut social. Je souhaite donc une société éloignée du mercantilisme actuel qui valorise souvent les individus par les revenus qu’ils font.
Il ne faudrait pas que l’on oublie que nous sommes tous interdépendants les uns des autres.
Se questionner
Dans notre vie de mortel
Tant de questions existentielles
Est-ce qu’il y a une vie surnaturelle?
C’est un beau rêve le ciel?
L’homme, souvent, cherche dans l’inconnu,
Une planche de salut.
Ne vaudrait-il pas mieux
Tout ce temps à se questionner
Plutôt le consacrer
À vivre, sans par l’avenir, être anxieux.
Sans être idiot,
Trouver beau
L’accessible, le perceptible
On verra pour l’invisible.
S’il est possible
Il voudra bien de nous, c’est prévisible
Si nous devenons perfectibles
Dans notre vie humaine
Appelée alors, à être sereine.
Être bon au présent,
On verra pour le firmament.
Sans le nier,
Cesser de trop souvent se le questionner.
Cesser de vouloir comprendre tous les mystères
De ce parfois, compliqué univers.
Maintenant vivre!
GAÉTAN DUVAL
Une belle journée magique
J’étais filmée avec les dauphins
Il y avait des gens qui jouaient du tam-tam
Les dauphins suivaient la musique
On pouvait les embrasser d’un bec amoureux
On était fasciné par leurs exploits
Il y avait des dauphins qui dansaient sur l’eau
On avait du plaisir à volonté
Il y avait une chanson romantique
On pouvait regarder la beauté des profondeurs sous-marines
Il y avait des dauphins qui riaient passionnément
Les dauphins faisaient des sauts périlleux
Ils naviguaient dans le bonheur
Les dauphins étaient gentils avec les gens
Il y a des dauphins qui nous arrosaient
Cette journée avec les dauphins était magique ! VÉRONIQUE RIVARD
PORTRAIT DES ACTEURS DE CHANGEMENTS
À L'AUBE DE L'EMPLOI
En automne dernier, La Quête a visité Lauberivière afin d’en savoir plus sur le programme À l’aube de l’emploi. Nous avons rencontré des travailleurs et un étudiant.
« J'adore mon emploi »
Après avoir étudiée et travaillée dans une institution bancaire, elle accepte le poste de coordonnatrice À l’aube de l’emploi. Tout un virage !
Marianne décide de plonger dans le milieu communautaire, milieu pour lequel elle nourrit un intérêt depuis l’enfance et répondre ainsi à son besoin de donner du sens : avoir un impact dans la vie des usagers et des élèves du programme
Tous les jours, elle fait le lien entre les élèves, les formateurs et les intervenants. La recherche de financement, qui fait également partie de ses tâches, s’avère un défi qu’elle relève avec succès permettant ainsi le maintien du programme.
Pour approfondir ses connaissances du milieu et de l’intervention communautaire, elle a entamé un Baccalauréat multidisciplinaire à l’université Laval.
Marianne Lachance, coordonnatrice du programme de réinsertion
Depuis 9 ans À l’aube de l’emploi, Frédéric enseigne la théorie et développe les partenariats avec les entreprises de nettoyage qui accueillent les stagiaires.
Après une carrière en restauration, l’occasion de former de jeunes professionnels aux métiers de l’entretien s’est présentée. Il l’a saisie avec enthousiasme.
Lors de ses cours, il favorise le développement des habiletés sociales et du « savoir être » des étudiants.
Ces derniers ont différents profils, mais ont en communs d’être sortis du marché de l’emploi depuis un certain temps. Il faut donc leur réapprendre à travailler en équipe, à suivre des horaires de travail… et autres exigences en emploi.
Frédéric Moffet, formateur rattaché au centre Louis-Jolliet.
« Laver, cirer les planchers, quelle tâche satisfaisante ! C’est presque artistique. C’est beau un beau plancher. »
Après 20 ans à assurer un poste d’entretien sur la base militaire de Valcartier, Daniel a été embauché à Lauberivière.
HRONIQUE l' a rchi de
Il est heureux d’y travailler, car les gens sont d’une « gentillesse extrême ».
Formateur, depuis janvier 2023, il se rend compte des avantages à former, à passer le savoir : ça lui plaît beaucoup.
Il sait s’adapter à chaque étudiant, il démontre une grande souplesse dans son enseignement.
L’utilisation de la machinerie, des différents produits… sont les aspects pratiques sur lesquels Daniel apporte son expertise et sa passion. Il prépare les étudiants, tout d’abord pour leur période de stage, puis à la réalité de l’entreprise.
À l’aube de la retraite, Daniel planifiait aller en Allemagne, voir la Sagrada Familia à Barcelone. Mais il pense de plus en plus aux changements climatiques, il envisage donc plutôt de jouer aux échecs.
Daniel Michaud, formateur en atelier « J'ai pris les manettes »
Schizophrène, Martin a une contrainte sévère à l’emploi, ce qui ne l’empêche pas d’avoir des projets.
Depuis peu, Martin se sent prêt à essayer de travailler. Il a d’abord fait du bénévolat à la buanderie de Lauberivière, qui s’est bien passé. Ayant appris par Marianne Lachance que le programme recrutait des candidats, il s’est dit « pourquoi pas moi ? Je pense être rendu là ».
Ses motivations sont multiples : assurer plus de revenus, désir de sociabiliser, sortir de sa zone de confort, continuer dans ses efforts de mise en place d’une saine routine.
Et après ?
Martin réalise au bout de trois semaines de formation les contraintes du métier. Des enjeux physiques le rattrapent, mais sa motivation à poursuivre le programme reste intacte.
Il lui reste 26 semaines à réaliser pour l’obtention de son diplôme, il peut compter sur toute l’équipe — et sur la bonne humeur contagieuse de Daniel, le formateur — qui lui offriront un bon coup de pouce.
Il ne se laissera pas abattre, il ne jettera pas l’éponge !
Martin, étudiant en questionnement ÉMELINE GIBERT
Des plus
• Une formation rémunérée par Services Québec
• Inscription en continu
• Stage en entreprises de 375 h
• Salaire intéressant en emploi grâce au comité paritaire
• Suivie psychosocial
• Accompagnement personnalisé
L’équipe de À l’aube de l’emploi : Frédéric Moffet, formateur, Marianne Lachance, coordonnatrice et Daniel Michaud, formateur.
Références communautaires
Service d’information et de référence qui vous dirige vers les ressources des régions de la Capitale-Nationale, de la Chaudière-Appalaches
Tél. : 2-1-1
Aide sociale ADDS
Association pour la défense des droits sociaux
301, rue Carillon, Québec
Tél. : 418 525-4983
Aide aux femmes
Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) Formé pour vous épauler ! 418 648-2190 ou le 1 888-881-7192
Centre femmes aux 3 A Accueil - Aide - Autonomie 270, 5e Rue, Québec
Tél. : 418 529-2066 www.cf3a.ca
Centre femmes d’aujourd’hui
Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec
Tél. : 418 651-4280 c. f.a@oricom.ca www.centrefemmedaujourdhui.org
Rose du Nord
Regroupement des femmes sans emploi 418 622-2620 www.rosedunord.org
Support familial Flocons d’espoir Écoute et aide pour les femmes enceintes 340, rue de Montmartre, sous-sol, porte 4 Tél. : 418 683-8799 ou 418 558-2939 flocons.espoir@videotron.ca
Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 97, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 521-4483 coordo@squatbv.com www.squatbv.com
Gîte Jeunesse
Hébergement temporaire garçons 12 à 17 ans
Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec Tél. : 418 666-3225
Résidence de Sainte-Foy 3364, rue Rochambau, Québec
Tél. : 418 652-9990
YWCA
Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes Tél. : 418 683-2155 info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca
Réinsertion sociale
Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec
Tél : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org www.campo.org
Fraternité de l’Épi
Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la création d’un lien d’appartenance 575, rue Saint-François Est, Québec
Tél. : 418 523-1731
La Dauphine
Pour les jeunes de 12 à 35 ans 31, rue D’Auteuil, Québec
Tél. : 418 694-9616
courrier@ladauphine.org www.ladauphine.org
Insertion professionnelle
À l’aube de l’emploi (Lauberivière)
Formation en entretien ménager commercial/buanderie 485, rue du Pont, Québec 418 694-9316 poste 248 alaubedelemploi@lauberiviere.org
Recyclage Vanier
Emploi et formation (manutentionnaire, aidecamionneur, préposé à l’entretien) 1095, rue Vincent-Massey, Québec tél.. : 418 527-8050 poste 234 www.recyclagevanier.com
Prostitution
La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Tél. : 418 523-1798 info@maisondemarthe.com www.maisondemarthe.com
P.I.P.Q.
Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168
pipq@qc.aira.com www.pipq.org
Soupe populaire
Café rencontre Centre-Ville 796, rue Saint-Joseph Est, Québec (Déjeuner et dîner)
Tél. : 418 640-0915
Maison de Lauberivière (Souper) 485, rue du Pont, Québec Tél. : 418 694-9316
Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 945, rue des Sœurs-de-la-Charité
Tél. : 418 692-1762
Santé mentale
Centre Social de la Croix Blanche 960, rue Dessane, Québec Tél. : 418 683-3677
Amicale Alfa de Québec 75, rue des Épinettes, Québec
Tél. : 418 647-1673 alphadequebecinc@videotron.ca
Point de Repères
225, rue Dorchester, Québec
Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com
VIH-Sida
MIELS-Québec
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RÉPONSES LA QUÊTE DES MOTS Solution
QUOI DE NEUF LA NATURE ?
L'ART ABSTRAIT DES
LICHENS
Les lichens, organisme étrange s’il en est un, n’est ni une plante ni même un seul organisme en soi ! Les lichens sont constitués de l’entrelacement indissociable entre un champignon et une algue ou une cyanobactérie dans quelques rares cas. C’est ce que l’on appelle une symbiose. Il s’agit d’une association étroite, profitable pour tous, entre deux ou plusieurs organismes. Ces organismes sont souvent indissociables de leur partenaire de vie puisque dans certains cas l’association est indispensable pour la survie. C’est le cas par ailleurs chez les lichens dans lequel les champignons qui la compose en partie ne sont jamais retrouvés seul, sans leur partenaire photosynthétique l’algue ou la cyanobactérie. Qu’est-ce qui unit donc ces deux organismes totalement différents ? Le champignon offre une maison, c’est-à-dire un milieu dans lequel l’algue ou la cyanobactérie est protégée de l’extérieur en échange duquel ces organismes offrent du sucre qu’ils ont produit par le biais de la photosynthèse.
Les lichens sont largement utilisés par la faune que ce soit comme nourriture pour les caribous ou même comme matériaux de construction pour le nid de certains oiseaux. Chez certains papillons, la larve utilise le lichen pour s’en faire un cocon dur dans lequel il passera toute sa vie, l’agrandissant au fur et à mesure de sa croissance jusqu’à sa métamorphose en papillon. Certaines chenilles et certains
HRONIQUE
papillons ont même adopté les parures du lichen pour fondre dans le paysage et éviter la prédation.
Les lichens offrent aux yeux des randonneurs de ville ou des milieux naturels un régal puisque les diverses espèces qui couvrent le sol, les roches, le tronc des arbres ou même encore les bâtiments forment souvent des œuvres d’art où couleur, forme et texture s’enchevêtrent. Effectivement, il n’est pas rare que plus d’une espèce de lichens pousse entassée les unes sur les autres. Les lichens croissent sous trois principaux types de forme ; les foliacées qui ressemble à des feuilles de laitue un peu frisées (sur l’image de droite), les fruticuleux qui ont l’air de cheveux ou de petits choux-fleurs (Usnea et Cladonia à droite) et les lichens crustacés qui forme des tâches bien collées telle une croûte sur leur substrat de croissance. Bien souvent, il est possible de voir ces lichens sur les roches qui forment des cercles verts, gris noir et même de couleur orangée ou jaune.
Puisque les algues qui forment les lichens se nourrissent des nutriments disponibles dans l’air et de la lumière qu’il transforme en sucre, leurs sensibilités à la pollution de l’air sont très grandes. L’abondance et la fréquence d’observation des lichens peuvent donc être utilisées comme bio-indicateur, c’est-à-dire comme un indice de la qualité de l’air.
MAURANE BOURGOUIN
Sur la figure de gauche se trouvent environ cinq espèces différentes de Cladonia spp. Des espèces communes se trouvant directement sur les sols exposés au soleil. Les petites « trompette » et les amas rouges sont des apothécies l’organe de reproduction d’où sortirons les spores servant à la reproduction. En temps sec ou ensoleillé, certains randonneurs auront tôt fait de remarquer le bruit croustillant que fait leur pas en marchant sur les Cladonies. Ceux-ci se brisent effectivement en petits fragments qui, ne vous en inquiétez pas, peuvent servir à la dispersion de ces espèces. C’est la reproduction par fragmentation. Il faut toutefois rester sur le sentier en tout temps ou préférablement éviter le piétinement répété puisqu’à long terme cela peut mener à l’extirpement des colonies. Sur l’image de droite, on peut voir principalement une Usnea spp. et des lichens foliacés. Les Usnea, une source de nourriture importante pour les Caribous, peuvent également être consommés par les humains sous forme de décoction principalement pour ces bienfaits médicinaux.
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