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Go Zéro
HRONIQUE
Comme vous vous en doutez sans doute, les masques à usage unique sont polluants tant qu’ils ne sont pas recyclés. Une entreprise québécoise, Go Zéro, a trouvé une façon de les recycler. Je me suis entretenue avec M. Éric Éthier, président de l’entreprise pour en connaître davantage.
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UNE CONSCIENCE ENVIRONNEMENTALE
L’initiative Go Zéro vient de la conscience écologique de Medsup Canada, un distributeur d’instruments médicaux et d’équipements de protection individuelle dont est également président M. Éthier. « Quand la pandémie a frappé, les quantités de plastique et de déchets qui passaient par Medsup étaient phénoménales et Medsup a cherché une solution de fin de vie qui avait du sens pour les produits qu’il distribue », décrit M. Éthier. L’entreprise a alors cherché une solution et a constaté qu’aucune entreprise n’offrait ce service. Medsup a alors initié Go Zéro qui est maintenant une entreprise à part entière. « Je trouve ça super le fun que le générateur de plastique se prenne en main et arrive avec des solutions qui sont concrètes » affirme, non sans fierté, le président des deux entreprises.
FAIRE DU « VRAI » RECYCLAGE
Rien n’a été laissé au hasard dans la démarche afin de prouver, hors de tout doute, que Go Zéro a un impact positif sur l’environnement. Une étude de cycle de vie a été menée par Recyc-Québec tandis que le Centre de transfert écologique en écologie industrielle (CTTEI) a certifié le processus qui a reçu un diagnostic de circularité. « La qualité du plastique utilisé pour faire les masques bleus est de première qualité et est recyclable à l’infini », précise le président de Go Zéro. « On ne veut pas que ça finisse en billes de plastique qui seront utilisées pour fabriquer des “cossin” qui seront vendus au Dollorama… puis à la poubelle plus tard », image M. Éthier. Chez Go Zéro, on formule des billes préapprouvées par un manufacturier à proximité, « ça, c’est super important », insiste l’entrepreneur. Les billes de Go Zéro sont composées d’à peu près 15 % de masques, la balance provient de rejets industriels. « Nous on veut une matière première recyclable autant de fois que l’on veut, pour rester dans l’esprit de la circularité, » insiste l’entrepreneur. Ces processus ont demandé beaucoup de recherche. Et Go Zéro cherche encore, notamment en ce qui concerne la traçabilité du produit jusqu’à la toute fin du cycle (real cycle)! Les masques et les gants ont permis à Go Zéro de se faire connaître. Mais l’entreprise n’entend pas s’arrêter là. Présentement, près de 100 nouveaux projets de recyclage sont dans les cartons de l’entreprise, tous des produits orphelins du recyclage traditionnel, tels que les pancartes électorales ou bien les stylos. « Aussi niaiseux que ça. Personne ne traite ça présentement », souligne M. Éthier.
Bien de chez nous
UNE CULTURE À INCULQUER
Pour 100 $, Go Zéro fournit à ses clients une boîte pour mettre les masques usagés, le transport pour les acheminer vers l’entreprise de traitement et finalement le recyclage. Les prix sont fixes même pour les clients en région. Le président de Go Zéro est conscient que son entreprise bouleverse les façons de faire. « Payer pour recycler, c’est une nouvelle culture. On n’est pas habitués à prévoir ça dans nos budgets d’achat, le recyclage de fin de vie du produit, mais on devrait si on veut être écoresponsable. » Devoir payer explique peut-être que les premiers clients de Go Zéro ont été de grandes entreprises, comme Desjardins ou Bombardier. Mais cela n’excuse pas le fait que le gouvernement ait refusé cette solution. « Étrangement, la majorité des centres de vaccination envoient les masques aux vidanges… », se désole, M. Éthier. Et on s’en désole autant que lui.
Revendiquer des solutions de recyclage réel
CHRISTINE TROTTIER
Plusieurs items contenus dans nos bacs de récupération finissent leur cycle de vie à l’incinérateur, faute de centres de traitement adéquat. Toutefois, quand des solutions de recyclage réel sont offertes, il est de notre devoir d’exiger auprès de nos élus de les utiliser. Je vous invite à écrire à votre conseiller municipal, votre maire, votre député afin que les instances gouvernementales prennent les bonnes décisions en matière de gestion résiduelle.