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Je suis ce que j’ai Vraiment?

Notre modèle économique est basé sur la consommation, qui elle repose sur la capacité des entreprises à promouvoir leur produit à travers des publicités judicieusement choisies. Ces dernières sont omniprésentes dans nos vies, tellement qu’on oublie parfois leur surabondance et le contrôle qu’elles ont sur nos actions en tant que consommateur. Réduit à son dénominateur le plus simple, le marketing derrière ces publicités est simple: définir les bases de ce qui est désirable et représenter le bonheur auquel nous donne accès notre pouvoir d’achat.

Bien intéressant tout cela, mais pourquoi adresse-t-on la publicité dans le magazine de rue La Quête? Parce que l’objectif de ce billet est de déterminer dans quelle mesure cette dite publicité impacte l’estime de soi des personnes en situation de précarité, qui n’ont pas ce pouvoir d’achat. Je ne suis ni expert ni enseignant en psychologie du consommateur, mais j’aurais tendance à affirmer que les gens en situation de précarité sont moins confrontés à la surcharge publicitaire des réseaux sociaux par le simple fait qu’ils sont, pour la plupart, moins connectés. C’est de connaissance collective que les géants du Web récoltent (et parfois vendent) nos données de navigation pour mieux orienter les publicités sur nos réseaux sociaux. La connectivité n’étant souvent pas dans leur priorité, ces derniers s’épargnent une partie importante de ces publicités. Cela étant dit, ils sont toutefois confrontés aux différentes publicités qui tapissent nos espaces communs. Encore une fois, je suis d’avis que les gens en situation de précarité sont conscients de leur situation. Il ne faut pas les sous-estimer. Un certain narratif sociétal tendancieux voudrait laisser croire que la majorité ne font que penser à se droguer, voler et alouette. Narratif ignorant, qui omet l’humanité vivant derrière chacun de nous, qui se définit par des rêves, des craintes, une conscience, etc. Avoir conscience de sa situation implique forcément de la comparer à une autre, en l’occurrence celle des gens aisés avec du pouvoir d’achat. Dans cette optique, il est évident que, par ricochet, la publicité peut avoir un effet sur l’estime de soi des gens qui ont peu de moyens puisque l’environnement et les gens auxquels ces derniers se comparent sont en grande partie façonnés par la publicité et ce que cette dernière définit comme enviable. Ce dernier constat est confrontant, même pour l’auteur de ce texte… suis-je un produit du consumérisme? La publicité loue-t-elle un espace dans ma tête qui inconsciemment guide certaines (beaucoup) de mes actions…!? Finalement, il ne faut pas un doctorat pour comprendre que l’estime de soi des gens en situation de précarité est affectée par la publicité. Mais ne le sommes-nous pas tous? En observant mon entourage et mon environnement, je ne saurais cerner qui souffre davantage de l’impact de la publicité sur l’estime de soi. Ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir les marques affichées ou ceux qui s’enlisent dans un elliptique sempiternel de consommation pour combler un vide? Chose certaine, dans différentes discussions que j’ai eues au fil des années auprès de gens en situation de précarité, les désirs qu’exprimaient ces derniers étaient pour la plupart d’une réelle simplicité: une chambre, un loyer, une petite voiture, une amoureuse… La situation de ces derniers n’est certes pas enviable sur beaucoup d’aspects, mais peut-être devrionsnous apprendre à réduire nos besoins et éviter de nous définir par ce que nous possédons. Ne dit-on pas que le bonheur se cache dans la simplicité?

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SÉBASTIEN AGOSTINI-CAYER

nimages : Bar Crédit photo

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