RAPPORT DE LICENCE
2023-2024
a - Fred Kent et le placemaking : réinventer les Espaces Citoyens...........................................................................
b - Le placemaking vs l’urbanisme conventionnel..................................................................................
II- LE PLACEMAKING EN PRATIQUE
a - Méthodologie de mise en œuvre du place making..................................................................................................
b - Exploration et analyse méthodologique : entre idéalisme et réalisme
Dans le cadre de l'obtention de ma licence d'architecture, j'ai le plaisir de présenter ce rapport qui reflète l'évolution de mon parcours à l'École nationale supérieure d'architecture de Paris Val de Seine. Ce rapport de licence d'architecture est le fruit de nombreuses heures de réflexion. Il met en lumière des sections importantes de mon parcours. J'espère qu'il offrira un aperçu de ma vision architecturale et de mon engagement envers une pratique qui façonne notre environnement bâti et qui impacte la vie des individus.
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude envers toutes les personnes qui ont contribué à la rédaction de ce rapport de licence. Tout d'abord, je remercie sincèrement mes professeurs et mon encadrants pour leur soutien constant, leurs précieux conseils et leur expertise qui ont été essentiels à la réalisation de ce travail. Je souhaite également remercier mes camarades et collègues pour leur encouragement, leurs échanges stimulants et leur camaraderie, qui ont rendu cette aventure académique enrichissante et agréable. Enfin, je remercie toutes les personnes et institutions qui m'ont offert des opportunités d'apprentissage et de développement, notamment à travers des stages, des ateliers, des conférences et autres activités enrichissantes. Ces expériences ont largement contribué à approfondir mes connaissances et à affiner ma perspective dans ce domaine.
6, 7, 6, 3, 5, 5, ce n 'est pas un code ou une suite mathématique, ces chiffres sont les numéros des ateliers où j'ai passé mes semestres de licence à l'école nationale d'architecture de Paris Val de Seine. Ces simples chiffres ont tracé le chemin de ma formation sur les trois années. Chaque groupe, tel un ingrédient unique dans une recette complexe, a contribué à façonner mon parcours, m 'offrant une plongée profonde dans des approches variées de la conception architecturale. Grâce à ces diverses perspectives, j'ai pu construire ma propre vision de la conception du projet, façonnant ainsi ma vision de l’architecture et l’architecte que j’aspire à être À travers les projets sur lesquels j’ai travaillé, les aménagements des espaces urbains présentent tant des enjeux environnementaux, que des enjeux liés à l’économie et aux habitants. Impactés par les mutations de la société, ces lieux se métamorphosent autour de nouveaux usages et participent au développement de nouvelles organisations et de nouveaux comportements. C'est dans cette diversité d'approches que j'ai découvert Fred Kent et son concept de placemaking. Le placemaking, se différencie de l’urbanisme classique et est une démarche visant à créer des lieux et des espaces publics uniques, animés, authentiques et attractifs. Pensés comme des vecteurs de transition, les lieux de placemaking ont désormais pour objectif de stimuler les rencontres, de proposer de nouveaux modes de vie plus durables et de soutenir l’économie locale. Au-delà du diagnostic du territoire, des ateliers de co-construction pour formaliser une vision partagée, de la définition d’une stratégie, d’un plan d’actions et du déploiement collectif du programme, cette démarche interroge les pratiques de l’architecte Le métier d’architecte ne peut ignorer ces nouveaux défis de l’aménagement. Ces nouveaux enjeux demandent de repenser les projets d’une manière plus globale et ouverte. Ainsi, tous les acteurs de l’aménagement doivent être interpellés et invités à contribuer pour inventer de nouvelles façons de faire et d’habiter la ville. En explorant ses idées et en les comparant avec les enseignements tirés de mes expériences en ateliers, j'ai ressenti une cohérence profonde dans ma vision de l'architecture. Le placemaking de Kent résonne avec mes valeurs et mes aspirations, offrant une approche inclusive et participative qui correspond à la perspective que j'ai développée au fil de mon parcours. Ainsi, la problématique centrale de ma formation en architecture émerge naturellement : En quoi mes études m 'ont-elles sensibilisée au placemaking de Fred Kent ?
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FRED KENT, LE PAPE DE L’URBANISME CITOYEN “
“ THE PLACE MAN “
“ THE LEADER IN REVITALIZING CITY SPACES “
A - Fred Kent et le placemaking : réinventer les espaces citoyens
Qui est Fred Kent ? The place man, le pape de l’urbanisme citoyen, the leader in revitalizing City Spaces. Autant d’articles, de documentaires, de surnoms pour le décrire et expliquer sa vision sur l'aménagement urbain et la conception des espaces publics. Fred Kent est une figure emblématique dans le domaine de l'urbanisme participatif et du développement des espaces publics.
Né à Brooklyn, New York, Kent a étudié l'architecture et l'urbanisme à l'Université de Princeton. Après avoir obtenu son diplôme, il a travaillé dans divers domaines de l'urbanisme et de la planification urbaine, notamment en tant que consultant pour des agences gouvernementales et des organisations à but non lucratif. En travaillant pour le gouvernement de New York sur des projets de revitalisation urbaine, c’est là qu'il a commencé à observer les dynamiques sociales et l'importance des espaces publics dans la vie des citadins. Cette expérience l'a conduit à comprendre l'impact profond que peuvent avoir les environnements urbains sur le bien-être et le dynamisme des communautés. C'est au début des années 1970 que Kent a cofondé Project for Public Spaces (PPS), une organisation à but non lucratif dédiée à la promotion de la création d'espaces publics de qualité et à l'amélioration de la vie urbaine. Au sein de PPS, Kent a joué un rôle central dans le développement du concept de Placemaking, qui repose sur l'idée que les espaces publics réussis sont ceux qui sont conçus et gérés en tenant compte des besoins et des aspirations des personnes qui les utilisent.
Le concept de Placemaking tel que développé par Fred Kent et PPS met l'accent sur la création d'espaces publics dynamiques, conviviaux et fonctionnels qui favorisent les interactions sociales, renforcent le sentiment d'appartenance et contribuent à la vitalité des communautés. La vision de Kent du placemaking a était énormément influencer par ses expériences en tant qu'observateur et en participant de la vie urbaine, ainsi que ses rencontres avec des penseurs et des praticiens de l'urbanisme du monde entier. Il s'est inspiré des idées de Jane Jacobs, célèbre auteure et activiste urbaine, ainsi que des enseignements de William H. Whyte, urbaniste et sociologue qui a étudié le comportement humain dans les espaces publics.
Les motivations de Kent pour son travail dans le domaine du placemaking sont profondément enracinées dans sa conviction que les espaces publics sont essentiels à la vie urbaine et à la santé des communautés. Il croit fermement que les espaces publics bien conçus peuvent favoriser les interactions sociales, renforcer les liens communautaires et améliorer la qualité de vie des habitants des villes.
C’est en L2, au S3 en « Anthropologie de l’espace » par Leonard Legendre, et dans le cours « ce que fait l'écologie à la ville » enseigner par Dimitri Toubanos que pour la toute première nous avons aborder la façon dont nous habitons et interagissons avec nos environnements. Ces cours m'ont particulièrement marquée par leur exploration approfondie de la relation entre les environnements urbains et le bien-être des individus. Ils ont mis en lumière l'importance de concevoir des espaces qui favorisent la vitalité et la qualité de vie des citadins. Dans ce sens, il est prouvé que chaque environnement a un impact direct très positif sur nos émotions ainsi que sur notre qualité de vie. « Les endroits où se déroulent les célébrations, où se déroulent les échanges sociaux et économiques, où les amis se rencontrent et où les cultures se mélangent. Ils sont les « porches » de nos institutions publiques » Cours 6 Leonard Legendre. En étudiant les concepts d'anthropologie de l'espace et les implications de l'écologie urbaine, j'ai réalisé à quel point les aménagements urbains peuvent avoir un impact profond sur notre quotidien, notre santé mentale et notre dynamisme social. La lecture du livre « The caring city » a considérablement élargi ma perspective et m’a inspiré à approfondir mes connaissances dans ce domaine crucial. « The caring city » fait la promotion de principes de conception axés sur les besoins des citoyens. Au-delà de l'aspect physique, les espaces publics accueillants et conviviaux peuvent favoriser les interactions sociales, renforcer le sentiment de communauté et réduire le sentiment d'isolement. La présence d'espaces de rencontre, de bancs publics et d'installations artistiques peuvent encourager les rencontres fortuites et les échanges spontanés, créant ainsi un sentiment de connexion et d’appartenance.
Les Grands Voisins à Paris, projet situé sur le site de l'ancien hôpital SaintVincent-de-Paul, dans le 14-ème arrondissement est un exemple remarquable de placemaking et se démarque comme le plus grand projet transitoire d'Europe.
Depuis 2014, ce lieu est devenu un véritable laboratoire du vivre ensemble, ce projet transitoire, géré par les associations Aurore, Yes We Camp et Plateau Urbain, offre un écosystème dynamique et inclusif, réunissant hébergement d'urgence, structures économiques, loisirs, expositions artistiques et initiatives sociales. Il encourage la participation de tous les "voisins", qu'ils soient habitants, résidents, bénévoles ou visiteurs, à travers une instance de décision : le conseil des voisins. Les Grands Voisins ont évolué d'une occupation temporaire vers la préfiguration d'un futur éco-quartier. Cette démarche intègre les retours d'expérience des usagers pour façonner un environnement urbain plus durable et inclusif, avec une programmation future axée sur une diminution de la superficie dédiée au logement en faveur des activités et des commerces, tout en préservant le patrimoine existant et en augmentant les espaces verts. Ce projet a également atténué les réticences des habitants face à la construction de logements sociaux, illustrant ainsi le potentiel de transformation positive du placemaking. Financé par les associations ellesmêmes et soutenu par des revenus complémentaires (ventes de boissons, contributions des entreprises résidentes et de location de salles) ce modèle économique stable a été rendu possible grâce à la participation active des bénévoles et à l'attrait considérable des visiteurs.
Le succès des Grands Voisins repose également sur le soutien des acteurs publics tels que la Mairie du 14ème arrondissement et la Ville de Paris, ainsi que sur la collaboration avec l'AP-HP et la SPL Paris Batignolles. Cette coopération démontre l'importance de l'engagement des pouvoirs publics dans la promotion d'initiatives de placemaking favorisant la diversité et le renforcement du lien social au sein des communautés urbaines.
B- Le placemaking vs l’urbanisme conventionnel
Le placemaking de Fred Kent est une approche holistique, un courant anglosaxon collaboratif qui peut se traduire par « fabrique des espaces publics », et apparait pour la première fois dans les années 1970, à New York. Cette démarche met l'accent sur la création et la revitalisation d'espaces publics vibrants et inclusifs, en impliquant activement les communautés locales (habitants, usagers et parties prenantes ) dans le processus de conception et de gestion de ces espaces. A partir de la planification, passant par la conception, jusqu’à la réalisation et gestion de ce dernier, ce concept souligne la différence entre l’espace comme dimension et le lieu comme espace à l’identité propre façonnée par ses usagers. Ce sont des espaces en lien avec le territoire dans lequel ils se trouvent, que l’on a spontanément envie d’investir et où se mêlent différents types d’usages.
Au cœur du placemaking de Kent se trouve la notion de "placemaking power", le pouvoir des lieux à transformer les communautés et à stimuler le changement social. Kent insiste sur l'importance de la diversité des usages, de la mixité sociale et de la sécurité pour créer des lieux accueillants et attrayants pour tous. « Si l’aménagement urbain est une composition musicale alors le placemaking est une performance de rue improvisée » Fred Kent, documentaire « The place man ». Cette analogie souligne la spontanéité et la créativité du placemaking dans la création de l'environnement urbain. Elle compare le placemaking à une forme d'expression artistique qui émerge dans l'espace urbain, nécessitant une collaboration entre les parties prenantes locales pour façonner des lieux dynamiques et significatifs. Elle met en lumière l'idée que l'aménagement urbain est comparable à une composition musicale, ouvert à l'interprétation et surtout à l’évolution.
L’évolution d’un espace, d’un projet architectural est une notion que j’ai pu aborder et expérimenter réellement en L2, au S4 au g5, en enseignement de projet, pendant la thématique « L’habitation et le logement ». J’ai réalisé des appartements modulables, évolutifs, possédant des espaces libres dégagés et partagés, ainsi qu’une colocation intergénérationnelle, possédant des modules de chambre évolutifs. Grace à mes enseignants, Jean-Baptiste Guillaume et Sergio Rodriguès, j’ai pu réellement expérimenter dans mon projet cette notion et comprendre son intérêt. Les espaces publics doivent être conçus comme des toiles vierges où les gens peuvent exprimer leur créativité, leur culture et leurs interactions sociales. Laisser aux gens l'opportunité de s'approprier l'espace et le faire vivre est essentiel dans un monde en constante évolution. Une architecture figée et rigide n'a plus de sens que dans un environnement où les besoins, les préférences et les modes de vie des gens évoluent rapidement. Dans un monde en constante transformation, l'architecture et l’urbanisme se doivent d’être des processus dynamiques, ouverts à l'expérimentation et à l’innovation. L’enjeu est de réussir un projet « capable » de se modifier, d’évoluer facilement pour permettre tout type d’usage au fil du temps. Cela peut engendrer alors une appropriation collective et un sentiment d'appartenance à une communauté. Les citoyens deviennent ainsi des acteurs actifs de leur environnement, contribuant à façonner des lieux qui répondent véritablement à leurs besoins et à leurs aspirations. Ce semestre a été extrêmement enrichissant, et est a eu le plus gros impact dans mon parcours.
Kent prône ni plus ni moins une forme d’urbanisme « radical », mu par et pour la communauté. Il encourage les urbanistes et les décideurs à repenser la façon dont les espaces publics sont conçus et utilisés, en mettant l'accent sur les besoins et les désirs des personnes qui les fréquentent. Au fil du temps, il a été influencé par divers mouvements sociaux et initiatives communautaires qui ont émergé au cours du 20e siècle et qui ont mis en avant la participation citoyenne et la création collective d'espaces communautaires tel que pour les droits civiques (1950 et 1960) ou les droits des femmes (1960). Ainsi que plusieurs penseurs et théoriciens, notamment Jane Jacobs et William H. Whyte, dont les idées ont nourri sa réflexion.
Jane Jacobs, auteur, philosophe en architecture et urbaniste célèbre pour son livre « the death and Life of great American Cities » publier en 1961, et William H. Whyte, architecte britannique que j’ai pu découvrir en L3 au S6 dans le cours « Usage des espaces publics » de Nadine Roudil, a profondément marqué ma vision de l'architecture et de l’urbanisme. Leur critique acerbent des politiques de planification urbaine des années 1950 et 1960, ainsi que leur plaidoyer en faveur de la vitalité sociale et communautaire, ont remis en question l'approche traditionnelle de l’urbanisme, mes perceptions et ont enrichi ma compréhension de la complexité des environnements urbains. Jane Jacobs dans son livre, porte une critique des planificateurs « rationalistes » des années 1950 et 1960, tout particulièrement de Robert Moses, mais aussi des premiers travaux du Corbusier. Elle démontre que la planification urbaine moderniste sous-estime et sursimplifie la complexité des liens entre individus dans leurs communautés respectives. William H. Whyte partage avec Jacobs une vision critique de l'urbanisme traditionnel, souvent caractérisée par une planification centrée sur la voiture, la séparation des fonctions urbaines et la construction d'infrastructures monumentales. Cette approche a souvent conduit à des espaces urbains stériles, déshumanisés et peu propices à la vie sociale et communautaire.
L’urbanisme conventionnel pourrait être définit comme l'étude et la pratique de la planification, de la conception et de la gestion des espaces urbains afin d'optimiser leur fonctionnalité, leur esthétique et leur durabilité. Souvent caractérisé par une approche descendante et centralisée, il peut conduire à la création d'espaces publics standardisés et déconnectés des besoins réels des communautés locales. De plus, l'urbanisme conventionnel a parfois favorisé la ségrégation socio-spatiale en accentuant les inégalités urbaines et en reléguant certains groupes sociaux dans des quartiers défavorisés. Cette approche peut être lente à s'adapter aux changements sociaux, économiques et environnementaux, ce qui rend difficile la création de villes résilientes et durables.
Malheureusement peu de projets parviennent véritablement à offrir une réponse ambitieuse aux défis écologiques. Parce qu’ils se satisfont généralement d’une démarche de certification : HQE®, AEU®, Ecoquartier®, trop souvent les projets démarrent sans une vision claire de leur raison d’être : à quels défis sociétaux le projet souhaite-il répondre ? Quelle est sa contribution au territoire d’accueil ? Quels nouveaux modes de vie souhaite-til-incarner ? Quels seront les indicateurs de sa réussite dans 20 ans ?
Les stratégies se résument ainsi souvent en un empilement technique de cibles environnementales ou sociales standardisées, sans véritable cohérence, qui résulteront, au fil des mois, en un projet certes labellisé mais à l’ambition diluée, peu lisible pour le grand public et manquant d’attractivité sur le long terme. On peut malgré tout observer une réelle évolution. L’urbanisme conventionnel aujourd’hui cherche à bien mieux s'adapter aux besoins changeants des villes. De nouvelles tendances telles que l'urbanisme transitoire, tactique et éphémère émergent pour répondre à ces défis. L'urbanisme transitoire consiste à utiliser temporairement des espaces urbains en transition, tandis que l'urbanisme tactique privilégie des interventions rapides et à petite échelle dans l'environnement urbain.
L'urbanisme éphémère, quant à lui, se concentre sur la création d'événements et d'installations temporaires dans l'espace public. Ces approches partagent des similitudes avec le placemaking, mettant l'accent sur la participation communautaire et la flexibilité dans la transformation des espaces urbains.
“ AVANT DE CRÉER UNE PLACE, IL FAUT OBSERVER CE QUI S’Y PASSE, FAIRE DES ATELIERS, NOTER CE QUE LES GENS Y FONT OU N’Y FONT PAS, COMPRENDRE POURQUOI D’AUTRES LA FUIENT. CE QUE LES URBANISTES OUBLIENT SOUVENT, C’EST CE QUE LES GENS VEULENT FAIRE DANS UNE PLACE PUBLIQUE “ FRED KENT
1- Diagnostic du territoire 2- Vision partagée 3- Stratégie et plan d’action 4-Mise en œuvre et gouvernance
II- LE PLACEMAKING EN PRATIQUE
A- Méthodologie de mise en œuvre du placemaking
L'aménagement du territoire est à la fois un processus et une philosophie. Il s'agit d'observer, d'écouter et de poser des questions aux personnes qui vivent, travaillent et se divertissent dans un espace particulier, afin de comprendre leurs besoins et leurs aspirations pour cet espace et pour leur communauté dans son ensemble. Pour créer de tels lieux, le placemaking implique un changement culturel dans la conduite des projets : aux antipodes de la prise de décision verticale et silotée, la démarche repose sur une gouvernance plus ouverte, qui demande de concevoir avec les acteurs locaux et d’assurer leur appropriation des lieux dans la durée.
La méthodologie du placemaking commence souvent par une phase de diagnostic approfondi, où les besoins et les aspirations des communautés locales sont identifiés à travers des processus de consultation et de participation citoyenne. Cette étape cruciale permet de comprendre les dynamiques sociales, culturelles et économiques d'un quartier ou d'une ville, jetant ainsi les bases d'une intervention pertinente et efficace.
1- Diagnostic du territoire
Travail de diagnostic : revue des documents et des démarches existantes sur le territoire, visites de site, cartographies et échanges avec les acteurs locaux selon des formats variés.
Une fois les données recueillies, la planification entre en jeu, où les concepteurs travaillent en collaboration avec les habitants pour transformer les idées en projets concrets. Cette phase implique souvent des ateliers de design participatif, des charrettes communautaires et des prototypes sur le terrain, permettant aux résidents de devenir des co-créateurs de leur environnement urbain. Le placemaking va en cela plus loin que les démarches de concertation classiques « subies », qui ne suffisent plus à garantir l’adhésion et l’attractivité des projets. Bien plus que des parties prenantes sollicitées pour exprimer un avis sur le projet et garantir son acceptabilité, les acteurs locaux sont ici considérés comme de véritables experts de leur territoire. Ils sont donc associés tout au long de la conception, programmation et animation, via une diversité de supports (ateliers sur site, forums ouverts, réseaux sociaux) jusqu’à devenir les « ambassadeurs » du projet final.
L’interaction avec les résidents, dans le domaine de l’architecture, est une notion qui a pris forme dans mon esprit dès ma deuxième année de lycée. Lors d'un programme d'échange avec le Rotary Club au Brésil, j'ai eu l'opportunité de participer pendant un an à des ateliers collaboratifs visant à concrétiser divers projets bénévoles. Cette expérience m'a permis de rencontrer et de comprendre les modes de vie, les cultures et les véritables besoins des individus, influençant ainsi ma vision des études et de ma carrière future.
C'est durant ma première année d'architecture, lors de mon stage avec Anthony, un ébéniste, qu'il m'a partagé une maxime de G. Martinetti : "Aller voir les gens qui font, parce que ces gens-là, c’est avec eux que vous allez faire de l’architecture". Cette citation souligne l'importance de s'inspirer des personnes concernées pour concevoir des projets plus pertinents et enrichissants. Ce sont les individus qui donnent vie à un espace, contribuant ainsi à sa construction et à son développement, et qui finissent par l'habiter et l’utiliser. Cela implique la rencontre avec les parties prenantes, l'interaction avec les artisans, les ouvriers, les associations, etc… Cette approche inclusive, associée à une relation plus étroite avec tous les acteurs impliqués, ancre les projets dans la réalité en tenant compte des ressources et des savoir-faire disponibles localement. Toutes ces expériences m’ont permis de saisir l'importance des relations humaines dans la réussite des projets architecturaux, ainsi que dans la réussite des projets urbains
2- Vision partagée
Ateliers de co-construction pour formaliser une vision partagée et un récit collectif pour le lieu ou le projet urbain (raison d’être, éléments de programmation)
Ainsi, après avoir effectué un diagnostic approfondi du territoire et établi une compréhension holistique des besoins et des potentiels locaux, le processus de place-making entre dans une phase de planification collaborative. C'est dans cette phase que les résidents deviennent des partenaires actifs dans la transformation de leurs espaces urbains et concrétisent leurs idées en projets tangibles. En s’attachant dès les prémices de la programmation à formuler une vision partagée par les équipes de maîtrise d’ouvrage, de maîtrise d’œuvre, la collectivité, les entreprises et les habitants. Cela permet de prendre du recul par rapport au projet traditionnel, d'ouvrir celui-ci sur le territoire et laisser s’exprimer et émerger des nouvelles pratiques de consommation (vivre une expérience plutôt qu’ acheter un produit), des nouveaux comportements (développer la réparation, la fabrication) ou encore de coopération (investir dans le financement participatif, mutualiser des espaces).
Habituellement, les organisations travaillent de manière séparée, ce qui peut créer des problèmes pour avoir une vision d'ensemble. Mais, en travaillant ensemble et en tenant compte de l'histoire et de la culture du lieu, on peut créer quelque chose de vraiment spécial et authentique. Cette vision partagée peut rendre le projet urbain unique et apprécié par la communauté locale, en lui donnant un sentiment d'appartenance et de fierté, est ainsi expliqué la raison d'être d'un projet urbain.
Définir la raison d'être d'un projet urbain est un processus difficile. Dès mes premières années en L1 et L2, où j'ai exploré l'architecture grâce à des approches traditionnelles telles que le dessin, la photographie et l'observation directe, des méthodes essentielles et cruciales pour le développement des compétences. Bien que ces méthodes essentielles et cruciales m'aient permis de développer des compétences techniques et esthétiques, j'ai rapidement réalisé que mes projets manquaient parfois de profondeur et de signification. En L2, cette prise de conscience s'est amplifiée lors d'un projet au G7, où l'absence d'un site réel a rendu la conception frustrante et déconnectée de la réalité. Cette frustration s'est également manifestée pendant mon stage en architecture où j'ai travaillé dans une grande agence axée principalement sur la rentabilité financière, au détriment parfois des besoins réels des communautés et des lieux.
C’est en L3, que j'ai été confronté à des projets plus complexes qui ont exigé une approche plus holistique. Cette nouvelle perspective m'a conduit à adopter une méthode qui mettait davantage l'accent sur l'interaction avec les parties prenantes dès le début du processus de conception. Sortir de ma zone de confort m'a permis de m'immerger pleinement dans la réalité de chaque site, découvrant ainsi une approche qui résonnait profondément avec mes aspirations. Le contexte revêt une importance capitale pour moi, car c'est de lui que découlent les contraintes. Ces contraintes sont des moteurs qui m'incitent à réfléchir et à trouver des solutions pertinentes. Le projet ne consiste pas simplement à construire pour construire, mais à répondre à une problématique spécifique dans le but d'apporter une véritable solution. Faire pour le simple acte de faire n'a aucun intérêt à mes yeux. Cela m'a non seulement offert une nouvelle motivation dans mes projets, mais m'a aussi permis de réaliser l'importance de créer des espaces qui vont au-delà de la simple esthétique, en intégrant les besoins et les aspirations des personnes qui les habiteront. Toute ces expériences ont été essentielles afin de trouver et reconnaître ce qui m’animé dans chacun des projets, ce qui donnait du sens à ce que je faisais et pourquoi je le faisais.
3- Stratégie et plan d’action
Définition d’une stratégie et d’un plan d’action associé pour mettre en œuvre la vision (actions prioritaires, objectifs et indicateurs, calendrier)
Après avoir établi une vision partagée et concrétisée, le processus passe à la phase de stratégie et de plan d'action. Dans cette étape, il s'agit de transformer cette vision en une feuille de route opérationnelle, définissant des actions prioritaires, des objectifs mesurables et un calendrier précis et ouvert pour la mise en œuvre du projet.
4-Mise en œuvre et gouvernance
Déploiement collectif du programme fonctionnel, expérimentations et ajustements. Définition de la gouvernance en phase d’usage.
Enfin le processus avance vers la phase de mise en œuvre et de gouvernance. Dans cette étape cruciale, le programme fonctionnel est déployé de manière collaborative, permettant des expérimentations et des ajustements pour répondre aux besoins évolutifs de la communauté. De ce fait l’approche du placemaking s’inscrit dans un calendrier ouvert. Cette étape permet ainsi de faire émerger rapidement de premières actions qui sont autant d’expérimentations flexibles, testées en phase de chantier, et de les faire évoluer tout au long de la vie du projet. Le placemaking s’appuie ainsi sur les techniques de l’urbanisme temporaire, mais les ancre dans le temps long. L’urbanisme temporaire est ici une façon de tester et d’ajuster continuellement la programmation du projet. Les occupants du site dans sa phase de préfiguration et de chantier vont ainsi être les preneurs ou les occupants du projet final.
B- Exploration et analyse méthodologique : entre idéalisme et réalisme
Dans un paysage médiatique où le placemaking est souvent présenté comme une tendance ou une stratégie marketing révolutionnaire, il est crucial de questionner l'impact réel de cette approche sur nos sociétés. En effet, l'omniprésence des médias nous pousse à analyser de manière critique les diverses influences qu'ils exercent.
Dans ce contexte, l'importance de figures telles que Fred Kent, largement médiatisées dans le domaine du placemaking soulève des interrogations sur la véritable portée de cette pratique. De ce fait il est nécessaire d’aborder certaines étapes de la démarche. Tout d'abord, bien que le placemaking puisse revitaliser les espaces publics et renforcer le tissu social, il peut également être critiqué pour sa tendance à favoriser certains groupes au détriment d'autres. Dans ce processus, les améliorations apportées aux espaces publics peuvent attirer de nouveaux résidents plus aisés, ce qui entraîne une hausse des prix de l'immobilier, du coût de la vie, et donc le départ des résidents à faibles revenus. Cette gentrification peut alors conduire à une homogénéisation sociale et culturelle, entraînant la perte de diversité qui faisait autrefois la richesse du quartier.
De plus, bien que le placemaking met l'accent sur la participation citoyenne, il est important de reconnaître que tous les membres de la communauté n'ont pas un accès égal aux processus décisionnels. Les voix des groupes marginalisés ou défavorisés peuvent être sous-représentées dans les discussions sur la conception et la gestion des espaces publics, ce qui limite la capacité du placemaking à véritablement refléter les besoins et les désirs de toute la population. Les obstacles à la participation citoyenne peuvent être multiples, allant des barrières linguistiques et culturelles à l'absence d'accès aux ressources et aux réseaux De nombreux exemples de placemaking mettent en avant des succès dans des quartiers urbains relativement aisés ou gentrifiés, laissant de côté les défis rencontrés dans les quartiers plus défavorisés. Cela peut conduire à une vision biaisée du potentiel du placemaking et à des difficultés dans son application dans des contextes plus complexes. En outre, il est crucial de considérer la durabilité à long terme des projets de placemaking. Alors que de nombreux projets peuvent initialement susciter un engouement et une énergie communautaire, maintenir cet enthousiasme au fil du temps peut être un défi. La gestion continue des espaces publics revitalisés, y compris le financement, l'entretien et la programmation, nécessite un engagement soutenu de la part des autorités locales et des acteurs communautaires.
Cet engagement est essentiel pour maintenir et développer les projets menés dans le cadre du placemaking. La contribution des habitants au concept de placemaking est fondamentale, car tout repose sur eux. Cependant, cet engagement peut parfois ne pas se concrétiser ou être désiré, ce qui limite alors son efficacité. J'ai pu expérimenter ces limites lors de mes études en troisième année, notamment dans le cadre de projets. Lors d'un projet de réhabilitation, nous devions définir un programme et effectuer des relevés sur le site. Nous nous sommes rendus sur place avec l'intention d'engager une enquête, d'interagir avec les habitants du quartier et de nous imprégner de l'environnement bâti en effectuant des dessins et en explorant les lieux. Cependant, nous avons été mal accueillis par les habitants, ce qui a rendu difficile une approche approfondie.
Effectivement, le placemaking peut être perçu de manière différente selon les cultures, les milieux et les coutumes. Il peut parfois entrer en conflit avec les pratiques établies, et son succès dépend souvent de la volonté des parties prenantes ou de leur intérêt pour le projet. Ces critères variables d'un endroit à un autre rendent la démarche complexe. Il est donc nécessaire d'adapter la méthode en fonction du contexte, en développant des approches spécifiques adaptées à chaque lieu.
Adopter une approche participative dans la planification et la conception du projet permet de prendre en compte une diversité de perspectives et d'expertises. En intégrant les connaissances locales et en favorisant la prise de décision collective, on s'assure que le projet répond réellement aux besoins de la communauté et reflète sa diversité.
En s'appuyant sur les principes de l'urbanisme transitoire, le placemaking intègre une part d'évolutivité et de spontanéité dans la création de l'environnement urbain. Les lieux restent ouverts à l'interprétation et à l'évolution, une caractéristique délicate dans notre société contemporaine où le respect du vivre ensemble est essentiel. Une organisation efficace des ressources, qu'elles soient financières, humaines ou matérielles, est nécessaire pour optimiser l'impact du projet et assurer sa pérennité. Cela implique une allocation judicieuse des fonds, une planification rigoureuse des activités et une supervision attentive de leur mise en œuvre. Il faut donc assurer une coordination efficace entre les différentes parties prenantes, qu'elles soient publiques, privées ou associatives, est essentiel pour aligner les objectifs, les ressources et les actions. Cela nécessite une communication transparente et une collaboration étroite tout au long du processus de conception, de mise en œuvre et de suivi du projet.
Assurer cette coordination représente un rôle sous-estimé, rarement enseigné dans les écoles d'architecture, mais pourtant essentiel aussi bien en agence d’urbanisme, d’architecte dans le monde professionnel que lors de travaux en équipe pour la réalisation de projets architecturaux en école. Mon expérience de travail en équipe a débuté dès la deuxième année jusqu'à la troisième année de mes études, que ce soit pour des travaux en binôme ou en groupe de quatre, tant pour des partiels que pour des projets. Dès le départ, j'ai été confronté à la complexité de cette dynamique. Bien que nous partagions la même formation et possédions donc des compétences techniques similaires, il est devenu évident que les personnalités de chacun jouaient un rôle prépondérant dans le travail en groupe. En troisième année, notre groupe s'est séparé, certains membres préférant ne pas travailler ensemble en raison de différences de méthodes et de vision des choses. Cette expérience m'a permis de réaliser que dans le monde professionnel, on ne choisit pas toujours avec qui travailler, et qu'il est essentiel de savoir s'adapter et rebondir. Travailler en groupe peut être à la fois enrichissant et complexe, mais cela fait partie intégrante de l'apprentissage. J'ai ainsi dû apprendre à trouver ma place, à comprendre mon rôle et à explorer les aspects de ma personnalité qui influent sur la dynamique de groupe. Progressivement, j'ai compris l'importance d'un coordinateur au sein de l'équipe, et j'ai réalisé que ce rôle me convenait naturellement. Mon implication au Bureau des Étudiants (BDE), durant ces deux dernières années a renforcé cette prise de conscience, me permettant de développer des compétences en coordination d'équipe, en écoute active, en négociation, en organisation, en communication et en leadership.
Pour relever ces défis, une approche inclusive et holistique du placemaking est indispensable. Cela implique d'intégrer une multitude de perspectives, de prendre en compte les réalités socio-économiques et de mettre l'accent sur l'autonomisation des communautés locales. En diversifiant les études de cas dans différents contextes urbains, on peut tirer des leçons et trouver des solutions pour garantir le succès de chaque projet. En mettant en œuvre ces approches, il est possible d'améliorer la conception et la mise en œuvre des politiques urbaines, en les rendant plus adaptées et plus efficaces.
O N C L U S I O N
Mes années de formation en architecture à l'école nationale d'architecture de Paris Val de Seine ont été bien plus que de simples chiffres représentant des numéros d'ateliers. Chacun de ces chiffres a été le témoin d'une étape cruciale dans mon cheminement académique, contribuant à façonner ma compréhension de la conception architecturale. À travers les divers projets et expériences que j'ai vécus, j'ai été exposée à une multitude d'approches et de perspectives, enrichissant ainsi ma vision de l’architecture. Et c'est à travers la découverte du concept de placemaking de Fred Kent que j'ai trouvé une resonance profonde avec mes valeurs et mes aspirations, qui avaient commencé à se construire dans mon esprit.
Le placemaking de Kent représente bien plus qu'une simple approche de conception urbaine. C'est une philosophie qui met l'accent sur l'inclusivité, la participation citoyenne et la création d'espaces publics authentiques et animés. Cette approche remet en question les pratiques traditionnelles de l'urbanisme et invite à repenser la manière dont nous concevons nos villes.
En intégrant les principes du placemaking dans ma formation, j'ai acquis une perspective plus holistique et engagée envers la conception architecturale. Cela m'a sensibilisé aux enjeux sociaux, environnementaux et économiques qui sous-tendent la création des espaces urbains. L’architecture participative et inclusive peut conduire à des projets plus pertinents et mieux adaptés aux besoins des communautés. L’idée selon laquelle une bonne architecture est celle où l'architecte se place en second plan est intéressante et révélatrice des évolutions contemporaines dans le domaine de l'architecture et de l'aménagement urbain. L’architecte n'est plus nécessairement le seul maître d'œuvre, mais plutôt un catalyseur, un facilitateur ou même un médiateur dans la création de l'environnement bâti.
Je suis profondément attirée par cette perspective du métier, aspirant à devenir un architecte qui s'intègre pleinement dans un processus global, afin de concevoir des projets encore plus adaptés aux besoins de leurs utilisateurs. Cette approche reconnaît la valeur de la collaboration, de l'écoute et de l’adaptabilité. Cependant, la collaboration avec diverses parties prenantes implique de prendre en compte une multitude de perspectives, besoins et désirs, ce qui peut parfois être contradictoire. Comment naviguer et intégrer ces différentes voix dans le processus de conception sans compromettre l'intégrité du projet architectural ?
Une spécialisation axée sur la gestion de la diversité des opinions et la prise de décision participative pourrait être explorée. Dans cette optique, l'année prochaine, je m'apprête à entamer un master en architecture à l'université de Laval, centré sur les concepts et les méthodes de conception du design urbain, ainsi que sur l'habitat et les cultures internationales, englobant l'architecture, l'urbanisme et la coopération internationale.
Ce rapport de licence marque la fin d'une étape et le début d'une nouvelle ère, caractérisée par une passion renouvelée, une créativité débordante et un engagement sans faille envers l'architecture.
Articles et Essais
Fred Kent et Kathy Madden, The Power of 10+, USA, Project for Public Spaces, 1 janvier 2009
Documentaire
Andreas Dalsgaard, The Human Scale , Danemark, ELK film 21 février 2013
Gary Hustwit, Urbanized, USA, Swiss Dots, 26 octobre 2011
Guillermo Bernal, The Place Man, Pre-Premiere in Michigan, USA, 5 octobre 2023
Ouvrages
Chinchilla Moreno et Marc Palahi, The Caring City , Actar Publishers , 30 décembre 2022
Christian Paul, Design des politiques publiques, la Documentation Française, France, 9 avril 2010
Derek Thomas, Placemaking: An Urban Design Methodology, Routledge, Scotland, 25 avril 2016
Jan Gehl, Cities for People, Illustrated Edition, USA , 6 septembre 2010
Jan Gehl et Birgitte Svarre, How to Study Public Life: Methods in Urban Design, Island Press, Washington DC , 15 octobre 2013
Jane Jacobs, The Death and Life of Great American Cities, New York City, Random House, 1 décembre 1992
Willam H. White, The Social Life of Small Urban Space, New York City, Project for Public Spaces, 12 mai 2021
William H. White, Exploding Metropolis, USA, University of California Press, 8 mars 1993