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61e année prix 2 euros | 17 mars-avril 20
BELGIE-BELGIQUE P.B. 1/9352 BUREAU DE DĂPĂT BRUXELES 7 P006555 MARS-AVRIL 2017
sommaire
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e prix 2 euros | 61e anné mars-avril 2017
3 Ădito par La Gauche La place du Trumpisme dans l'Histoire par Daniel Tanuro 4 Trump en Belgique les 24 et 25 mai: Le comitĂ© d'accueil se prĂ©pare 1 1 par Mauro Gasparini Trump et le mouvement ouvrier par Dan la Botz 1 2 En Italie, un mouvement fĂ©ministe de masse est en marche 1 4 par Nadia De Mond Que font rĂ©ellement les entreprises pour lutter contre le 1 6 rĂ©chauffement climatique? par Martin Willems Publifin-Nethys: LâĂ©clatement dâune bombe Ă fragmentations! 1 9 par Denis Horman
2 2 Fraude fiscale et sociale dans lâHoreca par Guy Van Sinoy Il y a 20 ans: 70.000 Ă Clabecq par Guy Van Sinoy 24
2 6 Pacte dâexcellence: LâĂ©cole (toujours plus) au service du capital par Pauline Forges 2 8 Zin TV: "Impliquer les mouvements sociaux dans la crĂ©ation mĂ©diatique" propos recueillis par Matilde Dugaucquier 3 0 France: Quâattendre de la prĂ©sidentielle? par Christine Poupin 3 2 Petrograd, 8 mars 1917: "Le peuple veut la chute du rĂ©gime!" par Jean Batou Cinquante nuances de violences faites aux femmes 34 par Sophie Cordenos
35 à lire... La Une: Illustration d'une "matrioska" utilisée par les féministes italiennes du mouvement "Non una di meno" contre les violences machistes le 26 novembre 2016 et pour la grÚve globale des femmes le 8 mars 2017. twitter.com/nonunadimeno
ComitĂ© de rĂ©daction: SĂ©bastien Brulez, Matilde Dugaucquier, Pauline Forges, François Houart, Thibaut Molinero, Daniel Tanuro, Guy Van Sinoy Design: Little Shiva La Gauche est le journal bimestriel de la Ligue Communiste RĂ©volutionnaire (LCR), section belge de la QuatriĂšme Internationale. Les articles signĂ©s nâengagent pas forcĂ©ment la rĂ©daction. Adresse et contact: 20 rue Plantin,1070 Bruxelles info@lcr-lagauche.org Tarifs et abonnements: 2 euros par numĂ©ro; 10 euros par an Ă©tranger: 20 euros par an Abonnement de soutien: 15 euros A verser sur le compte ABO LESOIL 20, rue Plantin, 1070 Bruxelles IBAN: BE93 0016 8374 2467 BBAN: 001-6837424-67 BIC: GEBABEBB mention"La Gaucheâ
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photomontage: Little Shiva â facebook.com/pedro.gatto.54
â par La Gauche Les manifestations du 8 mars dernier, Ă l'occasion de la journĂ©e internationale des droits des femmes, nâavaient plus Ă©tĂ© aussi impressionnantes depuis plusieurs dĂ©cennies. Des mobilisations ont eu lieu dans plus de 40 pays et se sont doublĂ©es d'un appel Ă la grĂšve pour "mettre Ă jour la trame Ă©conomique de la violence patriarcale". Un mouvement de contestation Ă l'Ă©chelle mondiale s'est coordonnĂ© sous nos yeux, dessinant une nouvelle gĂ©ographie et s'organisant Ă travers les rĂ©seaux sociaux: "Une nouvelle pratique de lâinternationalisme fĂ©ministe" (1). Par exemple, ce sont sans aucun doute les luttes fĂ©ministes en AmĂ©rique latine ou en Pologne qui auront contribuĂ© Ă raviver un mouvement fĂ©ministe de masse en Italie [lire notre article en pages 14 et 15]. Cette Ă©mulation et cette coordination pourraient servir de source d'inspiration pour nos mobilisations Ă venir. Nâoublions pas que c'est la manifestation des femmes le 8 mars Ă Petrograd qui a dĂ©clenchĂ© le processus rĂ©volutionnaire dans la Russie de 1917 [lire en pages 32 et 33]. Et pour combattre les effets dĂ©vastateurs que le capitalisme nĂ©olibĂ©ral entraĂźne Ă l'Ă©chelle planĂ©taire, nos mobilisations se doivent elles aussi d'ĂȘtres planĂ©taires, tout en
articulant luttes locales et luttes globales. Ces mobilisations fĂ©ministes suivent de quelques semaines Ă peine les "women's marches" de janvier (dâautres secteurs sây Ă©taient joints mais lâinitiative en Ă©tait clairement fĂ©ministe!) en rĂ©ponse Ă l'Ă©lection de Donald Trump. Ces derniĂšres avaient essaimĂ© dans de nombreuses capitales, furent elles aussi multiples, massives et comptaient d'importantes revendications fĂ©ministes. Que ce soit contre le "Muslim ban" fin janvier aux Etats-Unis, contre la politique climatonĂ©gationniste de Trump le 22 avril Ă Bruxelles (un rassemblement sera organisĂ© Place de la Monnaie Ă 16h) ou encore contre la venue du PrĂ©sident Ă©tasunien Ă Bruxelles lors du sommet de l'OTAN des 24 et 25 mai [lire en page 11]. L'Ă©lection de Donald Trump et le "potentiel de barbarie sans prĂ©cĂ©dent" qu'elle recĂšle [lire en pages 4 Ă 10] ont ravivĂ© la contestation.
Ne pas se laisser Trumper, lutter ici et maintenant!
Malgré ces sursauts certes encourageants, la situation reste délétÚre. Et focaliser nos dénonciations sur Trump sans démasquer "nos" petits Trumps nationaux serait une grave erreur. Les murs de l'Europe forteresse (de Ceuta et Melilla à la GrÚce en passant par la
Ă©dito
GĂ©ographie mondiale des contestations Hongrie) n'ont rien Ă envier au mur que Donald Trump veut finir de construire entre les Ătats-Unis et le Mexique. La politique migratoire du sinistre Theo Francken, les attaques rĂ©pĂ©tĂ©es de Maggie De Block contre le systĂšme de santĂ© et la politique du gouvernement Michel de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, sont autant de raisons de se mobiliser. Mais, comme pour Trump, se battre contre la droite implique aussi de couper court Ă toute les illusions sur le retour d'un "moindre mal". Le rapport publiĂ© rĂ©cemment par l'Onem est lĂ pour nous le rappeler: 37.000 personnes ont Ă©tĂ© exclues des allocations dâinsertion sur les deux derniĂšres annĂ©es, suite aux mesures entamĂ©es par le gouvernement Di Rupo et poursuivies par le gouvernement Michel. Contre la cure d'austĂ©ritĂ© qui nous est infligĂ©e par la droite (nationaliste flamande et libĂ©rale francophone) on ne peut se contenter de vouloir revenir Ă une austĂ©ritĂ© "douce" administrĂ©e par une socale dĂ©mocratie "dont le cĆur saigne"! La seule voie possible est celle d'une alternative anticapitaliste Ă construire par les gens eux/elles-mĂȘmes, sans dĂ©lĂ©guer notre pouvoir Ă quelques tribuns que ce soit. â (1) Lire Comment sâest tissĂ© lâappel Ă la GrĂšve Internationale de Femmes? par Collectif Ni Una Menos, www.lcr-lagauche.org/comment-sest-tisselappel-a-la-greve-internationale-de-femmes
Manifestantes Ă New York (Washington Square Park) le 8 mars 2017 la gauche #81 mars-avril 2017 3
dossier
La place du Trumpisme dans l'Histoire â par Daniel Tanuro Trump a un projet: gĂ©rer les EtatsUnis comme une grande entreprise, transformer celle-ci en forteresse du "capitalisme judĂ©o-chrĂ©tien", la restructurer Ă la hussarde, puis lui rendre une hĂ©gĂ©monie mondiale sans partage. HarcĂšlement du personnel, brutalitĂ© avec les concurrents, dĂ©ni des externalitĂ©s environnementales sont simplement copiĂ©s/ collĂ©s du niveau de son business Ă celui de la sociĂ©tĂ©. Milliardaire populiste inculte, nationaliste, raciste, sexiste, homophobe, islamophobe, antisĂ©mite, Trump ambitionne de remodeler la sociĂ©tĂ© US et la carte du monde au marteau, en faisant fi de ce qui existe et en brisant ce qui rĂ©siste. Diverses fractions de la classe dominante suivent les foucades du nouveau PrĂ©sident avec inquiĂ©tude. Pourront-elles le canaliser? Devront-elles sâen dĂ©faire? Les deux options sont ouvertes. Mais une troisiĂšme ne peut ĂȘtre exclue: que le boutefeu, par une fuite en avant, fasse basculer le monde dans un cauchemar de guerre et de dĂ©sastre climatique. Car Trump ne tombe pas du ciel, il est un produit des contradictions capitalistes inextricables que la gouvernance nĂ©olibĂ©rale maĂźtrise de plus en plus difficilement et qui fragilisent Ă lâextrĂȘme les superstructures
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politiques dans un monde en crise dâhĂ©gĂ©monie. Dans ces circonstances, lâautonomie relative du politique ainsi que des individus tend Ă sâaccroĂźtre. Le pouvoir fort est tendance. Non seulement chez le protectionniste Trump, mais aussi chez ses concurrents mondialistes dâEurope et dâAsie. La menace est globale, la riposte sociale doit ĂȘtre Ă la hauteur. ApprĂ©hender la signification du Trumpisme implique de prendre du recul sur les contradictions du capital et leur Ă©volution, dâoĂč dĂ©coule la situation actuelle. On sera alors mieux Ă mĂȘme de comprendre que lâĂ©lection de Trump Ă la prĂ©sidence des Etats-Unis nâest pas un accident de parcours mais le symptĂŽme de quelque chose de plus profond, pouvant marquer le dĂ©but dâune Ăšre nouvelle. Une des caractĂ©ristiques majeures du capitalisme est la contradiction croissante entre la rationalitĂ© partielle des entreprises et lâirrationalitĂ© globale du systĂšme. Les entreprises â les grandes en particulier â mettent la science la plus moderne au service du profit pour organiser rigoureusement le travail et planifier les investissements. Par contre, lâĂ©conomie et la sociĂ©tĂ© dans son ensemble se dĂ©veloppent sans plan, dâune maniĂšre chaotique, selon les contraintes et les hasards du marchĂ©.
Cette contradiction est le produit de la nature mĂȘme du mode de production. Dâune part, les dĂ©cisions sur ce qui doit ĂȘtre produit, comment, pour quoi, pour qui et en quelles quantitĂ©s sont prises par des capitalistes concurrents, en fonction de leur seul objectif de profit. Pour survivre, chaque propriĂ©taire de capital est tenu de ne rien laisser au hasard. Dâautre part, la socialisation de la production se fait Ă lâaveugle. LâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, en fait, ne se dĂ©finit quâen creux: comme la maniĂšre dont la sociĂ©tĂ© et lâenvironnement se plient, pas Ă pas, aux impĂ©ratifs de la production de survaleur.
Un tournant majeur pour les USA, un moment charniĂšre pour le monde
Une fonction clĂ© des superstructures politiques et Ă©tatiques est de dissimuler cette rĂ©alitĂ©, afin dâassurer au mode de production la lĂ©gitimitĂ© sociale sans laquelle il ne pourrait survivre. Or, lâidĂ©ologie nĂ©olibĂ©rale et le mode de re-rĂ©gulation qui en dĂ©coule sont bien en peine, dĂ©sormais, dâassumer cette tĂąche. Surtout aux Etats-Unis. Le sauvetage des banques lors de la crise de 2007-2008 constitue Ă cet Ă©gard un point tournant. LâidĂ©e que le systĂšme, tel quâil est, fonctionne dans lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, a volĂ© en Ă©clats. Sây ajoute le fiasco de la
photomontage: Little Shiva â facebook.com/ar tistjohngraham
De la boucherie de 14-18 Ă lâobsession de la stabilitĂ©
Plus la rationalitĂ© partielle du capital se dĂ©veloppe, plus lâirrationalitĂ© globale du systĂšme sâaccroĂźt et devient menaçante. Elle sâexprime par la crise pĂ©riodique de surproduction et de suraccumulation et, si nĂ©cessaire, par la guerre. Car la guerre capitaliste nâest que le prolongement de la guerre de concurrence par dâautres
moyens, pour paraphraser Clausewitz. Comme la crise, la guerre a sa place dans la rationalitĂ© partielle du capital: forme extrĂȘme de la "destruction crĂ©atrice" chĂšre Ă Schumpeter, elle Ă©limine des forces productives excĂ©dentaires, favorise lâinnovation technologique et ouvre de nouveaux champs Ă la valorisation du capital. Au cours du 20e siĂšcle, lâirrationalitĂ© globale sâest manifestĂ©e une premiĂšre fois dans toute son ampleur sous la forme de la boucherie de 1914-1918. La rĂ©volution russe de 1917 ouvrit une brĂšche mais resta isolĂ©e, de sorte que la folle course productiviste du capital repartit de plus belle sur le reste de la planĂšte. On connaĂźt la suite: la rationalitĂ© partielle des capitaux en lutte dĂ©boucha sur la crise de 1928. Ce fut ensuite la victoire du nazisme, une deuxiĂšme guerre mondiale, la Shoah et les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki⊠Comme le soulignait Ernest Mandel, les Trente Glorieuses dâaprĂšs-guerre ont Ă©tĂ© rendues possibles par lâampleur des destructions qui les ont prĂ©cĂ©dĂ©es (1). Dans la seconde moitiĂ© du siĂšcle, la possibilitĂ© que le systĂšme bascule dans lâautodestruction commença Ă effrayer jusquâĂ ses propres reprĂ©sentants politiques. Un moment, certains envisagĂšrent dâen finir militairement avec le "camp socialiste" (qui nâavait plus rien de "socialiste", mais continuait dâĂ©chapper Ă lâinvestissement capitaliste)... En fin de compte, cependant, une autre voie fut adoptĂ©e. Sous la houlette de la superpuissance US, et grĂące Ă la longue pĂ©riode dâexpansion dâaprĂšs-guerre, le capitalisme se dota dâinstitutions politiques et Ă©conomiques pour tenter dâempĂȘcher
un nouveau dĂ©rapage dans la barbarie gĂ©nĂ©ralisĂ©e. La stabilitĂ© du monde devint une obsession. La clique bureaucratique au pouvoir en URSS la partageait, Ă partir de ses intĂ©rĂȘts spĂ©cifiques: ce fut la "coexistence pacifique". AprĂšs lâeffondrement du Bloc de lâEst et le rĂ©tablissement du capitalisme en Chine, les dirigeants russes et chinois intĂ©grĂšrent le club des chefs capitalistes qui dĂ©fendent leur part du gĂąteau tout en collaborant Ă la stabilitĂ©. Le nĂ©olibĂ©ralisme lancĂ© par Thatcher et Reagan plus de dix ans auparavant servit de bible commune, et les mĂ©dias reprirent Ă lâenvi la formule de Fukuyama sur la "fin de lâhistoire". CâĂ©tait oublier que le capitalisme est incapable de juguler durablement ses contradictions. En 2007, la crise financiĂšre Ă©clatait, prouvant que la rationalitĂ© partielle des capitaux nâavait pas cessĂ© dâentasser des matiĂšres explosives au cĆur du systĂšme. Au contraire, elle en accumulait plus que jamais.
dossier
guerre en Irak â fomentĂ©e Ă coups de mensonges sur les "armes de destruction massive" â qui donne des arguments aux partisans de lâisolationnisme amĂ©ricain. La dĂ©stabilisation est profonde, la crise des deux grands partis bourgeois en tĂ©moigne. La question du (rĂ©gime du) capitalisme est posĂ©e. Sur la gauche, cette dĂ©stabilisation a produit les mouvements Occupy, Black Lives Matter, le mouvement pour les 15 dollars et la campagne de Bernie Sanders. Sur la droite, elle a produit le Tea Party puis Trump qui prolonge, radicalise et dĂ©passe le Tea Party. Sa victoire constitue un tournant majeur. Vu le poids dĂ©cisif des Etats-Unis dans tous les domaines, on peut risquer lâhypothĂšse que nous sommes Ă un moment charniĂšre de lâhistoire mondiale, comparable aux grandes crises du 20e siĂšcle. Un tournant majeur, plus profond, donc, que celui qui avait Ă©tĂ© impulsĂ© par Reagan et Thatcher. Ce qui est Ă©branlĂ©, en effet, câest non seulement lâordre nĂ©olibĂ©ral instaurĂ© depuis les annĂ©es 80, mais aussi lâĂ©quilibre des relations entre puissances, le systĂšme dâhĂ©gĂ©monie tel quâil sâest mis en place et a Ă©voluĂ© aprĂšs la seconde guerre mondiale. Câest de cela quâil faut essayer de prendre la mesure. En se rappelant de quoi le capitalisme est capableâŠ
LâĂ©puisement dâun systĂšme
On le mesure aujourdâhui. Dans le sillage de 2008, le monde fut secouĂ© par les rĂ©volutions (et les contre-rĂ©volutions) arabes ainsi que par la crise de lâUnion europĂ©enne â avec lâĂ©tranglement de la GrĂšce, puis le Brexit. Entre-temps, la guerre inter-capitaliste nâĂ©tait dĂ©jĂ plus que commerciale: lâimpĂ©rialisme US avait relancĂ© la guerre tout court, en Afghanistan et en Irak. Ces guerres locales avaient un enjeu global: garder le contrĂŽle du Moyen-Orient, lieu stratĂ©gique de lâhĂ©gĂ©monie US sur la planĂšte. Le rĂ©sultat, on le sait, fut Ă lâopposĂ©: lâIrak en ruines fournit le terreau de lâEtat islamique; toute la zone est aujourdâhui dĂ©stabilisĂ©e, avec De gauche Ă droite: un agriculteur par Millet, soldats 14-18, une usine Ford des annĂ©es 30, discours de Nikita Khrouchtchev sur la "coexistence pacifique" et Trump par John Graham
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Câest lĂ que nous en sommes: ce rationalitĂ© partielle qui est la cause du rĂ©gime atteint ses limites. Il alimente chaos est vue comme le moyen dâen la crise du politique qui revient comme finir avec le chaos. Alors que la frĂ©nĂ©sie un boomerang vers les gouvernants et de profit du capitalisme est responsable devient un Ă©lĂ©ment majeur du chaos. Au en derniĂšre instance de la crise sociale, fondement de ce phĂ©nomĂšne, il y a le y compris de la crise du politique, des fait que les institutions de la dĂ©mocratie "capitaines dâindustrie" sont vus comme parlementaire bourgeoise sont largement les sauveurs capables de dĂ©barrasser la vidĂ©es de leur contenu. Cette rĂ©alitĂ© est sociĂ©tĂ© de lâengeance des politiciens, des particuliĂšrement insupportable pour bureaucrates et du mauvais capitalisme les bourgeois et les petits-bourgeois qui, des copains â financier, cosmopolite, sans dâun cĂŽtĂ©, ne peuvent pas imaginer la fin foi (le "crony capitalism", selon Bannon) du capitalisme et, de lâautre, nâont pas qui gĂąte le bon capitalisme dâantan (4). prise sur les lieux de pouvoir mondiaux Pour rĂ©soudre les problĂšmes, il "suffirait" oĂč le nĂ©olibĂ©ralisme tente de gĂ©rer ses quâun Chef rĂ©tablisse lâordre, dĂ©barrasse contradictions ("le parti de Davos", entreprises et citoyens des "charges" qui comme dit Steve Bannon). Des travailleurs les Ă©touffent, et restaure la domination de (blancs, et mĂąles surtout) peuvent ĂȘtre lâOccident chrĂ©tien. Trump pousse cette logique jusquâĂ la abusĂ©s, mais le Trumpisme exprime caricature. Avec son Ă©quipe de milliardaires avant tout une rĂ©volte rĂ©actionnaire des bigots et de gĂ©nĂ©raux galonnĂ©s, le couches petites-bourgeoises et bourgeoises nouveau locataire de la Maison Blanche intermĂ©diaires, enragĂ©es contre la sâest mis en tĂȘte de gĂ©rer les Etats-Unis Ă gouvernance nĂ©olibĂ©rale globalisĂ©e qui les la baguette, comme une grande entreprise. a dĂ©possĂ©dĂ©es de leur pouvoir politique (3). Il est facile de tourner le personnage en Ramener USA Inc. dans le giron ridicule, mais il serait dangereux de le du bon capitalisme dâantan sous-estimer. Car Trump a un projet, qui Marx ironisait volontiers sur le fait consiste pour ainsi dire Ă restructurer que, dans la sociĂ©tĂ© capitaliste, la rĂ©alitĂ© radicalement la multinationale USA Inc. marche sur sa tĂȘte. Câest le cas avec Il sait que le groupe est encore dominant Trump et ses supporters. Dans lâunivers mais en danger de perdre sa position de mental de ces gens, en effet, la fausse leader mondial. Dans son esprit, il faut donc frapper vite et fort. Que fait un patron qui arrive Ă la tĂȘte dâune entreprise dans une telle situation? Il donne rapidement quelques signes clairs de sa dĂ©termination, se dĂ©fait des activitĂ©s qui ne sont pas (assez) rentables, sĂšme la peur, licencie du personnel (femmes et immigrĂ©s en premier), recentre le groupe sur son core business, augmente les cadences de travail, remonte les bretelles de ses directeurs de succursales (câest bien ainsi que Trump a traitĂ© le PrĂ©sident du Mexique et le Premier ministre australien!) et Ă©tablit de nouvelles alliances stratĂ©giques pour prĂ©parer lâaffrontement avec ses ennemis principaux. Le parallĂšle est assez clair avec les premiers pas de la nouvelle prĂ©sidence.
HĂ©gĂ©monie, guerre sainte Ă lâextĂ©rieur et rĂ©action Ă lâintĂ©rieur Dessin de l'artiste amĂ©ricano-cubain Edel Rodriguez publiĂ© Ă la Une Der Spiegel. twitter.com/edelstudio
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Ce qui rend Trump extrĂȘmement dangereux potentiellement, câest la crise dâhĂ©gĂ©monie, autrement dit lâabsence de toute puissance â ou de toute relation stable entre puissances â Ă mĂȘme dâĂ©tablir des rĂšgles, de tracer des lignes Ă ne pas franchir entre forces impĂ©rialistes
r tbf.be/info/dossier/donald-trump-president-nouvelle -page - de -l-histoire -americaine/detail_le -spiegel-met- en-une -un- dessin- de -trump- decapitant-la-statue - de -la-liber te?id=9521752
dossier
menace dâembrasement rĂ©gional gĂ©nĂ©ralisé⊠Pour le coup, les consĂ©quences sont planĂ©taires: lâUnion europĂ©enne joue sa survie dans la "crise des rĂ©fugiĂ©s", le gendarme Ă©tasunien ne parvient pas Ă rĂ©cupĂ©rer ses capacitĂ©s dâintervention, la Chine et la Russie profitent de la situation pour avancer leurs pions sur lâĂ©chiquier capitaliste mondial. Le tableau est brossĂ© Ă trĂšs gros traits, pour faire apparaĂźtre la montĂ©e des contradictions du systĂšme et de sa gouvernance nĂ©olibĂ©rale globale. Sorte de mĂ©canisme despotique de construction de consensus sous contrainte de maximisation du profit capitaliste, cette gouvernance a permis dâĂ©viter ou de mitiger des crises, mais ses dispositifs, de plus en plus nombreux et opaques, ne font que reporter les Ă©chĂ©ances sans rien rĂ©soudre. Les tensions objectives continuent Ă se dĂ©velopper, parce quâil est de plus en plus difficile au capitalisme de compenser la baisse du taux de profit par lâaccroissement de sa masse, comme le souligne François Chesnais (2). Concomitamment, la difficultĂ© subjective de maĂźtriser ces tensions sâaccroĂźt parce que les partis au pouvoir sâusent Ă nâĂȘtre plus que les exĂ©cutants dâun monstre technocratique quâils ont crĂ©Ă© pour se soumettre Ă ses rĂšgles.
photomontage par orionnebula â designcrowd.com/community/contest.aspx?id=1671725
dossier
ou "camps opposĂ©s". Lors de la crise des missiles Ă Cuba (1962), le monde fut Ă deux doigts de la guerre nuclĂ©aire. Tirant les leçons de lâaffaire, Moscou et Washington Ă©tablirent une ligne directe entre le Kremlin et la Maison Blanche: le "tĂ©lĂ©phone rouge". Il nây a rien de semblable aujourdâhui entre la Chine, la Russie et les USA. Cette situation nâest pas sans rappeler les premiĂšres annĂ©es du 20e siĂšcle, lorsque le dĂ©clin du Royaume-Uni et la montĂ©e de l'Allemagne ont dĂ©bouchĂ© sur la PremiĂšre guerre mondiale. On ne peut exclure que la montĂ©e des tensions crĂ©e Ă lâavenir une situation oĂč il suffirait dâune Ă©tincelle pour mettre le feu aux poudres. En Mer de Chine du Sud, ou ailleurs⊠Lâessentiel pour Trump, apparemment, câest la lutte contre la montĂ©e en puissance de la Chine capitaliste, seule rivale susceptible de menacer un jour lâhĂ©gĂ©monie US dĂ©clinante. Sur le plan gĂ©ostratĂ©gique, il faut donc sĂ©parer Moscou de PĂ©kin et, pour cela, donner un os Ă Poutine: par exemple, une partie de ce que la Russie considĂšre comme son "espace vital" en Europe centrale et au Moyen-Orient (Syrie)⊠De cette alliance avec le Kremlin, Trump escompte par ailleurs une collaboration dans la guerre sainte contre lâislamisme, qui est son autre obsession. Du coup, les dĂ©clarations sur "lâobsolescence" de lâOTAN et en faveur du Brexit sont moins absurdes quâelles nâen ont lâair, et seuls les naĂŻfs peuvent croire que le coup de tĂ©lĂ©phone Ă la dirigeante de Formose Ă©tait une erreur due Ă lâinexpĂ©rience. Sur le plan intĂ©rieur aussi, il y a une logique: le racisme, lâhomophobie, le sexisme, lâislamophobie, le mur avec le Mexique, le soutien aux "pro-vie", le "Muslim ban", etc., ne visent pas seulement Ă semer la division dans le monde du travail en dĂ©signant des boucs Ă©missaires, pour prĂ©parer les attaques de rĂ©gression sociale (contre lâObamacare, notamment). Ces thĂšmes ont aussi pour fonction de souder les forces et rĂ©seaux rĂ©actionnaires blancs â dont le soutien militant sera bien nĂ©cessaire Ă Trump pour affronter la rĂ©sistance sociale, voire les oppositions au sein de sa propre classe.
Cachez cette crise climatique que je ne saurais voir
Dans ce melting-pot, le climatonĂ©gationnisme occupe une place spĂ©cifique dont il faut dire deux mots. On a signalĂ© dâentrĂ©e de jeu que la contra-diction entre rationalitĂ© partielle et irrationalitĂ© globale tend Ă sâapprofondir au fur et Ă la gauche #81 mars-avril 2017
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Trois exemples: 1. Une partie des dirigeants syndicaux amĂ©ricains espĂšrent que le protectionnisme relancera lâemploi aux Etats-Unis [lire en pages 12 et 13]. Comme le dit Lance Selfa, "Ces dirigeants syndicaux offrent Ă Trump la couverture dont il a besoin pour peindre son programme Ă©conomique sous une couleur âpopulisteâ et favorable aux travailleurs". Ils "fournissent une couche de lĂ©gitimitĂ© Ă une administration dont lâintention est dâattaquer des sections entiĂšres de la classe laborieuse, y compris les immigrĂ©s et les sans-papiers." (6); 2. Le fait que Trump se rĂ©jouisse du Brexit ne fait pas de lui un "alliĂ© objectif" de la gauche opposĂ©e Ă lâUnion europĂ©enne, comme certains "souverainistes de gauche" semblent le penser. La gauche combat lâUE au nom dâune alternative anticapitaliste, donc internationaliste. Elle nâa rien Ă voir, ni de prĂšs ni de loin, avec le camp des Trump, Farage, Le Pen et Cie. 3. Dans le mĂȘme ordre dâidĂ©es, la gauche nâa pas Ă se rĂ©jouir quand Trump parle dâobsolescence de lâOTAN. Nous combattons lâOTAN parce que nous refusons la guerre et le militarisme. Notre objectif ne peut pas ĂȘtre de crĂ©er "un autre dispositif de sĂ©curitĂ© europĂ©en intĂ©grant Moscou". Un tel dispositif augmenterait lâinfluence de la principale force rĂ©actionnaire du continent â la Russie â et donnerait aux USA les mains libres pour un conflit avec la Chine⊠Vous avez dit "pacifisme"? Le Trumpisme nâest certes pas un nazisme, mais lâusage systĂ©matique du mensonge, le nationalisme et la mobilisation rĂ©actionnaire des petits bourgeois enragĂ©s Ă©voquent les annĂ©es 30. Par ailleurs, comment ne pas rapprocher "America fisrt" et "Deutschland ĂŒber alles"? "Je suis le candidat de la loi et de lâordre", a martelĂ© Trump pendant sa campagne Ă©lectorale. Le voici Ă la Maison Blanche et il plaide ouvertement pour lâusage de la torture, donne lâordre de publier hebdomadairement une liste des crimes commis par des Ă©trangers, et attaque les journalistes au nom de "faits alternatifs"⊠Il serait dangereux de laisser lâindignation et la vigilance retomber en misant sur le fait que la majoritĂ© de la classe dominante amĂ©ricaine ne soutient pas ces foucades.
Autonomie relative du politique, rĂŽle des individus dans lâhistoire
Les grands mĂ©dias se sont empressĂ©s de dire que le nouveau prĂ©sident devrait forcĂ©ment "mettre de lâeau dans son vin".
8 la gauche #81 mars-avril 2017
photo: DPA â thelocal.de/20170227/in-pics- german- carnival-floats-show-trump-no-merc y
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mesure du dĂ©veloppement du capital. mystification dont il faut se dĂ©barrasser Cet approfondissement nâest pas que dâurgence. Ils ne veulent de cette quantitatif: de nouveaux problĂšmes conclusion Ă aucun prix. apparaissent. La crise Ă©cologique joue Or, le changement climatique est le ici un rĂŽle clĂ©, en particulier le dĂ©fi comble de lâirrationalitĂ© globale. Peut-on climatique. En effet, les mesures Ă prendre en effet imaginer folie plus complĂšte ont Ă©tĂ© si longtemps diffĂ©rĂ©es quâil devient que celle-ci: une sociĂ©tĂ© dâune haute impossible de parer le danger sĂ©rieusement scientificitĂ©, et qui a les moyens dâagir, sans mettre en question la logique sait avec une quasi-certitude que sa dâaccumulation capitaliste. dynamique dâaccumulation menace de La feuille de route de la gouvernance destruction des centaines de millions globale intĂšgre dorĂ©navant les objectifs de gens et dâinnombrables richesses du "dĂ©veloppement durable" et de naturelles, mais ne fait en gros rien dâautre "lâinternalisation des externalitĂ©s". Mais que des dĂ©clarations dâintentions⊠Pour ni les milliers de pages sur les bĂ©nĂ©fices Trump et Cie, cette contradiction est de trop. dâune "Ă©conomie verte" ni les accords Incapables de lâaffronter, ils choisissent pĂ©niblement nĂ©gociĂ©s dans les sommets tout simplement de nier ce qui la fonde, et internationaux ne dissuadent le capital fourrent les accords internationaux dans de brĂ»ler massivement des combustibles le sac Ă jeter de la mondialisation. VoilĂ fossiles. Le rĂ©chauffement continue de comment le nĂ©gationnisme climatique, plus belle, menaçant lâhumanitĂ© dâune chassĂ© du dĂ©bat public par la porte de la mĂ©ga-catastrophe irrĂ©versible, dâune science, parvient Ă y revenir par la fenĂȘtre ampleur inimaginable: qui peut se de la politique. reprĂ©senter les consĂ©quences dâune hausse Un projet rĂ©actionnaire global de douze mĂštres du niveau des ocĂ©ans? Le projet de Trump est global et fait Dans un moment de luciditĂ©, peser une menace globale. Câest le projet Nicholas Stern avait Ă©crit que "le rĂ©actionnaire dâun capitalisme voyou, changement climatique est lâĂ©chec le brutal et trĂšs autoritaire, sorti tout droit plus grave de lâĂ©conomie de marchĂ©" (5). de la tĂȘte dâun patron nationaliste qui Cet aveu a Ă©tĂ© vite enterrĂ©: trop explosif. peste contre toute contrainte: "les charges Ce nâest pas un hasard: dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les capitalistes, leurs idĂ©ologues sociales", les syndicats, les concurrents, et leurs reprĂ©sentants politiques sont "la paperasserie", la presse, les Ă©cologistes, littĂ©ralement incapables de comprendre les rĂšgles de la "bonne gouvernance"⊠que lâirrationalitĂ© globale dĂ©coule de Un patron qui, face Ă ces dĂ©fis, cherche la rationalitĂ© partielle du capital. Leur Ă diviser les travailleurs par des attaques position de classe les en empĂȘche. Ils racistes et sexistes. Ce projet doit ĂȘtre devraient admettre que la rationalitĂ© combattu en tant que tel. Dans tous du capital est une fausse rationalitĂ© qui ses aspects, sans aucune ambiguĂŻtĂ©. Ce entraĂźne lâhumanitĂ© vers un gouffre, une jugement ne fait pas lâunanimitĂ© Ă gauche.
de Trump lors de la primaire rĂ©publicaine, suffisante, la majoritĂ© du patronat peut sây puis son Ă©lection Ă la Maison Blanche, rallier, ou laisser faire. montrent que cette autonomie est bien Analysant en dĂ©tail lâordre exĂ©cutif rĂ©elle. Les observateurs qui avaient sur le âMuslim banâ, Laleh Khalili estime pronostiquĂ© que le tycoon serait battu quâil a Ă©tĂ© conçu dĂ©libĂ©rĂ©ment pour crĂ©er parce que Wall Street ne voulait pas de lui âlâincertitude et lâarbitraire nĂ©cessaires Ă se sont trompĂ©s. lâexercice du pouvoir par le fait accompli" (10). En outre, lâauteure attire lâattention Le coup montĂ© sur le fait que cet ordre exĂ©cutif de comme mĂ©thode politique Trump a Ă©tĂ© appliquĂ© immĂ©diatement Comparaison nâest pas raison, mais et avec zĂšle par les fonctionnaires de le grand capital allemand a mis Hitler au lâadministration des frontiĂšres, un milieu pouvoir pour quâil casse le mouvement trĂšs favorable au nouveau prĂ©sident. On ouvrier, pas pour quâil lâentraĂźne dans peut se demander comment lâaffaire la deuxiĂšme guerre mondiale et dans la aurait Ă©voluĂ© sans la rĂ©sistance sociale Shoah. Or, il avait prĂ©vu de le faire, et il antiraciste spontanĂ©e et massive. lâa fait⊠en trompant ses interlocuteurs La crise des partis US, notamment sur ses intentions, puis en instaurant sa celle du Parti rĂ©publicain, crĂ©e un condictature⊠Et quâont fait les magnats de texte favorable Ă la "stratĂ©gie du choc", et Thyssen, Krupp, IG Farben, Allianz et autres on ne peut que suivre Laleh Khalili quand fleurons de lâĂ©conomie allemande? Ils se elle note que "cette mĂ©thode convient parsont accommodĂ©s de la situation, et ont faitement au style autoritaire de Trump et bien profitĂ© de la "destruction crĂ©atrice". de ses conseillers". Le principal de ceux-ci, Il ne faut se faire aucune illusion et garder Ă lâesprit que câest la dictature â et Steve Bannon, est un stratĂšge dâextrĂȘmepas la dĂ©mocratie â qui est inhĂ©rente au droite, fondamentaliste chrĂ©tien qui systĂšme capitaliste. Elle est quotidienne ambitionne de dĂ©truire lâestablishment dans les relations de travail au sein des US pour instaurer une dictature qui fera entreprises et sur le "marchĂ© de lâemploi". la guerre Ă lâislam et Ă la Chine. Une fois Le mouvement ouvrier, par la lutte, a que des individus de ce style sâemparent du conquis des droits dĂ©mocratiques, mais pouvoir politique, on ne peut pas exclure ceux-ci sont remis en cause dĂšs que quâils parviennent effectivement Ă forcer la classe dominante sent son pouvoir lâavenir, dans certaines limites. menacĂ©. CâĂ©tait vrai dans les annĂ©es Un potentiel de barbarie trente, cela reste vrai aujourdâhui. Trump sans prĂ©cĂ©dent inquiĂšte des fractions des possĂ©dants, Les consĂ©quences seraient redoutables. mais il rĂ©pond en mĂȘme temps, Ă sa Sur le plan socio-politique, bien sĂ»r. Mais maniĂšre, Ă une "demande" capitaliste, aussi sur le plan environnemental â avec car lâapprofondissement des politiques des rĂ©percussions sociales et sanitaires dâaustĂ©ritĂ© nĂ©cessite un pouvoir fort. Que majeures. A ce propos, il faut lire le rĂ©cit ce soit sous la forme populiste ou sous de lâaudition devant la commission du la forme nĂ©olibĂ©rale, la tendance autori- SĂ©nat de Scott Pruitt, que Trump a dĂ©signĂ© taire sâaffirme partout: Erdogan, Poutine, pour diriger lâAgence de Protection de Junker, Xi Jiping, Fillon⊠lâEnvironnement: Pruitt ment effrontĂ©-
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Il est vrai que son Ă©quipe paraĂźt divisĂ©e et hĂ©tĂ©roclite: le pourfendeur populiste de Wall Street, Steve Bannon, y cĂŽtoie Gary Cohn, numĂ©ro deux de Goldman Sachs, qui dirigera le Conseil Ă©conomique. Cependant, au cours de sa premiĂšre semaine, Trump a concrĂ©tisĂ© la plupart de ses promesses populistes, Ă bride abattue. Il nâest pas certain quâil pourra continuer. Dâune part, la hiĂ©rarchie militaire â dont la stratĂ©gie impĂ©rialiste est fort constante depuis Bush â nâapprĂ©cie certainement pas de voir Bannon la supplanter dans le Conseil National de SĂ©curitĂ©. Dâautre part, des cercles trĂšs influents du grand capital US sont opposĂ©s Ă Trump, en particulier sur quatre points qui sont liĂ©s entre eux: la politique internationale, le protectionnisme, les migrants et la rĂ©forme fiscale. Si Trump nâest pas "recadrĂ©" sur ces questions, une partie de la bourgeoisie US pourrait vouloir se dĂ©barrasser de lui comme la bourgeoisie britannique sâest dĂ©barrassĂ©e de Thatcher en 1990 (lors de la poll tax). Car câest la classe dirigeante â pas les individus â qui dirige en derniĂšre instance. A lâappui de cette thĂšse, on peut citer les rĂ©actions capitalistes au "Muslim ban" â lâinterdiction dâentrĂ©e aux USA pour les ressortissants de sept pays du Moyen-Orient. En effet, un grand nombre de patrons dâentreprises clĂ©s (Facebook, Google, Starbucks, Goldman Sachs, Citigroup, MasterCard, Ford, Coca-Cola, AmazonâŠ) ont critiquĂ© cette interdiction ouvertement, et parfois durement. Certains (Uber, Syft) lâont fait par crainte dâun boycott des consommateurs, mais le fond de lâaffaire est que le nationalisme blanc de Trump est en dĂ©calage complet par rapport au cosmopolitisme du personnel des grands groupes technologiques, Ă tous les niveaux (7). Cependant, la partie est plus complexe. Dâune part, le capital est divisĂ©: ainsi, les importateurs (Wal-Mart) sont opposĂ©s au projet de taxe aux frontiĂšres, mais les exportateurs (Boeing, General Electric) y sont favorables. Dâautre part, la "base Trumpiste" se mobilise aussi: lundi 30 janvier, en rĂ©action aux dĂ©clarations du CEO de Starbucks contre le "Muslim ban" #BoycottStarbucks Ă©tait le hashtag le plus populaire sur Twitter aux Etats-Unis (8)⊠Affirmer que la classe dirigeante dirige "en derniĂšre instance" â ces trois petits mots sont importants â signifie quâil y a une double autonomie relative: de la sphĂšre politique par rapport Ă la sphĂšre Ă©conomique, et des individus par rapport Ă la sphĂšre politique (9). La nomination
Le "Muslim ban", un coup dâessai
ment, mais ne parvient pas Ă cacher quâil ambitionne de dĂ©manteler non seulement Donald Trump nâest pas un politicien la (trĂšs insuffisante) politique climatique, bourgeois comme un autre. Câest un menmais aussi des lĂ©gislations clĂ©s portant sur teur sans scrupules et un manipulateur, la rĂ©gulation des Ă©missions de plomb, de Ă lâinstar dâHitler, de NapolĂ©on III et de mercure, etc. (11) quelques autres figures du mĂȘme acabit. Jeremy Legget pense que la capacitĂ© Or, dans les pĂ©riodes de crise politique et de nuisance de Trump dans le dossier clide dĂ©sarroi, oĂč la bourgeoisie elle-mĂȘme matique est limitĂ©e, parce que la transition est profondĂ©ment divisĂ©e, les personnages Ă©nergĂ©tique capitaliste est irrĂ©versible (12). de ce genre sont capables de monter des coups afin de crĂ©er le prĂ©texte de leur dic- Elle est sans doute irrĂ©versible, en effet, tature â comme Hitler le fit avec lâincendie vu que la chute des prix de lâĂ©lectricitĂ© du Reichstag. Aux yeux de la bourgeoisie, dâorigine renouvelable condamne les fosle national-populisme raciste, en dĂ©sig- siles dans les dĂ©cennies qui viennent. Mais, nant des boucs Ă©missaires, peut faciliter dâune part, cette transition capitaliste ne lâinstauration dâun rĂ©gime autoritaire. Sâil sauvera pas le climat, car elle ne respecte ne rencontre pas une rĂ©sistance sociale ni les contraintes en termes de rĂ©duction la gauche #81 mars-avril 2017
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1) Ernest Mandel, Les ondes longues du dĂ©veloppement capitaliste. Une interprĂ©tation marxiste, Syllepse, Paris, 2014 2) Lire François Chesnais, "Le capitalisme a-t-il rencontrĂ© des limites infranchissables?" www.alencontre.org/laune/le-capitalisme-a-t-ilrencontre-des-limites-infranchissables.html 3) Kim Moody, "Who Put Trump in the White House?", Against The Current, Jan-Feb 2017 4) Bannon a exposĂ© sa vision stratĂ©gique dans une confĂ©rence donnĂ©e en 2014 dans des locaux du Vatican (!) La lecture de ce texte est essentielle. www.dignitatishumanae.com/index.php/this-ishow-steve-bannon-sees-the-entire-world 5) Stern Review, The Economics of Climate Change, 2006 6) Lire Lance Selfa, "Quâest-ce que signifie ârendre lâAmĂ©rique Ă nouveau grandeâ?", www.alencontre. org/ameriques/americnord/usa/etats-unis-quest-ceque-signifie-rendre-lamerique-a-nouveau-grande. html 7) Dan La Botz, âTrump Makes Early Enemiesâ, www.internationalviewpoint.org/spip. php?article4854 8) Financial Times, 31 jan. www.ft.com/ content/315f7568-e6fe-11e6-893c-082c54a7f539 9) Sur le rĂŽle des individus dans lâhistoire, lire Ernest Mandel, "Les individus et les classes sociales: le cas de la Seconde guerre mondiale", www. ernestmandel.org/new/ecrits/article/les-individuset-les-classes 10) Laleh Khalili, âWith Muslim Ban, Trump and Bannon Wanted Chaos, but Not Resistanceâ, www.truth-out.org/news/ item/39298-sowing-mayhem-to-reap-power-thesinister-strategy-behind-trump-s-muslim-ban 11) www.nrdc.org/experts/john-walke/ trump-epa-nominee-answers-senators-contemptand-extremism?utm_source=tw&utm_ medium=tweet&utm_campaign=socialmedia 12) Jeremy Legget, "State of The Transition, December 2016", www.jeremyleggett.net/2017/01/ state-of-the-transition-december-2016-asfossil-fuel-diehards-take-over-the-white-housethe-evidence-of-a-fast-moving-global-energytransition-has-never-been-clearer 13) Sur lâimpact possible des mesures climatonĂ©gationnistes que prendrait Trump, lire D. Tanuro, "EmpĂȘchons Trump de commettre un crime climatique", www.lcr-lagauche.org/ empechons-trump-de-commettre-un-crimeclimatique-contre-lhumanite-et-lenvironnement
autocollant Cheetolini par par tyfar ty â redbubble.com/people/par tyfar ty/
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orienter dans un sens anticapitaliste. Car il sâagit de tirer la leçon du succĂšs de Bernie Sanders dans la primaire dĂ©mocrate: câest seulement en opposant une rationalitĂ© Ă©cosocialiste â la rationalitĂ© de la satisfaction des besoins humains rĂ©els, dĂ©mocratiquement dĂ©terminĂ©s dans le respect de lâenvironnement â Ă la fausse rationalitĂ© partielle du capital quâil est possible de faire barrage Ă Trump. Il est de lâintĂ©rĂȘt des exploitĂ©.e.s et des opprimĂ©.e.s partout dans le monde de marquer leur solidaritĂ© la plus large et la plus active avec les mobilisations aux Etats-Unis. Dâailleurs, il ne sâagit pas de solidaritĂ©, mais de combat commun. Car lâintĂ©rĂȘt commun des exploitĂ©.e.s et des opprimĂ©.e.s du monde entier est de battre Trump. Sa dĂ©faite sera celle de tous les despotes â ou candidats despotes â qui jouent du nationalisme ou du populisme pour asservir les populations. LâĂ©preuve de force engagĂ©e aux Etats-Unis est de portĂ©e planĂ©taire. Si le Rien nâest jouĂ©, Trumpisme est battu, ou sâil doit "dĂ©gager" tout dĂ©pend de la lutte sous la pression de la rue, cette victoire Une expression anglaise bien connue encouragera partout la contre-offensive affirme que "Every cloud has its silver des peuples. Sâil devait gagner, par lining" [tout nuage a son lisĂ©rĂ© dâargent]. contre, il faudrait commencer Ă craindre Lâimpuissance de la gouvernance sĂ©rieusement le risque dâune troisiĂšme nĂ©olibĂ©rale face Ă lâirrationalitĂ© globale â7 fĂ©vrier 2017 croissante ne sâexprime pas seulement Ă guerre mondiale. â droite dans le Trumpisme. Elle sâexprime aussi Ă gauche dans la forte radicalisation Merci Ă Dan La Botz et Ă Charles-AndrĂ© rendue visible par le mouvement Occupy, Udry pour leurs suggestions. puis par la campagne de Bernie Sanders pour lâinvestiture dĂ©mocrate. LâĂ©lection de Trump renforce spectaculairement cette polarisation. Les exploitĂ©.e.s et les opprimĂ©.e.s ont rĂ©agi immĂ©diatement par des mobilisations massives, largement spontanĂ©es. Une semaine aprĂšs la gigantesque Marche des Femmes du 21 janvier, câest contre le "Muslim ban" que des centaines de milliers de personnes sont passĂ©es Ă lâaction. Dâautres luttes suivront. DĂ©jĂ , lâappel Ă une Peopleâs March for Climate le 29 avril a toutes les chances de dĂ©passer en ampleur la grande manifestation "climat" qui avait rassemblĂ© 300.000 personnes Ă New York en 2014. Dans cette lutte, il nây a rien Ă attendre des politiciens dĂ©mocrates. Bernie Sanders les effrayait davantage que Trump. Ils parlent de dĂ©mocratie, mais incarnent une politique nĂ©olibĂ©rale Ă bout de souffle et qui devient elle-mĂȘme de plus en plus autoritaire. La seule stratĂ©gie rĂ©aliste consiste Ă dĂ©velopper les mobilisations et Ă les faire converger en tentant de les des Ă©missions, ni les Ă©chĂ©ances de celle-ci. (13) Dâautre part, comme Legget lâadmet lui-mĂȘme, la politique internationale de Trump pourrait, par une fuite en avant dans la guerre, crĂ©er une situation de fait oĂč la classe dominante US serait contrainte, quâelle le veuille ou non, de renvoyer la lutte contre le rĂ©chauffement au XĂšme rang des prioritĂ©s⊠Etant donnĂ© que nous sommes sur le fil du rasoir, le rĂ©sultat serait terrible, et probablement irrĂ©versible. De ce point de vue, le potentiel de barbarie de Trump dĂ©passe tout ce dont le capitalisme sâest montrĂ© capable dans le passĂ©. Comme lâĂ©crit François Chesnais [op. cit.]: "La rencontre par le capitalisme de limites quâil ne peut pas franchir ne signifie en aucune maniĂšre la fin de la domination politique et sociale de la bourgeoisie, encore moins sa mort, mais elle ouvre la perspective que celle-ci entraĂźne lâhumanitĂ© dans la barbarie."
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Trump en Belgique les 24 et 25 mai:
Le comité d'accueil se prépare
"Pissing in the Hellhole" â illustration: Little Shiva
â par Mauro Gasparini Donald Trump, prĂ©sident de la premiĂšre puissance Ă©conomique et militaire mondiale, devrait poser les pieds Ă Bruxelles au mois de mai. Un sommet de l'OTAN est en effet prĂ©vu les 24 et 25 mai prochains. Un rendez-vous important pour cette organisation militariste et impĂ©rialiste nĂ©e en pleine Guerre froide et vieille de 68 ans. La rĂ©sistance s'organise... A l'agenda du sommet, par exemple, il y a la question de la modernisation des arsenaux nuclĂ©aires, dans un contexte oĂč Trump a eu des dĂ©clarations laissant entendre qu'il dĂ©fendrait une nouvelle course aux armes nuclĂ©aires. Autre question Ă discuter lors de ce sommet, le respect de l'objectif de l'alliance que chaque Etat membre consacre 2% de son PIB au budget militaire au plus tard en 2024. Seuls cinq des 28 pays de l'Organisation du TraitĂ© de lâAtlantique Nord (OTAN) respectent actuellement cet objectif, dont la GrĂšce... L'administration Trump envoie des signaux contradictoires entre le prĂ©sident US qui dĂ©clare l'OTAN obsolĂšte et son secrĂ©taire Ă la dĂ©fense, le gĂ©nĂ©ral Mattis â appelĂ© "le chien fou" â qui dĂ©clare le soutien indĂ©fectible des EtatsUnis Ă l'alliance impĂ©rialiste. Trump pourrait donc bien demander la hausse de cet objectif de dĂ©penses militaires. L'agression russe en Ukraine offre du pain bĂ©nit aux partisans d'un renforcement de l'OTAN Ă l'Est. Les Etats baltes ou encore "Mad Dog" Mattis
la Pologne rĂ©clament plus de soutien de leurs alliĂ©s occidentaux. L'OTAN envisage aussi de renforcer des partenariats en Asie, comme avec le Japon. Le Brexit favorise les dĂ©bats au sein des classes dominantes, notamment en France et en Allemagne, sur un renforcement de la militarisation de l'Union europĂ©enne (UE), pendant que l'OTAN joue dĂ©jĂ Ă la chasse aux rĂ©fugiĂ©.e.s en MĂ©diterrannĂ©e, en soutien Ă lâagence Frontex et Ă l'Europe forteresse. En Belgique, le gouvernement Michel a approuvĂ© un plan en juin 2016 pour que le budget de la DĂ©fense atteigne 1,3% du PIB en 2030 â contre 0,9% aujourd'hui. Soit une hausse d'au moins 2,6 milliards d'euros. Ajoutons Ă cela l'achat de 34 avions de chasse F-35 prĂ©vu par notre gouvernement pour la somme de 15 milliards d'euros (tous frais compris), et on constate une fois encore que l'offensive capitaliste, raciste et autoritaire actuelle dĂ©gage une odeur de soufre et de guerre. Une campagne a lieu contre l'achat de ces avions, justement adaptĂ©s pour porter les armes nuclĂ©aires modernisĂ©es des Etats-Unis et stockĂ©es chez nous Ă Kleine Brogel. Mais le mouvement dit "antiguerre" est mal en point, en Belgique aussi. Beaucoup d'organisations, comme Intal, Vrede et mĂȘme la CNAPD (Coordination nationale dâAction pour la Paix et la DĂ©mocratie) ont sombrĂ© partiellement ou parfois totalement dans la justification de graves agressions militaires et de crimes de guerre que ce soit en Syrie ou en Ukraine, au nom d'une politique qui dĂ©nonce l'OTAN comme unique source de guerre, qui euphĂ©mise de façon caricaturale les guerres d'Assad et Poutine; et qui efface dans son discours l'existence mĂȘme de mouvements sociaux dans les pays concernĂ©s. Les anticapitalistes et internationalistes, dont nous sommes, n'ont pas cĂ©dĂ© sur les principes: nous nous sommes opposĂ©.e.s aux interventions militaires de la Belgique, que ce soit en Afghanistan ou
plus récemment en Irak. Celles-ci n'ont jamais eu pour but d'aider les populations locales. Pour autant, nous n'avons eu de cesse de dénoncer la brutalité d'Assad et Poutine, entre autres, et de défendre une solidarité internationale des mouvements populaires pour la justice sociale, les libertés démocratiques et contre toutes les guerres contre-révolutionnaires, celles des dictatures bourgeoises corrompues comme celles des puissances impérialistes de premiÚre ou de seconde zone.
Une occasion pour reconstruire le mouvement antiguerre
Cela Ă©tant, la venue de Trump en Belgique est une occasion de choix pour le mouvement social, toutes composantes confondues, de se rĂ©veiller, de se rĂ©unifier, et de le faire sur des bases politiques saines et unitaires. Trump, par l'agenda capitaliste, hĂ©tĂ©ro-sexiste, raciste, militariste et destructeur de la planĂšte qu'il reprĂ©sente, nous met face Ă nos responsabilitĂ©s tout en permettant une convergence des luttes comme on en a rarement vue! C'est pourquoi un processus se met en place pour prĂ©parer une manifestation qui, pour ĂȘtre massive et pluraliste en mai, devrait reflĂ©ter de façon dĂ©mocratique toutes les composantes du mouvement social en Belgique, et ne pas Ă©pargner non plus les petits Trump belges, comme ThĂ©o Francken, ou simplement les laquais du Trumpisme, comme Charles Michel. Le mouvement doit s'appuyer sur les mobilisations fĂ©ministes, celles des scientifiques et celles des anti-guerre notamment, mais sans oublier la dimension antiraciste, la lutte contre l'Europe forteresse et pour la rĂ©gularisation des sans-papiers, et, last but not least, le mouvement syndical. Rendezvous le 24 mai pour montrer au monde que la Belgique ne veut pas de Trump et de son monde! â la gauche #81 mars-avril 2017
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Trump et le mouvement ouvrier
Made In China
Donald Trump a gagnĂ© l'Ă©lection prĂ©sidentielle principalement en raison du vote des riches et de la classe moyenne, mais le vote ouvrier Ă©tait Ă©galement important et il n'aurait pas pu gagner sans lui. Trump a fait campagne pour la PrĂ©sidence sur une plate-forme destinĂ©e Ă conquĂ©rir des Ă©lecteurs de la classe ouvriĂšre, mais surtout les travailleurs blancs. Son programme nationaliste promettait, d'une part, des projets d'infrastructure tels que la construction d'autoroutes, de ponts et de chemins de fer, et, d'autre part, lâĂ©rection dâun mur le long de la frontiĂšre sud de la nation pour repousser les immigrant.e.s qui sont des concurrent.e.s Ă faible salaire pour des travailleurs/euses amĂ©ricain.e.s natifs/ves. La combinaison des incitations Ă©conomiques et de la xĂ©nophobie s'est rĂ©vĂ©lĂ©e juste assez forte pour gagner quelques centaines de milliers d'Ă©lecteurs de la classe ouvriĂšre blanche de la Rust Belt qui ont fourni Ă Trump sa faible majoritĂ© au collĂšge Ă©lectoral.
Le cabinet du travail de Trump
Alors qu'il promettait des emplois, Trump nâa jamais promis de respecter les syndicats, les contrats syndicaux, les salaires. Trump a dĂ©signĂ© Andrew Pudzer comme SecrĂ©taire au Travail et Betsy DeVos comme SecrĂ©taire Ă l'Education. Tous deux sont connus pour leurs positions antisyndicales. Devos, une milliardaire, a Ă©tĂ© une dirigeante du mouvement appelĂ© "Choix de l'Ă©cole": elle a promu les Ă©coles privĂ©es contre les Ă©coles publiques, en utilisant une partie de sa fortune immense pour le faire. Le SĂ©nat l'a confirmĂ©e par un vote. Les syndicats d'enseignant.e.s la considĂšrent comme un ennemi mortel. Le candidat au poste de SecrĂ©taire au Travail, Pudzer, qui pĂšse 25 millions de dollars, est le PDG de CKE Restaurants, qui gĂšre les chaĂźnes de fast-food Hardee et Carl's Jr. Il s'oppose aux lois sur le salaire minimum ainsi quâĂ la protection de la santĂ© et de la sĂ©curitĂ© des travailleurs. Son palmarĂšs en tant qu'employeur est choquant. Ses employĂ©.e.s ont dĂ©posĂ© de
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nombreuses plaintes contre ses franchises, lâaccusant de vol de salaire, de harcĂšlement sexuel et de pratiques de travail dĂ©loyales. Il a Ă©galement illĂ©galement employĂ© une travailleuse sans-papiers comme femme de mĂ©nage et a Ă©tĂ© accusĂ© d'abus par sa femme. Trump pourrait bien avoir Ă retirer la nomination de Pudzer. (*)
Gagner les syndicats de branche
Lors de son premier jour de mandat, Trump a rencontrĂ© les dirigeants des syndicats du bĂątiment. Ces mĂ©tiers sont historiquement la section la plus conservatrice du mouvement ouvrier amĂ©ricain, composĂ© de mĂ©tiers tels que les charpentiers et les Ă©lectriciens. Les dirigeants corpulents de ces syndicats de branche se rĂ©pandent avec enthousiasme sur le nouveau PrĂ©sident qui a parlĂ© aux dirigeants syndicaux de ses plans dâautoroutes, de ponts et, bien sĂ»r, du mur Ă la frontiĂšre. "Nous sommes de la mĂȘme industrie", a dĂ©clarĂ© Garvey Sean McGarvey, prĂ©sident du North Americaâs Building Trades Unions. "Il comprend lâimportance de lâascension sociale, de lâaccĂšs Ă la classe moyenne." Un accĂšs rĂ©servĂ© Ă certains,
blancs en majorité, bien entendu. Il y a cinquante ans, les travailleurs de la construction étaient presque tous des hommes blancs. Aujourd'hui, à l'exception de la Laborers International Union, qui compte beaucoup de membres noirs et latinos, ces syndicats restent en général essentiellement blancs et masculins. Le tournant de Trump vers ces métiers est destiné à consolider sa base parmi la classe ouvriÚre blanche. Pourtant, ce plan ne va pas sans problÚmes. Le programme de 2016 du Parti républicain demande l'abrogation de la loi Bacon-Davis de 1931, qui stipule que les projets de travaux publics paient les salaires locaux en vigueur (généralement l'échelle syndicale). Cette loi a été absolument essentielle au maintien des salaires et des revenus des travailleurs de la construction. Si Bacon-Davis était renversé, l'impact sur les métiers serait désastreux. Quand Trump a été interrogé sur Bacon-Davis, il a refusé de s'engager mais, quelques jours plus tard à peine, le sénateur républicain Jeff Flake de l'Arizona a présenté un projet de loi pour suspendre Bacon-Davis sur les projets
photo: Sean Posey â billmoyers.com/stor y/workers-arent-hearing- democrats/
â par Dan La Botz
L'AFL-CIO â NeutralisĂ©
La stratĂ©gie Trumpiste de sĂ©duction des mĂ©tiers du bĂątiment semble avoir neutralisĂ© efficacement l'AFL-CIO, la plus grande et la plus importante organisation ouvriĂšre du pays, qui avait soutenu Hillary Clinton. Le prĂ©sident de la fĂ©dĂ©ration, Richard Trumka, ancien prĂ©sident du United Mine Workers Union (UMW) â dont les membres ont largement votĂ© pour Trump parce qu'il soutient l'utilisation du charbon â semble hĂ©siter Ă dĂ©fier directement Trump par crainte de perdre le soutien de puissants syndicats de branche. Trumka a dĂ©clarĂ© aux mĂ©dias que l'Ă©lection Ă©tait un rĂ©fĂ©rendum "sur le commerce, sur la relance de lâindustrie, sur la relance de nos communautĂ©s". Il a ajoutĂ©: "Nous allons travailler Ă faire de plusieurs de ces promesses une rĂ©alitĂ©. S'il est prĂȘt Ă travailler avec nous, conformĂ©ment Ă nos valeurs, nous sommes prĂȘts Ă travailler avec lui". Il n'est pas surprenant que Trumka ait visitĂ© le PrĂ©sident quelques jours aprĂšs lâĂ©lection et ait dit qu'il avait eu une "conversation productive".
Gel de lâembauche au fĂ©dĂ©ral, une gifle aux syndicats de fonctionnaires
Tout en Ă©treignant les ouvriers blancs des mĂ©tiers de la construction, Trump a simultanĂ©ment agressĂ© les fonctionnaires fĂ©dĂ©raux, dont un nombre important sont des travailleuses noires. Il a signĂ© une ordonnance exĂ©cutive qui gĂšle l'embauche pour les organes de lâexĂ©cutif, qui comptent 1,2 million d'employĂ©s. Les syndicats fĂ©dĂ©raux ont rapidement critiquĂ© cette dĂ©cision, formulant leurs objections en termes de service Ă la sociĂ©tĂ©
afin de gagner l'appui du public. "Ce gel de l'embauche signifierait des files plus longues dans les bureaux de la SĂ©curitĂ© sociale, moins d'inspections du travail, moins de surveillance des pollueurs et plus de risques pour l'approvisionnement alimentaire et en eau potable de notre nation", a dĂ©clarĂ© J. David Cox Sr., de lâAmerican Federation of Government Employees (AFGE). Le gel de lâembauche rĂ©duira Ă©galement une source majeure d'emplois permanents, Ă temps plein, â bien que souvent faiblement rĂ©munĂ©rĂ©s â avec des vacances et des avantages pour la santĂ© de nombreux travailleurs, surtout des travailleurs noirs et des femmes.
La Cour suprĂȘme et les Ătats
Le choix du juge fĂ©dĂ©ral Neil M. Gorsuch pour la Cour suprĂȘme sera trĂšs probablement approuvĂ© par le SĂ©nat. L'arrivĂ©e de Gorsuch crĂ©era une majoritĂ© conservatrice pour trancher dans lâaffaire "Janus vs. AFSCME". Cela signifie quâil sera trĂšs probablement mis fin Ă la capacitĂ© de lâAmerican Federation of County, State and Municipal Employees (AFSCME) de percevoir les cotisations des membres non syndiquĂ©s qu'ils sont obligĂ©s de reprĂ©senter. Il en rĂ©sultera la disette financiĂšre pour de nombreux syndicats d'employĂ©s publics, ce qui les obligera Ă rĂ©duire le personnel et les rendra moins efficaces. Beaucoup pourraient carrĂ©ment disparaĂźtre. Les syndicats des secteurs public et privĂ© seront confrontĂ©s au dĂ©fi des lois dites du "droit au travail" qui mettent les syndicats sur la touche. Le but est de mettre fin au systĂšme dit du "closed shop" qui consiste en ceci que, sur le lieu de travail, si la majoritĂ© vote pour un syndicat, tous les travailleurs doivent adhĂ©rer au syndicat et payer des cotisations. Vingt-huit Ătats disposent actuellement de lois sur le "droit au travail". Partout oĂč les rĂ©publicains ont le pouvoir, ils vont passer des lois sur le droit au travail au niveau de l'Ătat. Le 1er fĂ©vrier, les reprĂ©sentants Joe Wilson, R-S.C., et Steve King, R-Iowa, ont dĂ©posĂ© au CongrĂšs un projet de loi qui instaurerait le "droit au travail" dans tout le pays.
Certains travailleurs se joignent à la résistance
Alors que les métiers de la construction et les Teamsters ont adopté le projet de Trump, de nombreux autres syndicats sont entrés dans l'opposition. Les enseignant.e.s ont été à l'avant-garde de la résistance. La Fédération américaine des Enseignants (AFT) a mobilisé 250 sections
locales dans plus de 200 villes la veille de l'inauguration, dans le cadre de la JournĂ©e nationale d'Action "Reclaim Our Schools", contre Trump. L'Association nationale de l'Education (National Education Association), le plus grand syndicat du pays avec 2,7 millions de membres, a demandĂ© Ă ses membres de quitter les Ă©coles le jour de l'inauguration, pour protester contre Trump. Les membres de la section locale 10 de l'International Longshore and Warehouse Union (ILWU) Ă Oakland, en Californie, un syndicat de dockers avec une longue histoire radicale et 50% dâaffiliĂ©s noirs, ont cessĂ© le travail le jour de l'inauguration. En dehors du mouvement syndical, les travailleurs/euses du secteur des services et de l'industrie des technologies de l'information ont Ă©mis des protestations importantes. La New York Taxi Workers Alliance â qui est une ONG, pas un syndicat â dont de nombreux membres sont des immigrĂ©s musulmans, sâest manifestĂ©e Ă l'aĂ©roport de JFK, contre la politique de Trump Ă lâĂ©gard des migrant.e.s. Dans le mĂȘme temps, les techniciens de Google en Californie et Ă Comcast Philadelphie manifestaient aussi contre cette politique. Sur ce point, les sections non organisĂ©es du mouvement ouvrier semblent plus actives que celles des syndicats.
dossier
routiers fĂ©dĂ©raux. Le prĂ©sident gĂ©nĂ©ral des Teamsters (chauffeurs de camion), James P. Hoffa, fĂ©licite Ă©galement Trump. Beaucoup de Teamsters travaillent dans les mĂ©tiers du bĂątiment, conduisant les camions Ă benne, les camions de ciment et livrant les poutres d'acier sur le chantier [jâai fait ce job]. Les Teamsters ont louĂ© Trump pour ce qu'ils appellent le "but de bon sens" de ses projets d'infrastructure. M. Hoffa a Ă©galement fĂ©licitĂ© Trump pour avoir retirĂ© les Ătats-Unis du Partenariat transpacifique, ainsi que pour sa promesse de rĂ©viser ou d'abandonner l'Accord de libre-Ă©change nord-amĂ©ricain (ALENA). Les Teamsters veulent aussi que Trump modifie la clause de l'ALENA qui permet aux camionneurs mexicains de franchir la frontiĂšre vers les Ătats-Unis.
Un moment critique
L'attaque de Trump contre les syndicats intervient Ă un moment critique. Le taux de syndicalisation est seulement de 10,7%, soit une baisse de 0,4 point par rapport Ă 2015. L'adhĂ©sion syndicale a diminuĂ© d'un quart de million de travailleurs/euses au cours de la mĂȘme pĂ©riode pour s'Ă©tablir Ă seulement 14,6 millions. Les grĂšves aux Ătats-Unis restent peu nombreuses. Câest le cas depuis longtemps, mais surtout depuis la Grande RĂ©cession de 2008. Les travailleurs/euses et les syndicats continuent Ă encaisser le choc de la prĂ©sidence de Trump, Ă©lu il y a quelques semaines Ă peine, mais on peut sâattendre Ă une rĂ©sistance croissante lorsque ses politiques anti-ouvriĂšres se clarifieront. Nous avons besoin Ă la fois d'un mouvement Ă la base dans les syndicats et de campagnes de syndicalisation des travailleurs/euses non syndiquĂ©.e.s, combinĂ©s Ă la vision radicale que les travailleurs/euses doivent avoir un rĂŽle dominant dans le syndicat, sur le lieu de travail et dans la sociĂ©tĂ©. â *Cet article a Ă©tĂ© Ă©crit avant que Pudzer renonce Ă ĂȘtre SecrĂ©taire au Travail.
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dâune femme par un fiancĂ©, un mari ou un ex nâest que la pointe de lâiceberg. Ainsi, de la confluence des pratiques Depuis dĂ©sormais plus de trois mois un nouveau mouvement fĂ©ministe, qui des collectifs de jeunes fĂ©ministes et de surprend par son ampleur, sa composition lâexpĂ©rience de centres antiviolence gĂ©rĂ©s et sa radicalitĂ©, a fait irruption sur la scĂšne par les femmes, est nĂ© un appel Ă la mobiliitalienne. Les premiers signes de la matu- sation nationale Ă lâoccasion de la journĂ©e ration dâune nouvelle gĂ©nĂ©ration fĂ©ministe, du 25 novembre. Cette mobilisation a Ă©tĂ© avec ses propres codes dâexpression et sa conçue comme le dĂ©but dâun processus propre sensibilitĂ© politique, Ă©taient dĂ©jĂ de rĂ©flexion et dâaction qui sâen prend Ă visibles ces deux derniĂšres annĂ©es dans toutes les formes de violences structurelles les initiatives italiennes, notamment Ă envers les femmes. Lâappel, rĂ©digĂ© Ă Rome Rome, pour le plein exercice du droit Ă sous le nom de "Non Una di Meno", a lâavortement â prĂ©vu par la Loi 194 mais Ă©tĂ© accueilli avec enthousiasme et dans qui nâest pas garanti dans la pratique des plusieurs villes des assemblĂ©es locales se hĂŽpitaux Ă cause de la prĂ©sence crois- sont auto-convoquĂ©es pour prĂ©parer la sante des "objecteurs de conscience" â et manifestation. Contrairement au passĂ©, en solidaritĂ© avec les luttes des femmes ces rendez-vous â parfois Ă lâinitiative de espagnoles contre le projet de loi anti- nouveaux collectifs de jeunes fĂ©ministes ou de groupes informels souvent liĂ©s aux avortement du ministre Gallardon. Cette fois aussi lâinspiration est espaces occupĂ©s â qui se sont adressĂ©s Ă venue des mobilisations fĂ©ministes tout le monde Ă travers les rĂ©seaux sociaux internationales contre la violence ont connu un grand succĂšs. machiste dans de nombreux pays latino- 150.000 femmes dans les rues amĂ©ricains, et pour lâĂ©galitĂ© salariale en de Rome Islande et en Pologne, qui ont encouragĂ© Le samedi 26 novembre 2016, au lâenvie de rĂ©agir Ă une situation de moins 150.000 femmes, LGBTIQ et un violence structurelle envers les femmes certain nombre de (jeunes) hommes qui caractĂ©rise lâItalie et dont lâassassinat solidaires sont dĂ©scendu.e.s dans la rue
â Nadia De Mond
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en formant une marĂ©e colorĂ©e, joyeuse et incontenable qui a envahi le centre de Rome. Cette manif, pleine dâĂ©nergie et de volontĂ© de bouleverser le monde, auto-organisĂ©e, sans le support des structures traditionnelles de la gauche, sâest dĂ©roulĂ©e dans un esprit unitaire, inclusif des instances antiracistes, antipatriarcales et LGBTIQ. Il sâagit dâun mouvement qui est certainement hostile envers les gouvernements du PD (Renzi dâabord et Gentiloni ensuite) Ă cause des attaques Ă la santĂ© publique, aux conditions de vie des travailleuses et des prĂ©caires, Ă lâautodĂ©termination des femmes en matiĂšre reproductive (voir la promotion du "Fertility Day" de la ministre Lorenzin). A cause aussi de la suspension des financements aux centres antiviolence et de la politique migratoire qui, dans les faits, est punitive et empĂȘche les nouveaux/elles arrivĂ©.e.s dâavoir une vie digne sur notre territoire. Mais en mĂȘme temps, le mouvement ne se reconnait dans aucune autre force politique ou syndicale Ă©tablie. Cette manifestation, qui est allĂ©e au-delĂ de toute expectative, a Ă©tĂ© suivie dâune journĂ©e dâĂ©laboration de contenus, avec une assemblĂ©e nationale articulĂ©e
photo: Isabel Viele â radioeco.it/non-una- di-meno-26-novembre -2016
féminisme
En Italie, un mouvement féministe de masse est en marche
sâengager pleinement pour sa rĂ©ussite, tandis que la CGIL [ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale italienne du Travail] a dĂ©cidĂ© de ne pas adhĂ©rer mais dâinviter seulement sa base Ă faire des assemblĂ©es dans les lieux de travail sur le sujet. Ce nouveau mouvement fĂ©ministe, qui exprime un refus radical de lâexistant, tire sa force de la combinaison dâactions massives de protestation et dâaction directe avec les expĂ©riences capillaires dâautogestion et dâentraide, dans les centres antiviolence, dans lâĂ©ducation Ă la diffĂ©rence, dans les collectifs dâĂ©tudiantes et dans les espaces occupĂ©s, qui font allusion Ă la construction dâune sociĂ©tĂ© libĂ©rĂ©e du machisme, du racisme, de lâhomo-lesbo-transphobie, et qui dĂ©passe les logiques du marchĂ© capitaliste. Il se sent partie dâune marĂ©e â seraitce la fameuse troisiĂšme vague? â de protagonisme des femmes qui traverse le monde et qui met en cause les politiques misogynes et excluantes dâun establishment qui a perdu toute crĂ©dibilitĂ©. Câest le premier mouvement de masse qui secoue le sentiment dâimpuissance et de passivitĂ© qui semble avoir frappĂ© lâItalie depuis que le centre-gauche de Renzi est arrivĂ© au pouvoir en promettant de moderniser le pays en faisant redĂ©marrer lâĂ©conomie, en rajeunissant sa classe politique et en alignant son fonctionnement aux standards dâefficience europĂ©ens. EspĂ©rons que ce mouvement, unique par sa force dâautoorganisation, dirigĂ© par une nouvelle gĂ©nĂ©ration de femmes â dans lequel nous sommes pleinement engagĂ©es â pourra se consolider et donner un nouvel Ă©lan pour la reprise des mouvements sociaux dans leur ensemble. â
féminisme
en huit tables (chacune dâenviron 200 nationale, qui sâest conclue rĂ©cemment Ă personnes, provenant de tout le pays) Bologne, a dĂ©fini la plateforme â rĂ©sultat qui se sont penchĂ©es sur les diffĂ©rents des discussions approfondies lors des aspects de la violence (hĂ©tĂ©ro)patriarcale: tables â et les modalitĂ©s de la grĂšve: choix du cadre juridico-lĂ©gal Ă la violence dâendroits symboliques pour rĂ©aliser Ă©conomique, au travail et dans le welfare; des flashmob, soutien aux travailleuses de lâĂ©ducation sexiste Ă lâĂ©cole aux medias; prĂ©caires ou soumises au chantage du de lâaccompagnement fĂ©ministe pour patron Ă travers des "actions de trouble" sortir de la violence au plan de santĂ© sex- (qui dĂ©rangent le dĂ©roulement du service uelle et reproductive; de la double ou triple ou de la production), choix dâun symbole violence que vivent les femmes immigrĂ©es unique â les couleurs noir et fuchsia et au sexisme dans les mouvements sociaux. les poupĂ©es russes â Ă exposer Ă la fenĂȘtre Cette Ă©laboration mĂšnera Ă lâĂ©criture dâun ou Ă porter pour manifester lâadhĂ©sion Ă plan fĂ©ministe antiviolence, partant dâen la grĂšve aussi de la part de celles qui ne bas, en contraste avec celui qui est en sont pas en mesure de quitter leur poste; prĂ©paration de la part du gouvernement et en plus des assemblĂ©es dans les lieux de travail et dans les Ă©coles pour bloquer qui sera prĂ©sentĂ© en juin. les cours et discuter de la violence et de Refuser les comportements lâoppression des femmes. de genre imposĂ©s Ensuite on se donnera rendez-vous Pendant ce temps, "Non Una di sur les places centrales de toutes les villes Meno" a accueilli positivement lâappel Ă la fin de lâaprĂšs-midi, oĂč on crĂ©era des "Ni Una Menos" argentin Ă une grĂšve connexions nationales et internationales internationale des femmes Ă lâoccasion entre manifestantes, pour conclure du huit mars 2017. Une journĂ©e dans dans quelques villes en soirĂ©e avec des laquelle nous proclamerons: "Si nos vies cortĂšges du type "reprenons-nous la nuit" ne valent rien, nous nous arrĂȘtons". Nous (Reclaim the Night) ou sous le slogan "les ne produisons pas, nous ne soignons pas, rues sures sont faites par les femmes qui y nous ne consommons pas, nous "faisons passent" (et pas par les "forces de lâordre"). grĂšve" en refusant les comportements de genre imposĂ©s. Autogestion, entraide et GalvanisĂ© par la manifestation Ă©ducation Ă la diffĂ©rence ocĂ©anique, dans laquelle des milliers Tout en gardant bien en main de jeunes filles â et garçons â sont lâautonomie du mouvement, "Non Una descendues dans la rue pour la premiĂšre di Meno" a lancĂ© lâinvitation et le dĂ©fi fois, le mouvement sâest encore Ă©tendu Ă tous les syndicats, majoritaires et de en sâarticulant dans des assemblĂ©es base, Ă rejoindre lâaction en proclamant par ville, qui travaillent dans lâoptique une grĂšve gĂ©nĂ©rale de 24 heures, le seul soit dâapprofondir les thĂšmes des tables moyen par lequel les employĂ©es peuvent nationales soit de prĂ©parer concrĂštement faire grĂšve lĂ©galement. Jusquâici il nây a la grĂšve des femmes du huit mars chacune que quelques syndicats de base qui ont sur son territoire. Une deuxiĂšme assemblĂ©e rĂ©pondu positivement Ă lâappel sans
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â par Martin Willems, secrĂ©taire permanent CNE "Les entreprises sont les plus importants moteurs de crĂ©ation dâactivitĂ© Ă©conomique, dâemplois et de richesse pour notre pays. Une croissance Ă©conomique durable passera donc inĂ©vitablement et prioritairement par une amĂ©lioration de la compĂ©titivitĂ© des entreprises." â Accord du gouvernement belge, 10 octobre 2014 Dans la vulgate de lâĂ©conomie dite libĂ©rale, les entreprises sont les moteurs de lâaction; les mĂ©canismes de marchĂ© les rĂ©gulent et rĂ©solvent naturellement les problĂšmes. La solution aux dĂ©fis environnementaux serait la "croissance Ă©conomique durable", qui rĂ©sultera naturellement dâun tissu dâentreprises dynamiques et compĂ©titives. Cette croyance religieuse est professĂ©e avec une foi aveugle par notre gouvernement; en tĂ©moignent son catĂ©chisme, lâaccord gouvernemental dâoctobre 2014 et sa politique constante depuis. Mais quâen est-il en rĂ©alitĂ©? LâinquiĂ©tude quant au rĂ©chauffement climatique ne date pas dâhier; nous fĂȘterons bientĂŽt les 20 ans du protocole de Kyoto. Avec lâaccord de Paris (COP 21) fin 2015, le monde entier (Trump exceptĂ©) prend enfin au sĂ©rieux ce rĂ©chauffement et sâengage Ă un effort dâenvergure en vue de le limiter Ă deux degrĂ©s, voire 1,5 degrĂ© sâil Ă©tait encore possible. [Lire "Cette âtransition Ă©cologiqueâ nâest pas la nĂŽtre!", La Gauche #80, janvier-fĂ©vrier 2017] Dans ce contexte, nous devrions maintenant constater que les acteurs Ă©conomiques prennent le problĂšme Ă bras le corps et changer drastiquement nos habitudes. Mais les entreprises, puisque dâelles devrait provenir notre salut, sontelles vraiment occupĂ©es Ă lutter avec acharnement contre le rĂ©chauffement climatique?
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Les résultats au niveau national de la lutte contre le réchauffement climatique
LâĂ©volution des Ă©missions de CO2 de la Belgique nâest pas mauvaise (-14,3% entre 1990 et 2013). Mais les observateurs sâaccordent Ă y voir surtout le rĂ©sultat de la conjoncture: cette diminution est moins lâeffet de bonnes politiques que lâeffet de la crise Ă©conomique. Par ailleurs il faut comprendre quâil sâagit lĂ des Ă©missions dites "territoriales". Soit les Ă©missions liĂ©es Ă lâactivitĂ© sur le territoire. Mais cela ne reprĂ©sente pas les Ă©missions liĂ©es Ă la consommation des habitants du territoire. En effet, ce chiffre ne reprend pas les Ă©missions causĂ©es dans dâautres pays par la production des biens et services importĂ©s. Lorsque cette correction est faite et que lâon intĂšgre les flux de marchandises, on constate que le rĂ©sultat est cette fois une augmentation des Ă©missions de 19,2% sur la mĂȘme pĂ©riode (1). La conclusion nâest pas difficile Ă tirer. Oui, les Ă©missions de CO2 de la Belgique, et plus largement de lâUE, ont diminuĂ© en comparaison avec 1990. La diminution est la plus importante dans le secteur industriel. Par contre le secteur des transports a trĂšs fortement augmentĂ©. Comment expliquer cela? La Belgique et lâUE connaissent une trĂšs importante dĂ©sindustrialisation. Les industries polluantes sont dĂ©localisĂ©es dans dâautres rĂ©gions du monde. Les marchandises produites sont ensuite importĂ©es vers nos pays. Au total, les Ă©missions de nos rĂ©gions, flux de marchandises intĂ©grĂ©, nâont jamais cessĂ© dâaugmenter. Et encore ne prend-on pas en compte les Ă©missions liĂ©es aux transports intercontinentaux, quâils soient maritimes ou par avion. Vu leur nature extraterritoriale, ils ont toujours Ă©tĂ© laissĂ©s de cĂŽtĂ© par les diffĂ©rents protocoles climatiques. Pourtant leur Ă©volution pose question; avec une quote-part dâenviron respectivement 4 et 3,5% des Ă©missions mondiales, et surtout des progressions de lâordre de 10% par an,
il sâagit dâun enjeu majeur. On retrouve donc dans ces chiffres la traduction de la mondialisation: dĂ©localisation de la production et inflation des transports. Au niveau mondial, les Ă©missions de CO2 ont augmentĂ© de 61% depuis 1990!
Les entreprises face aux mesures publiques de protection de lâenvironnement
Les pouvoirs publics, tant europĂ©ens que nationaux, ont pris diverses mesures en vue dâinciter les entreprises Ă diminuer leur consommation Ă©nergĂ©tique. Notamment le "marchĂ© europĂ©en du carbone", le systĂšme communautaire dâĂ©change de quotas dâĂ©mission. En janvier 2017, le quotidien flamand De Morgen rĂ©vĂ©lait que 40 millions dâeuros du fonds flamand pour le climat avaient Ă©tĂ© utilisĂ©s en subsides aux entreprises consommant beaucoup dâĂ©nergie, afin de compenser lâaugmentation du coĂ»t de celle-ci du fait des politiques environnementales. Le ministre rĂ©gional compĂ©tent justifiait ainsi cette politique: "Les pays voisins le font aussi. Si nous ne le faisons pas, ces entreprises pourraient quitter lâEurope et causer encore plus de tort au climat". Lâarticle prĂ©cise encore que ces entreprises ont obtenu plus de compensations que le surcoĂ»t rĂ©el, certaines jusquâĂ quatre fois plus (2). Les exemples sont nombreux de ces industries lourdes qui ont obtenu â gratuitement â des quotas dâĂ©mission de la RĂ©gion wallonne et qui, lorsque leur activitĂ© sâarrĂȘte, continuent Ă les recevoir pendant des annĂ©es. Elles les revendent ensuite sur le marchĂ©, ce qui tombe Ă point nommĂ© pour faire financer par la collectivitĂ© le coĂ»t du dĂ©mantĂšlement de leur outil ou leur passif social. Lâeffet de la politique Ă©nergĂ©tique publique est donc neutralisĂ© pour les entreprises qui, en passant, non seulement font payer la facture de la transition Ă©nergĂ©tique au citoyen (dont les impĂŽts alimentent ce "fonds climatique" et ces quotas
illustration: Little Shiva
chronique syndicale
Que font réellement les entreprises pour lutter contre le réchauffement climatique?
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Lâaction des entreprises, au niveau micro-Ă©conomique
Quâen est-il des prĂ©occupations environnementales au niveau microĂ©conomique, dans la vie quotidienne des entreprises? Les entreprises et leurs travailleurs/euses ne sont pas insensibles Ă la question. Mais quel en est le rĂ©sultat concret? Parmi les rĂ©alisations que lâon peut communĂ©ment observer, on trouve: â Les entreprises qui promeuvent les dĂ©placements "propres": remboursement des kilomĂštres parcourus en vĂ©lo, installation de parkings, de vestiaires et de douches pour les cyclistes, mise Ă disposition de vĂ©los, de vĂ©los Ă©lectriques ou de voitures Ă©lectriques et/ou de bornes de rechargement. â Les entreprises qui se soucient de lâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique de leurs bĂątiments: construction de bĂątiments Ă faible consommation Ă©nergĂ©tique voire passifs, installation de panneaux photovoltaĂŻques ou dâĂ©oliennes, etc. â De plus en plus dâentreprises ont une politique de tĂ©lĂ©travail partiel (le plus souvent il sâagit dâun travail partiel au domicile). Dans cette politique interviennent des considĂ©rations environnementales (diminution des dĂ©placements) parmi dâautres (comme la diminution des espaces de bureau en vue dâĂ©conomies). Ces efforts ne sont malheureusement pas encore gĂ©nĂ©ralisĂ©s. Quand ils existent, ils ne font pas toujours partie dâune rĂ©elle politique de moyen et long terme; ils sont parfois purement cosmĂ©tiques, voire paradoxaux comme les trĂšs visibles bornes Ă©lectriques destinĂ©es uniquement Ă recharger les gros vĂ©hicules dits "hybrides" des dirigeants, qui nâont de vert que leur vernis, tant leur bilan Ă©nergĂ©tique est dĂ©sastreux. Mais on constate rarement une rĂ©flexion sur lâensemble de lâactivitĂ© de
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lâentreprise, sur le chemin de production, sur le cycle de vie des produits. Ainsi en va-t-il de la politique de mobilitĂ©. Une entreprise fait circuler ses travailleurs qui, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, doivent se rendre chaque jour sur leur lieu de travail. La circulation automobile liĂ©e aux dĂ©placements professionnels ne fait quâaugmenter, provoque une congestion et une part significative des Ă©missions polluantes. Il y a des initiatives Ă la marge, souvent venant des travailleurs euxmĂȘmes: tĂ©lĂ©travail, covoiturage, etc. Mais je nâai jamais vu dâentreprise mettre au point une politique ambitieuse de rĂ©duction des dĂ©placements de ses travailleurs/ euses, notamment en incitant Ă la proximitĂ© du domicile, en tenant compte de ce facteur Ă lâengagement, en dĂ©plaçant ses sites dâexploitation en fonction, en favorisant significativement le covoiturage, lâutilisation du vĂ©lo et des transports en commun. Au contraire, lâeffet le plus marquant des entreprises sur la mobilitĂ© en Belgique, câest bien sĂ»r la prolifĂ©ration des vĂ©hicules de sociĂ©tĂ©, ce pour des raisons purement fiscales et parafiscales, avec pour rĂ©sultat un trĂšs fort incitant Ă lâutilisation individuelle de la voiture pour les dĂ©placements professionnels. Plus fondamentalement, la tendance de fond des entreprises Ă dĂ©localiser le travail vers des pays socialement moins exigeants ne fait que sâaccroĂźtre. Si presque tout le monde sâest rĂ©signĂ© Ă voir disparaĂźtre petit Ă petit lâindustrie lourde de notre pays, câest aussi le cas des activitĂ©s de service. TrĂšs nombreuses sont les entreprises du secteur tertiaire Ă dĂ©localiser leurs activitĂ©s comptables et financiĂšres, leurs activitĂ©s techniques (IT et ingĂ©nierie), voire leur activitĂ© de marketing et de vente. DerriĂšre lâautomatisation et la vente en ligne, il y a toujours un volet dĂ©localisation. Si les caissiĂšres de supermarchĂ© sont remplacĂ©es par des bornes automatiques, ces bornes sont gĂ©rĂ©es Ă distance en near- ou offshore. DerriĂšre un site de vente en ligne, il y a une Ă©quipe technique dĂ©localisĂ©e.
Ces dĂ©localisations de lâactivitĂ©, et mĂȘme lorsquâil ne sâagit que de gestion informatique Ă distance, ont toujours un coĂ»t environnemental significatif, en termes dâĂ©nergie et de transports, que ce soit des marchandises ou bien des travailleurs. Sâil y a une tendance au tĂ©lĂ©travail partiel, il y a aussi une multiplication des dĂ©placements longs et lointains des travailleurs/euses, suite Ă une organisation de plus en plus internationale du travail dans les grandes entreprises. Lorsquâune entreprise envisage de se restructurer, elle doit mener une concertation sociale, notamment dans le cadre de la procĂ©dure Renault (cas des licenciements collectifs). Lorsquâon objecte Ă un projet de dĂ©localisation le coĂ»t environnemental que cela induit, cet argument nâest jamais pris sĂ©rieusement en compte.
Organiser collectivement lâĂ©conomie
Quâon le veuille ou non, lâimpact environnemental des entreprises est externalisĂ© et nâest donc que marginalement pris en compte dans les dĂ©cisions de ces entreprises. Les tentatives dâinternaliser cet impact, comme le marchĂ© des quotas dâĂ©mission de CO2, sont totalement inefficaces, voire contre-productives. Il y existe bien sĂ»r quelques entreprises plus visionnaires mais qui le sont justement parce quâelles sâĂ©cartent, par choix politique, des rĂšgles communes de gestion. Croire que des mĂ©canismes de marchĂ© dĂ©coulera la prĂ©servation de notre environnement et de la vie sur terre est donc totalement illusoire. Continuer Ă le croire est criminel alors que nous sommes aujourdâhui au bord du prĂ©cipice. La solution ne peut venir que de la mise en place dâune autre organisation de lâĂ©conomie. Une organisation dans laquelle le profit individuel nâest pas considĂ©rĂ© comme la valeur suprĂȘme; une organisation dans laquelle le choix de savoir que produire, oĂč et comment, nâest pas considĂ©rĂ© comme une libertĂ© individuelle et nâest plus laissĂ© Ă lâarbitraire des plus riches, mais dĂ©cidĂ© et organisĂ© collectivement avec comme seule mesure dâefficacitĂ© le bien commun. â (1) Ozer, P. (2016) Lâimpact climatique du dĂ©veloppement. In A., Zacharie (Ed.), La nouvelle gĂ©ographie du dĂ©veloppement - CoopĂ©rer dans un monde en mutation (pp. 89-102). Bruxelles, Editions Le Bord de lâEau, Collection La Muette, http://orbi.ulg.ac.be/handle/2268/204296 (2) www.demorgen.be/wetenschap/ veertig-miljoen-uit-klimaatfonds-gaat-naarvervuilende-bedrijven-b83791ca/
bikearc.com
chronique syndicale
"gratuits"), mais en profitent pour se sucrer au passage si elles en ont lâoccasion. Lorsquâil est question de politiques environnementales publiques, le scĂ©nario est cousu dâavance: les entreprises crient au handicap de compĂ©titivitĂ©, menacent de dĂ©localiser, font du chantage Ă lâemploi et exigent des compensations. Peu de rĂ©sultat au final, si ce nâest des systĂšmes opaques et compliquĂ©s, mis en place laborieusement, qui occasionnent distorsions Ă©conomiques et dĂ©tournement dâargent public. Les tentatives dâintĂ©grer la prĂ©servation de lâenvironnement dans les mĂ©canismes de "marchĂ©" sont donc des Ă©checs patents.
https://openwall.citizenlab.co/posts/rCjbY5hFqKDYbNSKw/separation- des-mandats-prives- et-publics-publifin
LâĂ©clatement dâune bombe Ă fragmentations! â par Denis Horman Fin dĂ©cembre 2016, coup de thĂ©Ăątre! La presse rĂ©vĂšle que 24 membres du PS, MR et CDH, la plupart originaires de la province de LiĂšge, siĂ©geant dans les "comitĂ©s de secteur" de Publifin â la plus grosse intercommunale de Wallonie â touchaient, depuis juin 2013, entre 1.340 et 2.871 euros bruts par mois, pour des rĂ©unions peu frĂ©quentes et seulement consultatives! Cette situation est apparue dâautant plus choquante que plusieurs mandataires nâassistaient que trĂšs rarement aux rĂ©unions. Vu lâampleur du scandale, on nâa pas tardĂ© Ă supprimer ces "comitĂ©s de secteur", dont lâutilitĂ© fut alors perçue comme particuliĂšrement douteuse, si ce nâest pour entretenir, entre mandataires, la discrĂ©tion, le silence sur un systĂšme Ă©difiĂ©, annĂ©e aprĂšs annĂ©e, Ă©tape
par Ă©tape, avec la complicitĂ© des instances politiques, socialistes dâabord, mais aussi social-chrĂ©tiennes et libĂ©rales. DerriĂšre les "lampistes", câest bien tout un systĂšme Ă©litiste, gangrenĂ© par le pouvoir et lâargent, qui allait ĂȘtre poussĂ© sur la place publique. Lâintercommunale Publifin (exTecteo) est nĂ©e du regroupement de plusieurs entitĂ©s liĂ©geoises actives dans la distribution de lâĂ©nergie (Ă©lectricitĂ©, gaz). Elle est aujourdâhui une structure hybride, Ă mi-chemin entre le public et le privĂ©. Câest un vĂ©ritable holding, structure faĂźtiĂšre dâune sĂ©rie de filiales (une septantaine de sociĂ©tĂ©s), dĂ©lĂ©guant ses activitĂ©s opĂ©rationnelles Ă sa filiale Nethys, sociĂ©tĂ© anonyme de droit privĂ©. Les actionnaires de PublifinNethys sont 76 communes, la Province de LiĂšge et la RĂ©gion wallonne (1). Lâintercommunale Publifin a donc organisĂ© de fait la privatisation dâun bien public, avec la bĂ©nĂ©diction du parlement wallon. Celui-
Belgique
Publifin-Nethys:
ci avait, lors de la lĂ©gislature prĂ©cĂ©dente (PS-CDH-Ecolo), votĂ© deux dĂ©crets permettant que les distributeurs de gaz et Ă©lectricitĂ© soient des sociĂ©tĂ©s de droit privĂ©. Sous lâimpulsion de son patron, son administrateur-dĂ©lĂ©guĂ© StĂ©phane Moreau (PS, bourgmestre dĂ©missionnaire de la commune dâAns), Nethys, privatisĂ©e en 2012-2013, est devenue un puissant groupe Ă©conomique, avec des soutiens politiques, les fĂ©dĂ©rations provinciales socialiste, libĂ©rale et humaniste. Lâensemble du groupe Publifin-Nethys a rĂ©alisĂ©, en 2016, un chiffre dâaffaire estimĂ© Ă plus dâun milliard dâeuros pour un bĂ©nĂ©fice net de 70 millions dâeuros. Il occupe un total de 3.000 emplois directs et un millier dâindirects (2). Comme le rĂ©sume le quotidien financier lâEcho: "Bienvenue dans ce que certains appellent le "systĂšme Moreau", fait de cache-cache juridique, de mĂ©lange
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privĂ©es dans le but de payer moins dâimpĂŽts ou de les Ă©lucider. Quelle incohĂ©rence chez certains parlementaires socialistes dâagir de la sorte" (5). Il aurait pu ajouter â ce quâil sâest bien gardĂ© de faire â quâĂ la tĂȘte de PublifinNethys il y avait trois hommes, AndrĂ© Gilles (PS), Dominique Drion (CDH) mais aussi Georges Pire (MR). Tous trois cumulant les mandats publics et privĂ©s dans plusieurs conseils dâadministration du groupe Publifin-Nethys et percevant, pour lâensemble de leurs mandats respectifs, des dizaines de milliers dâeuros bruts, chaque annĂ©e: 365.600 pour AndrĂ© Gilles, 150.900 pour Dominique Drion et 309.000 pour Georges Pire (6).
Le pouvoir, les comportements oligarchiques, la loi du silence, lâargentâŠ.
Le sĂ©isme provoquĂ© par la nĂ©buleuse Publifin-Nethys nâest pas circonscrit Ă la province de LiĂšge. Pas une semaine ne passe sans que lâon apprenne que des Ă©lus, ayant des fonctions Ă diffĂ©rents niveaux des institutions, accumulent mĂȘme parfois des dizaines de mandats dans des organismes publics ou privĂ©s et usent de leur pouvoir politique pour sâen mettre plein les poches. Certes, tout cela dans la lĂ©galitĂ©: les Ă©lus belges, comme dans la plupart des pays, ont le droit dâexercer de front une autre profession ou dâĂȘtre rĂ©tribuĂ©s comme membres de conseils dâadministration
dâentreprises privĂ©es. Mais cela peut mener Ă de graves soupçons de conflits dâintĂ©rĂȘts. Et surtout provoquer une vague dâindignation, alors que la moitiĂ© des salariĂ©.e.s belges gagnent moins que le salaire mĂ©dian (1.950 euros nets). Lâaffaire fit grand bruit, Ă©galement en Flandres, en fĂ©vrier: Siegfried Bracke, le PrĂ©sident de la Chambre, lâhomme politique le mieux payĂ© du pays (16.900 euros nets par mois), exerçait en mĂȘme temps un mandat non dĂ©clarĂ© et bien rĂ©munĂ©rĂ© dans lâentreprise privĂ©e Telenet. Depuis, il a dĂ» dĂ©missionner de ce mandat. Lâindignation est encore plus grande dans une partie de la population, sensible aux "valeurs socialistes", quand des Ă©lus du monde socialiste sâadonnent, sans Ă©tat dâĂąme, aux mĂȘmes pratiques et, qui plus est (cela se passe aussi dans les autres partis), osent tenir des discours lĂ©nifiants sur "lâĂ©thique en politique". Il en va ainsi quand ces citoyen.ne.s apprennent que StĂ©phane Moreau, CEO de Nethys, touche un salaire brut par an (salaire fixe et partie variable), estimĂ© Ă 960.000 euros; quand la presse rĂ©vĂšle que quatre des cinq membres de la commission de vigilance de la fĂ©dĂ©ration liĂ©geoise du PS Ă©taient financiĂšrement liĂ©s au groupe Publifin. Depuis, ils ont Ă©tĂ© pressĂ©s de dĂ©missionner... des dĂ©missions en cascade ici ou lĂ . Câest quâil faut se redonner une belle apparence pour les prochaines Ă©lections!
photo: L'Avenir
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des genres entre politique et Ă©conomie, dâopacitĂ© et de filiales Ă tiroirs, dâun brin dâintimidation et dâune politique de rĂ©munĂ©ration gĂ©nĂ©reuse, nâincitant pas ceux qui en bĂ©nĂ©ficient Ă se poser trop de questions" (3). Ainsi, en 2014 et 2015, Newin, une des filiales de Publifin-Nethys dans lâintĂ©gration des services informatiques, aurait versĂ© au total 4,4 millions dâeuros de tantiĂšmes Ă ses douze administrateurs, parmi lesquels huit politiques (six mandats PS, un MR et un CDH). Si la somme a Ă©tĂ© partagĂ©e Ă©quitablement entre les douze, chacun aurait reçu 190.000 euros au titre de 2014 et 170.000 euros lâannĂ©e suivante. Pour les deux annĂ©es en question, Nethys (Publifin), lâactionnaire unique de Newin se serait donc volontairement privĂ© de 90% des bĂ©nĂ©fices de sa filiale (4). Câest autant que lâintercommunale Publifin (avec ses 76 communes) nâa pas reçu pour assurer ce que devrait ĂȘtre sa mission de service public dâintĂ©rĂȘt communal. Le dĂ©putĂ© europĂ©en Louis Michel (MR) y a Ă©tĂ© de son petit refrain perfide: "Publifin, câest de lâargent public, gĂ©rĂ© par un mĂ©canisme dâĂ©conomie privĂ©e, sans que les porteurs de ce genre dâactivitĂ©s nâaient le moindre compte Ă rendre. Ce sont les gens qui crient haro sur le libĂ©ralisme et le capitalisme qui ont mis en place des structures opaques et nĂ©buleuses. Et ce sont les mĂȘmes qui crĂ©ent des sociĂ©tĂ©s
Stéphane Moreau, administrateur délégué de Nethys
Chaque parti et instance politique y va subitement de ses propositions pour la suppression ou du moins la limitation du cumul des mandats, pour la transparence et la publication des rémunérations, des patrimoines, de la liste complÚte des mandats publics et privés, etc.
https://openwall.citizenlab.co/posts/rCjbY5hFqKDYbNSKw/separation- des-mandats-prives- et-publics-publifin
La politique: une carriĂšre ou un engagement?
"Je ne suis pas sĂ»r que certaines pistes lancĂ©es aujourdâhui soient les plus indiquĂ©es", signale Louis Michel. "Limiter le parlementaire Ă un mandat rĂ©munĂ©rĂ© 4.800 euros nets par mois? Vous obtiendrez un Parlement coupĂ© de la rĂ©alitĂ©, peuplĂ© de fonctionnaires et dâenseignants, mais dĂ©sertĂ© par le monde de lâentreprise et les avocats" (7). Quel mĂ©pris pour les fonctionnaires, les enseignantsâŠ! En fait, pour ce parlementaire, il faut laisser le job aux professionnels de la politique, "ceux qui ont le talent, lâintelligence et la formation pour accomplir un job oĂč ils pourront tout simplement gagner davantage". Regardez moi, voudrait nous dire ce cher Louis, comme tout eurodĂ©putĂ©, je gagne 6.600 euros nets par mois, hors indemnitĂ©s de toutes sortes et jetons de prĂ©sence aux rĂ©unions⊠Tout cela, parce que je le vaux bien! Quoi dâĂ©tonnant si la rĂ©ponse dâune enseignante Ă ces propos du tĂ©nor libĂ©ral a fait un carton, avec plus de 25.000 partages en 24 heures. Une carte blanche qui rappelait Ă tous les Ă©lus que "la politique nâest pas un jeu dont le but est de sâen mettre plein les poches et dont les rĂšgles sont Ă©dictĂ©es par ceux-lĂ mĂȘmes qui en profitent". La politique nâest pas une carriĂšre professionnelle: "Câest un engagement Ă organiser la sociĂ©tĂ© au service de la population". Il y en a qui en font une carriĂšre dans les parlements de 15, 20 ans et plus, alors quâune tournante, avec deux lĂ©gislatures maximum, le non cumul des mandats et une rĂ©munĂ©ration ne dĂ©passant pas, par exemple, celle dâun travailleur qualifiĂ©, comblerait dĂ©jĂ fortement le fossĂ© entre des Ă©lus dĂ©connectĂ©s de la rĂ©alitĂ© et la prĂ©caritĂ© de larges couches de la population.
Lâaffaire Publifin-Nethys montre de maniĂšre saisissante et Ă©cĆurante comment ceux qui sont chargĂ©s dâadministrer le bien public le vampirisent au profit de leur intĂ©rĂȘt personnel. Comment ils se transforment en capitalistes, profitant de leur pouvoir politique pour siphonner les sociĂ©tĂ©s quâils sont sensĂ©s administrer pour le bien des citoyens. Ils jettent ainsi, encore un peu plus, le discrĂ©dit sur un secteur public dĂ©jĂ trop souvent perçu comme inefficace, gaspilleur, bureaucratique et dĂ©jĂ tellement malmenĂ©, dĂ©mantelĂ©, ouvert Ă la concurrence, Ă la privatisation, depuis plusieurs annĂ©es. Avec, il faut bien le dire, la caution des instances politiques, non seulement "libĂ©rales", "humanistes", mais aussi "socialistes", voire mĂȘme "Ă©cologistes". Alors, va-t-on continuer Ă le dĂ©rĂ©guler, le dĂ©manteler, le privatiser, au nom de la lutte contre les "pourris"? Ou alors va-t-on lutter pour que le bien public devienne ou redevienne un bien commun, sous le contrĂŽle effectif des communautĂ©s locales?
Pour une démocratie active!
Nous avons besoin dâun contrĂŽle dĂ©mocratique direct! Ainsi pourrait-il en ĂȘtre de conseils dâadministration Ă©lus oĂč siĂšgent des conseillers communaux, des reprĂ©sentant.e.s dâorganisations de consommateurs, des syndicats, des organisations sociales et de citoyen.ne.s directement Ă©lus. Il nous appartient, mouvements de gauche â politique, syndical, social, dĂ©mocratique⊠â de dĂ©battre et dâavancer, ensemble, une sĂ©rie de propositions, de revendications concrĂštes pour imposer, Ă la base, un contrĂŽle actif et effectif sur la gestion du bien public. Des expĂ©riences de dĂ©mocratie participative, comme celle de lâinstauration, il y a plusieurs annĂ©es, dâun budget participatif au niveau communal Ă Porto Alegre au BrĂ©sil â et bien dâautres â devraient stimuler notre rĂ©flexion commune. â
Quâest-ce quâune intercommunale?
Belgique
Que fait-on du secteur public?
C
âest une association de plusieurs communes, au moins deux, qui doit servir Ă gĂ©rer une matiĂšre dâintĂ©rĂȘt communal. Ainsi retrouve-t-on des intercommunales dans la gestion du gaz, de lâĂ©lectricitĂ©, de la distribution de lâeau, dans la gestion des dĂ©chets, dans le secteur des soins de santĂ©, etc. Des services qui, lorsquâon les regroupe, permettent aux communes de rĂ©aliser des Ă©conomies dâĂ©chelle parfois trĂšs importantes. Selon les chiffres du Crisp (2015), il y a en Belgique quelque 323 intercommunales (au moins 106 en Wallonie), affichant un chiffre dâaffaires dĂ©passant les 10 milliards dâeuros et occupant plus de 38.000 emplois. Les intercommunales sont (devraient ĂȘtre!) par dĂ©finition des structures entiĂšrement publiques, dont le capital est dĂ©tenu par les communes, les provinces ou encore, pour les intercommunales interrĂ©gionales, sous la tutelle dâun gouvernement rĂ©gional. Leurs activitĂ©s de service public doivent (devraient!) contribuer au bien-ĂȘtre de la population et les bĂ©nĂ©fices ristournĂ©s aux actionnaires que sont les diffĂ©rentes instances politiques doivent (devraient!) contribuer Ă une amĂ©lioration continue des services rendus Ă la population. Aujourdâhui, ce nâest quâune minoritĂ© dâintercommunales qui fonctionne avec des structures entiĂšrement publiques. La majoritĂ© a un statut hybride, avec une multitude de filiales, de sociĂ©tĂ©s anonymes Ă©chappant Ă tout contrĂŽle. Publifin en est un bel exemple. â
1. Le conseil provincial â avec la majoritĂ© actuelle PS-MR â (61,1%); 76 communes â quasiment toutes dans la province de LiĂšge â (38,4%) et la RĂ©gion wallonne (0,4%) 2. LâEcho, 21/01/2017 3. Ibid. 4. Ibid. 5. Le Vif, 03/02/2017 6. Le Soir, 02/02/2017 7. Le Vif, 03/02/2017
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â par Guy Van Sinoy, Inspecteur dâadministration fiscale retraitĂ© "Quâest-ce quâon fait avec le montant de la TVA? On partage en deux?" A peine la question posĂ©e au garçon de restaurant que celui-ci fait un rapide aller-retour vers la caisse et mâapporte la souche TVA. Comme câest le cas dans pas mal de restaurants, la souche TVA nâest pas remise spontanĂ©ment au client au moment oĂč arrive lâaddition. Câest pourtant une obligation lĂ©gale. Dans les quartiers oĂč abondent les touristes, tels celui de la Grand Place de Bruxelles, il mâest arrivĂ© de devoir attendre un bon quart dâheure avant que le patron ne retrouve derriĂšre le comptoir son carnet de souches TVA quâil nâutilisait jamais! Par ailleurs, toutes les marchandises achetĂ©es par un restaurant pour prĂ©parer et servir des repas (aliments, boissons, serviettes de table en papier, accessoires, etc.) doivent faire lâobjet dâun bon de livraison et dâune facture dĂ©livrĂ©s par le fournisseur. Cela permet notamment lors dâun contrĂŽle fiscal dâavoir une premiĂšre estimation du
chiffre dâaffaires sur base des achats et du rendement moyen dans le secteur. Il est donc tentant, pour un patron de lâHoreca [Hotels, restaurants, cafĂ©s], dâeffectuer une partie de ses achats sans facture et ainsi de ne pas dĂ©clarer toutes ses recettes.
A quoi sert une souche TVA?
Les souches TVA dĂ©livrĂ©es par un restaurateur permettent de contrĂŽler ses recettes. Elles servent dâautre part Ă justifier les dĂ©ductions fiscales de certains contribuables (indĂ©pendants, professions libĂ©rales, sociĂ©tĂ©s) qui ont la possibilitĂ© de dĂ©duire des "frais de reprĂ©sentation" (notamment des repas pris au restaurant avec de prĂ©sumĂ©s clients en vue de conclure des affaires). Dans la mesure oĂč ces frais de reprĂ©sentation sont fiscalement dĂ©ductibles, inutile de vous dire que les intĂ©ressĂ©s nâoublient pas de rĂ©clamer la souche TVA qui leur permettra une Ă©conomie dâimpĂŽt! Mais alors quâen est-il du client ordinaire qui ne peut pas dĂ©duire des frais de restaurant? Sâil paie par carte bancaire, le restaurateur Ă©mettra une souche TVA
(car il existe alors une preuve bancaire de recette) sans toutefois la remettre au client sâil ne la rĂ©clame pas. Cette souche TVA Ă©mise mais non remise au consommateur servira Ă gonfler fictivement des frais de restaurant dâautres clients qui ont la possibilitĂ© de les dĂ©duire. Il est frĂ©quent que des comptables proposent Ă leurs clients de gonfler leurs frais professionnels en mettant Ă leur disposition des souches TVA Ă©mises par des restaurateurs mais non remises aux convives. Et si le particulier paie en liquide, il est fort probable que la souche TVA ne sera pas Ă©mise du tout. Dans ce cas, le restaurateur gagne sur les deux tableaux: il encaisse la TVA payĂ©e par le consommateur tout en ne la reversant pas Ă lâadministration de la TVA et il encaisse une recette "en noir" qui ne sera pas comptabilisĂ©e dans son chiffre dâaffaires. Et le montant des recettes "en noir" peut rapidement grimper quand on sait, par exemple, quâune bouteille de vin se paie dans un restaurant 3 Ă 4 fois son prix dans le commerce de dĂ©tail!
Fraude fiscale et fraude sociale
Quand un commerçant encaisse de lâargent "en noir", cet argent nâapparaĂźtra jamais dans sa comptabilitĂ©. Cet argent noir servira Ă payer "en noir". A payer quoi? Dâune part des marchandises. Certains petits Ă©tablissements de lâHoreca achĂštent ainsi dans certaines grandes surface oĂč lâon voit parfois des "particuliers" pousser des mĂ©ga chariots remplis Ă ras bord dâun mĂȘme aliment (chips, riz, huile, pĂątes). A ce stade, cela reste de la fraude Ă petite Ă©chelle. Les grands Ă©tablissements de lâHoreca ne vont pas, eux, se fournir au petit magasin du coin. Il est arrivĂ© dans le passĂ© que certains fournisseurs de produits plus onĂ©reux (vins, alcools, viande, poisson, etc.) aient mis sur pied une ingĂ©nierie comptable permettant de livrer sans facture Ă grande Ă©chelle. Par exemple, en gonflant les bons de livraison de viande livrĂ©e aux collectivitĂ©s (cantines scolaires, maisons de repos) et en fournissant en noir une partie de la marchandise au secteur Horeca.
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legabox.be/2014/07/05/la-souche -tva-va- disparaitre
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Fraude fiscale et sociale dans lâHoreca
A consommer sur place ou Ă emporter?
Q
Baisse du taux de TVA et flexi-jobs
De tous temps, les responsables du secteur Horeca se sont lamentĂ©s, prĂ©tendant ĂȘtre victimes dâune "fiscalitĂ© excessive". En 2004, ils ont Ă©tĂ© entendus pas le ministre des Finances de lâĂ©poque, Didier Reynders, car le taux de TVA des boissons non alcoolisĂ©es servies dans lâHoreca est passĂ© de 21% Ă 6%. Vous avez vu le prix de votre cafĂ© ou de votre Coca baisser, vous? Moi pas! En 2010, rebelote, le taux de TVA pour les repas servis dans les restaurants est passĂ© de 21% Ă 12%. A lâĂ©poque, Reynders faisait mĂȘme miroiter un Ă©ventuel passage du taux Ă 6% pour les repas servis dans les restaurants. Le gouvernement Michel est allĂ© plus loin en crĂ©ant, depuis le 1er dĂ©cembre 2015, le statut de flexi-jobs pour les travailleurs du secteur Horeca. Celles et ceux qui travaillent 4/5e temps dans une entreprise de ce secteur peuvent ĂȘtre engagĂ©.e.s dans le cadre dâun flexi-job (payĂ© 9,50⏠lâheure!) dans une autre entreprise du mĂȘme secteur. Il nây a pas de cotisations sociales Ă charge de lâemployeur pour ce genre de contrat: seulement une cotisation spĂ©ciale libĂ©ratoire de 25% du flexi-salaire (donc 25% de 9,50⏠lâheure = 2,38⏠lâheure!) et ce flexi-salaire nâest pas soumis Ă lâimpĂŽt des personnes physiques. En clair, il sâagit de lĂ©galiser le travail au noir. Comme il nây a pas de cotisations sociales cela ne compte pas pour la pension, pour les congĂ©s payĂ©s, pour le pĂ©cule de vacances et pour le calcul des indemnitĂ©s de chĂŽmage ou de maladie.
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Lâusage le plus rĂ©pandu dans lâHoreca est cependant le paiement dâune partie du personnel "en noir": soit totalement (emploi de travailleurs sans papiers sous-payĂ©s), soit partiellement (heures supplĂ©mentaires payĂ©es mais non dĂ©clarĂ©es). La fraude fiscale (Ă la TVA, aux impĂŽts directs) dĂ©bouche inĂ©vitablement sur la fraude sociale (fraude Ă la SĂ©curitĂ© sociale, au prĂ©compte professionnel des salariĂ©s). Ces pratiques de fraudes Ă grande Ă©chelle constituent un flĂ©au pour tout le personnel du secteur Horeca, y compris pour le personnel des entreprises en rĂšgle sur le plan fiscal et social et qui sont soumises Ă une concurrence dĂ©loyale. Il faut casser cette fraude si lâon veut sortir les travailleuses et travailleurs de lâHoreca de la prĂ©caritĂ©. Les organisations syndicales du secteur Horeca connaissent dâailleurs les moutons noirs du secteur.
Par contre cette cotisation libĂ©ratoire de 25% est dĂ©ductible fiscalement pour lâemployeur! Cela ouvre la voie Ă tous les abus car comment sâassurer que les travailleurs concernĂ©s travaillent bien Ă 4/5e temps dans un secteur oĂč le travail au noir est un sport national? A ce jour, il existe plus de 20.000 contrats de flexi-jobs dans lâHoreca⊠Notez bien quâune fois lancĂ©, pourquoi sâarrĂȘter en si bon chemin? Le 6 fĂ©vrier dernier, Philippe De Backer, SecrĂ©taire dâĂtat (Open VLD) Ă la Lutte contre la Fraude fiscale (sans rire!) vient de proposer que le systĂšme des flexi-jobs soit Ă©tendu aux pensionnĂ©s car "les pensions ne sont pas Ă©levĂ©es". Dâun cĂŽtĂ© on restreint les pensions en allongeant la durĂ©e de la carriĂšre et en neutralisant les pĂ©riodes assimilĂ©es, et de lâautre on voudrait Ă©tendre les flexijobs aux pensionnĂ©s. Câest Ă vomir!
De la Black Box Ă la Blague Box
Le cadeau des flexi-jobs accordĂ© par le gouvernement Michel aux patrons de lâHoreca Ă©tait censĂ© "compenser" lâentrĂ©e en vigueur Ă partir de 2016 dâune Black Box [boĂźte noire] reliĂ©e par cĂąble Ă chaque caisse enregistreuse et censĂ©e comptabiliser pour le compte de lâadministration fiscale toutes les recettes des restaurants ayant une recette annuelle de plus de 25.000⏠(donc quasiment tous les restaurants). Outre le fait quâil est inouĂŻ dâaccorder une "compensation" aux entreprises qui dĂ©clarent la rĂ©alitĂ© (câest-Ă -dire qui ne fraudent pas), il sâavĂšre que cette fameuse
uand vous passez commande au McDo ou au Quick, on vous demande: "Pour emporter ou pour consommer sur place?" Ce nâest pas seulement pour savoir sâil faut prĂ©parer un plateau ou un sachet pour emballer la boustifaille. Câest dâabord pour connaĂźtre le taux de TVA Ă appliquer. EmportĂ© câest 6%, consommĂ© sur place câest 12%. Mais le prix est le mĂȘme, me direz-vous! Et oui, si câest pour emporter, McDo ou Quick mettent un peu plus de sousous dans leur popoche! â â GVS
Black Box tourne Ă la blague. DĂ©but 2017, il sâavĂšre que la plupart de ces boĂźtes ne sont tout simplement pas connectĂ©es, quâil est impossible pour lâadministration fiscale de contrĂŽler Ă distance si elles le sont et que le nombre de contrĂŽleurs fiscaux en charge de ce secteur est insuffisant pour contrĂŽler sur place les 25.000 restaurants du pays⊠Alors que faire? Il ne faut pas compter sur ce gouvernement de droite, qui a mis sur les rails les flexi-jobs, pour lutter efficacement contre la fraude fiscale et sociale dans lâHoreca. Les outils pour endiguer une telle fraude ne manquent cependant pas. Il suffirait, par exemple, de permettre Ă chaque client dâun restaurant de pouvoir Ă©changer sa souche TVA contre un billet de Win for Life auprĂšs de la Loterie nationale pour voir affluer vers celle-ci un dĂ©luge de souches TVA (et un dĂ©luge de rentrĂ©es fiscales dans les caisses de lâĂtat). Mais chacun peut, avec ses moyens, lutter contre la fraude fiscale et sociale dans le secteur de lâHoreca. Chaque fois que vous vous rendez dans un restaurant, exigez une souche TVA et de prĂ©fĂ©rence payez par carte (les Ă©tablissements qui refusent les cartes sont Ă priori suspects de fraude). Il ne sâagit pas seulement de justice fiscale, il sâagit surtout de sâopposer aux pratiques mafieuses qui plongent les travailleurs de ce secteur dans une prĂ©caritĂ© sans fond. â la gauche #81 mars-avril 2017
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70.000 Ă Clabecq â par Guy Van Sinoy Le dimanche 2 fĂ©vrier 1997, Ă lâappel de la dĂ©lĂ©gation syndicale des Forges de Clabecq, 70.000 personnes manifestent pour lâemploi dans les rues de la localitĂ©. Câest la premiĂšre fois (et la seule Ă ce jour) quâune dĂ©lĂ©gation dâusine mobilise autant de manifestant.e.s. Ce jour-lĂ , le JT de 13 heures de la RTBF sâest mĂȘme fait en direct depuis la cour de lâusine. Mais revenons dâabord quelques annĂ©es en arriĂšre pour comprendre les raisons de cette mobilisation impĂ©tueuse.
La lutte contre les brimades patronales
Dans les annĂ©es 50, la dictature patronale rĂ©gnait aux Forges de Clabecq. Pour un oui ou pour un non, un ouvrier Ă©tait sanctionnĂ©. La plupart des dĂ©lĂ©guĂ©s FGTB de lâaprĂšs-guerre Ă©taient devenus contremaĂźtres et des centaines dâaffiliĂ©s, dĂ©goĂ»tĂ©s, avaient brĂ»lĂ© leur carnet syndical dans la cour de lâusine. La situation a changĂ© Ă lâautomne 1962: Ă la suite dâune diminution de prime et de la mise Ă pied dâun ouvrier lamineur, tous les ouvriers sont partis en grĂšve en rĂ©clamant la levĂ©e des sanctions et une prime de fin dâannĂ©e de 200 heures de salaire. AprĂšs 26 jours de grĂšve, les ouvriers ont obtenu satisfaction.
Le renforcement de la force syndicale ne sâest cependant pas opĂ©rĂ© de façon linĂ©aire. En 1970 deux dĂ©lĂ©guĂ©s FGTB, Alphonse Sabbe et Ămile Desantoine ont Ă©tĂ© licenciĂ©s â ainsi quâune vingtaine dâouvriers combatifs (dont pas mal de travailleurs immigrĂ©s) â pour "fait de grĂšve". Cette dĂ©faite, qui illustre la fĂ©rocitĂ© de la rĂ©pression patronale, va marquer la nouvelle gĂ©nĂ©ration de militants syndicaux qui Ă©mergera au cours des annĂ©es 70 et 80, Ă lâĂ©poque oĂč la crise de la sidĂ©rurgie Ă©clate. Giovanni Capelli, le premier ouvrier italien Ă©lu dĂ©lĂ©guĂ© FGTB rappelait: "Dans les annĂ©es 70, le travail lourd et insalubre Ă©tait gĂ©nĂ©ralement rĂ©servĂ© aux immigrĂ©s. Il y avait beaucoup de racisme. Comme je connaissais le français, beaucoup me demandaient de les aider pour les papiers. Jâai passĂ© des jours et des nuits Ă discuter pour casser lâautoritarisme des cadres et des petits chefs."
La lutte contre les pertes dâemplois
Au dĂ©but des annĂ©es 70 des dizaines de milliers dâouvriers travaillaient en sidĂ©rurgie en Belgique. Ces effectifs vont fondre comme neige au soleil au fil des plans de restructurations et des fusions. Les appareils syndicaux mĂ©tallos FGTB, puissants
Francine Dekoninck Ă la manif en Wallonie, vont se livrer Ă une "guerre des bassins" mortelle entre LiĂšge (Gillon) et Charleroi (Staquet) pour tenter de se sauver en laissant couler les autres. Dans cette rivalitĂ© entre bureaucrates, les usines de taille moyenne (Clabecq, BoĂ«l) ne pesaient pas lourd. En 1982, la manifestation nationale des sidĂ©rurgistes Ă Bruxelles donna lieu Ă des affrontements spectaculaires (300 blessĂ©s dont 200 gendarmes). Les travailleurs des Forges vont se battre pied Ă pied contre les licenciements et lutter pour arracher Ă chaque fois un plan social lors de la fermeture de certains outils: le train Ă fil (1975), lâusine Ă oxygĂšne (1980), la fonderie (1984), les Cokeries de Vilvorde (1986). Le nombre de travailleurs est passĂ© de 5.750 en 1973 Ă 4.475 en 1979.
Un noyau combatif de militants FGTB Ă©merge
Dans ce contexte de lutte Ă reculons, un noyau syndical FGTB combatif va se cristalliser. Au dĂ©but des annĂ©es 80, alors que la direction de Clabecq licencie un Ă un plusieurs dizaines dâouvriers pour "absentĂ©isme", la tension monte au sein de la dĂ©lĂ©gation FGTB sur la riposte Ă mener. Quelques militants dĂ©cidĂ©s Ă mener un syndicalisme plus combatif forment un petit noyau oppositionnel qui va grandir au fil des ans pour bientĂŽt regrouper plusieurs dizaines de militants. Aux Ă©lections sociales de 1987, le comitĂ© Agir autrement Ă©labore un programme de syndicalisme de combat grĂące auquel la FGTB remporte les Ă©lections sociales. En 1989, une grĂšve permet dâarracher lâembauche de 150 temporaires, la garantie salariale pour les ouvriers reclassĂ©s, lâaugmentation des primes dâĂ©quipe, une augmentation du salaire horaire.
La lutte contre le plan Dessy
En septembre1992, Dessy, patron des Forges, annonce un nouveau plan de restructuration: 300 pertes dâemplois dans lâimmĂ©diat, une baisse de salaire de 10% pendant un an, la suppression de la prime de fin dâannĂ©e pendant trois ans et Ă terme la fermeture de la phase liquide (aciĂ©rie, haut-fourneau, coulĂ©e
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photos fournies par Guy Van Sinoy
histoire rebelle
Il y a 20 ans:
La lutte contre la fermeture
En 1996, les actionnaires privés, (Dessy) se retirent des Forges et la Région wallonne prend le relais. La fermeture
Le plus beau jour de ma vie prochaine sâannonce dâautant plus que la Commission europĂ©enne, reprĂ©sentĂ©e par Karel Van Miert (spa), sâoppose Ă la recapitalisation des Forges par la RĂ©gion wallonne sous le prĂ©texte de "ne pas fausser la concurrence". Quand la dĂ©lĂ©gation FGTB sâadresse Ă la Centrale des MĂ©tallos FGTB pour demander son aide, celle-ci rĂ©pond: "Tout ce quâon peut faire câest vous payer 1 jour de grĂšve!" La dĂ©lĂ©gation des Forges sait quâelle ne peut pas compter sur le soutien de lâappareil syndical. Câest pourquoi, depuis des annĂ©es, elle a tissĂ© des liens avec tous les secteurs qui luttent (Cockerill, Sidmar, VW, Caterpillar, les enseignants, les Ă©tudiants, etc.). A chaque manifestation, il y avait une importante dĂ©lĂ©gation des Forges et une banderole. Cette solidaritĂ© patiemment tissĂ©e au fil des ans portera ses fruits Ă la Marche multicolore du 2 fĂ©vrier 1997. Le 20 dĂ©cembre 1996, alors que la faillite sâannonce, les travailleurs apprennent en assemblĂ©e que la RĂ©gion wallonne a signĂ© un protocole permettant aux banques dâĂȘtre les crĂ©anciers prioritaires. La manifestation qui suit lâassemblĂ©e descend sur Tubize et saccage tous les siĂšges bancaires. La faillite est prononcĂ©e le 3 janvier 1997 et le 13 janvier chaque travailleur reçoit son C4. Ils nâauront dĂ©sormais plus besoin de lâindemnitĂ© de grĂšve de leur centrale pour continuer la lutte. Comme les curateurs proposent de supprimer tout de suite 500 emplois et de supprimer tous les acquis sociaux, la tension monte entre les ouvriers et les curateurs. Lâusine est de fait occupĂ©e par les ouvriers qui empĂȘchent la sortie des produits finis. Les assemblĂ©es de mobilisation se succĂšdent en prĂ©paration de la Marche du 2 fĂ©vrier annoncĂ©e dĂšs 1996. AprĂšs chaque assemblĂ©e, des dizaines dâautocars emmĂšnent les ouvriers aux quatre coins du pays pour y diffuser des centaines de milliers de tracts. Michel Nollet, PrĂ©sident de la FGTB, tentera de freiner la mobilisation, en vain. Et lorsquâil prendra conscience que la marche du 2 fĂ©vrier est un succĂšs considĂ©rable, il proposera Ă la dĂ©lĂ©gation des Forges de prendre la parole au meeting final pour remercier les manifestants de venir si nombreux. "Cela on peut le faire nous-mĂȘmes!", ont rĂ©pondu les dĂ©lĂ©guĂ©s de Clabecq. â
C
e matin du 28 mars 1997, je suis Ă lâassemblĂ©e des travailleurs de Clabecq, dans la vieille usine. Lâambiance est tendue car beaucoup dâouvriers ont cru quâaprĂšs la marche multicolore des 70.000, la situation serait dĂ©bloquĂ©e pour sauver lâemploi. Le sentiment gĂ©nĂ©ral est quâil faut passer Ă lâaction. La dĂ©lĂ©gation a pris contact avec le cabinet du ministre de lâIntĂ©rieur Vande Lannote pour informer quâon allait occuper symboliquement lâautoroute Ă Wauthier-Braine. Nous parcourons Ă pied les 6 km jusquâĂ la bretelle dâautoroute. En chemin, on apprend que Vande Lanotte a donnĂ© un accord verbal. Quand nous arrivons au pied de la bretelle, les gendarmes sortent des bois et nous attaquent. Les autopompes entrent en action. Les gendarmes pensaient sans doute que les travailleurs Ă©taient venus les mains vides. Ce nâest pas le cas: quelques camions transportent du sable, des bĂątons et quelques outils. Deux bulldozers tractopelles montĂ©s sur pneus accompagnent la manifestation. Ils sâinterÂposent Ă lâavant et neutralisent les canons Ă eau sous haute pression des autopompes. Les pierres volent, les bĂątons aussi, les gendarmes reculent, certains en pleine dĂ©bandade. Quelques camions de gendarmerie sont renversĂ©s Ă coups de tractopelles. Cela dure une dizaine de minutes mais câest du costaud. Nous nâavons pas pu finalement occuper lâautoroute, mais nous rentrons fiers de nous Ă lâusine. Comme dans AstĂ©rix, oĂč les Gaulois dĂ©rouillent les lĂ©gions romaines, des ouvriers exhibent leurs trophĂ©es sur le chemin du retour: matraques, boucliers, casques arrachĂ©s aux gendarmes. Sur le chemin du retour, des habitants nous apportent du cafĂ©, les enfants dâune Ă©cole sont sortis pour nous applaudir: leur pĂšre ou un oncle travaillent peut-ĂȘtre aux Forges. ArrivĂ©s Ă lâusine, chacun fait sĂ©cher son pull sur des fils tendus devant un feu de palettes. Je suis fourbue car jâai marchĂ© plus de 10 km, mais câest le plus beau jour de ma vie. Celui oĂč les ouvriers de Clabecq ont flanquĂ© une raclĂ©e aux gendarmes. A lâinstant mĂȘme, personne ne sait encore que les images de cette bataille homĂ©rique vont faire le tour du monde sur toutes les chaĂźnes tĂ©lĂ©âŠâ â Francine Dekoninck
histoire rebelle
continue) ce qui ramĂšnerait lâemploi de 2.100 Ă 900. Les travailleurs rĂ©agissent par une manifestation Ă Tubize (5.000 participants) le 30 septembre. Fin octobre le bureau de conciliation impose un rĂ©fĂ©rendum sur lâacceptation du plan Dessy. La dĂ©lĂ©gation FGTB refuse car cela reviendrait Ă cautionner le licenciement de collĂšgues sous la pression dâune menace de restructuration. Une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de 1.800 ouvriers rejette le principe du rĂ©fĂ©rendum sur le plan Dessy. La dĂ©lĂ©gation FGTB organise un rĂ©fĂ©rendum alternatif sur la fermeture de la phase liquide, la baisse de salaire de 10%. 89% des travailleurs votent "Non". La direction refuse le rĂ©sultat de ce rĂ©fĂ©rendum alternatif et impose dâautoritĂ© une baisse de salaire de 10%. La grĂšve Ă©clate le 5 novembre. Pour tenter dâimposer son plan, Dessy enregistre une vidĂ©o dans laquelle il pleurniche devant la camĂ©ra que "Nous sommes tous dans le mĂȘme bateauâŠ", et fait rĂ©aliser 2.000 copies qui sont acheminĂ©es par porteur au domicile des travailleurs. La propagande patronale sâinvite ainsi dans le salon de chaque famille ouvriĂšre. Pour faire monter la pression, Guy Spitaels, Ministre-prĂ©sident de la RĂ©gion wallonne, conditionne lâoctroi dâune aide de la RĂ©gion wallonne de 200 millions de FB (5 millions âŹ) Ă lâacceptation du Plan Dessy. Fin novembre, aprĂšs plusieurs semaines de grĂšve, une lĂ©gĂšre majoritĂ© dâouvriers se rĂ©signe Ă accepter la baisse de salaire de 10%. La dĂ©lĂ©gation CSC signe la convention, la dĂ©lĂ©gation FGTB refuse car elle ne veut pas cautionner la baisse des salaires. Il suffit quâun syndicat signe pour que la convention soit valable. La bureaucratie syndicale nationale des mĂ©tallos FGTB fait cependant pression pour que la dĂ©lĂ©gation de Clabecq signe. Comme elle refuse, la dĂ©lĂ©gation FGTB des Forges est "suspendue" par lâappareil syndical et nâest pas autorisĂ©e Ă participer au congrĂšs national des MĂ©tallos FGTB. La dĂ©lĂ©gation FGTB mobilise alors ses militants, loue des autocars et ce sont 150 militants FGTB des Forges qui dĂ©boulent au congrĂšs national. La rupture est dĂ©sormais totale entre lâappareil syndical des MĂ©tallos FGTB et la dĂ©lĂ©gation FGTB des Forges qui a Ă©chappĂ© Ă son contrĂŽle.
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LâĂ©cole (toujours plus) au service du capital â par Pauline Forges Le Pacte dâexcellence, câest ce projet de rĂ©forme de lâenseignement amenĂ© par la ministre de lâEnseignement CDH de lâĂ©poque, JoĂ«lle Milquet (et repris par la ministre qui lui a succĂ©dĂ©, Marie-Martine Schyns). La grande innovation repose sur la "consultation large" Ă la base du Pacte: en effet, tous les acteurs de lâenseignement ont Ă©tĂ© invitĂ©s Ă participer Ă son Ă©laboration Ă travers des groupes de travail. En fĂ©vrier, les syndicats enseignants se sont pourtant prononcĂ©s contre le Pacte. Pourquoi? Commençons par le dĂ©but: comment est nĂ© le projet du Pacte dâexcellence? Une Ă©mission dâArte (*) a menĂ© lâenquĂȘte et dĂ©montre que le 31 juillet 2014, JoĂ«lle Milquet, alors Ă peine nommĂ©e ministre de lâEducation, a rencontrĂ© Etienne DenoĂ«l, le patron belge de McKinsey (un des plus gros cabinets de consultance au monde). Une note confidentielle ressort de cet entretien, dans laquelle on retrouve les grandes lignes du Pacte. Par la suite, le gouvernement confiera Ă McKinsey le diagnostic de lâĂ©ducation wallonne. En mars 2016, le Pacte dâexcellence rentre dans sa deuxiĂšme phase: durant trois jours, plein dâacteurs de lâĂ©ducation sont rĂ©unis Ă Spa pour amener leurs propositions. Des consultants de McKinsey assistent aux dĂ©bats, analysent et chiffrent les propositions Ă©mises selon leurs critĂšres (coĂ»t et efficacitĂ©). Ainsi, la fin du redoublement est considĂ©rĂ©e comme une mesure trĂšs rentable. InterrogĂ©e sur lâimplication de McKinsey dans le Pacte, la ministre Schyns a dĂ©clarĂ©: "Quâon puisse bĂ©nĂ©ficier du soutien, en termes dâaide Ă la dĂ©cision, de la part dâun consultant qui en plus, a une expertise dans dâautres pays sur le monde de lâĂ©ducation, moi ça me paraĂźt important. Je pense quâil ne faut pas voir non plus le mal partout oĂč il est; je veux croire que, clairement, il nây a pas toujours des arriĂšre-pensĂ©es dans ce genre
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de soutien, mais quâil y a une rĂ©elle plusvalue et une volontĂ© pour que nos Ă©lĂšves en soient les premiers bĂ©nĂ©ficiaires." On aimerait croire Ă cette fable: des entreprises qui financent lâĂ©cole dans un but altruiste, pour participer Ă lâĂ©laboration dâun monde meilleur... Retour Ă la triste rĂ©alitĂ© capitaliste: si la Wallonie nâa payĂ© le gĂ©ant de la consultance quâĂ hauteur de 38.000 euros pour des services dont le coĂ»t est estimĂ© entre six et huit millions dâeuros; si le reste a Ă©tĂ© financĂ© par des fondations dâentreprises, câest Ă©videmment parce que lâenseignement reprĂ©sente un enjeu crucial pour les entreprises, pour peu quâil soit mis Ă leur service. Et câest exactement ce qui est en train de se passer.
Les Ă©lĂšves, dans le Pacte, ne sont perçus que sous deux angles: comme de futurs consommateurs, et comme une future main-dâĆuvre. En rĂ©alitĂ©, toutes les propositions Ă©mises ont pour objectif de bien les prĂ©parer Ă ces futurs rĂŽles. Lâaccent est mis sur "lâacquisition des compĂ©tences de base", de la 1Ăšre maternelle Ă la 3Ăšme secondaire? Parce que la formation qui suit, de la 4Ăšme Ă la 6Ăšme secondaire, et axĂ©e sur la rĂ©flexion et le dĂ©veloppement de lâesprit critique de lâĂ©lĂšve, nâa pas dâintĂ©rĂȘt dans cette vision des choses (elle est mĂȘme perçue comme nĂ©gative). Le cours dâhistoire disparaĂźt au profit dâun cours gĂ©nĂ©ral, mĂȘlant gĂ©ographie, histoire, formation Ă©conomique et sociale? MĂȘme chose, un cours dâhistoire approfondi a peu dâintĂ©rĂȘt pour former la main-dâĆuvre de demain. On met lâaccent sur lâimportance de "rendre lâĂ©lĂšve autonome dans ses apprentissages", de le rendre capable
"de se former lui-mĂȘme tout au long de sa vie"? Du pain bĂ©nit pour les futurs employeurs. Câest assumĂ©: il sâagit dâ"assurer lâadĂ©quation de lâenseignement avec le monde socio-Ă©conomique" (comme lâa dĂ©clarĂ© JoĂ«lle Milquet). Si lâesprit critique sây fait rare, on retrouve tout au long des 300 pages du Pacte dâexcellence "lâesprit dâentreprendre", parmi un vocable chĂ©ri du patronat: "mobilitĂ©", "adaptabilitĂ©", etc. Et puis, il y a les conditions de travail des enseignants. La taille des classes nâest pas abordĂ©e dans le pacte (alors quâimposer une taille minimale est indispensable pour pouvoir mener une pĂ©dagogie diffĂ©renciĂ©e). Il nâest pas non plus question de refinancer lâenseignement: les mesures envisagĂ©es dans le Pacte le sont avec lâenveloppe budgĂ©taire actuelle (le budget Ă©voquĂ© â 300 millions dâinvestissements, "avec 250 millions dâeffet retour" â ne permet pas de rĂ©el changement des conditions actuelles). Si les heures de coordination, de planification, de formation augmentent de maniĂšre spectaculaire (on parle dans le pacte dâun "cadre organisationnel souple"), il nâest pas question de revalorisation salariale. On parle par contre de "pilotage par objectifs". Cette pratique de management consiste Ă contractualiser les missions dâenseignement sur base dâobjectifs Ă atteindre (avec une obligation de rĂ©sultats), Ă©valuĂ©s en fonction dâindicateurs â et ce dans un contexte de renforcement du pouvoir des directions. La rĂ©pĂ©tition de deux mentions "dĂ©favorables" consĂ©cutives pourra conduire Ă la fin de la relation de travail avec lâenseignant... Toutes ces mesures constituent autant de violentes attaques contre le mĂ©tier dâenseignant. Enfin, il y a ces belles idĂ©es comme celle du tronc commun (il sâagit dâailleurs dâune revendication des syndicats, et de la LCR). Le principe: offrir la mĂȘme formation Ă tou.te.s les Ă©lĂšves, de la 1Ăšre maternelle Ă la 3Ăšme secondaire, sans dis-
illustration: Little Shiva
enseignement
Pacte dâexcellence:
enseignement tinction entre filiĂšres gĂ©nĂ©rale, qualifiante ou professionnelle. Ces diffĂ©rentes approches (y compris lâapproche artistique) seraient intĂ©grĂ©es Ă une formation unique, commune Ă toutes et tous. ProblĂšmes: rien ne garantit, dans le Pacte, que ce soit un rĂ©el tronc commun, câest-Ă -dire quâau sein du tronc commun certaines Ă©coles ne feront pas des classes par niveaux, ni quâil ne sâagisse pas dâun instrument pour ramener lâadossement (consistant Ă "adosser" les Ă©coles primaires aux Ă©coles secondaires et Ă regrouper des Ă©coles entre elles, cette mesure aurait pour consĂ©quence la disparition de nombreuses petites Ă©coles). A lâissue du tronc commun, les Ă©lĂšves nâauront plus le choix quâentre deux filiĂšres: la transition, menant aux Ă©tudes supĂ©rieures; et la qualification, aboutissant Ă un mĂ©tier. Aucun passage entre ces deux filiĂšres nâest prĂ©vu. Ces derniĂšres dĂ©cennies ont vu lâĂ©cole se calquer toujours davantage sur les attentes des entreprises. Lâapproche par compĂ©tences ou la certification par unitĂ© dâapprentissage Ă©taient autant de pas dans cette direction. Ce nâest pas par hasard que le Pacte dâexcellence bĂ©nĂ©ficie du soutien de tant de lobbys et dâentreprises comme McKinsey: il permet de franchir de nouvelles limites en adaptant non seulement le contenu des apprentissages aux attentes du patronat, mais aussi la structure de lâenseignement â en adoptant les pratiques managĂ©riales du privĂ©. Non, ce Pacte nâest pas pensĂ© pour les Ă©lĂšves: ils et elles en sont la proie. ElĂšves, parents, enseignant.e.s: si on veut le combattre, mobilisons-nous maintenant! â *Vox Pop, "McKinsey sur les bancs de lâĂ©cole", www.youtube.com/watch?v=_9T1Hvmk-hA
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â propos recueillis par Matilde Dugaucquier Quelques camĂ©ras, l'un ou l'autre micro et beaucoup de bonne volontĂ© ont Ă©tĂ© Ă l'origine de Zin TV. En quelques annĂ©es, ce mĂ©dia citoyen qui se dĂ©fini aussi comme une "tĂ©lĂ© d'action collective" a gagnĂ© une lĂ©gitimitĂ© incontestĂ©e au sein des luttes et des mouvements sociaux. Rencontre avec Anne-Sophie, permanente bĂ©nĂ©vole Ă Zin TV.
Peux-tu revenir aux origines de Zin TV? De quel constat est né ce projet et comment a-t-il démarré? Il y a en fait eu plusieurs points de départ. Ronnie, un des permanents, animait des ateliers vidéo dans les quartiers, mais il s'est rendu compte que ça restait de l'ordre de l'occupationnel et qu'il n'existait pas d'espace de diffusion pour la parole qui s'y exprimait. Par ailleurs,
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Zin TV part du postulat que les gens des quartiers ou des mouvements connaissent mieux que personne ce qu'ils vivent. On veut donc leur donner les outils qui leur permettent de s'exprimer car souvent ces personnes se trouvent mal ou peu reprĂ©sentĂ©es dans les mĂ©dias. On s'est donc inspirĂ© de pas mal d'initiatives. Une partie d'entre nous a travaillĂ© dans les mĂ©dias communautaires au Venezuela oĂč, suite au changement politique qui a eu lieu, le gouvernement a dĂ©ployĂ© de grands moyens dans la crĂ©ation de mĂ©dias communautaires pour relayer des problĂ©matiques locales. Ce projet se basait lui-mĂȘme sur des modĂšles plus anciens, notamment l'expĂ©rience des groupes Medvedkine en France.
Du coup de quels horizons viennent les membresfondateurs de Zin TV? La bande de départ était assez multiculturelle et c'est de là qu'est venu le nom. Le Zineke c'est un personnage métissé, multiculturel, un peu bùtard
mĂȘme. C'Ă©tait important de prĂ©senter une grande mixitĂ©, car il y a aussi une culture dominante Ă la tĂ©lĂ©vision. Et il faut dire que les cultures dites "Ă©trangĂšres" ne sont pas vraiment bien reprĂ©sentĂ©es, surtout en ce moment. Mais Ă part les quatre permanents, il y a plein de personnes qui sont passĂ©es par Zin TV, et c'est plutĂŽt elles qu'il faut mettre en valeur.
Justement, Zin TV n'est pas seulement un outil de communication, c'est aussi un outil pĂ©dagogique, un lieu d'apprentissage et d'Ă©change. Qui participe et que peut-on y faire? On se veut ĂȘtre un mĂ©dia d'action collective, ça veut dire qu'il faut donner les outils aux gens pour qu'ils puissent se reprĂ©senter eux-mĂȘmes. Nous ne sommes pas une boĂźte de production gratuite: on essaie d'impliquer les mouvements sociaux et les gens dans la construction de leur propre message politique. Ăa passe par des ateliers, des formations, la mise Ă disposition de matĂ©riel, etc. Les ateliers qu'on propose exigent diffĂ©rents niveaux d'implication, parce que les participants ont la plupart du temps un boulot et peu de temps Ă investir. C'est pour cela qu'on a mis en place la permanence vidĂ©o des luttes sociales â PVLS â oĂč on apprend Ă couvrir des sujets courts sur le tas. Donc ça ne demande pas quatre jours de formation: les gens viennent et nous on leur fournit les clĂ©s pour qu'ils puissent partir, filmer et monter leur vidĂ©o rapidement, sans avoir Ă ĂȘtre dĂ©sespĂ©rĂ©s par la quantitĂ© d'images au montage. C'est une approche plutĂŽt branchĂ©e sur l'actualitĂ©, oĂč on a moins le temps de rĂ©flĂ©chir au format. Car un autre enjeu, qui constitue aussi une rĂ©flexion continue, c'est de ne pas rĂ©pĂ©ter les mĂȘmes formes que le journalisme classique. On est tellement inondĂ©s d'images qu'il est difficile de sortir de ces cadres. C'est lĂ que la formation plus
cecinestpasunjeune.org/index.php/zin-tv
interview
Zin TV: "Impliquer les mouvements sociaux dans la création médiatique"
Du coup, ça m'amĂšne Ă me demander comment vous vous situez par rapport aux mĂ©dias dominants... C'est une bonne question, et nous mĂȘmes nous rendons compte qu'on n'est pas encore vraiment parvenus Ă se dĂ©finir, bien qu'on y travaille avec le temps. On se demande tout le temps ce qu'est le journalisme citoyen. Je pense qu'en fait on ne fait pas le mĂȘme boulot. Eux ont des contraintes de production, notamment. RĂ©cemment un article assez virulent, intitulĂ© "Le journalisme citoyen n'exite pas" est sorti dans La Libre (1), auquel nous avons soumis une rĂ©ponse qui n'a pas Ă©tĂ© publiĂ©e (2). L'auteur, AndrĂ© Linard, prĂ©tend que les journalistes relatent la rĂ©alitĂ© et que la parole citoyenne n'a pas la neutralitĂ© qu'eux estiment avoir. Et ce qui fait notre diffĂ©rence, c'est que nous, justement, on veut assumer une subjectivitĂ©, on n'est pas en train de se voiler la face: toute image est suggestive. Et si eux ne l'admettent pas, on a un problĂšme. Ce qui pourrait Ă©galement nous diffĂ©rencier, c'est que notre but n'est pas de produire nous-mĂȘmes, comme je le disais
tout Ă l'heure. Notre but est d'arriver Ă ce que le message des quartiers soit relayĂ© et que les mouvements s'impliquent. On peut aussi ĂȘtre une plate-forme qui permette de rassembler les mouvements sociaux, ce que ne fait pas forcĂ©ment le journalisme (rires). AprĂšs, sur la question du financement par exemple, je pense que nous aussi on va y ĂȘtre confrontĂ©s, et qu'on va devoir se demander comment rester indĂ©pendants des organes qui nous financent. Les journalistes revendiquent Ă©galement un certain professionnalisme. Effectivement les gens avec qui nous travaillons n'ont pas fait d'Ă©cole de journalisme: ils apprennent Ă raconter quelque chose via les ateliers qu'on leur donne. Mais est-ce qu'un journaliste qui a fait cinq ans d'Ă©tudes connaĂźt mieux le terrain que quelqu'un qui le vit au quotidien? Nous on n'est pas d'accord avec ça. AprĂšs, apprendre aux gens Ă s'Ă©carter de leur propre subjectivitĂ© c'est aussi tout un travail. Nous pensons que montrer deux points de vue opposĂ©s ne revient pas Ă ĂȘtre objectif, on trouve ça dĂ©bile. Mais prendre ses distances avec sa propre rĂ©alitĂ© c'est aussi important.
On a dĂ©jĂ abordĂ© certaines des difficultĂ©s auxquelles vous faites face: il y a quelque chose que tu veux ajouter par rapport Ă cela? Je te lirais bien la phrase de conclusion de notre rĂ©ponse Ă l'article de La Libre: "Cher Monsieur Linard, si tous les journalistes faisaient vraiment et correctement leur boulot, il nây aurait point de lanceurs dâalerte, de WikiLeaks, il nây aurait pas
Kairos, Zin TV et Sans Papiers TV⊠ou mĂȘme le collectif Krasnyi, radio Panik⊠il nây aurait pas de journalisme citoyen!" Parce que si tous ces mĂ©dias existent, c'est que fondamentalement certaines paroles ne sont pas relayĂ©es. VoilĂ pourquoi on est lĂ aussi. AprĂšs, ce qui est compliquĂ©, et je veux insister lĂ -dessus, c'est comment impliquer les mouvements dans la crĂ©ation de ce mĂ©dia. C'est aussi Ă eux de venir proposer des sujets, de rĂ©aliser que ça prend du temps, de s'impliquer dans les ateliers et dans les rĂ©unions de rĂ©daction qu'on va mettre en place, pour inviter les partenaires Ă venir prĂ©senter leurs projets aux Ă©quipes de tournage. On veut que ce soit un vrai lieu de rencontre. Car si on se contente de recevoir un mail et d'envoyer une Ă©quipe de tournage on se retrouve dans cette position oĂč on ne connaĂźt pas les gens qu'on va filmer. L'une des difficultĂ©s supplĂ©mentaires c'est qu'on n'a aucune source de financement ni de personnel. Mais les contributions ne doivent pas forcĂ©ment ĂȘtre financiĂšres, c'est la participation qui est importante. Car plus on produira, plus on fera circuler nos vidĂ©os, plus on pourra avoir un impact sur l'opinion publique et amener notre point de vue sur le monde. â
interview
professionnelle â de cinĂ©ma â intervient. Par ailleurs, on alimente en permanence le site avec des rĂ©flexions sur ce qu'est une image. Car l'image raconte quelque chose et constitue un acte politique en soi, ou au moins un acte de positionnement dans le monde. Pour te donner un exemple assez frappant: une de nos Ă©quipes est allĂ©e filmer la grĂšve des cheminots et une relation de confiance s'est Ă©tablie car elle y Ă©tait souvent et suivait la grĂšve de l'intĂ©rieur. Et forcĂ©ment, quand ils filmaient, ils Ă©taient proches des cheminots. Ă tel point que les journalistes sont venus se plaindre que l'Ă©quipe Zin TV Ă©tait tout le temps dans le cadre et les empĂȘchait de faire leur boulot. Et c'est lĂ toute la diffĂ©rence: eux sont Ă©loignĂ©s et filment en tĂ©lĂ©objectifs et nous, on Ă©tait avec les cheminots. Affirmer cette subjectivitĂ© fait aussi partie de notre dĂ©marche. Ce qui Ă©tait chouette dans ce cas, c'est que ce sont les cheminots qui ont pris notre dĂ©fense face aux journalistes, en affirmant notre lĂ©gitimitĂ© Ă ĂȘtre lĂ , avec eux. Car notre but c'est aussi d'ĂȘtre avec les mouvements et ça, ça demande que ceux-ci s'investissent dans le mĂ©dia. Ce sont eux qui peuvent amener d'autres porte-paroles, d'autres images et d'autres messages. Nous on amĂšne des outils pour cadrer cela et le rendre intelligible.
(1) AndrĂ© Linard, "Le journalisme citoyen nâexiste pas", La Libre, 30 septembre 2016, www.lalibre.be/ debats/opinions/le-journalisme-citoyen-n-existepas-57ed2de7cd70871fc422cc0f (2) Journal Kairos, ZIN TV, Sans Papiers TV, collectif Krasnyi, radio Panik, "Ainsi, le journalisme citoyen nâexisterait pas?", Zint TV, 7 octobre 2016, www.zintv. org/Ainsi-le-journalisme-citoyen-n
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France
Quâattendre de la prĂ©sidentielle?
⌠Jean-Luc Melenchon, Benoit Hamon,
Emmanuel Macron,Francois Fillon, Marine Le Pen
â par Christine Poupin Il y a quelques mois, une seule question rĂ©sumait lâenjeu de la prĂ©sidentielle: qui se retrouverait face Ă Marine Le Pen au second tour: Hollande, le prĂ©sident sortant â Ă©ventuellement son premier ministre Valls â ou Sarkozy, sorti il y a cinq ans? Depuis, Sarkozy puis Hollande puis Valls ont Ă©tĂ© Ă©jectĂ©s de l'arĂšne Ă©lectorale.
Rien ne se passe comme prévu
Ces rebondissements sont la partie immergĂ©e de la crise profonde qui secoue le Parti socialiste (PS) et Les RĂ©publicains (ex-UMP), les deux partis qui ont Ă©tĂ© alternativement au gouvernement. Ils payent d'une impopularitĂ© record les politiques qu'ils ont mis en Ćuvre au service des capitalistes, comme la majoritĂ© de leurs partis jumeaux en Europe et ailleurs. Cependant, les institutions de la 5Ăšme rĂ©publique donnent en France une dimension particuliĂšre Ă cette crise. La primaire, inaugurĂ©e par le PS pour la prĂ©sidentielle de 2012 est devenue incontournable Ă droite, au PS et chez les Verts. Ces "Ă©lections-avant-l'Ă©lection" ont systĂ©matiquement sorti les sortants â ou Ă dĂ©faut les plus proche de lâexercice du pouvoir. Ni Sarkozy, ni Valls, ni mĂȘme Duflot, n'ont franchi le premier tour.
Ni Ă droiteâŠ
La droite semblait avoir trouvĂ© son champion. Fillon lâavait emportĂ© en bĂ©nĂ©ficiant du rejet de Sarkozy. Il avait mobilisĂ© la fraction la plus rĂ©actionnaire de l'Ă©lectorat de droite en jouant sur son image de pĂšre-la-morale. Il se prend aujourd'hui les pieds dans le tapis (de luxe): Emplois fictifs, nĂ©potisme, appropriation d'argent public, conflits dâintĂ©rĂȘts, trafic d'influence... Faute de solution de rechange, la droite est Ă ce jour contrainte de garder un candidat carbonisĂ©. Au-delĂ , c'est tout le systĂšme politique qui est en cause comme en tĂ©moigne le silence assourdissant des autres partis. Un dĂ©putĂ© sur cinq emploie un membre de sa famille. Les affaires Fillon rĂ©vĂšlent aussi que les partis "de gouvernement" sont liĂ©s aux mĂȘmes
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cabinets de conseils des intĂ©rĂȘts capitalistes dans une seule et mĂȘme oligarchie.
Ni au PS
Le Parti socialiste est rattrapĂ© par le bilan du quinquennat. La baisse du chĂŽmage se fait attendre, le pouvoir dâachat des classes populaires recule, les conditions de santĂ© et de logement se dĂ©tĂ©riorent, les grands projets productivistes se mettent en place contre les populations concernĂ©es. Attentats instrumentalisĂ©s pour renouveler sans cesse l'Ă©tat d'urgence, migrant.e.s traquĂ©.e.s et harcelĂ©.e.s, ce gouvernement mĂšne une politique encore plus sĂ©curitaire que son prĂ©dĂ©cesseur sur fond de racisme et d'islamophobie dâĂtat qui ne font qu'encourager les violences policiĂšres, accroĂźtre les discriminations et la criminalisation des quartiers populaires... Hollande ne peut mĂȘme pas se prĂ©senter, Valls qui prend la place est battu dĂšs le premier tour de la primaire. Le vainqueur, Hamon, candidat "frondeur" bĂ©nĂ©ficie d'un vote sanction, d'un effet diffĂ©rĂ©, certes dĂ©formĂ©, de la mobilisation du printemps 2016, du refus du projet d'aĂ©roport Ă NotreDame-des-Landes ou de la dĂ©chĂ©ance de nationalitĂ©... La crise du PS est dĂ©sormais ouverte entre lâorientation social-libĂ©rale portĂ©e par Hollande et Valls, assumĂ©e par lâessentiel de lâappareil, dâĂ©volution vers une force rĂ©publicaine-dĂ©mocrate; et celle de Hamon de maintien dâun PS dans la gauche social-dĂ©mocrate traditionnelle.
Un "antisystĂšme" tellement dans le systĂšme!
Crise globale de lĂ©gitimitĂ© oblige, lâĂ©tiquette la plus revendiquĂ©e, la plus
usurpĂ©e aussi, est celle de candidat "horssystĂšme", voire "anti-systĂšme". Emmanuel Macron joue le candidat hors parti, sâexonĂšre du bilan du quinquennat, alors quâil est dĂ©sormais le seul candidat Ă porter lâessentiel du bilan des gouvernements socialistes. Il a Ă©tĂ© secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral adjoint de la PrĂ©sidence dĂšs 2012, Ă lâorigine du CICE [CrĂ©dit dâimpĂŽt pour la compĂ©titivitĂ© et l'emploi] et du pacte de responsabilitĂ©, puis ministre de lâĂconomie, portant les deux lois les plus rejetĂ©es par les classes populaires (celle qui porte son nom et la loi Travail). Il a le culot dâintituler son livre "RĂ©volution" alors quâil met en Ćuvre la contre-rĂ©volution nĂ©o-libĂ©rale. Ayant le vent en poupe dans les sondages et les mĂ©dia, faisant salle comble pour ses meetings, il engrange les ralliements de transfuges du PS et de la droite.
"Le ventre est encore fĂ©cond, d'oĂč a surgi la bĂȘte immonde"
Le Front national avait recueilli le plus grand nombre de voix lors des rĂ©gionales fin 2015 et la mobilisation contre la loi Travail nâa pas inversĂ© cette dangereuse situation. MalgrĂ© l'Ă©limination de Hollande-Valls et Sarkozy, ses "meilleurs ennemis", Marine Le Pen est en tĂȘte dans tous les sondages pour le premier tour. LâextrĂȘme-droite reste le principal rĂ©ceptacle dâun vote protestataire rĂ©actionnaire, raciste, de rejet des partis ayant gĂ©rĂ© le pays depuis vingt ans. Bien qu'elle soit mouillĂ©e dans un dĂ©tournement dâargent public au Parlement europĂ©en de plus dâun million dâeuros, Marine Le Pen se prĂ©sente comme "la candidate de la
MĂ©lenchon 2017
La campagne de MĂ©lenchon n'est pas celle du candidat du Front de Gauche en 2012. MĂ©lenchon 2017 veut rassembler "le peuple" contre la "caste" et "l'oligarchie financiĂšre", un discours populiste qui cible le mauvais capitalisme financier pour mieux Ă©pargner ce qui serait le bon capitalisme productif. Revendication d'un "indĂ©pendantisme français", dĂ©nonciation de "l'Europe allemande", la Marseillaise qui clĂŽt tous ses meetings n'est pas qu'un symbole! Pire, avec le dĂ©rapage sur les travailleurs dĂ©tachĂ©s qui "volent le pain des français", le burkini "provocation politique" ou sa volontĂ© de lutter "contre les causes des migrations", il tourne le dos au nĂ©cessaire combat contre lâislamophobie, au combat antiraciste et humanitaire pour la libertĂ© de circulation et dâinstallation, comme il bafoue aussi la plus Ă©lĂ©mentaire solidaritĂ© internationaliste Ă l'Ă©gard du peuple syrien en refusant de condamner Poutine et Assad. La campagne est menĂ©e sous l'Ă©gide de la France Insoumise, sous une apparente horizontalitĂ©, un outil taillĂ© sur mesure pour s'affranchit de toute dĂ©mocratie et de toute dĂ©marche unitaire. LancĂ©e trĂšs tĂŽt en prenant ses anciens partenaires de vitesse, cette candidature apparaissait nĂ©anmoins comme le seul outil Ă©lectoral anti-austĂ©ritĂ© et anti-FN.
PhotothĂšque Rouge/JMB
Nous nâavons pas besoin dâun super champion pour se battre dans le cirque, mais dâen finir avec le cirque!
La victoire de Hamon suscite une pression unitaire avec pas moins de trois appels, "Pour un front solidaire et Ă©cologique", "Pour une coalition entre Hamon, MĂ©lenchon et Jadot", "Un candidat mais pas trois!". Nous partageons lâinquiĂ©tude des militant.e.s pour le climat, des opposant.e.s Ă la loi travail, des soutiens aux migrant.e.s, des fĂ©ministes,
des altermondialistes qui soutiennent ces appels car l'extrĂȘme-droite et la droite extrĂȘme sont menaçantes et Macron serait un remĂšde qui empirerait le mal. Mais nous ne sortirons pas de cette situation catastrophique avec les outils qui lâont crĂ©Ă©e. Ni Hamon ni MĂ©lenchon ne renonceront Ă leur candidature et surtout aucune nâest un levier pour construire le rapport de force sans lequel rien nâest possible, ni la rĂ©sistance, ni la conquĂȘte des quelques mesures positives quâils avancent. Nous reprĂ©senter nous-mĂȘmes, construire nos propres outils politiques, Ă©laborer notre programme Ă partir des exigences portĂ©es par nos luttes voilĂ ce que nous devons impĂ©rativement faire ensemble.
France
France du peuple", "contre la droite du fric et contre la gauche du fric". Le racisme baptisĂ© "prioritĂ© nationale" reste le pivot de son discours, la dĂ©nonciation de "lâultralibĂ©ralisme" et de lâEurope ne peut masquer le refus dâaffronter le MEDEF [Mouvement des entreprises de France] et le patronat en gĂ©nĂ©ral: pas d'augmentation du SMIC [Salaire minimum de croissance â le salaire horaire minimum lĂ©gal] mais les bonnes vieilles recettes de dĂ©fiscalisation des heures supplĂ©mentaires et d'exonĂ©rations de cotisations sociales, sans parler du trĂšs rĂ©actionnaire salaire maternel...
Construire une alternative radicalement anticapitaliste
Cette impĂ©rieuse nĂ©cessitĂ© dâune nouvelle expression politique des exploitĂ©.e.s et des opprimĂ©.e.s est la raison dâĂȘtre de la campagne du NPA. Sous le slogan "Nos vies pas, leurs profits" sont mises en avant des mesures qui rĂ©pondent aux principales urgences sociales et Ă©cologiques: la rĂ©duction massive du temps de travail ; la continuitĂ© du salaire pour tou.te.s payĂ©e par les cotisations patronales; des services publics et la gratuitĂ© pour satisfaire de maniĂšre Ă©galitaire les besoins essentiels et mettre en Ćuvre la transition Ă©nergĂ©tique vers 100% de renouvelables; lâarrĂȘt du nuclĂ©aire et des projets productivistes⊠Ces mesures imposent lâexpropriation des banques et des secteurs clĂ©s (Ă©nergie, eau, transports, distributionâŠ) et leur socialisation sous gestion ouvriĂšre et citoyenne, la planification dĂ©mocratique, une dĂ©mocratie rĂ©elle qui rompe avec la politique professionnelle, les institutions de la VĂšme rĂ©publique et de lâUnion europĂ©enne. RĂ©solument antiraciste, fĂ©ministe et internationaliste, Ă lâopposĂ© de tous les "votez pour moi, je mâoccupe de tout", la campagne du NPA avec Philippe Poutou veut contribuer Ă la construction dâun outil utile pour les mobilisations et porteur dâun projet Ă©mancipateur Ă©cosocialiste. Les mobilisations suite Ă lâinterpellation violente et au viol dâun jeune homme en banlieue parisienne montrent que rien nâest Ă©crit dâavance. La manifestation du 19 mars pour la justice et la dignitĂ©, contre la hogra [terme de l'arabe algĂ©rien qui signifie mĂ©pris], lâhumiliation, le racisme, les violences policiĂšres et la chasse aux migrant.e.s peut bousculer une ambiance Ă©lectorale dominĂ©e par les options racistes et sĂ©curitaires. â
Philippe Poutou la gauche #81 mars-avril 2017
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histoire rebelle
Petrograd, 8 mars 1917:
"Le peuple veut la chute du rĂ©gime!" â par Jean Batou La rĂ©volution russe a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©e par les manifestations et les grĂšves spontanĂ©es suscitĂ©es par la JournĂ©e internationale des femmes dans les quartiers ouvriers de Petrograd. Ce rendezvous avait Ă©tĂ© proposĂ© par les femmes du Parti socialiste dâAmĂ©rique, dĂšs 1909, avant dâĂȘtre repris par la DeuxiĂšme Internationale, en 1910, sur proposition de Clara Zetkin et dâAlexandra KollontaĂŻ. Le 19 mars 1911, plus dâun million de manifestantes avaient ainsi dĂ©filĂ© pour le suffrage fĂ©minin, lâarrĂȘt des discriminations et le droit au travail, en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse. Quelques jours plus tard, 140 ouvriĂšres, dont une majoritĂ© dâItaliennes et de juives dâEurope orientale, pĂ©rissaient brĂ»lĂ©es dans une fabrique textile de New York, liant plus que jamais les luttes des femmes Ă celles du mouvement ouvrier.
Agir sans ordre et dĂ©sobĂ©ir aux ordresâŠ
Dans les jours qui prĂ©cĂšdent le 8 mars 1917 (23 fĂ©vrier, selon le calendrier julien), les cercles sociaux-dĂ©mocrates russes prĂ©parent des actions mesurĂ©es (rĂ©unions, discours, tracts, dĂ©brayages) dans un climat Ă©lectrisĂ© par la guerre, le froid polaire et les interminables files dâattente devant les boulangeries. Personne ne songe Ă une vĂ©ritable grĂšve, encore moins Ă une insurrection. Les dirigeants bolcheviks considĂšrent que tout mouvement dâenvergure serait prĂ©maturĂ©. Or, le lendemain Ă midi, tandis quâune foule immense de femmes marche vers le centre-ville, les ouvriĂšres textiles de Vyborg (nord-ouest de la capitale) ont abandonnĂ© leur travail dĂšs le matin, enjoignant les mĂ©tallos Ă la solidaritĂ©. Les militant.e.s des partis ouvriers ne peuvent dĂšs lors que soutenir un mouvement de grĂšve qui touche vite plus de 100.000 travailleurs/ euses. Mais comment la police et la troupe va-t-elle rĂ©agir Ă une telle dĂ©monstration,
32 la gauche #81 mars-avril 2017
de surcroĂźt en temps de guerre? Quelques drapeaux rouges surgissent, tandis que les femmes se dirigent vers le parlement pour exiger du pain. Le lendemain, la moitiĂ© des ouvrier et ouvriĂšres sont en grĂšve, tiennent des meetings devant les usines, avant de converger vers le centre, aux cris de "Ă bas lâautocratie!", "Ă bas la guerre!". "LâexpĂ©dition avait les allures dâune armĂ©e dâouvriers famĂ©liques partant en guerre", Ă©crit Orlando Figes (La RĂ©volution russe, 2007). La foule envahit les quartiers, dĂ©jouant les barrages policiers, assommant des gendarmes. Le pouvoir attendra le 10 mars pour ordonner Ă la police de tirer, tandis que la grĂšve se gĂ©nĂ©ralise. La foule rend coup pour coup, mais cherche Ă fraterniser avec lâarmĂ©e: "Plus hardiment que les hommes, [les femmes] sâavancent vers les rangs de la troupe, sâagrippent aux fusils, supplient et commandent presqueâŠ" (Trotsky, Histoire de la RĂ©volution russe, 1950). Le mĂȘme jour, le tsar tĂ©lĂ©graphie au commandant de la place pour quâil en finisse avec les troubles. LâarmĂ©e va donc devoir parler: tandis que la capitale dispose de 3.500 policiers, sa garnison compte 150.000 hommes â des bataillons de rĂ©serves, destinĂ©s Ă retourner au front. BercĂ© par une Ă©trange douceur printaniĂšre, le dimanche 11 mars sâannonce dĂ©cisif: de tous les faubourgs, la foule dĂ©ferle vers le centre, Ă©vitant les ponts fermĂ©s par la police, traversant la Neva sur la glace. Les tirs sont plus nourris: le nombre de blessĂ©s et de tuĂ©s augmente. Que va faire la garnison de Petrograd? Dans lâaprĂšsmidi, des Cosaques ont acceptĂ© un bouquet de roses rouges â symbole de paix et de rĂ©volution â dâune jeune fille sortie des rangs des manifestant.e.s; ailleurs, ils sont intervenus contre la police aux cĂŽtĂ©s de la population. Ce soir-lĂ , une compagnie sâest mutinĂ©e pour protester contre le mitraillage de la foule. Ă ce moment, "les nouvelles proportions des forces gĂźtaient mystĂ©rieusement dans la conscience des
ouvriers et des soldats" (Trotsky, ibid.).
Lâinsurrection imprĂ©vue
Le lundi 12 mars, dans la foulĂ©e de la grĂšve gĂ©nĂ©rale et des manifestations, lâheure est Ă lâinsurrection armĂ©e, mĂȘme si les partis, jusquâaux bolcheviks, nâen perçoivent pas lâimminence. Devant les casernes, les ouvriers se heurtent au feu des mitrailleuses. Mais comment obtenir dâautres armes que les pistolets pris Ă la police? Le sort de la rĂ©volution repose sur le ralliement des moujiks [paysans pauvres] en uniforme... Au matin, lâune aprĂšs lâautre, les casernes se mutinent. Il nâest plus temps de reculer. Des officiers subalternes, animĂ©s de sympathies dĂ©mocratiques, et des ouvriers, prennent la direction des opĂ©rations. Ainsi, le sergent socialiste-rĂ©volutionnaire Fedor Linde voit une jeune fille se faire Ă©craser par un cheval cosaque: "Elle a hurlĂ©. Câest son hurlement inhumain, pĂ©nĂ©trant, qui a dĂ©clenchĂ© quelque chose en moi. Jâai sautĂ© sur la table et jâai criĂ© Ă tue-tĂȘte: âAmis! Amis! Vive la rĂ©volution! Aux armes! Aux armes, ils tuent des innocents: nos frĂšre et sĆurs [âŠ] Plus tard, on a dit quâil y avait quelque chose dans ma voix qui rendait mon appel irrĂ©sistible⊠Ils ont suivi sans comprendre⊠Ils mâont tous rejoint dans lâattaque contre les Cosaques et la police. Nous en avons tuĂ© quelques-uns. Les autres ont battu en retraiteâŠ" (citĂ© par Figes). Le feu fait rage, certaines unitĂ©s refusant de cĂ©der. Pourtant les mutins se sont emparĂ©s de lâArsenal, ils ont rĂ©quisitionnĂ© les automobiles, jusquâĂ la Rolls-Royce dâun grand-duc. "Ce fut la premiĂšre rĂ©volution sur roues", dont les voitures, hĂ©rissĂ©es de baĂŻonnettes ressemblaient Ă "dâimmenses hĂ©rissons devenus fous", tĂ©moignera Gorki. Toute la population civile fait corps face Ă lâappareil rĂ©pressif. Les postes de police, les prisons, les tribunaux sont mis Ă sac. Le langage corporel change: les soldats portent leur casquette Ă lâenvers, laissent
il ne sera pas question dans lâimmĂ©diat, ni de la fin de la guerre, que lâon se contentera dĂšs lors de dĂ©clarer "dĂ©fensive". Les Ă©vĂ©nements des 8 au 12 mars 1917 Ă Petrograd nâont pas Ă©tĂ© rĂ©volutionnaires parce quâils ont Ă©tĂ© menĂ©s par une direction rĂ©volutionnaire, mais parce quâils ont vu "lâirruption violente des masses dans le domaine oĂč se rĂšglent leurs propres destinĂ©es" (Trotsky, ibid.). De la mĂȘme façon, il y a 6 ans, le renversement des dictatures de Ben Ali et de Moubarak par les masses tunisiennes et Ă©gyptiennes a marquĂ© le dĂ©but dâun processus rĂ©volutionnaire⊠Pour autant, une fois une rĂ©volution amorcĂ©e, son issue dĂ©pend de nombreuses circonstances, et parmi elles, avant tout, des forces politiques qui rĂ©ussissent Ă en prendre la direction, ainsi que de leur programme, ce quâa bien montrĂ© la Russie de 1917, dâavril Ă octobre, mais aussi, a contrario (pour le moment), la rĂ©gion arabe, depuis fin 2010. â
histoire rebelle
leur tunique dĂ©boutonnĂ©e; les femmes sâhabillent en hommes, "comme si en inversant les codes vestimentaires sexuels, elles renversaient aussi lâordre social"; on flirte, on sâembrasse, on fait mĂȘme lâamour dans la rue (Figes, ibid.). Le soir tombĂ©, on ne compte pas le nombre de victimes â sans doute 1.500 (beaucoup plus quâen octobre). Mais la rĂ©volution est installĂ©e au Palais de Tauride, siĂšge du parlement (la Douma), qui va bientĂŽt abriter le Soviet et le Gouvernement provisoire. Le reste du pays emboĂźtera le pas Ă Petrograd sans confrontations, avec quelques jours de retard dans les grandes villes, quelques semaines dans les rĂ©gions plus Ă©loignĂ©es des centres. La RĂ©volution de fĂ©vrier, initiĂ©e par des dĂ©brayages et des manifestations de femmes, a triomphĂ© grĂące Ă une grĂšve gĂ©nĂ©rale et Ă une insurrection, appuyĂ©es in extremis par une mutinerie de la garnison. Que voulait-elle? Du pain, des droits populaires, et la conclusion rapide de la guerre. Aucun parti ne lâavait dirigĂ©e, encore moins planifiĂ©e. Comme lâĂ©crira le socialiste-rĂ©volutionnaire de gauche Mstislavski, en 1922: "La rĂ©volution nous a surpris, nous autres membres du parti, profondĂ©ment endormis, comme les Vierges folles de lâEvangile".
âČ L'Empereur Nicolas II
et sa famille
⌠Manifestation des ouvriĂšres
de Petrograd le 8 mars 1917
rbth.com/longreads/1917
"Le paradoxe de février"
Mais Ă qui les insurgĂ©s victorieux allaient-ils remettre le pouvoir? Aux chefs socialistes qui nâavaient jouĂ© aucun rĂŽle significatif dans la rĂ©volution, et qui allaient se charger de mettre en place un "comitĂ© exĂ©cutif provisoire du soviet des dĂ©putĂ©s des ouvriers", dont les 50 membres ne comptaient pas un seul dĂ©lĂ©guĂ© dâusine. Pourtant, ils nâentendaient pas prendre la direction des affaires eux-mĂȘmes. Ă partir dâune vision "marxiste" rĂ©ductrice, ils jugeaient que la bourgeoisie dâaffaires pouvait seule exercer le pouvoir dans un pays aussi "arriĂ©rĂ©" que la Russie, sâempressant pour cela de le cĂ©der Ă un groupe de dĂ©putĂ©s libĂ©raux de la Douma, favorables Ă une monarchie constitutionnelle. Ce dernier allait former un gouvernement provisoire, soutenu par le Soviet, sous condition de garantir un ordre dĂ©mocratique. Câest ce que Trotsky a appelĂ© "le paradoxe de fĂ©vrier". Seules les abdications successives de Nicolas II, sous la pression de lâĂ©tatmajor, puis de son frĂšre Michel, sous la pression populaire, forceront les nouveaux dirigeants du pays Ă dĂ©lĂ©guer le choix de nouvelles institutions Ă une AssemblĂ©e constituante future. Du partage de la terre, la gauche #81 mars-avril 2017
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â par Sophie Cordenos Alors que la suite des aventures dâAnastasia Steele et Christian Grey, Cinquante nuances plus sombres est sorti dans les salles obscures pour la date symbolique (et Ă haut potentiel marketing!) de la Saint-Valentin, il est bon de se repencher sur ce best-seller douteux et dâen comprendre les mĂ©canismes qui tendent Ă rendre la violence conjugale⊠glamour! Dans un style mĂ©diocre, le premier tome du roman (tout de mĂȘme vendu Ă quelques 40 millions dâexemplaires Ă travers le monde Ă sa sortie!), rempli de formulations grotesques et de rĂ©pĂ©titions, se prĂ©sente comme un "porno pour mamans" ou bien encore comme un "manuel dâĂ©ducation sexuelle pour jeunes filles". Or trĂšs vite au cours de la lecture, on se rend compte que non seulement la relation entre les personnages est trĂšs lointaine de la rĂ©alitĂ©: une jeune femme vierge de 21 ans rencontre un jeune milliardaire autoritaire, accro au sexe et aux pratiques sadomasochistes (SM); mais quâen outre, elle semble faire dĂ©libĂ©rĂ©ment lâĂ©loge du viol et de la violence conjugale. FascinĂ©e et manipulĂ©e par le beau milliardaire, lâhĂ©roĂŻne accepte coups, viols, fessĂ©es "Ă©rotiques", violence psychologique, privations des libertĂ©s Ă©lĂ©mentaires, etc. Il est intolĂ©rable et dangereux de prĂ©senter ce rĂ©cit comme une romance, car la relation et la sexualitĂ© apparaissent ici
E.L. James, auteure de la série "50 Nuances..."
34 la gauche #81 mars-avril 2017
clairement comme abusives. Plus quâune pratique de jeux sexuels SM, il sâagit ici dâune tentative de dĂ©gradation de lâautre, de dĂ©shumanisation, et de sexualitĂ© non Ă©galitaire. Pire encore, le livre, et donc le film par extension, tend Ă faire croire aux femmes quâĂȘtre dominĂ©e et manipulĂ©e est leur dĂ©sir profond et cachĂ©.
Lâhistoire tend Ă faire croire aux femmes quâĂȘtre dominĂ©e et manipulĂ©e est leur dĂ©sir profond et cachĂ©. En effet, le roman insinue, tout au long du rĂ©cit, quâune femme doit sâabandonner Ă un homme puissant et dominateur pour une sexualitĂ© Ă©panouie. Pour les plus novices en matiĂšre de relation amoureuses et sexuelles, le message du roman est assez clair: nâhĂ©sitez pas Ă forcer votre partenaire, elle ne sait pas ce dont elle a besoin, elle aimera sĂ»rement ça! La chercheuse en psychologie Amy Bonomi, de lâUniversitĂ© du Michigan, a analysĂ© la maltraitance exposĂ©e dans le rĂ©cit et en conclut quâAnastasia Steele "souffre des rĂ©actions typiques des femmes maltraitĂ©es". Il est interpellant de constater que les statistiques sur le lectorat
de Cinquante nuances de Grey de cette docteure en santĂ© publique montrent que les lectrices de ce roman auraient 25% de plus de chances dâavoir un partenaire qui abusent dâelles verbalement, 34% de chances en plus que leur partenaire les suivent dans la rue, et plus de 75% de chances qu'elles fassent des rĂ©gimes radicaux ou consomment des produits amincissants.
En bref, cette sĂ©rie littĂ©raire Ă©rotique banalise sans complexe la violence conjugale jusquâĂ la rendre glamour. Il est dangereux de constater que de nombreuses jeunes femmes dĂ©clarent sâidentifier Ă lâhĂ©roĂŻne soumise et violentĂ©e et la dĂ©crivent comme "ordinaire". Le succĂšs de ces romans prouve Ă©galement et tristement que les jeunes femmes semblent manquer cruellement de confiance en elles et ce, mĂȘme au sein de leurs relations amoureuses. Il est trĂšs inquiĂ©tant dâimaginer les consĂ©quences que la popularitĂ© de ce best-seller, dont 70 millions dâexemplaires sont Ă lâheure actuelle en circulation, pourrait avoir sur certaines femmes. Faire la promotion dâun tel rĂ©cit est moralement condamnable. En conclusion, si "Cinquante nuances" semble ĂȘtre une lecture sexy et divertissante et si aller voir le film en amoureux pour la Saint Valentin semble romantique, lâimage de la sexualitĂ© quâil vĂ©hicule va Ă lâencontre de la dignitĂ© et de lâĂ©mancipation des femmes. Selon une Ă©tude menĂ©e en 2015, en Belgique, 12,7% des femmes ont dĂ©clarĂ© avoir subi des violences physiques et/ou sexuelles. Plus de 25% de ces coups et blessures ont lieu au sein mĂȘme du couple. â Sources: SOS Violence www.sosviolence. brussels, Vie FĂ©minine, Collectif contre les violences familiales et lâexclusion
yahoo.com/news/fifty-shades-ask- e -l-james-twitter- chat-145756707.html
culture
Cinquante nuances de violences faites aux femmes
Octobre 1917: forts du soutien de milliers de soldats, de marins et dâouvriers en armes, les bolcheviks prennent le pouvoir Ă Petrograd. Encore calomniĂ©s, pourchassĂ©s et emprisonnĂ©s quelques semaines auparavant. Ils marchent Ă la tĂȘte dâun mouvement qui sâapprĂȘte Ă bouleverser le cours de lâhistoire mondiale en instaurant le premier systĂšme politique communiste Ă lâĂ©chelle dâune nation tout entiĂšre. A contre-courant des historiographies traditionnelles de la rĂ©volution russe â stalinienne et occidentale â Alexander Rabinowitch dĂ©crit magistralement lâenchaĂźnement des Ă©vĂ©nements qui, de la chute du tsar en fĂ©vrier, ont conduit au renversement du gouvernement provisoire et Ă la rĂ©volution dâOctobre. Un rĂ©cit au jour le jour oĂč lâon suit LĂ©nine de cachette en rĂ©union secrĂšte. Trotsky haranguant Ces articles de Yassin al-Haj Saleh, les soldats Ă la forteresse Pierre-et-Paul, grande figure intellectuelle de lâopposition les longues sĂ©ances du ComitĂ© central ou dĂ©mocratique syrienne, nâont jusquâĂ les efforts de Kamenev pour sâallier les prĂ©sent jamais Ă©tĂ© regroupĂ©s en un seul socialistes plus modĂ©rĂ©s, jusquâĂ lâĂ©pisode volume, ni en arabe ni dans une autre tragi-comique de la prise du palais dâHiver. langue. PrĂ©cĂ©dĂ©s dâune introduction LâactivitĂ© incessante des militants au sein prĂ©cisant le contexte de chacun dâeux des multiples organes du parti durant et classĂ©s par ordre chronologique, ils ces mois dĂ©cisifs tĂ©moigne dâun fonccouvrent lâhistoire du soulĂšvement syrien tionnement Ă mille lieues du mythe de depuis son dĂ©clenchement en mars 2011 lâavant-garde disciplinĂ©e, aux ordres de et constituent lâanalyse interne la plus fine LĂ©nine: un parti bolchevik dĂ©centralisĂ© et de cet Ă©vĂ©nement majeur dans lâhistoire traversĂ© de dĂ©saccords, en dĂ©bat permanent moderne du Proche-Orient. Analyse origi- et Ă la tactique mouvante, qui a su mieux nale non seulement du rĂ©gime nĂ© du coup quâaucune autre force politique ressentir et dâĂtat de 1970, Ă partir de ses slogans et porter les aspirations des masses populaide ses emblĂšmes, mais aussi des origines res. Une Ă©tude classique et un remarquable sociales et culturelles de lâextrĂȘme vio- tableau politique et social de Petrograd en lence dont il a toujours fait preuve, ainsi 1917. que de la militarisation du soulĂšvement et de lâintrusion des djihadistes, qui, en se Alexander Rabinowitch (2016) conjuguant, ont abouti Ă ce que lâauteur Les bolcheviks prennent le pouvoir: dĂ©signe comme le ânihilisme guerrierâ. La rĂ©volution de 1917 Ă Petrograd Le dernier texte, le plus dense, âLe sultan Ed. La Fabrique, Paris moderneâ, fait la synthĂšse des dizaines (530 pages, 28 euros) â dâarticles et chroniques publiĂ©s par lui durant une dizaine dâannĂ©es dans la presse sur la nature du rĂ©gime des Assad, pĂšre et fils, alliant despotisme, communautarisme, clanisme en un âĂtat sultanienâ (par rĂ©fĂ©rence entre autres aux mamelouks) de type nouveau.
La Question syrienne
Yassin al-Haj Saleh (2016) La Question syrienne Actes Sud, Paris (240 pages, 22 euros) â
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la gauche #81 mars-avril 2017
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Du 24 au 26 mars 2017 Ă Molenbeek De Bruxelles Ă Washington, en passant par Madrid, lâinstabilitĂ© politique est porteuse de dangers mais aussi dâespoirs, Ă condition de sâorganiser et de passer Ă lâaction. Les Rencontres anticapitalistes de printemps de la Formation LĂ©on Lesoil sont un rendez-vous incontournable de ce dĂ©but dâannĂ©e pour faire le point avec celles et ceux qui rĂ©sistent. Anticapitalistes, antiracistes, fĂ©ministes, Ă©cologistes et syndicalistes, militantEs et auteurEs de la gauche critique, des quatre coins de Belgique, de lâEurope et mĂȘme au-delĂ , vous y retrouveront pour se rencontrer, pour prĂ©parer ensemble les batailles Ă venir⊠et pour faire la fĂȘte!
OĂ?
Ă lâauberge de jeunesse GĂ©nĂ©ration Europe, 4 rue de lâElephant, 1080 Bruxelles
COMMENT?
Inscriptions sur le formulaire en ligne: http://bit.ly/2lCjvkE et en effectuant un virement avec la communication RAP 2017 sur le compte ECF, 20 rue Plantin, 1070 Bruxelles. IBAN: BE40 7320 4262 3063 BIC: GKCCBEBB
COMBIEN?
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