Francky

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y k c n a r F aud

texte de Denis Lach

photos d’Éric Larrayadieu

Assistés de Claudine, Dominique, Elisabeth, Geneviève, Henriette, Jocelyne, Maria, Marie-Françoise, Marie-Reinette, Marilyne, Martine, Micheline, Nicole, Nouara, Sadia, Séverine et Sylvie.



Dans les rues de Fraultville, tout est calme. Pas un chat. Les touristes se sont envolĂŠs. Et les villageois ?


Pourtant, ce n’est plus l’heure de la messe, aucun tsunami n’est annoncé, on n’attend pas la marée exceptionnelle qui viendrait attaquer la falaise et précipiter quelques maisons dans le vide, comme on l’a vu, déjà. Alors ?


ur spĂŠcial.

Ce jour est un jo

On en parle depuis longtemps.


On s’y prépare. On a rendez-vous, l’heure est fixée, tout est prêt. - Regardez, voilà Hélène qui arrive. - Il va pleuvoir. - Mais non, ça va se lever. - J’espère qu’elles seront toutes à l’heure. - T’inquiète.


Elles sont toutes à l’heure.

- Tu crois qu’ils vont nous chercher des noises ? - Ça m’étonnerait. - Qu’est-ce qu’on fait s’ils chargent ?


On a ce qu’il faut dans les poches.


Ă€ Fraultville, on se souviendra de ce dimanche après-midi.

- On veut le droit de taper sur les hommes quand ils ont bu. - Celui qui donne une claque en prendra deux.


Tout s’est bien passé ce jour-l à. On a eu de la ch ance. ence. urée. Pas de viol - Pas d’échauffo if. an m la t e pendan - Et pas de plui a. er st re en i ce qu - Reste à savoir olat ? e crêpe au choc un it ra di us vo - Ça


- Avec plaisir. - Bon ben entrez, c’est ouvert.


Le mien c’est Francky.

On s’est connu pendant les vacances. Je passais l’été dans le sud, chez ma grand-mère. Lui, c’était un gars du coin.

Je l’ai ramené dans mes valises et j’ai connu l’amour.


Quinze ans de bonheur


Mon Francky...



Ce beau brun qui a débarqué du sud, ça a foutu le bazar.


Il nous a fait tourner la tête.

- On n’y voyait plus clair. - On a bien failli se fâcher à mort.


Ça tournait à l’obsession.


J’en perdais mon latin.


Et Francky a brisé mon cœur. J’en rigole aujourd’hui, quand j’y repense.



Mais le jour où Lucie, Paula et moi on l’a vu avec une autre femme, ça m’a pas amusée du tout.

Ça passera ma

. belle, tu verras

Tu te souviens Hélène, comment j’ai cassé la vitre, comment j’ai arraché les rideaux, comment j’ai crié, j’ai cru que j’allais vous tuer.


La honte de ma vie.

Mieux vaut ne jamais regarder Ă travers les carreaux ce qui se passe chez les gens. Vous croyez pas ?



Non.


ent qu’ils vont j’en connais qui dis Des hommes, moi au bistrot. s et en fait ils vont à la pêche aux moule de rentrer et le poissonnier avant Ils passent chez le tour est joué.

On les connaît bien, nos hommes. Ce sont pas des enfants de chœur.


Parfois on se demande pourquoi on les a choisis.

Pourquoi on leur a dit oui.


Pourquoi on les a dans la peau.

C’est un mystère.


t ans. d on a ving

Qu’est-ce

, quan être cruche qu’on peut


Un jour, on arrĂŞte de planer.

On commence Ă voir plus loin que le bout de son nez.


Et la vie s’éclaire.


rêve. Ou alors on s’accroche au

On regarde au large si le bateau du prince approche.


On se pare et on l’attend.

Jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, année après année, automne, hiver, printemps, été.


On danse dans des salles vides.

On patiente.

Et dehors rien ne bouge.


Pas le moindre cheval blanc pour battre le pavĂŠ.

re chez soi Alors on rent autre chose. et on passe Ă




Ou alors on dĂŠcide

de s’en foutre.


On vit sa vie, tout simplement.

Avec les copines.


On essaie d’apprécier chaque moment.

Avec légèreté quand c’est possible.


On se serre les coudes, aussi.

Qui a dit qu’il fallait à tout prix un homme dans sa vie ?


C’est pas moi en tout cas.


s. Moi non plu

Mieux vaut ĂŞtre seule...


… à écouter les vagues...




… que mal accompagnée.



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